Bartemius Crouch Junior n'a pas eu le droit à son propre prénom, dès le départ, il n'est qu'une extension déjà ratée de son père. Fils de Bartemius Crouch Senior, ministre à la tête du département de la justice, il naît au sein d'une famille de sorciers de sang-pur peu intéressée par les idéaux des suprémacistes du sang. À vrai dire, presque rien n'intéresse son père, si ce n'est son poste et les possibilités d'évolution de ce dernier. Pourtant, le patriarche a beau être absent au sein du domicile familial, les attentes qu'il place sur les épaules de son fils sont étouffantes. C'est un poids qui comprime sa poitrine et qui s'alourdit à la moindre petite erreur commise. Et des erreurs, c'est tout ce qu'il sait faire.

Son père ne lui dit pas tout ça, mais son silence est assourdissant, il suffit à lui faire comprendre qu'il ne pourra jamais le rendre fier. Bartemius Sr refuse de s'investir dans la vie de son fils ; sa carrière professionnelle est omniprésente. Il ne veut pas endosser le rôle de parent, mais souhaite tout de même récolter le prestige lorsque son fils obtiendra le titre de l’enfant parfait. C’est à ça que se résume sa vie : courir après le prestige et forcer Barty à lui courir après. Même quand il est à bout de souffle, même quand il ne sait pas dans quoi il se précipite.

Dès son arrivée à Poudlard, les puristes du sang l'approchent en reconnaissant son nom. Ce nom, qu'il a jusqu'alors considéré comme un fardeau, l'aide à se faire une place de choix. C’est un sentiment nouveau, mais se sentir désiré est addictif pour le Crouch. Si son géniteur avait daigné jeter un coup d'œil à ses activités extrascolaires, il aurait peut-être pu l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Mais il ne le fait pas, alors quand l'adolescent est en compagnie de ses nouvelles fréquentations, il crie haut et fort qu'il le déteste, lui et son poste au ministère. Qu'il a honte de lui et de ses punitions arbitraires qui ne font que retarder leur cause, car oui, entre-temps il a rejoint la cause des mangemorts. Ce qui a commencé comme une simple rébellion se transforme en quelque chose de bien plus grave.

Mais ce n'est pas pour se rebeller contre son père qu'il commet un crime considéré comme étant le plus horrible dans le monde des sorciers. Non, c’est bien par pure dévotion pour la cause qu'il le fait. Comment ne pas être dévoué à l'homme qui lui a donné ce qu'il a toujours recherché ?

Voldemort, un nom craint par tous, que même ses plus fidèles partisans n’osent pas prononcer, mais que Barty n’a pas peur d’utiliser. Par arrogance et désillusion, parce qu'il est certain d'être spécial, différent des autres aux yeux de son seigneur. Il est convaincu de le comprendre mieux que personne, et la seule chose qu’il désire, c’est le rendre fier. Alors oui, peut-être qu'il s’est impliqué dans la cause pour les mauvaises raisons, peut-être qu’il n’en a rien à faire du statut de sang et des moldus, mais au moins il est à sa place. Et plus le garçon se sent accepté, moins il accorde d’importance à la logique.

Avec l’aide de Bellatrix, Rodolphus, et Rabastan Lestrange, il commet l’irréparable. Un crime haineux et d’une violence inouïe, motivé par l'envie de retrouver le seul être qu’il pense capable de le comprendre.


Capturés par les aurors, les quatre mangemorts sont soumis à un procès, une courtoisie de la part de son père, qui est connu pour envoyer les criminels dans son genre à Azkaban sans prendre la peine de les écouter. Leur crime marque l’assemblée qui perd tout le respect qu’elle a pour Bartemius Senior au passage, qui ne sera désormais connu que pour être le parent du garçon qui a commis l’irréparable. Il a beau faire face à son fils, la chair de sa chair, Bartemius ne lui offre aucun traitement de faveur, bien au contraire. Ce procès n’est qu’une excuse pour montrer à quel point il est déçu de lui et pour faire de lui un exemple. L’audience est brève, la sanction irrévocable : Barty doit finir ses jours à Azkaban.

Sa pauvre mère s’écroule en entendant son mari renier son seul enfant et à l'annonce de la sentence. De son côté, la seule chose qu’il est capable de faire, c’est le supplier pour qu’il fasse preuve de pitié. Plus tard, il se rassurera en se convaincant qu'il avait simplement joué la comédie pour attendrir son géniteur, mais la vérité est qu'il n'a jamais été aussi sincère qu’à ce moment, bien qu’il refuse encore de se l'admettre. Quand il suppliait pathétiquement papa et maman pour qu’il vienne l'aider, c’était pour les manipuler, parce qu’il est loyal lui. C’est pourquoi il a eu la décence de ne pas prétendre être sous l’emprise du sortilège de l’Imperium, contrairement aux autres.

À dix-neuf ans, sa baguette lui est confisquée et il est contraint de quitter le confort de sa maison pour une cellule sombre et étroite. Les premiers jours d’emprisonnement sont rudes, la nuit il crie et appelle sa mère, et après un certain temps, le Crouch se met tout simplement à dépérir. Mais être le fils d’un ministre lui octroie certains avantages, comme le droit de recevoir les visites de ses parents.

Les événements affectent grandement sa mère, et avec le temps, sa santé se dégrade. Son corps cède doucement mais surement, et en le comprenant, madame Crouch supplie son époux de commettre l'irréparable. Elle souhaite libérer son fils, lui offrir une seconde chance, parce qu’elle sait qu’il mérite mieux que cette vie. C’est son dernier souhait. Au départ hésitant, Bartemius Senior finit par céder en voyant son état se détériorer, prenant pour la première fois une décision dans l'intérêt de sa famille. Lors d’une visite, elle prend la place avec son fils. Ils se servent du polynectar pour tromper les détraqueurs qui n'y voient que du feu, Madame Crouch prend l’apparence de Barty et le laisse prendre la sienne pour qu’il puisse s’échapper. C’est la preuve d’amour ultime et le garçon ne s’en rendra probablement jamais compte. Elle meurt dans sa cellule, en portant ses traits. Aux yeux du monde, Bartemius Crouch Jr est mort.


En tout, il ne passe qu'un an à Azkaban, mais même après sa fuite, il est loin d’être libre. Dès qu'il pose les pieds dans le domicile familial, Barty ne souhaite qu'une chose : retrouver son maître. Il est aussi fidèle à Voldemort qu’avant, mais cette fois, il ne le cache pas à son père — qui regrette immédiatement de l'avoir libéré. Bartemius refuse de le laisser le retrouver, il souhaite réparer son erreur. Pour l’arrêter, il prend une décision radicale, se servir de l’Imperium pour le garder sous contrôle et minimiser les dégâts. De jour comme de nuit, il le cache sous une cape d’invisibilité et le garde sous l’emprise du sortilège.


Douze années qui lui glissent entre les doigts et dont il ne garde que de très vagues souvenirs. Si Barty n'était déjà plus tout à fait sain d'esprit après son court séjour à Azkaban, ce sont bien les années passées sous l'emprise de son père qui le mènent au point de non-retour.

Il manque de s’évader lors de la coupe du Monde de Quidditch, sa première sortie après plus d’une décennie. Avec l’aide innocente de Winky, l'elfe de maison de la famille, qui lui est assignée comme gardienne, qui réussit à convaincre son père de les laisser assister à l’évènement. Pendant le match, Barty trouve la force de se libérer de l’emprise du sortilège et s’empare de la première baguette qu’il voit. En observant le comportement passif des anciens fidèles de Voldemort, sa colère prend le dessus et il provoque la panique générale en lançant la marque des ténèbres dans les cieux. Quand son père le retrouve, il renvoie leur elfe, la croyant complice, et se sert une fois de plus du sortilège pour l’asservir.

Mais il est déjà trop tard, Voldemort sait maintenant où le trouver, et étant à la recherche de serviteurs fidèles pour l’aider à préparer son retour, il rend visite aux Crouch. Accompagné par Peter Pettigrow, il le libère de l’enchantement de son père. Pour ne pas l’avoir dans les pattes, ils le soumettent aussi à l’Imperium.


Quand Voldemort lui demande d’infiltrer les rangs de Poudlard, Barty accepte immédiatement, fier d’être incombé une tâche aussi importante. Sous les traits d’Alastor Maugrey, qu’il enferme dans sa malle, et sans la moindre difficulté, il trompe l’école de sorcellerie. Y compris le grand Albus Dumbledore. Le mangemort pousse son allégeance à l'extrême lorsqu'il est contraint de tuer son père qui commence à se libérer de l'emprise de l'Imperium. Étrangement, le parricide l’affecte moins qu'il ne le pensait. Barty, qui a retardé l’échéance jusque-là, conjure le sortilège de la mort naturellement en imaginant (rêvant surtout) la joie que ressentirait son maître en apprenant qu'il n'avait laissé personne l’arrêter. Il avait déçu son premier père, mais il refusait de décevoir le second.

Doucement mais sûrement, son plan prend la forme. Et quand Harry ressort vivant du labyrinthe, il décide de prendre les choses en main en tuant lui-même la némésis de son maître. Il est arrêté de justesse, avant de pouvoir se débarrasser de l’Élu. Pris au piège, on l'oblige à ingérer un puissant veritaserum qui le force à avouer ses crimes. Sans perdre la face et en jubilant tout du long, il révèle les moindres détails du plan qui permettra au seigneur des ténèbres de faire son grand retour. Avant de pouvoir être amené à témoigner devant le magenmot, un détraqueur, amené par Cornelius Fudge, se jette sur lui pour lui infliger un sort pire que la mort. Le baiser du détraqueur.


À son réveil, le Crouch est perdu, il cherche à comprendre où il se trouve — sans succès. Il sait qu'il ne devrait pas être ici, il n'y a rien après le baiser du détraqueur. Pas de réincarnation, de paradis ou d'enfer, juste un éternel châtiment. Et pourtant... il est là. Le mangemort se demande si ce n'est pas son maître qui l'a ramené grâce à son génie... Mais il peine à le trouver et ce monde n’a d’apparence rien de magique, il a d’ailleurs perdu ses capacités. Sans son maître, sa cause et ses pouvoirs, Barty erre et désespère.

Il garde toutefois une once d’espoir. En attendant de croiser la route de Voldemort, il cède aux tentations de ce monde et multiplie les allers et retours en prison. Alcool, drogues, fêtes.. Sans but et sans piste, il ne peut rien faire si ce n’est passer le temps en se divertissant le plus que possible l’esprit. Et il en a besoin, enfin c’est ce qu’il pense. Notamment pour l’aider contre ses pertes de lucidité.. Depuis son arrivée, il lui arrive de perdre le contrôle de son corps. Son esprit se ferme complètement et son corps se met à bouger sans son accord. Comme si son père se servait encore de l'Imperium pour faire de lui son pantin. Ces moments, il les méprise plus que tout.