When two worlds collide

one made of magic and the other which feared it.

Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un roi et encore moins ici bas, où le monde a trop avancé pour se souvenir des épées et boucliers qui jadis le protégeaient. Les codes ont changé et avec eux, bien des choses qu’Arthur ne saurait comprendre, mais la loi reste la loi peu importe le temps et l’endroit. Alors il n’est jamais armé durant ses services et tout individu qu’il maîtrise est remis aux autorités, même lorsqu’ils ripostent et font couler son sang. Bon il avouera en avoir cogné deux ou trois par réflexe, mais quand la loi exige, Arthur l’applique. Autrefois, il était la loi et ce n’était pas plus facile de sévir, mais il avait au moins le sentiment de contrôler la situation. Quoiqu'il en soit, il détestait déjà l’infirmerie avant et même si le décor a changé et que les urgences ont repris le flambeau en ces lieux, c'est toujours un aussi mauvais patient.

On choisit ou non de croire au destin et Arthur, qui a subi le courroux de ce dernier, n'y croyait plus vraiment avant peu. Il a rencontré un de ses homologues et, grâce à lui, retrouvé l’être le plus cher qu’il avait en son univers. De là, il a même revu sa sœur quelques temps plus tard… et tout cela en moins d’un mois. C'est comme s’il avait provoqué le destin à partir d’une seule décision, alors que les portes de son passé lui sont restées closes pendant près de quatre ans. Rencontrer ce médecin était-il donc écrit ? Il a enchaîné fractures sur blessures, mais la plus récente lui a valu quelques points de suture à l’épaule et ce jour-là, bien que ce ne fut pas la première fois qu’il voyait le jeune homme courir partout, Arthur l’a assailli de plaintes. C’était peut-être dû à l’oxygène ou à ce qu'on lui a filé pour la douleur, mais il a braillé sur sa vie de Roi et ses libertés de guerrier perdues, au jeune médecin qui l’a recousu.

Peter Pevensie ; un nom aussi intrigant que l’homme en question, à qui il a donné rendez-vous sur cette plage, pour partager plus que des récits autour d’un thé. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un roi qui pourrait, dans la jeunesse de ses traits, avoir partagé les mêmes fardeaux que soi. Arthur n’a que trop souvent eu affaire à de vieux dirigeants dont la vie n’avait plus de secrets pour eux, difficiles à impressionner et dont il avait tout de même gagné le respect. La couronne fut lourde à porter jusqu'au bout de son court règne, et sans doute qu’il s'est vu refléter à travers les yeux du jeune homme. Ils sont bien loin de leur royaume, bien loin de leur couronne et pourtant au quotidien quand l’un souhaite protéger, l’autre cherche à sauver dans une harmonie rassurante. Si leur compassion n’est plus à prouver, tout le reste l’est encore.

Arthur sort un sac du coffre de sa voiture, semblable à un sac de sport et rejoint le jeune homme sur le chemin qui mène à la mer. Il y a des questions en suspens, des curiosités à nourrir et le tout sur fond d'entraînement ; un peu comme avant, aux souvenirs de ses routines matinales avec ses chevaliers. “Mes vieux réflexes voudraient que je m’adresse à vous par un Messire, mais je pense que nous pouvons nous en tenir à Peter et Arthur.” Lance-t-il soudain, un sourire espiègle collé au visage. D'égal à égal, pense-t-il. “En revanche, ça ne veut pas dire que j’vous ménagerai, Peter.” A cela, il s’arrête pour retirer ses chaussures et jeter son sac sur le sable, duquel il sort deux bâtons de combat. Le soleil est haut, mais la brise est fraîche et l’air salin frappe ses narines en un tout apaisant. Il s’approche alors de la marée et lance l'un des bâtons vers son compagnon du jour, le ton rieur lorsqu’il n’attend guère pour donner son premier coup. “En garde !”

When two worlds collide

one made of magic and the other which feared it.

Voilà quelques semaines que les deux jeunes hommes s’adonnent à une activité toute particulière, qui leur vient d’une vie passée et qu’ils perpétuent ici, quand ils peuvent se le permettre. Nouveau monde et nouvelle vie qui ont fait d’eux des hommes occupés, non plus à régner ou veiller à la prospérité de leur royaume, mais à vivre pour eux-mêmes. Arthur a mis un temps à s’y adapter et désormais, il essaie de combler un vide en lui qu’il ne saurait comprendre. Il a un boulot qui l'épanouit, il a noué de nouvelles amitiés parmi d’anciennes retrouvées et pourtant, il souffre toujours d’un certain manque qui l’empêche d’être pleinement heureux. Un but à suivre, peut-être ? Il a reçu une seconde chance en se réveillant sur cette île, mais c’est comme s’il ne savait pas réellement quoi en faire depuis quatre ans et c’était quelque peu frustrant. Un petit duel sur la plage allait peut-être l’aider à chasser ces frustrations, mais en soit, ça ne l’empêche pas d’être de bonne humeur aujourd’hui.

“Il y a bien des mots qui sont devenus ‘vieillots’ par ici, j’ai dû revoir mon vocabulaire à la baisse. La simplicité n’est pas si mal.”  Ajoute-t-il à la remarque de Peter, avec un léger rire.

Quand il n’était encore que le prince héritier de Camelot, il rêvait de normalité et c’est ce qu’il a aujourd’hui, en profitant d’une vie simple. Elle ne lui déplaît pas, mais il ne peut empêcher la nostalgie de s’immiscer quelquefois et de lui rappeler ses origines. Les premiers coups de bâton ont été parfaitement esquivés, d’un côté comme de l’autre et le rythme s’installe doucement entre les deux hommes. Ces premières attaques ne sont que de l’échauffement, le temps de se mettre dans l’ambiance, en tout cas pour Arthur qui en profite pour ajouter la parole à l’effort.

“Si je me souviens bien, vous m’aviez dit avoir régné avec votre famille ? Est-ce qu’ils sont tous ici, eux aussi ?”  Demande-t-il, tout de même curieux. Arthur n’a pas encore eu le malheur de rencontrer un ancien roi ‘tyran’ et même s’il ne connaît pas encore Peter de façon plus personnelle, il devine tout de même qu’il ne fait pas partie de la case des mauvais. Il ne nie pas ressentir une sorte de rivalité envers le jeune homme, mais en aucun cas, de l’animosité. Alors qu’il va pour viser son épaule, ce sont ses côtes qu’il vient frapper à la dernière seconde. “Est-ce que votre royaume vous manque ?”  Balbutie-t-il finalement, baissant un peu sa garde.

When two worlds collide

one made of magic and the other which feared it.

Il y a une particularité chez Peter qui le différencie des autres rois qu'il a connu, que ce soit dans son passé ou en ces lieux depuis quatre ans. Tous ont vécu plus ou moins avec les mêmes mœurs, à une époque où seuls les chevaux servaient de montures et où l'électricité n'avait pas sa place. Or, le jeune Pevensie n'a pas toujours vécu ainsi. Il a connu l'entre-deux, quand le monde cherchait à évoluer sans que la technologie ne vienne tout régir. Le pire concept auquel Arthur a dû s'adapter, c'est internet. Il était bien le dernier à passer des heures dans les archives pour des recherches, peu féru de lecture, mais ce n'est pas pour autant que l'arrivée d'internet lui a rendu la vie plus facile. Il voyait le smartphone comme un objet maudit, une mauvaise magie prête à le corrompre ! Et finalement, n'est-ce pas un peu le cas ? Vu le temps qu'il peut passer à y lire l'actualité, ou rire sur des vidéos stupides… Il n'est plus aussi perdu qu'avant, mais ça ne l'empêche pas de trouver ce monde étrange.

“Je ne jurais presque jamais avant, même si je me suis souvent trouvé dans des situations qui l'auraient justifié. Ici ? C'est une fois par jour, au moins ! On peut dire que je m'adapte, j'imagine.” 

Dit-il en riant, ses ancêtres seraient mortifiés de voir la vie qu’il mène aujourd’hui. Il écoute alors Peter lui parler de sa famille, du fait qu’il les ait retrouvés et c’est touchant de l’entendre – mais attendez, quoi ? Il a dû mal entendre ou alors, une information lui manque, parce que ça lui semble peu probable. Ils auraient été couronnés par un lion ? Ce gros félin aussi noble que féroce, désigné comme le roi des animaux ? Vu comme ça, c’est presque sensé. “Comment est-ce possible… les animaux ne parlent pas. Si ? Qui était ce lion, au juste ?” Arthur a vécu dans un monde où la magie existait, alors ce n’est pas complètement impensable, mais ça reste incroyable. Il est dubitatif cependant et ne sait pas encore vraiment comment voir la chose. Tout le monde n’a pas eu la même expérience que lui avec la magie et il en connaît si peu à ce sujet, finalement… que ça le frustrerait presque.

Les coups s’enchaînent et les confidences également, qui ne manquent pas de le distraire bien qu’il n’ait pas perdu ses réflexes. Quand on a passé sa jeunesse et sa vie à se surpasser, on développe un certain instinct. C’est naturel pour lui, qui même s’il a perdu son titre royal, restera toujours un guerrier. Les attaques de Peter deviennent plus rapides et ardentes, et le désir de revanche se lit aussi bien dans son regard qu’à la force de ses coups. Les choses sérieuses commencent, très bien ! Il se contente de parer ses attaques dans un premier temps. “J’ai recroisé une vieille ennemie..!” Lâche-t-il entre deux actions, la voix serrée, puis il tente une percée en visant le bâton, et non Peter directement, pour y donner un grand coup vers le haut. Il espère ainsi le déséquilibrer et reprendre l’avantage sur le plus jeune. “Qui se trouve être ma sœur, aussi. Longue histoire.” Finit-il avec un clin d'œil, tandis qu’il tente de renverser le jeune homme en visant, cette fois-ci, l’arrière de ses genoux.