Homecoming

feat. Peter

Les quelques informations que Regulus est parvenu à obtenir quant à l’état de Peter, à travers leur échange de SMS (il n’aura jamais autant utilisé son portable que dans ces circonstances, ni à ce point été à l’affût du « bip » caractéristique lui annonçant un nouveau message), ont été cryptiques et n’ont pas permis à Regulus de vraiment comprendre ce qui était arrivé à son colocataire. Il comprend qu’il s’est retrouvé blessé pendant la fusillade qui a eu lieu au marché de Noël, il comprend qu’il a été pris en charge par leur psychiatre commun (même si Regulus a tout de même du mal à comprendre comment Peter a pu atterrir chez le docteur Lecter pour commencer, mais savoir qu’il était pris en charge, auprès d’une personne en qui il a – à tort – confiance l’a tout de même rassuré), mais c’est tout. Il n’a pas la moindre idée de combien son état est grave ou non, et connaissant Peter, qui aura toujours tendance à prendre soin des autres avant de prendre soin de lui-même, il redoute de le retrouver dans le pire des états, et lui ne lui aura rien dit « pour ne pas l’inquiéter ».

Sur ce dernier point, c’est loupé : Regulus s’est inquiété, et beaucoup même. Lui qui a pourtant toujours été un solitaire dans l’âme s’est senti franchement très seul en l’absence de… eh bien, du seul ami qu’il ait ici. Heureusement, en parallèle, Jo était là… C’est encore étrange pour lui de se dire qu’ils sont ensemble, que leur relation a évolué dans ce sens, mais clairement, sa présence lui a fait un bien immense dans ces circonstances, il se sent… bien, avec elle, un sentiment étrange que de se sentir tout à coup entouré, de comprendre l’importance que revêt Jo pour lui, que Peter revêt aussi… Oui, elle a été présente, mais tout le temps qu’il a passé seul à l’appartement lui a rappelé l’absence de Peter… à commencer par ce sapin gigantesque envahissant le salon… Dire que Peter en aura finalement à peine profité… C’est pour cette raison que le sorcier avait utilisé un sortilège afin que ce dernier garde sa verdure et sa beauté des premiers jours… Même si Peter devait revenir au mois d’avril, il pourrait profiter du sapin, au pied duquel Regulus avait déposé un cadeau à l’attention de son colocataire. Même s’il s’inquiétait de plus en plus de son retour.

Et pourtant, finalement, Peter est là. Quand Regulus entend la porte d’entrée s’ouvrir, lui-même est en train de lire dans sa chambre : il se redresse d’un bond et se précipiterait presque dans le salon pour le trouver là. C’est Peter qui rompt le silence en premier et le serre contre lui. Regulus est l’inverse de tactile, mais en l’occurrence, il n’envisagerait pas de lui refuser cette étreinte : au contraire. Il est soulagé de le voir là, et de constater qu’il semble en bonne santé… Tant pis pour sa réserve habituelle, il aurait tout le loisir de la retrouver plus tard.

« Heureusement que tu ne reviens que maintenant alors, ne pas m’organiser de grande fête est le plus grand cadeau que tu pouvais me faire », réplique le jeune sorcier avec un cynisme estompé par le fin sourire qui décore ses lèvres (et oui, ça peut lui arriver de sourire). Il ne mentionne pas le fait qu’il a totalement oublié que c’était son anniversaire, en réalité. « Content de te revoir. » Il a envie d’ajouter qu’il lui a manqué. Il ne le fait pas. « Comment tu vas ? ça va mieux ? Tu vas devoir tout me raconter, maintenant ! »

Homecoming

feat. Peter

Oui, c’est certain, Regulus a des choses à raconter à Peter, mais à l’évidence, il préfère largement se concentrer sur ce qu’a vécu Peter plutôt que de s’épancher sur sa relation encore neuve avec Jo. Parler frontalement de ses sentiments est quelque chose de compliqué pour lui. Il fait des efforts, certes, mais il faudra encore bien longtemps avant qu’il ne parvienne à en discuter en toute décontraction – si cela doit encore arriver un jour, ce dont le jeune sorcier est loin, très loin d’être certain.

« Ça aurait été absolument hilarant », réplique Regulus avec l’ironie la plus mordante quand Peter suggère qu’il avait eu l’intention de lui offrir un philtre d’amour à l’occasion des fêtes de Noël. Il ne le prend pas au sérieux, mais il rebondit sur cette réflexion pour volontairement ne pas donner plus d’informations à Peter au sujet de sa relation avec Jo… Il n’y coupera pas, d’accord, mais si Peter veut noyer le poisson et tourner autour du pot, Regulus est capable de la même chose, et même il considère être un expert en la matière.

Peter lui assure une fois de plus qu’il va bien. A première vue, c’est le cas, mais Regulus sait aussi que les souffrances les plus profondes sont aussi les moins visibles, et donc il reste sur ses gardes. Il est convaincu que Peter serait capable de minimiser la situation pour ne pas le faire paniquer, et ce n’est certainement pas les quelques SMS qu’ils ont échangés qui auraient vocation à le faire penser différemment. Regulus s’installe à côté de Peter sur le canapé et continue de l’observer avec la plus grande attention. Comme si son observation détaillée pouvait réellement lui assurer la bonne santé autant physique que mentale de son colocataire.

« Non, je savais pas… », répond Regulus quand Peter lui apprend que le docteur Lecter l’a pris en en charge, et surtout que c’était un grand chirurgien. Était au passé, non ? Peter n’a tout de même pas été soigné par un chirurgien même plus en activité plutôt que par des professionnels de santé à l’hôpital, si ? Regulus a beaucoup de respect pour son psychiatre, mais là, ça dépasse l’entendement. « C’est quand même pas lui qui t’a opéré, si ? Tu n’es pas allé à l’hôpital ? » demande Regulus, à la fois inquiet et circonspect. Certes, ça a l’air de s’être bien passé mais… non, vraiment, il a beau retourner les choses dans tous les sens, il ne comprend pas. Quelque chose lui échappe, définitivement. Et il n’aime pas ça.

Peter finit par lui expliquer, notamment le fait que le docteur Lecter avait été le seul à croire dans son rétablissement – c’est dire s’il devait être à l’article de la mort, en réalité. Regulus se sent mal quand il l’entend… Il a le cœur serré. Il réalise qu’il aurait bien pu perdre Peter pour de bon…

« Tu vas être prudent, hein ? Tu me le promets ? Tu imagines que t’aurais pu ne jamais revenir ? » reprend Regulus, laissant parler ses émotions plus qu’il n’en a l’habitude. « Je t’aiderais, pour les bandages et tout ça, ça me dérange pas », il ajoute alors, comprenant l’intention sous-jacente de Peter. Et parce que ce dernier a accepté de lui en dire plus, Regulus accepte de passer aux aveux, le regard fuyant. « Je sais pas trop… Enfin si. Si, on est ensemble. En fait, on est allé au bal de Noël ensemble : crois-le ou non c’est moi qui l’ai invité. Et on s’est embrassé… Bon, ça a dégénéré après parce que Sirius a débarqué mais… » Il pousse un léger soupir. « Bref, on se voit souvent, on va… à notre rythme mais… ouais, je suis bien avec elle », il ajoute en sentant le rose lui monter aux joues.

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feat. Peter

Regulus n’est pas sûr de tout comprendre à cette histoire. Il continue de trouver étrange et dangereux qu’un ancien chirurgien se soit chargé de l’opérer alors qu’il aurait clairement dû être pris en charge par un personnel hospitalier, et dans les meilleures conditions. D’accord, Peter lui assure qu’à l’hôpital, on n’aurait pas pu prendre le risque de l’opérer, mais le jeune sorcier reste dubitatif. Malgré tout, il décide de passer ces considérations sous silence. Après tout, ce qui importe au-delà de tout le reste, ça reste que Peter soit là, bien présent, et en pleine forme… certes, pas dans la meilleure forme que Regulus lui ait connue, mais suffisamment tout de même pour qu’il n’y ait pas matière à s’inquiéter outre mesure.

Il hoche simplement la tête quand Peter ajoute qu’il sera prudent. Regulus peut-il réellement croire dans cette promesse ? Il n’en sait trop rien, il a tout de même bien conscience du fait que Peter n’est pas exactement l’incarnation même de la mesure et de la prudence, pas avec le train de vie qu’il mène, d’un autre côté, il veut aussi croire que ce ne sont pas des paroles qu’il prononce à la légère, et quand il ajoute qu’il a eu peur, Regulus le ressent d’autant plus. Tout comme lui, il a ressenti cette éventualité, celle de peut-être disparaître pour toujours, et ça, l’air de rien, ça fait évoluer pas mal de perspective, y compris pour Regulus qui, s’il parvient à se montrer tout de même plus ouvert avec Peter, le doit sans doute en partie à l’angoisse qu’il a éprouvé le concernant ces derniers temps… Il s’est trouvé, en la personne de Peter, un allié et un ami inattendu, un frère. Lui qui a déjà perdu son frère de sang ne supporterait clairement pas de perdre à présent son frère de cœur.

« T’es là et tu vas pas faire de conneries, pas vrai ? Donc tout va bien », résume Regulus, surtout pour éviter de sombrer inutilement dans le pathos.

Et donc, il accepte bel et bien de se confier sur sa relation avec Jo, même si passer aux aveux le met quelque peu mal à l’aise, même si ce n’est clairement pas un exercice dans lequel il est tout à fait confortable malgré tout. Mais s’il y a bien une personne à qui il peut se confier sur la question, ça reste tout de même lui, qui a vu cette relation naître et évoluer… et aussi parce que les confidences lui viennent plus facilement quand il s’agit de Peter.

« Suffit de demander et je t’en prépare un, tu sais », suggère Regulus quand Peter lui parle à nouveau de philtre d’amour, même si dans les faits, Regulus le dissuaderait surtout d’en prendre le cas échéant. Avant d’être pris de court par les questions que Peter lui pose ensuite. « Oh, doucement », fait-il à nouveau très intimidé. « On vient à peine de se mettre ensemble, c’est pas du tout prévu que j’aille m’installer chez elle », reprend-il, au comble du malaise, surtout parce qu’il n’avait pas du tout envisagé une telle chose, quand bien même elle devait sembler évidente à bien d’autres. « Désolé mais tu vas m’avoir dans les pattes un petit moment encore. »

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feat. Peter

A la vérité, même si les choses doivent progresser avec Jo, et bien progresser, Regulus n’est pas pressé de laisser sa colocation avec Peter. Déjà, vivre avec sa petite amie, c’est un pas si gigantesque qu’il faudra de toute façon une éternité avant qu’il ne conjure l’angoisse qu’il associe à cette perspective (accompagnée de questionnements de type : est-ce qu’elle voudra encore de moi quand elle me verra au quotidien ?), ensuite, à sa propre surprise, il trouve un véritable équilibre à sa colocation avec Peter. Il en avait été le premier surpris. Il ne s’était certainement pas attendu à ça au moment d’accepter que son ami l’héberge le temps d’une nuit, mais il ne regrette clairement rien. Avec Jo, Peter est clairement ce qui lui est arrivé de meilleur dans sa nouvelle vie (ça et le retour de Sirius dans son existence – mais c’est infiniment compliqué, donc il va éviter de revenir là-dessus). Donc tant que Peter ne sera pas dérangé par sa présence, Regulus ne le sera pas par celle de Peter – même s’il pose parfois vraiment trop, trop de questions.

Et des questions indiscrètes tant qu’on y est. Regulus devient pâle comme un linge quand Peter pose la question à laquelle il n’a aucune envie de répondre… même s’il n’y a absolument rien à répondre. Regulus est ce qu’il y a de plus inexpérimenté en la matière, et il songe d’avance qu’en découvrant l’étendue de sa maladresse et de son expérience le jour où… bon, le jour où rien du tout, en fait, il n’a juste pas envie d’y penser, fin de l’histoire… Heureusement, Peter n’insiste pas. En même temps, il suppose que la tête de six pieds de long qu’il tire en dit suffisamment long pour s’épargner toute conversation beaucoup trop longue et évidemment trop embarrassante.

Un instant, Regulus se demande vraiment si Peter va le laisser en plan, sur cette question embarrassante, alors qu’il disparaît un temps de son champ de vision, mais il finit par revenir avec un paquet son cadeau de Noël.

« T’étais pas obligé », répond Peter dont le fin sourire trahit pourtant le fait qu’il apprécie sincèrement l’attention tandis qu’il trouve l’écharpe à l’intérieur du paquet. Ce sera pas du luxe, vu les dernières températures. Et elle lui plaît, vraiment. Pour la forme, il l’enroule presque comme un réflexe autour de son cou alors que Peter lui apprend que ce n’est pas tout.

Regulus fronce les sourcils en considérant la boîte noire que Peter vient de sortir de sa poche. Il se contente d’adresser à Peter un regard de type « je risque pas d’oublier » quand il lui demande s’il se rappelle de la boîte lors de la soirée d’Halloween… Et son idée est… Brillante. Juste brillante !

« Peter… » Il a envie de dire quelque chose mais les mots restent bloqués au creux de sa gorge. Est-ce que Peter réalise seulement à quel point cette attention est précieuse pour lui… Il ne s’est jamais plaint de l’influence du médaillon sur lui, ni à lui ni à personne. De manière générale, d’ailleurs, il évite le sujet, et Peter est bien l’un des rares à savoir l’histoire de ce médaillon et le fardeau que porte Regulus au quotidien. Avec précaution, Regulus retire le médaillon de sa poche (il a tendance à ne le porter autour du cou que quand il sort, mais même à cette distance, son influence reste déplaisante) et le dépose dans la boite. Il hésite à l’étreindre, mais deux étreintes dans la même journée, c’est un peu trop pour notre sorcier revêche, qui, à la place, fait le choix d’un sourire de gratitude. « Merci. » Avant de reprendre ses esprits. « Attends, j’ai quelque chose pour toi moi aussi. » Il se redresse pour aller chercher le paquet au pied du sapin, une édition blu-ray collector de cette saga spatiale dont il raffole tant. « Désolé, c’est pas grand-chose… », observe-t-il, en comparaison de ce que Peter vient de lui offrir.

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feat. Peter

Alors que Peter ouvre son paquet, Regulus reste à l’affût de la moindre de ses réactions, attentif… Il a le sentiment, à présent que son colocataire lui a fait ce cadeau à l’immense valeur symbolique, que rien de ce qu’il pourra lui offrir ne sera vraiment digne d’intérêt en comparaison, mais il sent que son ami est vraiment heureux de ce cadeau, et pour la peine, Regulus se sent lui-même soulagé. Rares sont les personnes que Regulus estime suffisamment pour vouloir à ce point leur faire plaisir, souhaiter si sincèrement leur bonheur, mais Peter en fait définitivement partie. Regulus avait eu le sentiment d’avoir tout perdu, et Peter était arrivé, et lui avait fait découvrir, pour peut-être la toute première fois de sa vie, ce qu’était la véritable amitié.

Il n’y a pas vraiment de cadeau à la hauteur, pour ça. Peter est sociable, ce n’est pas les amis qui lui manquent, mais Regulus ne peut pas en dire autant, et cette amitié qu’il observe précieusement, il a peur de parfois la gâcher comme il a gâché tant d’autre chose, y compris sa relation avec son propre frère, et comme il ne cessera jamais de redouter, aussi, de gâcher sa relation avec Jo : comme s’il était une bombe à retardement qui, naturellement, finirait toujours par blesser les personnes autour de lui… Mais il rejette cette pensée d’un revers de la manche. Pour cette fois au moins, il semblerait qu’il n’ait pas totalement foiré son coup, puisque son ami a l’air vraiment heureux de son cadeau, et Regulus ne pense pas qu’ils lui mentent. Ses émotions sont bien réelles, et honnêtes.

« Mon plan a fonctionné à la perfection, c’est exactement la soirée que je voulais », s’autorise à plaisanter Regulus, comme il le fait rare. « Il est grand temps de te rappeler à cette bonne vieille junk food. Je suis sûre que t’as beaucoup trop bien mangé quand j’avais le dos tourné, c’est intolérable. On se les regarde d’affilée, hein ? Je bosse pas demain, de toute façon, donc c’est l’occasion ou jamais de faire un… comment on dit ça, un marathon ? »

Il va peut-être rapidement le regretter, même si jusqu’ici, les gouts de Peter ont toujours emporté son adhésion. Ses lacunes en matière de pop culture moldue étaient monstrueuses, pas seulement au vu du décalage entre leurs époques, mais parce qu’il s’était intéressé le moins possible à la culture moldue pour commencer. Bon, bien sûr, à travailler dans une librairie et à force de lire, il s’était amélioré, mais c’est clairement avec Peter que lui est né un certain attrait pour le cinéma. Et oui, marathoner des films ne lui paraît plus être une perte de temps, dorénavant. Regulus dégaine son téléphone portable (ça aussi c’est devenu une petite habitude, même s’il l’utilise clairement moins que le moldu moyen).

« Et je paie les pizzas, pas de discussion possible ! »

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feat. Peter

A voir Peter le fixer ainsi, comme s’il venait d’une autre planète, Regulus songe qu’il sera rapidement temps qu’il reprenne ses habitudes renfrognées et taciturnes pour ne pas trop perturber son colocataire. Le fait qu’avoir eu peur pour lui, pour ni plus ni moins que sa vie, et avoir eu si peu de nouvelles de lui quand, avant ça, ils se voyaient tous les jours, ça a quand même eu le don de lui faire prendre quelques résolutions vis-à-vis de son meilleur ami (le meilleur, oui… Certes, il n’en a pas vraiment d’autres, mais et alors ?), notamment celle d’être vaguement plus accessible. Ceci dit, ça lui passera sans doute vite. A partir du moment où il sera assuré que Peter va bien et ne risque rien, il retrouvera ses habitudes toutes regulesques.

« C’est bon, n’abuse pas… », réplique-t-il quand Peter se moque gentiment de lui en appuyant sa main sur son front pour s’assurer qu’il n’est pas en plein délire. Plus pour la forme qu’autre chose, Regulus balaie la main de Peter d’un geste. « Je le regrette déjà », fait-il comme pour confirmer à Peter que si, il est toujours le même (et que donc il est toujours aussi chiant).

Alors qu’en vérité, il est même plutôt curieux et impatient de découvrir ces fichus films dont Peter lui rebat les oreilles depuis une bonne éternité. Et juste de passer du temps avec son colocataire. Peter lui confirme qu’il a particulièrement bien mangé durant son séjour bizarre chez son psy qui aimait apparemment aussi jouer les garde-malades. Il veut bien l’imaginer, en revanche, il ne devine quand même pas grand-chose.

« J’ai absolument rien compris », prétend Regulus quand il lui parle de laisser à César ce qui appartient à César. Enfin si, il saisit vaguement l’idée quand même mais… bref, passons.

Plutôt que de s’attarder sur les talents culinaires d’Hannibal Lecter, Regulus préfère, de son côté, leur commander des pizzas, ce qui est certainement la proposition de dîner la plus luxueuse qui puisse exister.

« Te fous pas de moi », grimace Regulus quand Peter remarque qu’il sent sort bien avec les inventions moldues.

Tu parles ! Bon, avec le temps, il arrive de mieux en mieux à se servir de son smartphone (tous ses messages envoyés à Jo n’y sont évidemment pas pour rien), mais y a encore du boulot. Et il n’a pas forcément envie d’être considéré comme l’expert en technologie moldue – cette part de lui qui continue quand même d’être un sacré petit con a toujours tendance à ne pas trop vouloir être associé à eux.

« Pense pas à ça, tu vas rattraper ça en deux-deux », fait distraitement Regulus, en train de finaliser leur commande tandis que Peter évoque son futur travail en retard. « Tu reprends quand ? Dès le début de la semaine ? »

Sur quoi Peter lui demande ce qu’il compte faire le lendemain.

« J’avais prévu de m’enfermer dans ma chambre et de lire », répond Regulus avant de lever le nez de son téléphone pour jeter un œil à Peter. « Pourquoi ça ? »

Il y a de la défiance dans sa question. A peine rentré, Peter essaierait-il de profiter de l’« enthousiasme » tout neuf et tout éphémère de Regulus pour… le sortir et lui faire faire des choses ? En soi, le pire, c’est qu’il n’aurait pas tort, parce que Regulus serait effectivement capable de ne pas dire non, quoiqu’il était possible aussi que Jo décide à un moment ou à un autre de la soirée de lui proposer de la voir, comme c’était assez souvent le cas. Il avait appris à faire avec les impulsions de son entourage quand lui-même planifiait tout un grand minimum d’une semaine en avance pour ne pas se sentir trop désœuvré.

Homecoming

feat. Peter

« Ils devraient être plus indulgents… T’as littéralement failli mourir, c’est quand même plutôt un bon motif pour manquer les cours, non ? » soupire Regulus.

Mais il dit cela plus pour râler que parce qu’il s’attend réellement à ce que qui que ce soit fasse preuve de souplesse envers lui et admette que ces circonstances exceptionnelles méritaient qu’on ne fasse pas sauter sa bourse. Il n’aime pas trop l’idée de voir Peter se remettre directement au rythme qui avait été le sien, et qui est déjà exigeant pour un corps en totale et parfaite santé, pour le coup. Mais il ne développe pas son propos, parce qu’il a assez témoigné de son inquiétude envers Peter. Il s’épargnera d’entendre ce dernier se demander ce qu’on a fait de son coloc renfrogné. Bah c’est bien simple, le coloc renfrogné, il s’est fait du mouron pour son seul ami au monde, et en le retrouvant, il a été incapable de le lui cacher. Au final, ça se résume à ça.

Regulus, pour la forme, lève les yeux au ciel quand Peter lui fait remarquer, à raison, que bouquiner, c’est déjà ce qu’il fait constamment, que ce soit à la maison ou au travail. Eh bien oui, c’est son truc, la lecture, qu’est-ce que vous voulez. Mais en soi, et contrairement à ce qu’il laisse prétendre pour le principe, il n’est pas si réfractaire que cela, à l’idée de faire un pied de nez à ses habitudes histoire de faire quelque chose de différent. Ceci dit, il se demande quand même s’il ne le regrettera pas très rapidement à partir du moment où Peter lui montrera cet endroit « génial » selon ses dires, et que Regulus trouvera peut-être proprement atroce.

« D’accord, mais je me méfie de ce que tu définis comme un endroit génial », consent-il, en râlant quand même un peu, histoire de. « En fait, je m’octroie le droit de décider si on y va ou non en fonction de ce que tu me proposes, et essaie pas de m’avoir en me disant que c’est une surprise ou je sais pas quoi… »

Mais il n’est pas du tout sûr que Peter l’écoute encore car ce dernier lui a pris son portable des mains et commence à pianoter dessus comme s’il lui appartenait.

« Il me semble que quand tu m’as parlé d’Instagram, je t’ai dit que ça m’intéressait pas. » Et c’est toujours le cas, d’ailleurs. Il veut bien faire des efforts avec la technologie moldue, mais il ne s’agirait pas d’exagérer non plus, il arrive un moment où il atteint naturellement ses limites. « Arrête ça, je te dit, fait Regulus en tentant de reprendre le téléphone des mains de Peter. « Et puis Spider-Man, mon centre d’intérêt, t’aimerais bien, ouais… Allez, rends-moi ça, c’est pas drôle. »

Il pourrait sans doute récupérer son téléphone d’un seul geste de sa baguette mais – c’est malin – il ne l’a pas sur lui, pour une fois (grave erreur de sa part, ça va sans dire).

Homecoming

feat. Peter

« Des photos de moi… ? »

Regulus fronce les sourcils, et intérieurement, il se maudit de céder si facilement à la curiosité, alors qu’au moment d’entendre Peter affirmer que l’Instagram de sa petite amie déborderait de photos de lui, il n’a plus que l’envie de vérifier que ce soit bel et bien vrai, sans véritablement comprendre, ceci dit, pourquoi Jo s’embarrasserait réellement de poster des photos de lui un peu partout sur ce site, peu importe son mode de fonctionnement. Pour quoi faire ? C’est sûrement comme pour tout le reste, ça sert pas à grand-chose, mais les gens le font quand même, par habitude ou bien pour une raison… qui échappe à la raison.

« Je m’en fiche de me mettre à jour, j’ai passé trois ans sans Instagram, je peux très bien continuer comme ça », réplique-t-il de très mauvaise foi tout en tentant désespérément de récupérer son téléphone.

Mais, évidemment, Peter a de bien meilleurs réflexes que lui, et toutes ses tentatives pour lui reprendre son bien sont immédiatement vaines. Il pousse finalement un profond soupir et le laisse faire. Peut-être parce que dans le fond, il a quand même la vague curiosité de voir ce que ça peut donner, mais surtout parce qu’il a appris de longue date, et bien souvent à ses dépens, qu’il ne peut définitivement rien contre l’obstination à toute épreuve de son meilleur et seul ami. Dans le fond, même ces choses qui l’exaspéraient au premier degré dans les premiers temps de leur colocation ne l’incommodent plus tant que ça. Même, c’est une des choses qu’il est heureux de retrouver en même temps qu’il retrouve Peter… et dans le fond, il n’a aucune envie de saper son enthousiasme, de même que le sien propre se satisfait très bien de cette scène de pure gaminerie qui lui laisse miroiter une forme de complicité qu’il n’a plus connu depuis… eh bien, depuis qu’il a coupé les ponts avec Sirius, et même un peu avant – autant dire que ça fait un bail, donc.

Circonspect, Regulus regarde son téléphone et tente de comprendre exactement ce qui s’affiche à son écran. Vraiment, il a eu beau s’être familiarisé avec cette technologie moldue moderne petit à petit, elle reste, par bien des aspects, un véritable mystère pour lui. Finalement, il capitule et se contente d’éteindre l’écran de son portable et de le reposer comme si de rien n’était, juste à temps pour voir Peter esquisser une grimace de douleur qu’il tente vainement de dissimuler – mais Regulus n'est pas dupe. Il veut dire quelque chose, mais Peter reprend presque immédiatement la parole, et c’est au tour de Regulus de grimacer.

« Je te l’ai déjà dit, les chiens, c’est hors de question », déclare-t-il tout net, en sachant pertinemment où Peter veut en venir. « Les animaux, c’est pas mon truc. »

Ce qui est à moitié vrai quand on sait à quel point Regulus et les chats de Jo se sont apprivoisés mutuellement – mais c’est pas la même chose.

« De toute façon, on ferait peut-être mieux de pas bouger si t’es pas en état… », reprend Regulus d’un ton plus soucieux que ce qu’il voudrait afficher, le but n’étant pas de verser dans le mélodrame non plus, mais son inquiétude est bien réelle, et il ne sait pas la dissimuler. « Tu devrais te reposer, plutôt. »

Homecoming

feat. Peter

Regulus a toujours l’impression d’avoir cent ans quand il est question du sujet des réseaux sociaux, parce qu’il ne brille pas seulement par sa méconnaissance du sujet mais surtout par la façon dont il se borne obstinément à vouloir rester en dehors de ça alors qu’il est évident qu’on l’obligera, tôt ou tard, à prendre le train en marche, et ce que cela lui plaise ou non. Il n’a même pas de vrais arguments valables à ce sujet comme ça peut être le cas des plus réfractaires à ce genre de médias, et qui invoqueront le cyberharcèlement, entre autres dérives. Non, lui, il se contente de ne pas vouloir s’y intéresser parce que c’est un truc moldu (absurde quand on sait qu’il baigne dorénavant dans la culture moldue), et qu’il veut rester à l’écart autant que possible.

« Pourquoi les couples s’afficheraient en photo ? Je vois franchement pas l’intérêt… », se renfrogne Regulus qui en vérité est quand même capable de comprendre ce que ça sous-tend en soi. Jo affiche leur relation au grand jour parce qu’elle en est fière, peut-être aussi parce qu’elle est heureuse d’être avec lui. Ça aussi, c’est sacrément déstabilisant, au passage… Il n’arrive toujours pas croire qu’il puisse vraiment rendre quelqu’un d’autre heureux, être en relation avec quelqu’un, et que ce quelqu’un veuille encore de lui-même après des mois de relation, et ça en dépit de son fichu caractère. Oui, il devrait sûrement être flatté, mais il ne le dira pas.

A la place, Regulus se contente de récupérer son téléphone et de résister à la tentation de fouiner pour juste éteindre son portable. Temporairement en tout cas. Et il est dans le fond soulagé qu’ils puissent passer à autre chose, pas franchement désireux de voir le sujet se poursuivre plus longuement. Peter le premier le sait, il est sacrément pudique sur ce point. Et sur beaucoup d’autres, en vérité.

« Un chat noir qui s’appelle Salem ? Qu’est-ce que… Nan, tu sais quoi, je veux même pas savoir », fait-il simplement. « On avait pas d’animaux, non. Mais on avait un elfe de maison… enfin, c’est pas du tout la même chose… » Et surtout, il doit arrêter de parler tout de suite, parce qu’en réalité, il n’a absolument aucune envie de parler de Kreatur, là, tout de suite – et plus tard, il n’aura sans doute pas plus envie.

Heureusement – enfin tout est relatif –, l’état de Peter ne l’autorise pas à bouger plus que ça. Et même si Regulus souhaite sincèrement à Peter de se rétablir au plus vite, il doit bien admettre, en l’occurrence, que ça l’arrange sacrément. Quand Peter, qui ne lâche jamais rien, suggère qu’ils pourraient y aller la prochaine fois, il se contente de répondre par un grognement peu convaincu. Ce n’est pas comme si lui répéter que c’était hors de question y changerait quoi que ce soit, et il le sait bien.

« Me survends pas trop ton truc, non plus. Si je m’endors devant t’auras rien gagné du tout. »

Homecoming

feat. Peter

Regulus lève les yeux au ciel quand Peter affirme qu’il doit vraiment tout lui apprendre. Il refuse de cautionner cette vision des choses, en ce qui le concerne, tout simplement parce qu’il n’aime pas être traité d’ignare et que s’il fallait uniquement se fier à ses connaissances sorcières, il battait Peter à plates-coutures. Évidemment, oui, ses connaissances en matière de culture moldue, même après trois années ici, restent relativement faibles. Il fallait s’y attendre, en même temps : il n’avait pas vraiment fait d’effort. Ce n’est qu’à partir du moment où Peter l’avait accueilli chez lui qu’il s’était intéressé aux films et séries de ce monde (en revanche, il a bien fallu qu’il prenne ses marques en matière de littérature, il n’a juste pas eu le choix)… et qu’il y avait pris goût, quelque part. Mais ne vous attendez pas à ce qu’il l’admette de but en blanc en présence de son interlocuteur. Non, vous pensez bien qu’il en est hors de question… Histoire de fierté… probablement, même si on peut franchement se demander à quoi sa fierté ancestrale lui sert encore dans le monde qui est le leur et avec les choix qu’il a fait.

« C’est petit, certainement pas mignon, et ça vole pas, heureusement », réplique succinctement Regulus en parlant des elfes de maison. « Tu te serais vite fait une idée d’à quoi ça ressemblait en venant chez moi », il ajoute. « Y avait des têtes d’elfes empaillés plein les murs. »

Il grimace, une pensée pour Kreatur le traverse. Il ignore s’il aura connu le même sort ou non, ou même quel sort il aura connu après l’épisode de la caverne. Il a appris de très nombreuses choses sur le monde des sorciers après sa mort, mais cette zone d’ombre-là demeure. Et peut-être que c’est mieux ainsi, dans le fond… pour ce qu’il en sait. Pas grand-chose. Parce qu’au final, même sur sa propre vie en plus de toutes ces élucubrations moldues, il reste un ignare de compétition, sur pas mal de choses. En partie parce que c’est un planqué.

Il chasse ses pensées quand Peter suggère de commencer le film en attendant l’arrivée de leurs pizzas, promettant qu’il va se taire autant que possible, ce par quoi Regulus ne manque pas de réagir avec le sourire le plus cynique qu’on puisse imaginer.

« T’arriveras jamais à te taire, fais pas semblant. » Et en vérité, ça lui va bien, parce que même s’il les a trouvés incommodants pour commencer, il aurait du mal à s’en passer, maintenant. Quand il regarde un film seul (oui, ça lui arrive), il a étrangement le sentiment qu’il manque quelque chose.

Il veut ajouter autre chose mais Peter reprend la parole en lui apprenant cette rencontre qu’il a faite avec un sosie à lui (heureusement, pour avoir été déjà confondus avec des types qui apparemment lui ressemblent et avoir croisé le sosie de son frère, il ne tombe pas des nues non plus). Par contre, quand il ajoute qu’il est à la recherche d’un Peter Parker, là ça devient bizarre.

« C’est… bizarre. J’espère que j’aurai pas à le rencontrer. Et surtout que j’aurais jamais à gérer plus d’un Peter Parker. Un seul toi c’est déjà beaucoup trop. » Il marque une pause, le fixe un instant. « T’as un sourire louche. Il s’est passé quoi avec ce Harry ? »

Homecoming

feat. Peter

Une fine esquisse de sourire amusé, de celles que Peter est l’un des rares à savoir lui soutirer, étire les lèvres de Regulus quand son colocataire observe que la décoration de la demeure des Black, avec son assortiment de têtes empaillées, paraît tout à fait… charmante. Oui, c’est glauque, on peut le dire, mais quand on a grandi dans ce genre de décor étrange et austère, on ne se rend pas vraiment compte de la situation, tout compte fait, on l’accepte comme elle est, et l’anormal devient notre normalité.

Maintenant, la normalité de Regulus est bien différente, aux antipodes de tout ce qu’il avait connu avant ça. Si on lui avait dit, d’ailleurs, autrefois, que ça deviendrait ça, son quotidien, il aurait catégoriquement refusé de le croire… parce que ça semblait absurde… et atrocement moldu. Mais voilà que oui, il consacre ses soirées à regarder des films de moldus avec son moldu de colocataire pour compagnie… et il aime ça. Y compris les commentaires sans fin de ce dernier qui ne peut en effet pas tenir sa langue dans ce genre de contexte, trouvant toujours une anecdote ou autre à lui raconter en cours de route. Mais ça aussi, ça lui plaît. Sa nouvelle routine lui plaît, tout simplement, et ces moments qui vous rappellent qu’on peut se sentir bien même dans des situations absolument chaotiques plus encore.

Ceci dit, ce n’est pas tant le film qui l’intéresse, là, tout de suite, que Peter lui-même et le comportement absolument suspect qui est le sien au moment de parler de ce fameux Harry. Le sourire qu’il a aux lèvres ne trompe pas, y a clairement un truc suspect. Et Regulus, quand il entend Peter parler de ce type qui lui ressemble comme deux goutes d’eau mais au caractère si différent qui semble avoir directement séduit son colocataire, ne peut s’empêcher de se braquer étrangement. Il devrait être content pour Peter – après tout, s’il est heureux, si cette connexion est si importante pour lui, si sa présence lui réchauffe le cœur, qu’est-ce qu’il peut dire sinon…

« Tant mieux pour toi. » Il marque une pause. « Je veux dire… c’est cool. »

C’est cool ? Cache ton enthousiasme, hein, Regulus ! Pauvre Peter qui se livre à cœur ouvert pour obtenir une telle réaction de sa part… C’était ridicule, franchement. C’est de la possessivité amicale mal placée… Et il se le reproche presque immédiatement.

« Désolé, c’est juste bizarre… », fait-il en se concentrant sur son écran pour ne pas ajouter une connerie supplémentaire à celles qu’il vient de sortir en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. « Si t’es accro comme ça, tu devrais lui en parler. »

Pour le coup, il le pense vraiment. Il peut réagir comme un con, mais certainement pas au point de ne pas vouloir encourager Peter à faire ce qui est susceptible de le rendre heureux.