((Saturday night fever))

feat  @Felicia Hardy

Barty ne pense pas être un grand sentimental, bien au contraire. Passer d’une conquête à l’autre, ou plutôt d’un lit à un autre, est un mode de vie qui lui plaît trop pour qu’il puisse être qualifié de tel. Que ce soit en amour ou en amitié, le Crouch laisse difficilement tomber ses gardes pour laisser une chance aux autres de l’atteindre, tout simplement parce qu’il sait que moins il aimera, mieux il se portera. De plus, il est incertain d’être capable d’éprouver de tels sentiments de manière saine. Quand ils se manifestent, ils sont toujours accompagnés de quelque chose de plus sombre, qui se rapproche plus de l’obsession que de de l’amour à proprement parler.

C’est connu, lorsqu’il s’entiche et s’attache, il devient extrême… Alors le mieux pour lui, c’est de se cantonner à ce qu’il connaît. Les relations éphémères, qui durent le temps de quelques heures, et qu’il est garanti d’oublier le lendemain. Dans le fond, s’il se refuse le droit de créer toute connexion, c’est parce qu’il sait qu’elles se termineront toutes par une seule chose : l’abandon. Pourtant, si on lui demandait, il affirmerait que c’est par manque d’envie et d’intérêt pour ses semblables qu’il se refuse ce droit. Son propre esprit tente de s’en persuader, alors qu’en réalité le Crouch a tout simplement peur. Il craint et craindra toujours cette vulnérabilité qui le laisse être effrayé par quelque chose d’aussi risible. Une peur née dans son enfance, qui ne l’a plus jamais quitté depuis et qui a fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui.

Lorsqu’il ressent le besoin de fuir ce genre de pensées, qui l’envahissent de plus en plus fréquemment depuis qu’il a retrouvé les fantômes de son passé, Barty se rend là où il est sûr d’oublier. Le Lux est l’un de ces clubs où l’inhibition et la dépravation sont assurées d’être au rendez-vous. Une des rares inventions Moldu dont il ne peut se défaire tant ils l’aident à distraire son esprit torturé. Ce qu’il ne dira pas à haute voix, parce qu’il ne voudrait pas leur faire autant plaisir, c’est que les Moldus savent, indéniablement, mieux s’amuser que n’importe quel sorcier - notamment ceux de sang-purs. En ce moment même, c’est en compagnie d’un d’entre eux qu’il se distrait. Une belle blonde qui l’intéresse plus que la musique perçante et l’alcool qui coule à flot depuis le début de la soirée. Tanya, Tami ou Pam, il ne sait plus trop, se frotte lascivement contre et lui susurre de belles paroles tentatrices à l’oreille. Pour ce soir, elle suffira amplement. Demain, quand il aura tout oublié de cette soirée et d’elle, il trouvera bien autre chose, comme toujours.

Ce n’est pas tant la drogue, la musique ou sa charmante compagnie qui va faire de sa nuit, une nuit mémorable. C’est la silhouette dans la foule qui se démarque de toutes les autres, sa cascade de cheveux blond et ses yeux azurs qui se plantent dans les siens. Le mangemort se fige, doutant un instant de ce qu’il vient de voir. Son esprit fait le vide, il masque seul la musique et le monde qui l’entoure. C’est aussi ridicule que pathétique, Barty a l’impression d’être dans un de ces films à l’eau de rose, sauf que ce qu’il ressent s’éloigne viscéralement de ce que ce genre de film recherche à transmettre à son public. Il n’est pas sur un petit nuage en la revoyant, au contraire son estomac se serre et la colère prend le dessus sur tout le reste.

Une seconde, c’est tout ce qu’il lui faut pour la perdre de vue. De là, la colère laisse place à de la confusion, puis de nouveau à de la rage. Barty n’est plus d’humeur à se laisser attendrir par sa douce présence, tout ce qu’il souhaite pour le moment, c’est savoir si celle qu’il vient de voir est bien réelle. Sans faire preuve de délicatesse, il pousse le corps de la jeune femme et se fraie un chemin dans la foule. Il pousse et donne du coude, sans se soucier des injures qu’on lui jette, tout ça pour finalement la revoir. De dos, certes, mais il est tout de même capable de reconnaître ce corps qu’il a enlacé tant de fois par le passé. Felicia, parce qu’il est maintenant certain qu’il s’agit d’elle, se fait tirer hors de la piste par un homme dont la vue l’enrage autant que celle de la féline. Il n’a qu’une envie, l’attraper et lui faire des choses qui lui octroieraient le droit de passer un très long séjour derrière les barreaux, mais pour le moment il reste immobile. Non pas par peur des conséquence, mais par simple ressentiment pour la blonde. Elle l’a abandonné, il ne doit plus courir une nouvelle fois après quelqu’un qui ne le mérite pas… Néanmoins, voir l’inconnu glisser une main trop aventureuse tout du long de son dos pour la poser un peu trop près en bas est suffisant pour le faire abandonner ses résolutions.

Irrationnelle, Barty l'est. Déraisonnable, aussi. C'est donc son instinct qui prend la gouverne de son corps. Sur le moment, il ne contrôle rien, il a l’impression d’avoir enjambé la pièce parce qu’en quelques secondes seulement, le voilà qui attrape déjà le col de l’homme pour le plaquer violemment contre le mur. Ses pupilles ont eu le temps de croiser celles de Felicia, ce qui lui en a dit long sur l’état dans lequel elle se trouvait. De quoi justifier ce qu’il s’apprête à faire. La main du Crouch vient s’enrouler autour de son cou, du bout de ses doigts il peut sentir son pouls s’accélérer alors qu’il lâche un râle plaintif. « Lâche-moi putain ! », il ne regrette pas de ne pas avoir sa baguette, car lui ôter la vie en se servant de ses propres mains sera bien plus plaisant. Il serre, encore et encore, tout en s’amusant à compter les secondes qui passent avant de sentir son pouls faiblir. L’homme tente de se débattre, ses mains s’agrippent à ses bras, ses ongles griffent, mais rien à faire, il ne fait décidément pas le poids.

Ses yeux qui roulent à l’arrière de sa tête annoncent à Barty que la fin est proche pour lui. Son visage s’empourpre avant de prendre une teinte bleutée, mais ce n’est pas pour autant qu’il accepte de lâcher  sa prise. Ce n’est pas la soudaine raideur de son corps qui le fait s’arrêter, mais un bruit plaintif émit par une voix qu’il ne peut, encore une fois, que reconnaître. Le mangemort se détourne de l’homme, mais ne défait pas pour autant son emprise, il pose ses yeux sur la foule qui s’excite et se rassemble pour assister à la scène. Et il la voit, encore une fois. Felicia peine à tenir debout, elle se fait bousculer, pousser même, dans tous les sens. Ce n’est que là, après avoir poussé un juron, qu’il relâche l’inconnu qui s’effondre au sol. L'état dans lequel il se trouve importe peu pour lui, la seule chose qui l’intéresse, c’est l’atteindre elle.  

Il ne fait de nouveau pas preuve de douceur quand il s’empare de son bras pour la tirer hors du Lux, tout en évitant de justesse la sécurité qui a enfin décidé de rappliquer. Barty la tire le plus loin que possible, sans trop se soucier de ce qu’elle veut. Felicia lui doit des explications et il compte bien s’assurer qu’elle lui les donnera.

Quand il se défait finalement d’elle, son regard se fixe un moment dan le vide. L’agitation à l’intérieur du night-club reste audible, même depuis l’extérieur, mais le silence qui s’installe entre eux ne reste pas pour le moins pesant. Lorsque le trop plein d’émotions qu’il a accumulé lors de sa soirée remonte à la surface, Barty se décide à parler. « Merci d’avoir gâché ma soirée. » , dit-il en posant cette fois ses yeux sur elle. De plus près, il se rend compte d’à quel point elle n’a pas changé. Pourtant, elle lui paraît différente, probablement parce que les sentiments qu’il ressent à son égard ne sont plus les mêmes, tente-t-il de se persuader. C’est sans compter l’amertume et la pointe de jalousie qu’il ne peut s’empêcher de ressentir, ce qu’il ne devrait pas, s’il ne ressentait réellement plus rien pour elle. Ça n’aide pas son égo, déjà blessé, de savoir qu’après autant de temps elle continue à lui faire de l’effet. Peu importe, il veut tout de même la blesser comme elle l’a fait le jour où elle l’a abandonné. « C’est donc ça que tu fais depuis que tu m’as lâché ? C’est pathétique. », crache-t-il amèrement. « T’es vraiment qu’une... », une quoi ? Allez dis-le Barty, lui souffle le démon sur son épaule... mais il ne peut pas.