[Terminé] L'arc contre la canne à pêche [pv Will Graham]

La matinée était très douce. Le soleil était encore une boule de feu orangé à moitié dévoré par la cime des arbres et le ciel s’éclaircissait peu à peu. Robin s’étira d’un bon coup, faisant craquer les os de son dos tout en venant s’appuyer sur la rambarde en bois du balcon. La forêt était si calme, si belle devant lui. On entendait à peine quelques oiseaux chantonnaient au loin pour réveiller le reste de la faune. Le jeune homme approcha sa tasse chaude pour boire une gorgée de son thé du matin. Vivre dans la forêt était devenue une habitude ici. Et même s’il avait changé de monde, mit du temps à s’y habituer, il n’y avait qu’un endroit comme celui-ci où il pouvait se sentir comme chez lui. Juste, cet instant où il oublia les différences entre ces deux vies, cette nostalgie de sa terre natale avant de revenir précipitamment dans cette autre réalité. Et pour retour violent cela le fut quand une sonnerie retentit derrière lui. Jetant un bref coup d’œil, Robin vit une de ces modernités qu’on appelait « réveil » qui vibrait au-dessus d’une table. L’heure était donc sonnée, il fallait y aller, le devoir appelait.

*****

Quant on parle de garde forestier, une image commune vint à tout le monde. On revoit souvent celle d’un homme, ou d’une femme, portant cette veste légère verte. Sans oublier le pantalon kaki, d’une paire de botte et surtout, ce fameux chapeau caractéristique qui donne l’impression d’un cow-boy de la forêt. Mais notre ami lui, était un rien différend. Oui il portait un haut vert, mais recouvert d’une vieille veste en cuir vert assez légère. Ses bottes étaient de la même texture, mais plus renforcer que celles des gardes classiques. Mais la chose vraiment qui le singularisait, fut cet arc en bois et ce carquois qu’il portait dans son dos. Il avait plus l’allure d’un chasseur que d’un protecteur. Pourtant il tenait à cœur son rôle, préférant largement la flèche et l’épée que l’arme à feu ou électrique. Etant un très bon archer justement, on pouvait le trouver plus redoutable qu’un homme braquant un flingue sur quelqu’un.

Robin remontait les sentiers de la forêt. Ses sens étaient à la fus, il cherchait le moindre élément suspect qui trahirait une présence étrangère, venant perturber la quiétude des bois. C’était un peu son territoire ici et il le défendait vaillamment. Qu’on se rassure, il n’avait rien contre d’éventuels promeneurs. Tant que ces étrangers respectaient dame nature, notre ami restait jovial et bon compagnon. Mais s’il tombait sur un pollueur ou un braconnier par exemple, attention à vous, car notre homme sait se montrer impitoyable.

*****

Pour le moment Robin ne remarqua rien d’inhabituel. La forêt se portait bien, les rares traces qu’il repérait furent pendant un temps, ceux d’animaux sauvages errant ici et là. Nous disons bien « pendant un temps » car bien entendu, le noble archer découvrit celles laissés par une paire de chaussures remontant un des sentiers.

"Tiens tiens... Cela m'étonne qu'un ours porte aussi des chaussures. Sinon qu'elle drôle d'époque où j'aurais échouer." Ironisa donc Robin.

Par mesure de sécurité, l’archer remonta la piste qu’on lui avait laissé. Il marcha pendant une dizaine de minute tout au plus avant de déboucher, là où il reconnaissait sans peine, un coin abritant le cours d’une rivière. On entendait de loin l’eau qui s’écoulait rapidement comme si un million de goutes d’eau exécutaient un marathon. Repoussant quelques branches barrant la route, on arrivait donc dans un espace légèrement dégagé. Le soleil entrait plus facilement pour éclairer un banc de galet au bord de l’eau. Un point intéressant pour voir le reste de la rivière finir dans un tunnel de verdure. Et ce fut justement là, tournant le dos, le regard vers le corps serpentin d’eau, que se tenait un homme.

Robin ne comprit trop ce qu’il faisait, ne voyant que son manteau et ce qui devait être le cuir chevelu. Il approcha prudemment, se sentant prêt à décocher une flèche en quelques secondes si s’était nécessaire. Il ne tirait pas sur tous ceux qu’il voyait, mais son expérience lui avait bien apprit à se montrer méfiant envers tout le monde. Cependant, ne cherchant pas à ouvrir les hostilités, il alerta l’individu avec son célèbre ton enjouer.

"Hey ! Salut à vous l’ami ! On se promène alors ?"

L’endroit était plaisant. Il suffisait d’installer une chaise ici et laissé le doux soleil de midi vous caresser de ses bras chaleureux. Parfois, certaines personnes, des jeunes surtout, viennent bronzer. Ils installent une serviette sur le sol galet et presque nu, se font plaisir au soleil. Mais cette fois-ci, il ne s’agissait pas de promeneur ou d’adolescent venant profiter de l’astre du jour. Au vu de la dégaine et de l’aveux de cet inconnu, on comprenait rapidement ses intentions. La pêche bien sûr. Le coin était bon pour ce genre d’activité. Sous ce miroir scintillant, pullulait de nombreux poissons qui donnaient envie. Un peu plus loin d’ailleurs, se trouvait un lac où justement, quelques adeptes de la canne, visite en barque pour capturer quelques bons poissons.

Robin s’approcha donc de l’homme d’un pas tranquille. Inutile de montrer la moindre hostilité, jusque-là, l’inconnu n’a commis aucun tort. Ce dernier cependant, remarqua bien l’arme que portait toujours dans son dos l’ancien hors la loi. Le monde moderne avait perdu l’habitude des vieilles choses. En son temps, avoir un arc était aussi commun que possédait une batte de baseball. D’ailleurs, que ferait quelqu’un avec une batte en pleine forêt ?

"Mais tellement efficace pour chasser les indésirables comme les pollueurs, voleurs et braconniers."

Certains déjà, ont dû subir le courroux de l’arc légendaire. Si quelques-uns se moquaient, ils arrêtèrent de chanter quand des flèches apparurent comme par magie autour d’eux, près de leur main, de leurs pieds ou frôlant la joue. Une fois, un d’entre eux voulu riposter, mais c’était comme si Robin n’était pas humain, et aussi rapidement que le vent, désarma l’individu avant de le faire livrer aux autorités. On sous estimait donc son arme et ses capacités, Locksley en riait car cela lui donnait un avantage.

"Agent Robin, pour vous servir. Je suis garde forestier et j’arpente ces bois pour m’assurer que tout va bien."

L’inconnu n’avait visiblement aucune arme si ce n’était sa canne à pêche, et aucun accessoire servant habituellement à nuire aux bois. Il avait tout d’un honnête et innocent pêcheur, mais il valait mieux rester sur ses gardes. Une personne mal intentionnée pouvait se déguiser de mille façon, Robin en était conscient et chercha à se tranquilliser. Il évita cependant de questionner directement l’homme ou de l’accuser de quoi que ce soit.

"A qui ais-je l’honneur ? Et dites-moi si tout se passe bien donc, si vous avez quelque chose à signaler que vous aurez vu ou entendu."

La forêt était immense. Jamais Locksley n’avait détendue verte aussi grande de toute sa vie. C’était comme si elle grandissait de jour en jour, se remodelait parfois pour devenir un véritable monde appart du reste de l’île. Ici, se trouvait donc un millier de choses étranges, de danger insoupçonné. Si Robin ne découvrait pas grand-chose cependant pour le moment, il découvrit des traces étranges dans les environs. Il n’était pas seul à vivre ici et si cela se trouve, comme dans son temps, des bandits sanguinaires et autres damnés devaient se cachés ici, attendant la proie imprudente qui allait les nourrir.

D’ailleurs, Robin à déjà découvert les ruines de campements sauvages. Pour le moment, il ne savait trop qui était ce vagabond, mais il saccageait bien la nature, chassant sans permis. Restait à savoir si oui ou non il était dangereux. En tout cas, il était prêt à croire que l’ami pêcheur lui, n’y était pour rien. Mais tant que Robin n’aura pas sécurisé ces bois qui lui tenait tant à cœur, il veillerait à la sécurité de chaque promeneur.

L’inconnu n’en resta pas un bien longtemps quand il se présenta sous le patronyme de Will Graham. Robin acquiesça sans rien demander de plus à ce sujet. Il pourrait demander de suite une preuve de son identité, mais il ne voulait pas mettre en place un malaise aussi vite. Il chercha à mettre en confiance ce Will. A Will… Ce prénom lui raviva quelques bons souvenirs. Il se souvint de son bon compagnon Will Scarlet. Sans doute un des hommes les plus nobles qu’il eut rencontré, une bonne âme soif de justice et voulant combattre la tyrannie. Il se demandait si lui ou un autre de ses anciens amis avait échouer sur cette mystérieuse île. Qu’il aimerait les retrouver, reprendre dans ses bras ses frères.

Revenant dans cet univers et au moment présent, le dénommé Graham informa que non, qu’il n’avait ni entendu, ni remarquer quoi que ce soit de suspect. Robin fit une moue approbatrice. De toute manière, il se doutait déjà de la réponse. La personne qu’il traquait, semblait éviter le contact avec quiconque, s’éloignant des setiers et rejoignant des endroits un peu à l’écart, voir isolé des coins favoris des randonneurs.

"Très bien. Loin de moi de vouloir gâcher votre moment de détente, mais je dois vous mettre en garde. On a signaler le passage de braconniers dans le coin, restez donc attentif."

Locksley ne voulait alarmer personne. Cependant il jugea bon pour des raisons de sécurité, de prévenir du danger plutôt que le masquer. Imaginez qu’une balle ou une flèche perdue par ce chasseur clandestin vienne à blesser quelqu’un ? Il valait mieux donc s’inquiéter et faire attention, que d’avancer négligemment et risquer sa peau. Jusque-là, les animaux abattus semblaient toutes exécutés par une flèche. Ceci intriguait beaucoup notre ami archer, qui découvrait l’existence d’un autre maître dans les armes anciennes que lui. Il se demanda même si ce n’était pas une connaissance bien à lui. En tout cas, Locksley était bien placé pour savoir que même une flèche pouvait être aussi mortelle qu’une balle.
Paradoxalement, en plus de s’inquiéter des éventuels dégâts de ce chasseur inconnu, Robin éprouvait l’envie de se mesurer à lui. Vous devez connaitre de vécu ou en être témoin, de ce trait caractéristique humain de toujours prouver qu’on est le meilleur dans son domaine, et voir comment se débrouiller son rival.

"Depuis un petit moment déjà… Je fais ce métier peu de temps mon arrivé sur cette île. Par contre, vous devez bien l’imaginer, que je connais bien ces arbres que les immeubles de la cité. J’ai une préférence pour la vie à la nature qu’urbaine."

Sans doute l’habitude. Robin était né et grandit dans une petite ville que pour nous serait un village ou un hameau. Il a vécu ensuite sous des tentes avant d’échouer en forêt. Là, il avait une chance de vivre comme presque tout le monde dans une maison ou un appartement. Mais non, la nostalgie sans doute ou bien son existence lui a développer une peur, ou allergie à la vie urbaine. En tout cas il se sentait bien mieux entre ces arbres qu’au milieu d’une foule compact entre des murs.

"Et vous donc l’ami ? Vous êtes de la ville je suppose. Vous pêchez depuis un bon moment déjà ?"

Robin ne se disait pas s’il dérangeait ou non le pêcheur. D’un côté, il faisait son métier, à a façon certes, de contrôler et vérifier que tout allait bien. Et puis, il voulait savoir à qui, il avait affaire, apprendre à mieux le connaitre. Et ce n’était pas parce que la vie du garde forestier ressemblait à celle d’un ermite, qu’il réprouvait les relations sociales. Au contraire, Robin était une personne ouverte, aimant discuter, rencontrer du monde et sympathiser. Si la personne qu’il rencontrait n’avait aucune malice dans le cœur, le jeune homme aimait en faire un bon ami.

Lui aussi était un parfait étranger. Cela en réalité surprenait qu’à moitié voir nullement Robin. L’homme des bois voyait si peu de monde, mais avait l’étrange sentiment que tout le monde n’était pas natif de cette contrée. Au départ, Robin croyait être arrivé au paradis. Il fut mortellement blessé et empoisonné par son ancienne amante et se laisse mourir au pied d’un arbre, attendant son trépas, accueillir la mort volontiers. Puis il s’était retrouvé là. Pensant être au ciel ou une représentation paradisiaque du monde des mortels, il croyait retrouver Marianne. Hélas, il déchanta bien vite. L’enfer se présentait à lui, dans ce monde chaotique où le péché le plus ignoble était accepter au sein de cette communauté. Se serait-il fourvoyé ? Lui qui se battait pour la justice et la défense du faible aurait-il eut faux quelque part et fut puni par le ciel pour cela ? Avec le temps, il comprit ce qu’il en était, et qu’il ne se trouvait ni au paradis, ni en enfer. Juste un autre monde inconnu des hommes et dirigé par une puissance encore inconnue.

Pensant à cela, Will narra son récit. Robin n’avait pas demandé jusque-là, mais l’homme semblait pousser à le faire, à s’expliquer. Locksley l’écouta attentivement, sans interrompre, étudiant chaque mot. La première idée qui lui vint fut que Graham soit un damné comme lui. Façon de parler, une âme aspirer dans ce monde pour une obscure raison. Cette croyance était fort tentante, cependant il valait mieux éviter de mettre la charrue avant les bœufs. Le pêcheur pouvait vouloir parler d’autre chose, et ce ne serait plus lui qui se sentirait confus, mais Robin qui se ferait passer pour fou.

"Ne vous excusez pas. Je suis touché que vous m'accordez confiance pour me parler de votre histoire."

Certains diraient que Robin possédait un charme naturel, qui inspirait confiance. Cela se prouvait quand de parfaits inconnus se confiaient au hors la loi comme vint de le faire Will. Mais d’autres vouaient un profond ressentiment envers lui et ce n’était pas des secrets qu’ils voulaient lui donner, mais la corde ou la lame d’une épée. On ne pouvait pas plaire à tout le monde et Locklsey s’en amusait des fois. Pour revenir à notre ami Will, le garde forestier voulait s’assurer de ce que lui parlait son nouveau compagnon.

"N’avez-vous aucun souvenirs de votre vie passée avant de vous éveiller dans cet hôpital ? Des derniers instants avant cet trou noir, dans quelle contrée et dans quelle condition ?"

On pouvait y trouver de nombreuses explications, mais sur cette île, on revenait souvent à la même. Robin ne savait trop quoi penser de cet homme. Il ne le connaissait pas et malgré sa bienveillance, l’homme des bois gardait une relative méfiance face à chaque nouveau visage. Habitue l’ayant gardé en vie plus d’une fois. Will Graham était un jeune homme ayant pas loin le même âge que lui. Sa mine bien que sombre, voilé par fin voile de tristesse, lui inspirait une certaine sympathie. Si ce que suspectait Robin se révélait exacte, alors Graham aussi a dû « en baver » avant d’arriver ici. Un homme déraciné de sa terre était perdu, Robin fut bien placer pour le savoir.

Être mit dans la confidence renforcé la confiance. Locklsey ne décela aucune malice, aucun stratagème émit par son interlocuteur pour le piéger d’une quelconque façon. Pourquoi faire ? Ils ne se connaissaient pas. Oui, comme dit, il valait mieux rester prudent, on ne savait jamais. Néanmoins, Robin voulu en faire autant. Respirant un bon coup comme pour aérer son esprit et se donner du courage, il allait à son tour faire une confidence dont il n’eut jusque-là, que peu l’occasion de faire, un secret en quelque sorte, qu’il gardait jalousement, mieux que toutes les richesses qu’il eut volées depuis longtemps.

"Je me souviens d’une forêt. Pas celle-ci. Vous pouvez bien me dire qu’elles se ressemblent toutes, mais celle dont je parle je la connais bien, ayant vécu dedans pendant des années. Alors que je me laisser choir au sol, mes forces m’abandonnant, je revins à moi dans un tout autre endroit. Avant, il y avait un village pas loin où j’étais, là je retrouve une ville faite de béton et d’acier."

Pour un homme venant d’un univers médiéval, on pouvait comprendre le choc de la transition.

Il fallait donc un simple déclic pour que tout se lance. L’histoire prit un virage inattendu et Robin en fut un des premiers surprit. Lui qui s’était préparer à faire juste son travail avec un peu de sociabilité, se retrouve sur un des sujets brûlant de l’île. Pourquoi brûlant ? Car avoir des réponses sur ce phénomène quasi surnaturel était d’une difficulté titanesque et que ce n’était pas évident d’aborder ce point avec autrui, déjà qu’il voyait peu de monde et quand c’était le cas, on avait la crainte, d’un côté comme de l’autre, d’être prit pour un véritable fou.

En tout cas, Will prit le risque. Il semblait avoir comprit l’allusion du garde forestier et vint poser des questions qui remirent en doute les certitudes de l’ancien hors la loi. Robin le regarda avec de grands yeux, le visage devenant rouge. On approchait d’une vérité qui pouvait ébranler l’âme, faire perdre la raison. Robin priait que ce ne soit pas une farce, qu’on ne cherchait pas à le tromper. En tout cas, il perdit toute prudence, comme pousser à parler avec franchise à cet inconnu, questionnant sans réel détour et affirmant comme si une voix en lui, lui disait "Tu peux lui parler vas-y n'ai aucune crainte." et il était davantage encourager, quand le pêcheur lui parla de sa propre mort, avec une telle franchise qu’on ne pouvait que le croire.

"Oui... Du moins je le croyais. Je sortais d'une effroyable bataille, on m'avait empoisonné et je finissais échouer en forêt. Serions-nous donc bien dans l'au-delà ?"

Face à cette scène, Robin revint sur ses premières interrogations. Le jour où il se crut au paradis, puis en enfer fut des plus terribles. Imaginez, toutes vos convictions, vos efforts réduits en néant. Vous vous battez pour la veuves et l’orphelin, combattez l’injustice et vous découvrez ce monde après proche de l’enfer. Il y avait de quoi perdre la foi. Cependant une idée rationnelle vint chasser cette pensée nourrit aux sentiments du désespoirs. Robin secoua la tête pour l’en chasser, refusant de se laisser avoir aussi facilement.

"Voilà que je divague à présent. J’ignore pour être honnête où nous sommes, mais je sais de chose sûr, que nous sommes tous là par le même moyen. Cette Lune rouge qui avait embrassé le monde avant d’échouer-là. Nous ne sommes pas obliger de trépasser pour venir ici il me semble."

Robin aimerait pouvoir en dire plus, mais c’était impossible car il n’en savait pas plus. Mourante, alors qu’il s’adonnait aux bras de la mort avec l’espoir de revoir celle qu’il avait toujours aimer, Robin vit l’astre sanguinolant sur sa tête, alors que le jour était bien présent, avec un soleil bien trop radieux pour une journée aussi triste.

Comment cela fonctionnait, pourquoi lui ? Voila des questions dont il aimerait beaucoup d’découvrir la réponse. Mais il ne savait où chercher, à qui demander. Les très rares personnes voulant bien se confier à lui, n’avaient pas plus d’information que lui. Alors il poursuivit sa vie, chercha à survivre par ce métier dans ce tout nouveau monde, se disant qu’il finirait bien un jour ou l’autre, par trouver une réponse. Il espérait aussi, qu’il en trouverait une, la où il était apparu, comme un indice dont il n’aurait fait attention à son arrivé. Bien entendu, jusque-là, il n’y avait rien.

"Je suis vraiment désolé, je ne peux vous en dire plus. Je dois être aussi perdu que vous l’ami. Au moins, avez-vous retrouver de vos semblables, même mort ?"

Robin se doutait de la réponse. Même lui n’avait retrouver aucun de ses vieux compagnons, ou sa bien aimée Marianne. Il était comme seul, puni pour une raison qu’il ignorait. Sans doute, recroisera t’il leur route tôt ou tard. En tout cas, ces retrouvailles aideront à y voir plus clair. En attendant, il fallait patienter. Robin pouvait donc comprendre la situation de Will, du moins, il compatissait pour lui.

Quelle réponse aurait était plus approprier ? Peut-être nier, se dire qu’on perdait la tête et tenter de mener une vie dite normale comme si de rien n’était. Mais Robin préférait l’honnêteté. Même si on se retrouvait déboussoler après, on pouvait mieux accepter les choses, les affronter et trouver une solution. Le mensonge… Cette chose fut bien responsable de nombreux maux, qui a manqué plus d’une fois de détruire son groupe et mener chacun d’eux sur el sentier de la mort, mais y échappant de justesse… Ou pas.
Peut-être qu’aussi, Robin désirait se faire un allié dans cette histoire. Quelqu’un qui en parlait de lui-même pour une fois… Le forestier ne voulait pas laisser passer cette chance, et encore moins agir comme tous ces « natifs » qui semblaient résignés et ne voulant chercher à comprendre. Will semblait bien perdu. Il était aller s’assoir, prenant sa tête entre ses mains pour remettre un peu d’ordre sans doute. Robin respecta sa retraite et le laissa donc faire.

Il pouvait comprendre ce que vivait le pêcheur. Lui aussi, était passer par-là. On doute, on se pose pleins de questions, on a peur des réponses. On ne sait plus où on est, quand, pourquoi, comment. Robin aimerait beaucoup l’aider, lui apporter des réponses concrète. Hélas, il avait à peine avancé, il n’était qu’à quelques pas de son compagnon et ne serait d’une grande aide. Graham revenant à lui, avança des points intéressants. Il raisonnait bien avec logique. Robin s’était posé des questions semblables, mais comme dit et redit, il n’avait trouvé aucune réponse. Il s’adressa donc à lui, sur un ton calme et posé. S’il ne pouvait l’éclairer, qu’au moins il le rassure.

"Sans doute oui, mais je n’en ai rencontrer encore. Avec le peu de gens avec qui j’ai pu en discuter, ils venaient d’ailleurs aussi, mais ne sont guère bavard sur le sujet."

Robin ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la peine pour Will. Il ne le connaissait pas, mais le garde forestier éprouva une sympathie pour lui, ne voyant rien de mauvais chez cet homme. Surtout quand il entendit au début parler de ce « Il » qui ne lui avait pas échapper. Will avait perdu quelqu’un. Un parent, un ami ? Oh qu’il pouvait le comprendre, lui aussi avait perdu tous ceux qu’ils aimaient et dans cet « autre-monde », pas une seule tête connue n’était venue le retrouver.

"Non… Pas encore en tout cas. L’île est grande et si… Etrange. Je garde espoir qu’un jour, je retrouverais les miens. Et vous aussi, vous reverrez votre disparu. Si cela se trouve, il n’est pas très loin et vous le retrouverez au détour d’une ruelle à un pub par exemple."

Ils étaient morts, les revoilà donc envie. Et malgré toutes leurs épreuves, ils ne perdaient pas l’espoir, on la leur avait laissée. Et c’était grâce à elle, que chacun pouvait retrouver les siens. Comme la dit Robin, la ville et ses alentours étaient immenses. L’île des fois, faisait penser à un continent c’était incroyable. Comme l’avait dit Graham, cela n’avait aucun sens. Mais il devait y avoir une explication quelque part. Robin s’assit, se mettant au niveau du jeune homme pour mieux discuter. On oubliait le pourquoi ils s’étaient là, l’un pour pêcher, l’autre pour faire son travail. Ceci n’avait plus la moindre importance, ils étaient sur un sujet qui lui, l’était bien plus.

"Pourquoi nous… Je l’ignore aussi. Mais… On dirait qu’on n’est pas obligé de mourir pour venir. Soit cela prend les gens au hasard, ou bien tous ou une bonne partie de là où nous sommes sont pris." Difficile d’expliquer quelque chose dont soi-même, on ne comprenait pas le sens. Robin ne pouvait y aller qu’en avançant des hypothèses, imaginant des choses. "Vous savez, de là où je viens, on penserait de suite à une force divine, ou plutôt maléfique qui agirait. Mais après ce que j’ai vue ici, je pense que quelque chose d’autre est à l’œuvre. Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir vous en dire d’avantage."

Robin ressentait comme un regain d’espoir. Pourtant, le pêcheur ne pouvait lui apporter la moindre réponse, aucune révélation pouvait lui servir. Néanmoins, cela lui fut plaisant de pouvoir parler à cœur ouvert d’un sujet qui semblait si tabou sur l’île. Peut-être que leur échange apportera quelqu’un chose à l’un et l’autre. Ou bien rien du tout, en cas Locksley se sentait plus détendu. Et d’ailleurs, Will exprima bien ce que le garde forestier ressentait. Quelques bons mots, et l’homme des bois lui décocha un amical sourire.

"Et moi donc."

Enfin, Robin avait déjà croisé quelques personnes dans le même cas que lui, mais nous avons déjà expliquer cela avant. Avaient-ils peur ? Savaient-ils quelque chose de grave, préférant le taire ? Ou bien, préféraient-ils ne rien savoir ? Sans doute que l’archer était tomber sur les mauvaises personnes et que quelqu’un, quelque part sur ces terres, pourrait apporter des réponses concrètes.

Graham interrogea sur la provenance de Robin. Si demander le lieu de naissance ou l’anciennement le lieu d’habitation était chose commune, l’époque elle, l’était moins. En même temps, il ne fallait pas grand-chose pour deviner que Robin ne venait pas de notre temps. Encore moins de notre univers. Ce qui était drôle, ce fut que le jeune homme n’avait jamais cacher venir du XVIIème siècle. Curieusement, jusqu’ici, personne ne l’avait questionné à ce sujet et notre ami évitait d’en parler tant qu’on ne lui demanda rien dessus. C’était donc la première fois qu’il dû s’exprimer à ce propos et ne savait trop quoi dire.
Comme il avait l’habitude de faire, Robin lâcha un petit sourire charmeur, sa marque de fabrique en quelque sorte. Une grimace qui voulait d’un côté oui, détendre tout le monde, mais surtout dire qu’il restait maître de lui-même et contrôlait la situation. Cela semblait aussi l’amuser, mais il ne le dira sans doute pas.

"Je viens d’un endroit que peu de gens peuvent imaginer."

Encore, Robin ne provenait pas d’un royaume fabuleux avec des sorciers et des dragons. Ni d’une autre dimension peuplée d’êtres incroyables à la technologie et au savoir pousser. Mais dire que l’on venait de l’air médiéval et d’une des légendes les plus populaires ne rendait pas la chose plus crédible. Oui, Robin ne cachait pas sa nature, mais l’avouer n’était pas plus simple. Pourtant, il savait que si tous les deux voulaient trouver de l’aide chez l’autre, une confiance mutuelle devait s’installer. Locksley pourrait demander d’une façon ou d’une autre à Will de répondre en premier, cependant il jugea plus opportun de montrer l’exemple. Ce Graham semblait toujours aussi troubler, et le brutaliser n’arrangerait rien, bien au contraire.

"En réalité, je suis issu de la vieille Angleterre. Un homme n’ayant plus de toit depuis longtemps avant d’arriver ici. Et vous avez vu juste pour dire que je ne suis pas de cet air. Pour l’époque, elle correspond à ceux que vos érudits appellent le douzième siècle."

Sur que cela ne le rajeunissait pas. Et le dépaysagement fut violent on l’aura compris. Juste le fait de le mentionner donna un coup même à Robin. Une vague nostalgique le frappa violemment, lui rappelant son ancienne vie, tout ce qu’il avait vécu en quelques secondes. Et dire que normalement il aurait dû fini en terre depuis longtemps, un squelette reposant dans les bois et qu’on aurait découvert avec un peu de chance des siècles plus tard, le prenant pour un voyageur égarer ou un pauvre chasseur mort pendant son activité.

"Quant à vous, je présume que vous êtes familier à ce temps et à ses mœurs. Vous étiez de quelle contrée avant ?"

Une expérience partagée, aidait la mise en confiance. Si l’un l’autre, à juste titre, ne se sentait prêt à avouer tous ses secrets, ils pouvaient au moins se confier sur ce qu’ils ont vécu chacun. Robin se sentait soulager de pouvoir le faire. Si ce Will restait un étranger après tout, le garde forestier était bien ravi de pouvoir parler d’un sujet qui semblait tabou. Même, il éprouvait une forme de sympathie. Le promeneur lui rappelait lui-même, quand il se sentait perdu et cherchait des réponses. Et puis, Graham ne semblait pas quelqu’un de dangereux, une pauvre âme perdue seulement.

"Haha ! Ces contrés me furent inconnus effectivement en mon temps. Mais elles me sont familière à présent, de nom au moins."

Robin n’était pas resté assist, les fesses dans l’herbe à attendre. Quand le plus gros du choc fut passer, le jeune homme fit son maximum pour en apprendre le plus possible sur ce monde. Il trouva de la documentation sur ce lieu, mais rien d’intéressant, cela ressemblait plus à des informations touristiques. Mais il apprit comment était le monde d’aujourd’hui, par son histoire et sa géographie refaite depuis l’air médiéval. Quel choc ce fut de découvrir un monde tellement plus vaste, plus riche que ce à quoi s’imaginaient ses contemporains.
Ce nouveau continent qui lui, si jeune, est parvenu à devenir le maître du monde le surprenait beaucoup. Wolf Trap ne lui disait rien comme ça, mais le nom de l’Etat de Virginie si, et donc ce brave Will venait de ce nouveau monde. Robin aurait été curieux de le visiter, en savoir plus sur cette planète, partir découvrir ces contrées nouvelles pour lui. Hélas, comme tout le monde, il était bloqué ici.

"Vous avez perdu quelques années au moins l’ami. Pour vous acclimater, cela ne devrait être difficile."

Robin disait cela sans le moindre reproche. Will devait être perdu aussi par cet écart temporel. Ce n’était pas plusieurs siècles au moins. D’ailleurs, Robin avait encore un peu de mal avec la modernité. Il lui restait tant à apprendre, à comprendre et maîtriser. On pouvait avoir droit à quelques scènes comiques. C’est pour cela que l’homme des bois, favorisait si possible, une vie simple, alléger de tout ce besoin de confort moderne avec ces boutons, ondes, fils et on en passe.
Robin fit un quart de tout sur lui, afin d’examiner un instant les alentours, comme s’il voulait s’assurer que personne ne viendrait épier leur conversation. Si tout le monde était dans le même cas qu’eux, ils comprendraient. Mais Locksley avait un peu la crainte d’être prit pour un fou et surtout, que celui ou celle, ou ceux même, qui seraient responsable de ce cirque, ne les espionnes et guettent un faux pas. Ce n’était pas de la paranoïa, mais quand on était enlevé et envoyer dans un endroit inconnu, on pouvait être méfiant juste un minimum.

"Dites-moi, accepteriez-vous que je vous invite chez moi ? Je ne vis pas loin dans ces bois. Nous serions plus à l’aise je pense pour en discuter. Sauf si ce coin si vous convient, mais je pourrais vous proposer à boire quelque chose."

La cabane de Robin n’était pas son camp après tout, rien de secret. Locksley pensait qu’ils seraient tous les deux plus tranquille ainsi pour continuer à discuter, surtout autour d’une bonne tasse et de quoi manger, tout en profitant encore de mère nature. Et puis, ce serait son premier inviter, cela faisait plaisir non ?

Robin conduisit donc Will jusqu’à chez lui. Ce dernier accepta volontiers le verre promit. Sans doute était-il bien ému de pouvoir parler avec quelqu’un qui pouvait un temps soit peu le comprendre. Chaque personne ici avait plus ou moins la même histoire, mais rares furent ceux voulant la narrée. A croire que même si c’était propre à chacun de venir ailleurs et finir ici sans aucune raison, en parler serait une honte. Ou bien avait-on peur d’attirer le mauvais œil comme si à trop parler du Diable, ce dernier allait se manifester. Mais Robin était convaincu que ce n’était pas en se taisant ainsi, qu’on comprendra et qu’on s’en sortira.

"J’avoue que cela me fait plaisir de rencontrer quelqu’un avec qui parler de ça. C’est comme enlever un poids des épaules."

Une petite déclaration bien sympathique pour détendre l’atmosphère. Locksley avait traverser de nombreuses émotions négatives. Se croire mort, damné, puis fou. Quand le monde autour de vous n’est plus le même, que votre perception de l’univers se retrouvait chambouler, on peut remettre en doute notre vie, notre expérience, notre vision. Par moment, Robin s’était demander justement si au final, il ne rêvait pas là à cet instant, vivant une sorte de purgatoire avant de rejoindre le paradis. Ou bien, si toute sa vie d’avant n’était pas un mensonge, si ce n’était lui la menterie.
Au fond de lui, il conservait la vérité, celle qu’il n’était pas une illusion et que sa vie n’était pas une tromperie. Mais on n’était jamais à l’abris du doute, à se remettre en question. Parfois cela pouvait pousser à se croire fou, à perdre la tête. Robin était bien heureux de ne pas en être arriver là. Will dans un sens, apportait bien plus d’aide qu’il ne pourrait le croire, même s’il n’apportait aucune réponse à tout ce mystère, le promeneur pouvait se révéler être un bon soutient.

Les deux hommes remontèrent le sentier. Ils suivaient le chemin principal, avant de devoir bifurquer à un croisement, pour suivre une voie plus discrète qui s’enfonçait à travers les bois. Le chemin était bien là, mais plus dissimuler sous les branches des buissons et à l’ombre des arbres. Si on n’avait pas l’œil, on pouvait le louper et facilement se perdre.

"J’ai choisis de vivre un peu à l’écart des voies afin de profiter d’un peu de tranquillité. Curieusement, même si cette forêt semble… Se réinventer sans cesse, elle garde cette logique concernant mon logis comme si elle respectait mon choix."

C’était difficile à expliquer, mais comment faire quand tout cela n’avait pas de sens ? La ville, l’océan, la forêt, les terres etc. Tout semblait à la fois n’avoir aucune fin, et constamment à se réinventer comme le disait Robin. Tantôt on ne pouvait pas traverser telle zone, tantôt si, mais pas pour finir là où on le pensait. Cet endroit semblait comme vivant, se jouant de ses prisonniers comme un geôlier sadique tourmenterait les pensionnaires de sa geôle. Pire même.
Ce n’était bien sûr qu’une impression, mais à supposer que cela soit possible, que serait cet endroit ? Un être puissant et immuable, une sorte de dieu ou d’esprit tourmenteur ? Cela donnait des frissons dans le dos.

Will et Robin arrivèrent au pieds d’un immense chêne. L’arbre était plus imposant que les autres. Son tronc pourrait être prit pour un immeuble végétal. Sans doute exagérer, mais cela donnait une idée. Robin sourit en se tournant vers son invité.

"Bienvenu chez moi."

Il fit signe vers le haut, dévoilant ce que cachait cet arbre. Au sommet entre ses branches, on pouvait voir une cabane. Plus qu’une cabane, une maison sans étage faite en planches qui reposait là. Robin attrapa une corde qui pendait le long de l’arbre et semblait rejoindre la demeure. Il coinça son pied sur une cale et tira sur quelque chose qui le fit monter et disparaitre entre les branches. Là-haut, il fit rouler une échelle faite de corde et de bois tout en criant attention en dessous. L’échelle primitive se défit et ouvrit un passage entre la terrasse de la maison et le sol à quelques mètres en-dessous, facilitant ainsi à Will son ascension vers la cime des arbres.

Les deux hommes arrivèrent donc chez Robin. Une modeste maison si on pouvait le dire. Pas d’étage, mais on pouvait monter pour arriver sur le toit. Une belle cabane dans les bois d’où on pouvait avait de chaque côté, une magnifique vue sur la forêt. Cela n’avait rien à voir avec son manoir à Locksley. La demeure familiale lui manquait. Il s’était tant battu pour le retrouver, pouvoir y dormir à nouveau. Mais après quatre ans de combat, jamais il ne retrouva son doux foyer. Et s’étant habituer à une vie plus sauvage, et comme une demeure médiévale ça ne courrait pas dans les agences immobilières, cette modeste demeure lui suffisait largement.

Will Graham complimenta même le chez-lui. Etait-il sérieux, ou bien n’était-ce qu’une remarque de politesse, Robin le prenait bien dans tous les cas. En même temps, vivre dans les arbres n’était pas commun. La plupart des habitants habitait dans d’immenses tours en bétons et en acier, dans de tout petits espaces et quelques-uns dans une vraie maison. Robin était bien un original oui, qui jamais ne se verrait vivre dans une ville moderne, qui pour lui, sont dépourvue de plaisir et de gaieté.

"Oui et non. Quand je suis arrivé, il y avait déjà une plateforme. Un peu abîmer. Un ancien poste de surveillance sans doute. J’ai dû construire l’habitation par-dessus. Oh je en vous cache pas que cela a pris un peu de temps. Je ne comptais plus les nuits où j’ai couché sous une tente."

Robin caressa le bois de sa maison. Se rappeler le dur labeur accomplit pour en arriver là, le remplissait de fierté et d’amour pour son nouveau foyer. Cela n’avait rien à voir avec Locksley certes, mais il éprouvait depuis un, une sorte d’attachement à sa nouvelle terre, sa nouvelle maison. Une modeste cabane, qui avait de la valeur tout de même pour cet homme des bois. Sortant de ses pensées, Robin revint vers son invité, se voulant le plus courtois possible.

"Je vais nous préparer quelque chose à boire. Si vous avez une préférence, thé, café ou quelque chose d’alcoolisé, dites-le-moi. En attendant, pourriez-vous remonter l’échelle je vous prie. Vous pourrez vous détendre dans le salon."

La première pièce par où entrait notre ami Robin, était un peu la salle principale. On aurait dit un mélange de séjour, salle à manger et de bureau. Sa cabane n’était pas grande, il fallait partager les pièces pour plusieurs fonctions. Au moins, c’était propre et bien ranger. La partie séjour se composait d’un canapé à deux places, d’un vieux fauteuil et d’une table basse avec un vieux tapis en dessous. La salle à manger avait une table ovale au milieu, avec deux chaises en pailles. Pour le bureau, c’était une seconde table rectangulaire dans un coin, avec une chaise aussi, un poste radio, et plusieurs tiroirs dessus. Par contre, c’était recouvert de documents de toutes sortes.
La décoration était aussi simple que le lieu de vie. On trouvait quelques cartes de la forêt accroché ici et là, indiquant des lieux ou les mêmes lieux, mais à des endroits différents. Il y avait aussi des photographies qui dévoilaient des coins de la forêt magnifiques, cascades, grottes, ou arbres prit sous un angle particulier donnant un aspect féerique. Et aussi, quelques petites gravures représentant les temps anciens, l’époque des royaumes et de leurs chevaliers. Sans doute pour donner une note nostalgique au propriétaire de la cabane.

La cuisine était ouverte sur cette pièce. Elle n’avait rien de particulier. Il y avait juste ce qu’il fallait pour être à l’aise. Un petit frigo, un plan de travail en bois, un évier, des plaques chauffantes, un micro-ondes mêmes, et un placard pour ranger serviettes et couverts, ainsi que d’autres choses. Robin semblait s’être bien vite fait à cette modernité, et on pouvait le croire, cela lui avait prit du temps. Au début, il vivait comme dans son monde, à son époque. Mais après avoir vue l’utilité de certaines choses comme le micro-onde, il s’accoutuma à cette modernité. Et il le fallait bien pour survivre. Il n’était pas fermer à la nouveauté, juste prudent.

Peut-être que celui ou celle, ou ceux allait savoir, qui sont à l’origine de cet endroit, ont prévu que tout le monde aille vivre en ville. Une maison, un appartement devait attendre Robin lors de son arrivé, et on ne prévoyait pas cette intention d’aller vivre au milieu des bois. Mais personne à la mairie ne s’y était opposé en tout cas. Existait-il un plan précis dans toute cette mascarade ? Tous ces gens furent-ils présents pour d’obscures dessins qui ne seront révélé que bien plus tard ? Robin était curieux de le découvrir. Hélas, où chercher ? A qui demander ? Allez savoir, celui ou ceux responsable de tout ceci, pouvait bien s’amuser à se cacher dans la population et se faire passer pour une victime également. Cette idée avait de quoi rendre paranoïaque.
Robin serait donc fou de faire venir un inconnu. Non seulement pour la raison mentionner, qu’il s’agisse d’un être responsable de leur captivité, ou bien qu’il puisse s’agir d’un individu dangereux. Après tout, que faisait Will sur le sommet d’une colline et pourquoi s’y jeter ? Robin n’était pas stupide. La prudence était de mise, mais des fois, il fallait tenter le danger pour l’obliger à se dévoiler.

"Je vous remercie." Répondit Robin aux compliments de son invités. Il recevait peu de visite, et donc peu d’éloge sur son travail. Le garde forestier était cependant bien satisfait de sa besogne. Sa petite maison était une fierté. Très modeste certes, mais au moins Locklsey se sentait à l’aise et en relative sécurité.

Il prépara donc un café pour Will Graham en quelques minutes avant d’apporter tout cela au pêcheur. Chacun prit sa tasse et pouvait déjà déguster. Mais avant que la première gorgée ne fût avalée, son invité le questionna de nouveau. Pouvaient-ils se lancer tous deux dans la confidence ? Robin sentait que l’homme en face de lui, restait malgré tout nerveux, méfiant surtout. Une difficulté sans doute liée à son sentiment d’être perdu, à chercher à comprendre les secrets de cet endroit sans nom. Cherchait-il à trouver réconfort auprès de quelqu’un qui se livrait facilement ? Robin ne dévoila rien pour le moment, mais toujours avec calme et douceur, il ne rejeta pas la demande de Graham.

"Et qu’aimeriez-vous savoir en particulier ?"

Parler de la vie d’une personne n’était jamais simple. Surtout un personnage comme Robin, il y en avait des choses à dire. D’où il venait, ses exploits, ses déboires etc. De quoi en faire une belle série d’aventure. Même donner des grandes lignes n’était pas facile car on reviendrait à la question initiale à savoir, quoi raconter en particulier ?
Robin était aussi curieux au sujet de Will. Ce dernier vivait avec un léger retard par rapport à cet espace-temps. On le prendrait facilement pour un natif. Enfin, le jeune homme ne paraissait pas hostile, juste un gars un peu perdu. Cependant Robin avait appris à se méfier des apparences. Lui qui accordait parfois facilement sa confiance ou trop, fut victime de son erreur plus d’une fois. Il fut trahi par un de ses plus proches amis. Malgré le passé houleux d’Allan Dale, Robin voulait croire au bond au fond de lui et qu’il ne vendrait pas ses amis comme un Judas. Cela avait couter fort chère.

Will pouvait être une fripouille ? Locklsey était tentait de penser que non. Mais une petite voix lui criait de rester sur ses gardes, sage conseil. En même temps, Robin sentait que Will était un peu comme lui. Chacun avait besoin d’un soutient, d’une personne pouvant aider dans cette épreuve éprouvante. Un ami ? Peut-être pas jusque-là. En tout cas, quelque chose bloquait entre eux deux pour une véritable mise en confiance.

"J’ai à cœur aussi d’en savoir un peu plus sur vous."

Ce serait un bon échange en tout cas. Une info contre une autre, pas qu’un seul dévoile ses petits secrets et que l’autre reste mystérieux sur lui. Robin imaginait que Will pouvait le comprendre aussi. En tout cas, l’homme des bois évitait de brusquer son invité de quelconque manière que ce soit. Il sentait que toute agressivité gâcherait la moindre chance d’en savoir un peu plus.

Robin s’attendait à ce que Will saute sur l’occasion pour demander plus amples informations sur le garde forestier. Au lieu de cela, il prit les devant pour se livrer, du moins confesser quelques lignes de son passé. Un résumé bien maigre, mais qui en tout cas, suffisait à calmer quelques soupçons chez Locksley. Car au final, ce Graham apparaissait comme un home lambda, pas dangereux, quelques peu perdu. Et il disait travaillait pour les forces de l’ordre avant. Il devait être mue par un désire de justice et non œuvrait à la solde d’un tyran comme fut le vil shérif.

Au moins, Robin n’était pas trop perdu dans l’histoire de Will. Comme dit, il s’était informé au mieux de l’époque moderne. Certes, il lui restait beaucoup à apprendre et comprendre. Mais pas mal de chose lui échappait encore. Il fallait juste le regarder, Robin au niveau vestimentaire, était en ce moment le bâtard de deux époques, quelques pièces du monde moderne pour s’accoutumer, mais d’autres du temps jadis lui servant de repère. Pour combien de temps encore, restera t’il enfermer sur ces terres et à la longue, deviendra t’il un homme pleinement intérêt ? C’était une question qu’il se posait des fois.

"Je voie... Ce qui vous est arrivé est bien horrible je le conçois, navré."

En remettant les choses en ordre, Robin imagina la scène de la mort de Graham. Il y voyait quelque chose d’effroyable, de violent. Lui, il connut une mort vicieuse et lente, mais Will dû l’affronter de face, se mesurer à l’horreur. Robin tenta une réplique dans le but de se montrer réconfortant, ignorant si cela fera mouche ou non.

"Si j’ai bien compris, vous travaillez avant avec une garde d’élite. Vous traquiez ceux qui nuisaient aux innocents. Aussi dramatique fut donc votre fin, vous êtes visiblement quelqu’un de courageux et d’altruiste. Un héros."

Locksley se doutait que Will ne verrait pas les choses de la même manière, mais le plus important était de le réconforter, faire effacer même un instant, cette grimace bien triste de son visage. Il ne sentait aucune malice chez cet homme, et donc, l’archer éprouvait une grande sympathie pour lui. Bon, il n’allait pas se jeter dans ses bras et l’appeler compagnon, il n’était plus aussi sociable qu’avant. Néanmoins Robin lui accorda bien plus de confiance et imagina plus tard une alliance entre eux. Soit-il s’entraideront ou bien se soutiendront. Pourquoi pas les deux, ces deux notions furent si proches. Ceci en tout cas, motiva Robin à s’ouvrir également. Avec beaucoup moins de barrière, le garde forestier réfléchissait un instant que lui raconter.
Pas qu’il cherchait à cacher quoi que ce soit. Juste que sa vie fut remplie de tant d’aventure qu’il avait du mal à choisir ce qui avait de plus pertinent. En tout cas, il ne se voyait pas faire aussi court que son hôte, ce serait compliqué. Mais il serait bon d’éviter aussi le long monologue.

"Comme vous le savez déjà, je ne suis pas de cette époque, mais de ceux que vous appelez le moyen-âge. Je suis né sous le règne des Plantagenets à Locksley. Mon père était le seigneur de comté dont j’ai hérité. Adulte et sous l’autorité du roi Richard, je suis partie en croisade pendant quelques années. Mais en revenant chez moi, je fus dépouillé de mon titre et de mes terres et découvrit un peuple opprimé par un prince envieux de son frère. Je suis partie avec des compagnons vivre en forêt pour préparer nos attaques contre ce prince et son shérif. Nous avons perdus de nombreux amis en route et je pleure encore leur perte."

Robin s’était demander que comme il était mort, allait-il revoir ses amis décédés dans l’autre monde ? Revoir Marianne qui avait affronté la mort pour lui ? Pour le moment il n’avait que leur fantôme en guise de compagnie et il les pleura quand il était seul.

"C’était pendant un ultime affrontement que je perdis la vie. Compliqué de vous expliquer les circonstances de mon décès. J’étais sournoisement empoisonné par une dague, frappé par quelqu’un en qui j’avais mis de l’espoir."

Robin s’en voulait aussi pour ça. Bien sûr, il était en colère qu’Isabella l’est assassinée. Mais il s’en voulait à lui, se disant que son ancienne amante, avait sans doute sombrée à cause de lui…

Comme il s’y attendait, Will désafirmait Robin. Il ne se considérait pas comme un héros. Fausse humilité ou sincérité ? Locksley ne voulait trop s’engager sur une voie, tant qu’il ne connaitrait pas un peu plus son interlocuteur. Peut-être que l’archer exagérait ou bien que Will se dévaluer. Il valait mieux sans doute ne rien affirmer, acquiescer et continuer. Cela rappelait au garde forestier sa propre évolution. Comme tout jeune homme, on aimait bien être perçu comme un glorieux personnage. En terre sainte par exemple, il espérait recevoir l’estime du roi comme un grand guerrier. Une fois de retour en Angleterre, Robin aspirait par la suite à être reconnu comme un héros, un protecteur du peuple. Il apprit durement que le plus important, n’était pas chercher sa propre gloire, que les gens passent leur temps à vous dire « Merci Robin, vous êtes notre bienfaiteur ! », mais l’intérêt d’autrui sans s’attendre à un retour. Une leçon de vie qu’il n’oubliera sans doute jamais.

Parlant de trahison et de pardon, Robin en avait fait l’expérience. Pour seul exemple, il fallait voir son ancien compagnon Allan. Ce voleur, bon menteur, qui en échange de sa vie, vendit comme un Judas ses compagnons. Et pour son pardon, il fallut du temps et des efforts au maître de Sherwood pour le lui accorder. Surtout que cela arrivait au moment où il perdit Marianne et donc le cœur de Robin s’était endurci. Mais Allan ne fut pas le seul dans ce cas, d’autres avaient emprunter la même voie avant et après lui. Et Robin leur avait pardonner à presque tous. Le fait de le mentionner, lui fit raviver ces biens sombres souvenirs.

"Nécessaire oui, mais pas obligatoire. Il ne doit pas être donner à n'importe qui et facilement. Comme la confiance, cela se mérite."

Pouvait-on pardonner à quelqu’un de menteur et de manipulateur ? Pouvait-on pardonner en sachant que l’autre pouvait recommencer facilement ? Pardonner n’était pas oublier certes, mais ce serait laisser un loup entrer dans la bergerie, baisser sa garde devant un éventuel ennemi. Le repentir devait être sincère, et pour Robin, il devait s’assurer que plus jamais, la personne ne puisse renouveler sa trahison et se montrer enfin digne de confiance. Malheureusement, il n’avait pas comme Dieu, le pouvoir de lire dans les cœurs et l’erreur était donc de mise. En tout cas, la suite de la conversation lui arracha un sourire.

"Je vous remercie du compliment. Vous aussi vous m’intriguez et j’aimerais en apprendre plus... J’aimerais vous montrer quelque chose qui je pense, devrait vous intéresser."

Robin abandonna quelques instants son invité pour se diriger vers le bureau. Faisant un rapide nettoyage, il extirpa trois ou quatre grandes feuilles blanches qu’il alla déposer sur la table du salon. Il les déroula comme de vieux rouleaux antiques, dévoilant à Will leurs secrets. On voyait dessus des traits noirs en formes de courbes qui découpaient un dessin semblable sur chacun. On y voyait d’étranges symboles avec des annotations. Ils ressemblaient à des maisons, des rivières, des arbres ou différentes structures, toutes éloignées les unes des autres. Ainsi que des chiffres qui représentaient des coordonnées. Chaque dessin était daté, et Locksley ne fit taire plus longtemps, la nature de ces schémas.

"Nous avons parlé des effets de cette « île » si on peut la nommer ici. Sans trop attendre, j’ai tenté de cartographier moi-même la forêt. En jugez-vous par vous-même ce qui est montrer. Chacune faite à un moment différent, un moins entre deux, puis une semaine, une autre un peu moins encore…"

Les cartes de la forêt semblèrent identiques. On retrouvait facilement le poste de surveillance, ou maison, de Robin au centre, ainsi que les différends lieux cités. Cependant, elles étaient différentes. Ces localisations justement, n’étaient jamais au même endroit sur chacun des plans. Comme si elles se déplaçaient, on les retrouvait à différends lieux et parfois… Semblaient disparaitre.