(( morsmordre )) — .･✧ barty & tom.

Lord Voldemort était isolé, faible et fragile. Bien que la réalité de sa situation lui déplaise au plus haut point, il en était totalement conscient. Cette clairvoyance jouait d’ailleurs sur son état général — s’il n’avait jamais été bien aimable ou tempéré, ces côtés-là de son caractère se sont exacerbés pour produire ce qu’il y avait de pire en lui. Sa violence et son impatience devenaient de plus en plus incontrôlables. Pire lorsque toutes les tentatives qu’il avait effectuées jusqu’à maintenant, afin de pallier ses problèmes, se sont révélées être de purs échecs. Il n’avait ni ses horcruxes ni la totalité de ses pouvoirs et encore moins ses précieux mangemorts avec lui. Fort heureusement, tout n’était pas aussi noir que Voldemort le laissait sous-entendre. D’une part, il savait que Regulus Black était bel et bien en possession de son collier (il n’était, en revanche, pas au courant pour le diadème) et que Scorpius Malefoy avait son carnet. Ils n’auraient plus qu’à les récupérer en temps voulu, mais avant cela, il fallait qu’il récupère l’entièreté de ses pouvoirs. Aussi, il n’était pas si esseulé que cela. Nagini était avec lui et elle avait l’avantage de coupler la place de fidèle et de horcruxe. Ce n’était toujours pas suffisant pour Lord Voldemort. Il lui fallait toujours plus de monde autour de lui pour avoir un noyau dur de serviteurs corvéables à souhait afin d’assurer d’une part sa protection le temps qu’il retrouve sa puissance et d’autre part l’accomplissement des tâches subalternes qu’il ne souhaitait pas faire et qui avait très peu d’intérêt à ses yeux tant elles étaient basses. Selon toute vraisemblance, il ne tarderait pas à réunir du monde. Car si on pouvait au moins reconnaitre une chose à Lord Voldemort, c’était sa capacité à rassembler des troupes autour de lui grâce à ses habiletés langagières et à sa maîtrise de l’art de la manipulation. Il ne s’attendait pas cependant à ce que la chose se réalise aussi vite.

En effet, il y a quelques jours de cela, Nagini lui avait fait part d’une excellente nouvelle parmi d’autres informations. Selon ses dires, Bartemius Crouch Jr. serait présent en ville et surtout, à sa recherche. Toute proportion gardée bien entendu, Tom était ravi et enchanté de savoir que la loyauté d’un de ses plus fidèles mangemorts ne se limitait pas qu’aux frontières de leur monde et qu’il était encore pleinement de son côté. Barty avait toujours fait ce qu’il lui avait ordonné et surtout, Lord Voldemort n’oubliait pas son dévouement sans faille lors de l’année 1994 qui lui permit d’affronter Harry Potter en duel à l’issue du Tournoi des Trois Sorciers. Il pourrait continuer à faire les éloges de Barty à l’infini dans son esprit, mais le Seigneur des Ténèbres n’était pas le genre à s’adonner à la flatterie ou à une quelconque forme de reconnaissance. Le très discret sourire qu’il avait esquissé en présence de Nagini était déjà bien suffisant. Barty n’avait nul autre choix que de l’écouter ou de réussir les tâches qui lui était incombées sinon la mort l’attendait assurément au tournant de toute façon.  

En revanche, c’était à Lord Voldemort de chercher son dévot en ville. Il avait remercié Nagini de ne pas avoir confié à Barty l’endroit où il se cachait, car après tout, rien ne lui garantissait que c’était le vrai Bartemius Crouch Jr. qui était ici. La paranoïa et la méfiance de Voldemort le poussaient même à penser que cela pouvait être une manœuvre du camp adverse pour l’approcher et le débusquer. En une période aussi délétère que celle-ci, la prudence était réellement de mise. Le Seigneur des Ténèbres mit peut-être deux semaines à le trouver en train de trainer dans le quartier de Hogwarts Place. Au lieu de l’aborder immédiatement, Voldemort choisit de le suivre en filature pendant une semaine supplémentaire — simple précaution. A vu d’œil, ça avait l’air d’être lui puisque son comportement était semblable au Barty qu’il avait connu. Il n’empêche que le sorcier n’avait toujours pas pleinement confiance. Toutefois, pour dissiper les doutes, il estimait que la rencontre devait avoir enfin lieu.

Lord Voldemort aperçut, en ce jour, Barty entrer chez cet apothicaire, le Rosekiller. Choix judicieux de sa part si le mangemort souhaitait le trouver puisque Voldemort s’y rendrait très ponctuellement pour acheter divers ingrédients magiques. C’était d’ailleurs la seule boutique en ville, en dehors de la sienne, où il daignait aller — ce monde moldu le répugnait, cela va sans dire. Il le rejoignit à l’intérieur de la boutique sombre et lugubre un quart d’heure plus tard. Il le retrouvait assez rapidement entre deux rayons de potions, arrivant dans son dos. « J’ai cru comprendre que tu me cherchais, Barty. » Sa voix grave tranchait d’un coup sec le silence qui régnait. Les mains nouées dans son dos, Voldemort s’approchait d’un pas lent, mais lourd et imposant, vers son serviteur — il domptait l’atmosphère du lieu, la teintant de son aura puissante et mystique avec un naturel déconcertant. Bien que son apparence soit diamétralement opposée à celle sous laquelle Barty l’avait connu, Voldemort ne se présentait pas parce qu’il n’en avait absolument pas besoin — son charisme et son comportement parlaient pour lui, dévoilant sa véritable nature. « J’ai toujours su que je pouvais compter sur toi. Même ici. » Une flatterie manipulatrice faite pour caresser Barty dans le sens du poil et l’attirer dans ses filets, parce que Voldemort n’était toujours pas convaincu. Ce fut d’ailleurs pour cela qu’il sortit sa baguette, blanche et sculptée comme une griffe au niveau du manche, dans un geste élégant. « Mais avant de poursuivre cette conversation… » Il pointait sa baguette vers Barty et effectuait un mouvement de poignet lent nécessaire à la pratique du sort Revelio sans qu’il n’eût besoin de le prononcer. Il voulait s’assurer que la personne en face de lui n’était pas sous l’emprise du polynectar ou d’une quelconque métamorphose visant à le duper. Voyant que ce n’était pas du tout le cas, un sourire froid rempli de satisfaction prit place sur les lèvres du Mage noir. « C’est bel et bien toi, Barty. » Et pour que son triomphe soit complet, Lord Voldemort tendait sa main avec grâce en direction de son disciple. « Ton bras. » Il n’avait pas besoin de hausser le ton pour se montrer ferme et autoritaire, au contraire. Lord Voldemort voulait voir s’il portait toujours la fameuse marque des ténèbres sur son avant-bras, d’une part pour s’assurer de sa loyauté et d’autre part par pur plaisir personnel et narcissique de savoir que Barty lui appartenait encore, même après tout ce temps.

Tom observait la marque se mouvoir avec légèreté sur le bras de son allié le plus fidèle. D’aucuns s’attardant sur le bleu froid de ses iris verraient la douce folie qui s’y était glissée. Barty était revenu à lui. Comme un chien reviendrait naturellement vers son maître. Lord Voldemort ne percevait pas les gens comme des individus à part entière, pire encore pour ses fidèles qui étaient, à ses yeux, des objets dont il pouvait disposer au gré de ses envies. La Marque jouait donc le rôle de ce tatouage que l’ont apposait sur les animaux de compagnie afin d’affirmer sa position de propriétaire légitime. Le Seigneur des Ténèbres était bien évidemment grisé par le sentiment que lui procuraient ses retrouvailles — peu importe le nombre de brebis galeuses dans ses rangs, les têtes du troupeau reviendront toujours. Une chose que ni l’espace et le temps ne pouvait visiblement altérer. Toutefois, au regard des lois étranges qui régissaient ce monde que Tom considérait comme une malédiction, il ne put s’empêcher de douter. La Marque était-elle bien réelle ? N’était-ce pas un subterfuge ? Barty serait probablement le dernier à le trahir, mais il n’était malheureusement pas exempt de la paranoïa puissante de son maître. Alors, puisque le Mangemort n’était rien d’autre qu’un cavalier à son service, Tom s’octroya le droit d’attraper son bras avec fermeté et de l’approcher de lui. « Elle est intacte, c’est vrai. On croirait presque que je te l’ai faite hier, Barty. » Son visage se parait d’un sourire charmant, mais profondément dangereux. La douceur de sa voix couvait également une forme de menace naturelle. Lord Voldemort était comme les serpents — d’une beauté intrigante et fascinante, mais qui, à tout moment, pouvait vous sauter le cou. Pour s’assurer que la Marque était bel et bien le fruit de sa magie, Lord Voldemort l’effleurait du bout de ses doigts, un geste aussi délicat que déconcertant venant de lui. Et sans grande surprise, elle réagissait à l’appel de son maître sans que Tom ne se préoccupe du fait qu’elle brulait Barty depuis tout à l’heure. Il était trop exalté de voir qu’elle lui répondait, que sa puissance était encore là malgré tout. Au moins, il était désormais pleinement convaincu de n’avoir ni un usurpateur ni un traitre en face de lui. Il libérait son bras puis fit mine de s’attarder sur les rayonnages de la boutique pour que le vendeur à la caisse ne les soupçonne pas de comploter. « J’ai justement grandement besoin de tes services. » Il attrapait une fiole contenant un mélange noirâtre avant de se déplacer dans une autre allée.

Des problèmes épineux, Tom Jedusor en avait des milliards à régler dans ce monde. Le souci que représentait Scorpius Malefoy était, de très loin, celui qui le préoccupait le plus. Et qui d’autre que le très efficace Barty Crouch Jr. pour mettre un terme à ce problème le plus rapidement du monde ? Il attendait qu’il le rejoigne dans l’autre allée pour lui faire part de son problème. « Savais-tu que Harry Potter (et sa voix s’adoucissait encore plus dangereusement lorsqu’il évoquait le nom de son rival éternel. Un frisson aussi extatique que désagréable lui courrait le long de sa colonne vertébrale.) et Drago Malefoy (sa voix se rehaussait cette fois-ci, rendant la menace plus claire à l’égard de cette famille traitresse) avaient engendré des fils ? » Voldemort jetait un regard en coin à Barty tandis qu’il attrapait au passage une fiole et un paquet de feuilles séchées après avoir inspecté minutieusement le rayon. « Tu les reconnaitras au premier coup d’œil puisqu’ils ont hérité des traits de leur père respectif. » Tout comme lui avait hérité de ceux du sien. Pensée fugace et intrusive qui lui crispait discrètement la mâchoire. Il préféra se concentrer sur son petit discours. Plutôt que de s’abandonner dans un torrent de haine et de rage que lui inspirait son géniteur, il se recentrait sur son petit monologue. « Si je me suis personnellement occupé du fils Potter (et on sentait une sorte de satisfaction morbide lorsqu’il évoquait la “mort” d’Albus Potter en dépit du dégout qui triomphait dans sa voix), j’aimerais que tu t’occupes de l’autre. » Cette fois-ci, Tom se tournait complètement pour faire face à Barty. Bien que le magasin ne jouisse pas d’un bon éclairage, la rage folle et furieuse de Tom était visible autant sur les traits de son visage que dans le fond de ses yeux. En revanche, il n’éclatait pas de colère, lui qui avait depuis longtemps la maitrise de ses émotions en face de ses troupes. « Vois-tu, Drago a si mal élevé son rejeton que ce dernier a eu l’outrecuidance de me voler, » Il marquait une très brève pause. « MOI ! » Malgré tous ses efforts, sa colère lui avait échappé. Brièvement. Parce que Scorpius détenait littéralement une partie de sa vie entre ses mains. Il prit une discrète inspiration pour retrouver un calme relatif ainsi que sa voix charmeuse et sonnante à l’image des reptiles qu’il affectionnait tant. « Je pourrais m’en occuper comme je l’ai fait avec le fils Potter, mais j’ai des choses plus importantes à régler. » Tom ne s’en acquittait pas simplement parce qu’il n’avait pas retrouvé sa pleine puissance et surtout parce qu’il ne savait pas où se trouvait Scorpius Malefoy. Il n’avait pas la patience de le chercher alors… autant refiler le bébé à quelqu’un qui crevait littéralement d’envie de le servir. « Par le passé, tu m’as déjà montré à quel point tu étais efficace, Barty. Je ne vois personne d’autre que toi pour mener cette tâche à bien. » Énième sourire aussi énigmatique et faussement chaleureux que menaçant. Barty avait intérêt de réussir. Sinon, Tom n’hésiterait pas à s’en débarrasser. Barty était loyal, pas lui.