Il était une fois...
Il y a des gens qui sont clairement fais pour rester derrière un bureau toute la journée et ne s'adonner à leur passion que lors du week-end, s'ils en ont le temps, parce qu'il faut aussi qu'ils s'occupent de leur famille, et finalement ils passent totalement à côté de l'essence même de la vie : en profiter !
Aidan n'est clairement pas dans ce cas, depuis tout petit rester sagement en place et respecter les règles n'était pas son fort. Pas méchant, certes, mais un véritable enfant infernal à gérer que ce soit pour ses parents ou à l'école. Il a tout de même la chance d'avoir un entourage compréhensif, ses parents et sa sœur sont adorable et le laisse faire un peu ce qu'il veut, sans dépasser les bornes toutefois.
C'est ainsi qu'arrivé à l'adolescence, il se laisse vivre, l'école ne l'intéresse pas et il ne fait pratiquement que s'amuser ou tester des choses qu'il aurait parfois dû éviter, mais à quoi bon vivre si ce n'est pour prendre des risques de temps en temps ? Il commença assez rapidement à collectionner les relations artificielles qui ne duraient jamais très longtemps.
Adulte, surfeur, le corps recouvert de tatouage, artiste et changeant de groupe de musique comme de chemise, il est comme insaisissable. Ce n'était pas qu'il n'avait pas essayé de travailler mais plutôt que c'était comme le reste : ça ne durait pas longtemps. Il ne savait pas rester à une place, il fallait qu'il essaie tout, qu'il bouge, qu'il s'intéresse à d'autres choses. ça lui a causé pas mal de soucis financier mais ses parents sont toujours là pour l'aider en cas de besoin même lorsqu'il ne le demande pas.
Il est celui qu'on invite à toutes les fêtes, parce qu'il n'y a personne qui sait mettre l'ambiance comme lui, en plus d'être sympa et très ouvert d'esprit. Il faut savoir que toute nouvelle expérience est toujours bonne à prendre pour lui. Sur tous les plans.
Ce matin-là était un matin ordinaire pour Aidan, se réveillant en fin de matinée après une fête chargée, il avait ramené une nouvelle fille dans son lit mais elle s'était enfuis à son réveil. Il s'en fichait, ce n'était pas un secret qu'il ne s'attachait pas vraiment aux gens en dehors de sa famille.
Il s'était allumé une cigarette et s'était finalement levé pour allumer la télé. C'est à cet instant que son petit monde s'était écroulé. L'information passait en boucle, le monde tel qu'il l'avait connu n'existait plus, quelque chose transformait les humains, les poussaient au cannibalisme. Une pandémie mondiale. Il ne pouvait pas sortir de chez lui, au risque d'être contaminé lui aussi, il était seul.
Seul, mais il avait encore l'espoir que ses parents et sa soeur finissent par le rejoindre. Toutes les communications étaient saturés, il finissait par avoir des messages mais allez savoir de quand ils dataient. Il ne pouvait communiquer avec personne, juste rester là, regarder les informations en espérant voir ses parents vivant, parler à une caméra pour garder les pieds sur terre.
C'était horrible pour lui qui n'avait jamais été seul, pas une fois dans sa vie, voilà qu'il se retrouvait confronté à lui-même pendant des jours, des semaines, faisant juste attention à ce qu'aucun infecté n'entre ou ne réussisse à le mordre. Lui qui n'avait jamais pu rester en place voilà qu'il était coincé.
Il finit par avoir un dernier message de ses parents, ils étaient clairement morts, ou devenus des infectés eux aussi. La vie valait-elle d'être vécue ainsi ? Sans ces personnes qui comptait pour lui ? Sans personne d'autre avec qui profiter ? Seul, dans le noir, les ténèbres, face à un mur à se parler à soi-même.
Il voulait en finir avec la vie qui avait perdu tout goût et tout sens pour lui, du moins jusqu'à ce qu'il aperçoive sa voisine en face. Il n'ira pas jusqu'à dire que tout était rentré dans l'ordre mais il avait repris espoir en trouvant enfin quelqu'un d'autre avec qui communiquer, partager, et affronter toute cette situation.
Ce n'était pas de l'amour, simplement ce besoin de ne plus se sentir seul face à une situation qui le dépassait. Ce n'était peut-être pas l'avis de sa voisine, Eva, mais c'était sa vision des choses. Lui qui ne désirait qu'une chose : que la vie redevienne comme avant, est-ce que ce sera finalement si facile dans une ville où personne n'est infecté par une étrange maladie ?
Lors de cette lune rouge qui l'avait pratiquement poussé à aller dehors pour finalement l'emmener dans cette ville où il n'y avait plus d'infectés, plus d'Eva et encore moins sa famille. Il a donc commencer à vivre un peu comme un baroudeur, simplement son sac et sa batte de baseball, allant là où le vent le portait sans forcément se poser quelque part. Il avait repris rapidement ses anciennes habitudes, pouvant enfin respirer à nouveau.