A big protector & a little cub

nature always wears the colors of the spirit --  feat. @Skully K. Kong

Lorsque la vie parait difficile à digérer, difficile à encaisser, la seule manière de se ressourcer serait de se rapprocher de la nature. Pas qu'un simple parc, pas là où tout le monde se cherche une place sur un petit banc afin d'aller lancer des miettes de pain à des canards dans un étang, ou à des pigeons venus réclamer leur du. Non, la forêt était l'endroit le plus propice, idéal quand on n'a pas envie de croiser des randonneurs. Il suffirait tout simplement de quitter le sentier pour s'enfoncer dans les profondeurs de ces bois. À ses risques et périls, cela va de soi, car si nous ne sommes que de simples humains, se perdre en forêt peut très vite arriver.

Mais pour Harlan, c'était plutôt quitte ou double en réalité. S'il n'y avait pas de feu dans une forêt, alors il n'aurait qu'à se concentrer pour rechercher un son provenant de la civilisation, autrement dit les bruits de la ville. Dans le cas inverse, il n'entendrait hélas plus grand-chose, et il se retrouverait probablement piégé dans un endroit qui pourrait rapidement prendre feu. Jusqu'à preuve du contraire, ça ne lui était pas encore arrivé, et il espérait bien que ça continuerait ainsi. Et plus il se rendait en forêt, plus il essayait d'aller toujours plus loin que la fois précédente. Il y avait rencontré quelques personnes, plus ou moins intrigantes. Il ne savait même pas qu'il trouverait quelqu'un dans l'obscurité qu'offraient les grands arbres, surtout lorsqu'on s'y enfonçait de plus en plus profondément.

Le jeune Briggs tâcha de garder ses sens en alerte, mais surtout de ne jamais perdre l'entente des bruits de la ville. Personne ne les entendrait de là où il se trouvait, mais lui il le pouvait. D'un côté c'était assez rassurant, tandis que d'un autre ça pourrait le rendre quelque peu triste, et il en ignorait même la raison. Mais il était tellement concentré sur ce qu'il entendait, qu'il ne prêta même pas attention à une silhouette qui se dessina à quelques pas de sa personne. En même temps, il ne regardait pas vraiment devant lui, la tête légèrement baissée, voir même penchée un peu sur le côté. On pourrait croire, d'un regard extérieur, qu'il n'était pas trop net. En réalité, c'était juste sa façon de parfaitement bien écouter tout ce qui se passait autour de lui. Mais comme il était occupé à entendre quelque chose en particulier, il n'entendit pas les battements d'un cœur, autre que le sien.

Et il arriva ce qu'il devait arriver. Harlan percuta... Non, c'était peut-être un peu fort. Il rentra dans la personne. Il s'arrêta alors indéniablement, et il cessa d'écouter, relevant la tête, puis son regard sur la personne dans laquelle il venait de rentrer. Pouah. Il n'aurait pas trop envie de lui chercher la misère à celui-ci. Tentant donc de sourire d'une manière gênée, Harlan prononça un seul mot : « Désolé. » Que pourrait-il dire de plus ? Il espérait juste qu'il n'était pas trop tombé sur quelqu'un qui lui mettrait une patate dans la tronche pour lui être rentré dedans. Ce n'était vraiment pas fait exprès.

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Plus Harlan allait dans la forêt, et plus il s'aventurait toujours plus loin encore que les fois précédentes. Comme s'il commençait finalement à se dire qu'avec son instinct de loup, il ne pouvait guère se perdre, et ce même si son ouïe était tout naturellement limitée, et qu'arrivait dans les profondeurs des bois, il n'entendait plus la civilisation. Au départ ça l'avait tellement perturbé, qu'il avait rebroussé chemin plus d'une fois. Juste dans le doute et la peur de se perdre et de ne jamais plus revenir en ville, là où se trouvait sa sœur jumelle, sa seule et véritable famille, la seule qui le comprenait et surtout qui était comme lui. La seule pour qui il ferait tout et n'importe qui, même à devenir un meilleur frère qui ne l'avait jamais été auparavant. Prenant petit à petit conscience qu'il y avait d'autres solutions que cela d'être un petit con, désireux de repousser tout le monde par peur qu'on leur fasse du mal. À lui et à sa sœur, car ils étaient trop différents. Comme vivre entre deux mondes, le monde des hommes et le monde animal.

Auparavant, il n'avait jamais eu conscience de cet état des faits. Était-ce, ce que sa jumelle ressentait depuis le début ? Cette solitude pesante en ayant l'impression qu'elle n'avait sa place nulle part ? Trop humaine pour le monde sauvage et trop animale pour le monde humain ? Il ne saurait guère répondre à cette question car lui s'était toujours caché. Cachant ce qu'il était véritablement, et il continuerait très certainement encore un très long moment. Mais pas aujourd'hui, il ne se poserait ce genre de question qu'une fois seule. Car là ce n'était plus le cas, il venait de tomber nez à nez face à une personne tout de même sacrément imposante. Et pourtant, Harlan - même s'il n'était qu'un gamin - était pourtant très grand, et musclé. Mais ce type, cet homme en imposer bien plus que lui. Et étrangement, c'était le genre de gars qu'Harlan ne désirait guère emmerdait. « Euh... Je... Une femme m'avait dit que je pouvais venir une fois de temps en temps, si j'en ressentais le besoin. » Naturellement, il avait déjà rencontré Mothra, et elle lui avait même proposé d'aller dormir dans son Havre de paix, ou un truc dans le genre-là. Même si là, il ignorait totalement où il avait mis les pieds. Peut-être avait-il loupé le coche ? Il était allé trop loin, ou une connerie dans ce genre-là ? « Désolé, je ne voulais pas déranger. Je me suis probablement perdu. »

Qui était-il ? Juste un gamin ? C'était quoi sa question, sous-entendait il quelque chose ? « Harlan... et vous ? » Il parlait bien de son prénom, de son identité quoi ? Car s'il parlait d'autre chose, alors sa question n'était pas très explicite. Est-ce que lui aussi était comme la demoiselle à la cape blanche ? Un titan du coup ? Bien qu'il n'avait pas encore saisi de quoi il s'agissait réellement. Il ne pouvait guère tout apprendre du jour au lendemain, surtout sur cette île où il y avait tant de personnes différentes, tant de créatures différentes, si bien qu'il y aurait de quoi en perdre la tête.

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Il ne saurait dire s'il était impressionné ou non, mais tout ce qu'il savait de source sûre, c'est qu'il se sentait - pour la première fois de sa vie - à sa place. Disons que d'ordinaire, Harlan ne savait plus trop sur quel pied danser. Il savait ce qu'il était, mais en même temps il ne pouvait pas en profiter pleinement ayant cette peur que les hommes sachent ce qu'il était et qu'il se fasse tuer tout simplement. Ou qu'on veuille lui faire il ne saurait trop quoi en mode animal de laboratoire. Oui, on pourrait dire qu'il était excessif, mais ne sait-on jamais pas vrai ? Vous allez dire que ce n'était rien, que tout le monde connaissait les histoires de loup-garou, oui sauf que son espèce, son type de loup-garou était tout de même assez différente des autres. Et puis, personne ne savait réellement de quoi était fait le monde, ce qu'il pourrait réellement cacher, ce qu'ils pourraient faire aux personnes dites différentes des autres. Alors que dans cette ville, Harlan côtoyait bien plus de gens différents, parfois même au-delà de son espérance. Et il se sentait bien moins seul à avoir un pied dans l'humanité, et un pied dans le monde animal.

Il avait encore du chemin à parcourir cela dit. Tant de personnes à connaître, comme Mothra par exemple, il n'en avait jamais entendu parler avant, Titan qu'elle avait dit. Il ignorait réellement ce que cela signifiait, et quelque chose lui disait que cet homme face à lui devait être comme elle. Et il semblait surpris que le jeune louveteau puisse connaître Mothra. Il hocha faiblement la tête. « Oui, je l'ai rencontré et elle m'a dit que je pouvais... rester ? Même me rendre dans son havre de paix. » Cependant, il ne voulait pas être de trop. Il ne voulait aucun problème, il voulait juste pour une fois, se sentir à sa place quelque part. Sans devoir se cacher, sans avoir peur qu'on sache ce qu'il était, sans avoir peur de découvrir quelqu'un armé d'un fusil, d'un pistolet ou peu importe ce que c'était contenant des balles en argent pour tenter de le tuer. Chose qu'il ne comprendrait pas puisqu'il n'avait jamais fait de mal à qui que ce soit.

« Skully ? D'accord, donc je vous appelerai ainsi alors. » Si c'était sa préférence alors soit, il n'était pas là pour se faire des ennemis. Qui l'aurait cru que le petit loup se ratatinerait devant une grande silhouette imposante plutôt que de lui répondre comme un sale gosse ? « Oui... c'est parce que je suis un loup. » Enfin, un loup-garou pour être plus exacte, mais quelle différence ? Il pouvait - tout du moins faudrait-il qu'il se rappelle comment faire - devenir un vrai loup, et non pas une bête difforme et monstrueuse. « Vous n'aimez pas les loups ? » Se risquait-il à demander. Il aimerait pas se le faire comme ennemi celui-là.

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