(abandonné) (( the devil in disguise )) ✧ – will x meares –

w. graham x a. meares ★
『 THE DEVIL IN DISGUISE 』

you were my conscience, so solid, now you're like water and we started drowning. not like we'd sink any further, but I let my heart go. it's somewhere down at the bottom, but I'll get a new one and come back for the hope that you've stolen.  @will graham

Will Graham est son meilleur ami sur cette putain d’île mystérieuse depuis quelques années, maintenant. Depuis le tout premier jour, finalement. Meares a débuté au commissariat, bien qu’il ne fasse pas partie de la « police locale », mais d’une cellule d’enquête du FBI. Leurs locaux se trouvent dans la même bâtisse, à un étage de différence. Ils ont eu maintes fois le plaisir de se croiser entre les heures de bureau, d’échanger sur leurs dossiers autour d’un café à la cafétéria, de déjeuner au petit italien du coin de la rue, et même de faire quelques séances de jogging autour du parc ou de la plage dorée de bon matin. Dans son monde, Meares était très entouré. Toujours accompagné de deux ou trois policiers avec qui rigoler, trinquer des bières et faire des blagues sur leurs collègues de sexe féminin. (de bons larrons quoi) Excessivement, mais il n’a jamais vraiment noué d’amitié aussi profonde avec aucun d’entre eux. Pour Meares, ces hommes ne sont que des connaissances, aucun d’eux n’a le plaisir de le connaître aussi bien que Will… Will Graham, dans ce nouveau monde. Ce purgatoire ou cette seconde chance, selon certains. Jamais Meares n’aurait cru pouvoir s’adonner aux liens de l’amitié et de la franche camaraderie sans avoir de réelles arrière-pensées. Pour la première fois, il n’en a pas eu. Ce calculateur hors pair ne s’est pas approché à dessein de l’inspecteur de police. Ils ont échangé, plusieurs fois, sur des banalités. Une connexion s’est naturellement créée entre eux. Andrew Meares a trouvé des similitudes caractérielles entre eux, une noirceur insoupçonnée, en la personnalité de Will Graham. Il en ignore encore l’origine, tout comme Graham ignore l’ampleur de la cruauté ou des manigances de son ami du FBI. Un agent véreux, voilà ce qu’est Andrew Meares. Un mauvais flic. Un obsessionnel. Un envieux. Un impulsif. Un arrogant. Pourtant… Il a envie d’être quelqu’un d’autre, en compagnie de Will. Il a envie d’être apprécié pour ses bons côtés, malgré son tempérament désinvolte et agaçant.

Ils ont l’habitude de se retrouver pour un café, souvent à la même heure, tous les jeudi. Meares attend, dos calé contre le mur de la cafétéria, une cigarette encore fumante entre les doigts. De temps à autres, il se la glisse entre les lèvres, aspirant à pleins poumons cette fumée toxique et encombrante. (je pense mal) Puis, il la recrache dans l’air ambiant de l’espace clos. Souvent, l’une des serveuses vient lui rappeler les consignes de l’établissement, parfois en pointant de son doigt désapprobateur la pancarte renseignant un espace « non-fumeurs ». Meares lui répond toujours par un sourire charmeur, en faisant mine de se délester de son précieux poison, avant d’en allumer une nouvelle, le dos tourné. C’est un agitateur, qui aime n’en faire qu’à sa tête. « Qu’est-ce qu’il fout… » se fait-il remarquer à lui-même, en enroulant ses doigts épais autour d’un gobelet de café brûlant, que l’on vient de lui servir. Il y a sûrement eu un problème, oui. Une interpellation plus musclée que d’habitude, une pile de papiers à remplir avant de partir en pause, un échange téléphonique de la plus haute importance ? Meares compte le nombre de raisons pouvant justifier le retard de celui qu’il appelle « son pote de galère ». Le seul sur qui il peut vraiment compter, en-dehors des heures de boulot. Le seul qu’il apprécie sur cette île, en vérité. Andrew et Wil sont faits du même bois. Ce sont deux perfectionnistes, sensibles aux voies obscures. L’un a sombre profondément, bien plus profondément que l’autre. « Ah, enfin ! » s’exclame-t-il, au moment de tourner sa tête aux sourcils froncés vers la gauche et apercevoir la silhouette familière de l’inspecteur Graham. « Hé, hé, hé Will, mon pote ! » crie Meares en agitant sa main qui tient une cigarette fumante sous le regard désabusé de l'une des serveuses. L'espace non-fumeurs, Meares refuse catégoriquement d'en entendre parler. Meares aime enfreindre la loi à son niveau, c'est un enfant qui n'a jamais vraiment grandi. Il aime défier l'autorité, tout en se dissimulant sous le manteau respectable de l'autorité personnifiée. « Par ici ! » Il l’accueille immédiatement avec un large sourire béat et une petite tape à l’épaule. « Alors, qu’est-ce que tu faisais ? Tu voulais me faire avoir un sang d’encre ? » Il se moque gentiment, en riant à retardement. « J’ai déjà passé commande pour toi. » Meares est précautionneux. Il tire sur sa cravate mal positionnée, légèrement disposée sur le côté, avec fierté. D’un coup d’œil, il désigne un second gobelet sur le comptoir. « Tu fais quelque chose ce soir ? J’ai récupéré des billets pour un match… » Il ne précise pas la manière dont il les a récupérés, mais son petit sourire parle pour lui. Meares exhibe les précieux sésames d'une poche intérieure de sa veste de costume foncée. Comme un enfant s'apprêtant à pénétrer dans l'enceinte d'un parc d'attraction, avec les yeux pétillants de joie et le sourire jusqu'aux oreilles pour la première fois de sa vie. Il en fait des caisses, mais Meares est un éternel excité et optimiste. Il se dégage de sa personne une étrange candeur, qui agit sur lui comme un vernis lisse dissimulant la pire des ordures. Il sait être sympathique avec les personnes de son choix. Will Graham est probablement son premier véritable ami. Quelqu'un à sa hauteur, de sa trempe. Quelqu'un qu'il n'essaie pas d'acheter ou de manipuler pour couvrir ses traces. Graham n'a aucune idée de ce qu'il se trame vraiment, au sein du FBI. Ce n'est pas son service, alors, Meares considère qu'il n'a pas à s'inquiéter et se montre librement sous son vrai visage, soit le plus sympathique et rieur. Le flic sérieux et impitoyable, c'est pour les membres de son équipe ou bien devant les potentiels suspects qu'il le laisse prendre les commandes. Meares est quelque peu borderline, quoiqu'il fasse, dans tous les cas de figure. « La loge VIP, tu te rends compte, Will ? » Lorsque l’on dépouille des mafieux, ce n’est guère surprenant. « J’aimerais beaucoup que tu viennes avec moi. Je n’imagine pas y aller avec quelqu’un d’autre. » confesse Meares, un peu gêné, mais prêt à toutes les séductions pour convaincre l’autre agent de le suivre.

THE DEVIL IN DISGUISE

L’amitié est pour Will une notion à la fois étrange et étrangère, une sorte de fantasme à la portée des moins empathiques que lui, de ceux qui n’éprouvent pas si profondément la psyché de l’autre qu’ils ne courent pas le risque de se laisser absorber par elle. Will n’a eu que peu d’amis au cours de sa vie, à la fois par principe et par incapacité monstre à se faire l’ami de qui que ce soit. Il faut dire que Will n’est définitivement pas la personne la plus accessible que l’on puisse concevoir. Il bâtit constamment des murs, autour de lui, des barrières qu’il est difficile, voire impossible de franchir. Ceux qui s’y sont risqués, qu’il s’agisse d’Alana ou encore de Jack, ont fini par s’en mordre le doigt et par amèrement le regretter. Ces barrières mentales sont là pour une raison… Elles avaient eu vocation, pour commencer, à le protéger… Puis au fil du temps, à mesure que Will apprenait à apprivoiser sa propre obscurité, ces barrières devaient lui permettre de protéger les autres de lui-même. Deux grandes exceptions avaient percé ses défenses sans qu’il sache s’y opposer : Hannibal et Abigail. Sa famille. Parce qu’ils étaient l’exact reflet de ce qu’il était lui-même, l’abîme qu’il ne se lassait pas de contemplait, et qui toujours osait le regarder en retour. Eux seuls avaient le droit de tenir une place privilégiée dans son existence… Ne serait-ce que parce qu’en leur compagnie, Will n’avait guère besoin de porter ce masque social oppressant, qui ne l’étouffait que trop souvent. Il n’avait pas besoin de prétendre, de s’efforcer d’être un autre… Dans une certaine mesure, Eve avait également fini par appartenir à cette catégorie, mais elle donnait la preuve par l’exemple de la nécessité d’une transparence totale pour qu’un tel lien soit possible – en principe, du moins. Mais chaque règle a son exception. Et les exceptions, à ce titre, sont bien souvent des plus singulières, voire même improbables.

Oui, l’amitié est un risque qu’il ne veut pas se faire courir ni faire courir aux autres, et ce n’était ni un manque, ni un sacrifice pour celui qui, dans tous les cas, n’avait jamais été pour ainsi dire très sociable. Son amitié avec Andrew Meares avait, par conséquent, été une surprise totale pour Will, qui encore maintenant aurait grand peine à l’expliquer. Meares, par bien des aspects, concentre tout ce que Will peut abhorrer. Il sait donner le change, certes, mais Will le devine insubordonné, le genre de flic à agir en dehors des clous comme bon lui semble… Le genre…. Tempêtueux, le genre insubordonné… le genre qui déplairait profondément à Hannibal, ne peut parfois s’empêcher de songer Will, qui pour la peine s’est bien souvent gardé d’entrer dans les détails de cette amitié avec l’homme qui partage sa vie. Dans un premier temps, Will avait cédé à l’étrange facilité de leur conversation en songeant qu’il était préférable qu’il se fasse des amis plutôt que des ennemis au commissariat. Qui plus est, s’attirer les faveurs d’un flic potentiellement véreux quand on a fort à balayer devant sa porte n’est pas nécessairement un mal, si l’on souhaite faire disparaître, par exemple, l’un ou l’autre dossier embarrassant sur lequel il serait préférable de ne surtout pas mettre la main… Mais il s’est laissé prendre au jeu d’une relation plus profonde et sincère que cela, en réalité. Oui, on peut le dire, Meares et bel et bien devenu son ami… De ceux avec qui il n’aurait jamais pensé s’entendre de la sorte. Son esprit analytique a probablement trouvé en lui une part de sa propre obscurité… Et c’est sans s’obliger, et avec une certaine satisfaction, qu’il s’apprête donc à boire ce verre en compagnie de son ami.

« J’ai été retenu par une affaire personnelle », répond évasivement Will quand Meares se plaint gentiment de son retard. L’affaire personnelle est en ce moment en train de subir la découpe minutieuse d’Hannibal, à laquelle Will n’avait pas nécessairement eu envie d’assister. « Je ne fais rien que je ne puisse décommander, mais… un match ? » répond Will, réticent.

Les matchs, les tribunes, le sport de manière générale… très peu pour Will dont le summum de l’activité divertissante (exception faite de ses petits meurtres sordides) constituait en une sortie au bord du lac pour pêcher le poisson d’eau douce.

« J’apprécie, sincèrement. » Surtout qu’il sent qu’Andrew est réellement sincère quand il lui affirme qu’il ne se voit pas y aller avec quelqu’un d’autre. « Mais je ne suis pas certain d’être la meilleure des compagnies. » De manière générale, il ne l’est pas spécialement. Il examine le fond de sa verre, comme si ce geste pouvait faciliter ce léger refus. « Bon, et quoi de neuf, autrement ? »