Course-poursuite | Arthur

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they see me rollin' they hatin'

shenanigans in the mall

- Yo tout le monde c’est turntechgodhead, bienvenue sur mon live. Aujourd’hui je vous emmène faire du skate en GoPro dans un centre commercial.

Tu as installé la caméra sur l’une des bretelles de ton sac à dos, les lunettes de Ben Stiller sont sur ton nez, ton skate est à tes pieds : tu es paré pour rouler à pleine vitesse dans la galerie marchande sans te faire chopper par un gars de la sécurité. L’idée t’ais venu après avoir passé deux heures ennuyantes au skate-park. Il te fallait plus amusant, plus innovant.

Déterminé à passer un incroyable moment, tu prends un selfie pour tes amis puis roules à l’intérieur du centre en ignorant royalement la sécurité qui t’ordonne de t’arrêter. Honnêtement, ton skate manque de propulseurs, comme celui de Bro, ton grand-frère, même si tu ne seras jamais aussi cool que lui sur un vrai hoverboard. Tes pensées décousues sont interrompues par une voix qui t’interpelle derrière. Tu slaloms entre un banc et une plante dans un pot géant coloré (c’est vraiment étrange les décorations de centre-commerciaux, comme si le gars qui a fait le design a décidé de réunir toutes ses passions en un seul lieu sauf que lui son truc c’est un paradoxe qui allie minimalisme et le kitsch des années 80 donc il a tout misé le carrelage vieux et les fausses plantes aux troncs véritables pour récolter un maximum de poussière pour que ça lui rappelle chez lui et à quel point il est seul et son femme dès qu’il vient visiter son œuvre d’art… A quoi tu pensais déjà ? Ah ouais, la voix qui t’interpelle derrière), et une fois la voie sans obstacle, tu te tournes légèrement pour jeter un œil à l’agent de sécurité qui a eu le courage de courir après toi.

Un blond a l’air pas commode et à la coupe qui pourrait être plus cool s’il n’était pas coiffé comme un nerd qui aime faire des jeux de rôle médiévaux fan de mathématiques (t’as rien contre les maths, les nombres et les calculs c’est vraiment cool). Tu tends ton index et ton majeur pour lui faire un « signe V », enchaines avec un « dab », avant de prendre de la vitesse pour sauter au-dessus d’un autre banc. Non loin, les portes de l’ascenseur qui mènent aux étages supérieurs, pour ceux qui ne peuvent prendre l’escalator, sont ouvertes. Voyant là une bonne occasion à saisir, tu t’engouffres sous les protestations des autres usagers, et observes derrière tes lunettes, le visage impassible, le visage de l’agent tandis que les portes de fer se referment et te laisses avec cette dernière vision.

Il avait l’air d’être un chic type.

centre-commercial ■ Arthur

helena

▿ Date de naissance : 03/08/1990

Course-poursuite

avec @Dave Strider 

C’est une journée comme une autre pour Arthur, bien qu’elle soit excessivement calme jusque-là et c’est presque admirable. Il a eu le temps d’aller se payer un café au Starbucks du coin et rester pour discuter avec la manager. Comme elle, le blond est à la tête d’une équipe et pendant que ses collègues surveillent les entrées du centre, lui, se permet un peu de répit. Puis son talkie grésille et avant même d’entendre le pourquoi du comment, il voit passer une silhouette devant lui et à une vitesse anormalement élevée. C’est quoi ce bordel ? Il délaisse son gobelet et se lance à la poursuite d’un gamin sur une planche à roulettes, comme si c’était l’endroit idéal pour ça…

“Hé ! Ouais toi, le débile en skate, arrête-toi !”

Mais le jeune homme lui répond avec un signe en V, le sourire jusqu’aux oreilles et poursuit sa course. Il a des années d’entraînement derrière lui et très souvent, avec le poids d’une armure sur lui, alors il est conscient de ses forces et de ses faiblesses – il court vite, mais pas aussi vite que ça non plus. Hélas, il n’y a personne en face pour intercepter le gamin, mais il aurait disparu dans l’ascenseur dans tous les cas. Arthur arrive presque à temps, mais les portes se referment devant lui et il ne peut s’empêcher d’y frapper un grand coup, frustré. Les regards qu’on lui lance sont mitigés, à la fois inquiets et réprobateurs, comme s’il avait frappé le gosse à la place des portes en acier. Il n’y a certes, pas mort d’hommes, mais c’est aussi bien un délit que de l’inconscience de la part du jeune. Il n’est pas à l’abri de blesser quelqu’un et lorsque Arthur voit des personnes âgées, des enfants ou même des poussettes traîner dans les allées, il pense aux éventualités.

Il prend alors la voie des escalators à quelques mètres et s’arrête au premier étage, où l’ascenseur a déjà libéré ses occupants, mais l’affluence autour lui prouve que c’est tout de même récent. Il donne quelques ordres dans son talkie, mais il ne peut lever tous les vigiles de leur poste pour un seul homme, alors il ne demande que leur assistance visuelle. En parallèle, il établit le contact avec son supérieur, le chef des chefs, celui qui reste le cul posé dans la salle de vidéosurveillance, pour élargir ses chances. Mais voilà qu’il aperçoit l’ado à l’autre bout – car c’est forcément un mineur qui se croit tout permis, sachant qu’il ne risquera rien ou à moindre maux – et il ne se presse pas cette fois. Il fait même demi-tour pour le prendre à revers, parce que l’avantage de ces allées commerciales, c’est qu’il n’y a pas trente six directions différentes. C’est une boucle et comme prévu, Arthur finit par se retrouver face au skateur. Il se met sur sa trajectoire non sans lui adresser un p’tit clin d’œil, mais il n’a peut-être pas pris la meilleure décision. En fait, tout ça réveille sa témérité et les souvenirs de vieilles course poursuites, qui ne finissaient pas forcément en douceur.

PRETTYGIRL

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shenanigans in the mall

Tu es conscient qu’on te regarde de travers dans l’ascenseur, par jalousie de la merveilleuse prestation de beatbox que tu leur offre. Pas possible que ce soit parce qu’ils se sont tous entasser dans le fond comme des brebis puantes et un peu bêtes, à cause de ton arrivé fracassante. Non. Dès que les portes s’ouvrent, tu t’empresses de reprendre ton chemin, slaloment entre les hommes aux mains chargées de sacs, âmes en peine dans cet enfer féminin, victimes volontaires de bourreaux en Louboutin leurs yeux ont l’air de supplier qu’on les achève. Dure vie que d’être amoureux de tortionnaires addictes au shopping. Non pas que, célibataire, tu te sentes concerné. De toute manière, il y a une apparition plus intéressante. Le moine blond au visage rougit par l’effort. Le bougre a eu le courage de monter les marches aussi rapidement. Respect.

Vous êtes face à face. Tu le fixes, impassible, et l’autre a l’air fière de lui, il t’adresse même un clin d’œil. Ça te fait presque de la peine. T’es presque prêt à te rendre en te jetant dans ses bras pour qu’il soit consolé, comme dans un de ces téléfilms dramatiques merdiques qui passent pour les ménagères désillusionées, où ça pleure un max pendant de chaleureuses retrouvailles alors qu’ils auraient pu finir en couple dès le début s’ils étaient capables de communiquer correctement mais sinon il n’y aurait pas eu d’histoire donc pas eu de téléfilm, pas eu de ménagère consolée, ni de gars qui se font du fric en écrivant des bousins pareils. Des génies, ces mecs. Tes modèles, vraiment.

Avant même que tu ne puisses l’atteindre, tu changes de trajectoire en opérant un demi-tour. Direction les escalators, à toute vitesse. Tu refuses qu’il t’arrête avant que tu n’aies essayé cette divine rampe.

centre-commercial ■ Arthur

helena

▿ Date de naissance : 03/08/1990

Course-poursuite

avec @Dave Strider 

Quelques secondes pour réfléchir et agir, c'est à la fois peu et beaucoup dans une situation comme celle-ci. Le jeune homme est un perturbateur certes, mais il n'est pas réellement hostile. Il n'est pas armé et n'a jusqu'ici, blessé personne au grand bonheur de tout le monde. Il a juste l'air de s'amuser en prenant le centre pour son terrain de jeu. Et il est habile, Arthur lui doit bien ça, mais il doit tout de même l'arrêter. Sauf qu'il n'a pas tous les droits non plus de son côté et c'est frustrant, mais acceptable en soi. Si Arthur s'écoutait, il aurait pris n'importe quel objet pour le lancer sur l'importun, en visant les roues du skate ou bien la tête, pourvu que ça le fasse chuter, mais on lui reprocherait pareille méthode. Alors il ne s'étonne pas de voir le gamin l'éviter avec brio, et ne fait que souffler face à son propre échec tandis qu'il s'élance de nouveau derrière lui.

Lorsqu'il voit les escalators devant eux et qu'il comprend que c'est là-bas que le gamin se dirige, Arthur ralentit. “Attends, gamin ! Tu pourrais te tuer par là, hé !” Il était prêt à le faire tomber lui aussi, mais il y a une différence de hauteur plutôt conséquente, là. Les clients commencent à stagner dans les environs et autour d'eux, attirés par le spectacle, entre curiosité et jugement. Et c'est bien joli, mais ça n'arrange pas les affaires d'Arthur alors que sa mobilité devient de moins en moins fluide. Il s'excuse à chaque fois qu'il manque de bousculer tout un groupe ou un de ces types chargés à bloc – c'est quel jour déjà ? Sûrement samedi, mais peu importe.

Quoi qu'il arrive, ses collègues l'attendront à toutes les entrées, mais ça serait bien de l'arrêter avant. Ce n'est pas bon pour l'image de l'enseigne, mais encore moins pour ses services de sécurité. C'est ce qu'on lui a barjaqué dans l'oreillette, mais il oublie le côté 'nuisible' quelques instants quand il voit le gamin face aux escalators. Et quelques secondes, c'est à la fois peu et beaucoup, c'est parfois tout ce qu'il faut pour provoquer une catastrophe. Et Arthur ne peut rien faire de plus que regarder, avec un mélange de colère, d'appréhension et de respect, le contrôle lui échapper d'un battement de cils – si tant est qu'il en ait eu jusque-là. “On s'revoit en bas !” Crie-t-il en se rapprochant, juste avant le dénouement, mais le skateur va-t-il vraiment le faire ou se défiler à la dernière milliseconde ?

PRETTYGIRL

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