(Terminé) Sciences can't explain that... [Will]

▿ Date de naissance : 05/02/1980

Sciences can't explain that... × ft. Will

Une nouvelle affaire venait de tomber… Une mort aux circonstances dérangeantes, lui avait-on rapporté. Ella enfila l’un de ces nombreux t-shirts aux motifs rigolos et prit la direction de Baker Street Avenue.

Sur place, certains policiers s’attelaient à la lourde tâche de boucler le périmètre afin d’éviter toute contamination extérieure de la scène de crime. En présent d’un cas aussi grave, il vaudrait mieux éviter d’ajouter des traces non-pertinentes, cela impliquerait un coût et des ressources nécessaires pour peu de résultats ainsi qu’une perte de temps considérable. Le meurtrier est toujours dehors, libre de continuer ses méfaits. Arrivant à l’un des points de contrôle gardé par un policier, elle présenta son badge et poursuivit sa route. Le crime s’était déroulé au quatrième étage. Son regard parcourra le couloir où certains investigateurs et techniciens se démenaient à la fixation des lieux. Les saluant avec son engouement légendaire, ses pupilles furent happés par la mise en scène du corps. Le cadavre se tenait allongé sur la table, la peau légèrement boursouflée et d’un aspect extrêmement lisse, comme celle des cochons ébouillantés. Une incision démarrait en dessous de son sternum et descendait jusqu’au bas de son bassin. L’aspect jauni des tissus mous établissait le fait que l’ouverture ventrale a été faite post-mortem, car il n’y avait aucune pression sanguine. Autre fait totalement épatant, tous les viscères abdominaux n’étaient plus présents… Il ne restait rien qu’une cavité étrangement propre et sans hémoglobine. Ella n’en croyait pas ses yeux, comment était-il humainement possible d’avoir une telle minutie, une telle propreté et une telle absence de sang ? Aucune théorie ne lui parvenait à l’esprit… Pour la première fois de sa carrière, l’évaluation préalable des événements ne donnait rien. Pourtant, une étape fondamentale nécessitant réflexion et logique scénaristique pour reconstruire les événements passés. Tout était trouble… Néanmoins, en science forensique, un postulat émettait la chose suivante : « Personne ne peut agir avec l’intensité que suppose l’action criminelle sans laisser des marques multiples de son passage ! Si le malfaiteur a laissé sur les lieux des traces de son activité, alors il a également emporté sur son corps ou sur ses vêtements les traces de son geste ou de son passage. » Le transfert ou l’échange énoncé par Locard nous prouvait que même avec toute la minutie, des transferts primaires ou secondaires avaient lieu.

Le deuxième postulat utilisé dans cette science nous apportait la notion de divisibilité de la matière : « La matière se divise en composants plus petits si une force suffisante est appliquée. De ce fait, les composants acquièrent des caractéristiques créées par le processus de division et retiennent des propriétés physico-chimiques de la source. » Des caractéristiques sont acquises lors de l’utilisation des objets, or, si le corps a été découpé à cet endroit des éléments distinctifs permettraient de valider cette hypothèse. Enfin, le dernier postulat sur l’unicité nous apprend : « Tout objet ne peut être identique qu’à lui-même et à aucun autre objet dans l’univers. » Ces éléments à eux trois forment le raisonnement forensique. La matière, unique à elle-même, possède des caractéristiques propres qui avec une certaine force se divise et se transfère. Ces enseignements lui permettront de procéder à une recherche appropriée des traces et à photographier les lieux. Procédant étape par étape, elle opéra avec recul. Elle évita de sauter sur le corps et débuta une prise d’ensemble, du général au particulier. La trace, bien qu’imparfaite, fragmentaire et vestige d’une présence ou/et d’une action, est au cœur de la réflexion. Elle permet de reconstruire l’activité passée au travers de diverses questions : qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Cependant, certains types de traces ne permettaient pas de répondre à toutes ces interrogations. Terminant la prise de vue générale du salon, elle se rapprocha de la pauvre femme éviscérée et débuta sa récolte de clichés.

Dès qu’elle eut terminé, elle se concentra sur une autre méthode évitant toute destruction : les méthodes optiques. Une chose était sûre, une autre personne s’était trouvée dans cette pièce, le cadavre n’a pas pu arriver là, seul. Munie d’une lampe, elle la plaça à ras le sol et parallèlement à ce dernier. La lumière frisante permettra de relever soit des traces positifs, trace avec un ajout de matière, soit des traces négatives, trace avec un retrait de matière. Grâce à cette nuance, les fines particules de poussière dévoilèrent leur secret et affichèrent deux traces de semelles différentes. Le retrait de poussière indiqua à Ella que ces traces étaient bien négatives. Cette différence pouvait s’expliquer de deux manières, deux personnes étaient présentes ou bien, il s’agissait de la même personne avec une paire différente. À ce stade préliminaire de l'investigation, il était impossible d’avancer telle ou telle hypothèse… On ne pouvait qu’énumérer des possibilités et les traces collectées jugés pertinentes valideront ou réfuteront les propositions. Délicatement, elle déposa sa réglette et les photographia. Joyeusement, elle interpella l’un de ses collègues et lui demanda d’effectuer un prélèvement électrostatique, une méthode permettant d’attirer les particules de poussières sur une plaque grâce à l'électricité statique. De ce fait, la police scientifique aura le dessin général des deux semelles et pourra procéder à leur évaluation ainsi qu'à leur comparaison avec d’éventuelles traces, du même type, retrouvées dans l’appartement.

Laissant cette tâche à son collègue, elle se rapprocha à nouveau du corps et décida d’y appliquer une lumière bleue. Le luminol permet la détection de traces de sang qui ne sont pas visibles à l’œil nu. La table ainsi que les alentours étaient propres, le sol ne possédait pas une goutte de sang, tout était parfaitement propre. Cependant, même avec un sol nettoyé, des traces sanglantes pouvaient subsister et cette lumière azure aidera Ella dans sa mission. Impensable, inconcevable, le luminol ne montrait aucune trace de sang… C’était, comme-ci, cinq litres d’hémoglobine avait parfaitement disparu de ce corps. L’unique endroit où une réaction s’effectua fut au niveau du cou de la victime. La chair boursouflée cachait deux perforations nettes et précises de… Canines ? La forme correspondait à une mâchoire humaine. Abasourdie, Ella tentait de trouver une hypothèse raisonnable et rationnelle à tout ceci, mais rien. Le corps a dû être vidé de son sang ailleurs avant d’être placé ici pour une sorte de rituel… Ella soupira longuement et n’avait aucune idée fixe sur ce qu’il s’était passée. La technicienne délaissa sa macabre découverte et décida d’effectuer un test d’immunochromatographie sur la surface incriminée. Bien qu’il existe des faux positifs à ce test, elle verrait mal du sang de furet à cet emplacement. Au même instant, elle aperçut à l’entrée de l'appartement, Will Graham.

Un immense sourire illumina son visage, précédemment torturé par cette découverte. « Hey salut ! » Comme à son accoutumé, elle enlaça le jeune homme. « Vous avez bonne mine, je vois que ça vous a réussi les fêtes de fin d’année ! » Elle se recula et agrippa le test. « Vous avez fait quoi ? Moi, pour ma part, j’ai été dans un restaurant chinois dans Baker Street Avenue, il y faisait une soirée karaoké… C’était sympa ! Vous auriez dû venir. » Raconta-t-elle avant de voir la mine ennuyée de Will. Il désirait les informations de cette enquête. Toujours souriante, elle l’invita à le suivre et commença son récit analytique. « Bien… Alors, voici, notre victime. Une jeune femme d’environ trente ans, je dirais, avec la peau ébouillantée comme celle des cochons à l'abattoir. On a aucune autre information à ce stade… Le corps a été découpé post-mortem, les tissus jaunis nous montre une absence de flux sanguin au moment de l’incision. Même si le corps reste, là, les boyaux à l’air, vous n’allez pas croire ce qu’on a trouvé. » De sa main libre, elle indiqua un certain périmètre circulaire autour du corps. « Y a aucun sang, nada ! Tout est clean… Vous avez déjà vu ça ? Alors, oui, il y a l’hypothèse que le corps ait été éviscéré ailleurs, mais deux traces de semelles différentes indiquent possiblement la présence de deux personnes dans cet appartement. Je sais ce que vous allez me dire : c’est un peu maigre, Ella » Finit-elle avec une mauvaise imitation. « Pas de panique ! J’ai trouvé quelque chose de suspect… Muni de mon sabre laser bleu, j’ai trouvé une trace sanglante sur la table au niveau du cou de la victime… Et pour couronner le tout, deux incisions sont présentes à cet endroit. » Son expertise se termina, mais elle poursuivit. « Là, j’allais tester la surface pour être sûre d’être en présence de sang… » Elle déballa l’écouvillon de son emballage et commença la procédure. Au même moment, elle se rapprocha de Will et lui demanda à voix basse. « Vous croyez que c’est un vampire ? L’exsanguination inexplicable, la disparition des boyaux, une incroyable propreté, la chair ébouillantée… Ou peut-être un cannibale ? Ou même un vampire cannibale ? » Demanda-t-il en appliquant le liquide sur la zone de capture du test. « Ah oui ! La cause du décès la plus probable reste la marque au cou… Ce qui est relativement étrange… » Termina-t-elle en se rendant compte de l'irréalité du meurtre.

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feat. Ella

On l’avait prévenu : il faudrait avoir le cœur bien accroché. Will a peine à comprendre pourquoi ces avertissements paraissent encore de rigueur à nombre de ses collègues tant il apparaît pourtant évident que le profiler fait lui-même bien peu de cas de l’horreur apparente des scènes de crime auxquelles il assiste. A dire vrai, les tableaux, ceux auxquels l’a, entre autres criminels notoires tout aussi dérangés, habitué Hannibal, ont généralement sa préférence… une question de nostalgie, peut-être, un goût du défi, va savoir. L’association de l’esthétisme morbide et d’un geste foncièrement cruel ont quelque chose de terriblement séduisant, et dont il a su apprivoiser les attraits en même temps qu’il se laissait sombrer en ce qu’il découvrait de plus en plus obscur en lui-même. Non, il ne pense pas que cette scène de crime sera plus horrifiante pour lui que ne l’auront été toutes celles dont il a été le témoin depuis qu’il a repris du service ici, de même qu’il doute fort qu’elle puisse l’être autant que ne l’étaient celles qu’il observait dans son ancienne vie.

Ce n’est donc pas tant une inquiétude qu’il estime infonde que la curiosité qui l’animent au moment où il se rend sur la scène de crime, avec toujours à l’esprit ce regret de ne plus guère pouvoir profiter du soutien de Jack quand il devait être question d’exhorter tout le monde à déserter les lieux afin de lui permettre de « faire usage de son imagination tout son content ». Ceci dit, c’est bien la seule raison qui le pousserait à vouloir de la présence de Jack ici, qui deviendrait s’il devait faire son grand retour ici son ennemi naturel… Bref, retour au temps présent.

A peine arrivé sur la scène, il sent deux bras le serrer fermement contre lui sans qu’il ait eu le temps de dire quoi que ce soit ou de s’écarter pour garder avec Ella Lopez une distance de rigueur. Cette dernière est devenu imbattable au moment de lui soutirer des étreintes jamais spécialement consenties… On ne fait certainement pas caractère plus antagoniste au sien que celui de la jeune experte, pourtant, quelque part, Will a fini par l’apprécier, au-delà de ses excentricités et du caractère douteux de certains de ses choix vestimentaires (quoi qu’il peut sans doute parler, de son côté). Quelque part, elle lui fait penser à Beverly, avec cet entrain et ce franc-parler qui l’avait caractérisée aussi – restait à espérer en revanche qu’elle ne rencontre pas pour sa part de sort aussi funeste.

« Dommage que j’aie eu d’autres plans », ne peut s’empêcher d’ironiser Will d’un ton tout à fait neutre tandis qu’Ella lui décrit à peu de choses près ce qui ressemble à s’y méprendre aux pires fêtes de fin d’année qui puissent exister. Un karaoké dans un restaurant chinois… et puis quoi encore.

Ce qui ne le pousse pas pour autant à s’épancher davantage sur son propre réveillon, qu’il aura passé… eh bien, avec sa famille, si l’on veut… et ça avait été, aussi étrange cela puisse-t-il sembler, le meilleur réveillon qu’il ait jamais passé. Enfin, ce n’est certainement pas en compagnie d’Ella qu’il a l’intention de s’épancher sur le sujet, loin de là. A la place, il attend d’elle qu’elle rentre dans le vif du sujet, et ça ne tarde effectivement pas à arriver. Ella manque sérieusement de réserve quand il est question de l’espace vital des personnes autour d’elle, en revanche, elle ne manque ni d’intelligence, ni de maîtrise de son sujet. Quand il faut être professionnelle, elle sait l’être complètement, et c’est là aussi une chose que Will sait apprécier chez elle.

Jeune trentenaire à la peau ébouillantée, corps découpé post mortem et vidé de son sang, ce qui peut bien sûr laisser suggérer que le corps a bien été exsangué ailleurs avant que d’être transporté ici, mais ça ne colle pas, et un regard en direction de la scène fera aboutir Will à l’exacte même conclusion. Quant aux traces sanglantes au niveau de son cou… L’explication en semble si logique et en même temps absurde qu’elle semblerait presque ne pouvoir qu’être naturellement la bonne.

« Les vampires se nourrissent de sang humain, par définition je suppose que ça fait d’eux des cannibales dans tous les cas », observe posément Will en se rapprochant avec précaution de la victime pour avoir une vue d’ensemble de la scène. Il prend le temps nécessaire à son observation minutieuse des indices. Mouvement de balancier, reconstitution mentale de la scène… Mais cerner le dessein de criminels qui n’ont rien de… naturel heurte son esprit vif à des impossibilités strictes. Il a bien fallu qu’il admette l’existence du surnaturel, ici. Mais comme il ne sait en comprendre les modes de fonctionnement exact, il fait face à une forme de dissonance cognitive relativement déplaisante. « Mais il ne me semblait pas que les vampires soient connus pour prélever des morceaux de leurs victimes, encore moins pour les ébouillanter… Et à quoi bon l’ébouillanter pour finalement conserver le corps ici… », reprend-il en s’adressant davantage à lui-même qu’à Ella, en réalité. « Il n’a pas fini son œuvre », déclare-t-il alors presque trop catégorique pour être honnête. « Soit il a été interrompu, soit il a changé d’avis. »

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L’ironie de Will n’échappa pas à Ella, mais elle n’avait pas la rancune facile. Apparemment, son réveillon était tout aussi merveilleux que le sien. Seul cet élément importait aux yeux de la jeune femme. S’il souhaitait être sur sa réserve, la scientifique n’allait pas l’importuner davantage. De toute façon, les deux individus étaient là pour une tout autre raison. Un crime aux circonstances inexplicables avait eu lieu. Désormais, il fallait démanteler la réalité afin de retrouver toutes traces qui permettraient la reconstruction des événements. Malgré son imagination débordante, Ella n’arrivait pas à expliquer la chronologie des événements, ni pourquoi le tueur avait procédé de cette manière. Certains tueurs en série possédaient une signature, celle-ci ne ressemblait en rien à ce qu’elle a pu voir où étudier tout au long de sa vie. Toute la ritualisation de la scène semblait tendre vers cette hypothèse, mais si cela n’était pas la bonne voie… À ce stade préliminaire de l’enquête, il était quasiment possible d’affirmer ou de réfuter une quelconque hypothèse. Tout enquêteur devait se montrer humble et ouvert d’esprit. C’est dans ces moments-là que cette maxime prenait tout son sens.

Toujours occupée avec son test dans ses mains, la jeune femme haussa un sourcil interrogateur. Affirmer l’existence des vampires ne semblait guère enchanter la scientifique… Les créatures mystiques n’avaient jamais frôlé l’esprit d’Ella. Cette dernière n’a jamais été confrontée à de telles fables. Son esprit imaginait mal comment un suceur de sang pouvait se promener sous un soleil de plomb à Los Angeles. Cependant, cela faisait deux ans, qu’elle n’avait plus foulé le sol américain. Ici, les règles changeaient… La réalité changeait… Malgré son ouverture d’esprit, Ella n’arrivait pas ou n’osait pas imaginer toutes les monstruosités qui rôdaient en ville. Cette idée la travaillait… Surtout, au vu de sa mésaventure avec Pete… Les paroles de Will brisèrent cette torture. Le test, toujours entre ses mains, lui indiquait clairement que les traces dévoilées au luminol étaient sanguine. « Quand je parlais de créatures nocturnes… Je ne pensais pas réellement au fait qu’elle existe. Attendez ! Quoi ? Vous en avez déjà vu ? Non, non ! Je sais qu’ils boivent du sang et tout ça… Je parlais du fait que vous en ayez réellement croisé, ici, dans ce monde. » L’interrogea-t-elle en quête de réponse.

Voyant le profiler procéder à sa réflexion, elle se tut et plaça le test sous scellé avant de revenir vers la victime. Son esprit tentait en vain de reconstruire ce puzzle… Mais pourquoi donc le corps était si bien entretenu ? Si cette personne était une victime… Son bourreau aurait dû la déchiqueter ou au moins démontrer une certaine violence envers le corps, mais il n’avait rien. L’ébouillantage camouflait, certes, certaines séquelles, mais les plus gros sévices seraient apparents. L’acte en question n’était pas anodin… Ce travail démontrait une certaine délicatesse. Les paroles de Will happèrent l’esprit d’Ella en pleine divagation. Le profiler marquait un point… Aucun vampire n’était connu pour extraire des organes. Du moins, aucun mythe ne relatait de telle action. Brusquement, Ella tapa dans ses mains et se rapprocha de Will. « Mais oui ! C’est ça ! Notre tueur connaît la victime… Attendez, je m’explique ! Imaginons que j’aie envie de vous tuer. Le plus simple serait de vous tuer en agrippant un couteau et de vous poignarder à répétition… Certes, d’autres méthodes marchent aussi bien ! Mais ce que je veux dire, c’est que le corps ne présente aucun acharnement. Si notre meurtrier en avait après la victime, il l’aurait malmené… Or, regardez à quel point, cela est soigné… Tout est méticuleusement placé… Tout est propre… Rien ne dépasse… Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? » Elle fit une pause dans son monologue et se rapprocha de la victime. « Ces vieux rituels que l’on voit dans ces mauvais films de cannibales qu’il passe à cinq heures du mat. Oui, oui, je sais ! C’est complètement absurde… Mais ce que je veux dire par là, c’est que cette mise en scène est presque ritualisée. Tout est fait avec harmonie et soin. Malheureusement, mon champ de compétence s’arrête là ! Pour plus d’informations, il faudrait que j’investigue depuis le labo, sauf si vous avez une quelconque hypothèse ? » N’étant pas une connaisseuse dans le domaine du cannibalisme. La scientifique devra effectuer des recherches en profondeur.

Tandis que les deux experts discutaient et exploitaient le peu de traces à leur disposition. Un officier de police vint à leur rencontre. « Madame Lopez, Monsieur Graham, excusez-moi de vous déranger, mais vous devriez voir ce que l’on a trouvé dans l’une des pièces. » Ella haussa un sourcil et regarda Will avant de s’aventurer vers la pièce en question. Un nauséabond fumet parvint jusqu’aux narines de la forensicienne. Aucun doute possible… Cette odeur pestilentielle, si caractéristique, n’annonçait rien de bon. Un corps, littéralement broyé à certains endroits, s’étalait sur le sol… Cette fois-ci, la typologie des traces sera tout autre. Le sang était bien présent, certes, en quantité moindre, mais les éclaboussures sur le mur et le plafond indiquait clairement une altercation entre deux individus. Cependant, quelque chose frappa Ella. Comment pouvait-on passer d’une ritualisation aussi élaborée à cette boucherie ? « Alors là… Notre deuxième victime a dû sacrément échauffer notre tueur… Nous avons deux scènes de crime… Avec deux méthodologies très distinctes… » Elle s’accroupit et flasha à plusieurs reprises le corps sous différents angles. « Vu l’état du corps et l’odeur, je dirais que la mort n’est pas récente… Quelques jours, tout au plus. Les blessures et les traces de contusions montrent des signes de lutte... Contrairement à la jeune femme. » Un élément significatif attira son regard, le cou de la victime présentait une blessure inhabituelle. La déchirure des tissus n’était pas linéaire et présentait des imperfections, des paliers. La forme ovale indiquait clairement un objet circulaire… Ou une mâchoire ? Elle rapprocha son visage et décala légèrement la tête de la victime. Au niveau de la naissance de son cou, un conséquent bout de chair manquait… Causant sans doute la mort de la victime vu le grignotement. « Au moins, on a la cause du décès… Il s’est vidé de son sang à la suite de multiples morsures… » Incrédule, Ella regardait Will. « Finalement… L'hypothèse du vampire n’est pas si improbable… »

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feat. Ella

« Non, je n’en ai pas rencontré, je ne serais peut-être plus en vie pour en parler, sinon », répond simplement Will quand Ella l’interroge, manifestement peu désireuse de donner un bon coup de pied à ses convictions pour admettre la réalité d’entités surnaturelles qui menaceraient autant leurs vies que leur rationalisme.

Malheureusement pour Will, cela fait un moment déjà qu’il a mis de côté le prosaïsme de ses convictions. Il a assisté à trop d’événements qui ne sauraient s’expliquer à partir de ses seules convictions scientifiques pour ne pas accepter, au moins sur le principe, que des créatures surnaturelles peuvent bel et bien exister, et si elles existent, elles peuvent autant assassiner que n’importe qui… Des monstres, il en a croisé, et tous n’avaient pas apparence humaine, malheureusement pour lui. Ses convictions en ont pris un coup sur le moment, à présent, il parvient à considérer ces hypothèses qu’il aurait autrefois considérées comme fantasques avec une rigueur presque scientifique.

« Je pense en revanche que même les hypothèses les plus fantasques ne doivent pas être réfutées trop rapidement », ajoute-t-il avant de poursuivre sa réflexion.

Bientôt complétée par celle de son interlocutrice. Si Will l’estime définitivement trop caline, et qu’il apprécierait qu’elle s’épargne de se montrer aussi tactile avec lui, il doit reconnaître que ce défaut (qui a son importance tout de même, et non des moindres) ne la dépare pas d’une rigueur et d’un sens de l’analyse qui sont tout à fait appréciables dans un cas de figure tel que celui-ci. Elle sait contribuer à faire progresser l’enquête, et c’est un fait apprécié. Les observations à brûle-pourpoint ont tendance à l’agacer – même s’il est le premier à en faire (mais en ce qui le concerne, il estime qu’elles sont toujours justes – ou presque toujours) –, mais en l’occurrence, il en admet autant l’intérêt que la pertinence, et il l’écoute attentivement tandis qu’Ella fait l’inventaire des preuves qui lui laissent à penser que la victime connaissait son assassin.

« L’hypothèse du rituel est en effet très probable », admet-il en considérant le corps. « Toute mise en scène aussi élaboré du corps d’une victime tient à une forme de ritualisation quoi qu’il en soit – enfin, pour peu qu’il n’y en ait pas qu’un seul. Je ne suis pas exactement… un expert en matière de cannibalisme » -- l’ironie est terrible quand on sait ce qu’il a dégusté (qui il a dégusté) encore la veille au soir – « mais c’est une piste à creuser, et je pense connaître quelques spécialistes dans ce domaines qui devraient être en mesure de nous apporter davantage de clarification. »

Hannibal aurait sans doute plusieurs dizaines de théories sur la question, Will en est intimement convaincu. Il veut encore ajouter quelques mots, mais c’est alors qu’un officier de police les interrompt pour leur faire part d’une nouvelle découverte. Will suit l’officier ainsi qu’Ella dans la pièce voisine, de laquelle émane une odeur on ne peut plus désagréable. Le corps qu’ils découvrent alors a été, pour sa part, été laissé là sans aucun soin… Une véritable boucherie, sans nul doute. Tout en laissant la jeune femme dérouler son analyse, il observe la scène, prend le temps de l’analyser, de revenir à sa source, de visualiser la suite des événements.

« Les vampires sont réputés plus élégants que cela, mais après tout… », observe Will, revenant au moment présent. « Cette victime-là n’était pas prévue au programme… il ne l’intéresse pas. Le travail est brouillon, indifférent, il n’a ressenti aucun besoin de l’honorer. Elle, en revanche. » Il fait un geste de la tête en direction de la pièce voisine. « Elle compte pour lui. Elle a une importance particulière. »

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Les paroles de son acolyte la laissèrent perplexe. Cette interrogation restait en suspens. Pour le coup, elle ne comprenait pas pourquoi le Grand Patron venait à créer ce type de créatures. Dans ce monde, les certitudes n’existaient pas… Du moins, les règles avaient changé ! Peut-être, même que Dieu ne régissait pas cet endroit… Peut-être qu’une autre entité avait le plein pouvoir sur leur vie ? Ou alors, peut-être que cet endroit faisait partie des projets du Grand Patron ? D’habitude, elle ne me remettait jamais en cause les épreuves qu’elle devait affronter, mais là… Elle doutait ! Cette réalité laissait un goût amer à la jeune scientifique. Toutefois, ce n’était ni l’endroit, ni le moment de laisser divaguer son esprit sur des questions existentielles ! Une enquête l’attendait ! Mentalement, elle se gifla. « Hum. Peut-être… Oui. » Annonça-t-elle en haussant les épaules.

Difficilement, elle ne pouvait que donner raison à Will. Dans ces circonstances, aucune règle forensique ne pouvait expliquer un tel mode opératoire. Autant faire une pré-évaluation avec les méthodes traditionnelles et émettre des hypothèses. Le profiler ne tarda pas à étoffer la réflexion d’Ella. Vivement, elle acquiesçait à ses dires. Au moins, elle n’était pas la seule à penser à une ritualisation du processus. Aucun d’eux n’avait les compétences requises dans le domaine, Ella prit davantage de photos afin de les confronter à l’œil avisé d’un expert en la matière. « Vu la gravité du cas… Le lieutenant voudra des réponses rapidement. Un peu pénible quand il est grincheux… Grincheux, mais terriblement s… » Brusquement, elle se ressaisit. Quelle idée d’affirmer que son patron était sexy… Surtout sur une scène de crime ! « Bien ! Si vous avez des contacts sous la main. Dès que j’arrive au labo, je fais imprimer les clichés. Comme ça, vous les avez le plus rapidement possible. J’espère que votre expert saura en tirer quelque chose… Parce que là, je pèche totalement. Enfin… Là, tout de suite… Avec un peu de recherche, je suis sûre qu’on pourra tout expliquer. » La forencienne tentait vainement de se rassurer. Au plus profond, elle savait que l’inévitable épée de Damoclès faucherait ses croyances.

Tel un oiseau de mauvais augure, l’arrivée du policier n’annonça rien de bon ! La deuxième victime n’avait pas eu la même chance que la première, loin de là. La scientifique procéda à une brève analyse du corps. Celui-ci, hormis ses marques de morsure, ne possédait rien d’intriguant. Sans tarder, l’honorable expertise de Will vint se mêler à la sienne. « Peut-être que nos connaissances à propos de ces créatures sont erronées ? Tout ce qui concerne les vampires a souvent été fantasmé. Peut-être qu’au final, l’élégance et la sexualisation n’existent pas… Enfin… Comment expliquer des légendes et des mythes ? Justement avec des mythes et des légendes… Nous n’avons aucune base réelle… Que du fictif… » Le département de la police n'avait aucune information sur les vampires. Toutes ses connaissances venaient des séries et des films produites par des gens avides de pognon. Néanmoins, dans son esprit, les vampires ne brillaient pas à la lumière du jour comme une boule à facettes un samedi soir. Qu’est-ce qu’il pouvait inventer comme connerie… Le pire dans tout ça, c’est que des adolescentes y croyaient et fantasmaient sur Edward Cullen !

« Votre hypothèse corrobore avec la violence de son acte. Et si… La victime numéro deux avait un lien avec la numéro un ? Je m’explique ! Peut-être qu'elle était son mari, son amant ou même son ami ? Jaloux, il aurait suivi la première victime jusqu’ici. Le tueur l’aurait alors tué ? Difficile à dire avec les informations que nous avons… Il faudrait que l’on identifie les deux victimes pour voir si elles ont un lien entre elles. Pour l’instant, on ne peut que spéculer. D’ailleurs… » La jeune femme se tourna vers l’agent de police. « Vous avez retrouvé des documents d’identification ? » Demanda-t-elle. Sincèrement, elle espérait obtenir une réponse positive. « Malheureusement, nous n’avons toujours rien trouvé… Nos équipes ratissent les environs et les poubelles en bas de l’immeuble pour trouver des informations sur les deux cadavres. » Une grimace tirailla ses traits. « Merci, Rodriguez ! N'oubliez pas de m’avertir si jamais vous trouvez quelque chose. » Le dénommé Rodriguez hocha la tête et disparut derrière la porte de la pièce. « Pourquoi faire disparaître des documents ? Je veux dire… Il y a quand même pensé… Un récidiviste ? » Son interrogation, elle la partageait avec Will. Son statut, de profiler, lui offrait sans doute une meilleure perception que l’avis scientifique d’Ella.

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Will hoche simplement la tête quand Ella observe à juste titre qu’au vu de la gravité de l’affaire, leur lieutenant exigera des réponses express. L’urgence est une variable avec laquelle il faut savoir composer dans leur corps de métier, même si Will a tendance à en faire fi la plupart du temps, pas par volonté de laisser traîner des affaires ou pour risquer de voir un criminel avoir d’autres occasions de commettre ses méfaits, mais parce que ses méthodes bien spécifiques sont limitées au champ d’une analyse qu’il ne peut pas forcer. S’il n’est pas capable de voir plus que ce qu’il a sous les yeux, il ne saurait inventer des preuves complémentaires pour satisfaire les exigences de son lieutenant grincheux et… il n’essaie pas de deviner ce qu’Ella avait voulu dire d’autre, il s’en fiche un peu, pour tout dire. Il se concentre sur la scène qu’ils ont sous les yeux, et tant pis pour leur lieutenant. Quoi qu’il en soit, il va faire ce qu’il doit faire et en appeler à des experts sans doute plus à même de démêler ces processus de ritualisation afin d’en comprendre le détail.

« Nous verrons bien, encore faut-il que ce soit un rituel auquel il était déjà été exposé. »

Et comme ils viennent quasiment tous de dimensions différentes, même si c’est parfois avec un terrain culturel et historique commun, ça ne facilite définitivement pas la tâche… Toutes ces considérations qu’ils n’avaient pas à prendre en considération dans leurs vies passées n’arrangent définitivement rien, mais ils n’ont pas d’autre choix que de faire avec. Sans doute ne doivent-ils pas partir défaitistes pour autant, mais face à un tel spectacle, Will ne se voit pas se montrer particulièrement positif. Certainement pas aussi optimiste en tout cas que ne l’est Ella, convaincue qu’avec un peu de recherches, ils pourront tout expliquer. Enfin, elle fait semblant d’être convaincue, en tout cas, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’elle l’est bel et bien. Elle verse seulement bien plus souvent dans l’optimisme que lui (ce qui n’est pas bien difficile, en même temps, il faut bien l’admettre.

« C’est très probable, en effet. Peut-être même avons-nous affaire à un type de créatures auxquelles nos mythologies respectives n’ont jamais été confrontées », admet-il quand Ella observe, à juste titre, que leurs connaissances au sujet des vampires sont très probablement erronées. C’est bien possible, en effet. Entre un mythe qui n’en est plus un et la réalité, il y a nécessairement un fossé, dans tous les cas.

Will s’attarde sur ce qu’il est capable de comprendre, à savoir la différence de traitement entre les deux victimes. L’une respectée, considérée, l’autre jaugée et traitée avec autant d’indifférence que de violence : la différence est notable. Il leur fait à tout prix des documents d’identification, mais pour le moment, leurs équipes n’ont rien trouvé.

« Notre criminel connaissait au moins une des deux victimes, si on parvient à l’identifier – quand on parviendra à l’identifier –, on se rapprochera de l’identité du meurtrier. Peut-être qu’il le sait, peut-être est-ce pour cela qu’il a choisi de les rendre le moins identifiable possible. Pour gagner du temps, ne serait-ce que cela. Et si c’est le cas… il devait être vraiment proches, suffisamment pour que retrouver ces papiers nous conduisent efficacement à notre assassin. »

Il marque une pause.

« Je ne serais pas surpris qu’il n’en soit pas à son coup d’essai. Ces deux crimes ont été commis sans aucune hésitation, sans aucun remords… »

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▿ Date de naissance : 05/02/1980

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Plus l’analyse des deux experts avançaient, plus les problèmes s’accumulaient. Tous leurs espoirs reposaient sur une connaissance de Wiil ! Néanmoins, il y avait toujours le risque de se heurter à une nouvelle inconnue. Si le savoir de cet individu n’arrivait pas à identifier le processus de ritualisation auquel ils avaient affaire, alors la progression dans l’enquête s’enliserait dans les méandres des superstitions. « Dans le pire des cas, il pourra s’adresser à des collègues dans le milieu… Peut-être que l’un d’entre eux aura la réponse à ce rituel. » Ella tentait désespérément de garder un certain optimisme, mais face à des créatures mythologiques, la science moderne se retrouvait prise au piège. Le profiler souleva un point essentiel ! Face à une telle panoplie de bestiaux fantastiques, peut-être que l’assassin faisait partie d’une catégorie non répertoriée à ce jour… Une espèce de bête sanguinaire, proche d’un vampire, mais totalement différente. Tant de possibilités s’ouvraient à eux… « Si, effectivement, nous avons affaire à ce type de créature… Comment allons-nous pouvoir l’identifier ? Oui, nous avons réussi à récupérer diverses traces papillaires, mais si cette personne n’en possède pas pour je ne sais quelle raison… Cela risque de fausser nos résultats. Je ferai la comparaison et la recherche qu’une fois au labo. » Elle fit une pause et rebondit sur la question de la nature de l’espèce. « Enfin… Si c’est un vampire, ou un être proche de cela, est-ce que les principes de transfert fonctionnent comme pour un être humain ? » Dit-elle en réfléchissant à voix haute. Toutefois, cette réflexion restait ouverte à son collègue. Toute la mécanique de la trace était remise en cause et à juste titre !

Les autres policiers s’attelaient à la tâche de retrouver tout élément important dans les alentours. Pour l’instant, le résultat de cette chasse au trésor n’était pas concluant. Tout en continuant ses clichés, Ella écoutait les remarques affûtées de son partenaire. « Vu sous cet angle… Peut-être que les voisins pourront toujours nous aiguiller. Vous savez une grand-mère un peu trop curieuse, qui espionne toutes les allées et venues. Ou encore, une concierge, un peu trop psychorigide. » Sur ces deux derniers points, Ella parlait en connaissance de cause. « Ils pourront toujours nous dire s’ils ont vu notre agresseur ou nos deux victimes ensembles. » Une autre idée émergea dans l’esprit d’Ella, lorsqu’il émit l’hypothèse que le meurtre ne soit pas une première pour notre tueur. « Vous êtes un génie ! Je vous aime ! Si, ce n’est pas son premier coup d’essai. On peut toujours rechercher dans notre base de données ! Je m’explique. En croisant les données de notre enquête avec celle des autres enquêtes, on pourra sans doute obtenir des réponses à certaines de nos questions. » Elle marqua un temps de pause avant de reprendre l’exposition de son idée en détail. « Vu le mode inhabituel et très ritualisé pour cette scène de crime. J’imagine qu’il a dû travailler sur sa manière de faire ou du moins accomplir d’autres meurtres pour assouvir ses pulsions ou un désir particulier. De ce fait, s’il y a d’autres meurtres avec les mêmes caractéristiques qu’ici… On pourra en tirer d’autres conclusions ! Peut-être qu’il aura même commis des erreurs dans son passé, qui pourront nous aider. Bien sûr, c’est un peu tiré par les cheveux, mais je pense qu’il vaut mieux utiliser toutes les méthodes à notre disposition. » Après son monologue interminable, elle laissa Will assimiler toutes les informations. « Qu’est-ce que vous en pensez ? » Finit-elle par demander à son interlocuteur. Dans son plan, certaines variables restaient présentes. Ils devaient faire extrêmement attention à l’identification du tueur. Le même mode opérateur ne signifiait pas forcément le même meurtrier. Même si, dans la plupart des cas, cela s’avérerait exact, il existait toujours un faible pourcentage d’erreurs.

@Will Graham

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▿ Date de naissance : 17/11/1984

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feat. Ella

Les questions s’accumulent, et à mesure qu’Ella les formule, Will doit prendre l’ampleur de sa méconnaissance (ce qui n’est jamais un constat très agréable, au demeurant), car il n’a la réponse à aucune de ces questions, pas même des pistes de réflexion qui puissent véritablement les mener vers une résolution satisfaisante. Toute réponse qu’il pourrait fournir à son interlocutrice en cet instant s’accompagnerait d’un « qui sait » ou d’un « peut-être », rien de tangible ni de concret. Certes, à sa manière de procéder à l’analyse de certaines scènes de crimes, on pouvait parfois reprocher à Will de ne pas faire suffisamment dans le concret et de ne faire usage que de son « imagination », mais les preuves étaient toujours là. Ici, il faut admettre qu’en dépit de leur présence, elles peuvent être contradictoires voire même les mener à une impasse. Quand la rigueur scientifique se heurte aux codes intangibles du paranormal… ce n’est pas une pensée très agréable, mais il faut bien, en revanche, qu’ils admettent ceci comme une possibilité réelle… car elle l’est bel et bien quoi qu’il en soit. Will ne répond pas à ses questions, donc, il devine qu’elles n’appellent pas de réponse quoi qu’il en soit : Ella se contente de réfléchir à voix haute. Et parce que le profiler, de son côté, ne trouve rien de définitif ou de concret à opposer à ses considérations, il s’abstient de dire quoi que ce soit.

Malgré tout, il y va de ses hypothèses concernant les motifs du meurtre, se focalisant donc sur quelque chose de plus pragmatique. Mais les hypothèses ne sont jamais que ce qu’elles sont, et ne peuvent leur fournir aucune forme de garantie. Dans tous les cas, oui, il est éventuellement possible de trouver quelque chose via une enquête de voisinage. Impossible de savoir vraiment si ce la les mènera où que ce soit, mais cela vaut très probablement le coup d’essayer malgré tout.

Il veut ajouter autre chose, mais presque aussitôt, Ella reprend, visiblement, elle a eu un éclair de lucidité. Will encaisse le compliment sans sourire après qu’Ella l’ait qualifié de génie et autres joyeuseté avant qu’elle ne précise le fond de sa pensée. Pas son premier coup d’essai, donc il faudrait croiser cette enquête avec d’autres dans l’espoir éventuel de combler les vides et d’obtenir les réponses manquantes à leur question. Oui, c’était, à peu de choses près, ce qu’il avait en tête lui aussi.

Si l’on admet qu’il n’en est pas à son coup d’essai, d’autres scènes ont dû servir, en effet, de brouillons. Soit c’est un rituel qui exige de s’accomplir à plusieurs reprises, soit le tueur s’entraîne jusqu’à obtenir précisément le désir qu’il souhaite.

« L’idéal serait bien sûr de comprendre l’intention direct qui se situe derrière un tel rituel. Était-il question d’honorer la victime ? Est-ce un sacrifice destiné à un tout autre dessein, et dont nos victimes ne seraient que les instruments ? Le tueur a-t-il seulement voulu se faire la main sur de premières victimes avant de véritablement cibler celle qui l’intéresse. Dans ce dernier cas… Le fait qu’il ait connu l’une des victimes laisse à supposer qu’elle était sa victime privilégiée. » Son ticket d’or. « A moins qu’il soit dans son mode opératoire de s’attirer la sympathie de ses victimes avant de les assassiner… » C’est à son tour de réfléchir à voix haute. « Dans tous les cas, tenter de recouper ce meurtre avec d’autres éventuellement similaires semble être une piste solide. »

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▿ Date de naissance : 05/02/1980

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Les deux individus naviguaient en eau trouble ! Actuellement, il y avait deux morts et aucune piste ne permettait d’élaborer la moindre ébauche… Ils n’avaient rien ! Cette situation était frustrante ! Tout au long de sa vie, les professeurs de la faculté des sciences forensiques lui avaient stipulé que le crime parfait n’existait pas ! Mais ici, dans cet endroit, où le principe de l’échange était balayé, cette horreur avait toutes les chances de se produire. La police ne pouvait pas se permettre de laisser un tel individu en liberté ! Il fallait impérativement mettre derrière les barreaux la créature qui avait commis ces deux homicides. Will énumérait diverses possibilités. À ce stade de l’enquête, elles étaient toutes possibles. Aucun scénario n’était mis de côté ! Avec une telle liberté, la difficulté s’agrandissait… Rien n’était acquis… Un défi colossal les attendait ! Cette fois-ci, l’autorité de cette ville mystérieuse allait être mise sous pression. Tant de questions et si peu de réponses… Ce casse-tête, grandeur nature, occupera le service. Ella écoutait religieusement les propos de son collègue et acquiesça à la fin de ses propos. « Notre meilleure possibilité, à ce stade. » Malheureusement, les papiers d’identité restaient introuvables. Les agents avaient ratissé le moindre centimètre des alentours, mais il n’avait rien trouvé !

« En-tout-cas, nos équipes n’ont toujours pas trouvé les documents d’identification de nos deux victimes, ça risque de prendre un certain temps à parcourir la base de données... Peut-être que d’ici là, un proche viendra signaler une disparition. » Ella comptait sur la bienveillance de l’humanité pour parvenir à obtenir un point d’ancrage pour leur enquête… Cette jeune femme devrait, peut-être, oublier les humains et se concentrer sur la science. Contrairement à elle, les gens n’avaient pas tout bon fond et se relevaient terriblement égoïste. « Dès mon arrivée au labo, je vous envoie les résultats des bases de données ! Ainsi, vous pourrez vous concentrer sur votre travail de profilage… J’espère qu’on obtiendra quelques données pour établir un profil psychologique de notre tueur. » Est-ce que seulement les méthodes de profilage fonctionnaient sur ce type de créature ? Difficile à dire… Aucune étude ne prouvait la véracité de telles méthodes sur les créatures légendaires. Du moins, la scientifique espérait profondément que cela fonctionne. « Je vais prendre, encore, quelques clichés de notre deuxième victime. » Plus, elle immortalisait cette scène, plus elle aurait d’outils pour effectuer son analyse en laboratoire.

Ses phalanges se munirent de l’appareil et prirent plusieurs photos sous divers angles. La technicienne possédait suffisamment d’éléments pour démarrer son analyse. Sans compter que le travail de ses collègues sublimera et étayera sa propre analyse. « Pour ma part, j’ai tout ce qu’il me faut. » Désormais, un travail de longue haleine allait débuter. « J’espère qu’avec nos informations, on arrivera à débroussailler votre éventail d’idées. C’est vrai que l’optique de la victime privilégiée reste prioritaire, mais cela ne supprime pas totalement les autres possibilités. Pas de soucis ! Dès que j’ai la moindre information, je vous la fais transmettre ! Dans ce polar obscur, vous serez le premier averti. Je ne l'oublie pas. » La jeune femme le taquina légèrement. « D’ailleurs, vous avez une idée de profil ? » Demanda-t-elle en quittant la pièce. Les nettoyeurs allaient pouvoir procéder à l’élimination des fluides biologiques répandus dans la pièce et le corps allait être acheminé à la morgue pour une autopsie.

@Will Graham

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