Les jours de Noël sont souvent les plus intensifs pour Arthur, peu importe l’endroit où il travaille. Aujourd’hui, il a accepté de profiter des festivités organisées par la ville et lorsqu’il passe les contrôles de sécurité, il ne manque pas de compatir pour ses confrères. Il n’est pas forcément attaché à cette fête, mais il pouvait bien accepter de se détendre un peu et la proposition de Merlin était tentante. Ainsi, il bondit entre les familles et les couples en admirant les stands divers et variés qui croisent sa route. Il apprécie ces ambiances conviviales et sociales, mais c’est encore mieux lorsqu’il peut en profiter en bonne compagnie. Alors, il se presse vers le point de rendez-vous en ignorant les senteurs salées et sucrées qui tentent de l’attirer ailleurs, car parmi tous ces visages souriants, aucun ne lui donne autant d’énergie que celui qu’il doit retrouver.
Celui d’un certain idiot aux cheveux de jais, au caractère espiègle et qui d’un seul regard, pourtant d’un bleu glacial, pouvait l’embraser et le faire fondre sans forcer. Arthur pouvait continuer à le nier, mais Merlin avait toujours su trouver les mots justes, même lorsqu’ils étaient durs à entendre et ses responsabilités royales pesaient moins lourds, avec un tel ami à ses côtés. Il avait su voir à travers son arrogance et dévoiler son cœur généreux, caché sous une armure de fer. Il lui avait donné le courage de s’écouter plus souvent, quitte à confronter son père et encore aujourd’hui, Merlin lui donne une certaine force. Ses jours futurs lui paraissent moins tristes désormais, même s’ils ne sont plus à Camelot.
Alors qu’il pense le reconnaître de dos, par sa silhouette et les courtes mèches brunes qui dépassent d’un bonnet, Arthur prévoit de rester fidèle à lui-même. Il allait s’annoncer en chopant son meilleur ami par les épaules, le sourire jusqu’aux oreilles et déjà prêt à le taquiner, pour la millième fois en quelques semaines… et bon sang, ce doit être fatiguant à force ! Heureusement cela dit, l’homme qu’il prenait pour Merlin se retourne juste à temps pour lui éviter une catastrophe gênante. Il s’arrête net dans son élan et son sourire s’évapore, alors déçu de ne pas avoir mis la main sur son crétin de sorcier. Un crétin adorable et sans doute en retard ; ils s’étaient donnés rendez-vous devant le grand sapin illuminé, aux alentours de dix-sept heures. En vérité, c’est Arthur qui est un peu en avance, mais ça n’empêche pas qu’il soit frustré et qu’il commence déjà à faire les cents pas. Les mains dans les poches, il observe un peu les alentours avant de s’intéresser aux cailloux qui croisent son chemin des cents pas. Il les frappe du bout de ses bottes pour passer le temps, l’air concentré.
Depuis leur pique-nique prêt de la forêt, Merlin avait retrouvé bon espoir de passer du temps avec Arthur. S’étant échangé leurs numéros de téléphone, le sorcier lui envoyait des messages. Il espérait qu’il ne le faisait pas trop souvent. Il avait aussi appelé l’ancien roi pour lui dire que sa chef avait disparue du jour au lendemain. Elle n’était pas venue travailler, elle ne répondait pas à ses appels et son logement était désert. Il ne savait pas si c’était la ville qui l’empêchait de revoir Yennefer, mais il s’était retrouvé seul à devoir tout gérer. En plus de cela, il avait été voir l’autre Arthur et discuter avec lui. Merlin ne savait toujours pas ce qu’il comptait faire. Quitter la boutique et aller travailler exclusivement pour cet Arthur ? Devenir le propriétaire de la boutique et temps plein ? Pour l’instant, il ne se voyait pas tout abandonner pour choisir l’un ou l’autre.
Les semaines étaient passées, pour ne pas dire les mois et Merlin n’avait toujours pas pris de décision définitive. A la place, il s’était retrouvé à mettre en place un sapin dans la boutique. Il avait mis les guirlandes, les boules et évidemment l’étoile tout en haut. Décembre était le mois de Noël et il pouvait voir tous les enfants émerveillés par les décorations qui étaient misent en place en ville. Les histoires comme quoi le Père Noël, avec son traineau tiré par des rennes viendrait déposer les cadeaux qu’il avait dans sa hotte dans chaque maison, étaient de misent depuis plusieurs semaines. Mais qui disait mois de décembre, disait aussi hiver. Il faisait froid, avec la neige et surtout le gel. Heureusement, Merlin n’avait pas de voiture, donc il n’était pas embêté de ce côté-là. Par contre, il avait du mal à se réchauffer. Evidemment, il pourrait utiliser sa magie pour cela, mais il n’avait pas encore tous ses pouvoirs. Il en avait retrouvé une petite partie, mais il était loin d’avoir toutes ses capacités.
Mais il y avait aussi de bons côtés et il avait décidé d’utiliser en particulier cela aujourd’hui. En effet, c’est en allant faire un tour au marché de Noël, pour acheter du pain d’épice et profiter d’un bon chocolat chaud, qu’il avait remarqué la patinoire. Il avait alors envoyé un message à Arthur pour savoir s’il serait libre. En ayant une réponse positive, il lui indiqua de prévoir des vêtements chauds, une écharpe et une paire de gants. Arrivant près de l’endroit où ils s’étaient donnés rendez-vous, il vit son ami et alors qu’il allait lui faire signe, il remarqua que ce dernier se rendait vers quelqu’un d’autre. Fronçant les sourcils, il se disait qu’il s’agissait peut-être d’une personne qu’il avait connu en ville qui était également là. Seulement sa façon de se déplacer était étrange.
Se créant un passage dans la foule, il le suivit du regard. Le voyant s’arrêter d’un coup, Merlin reste perplexe face à la situation. Apparemment, il ne connaissait pas l’homme qui venait de se retourner. Intrigué, il fixa Arthur qui semblait d’un coup bien moins détendu. Le voyant faire les cent pas, le sorcier se mit à sourire. Cet air presque boudeur il le connaissait par cœur. Ca l’amusa de le voir ainsi et il continua alors son chemin pour se rendre près de lui.
Bonsoir.
Il le laissa se tourner vers lui avant de prendre la parole.
J’espère que l’homme que tu avais dans ta ligne de mire ne va pas gâcher notre soirée. Tu sembles bien triste depuis que tu as vu son visage.
Il se demandait vraiment pourquoi Arthur avait cet air dur, mais il ne voulait pas non plus le forcer à en parler s’il ne le souhaitait pas.
Prêt à faire du patinage ? A moins que tu préfères d’abord faire un tour ?
Il y avait plein de choses à voir, donc ils pourraient venir patiner un peu plus tard s’il préférait.
Le temps est un concept bien étrange. Quand ce ne sont pas les heures qui paraissent des minutes, alors c'est l'inverse qui se produit et jamais pour les bonnes choses. C'est une grande et rare vertu que la patience, mais ici aussi, la situation joue son importance. Arthur a souvent fait preuve de patience avec les gens et c'est une qualité qu'on lui appréciait, mais dans cette réalité, il a connu le pire fléau qui puisse exister : les files d'attente. Oh ce qu'il peut avoir horreur d'attendre son tour, peu importe la raison ! Il est parmi ces personnes qui râlent au volant et qu'il ne vaut mieux pas chauffer, mais ça, c'est valable pour tout. La provocation est un bon moyen de le faire réagir, en bien comme en mal. Toujours est-il que ce ne sont que quelques minutes qui s'écoulent entre sa déception et l'arrivée de Merlin, mais que ça lui a paru interminable.
“Merlin ! Te voilà enfin.” Il le rejoint pour le saluer d'une tape amicale sur l'épaule. Il hausse les sourcils à sa remarque, perplexe un instant, avant de se souvenir du pseudo sosie du brun ; parce qu'il ne lui ressemblait pas du tout, au final. “Quoi, ce type ? Oh non, je l'ai juste pris pour toi. J'ai failli lui sauter dessus, pauvre gars.” Dit-il en rigolant. C'est la vérité, même si ça devait le faire passer pour un idiot, car mieux vaut écarter tous malentendus inutiles. “Allons-y tout de suite, avant qu'il y ait trop de monde.” Il a beau n'avoir jamais enfilé de patins de sa vie, il est enthousiaste à l'idée de découvrir une nouvelle activité aux côtés de son ami. Il l'attrape donc par la main pour le tirer avec lui à travers la foule, une main sans gant d'ailleurs, malgré les bons conseils du magicien. Il a tout de même pensé à l'écharpe, c'est déjà ça.
Lorsqu'ils arrivent devant la patinoire, Arthur soupire de souffrance en voyant la petite file de gens attendre pour y accéder. A bien y regarder, il y a de l'attente un peu partout et devant les stands de délices qui l'attiraient aussi, alors ça ne change pas grand-chose. Dans un cas comme dans l'autre, il devra s'armer de patience. D'abord, il tend le cou pour regarder à quelle vitesse la file avance. Ensuite, il ajuste son manteau et se frotte les mains pour les réchauffer et enfin, il prête attention à l'équipement de Merlin. Son écharpe est un peu lâche, alors il se permet de la resserrer pour garder son ami au chaud. Et comme ils ont un peu de temps à tuer, il est curieux de savoir si sa situation a bougé.
“Comment va la boutique ? Toujours aucune nouvelle de Yennefer ?” Demande-t-il, concerné. Il est au courant des faits bien sûr, mais il cherche surtout à savoir si tout va bien. Quelques changements sont venus perturber sa propre routine et il est toujours en phase d'hésitation, alors, il compatit assez bien avec la pression que son ami doit ressentir ; en plus de l'inquiétude. Ils ne sont pas sans connaître les dangers qui habitent cette île ou simplement ce monde, même s'il est plus facile de les ignorer.
Il était surpris par le ton de son ami, mais il n’eut pas le temps de vérifier, car ce dernier semblait perturbé par ses paroles. Face aux paroles de son ami, il secoua doucement la tête, amusé.
Lui sauter dessus, il a le droit à "pauvre gars", mais pour moi ça n’aurait pas été une mauvaise chose j’imagine ?
Oh, il imaginait parfaitement Arthur lui dire que se plaindre n’était pas la chose la faire, vu qu’il avait l’habitude ses pitreries. Mais le moment était venu d’aller patiner, sauf si le blond préférait d’abord faire un tour. Face à la réponse de son ami, il allait lui emboiter le pas, quand Arthur prit sa main dans la sienne. Il en fut particulièrement surpris. Ils avaient été tactile par le passé, mais c’était plus avec des coups de poings dans l’épaule ou des claques derrière la tête. Alors, sentir la main du plus âgé dans la sienne le perturba, mais il se reprit le plus vite possible, pour faire fonctionner ses jambes et ne pas tomber à la renverse comme un imbécile. Une fois dans la file d’attente, il fixa son ami, perplexe face à sa bougeotte. Mais encore plus quand ce dernier remet son écharpe en place. Cependant, Merlin se reprendre face à la question du blond.
Toujours aucune nouvelle non. Elle m’avait aussi donné le nom de quelques personnes qu’elle connaissait en ville, mais je n’ai pas réussi à leur mettre la main dessus non plus. Je ne sais pas si je la reverrai un jour. Pour ce qui est de la boutique ça va. Elle fonctionne bien et il y a toujours autant de monde à venir.
Cette pensée là le fit sourire. Il appréciait de discuter avec les habitués, comme les nouveaux clients.
J’ai d’ailleurs reçu un message récemment … de l’autre Arthur Pendragon.
Il savait que le sujet pourrait être sensible, mais autant dire la vérité tout de suite.
Il me propose de lui rendre visite chez lui, son Kaamelott. Je ne lui a pas encore répondu. Pour l’instant, j’ai du travail par-dessus la tête et je dois le gérer seul, donc je ne suis pas sûr d’avoir le temps de le rejoindre là-bas.
Pourtant, sa curiosité le poussait à accepter cette offre, mais il avait aussi l’impression que c’était trahir son Arthur.
Mais et toi ? Comment se passe ton travail ? Pas trop dur en cette période de fête ?
Voir les mains non gantées de son ami lui fit se rapprocher de lui. Il attrapa ses mains entre les siennes et les frotta doucement pour tenter de les réchauffer entre les siennes. Il le faisait tout en le fixant, pour écouter ce qu’il avait à dire sur son nouveau métier.
“Non, pourquoi ? L'affection est une mauvaise chose ? Tu te plaindrais même de ça ?? Tu me vois toujours comme une brute, hein.” Dit-il en secouant la tête, mais sans perdre le sourire.
Ils n'ont jamais eu la même vision de ces gestes amicaux qui, pour Arthur, ont toujours caché un message affectif. Il avait toujours été trop fier pour céder à la tendresse, ou pour donner un réel sens à ses sentiments. Il avait toujours eu confiance en son serviteur et l'avait vite considéré comme un ami, mais leurs rangs maintenaient tout de même une certaine barrière entre eux. Sans parler des mœurs, des jugements et de tout ce qui l'empêchait d'admettre la véritable nature de son affection pour Merlin. Ce ne fut que depuis sa nouvelle vie en ce monde, sa seconde chance, qu'il lui a fait une place dans son coeur. Il est plus facile de se comporter en ami désormais, mais d'autant plus difficile d'abandonner ces années d'amitié pour tenter le diable.
Si Merlin a toujours été doté d'une grande franchise, ça ne le rend pas plus facile à lire. Il connaît sa bonté d'âme, ne remettrait jamais en cause sa loyauté ni ses désirs de bien faire ; mais, impossible de savoir si son amour pour lui est réciproque. Il n'a plus peur d'y penser ou d'y mettre les mots, car non, ce n'est ni léger ni passager. Arthur est amoureux. Et il se sent comme à chaque fois qu'il est pris par ce sentiment enivrant : il veut impressionner, prendre soin de sa ou son bien-aimé et lui donner plus de raisons de rire que de pleurer. Il veut insuffler l'espoir, inspirer confiance et montrer qu'il ne fait pas semblant. C'était ainsi avec Guenièvre et ce n'est pas différent avec lui. Il a juste plus de mal à le justifier, de crainte qu'il ne repousse le brun et que leur lien se brise. Il ne supporterait pas de perdre sa complicité par égoïsme et préfère l'ambiguïté, sans rien clarifier.
“C'est tout de même inquiétant, mais elle a peut-être des affaires plus urgentes à régler.” Répond-il quant au sujet de Yennefer. Il ne la fréquentait pas et ne la connait donc pas assez pour tirer d'autres conclusions. Puis Merlin lui avoue avoir été contacté par l'autre Arthur Pendragon présent sur l'île, ce qui éveille déjà plus son intérêt. “Je comprends que ce ne soit pas ta priorité du moment, mais je ne peux que te conseiller d'accepter son invitation. Au moins pour l'écouter, savoir ce qu'il te veut vraiment et ... réfléchir ensuite ? Il ne m'a donné aucun détail là-dessus, mais j'étais si heureux de savoir que tu étais sur l'île que le reste m'est un peu passé au-dessus.” Avoue-t-il en riant, un peu gêné, mais il n'a pas le temps de se reprendre que ses mains se retrouvent prisonnières.
Il aurait vite fait de retirer ses mains fut un temps, mais il laisse Merlin les manipuler à sa guise. Le geste est agréable et la chaleur ne manque pas de lui monter aux joues, tandis qu'il hésite à lever les yeux. Il peut sentir le regard du magicien sur lui et l'espace d'un instant, ça le déstabilise. Il a bien entendu la question, mais ce n'est qu'après un court silence qu'il y répond. Il doit s'éclaircir la voix et se faire violence pour regarder le brun dans les yeux, mais surtout, pour maintenir son regard sans bafouiller. “Oh non, ça va. Ce n'est pas l'endroit le plus dangereux de cette ville et on est assez nombreux. Mon seul ennemi, c'était l'ennui, alors merci de m'en avoir sauvé ! Mais c'est ce que tu fais de mieux depuis notre première rencontre, après tout. N'est-ce pas ?” Dit-il avec un fond d'humour. C'est bientôt leur tour et Arthur se nourrit toujours de la chaleur du brun, de qui il se rapproche l'air de rien.
PRETTYGIRL
ps: vraiment désolée pour l'attente T.T
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Some people are worth melting for ||la patinoire|| ((Merlin&Arthur))
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