(Abandonné) Un petit meurtre et puis s'en va ϟ Will Graham
Invité
Jeu 8 Juil 2021 - 21:39
Un petit meurtre et puis s'en va
Will & Lucifer
Depuis que Lucifer était arrivé dans cette ville inconnue, le diable avait l'impression de devenir fou. La disparition de Chloe, la perte de ses pouvoirs et les changements que la ville ne cesse de faire avaient le don de le faire tourner en bourrique. Pour couronner le tout, il ne cessait de se poser tout un tas de questions. Chloe existait-elle ? Était-elle morte ? Lucifer ne voulait pas s'imaginer le pire, mais plus les mois passaient, plus il avait la sensation de l'avoir imaginé. Pour éviter de se faire du mal, l'alcool et les soirées étaient de bons remèdes, d'autant qu'il ne tenait plus comme auparavant l'alcool. Morningstar se demandait également si ce n'était pas un sale coup de son père, Dieu ou encore de son jumeau Michael. Il ne voyait que cette option. Après tout Dieu était venu sur Terre suite à la querelle avec Michael. Une punition semblait être la suite logique. Lucifer se demandait même s'il n'était pas piégé dans son propre enfer. Et si sa boucle était de chercher désespérément le Lieutenant et ses pouvoirs ? Il ne valait donc mieux pas être Dieu, ni Michael pour ne pas avoir les oreilles qui sifflent suite aux nombreux jurons de ce dernier. Afin de se changer les idées, Lucifer entreprit de conduire sa corvette, seul lot de consolation dans son malheur. Au volant de celle-ci, il parcouru une partie de la ville et aperçu sur le côté une scène de crime. Lucifer cru apercevoir Chloe de dos et pilla sur la route. « Lieutenant ! ». Le bruit de ses pneus grinçants sur le goudron attirèrent l'attention des quelques badauds venus observer le drame. Le diable se gara ensuite devant eux, sortit de la corvette en claquant la porte, marcha d'un pas franc et rapide tout en remettant son costume en place, passa sous les banderoles interdisant l'accès et se dirigea vers ladite Chloe. Sur son passage, il cogna Will Graham tout en pestant : « Poussez-vous vous êtes en plein milieu de mon chemin ! » avant d'arriver derrière la jolie blonde :
« Lieutenant ! »
Lucifer la fit se retourner et la serra dans ses bras avant de s'apercevoir tardivement qu'il ne s'agissait guère de Chloe Decker. « Vous n'êtes pas elle ! Vous n'êtes pas le Lieutenant ! » Morningstar eut un air de dégoût avant de pousser la jeune femme et de remettre en place sa veste de costume. Lucifer regarda autour de lui dans l'espoir de la trouver, son regard se posa sur Will Graham qu'il avait bousculé précédemment sans jamais même s'excuser.
« Vous ! l'intello ! » s'exclama-t-il tout en s'approchant de lui : « Vous n'aurez pas vus un Lieutenant de police ? Elle s'appelle Chloe Decker, c'est une magnifique jeune femme qui est la meilleure enquêtrice que je connaisse ! » Il jeta un regard sur le corps devant elle : « Le Lieutenant vous résoudrez cette affaire en un claquement de doigts ! » Lucifer ajouta en voyant ce dernier l'observer : « Oh je vous en prie, qu'est-ce que vous attendez pour me répondre? J'ai d'autres occupations plus intéressantes à faire ! »
Tandis que les experts scientifiques s'affairent autour du cadavre encore frais d'un quarantenaire trouvé décapité avec une précision en soi remarquable, Will demeure légèrement à l'écart de la scène de crime, il observe, et se soustrait progressivement à l'agitation ambiante pour se façonner à partir de ces indices indécelables mais qu'il perçoit si vivement, si distinctement, une vision précise, un déroulé précis, d'une précision presque chirurgicale, à vrai dire, des événements qui ont mené à cet instant précis. Son esprit n'est plus tout à fait sien, celui de l'autre, qui n'a pas encore de nom ou de visage mais dont le dessein se fait de plus en plus clair, limpide, en lui, envahit son cortex cérébral. Neurones miroirs en action, une vision de plus en plus clair, ce don qu'il a davantage de peine à faire comprendre et à exercer en l'absence de Jack (mais à dire vrai, il est préférable que Jack ne soit pas là, et qu'il ne puisse pas, surtout, avoir conscience de ce qu'il est doucement, irrémédiablement, devenu). Car ceci est son...
Un type en costume se presse comme un beau diable (c'est le cas de le dire) vers le lieutenant à quelques mètres et le bouscule au passage. Retour brutal à la réalité pour Will, qui suit à présent du regard l'importun, qui s'empresse de serrer le lieutenant, son lieutenant, dans ses bras sous les airs interloqués de cette dernière. Il y a l'évidence erreur sur la personne. Will n'a pas la moindre envie de s'en mêler pour sa part, mais l'homme ne lui laisse guère le choix au moment de se tourner vers lui pour lui adresser directement la parole sans y mettre les formes. Une impolitesse que d'aucuns, un surtout, ne tolèrerait certainement pas si facilement.
Il cherche une Chloé Decker, qui serait lieutenant de police. Will n'est revenu travailler pour la police que de puis peu, avant cela, il a rencontré quelques contretemps (un long séjour en institut psychiatrique, notamment), aussi ne pourrait-il prétendre connaître l'entièreté de l'organigramme de l'organisme de police de la ville, d'autant que celle-ci se plaît à l'évidence à vous jouer tous les tours décourageants possibles. Il peut au fond comprendre la détresse manifeste (mais néanmoins impolie) de cet homme à la recherche désespérée de cette femme qu'il n'a pas dû revoir depuis près de deux ans, comme lui-même à erré bien trop longtemps à sa recherche, et par conséquence à la recherche de lui-même.
Ce n'est pas pour autant qu'il se sent d'humeur plus sympathique envers lui, outre l'effort social que cela lui demanderait, on ne peut pas dire que l'homme ait fait grand-chose pour se rendre aimable non plus de son côté. Empathique certes, il l'est, mais empathique ne veut pas forcément dire sympathique, pas plus que compatissant, d'ailleurs.
"Vous êtes sur une scène de crime, par définition interdite aux curieux, l'espace a été délimité par des rubalises, j'imagine que ça ne vous a pas échappé au moment de vous jeter sur notre lieutenant comme la misère sur le monde", dit-il très posément, sincèrement agacé par le comportement de cet homme qui a l'air de se croire chez lui, dans ce monde où il n'est à l'évidence personne. "Je ne connais pas de Chloe Decker, mais je vous conseillerai d'éviter de contaminer toutes les scènes de crime que vous trouverez sur votre chemin dans l'espoir de la retrouver, ce sera une perte de temps pour vous autant que pour nous."
Encore une désillusion de plus pour retrouver Chloe. L'espoir fait vivre dit-on ! Lucifer en avait un goût amer. Son père ou son jumeau Michael devaient être à l'origine de tout cela, il n'arrivait pas à trouver une autre logique. Ces deux-là aimaient jouer avec ses nerfs, une énième punition. Le Diable se retrouvait vulnérable, comme si sa punition était de devenir un simple humain, peut-être était-ce à force de les côtoyer de plus près à Los Angeles. Ne pas retrouver le Lieutenant, ni ses pouvoirs, c'était tout simplement la double peine. Lucifer n'arrivait pas à trouver un sens à sa vie ici et il se rattachait désespérément à son ancienne vie. Lâchant l'inconnue, Morningstar se dirigea vers Will Graham pour l'interpeller, ne se souciant guère d'être sur une scène de crime. Après tout, il avait toujours été comme ça. Cela ne fera pas revenir cette pauvre victime !
« J'ai vu bien pire en Enfer, un mort reste un mort ! Je ne comprendrai jamais les humains pour cette fascination envers la morbidité. Je ne vois pas ce qu'il y a de si excitant à observer un cadavre ! » Lucifer évoqua ses propos tout en regard le corps. « Ce n'est pas étonnant qu'il ait perdu la tête, cette ville rend totalement cinglée ! » Morningstar ne pu s'empêcher de sourire à sa remarque avant de reprendre tout en plongeant son regard dans celui du profiler : « Lucifer Morningstar, je suis consultant au sein de la police. » L'ange déchu sortit de la poche intérieure de sa veste de costume, une flasque d'alcool qu'il ouvrit avant de boire une bonne gorgée avant de la refermer et ranger. « Oh ce n'est pas comme si vous aviez autre chose à faire ! C'est même sans doute le seul moment d'adrénaline de votre misérable vie. »
Une déduction qu'il fit en observant son apparence. L'inconnu avait l'air d'un homme renfermé, coincé pour ne pas dire introverti. Et puis comment peut-on porte des couleurs si terne ? C'est une faute de goût sans nom ! Lucifer devrait l'inviter au Lux un de ces jours histoire qu'il se lâche un peu, il en aurait bien besoin !
« C'est votre jour de chance ! Je vais vous aider à boucler cette enquête ! Après tout, si mon Enfer est de vous supporter et de résoudre cet ennuyeux crime pour passer le temps, autant s'en débarrasser tout de suite ! » Lucifer posa ses mains sur ses hanches et balaya la scène de crime du regard : « Bon où pourrait bien être cette tête ? » Lucifer pensait qu'il était dans sa boucle infernale et si sa boucle est de résoudre les enquêtes sans Chloe, il était contraint de le faire non ? A moins que de résoudre les enquêtes, lui permettrait un jour de tomber nez à nez sur le Lieutenant ?
Il a vu bien pire en Enfer, qu'il lui réponde. A l'évidence, Will a affaire à quelqu'un qui a le sens du dramatique. Il ne le considère pas comme un défaut en particulier, il a toujours un certain intérêt pour l'emphase, la grandiloquence, même si cela ne se constate en rien à première vue, ni dans son apparence, ni dans la manière qu'il a de s'exprimer. En revanche, ce discours ne le rend pas beaucoup plus sympathique au profiler, d'autant qu'il n'est pas totalement d'accord avec les propos qu'il tient. Non, tous les morts ne se valent pas, et tous les crimes non plus.
C'est là tout l'intérêt - toute la beauté, même - de la chose. Un sujet sur lequel il sera à l'évidence inutile de débattre. En quelques mots seulement, l'homme lui laisse aisément entendre que leurs opinions sur la question ne sauront que diverger. La fascination pour le morbide s'exerce bien trop consciemment sur lui pour qu'il se joigne à son opinion, en revanche, ce n'est pas tant observer un cadavre qu'il trouve "excitant", ce qui le fascine, c'est le dessein qui a motivé la création de ce tableau particulier... même s'il n'est certainement pas le plus élégant qu'il ait eu le loisir d'observer, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre.
Le type se présente finalement, légitimise sa présence sur les lieux du crime. Un consultant, encore un... Ils sont légion, ici. Les flics aussi. Et leur nombre n'a en rien pour effet, malgré tout, de juguler en quoi que ce soit le flot constant de nouveaux cas. Cette ville rend fou, c'est certain, et elle semble donner comme un passe-droit à ceux qui ne s'en autorisaient pas jusqu'alors (ce pourrait difficilement être Will qui les en blâmerait - lui-même ne s'est pas privé de prendre le sien, de passe-droit).
Will observe sans rien dire son interlocuteur boire une gorgée d'une flasque qui, très certainement, ne doit pas contenir que de l'eau. Un consultant pour la police alcoolique et arrogant... bah... il n'a pas vraiment envie de s'offusquer pour si peu, il en a déjà rencontrés d'autres. En revanche, il aimerait qu'on le laisse faire son travail tranquillement. Il n'exerce jamais mieux son don que dans la concentration, dans la solitude. Et autant dire qu'en matière de concentration et de solitude, il n'est pas particulièrement servi à l'heure actuelle.
"Le tueur l'a emportée avec lui", répond tranquillement Will tout en regardant en direction du cadavre plutôt que de poser les yeux sur son interlocuteur, évitant le contact visuel autant qu'il le peut. "C'est un collectionneur, ce n'est pas le premier corps qu'on retrouve privé d'un membre, jamais le même. La découpe est toujours élégante, chirurgicale. Toujours des hommes, dans la quarantaine. Celui-ci... doit être sa pièce maîtresse." Il marque une pause. Reporte son attention sur son interlocuteur. "Vous avez été affecté officiellement à cette enquête ou vous passiez juste dans le coin ?"
Lucifer joua les bons seigneurs en souhaitant aider sur l'affaire comme s'il était indispensable. En tout cas, le Diable l'avait été avec sa partenaire autrefois. Depuis son arrivée ici, il n'avait pas trouvé de chaussures à son pied en termes de coéquipiers. Il faut dire que personne ne remplacerait à ses yeux le Lieutenant. Si cette ville était sa boucle infernale et qu'il était condamné, autant s'occuper du mieux qu'il le pouvait. C'est pourquoi Lucifer s'imposa et s'invita dans l'enquête de l'intello. Tandis que Morningstar s'interrogea sur la localisation de la tête manquante, Will Graham rétorqua immédiatement à sa question. Lucifer grimaça :
« Drôle de collection, il aurait été beaucoup plus simple d'en faire une de playmobil ou encore de funko pop ! » Un peu d'humour ne faisait pas de mal, en tout cas Lucifer essaya d'en faire pour éviter de s'emporter. Il ne ressentait que du dégoût à l'égard de ce tueur et une envie irrésistible de vengeance. Ce genre de personnes ne méritait pas de vivre à son sens. Morningstar dévisagea Will en écoutant la suite de son propos. Le Diable voyait bien la fascination que Will éprouvait pour le travail de ce meurtrier par rapport au choix de son lexique. Lucifer n'y voyait que de la barbarie. D'ailleurs, ce paradoxe entre le profiler et ce qu'il ressentait, le fit réfléchir : « Chirurgicale dites-vous ? Votre homme de quarante ans doit également exercer dans le milieu médical, une boucherie ou encore dans celui des pompes funèbres. Une personne n'ayant aucune connaissance du corps humain n’aboutirait à un tel résultat. »
Lucifer jeta un bref regard en direction de la coupure du corps avant de mettre ses mains dans les poches de son pantalon. Un sourire amusé parcouru son visage lorsque Will se demanda s'il avait été affecté à l'enquête :
« Qu'est-ce que cela peut vous faire ? Je suis là maintenant, c'est le principal ! Oh cachez votre joie je vous prie ! Vous verrez, on va bien s'amuser ! » un petit rire accompagna sa dernière tirade avant d'ajouter avec une intonation vengeresse : « Ce monstre ne paie rien pour attendre. Il ne sait pas ce que l'Enfer lui réserve. Jeffrey Dahmer peut en témoigner, il me suppliait de mettre fin à son supplice. » cette fois-ci, Lucifer avait un sourire sadique sur les lèvres. S'il n'aimait pas son rôle de Prince des Ténèbres, il devait admettre que de punir ce genre de monstre procurait le plus grand bien. « Malgré cette maigre information, avez-vous autre chose ? Des témoins ? Le Lieutenant interrogeait toujours des témoins. Peut-être que le tueur fait partie de ses badauds trop curieux ? Peut-être admire-t-il son immonde œuvre d'art. »
« Je doute fort que l’ambition de notre tueur soit d’exposer les membres amputés de ses victimes sur ses étagères », réplique Will avec cynisme quand son interlocuteur rebondit sur sa remarque en observant le caractère abject et intrigant d’une telle « collection ».
Pas que la remarque de son interlocuteur nécessitait la moindre réplique, mais qu’importe. Les traits d’humour du genre il les entend, les tolère dans une moyenne mesure, mais les accepte avec moins de patience quand elles lui viennent d’une personne qui, pour commencer, ne sait lui inspirer que le plus total agacement. Certes, au fond, il ne sait vraiment pas grand-chose de cet homme, lui laisser le bénéfice du doute serait sans doute la moindre des choses, mais il n’en a guère l’envie ou la patience. Déjà qu’il a celle de l’écouter interrompre le flot de ses pensées pour venir les parasiter avec les siennes. « Pas un boucher, non », ajoute-t-il en entendant les suggestions de son interlocuteur, qui sont celles auxquelles il a lui-même abouti au préalable, et sans chercher à expliciter son propos. La frontière entre certitudes et intuition, en ce qui concerne Will Graham, est quelque chose de particulièrement ténu, et surtout une chose qu’il ne voit pas la peine d’expliciter plus que nécessaire. Voire expliciter tout court. Il fait le travail qu’on lui demande, et qu’importe le cheminement alambiqué de sa pensée, le fait est que le résultat est là, alors pourquoi s’embarrasserait-il à justifier les fondamentaux de sa pensée, disons-le tout net, perturbée. « Mais un membre du corps médical, c’est très probable, en effet. »
Quand Will commet l’erreur de poser davantage de questions à son interlocuteur, ce dernier lui adresse bien évidemment une réponse moins que satisfaisante, et qui n’a le don que de l’agacer davantage. Bien sûr que ce type, consultant ou pas, n’aura – comble d’impossibilité – aucun semblant de respect pour lui ou son travail s’il n’en a déjà pas sur sa hiérarchie. Au-delà de la suffisance qui est à l’évidence la sienne, à s’imaginer que la résolution de n’importe quel crime est naturellement à sa portée (suffisance dans laquelle le profiler pourrait au moins un peu se reconnaître mais passons). « Ou peut-être que vous êtes cet assassin venu contempler son œuvre », répond-il sans aucune réaction quand son interlocuteur lui parle de Jeffrey Dahmer qui aurait supplié cet homme de mettre fin à son supplice en enfer. Car oui, à ce compte, ce type pourrait tout aussi bien être l’assassin revenu sur les lieux de son crime pour admirer son « travail », au vu des discours sans queue ni tête qu’il formule sans sourciller. Il pourrait, mais Will sait qu’il ne s’agit pas de lui. Non, ce n’est pas le genre de leur homme. Et il ne veut pas rentrer dans le jeu de son interlocuteur, il le fait déjà trop. « Ce n’est pas mon rôle d’interroger les témoins, je me contente d’analyser les scènes de crime », ajoute-t-il, de relative mauvaise foi Will préfère ne surtout pas rentrer dans son jeu, quitte à être de mauvaise foi, car bien sûr, interroger des témoins peut faire partie de ses attributions quand cela s’avère nécessaire. « Mais si vous voulez les interroger un à un, faites donc, loin de moi l’intention de vous retenir. »
« Ce serait une faute de goût monumentale ! » Rétorqua-t-il en imaginant le salon du fameux tueur accompagné d'une grimace. Cependant, Will Graham attira son attention : « Que fait-il avec alors ? » Lucifer essaya de comprendre avant de pousser une autre grimace : « Il les mange vous croyez ? Sa torture en Enfer sera vite trouvé ! Mangé par des cochons ! Extra ! »
Lucifer s'en frotta les mains, dommage qu'il n'avait plus l'accès à l'Enfer pour voir ça. Concernant le potentiel métier du meurtrier, le profiler n'imaginait pas un boucher, mais bien un membre du corps médical. Puis soudain ce dernier l'accusa d'être le meurtrier. Morningstar ignorait s'il était sérieux ou non. Quoi qu'il en soit, Lucifer se mit à rire : « Ce n'est pas parce que je suis le Diable que je commets vos sales crimes d'humains ! » L'Ange déchu ne mentait jamais, néanmoins, il savait que de nombreux humains ne le croyaient pas. Peu importe, il n'y mettait aucune transparence : « Et puis je ne vais pas salir mes beaux costumes, car oui le Diable s'habille bien en Prada ! » Lucifer lui adressa un grand sourire amusé tout en replaçant convenablement les boutons de manches de sa chemise blanche. « Comme notre chère Ella Lopez ! » Dit-il avec le sourire au sujet du métier de Will Graham. Pendant quelques secondes, Morningstar éprouva de la nostalgie. La jeune femme lui manquait avec sa joie et sa bonne humeur bien différente du tempérament du profiler. Néanmoins, Ella avait l'air beaucoup plus investit que l'homme à ses côtés.
« Vous avez raison, laissons ce genre de bassesses aux subalternes. » Lucifer ne se rendait pas compte qu'il pouvait blesser des personnes avec son comportement. Il ne pensait qu'à sa petite personne la majorité du temps. « Et donc monsieur le bureaucrate, hormis la découpe quelles sont vos conclusions ? » Parce que pour le moment, Lucifer avait l'impression que son interlocuteur ne s'impliquait pas davantage dans l'enquête. Enfin, ce n'était que la sensation qu'il avait dans la mesure où paraissait si froid et si inerte. Lucifer brûlait d'envie de le secouer comme un cocotier. « Vous comptez faire le pied de grue encore longtemps ? Parce que ce n'est pas en étant si passif que nous allons retrouver sa tête et encore moins son assassin ! »
"Vous faites vraiment une fixation sur l'Enfer", remarque posément Will tandis que son interlocuteur évoque le sort réservé au tueur si celui-ci devait être un cannibale.
Théorie dans laquelle Will ne croit pas. Et en matière de cannibalisme, il peut affirmer qu'il est devenu pour ainsi dire expert. Il ne croit pas davantage à cette forme d'enfer - ou à l'enfer tout court - qui adapterait votre divine punition à vos actions sur terre. Ainsi qu'Hannibal se plaît à le signifier, si leur dieu s'amuse à faire s'effondrer des toits d'église sur ses plus fidèles dévots, il ne faut pas s'attendre à un justice divine équitable ou équilibrée, loin de là. Ce qui n'est sans doute pas plus mal. Et cela, bien sûr, c'est si on admet l'existence d'un dieu. Ce qui n'est pas le cas de Will. "Remarque, cela change de ceux qui estiment s'y trouver déjà."
Hypothèse qu'il n'a jamais totalement cautionnée mais qui l'a tout de même effleuré. Difficile, en même temps, de ne pas être tenté par cette possibilité quand on est mort soi-même, et quand on a pu constater que beaucoup d'autres ont connu une mort plus ou moins cruelle avant leur arrivée également. Mais non, il ne croit plus vraiment en cette théorie. L'idée d'un chaos ordonné, ordonnancé selon un dessein qui constamment lui échappe pourrait correspondre à une vision convaincante de l'enfer, ou de son enfer personnel. Mais bien d'autres choses ne collent pas. "Il ne mange pas ses victimes, il veut recomposer les morceaux qu'il collecte pour en faire autre chose, qui sublimerait l'état initial des cadavres qu'il crée." Il marque une pause. "Au passage il n'est pas moins suspect de prétendre être le diable que d'intervenir spontanément sur les scènes de crime qui se trouvent sur votre chemin", ajoute-t-il, ne prenant certainement pas au pied de la lettre le discours de son interlocuteur.
Il le prend seulement pour un plaisantin, un fanfaron, le genre à aimer se faire remarquer en en faisant des tonnes, tant qu'à faire. Cette élégance de laquelle il se proclame pourrait éventuellement susciter un intérêt certain chez Will si tout le reste de son comportement n'avait pas pour effet d'immédiatement faire vaciller ce même intérêt.
Pas de réaction de la part de Will, évidemment, quand il entend parler de cette Ella Lopez qui doit certainement appartenir à la vie passée de son interlocuteur, et qui donc, par conséquent, ne lui dit absolument rien, juste un léger agacement, tout de même étouffé. Il se doute que sa passivité apparente use sa patience, mais ça lui est bien égal, bien au contraire, même, s'il peut jouer un peu avec ses nerfs comme l'autre n'épargne pas les siens, il estimera que ce n'est jamais là qu'un juste retour des choses au bout du compte.
"Je vais retourner au commissariat leur transmettre mon rapport, si vous voulez jouer les chasseurs de tête, rien ne vous en empêche, je suppose."
« C'est normal puisque je vous dis que je suis le roi des Enfers ! Le Diable, Satan, le prince des Ténèbres, le Serpent, Belzébuth. » S'exclama-t-il avant de voir qu'il devait passer pour un fou dans la mesure où il n'avait aucun pouvoirs dans cette ville, Lucifer soupira : « Oh laissez tomber ! »
Ce serait un dialogue de sourd et il avait connu cela avec le Lieutenant. A la différence que Chloe était plus joyeuse et souriante que cet homme. Lucifer leva les yeux au ciel, décidément Will Graham était sa propre torture ! Lui qui pensait être dans sa propre boucle infernale était servit !
« Vous ne comprenez décidément rien ! Mon Père, Dieu, doit me jouer un tour ! Il aime me punir et il a dû trouver satisfaisant de me bloquer dans mon propre Enfer. »
D'un point de vue extérieur, l'Ange déchu devait être bon pour l'asile psychiatrique. C'était comme apprendre à une carpe à jouer du violon. Une chose est sûre c'était que Will avait réussi à le frustrer et l'agacer avec son attitude si indifférente. Un vrai bourreau de l'Enfer ! La conversation reprit ensuite sur le meurtrier. Décidément, Will et le Diable n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Lucifer le dévisagea, il avait du mal à suivre le profiler : « Comme un puzzle ? Un assemblage de mannequin en plastique ? »
Dans tous les cas, Morningstar ne voyait pas sublime ni fascinant de faire joujou avec des membres d'un cadavre. Son idée de vengeance était toujours présente, ce genre de personne devait payer pour cette atrocité. C'était le rôle du Diable de rendre justice en punissant. « Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez l'intello ! »
Si Lucifer s'était présenté, ce ne fut pas le cas de Will dont il ignorait tout de l'identité de ce dernier. Morningstar lui jeta un regard de défi et de provocation avant de rire : « Je peux montrer patte blanche ou ma queue fourchue si vous le désirez ! » D'ailleurs, Lucifer avait une folle envie de lui demander ce qu'il désirait, mais depuis qu'il avait atterrit ici, son pouvoir ne marchait pas. Devait-il essayer au risque de se prendre un vent magistral par la porte de prison qu'il avait devant lui ?
« Oh ça c'est plutôt le travail de Maze. » un sourire amusé : « Puisque je ne suis pas avec un Lieutenant, je vais donc m'adapter à votre travail de bureaucrate à mourir d'ennui ! Je vous suis ! »
Si Will faisait partie de son Enfer, autant passer la journée avec lui. C'était comme passer du temps avec le Lieutenant Ducon, mais en moins drôle. Qui sait ? Peut-être que le Diable arriverait à le décoincé un peu ? Une petite soirée au Lux ne lui ferait pas du mal ! Mais bon, il ne devait pas mettre la charrue avant les bœufs ! Ce n'était pas gagné de déjà tirer un sourire au profiler alors le voir danser dans une boite de nuit, c'était limite de l'ordre de l'impossible !
Oh, cet homme peut bien s'égosiller à se donner tous les noms que Satan se donnerait lui-même, il reste assez évident que Will sera incapable de le croire sur parole, et ce n'est pas faute pourtant d'avoir revu singulièrement à la baisse ce qu'il estimait possible et impossible avant son arrivée dans cette ville. Il y a bien des certitudes qu'il a remisées depuis son arrivée ici, mais non, même au moment d'éventuellement bien vouloir entendre la suggestion qu'il se trouve en enfer, ou dans une sorte d'après-vie, en tout cas (logique en même temps, puisqu'il est mort ou du moins convaincu de l'être), il lui est tout bonnement impossible de croire que le seigneur des Enfers puisse se tenir à côté de lui.
En même temps, il faut le comprendre, rien ne colle à la vision qu'il se ferait éventuellement d'un tel individu. Le costume à la limite, mais pour le reste... On ne va tout de même pas lui faire croire que le grand Lucifer n'aurait rien de mieux à faire de son temps que de venir lui casser les pieds sous le prétexte de résoudre des enquêtes en sa compagnie alors que lui-même n'a rien demandé à personne et voudrait bien continuer sur cette droite lignée, tant qu'à faire.
Et dire qu'il en rajoute. Dieu son père, hein ? Bon, en même temps, si l'on admet que Dieu est le père de tout le monde. Faudrait du coup qu'il reconnaisse dans la foulée qu'ils sont frères, c'est ça... bon, il n'a vraiment pas de temps à perdre avec de telles élucubrations. La preuve, il ne cherche même pas à y répondre. "Les preuves sont présentes partout sur la scène de crime, il n'y a rien que j'invente ou imagine", se contente de répondre Will, qui n'a pas très envie de s'amuser à développer un argumentaire que Jack réclamait parfois de sa part, autrefois, quand il prétendait ne faire qu'interpréter les preuves mais savait à partir de rien déployer un scénario élaboré que rien ou presque ne laissait suggérer. "Par ailleurs, je m'épargnerai à merveille d'avoir un aperçu de... votre queue fourchu. Ceci dit, si vous êtes à ce point avide de preuves, je suppose que vous devriez pouvoir m'en fournir facilement de ce que vous avancez, n'est-ce pas ?"
Mais pourquoi jouer à ce jeu-là ? Ce n'est pas comme s'il s'attend vraiment à être bluffé par... les aptitudes diaboliques de son interlocuteur, il ne fera que perdre son temps. Ce qui cela dit est le cas depuis le début de leur conversation.
"Vous ne comptez tout de même pas sur moi pour jouer les taxis, n'est-ce pas ?" demande-t-il en constatant que l'homme n'a toujours pas l'air décidé à lui lâcher les basques. Je suppose que vous n'êtes pas venu jusqu'ici à pieds.
Lucifer était face à un humain vraiment complexe. Il ignorait s'il avait véritablement un capital sympathie quelque part ou s'il s'agissait de son caractère. Pourtant, le Diable n'en démordait pas. Morningstar n'aimait pas être défaitiste et lâcher l'affaire si facilement. Après tout si Will Graham avait choisi ce métier, c'était qu'il n'était pas aussi horrible qu'il le laissait supposer. Le profiler devait apprécier de punir les coupables, rendre justice à moins que ce soit pour assouvir un côté morbide et irrationnel. Le Diable préférait s'appuyer sur la première hypothèse, mais quelques doutes persistaient. Will ne semblait pas rentrer dans son petit jeu.
« Je n'en doute pas une seule seconde, mais vous n'avez pas l'air très coopératif. »
En tout cas, il ne l'était pas à son égard. Pensait-il vraiment qu'il était le meurtrier ? Lucifer n'y croyait pas une seule seconde, Will était intelligent et s'il avait eu le moindre doute à son égard, le propriétaire du Lux serait déjà menotté. En revanche que le profiler soit l'assassin ne l'étonnerait guère. Lucifer se mit à rire à sa répartie, il devait l'admettre, il n'avait pas pensé à cela. Graham était en train de se lâcher ? :
« Oh je ne vous imaginais pas si coquin l'intello, vous commencez à me plaire ! » Morningstar lui adressa un sourire amusé avant de sentir la provocation de Will Graham le démanger. En effet, Lucifer se jeta à l'eau sans réellement penser que son petit tour allait marcher.
« Bien voyons ce que vous avez dans le ventre l'analyste. »
Le consultant le fixa droit dans les yeux tout en venant lui poser la question dont il avait le secret :
« Qu'est-ce que vous désirez ? »
Lucifer s'attendait à un véritable échec de son don. Pourtant, après deux ans de résilience, celui-ci réapparu telle une mauvaise blague ou une ironie du sort. Était-ce une plaisanterie de son père ? Avait-il réussi à démêler un quelconque blocage qui l'empêchait de s'actualiser ? Trop de questions demeuraient et pour l'heure, Lucifer allait enfin connaître ce que Will Graham désirait le plus au fond de lui. Concernant le trajet qui menait au commissariat, le profiler ne semblait guère vouloir de sa présence en voiture.
« Comme si j'allais monter dans votre tas de ferraille ! Ma voiture me convient parfaitement ! J'arriverai même sans doute avant vous ! » Rétorqua-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence. Après tout Lucifer ne comptait pas laisser sa Corvett à l'abandon pour jouer au covoiturage.
Non, en effet, Will n'est pas quelqu'un de coopératif. Il sait l'être, oui, dans le cadre de son travail, parce qu'il le faut bien, mais de préférence auprès de ceux avec qui on l'aura au préalable informé de la nécessité de collaborer. Ce type qui sort de nulle part, lui tape singulièrement sur le système et prétend être le diable n'est certainement pas le genre d'individus auprès de qui il a non seulement envie de faire des efforts, mais qui plus est l'intention de se montrer un tant soit peu conciliant. Si son absence totale de bonne volonté à son égard pouvait le dissuader une bonne fois pour toutes de se débarrasser de lui, il en serait à l'évidence ravi, mais rien n'est jamais si simple, bien sûr, et le type est retors. Le genre de trait de caractère que l'on peut trouver admirable quand on n'a pas à le subir comme c'est son cas.
Il accueille avec indifférence la remarque de son interlocuteur quand ce dernier souligne son trait d'esprit, il se fiche de plaire ou de déplaire à son interlocuteur. Il n'est pas certain de vouloir être en odeur de sainteté auprès de cet homme, comme il ne cherche pas à l'être auprès de qui que ce soit par ailleurs (ce serait, à l'évidence, peine perdue, il l'a compris de longue date). Qui s'efforcerait de plaire au diable en personne, au passage ? Ce n'est pas forcément une situation d'avenir, ça ? Quoique si entités divines il devait y avoir, il estime qu'il serait certainement davantage apprécié d'un diable que d'un ange. Mais au diable, il n'a pas affaire... ... n'est-ce pas ?
Will n'a pas le temps de se dérober au regard de son interlocuteur (croyez bien que ce n'est pas l'envie qui lui manque, pourtant, d'autant qu'il a plutôt tendance à s'épargner tout contact visuel avec les personnes avec qui il interagit - à une exception près), et la question qu'il lui pose alors, très direct, le prend au dépourvu. Pas tant la question en elle-même, d'ailleurs, que la manière dont il y répond.
A cette question, il y aurait bien eu des manières - et honnêtes qui plus est - de répondre. Qu'est-ce qu'il désire ? Il désire que ce type lui fiche la paix. Il désire en finir avec cette enquête, il désire rentrer chez lui. Mais non, c'est un désir beaucoup plus profond qu'il exprime, quelque chose qu'il n'a sans doute jamais articulé avec autant d'acuité qu'en cet instant, pas même lors de ses multiples séances de thérapie avec Hannibal. Parce qu'il n'en a peut-être pas conscience lui-même.
"Être aussi puissant que je l'étais cette nuit-là, sans douter ou avoir peur, sans faire machine arrière."
Il se recule d'un pas, pris de court par son propre discours et par le naturel avec lequel il l'a exprimé. Mal à l'aise, évidemment. Certes, il n'en a pas tant dit. Mais il en a clairement trop dit aussi, malgré tout. Alors il essaie de reprendre le fil de la conversation comme si de rien n'était, non sans difficulté. "C'est ça, n'hésitez pas à prendre beaucoup d'avance."
Sauf que Will, de son côté, songe que s'il doit rejoindre sa voiture, il va sans doute éviter de rejoindre le commissariat tout de suite et plutôt faire un détour par chez lui.
Lucifer était quelqu'un de téméraire et plus il voyait chez une personne un trait de caractère qui l'intriguait, l'exaspérait, l'amusait ou qu'il appréciait, plus le Diable jouait là-dessus. C'est pourquoi, il prenait un malin plaisir à embêter le lieutenant Ducon tout comme il prenait également plaisir à le faire avec Will Graham, dont Morningstar ne connaissait pas son nom au passage. Suite à la provocation de ce dernier. Le Diable fut tenté de découvrir son plus profond désir. Pourtant, sa tentative était comme une bouée de secours. En deux ans, ses pouvoirs n'avaient pas réapparu. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait fait son petit tour sans le moindre succès. Alors, lorsque son pouvoir vint à se réaliser, Lucifer n'en perdit pas une miette. L'Archange pensait entendre un désir inassouvi assez cocasse comme vouloir devenir petit rat d'opéra ou encore posséder sa propre collection de Clown. Au contraire, son désir fut....tout autre. Lucifer le dévisagea. Il tirait une tête de six pieds de long comme s'il apprenait que...l'analyste avait tué cet homme sauvagement ? En tout cas le propriétaire du Lux venait d'y croire dur comme fer, créant ainsi un joli quiproquo. Lui qui venait d'être accusé à tort de ce crime, venait à présent de penser que c'était l'inverse. Il n'avait même pas le temps d'apprécier le retour de son mojo et encore moins de se questionner sur le pourquoi du comment il s'est mis en marche avec Will et pas quelqu'un d'autre. Le profiler venait de le laisser sans voix ! Lucifer continua de le dévisager tandis que Graham rétorqua de prendre beaucoup d'avance avec un soupçon d'ironie pour ne plus l'avoir sur le dos. Une façon bien habile de ne plus parler de ce qui venait de se produire. Si la route des deux hommes devaient sans doute s'arrêter ici, l'Ange déchu en décida autrement. En effet, Morningstar se mit à suivre Will jusqu'à sa voiture : « Vous pensez aller où comme cela ? Nous n'avons pas terminé notre charmante conversation ! »
A ses mots, Lucifer arrêta Will en l'attrapant par l'épaule l'obligeant ainsi à se retourner. S'il avait eu son visage de Diable, il le lui aurait montré afin de lui montrer un bref aperçu de ce qui l'attendrait en Enfer.
« Quand j'émettais l'idée que le meurtrier devait admirer son œuvre je ne m'attendais pas ça ! Le rat de bibliothèque asocial que tout le monde ignore. » Lucifer s'approcha de lui : « Où avez-vous mis la tête de ce pauvre macchabée ? Vous éprouvez de la puissance à décider qui doit vivre ou mourir n'est-ce pas ? Vous aimez vous prendre pour mon père ?! »
Lucifer faisait référence bien évidemment à Dieu. Le Diable sentait les nerfs lui venir. Une envie de vengeance. Comment un misérable humain pouvait se permettre une telle chose ? Enfin si tel était le cas puisque le propriétaire n'avait aucune preuve si ce n'est sa propre interprétation. Linda sa psychologue pourrait témoigner de sa manière d’interpréter seulement ce que Lucifer veut entendre.
Will n'a pas la moindre idée de ce qui vient de se passer, ce qu'il sait en revanche, c'est qu'il ne souhaite définitivement pas passer une seconde de plus en présence de ce type étrange, qui se prend pour le diable et qui, pour une raison qui lui échappe, est parvenu le temps de grapiller un instant de faiblesse de sa part pour obtenir de lui des aveux qu'il ne tenait certainement pas à adresser à qui que ce soit, pas plus aux autres qu'à lui-même. Oui, il ne demande plus qu'une seule et unique chose à présent, et c'est de rejoindre sa voiture, d'être seul, et de remettre ses idées en ordre, car il en a à l'évidence le plus grand besoin.
Ce n'est pas la première fois que ça lui arrive, pas ces circonstances bien précises, non, mais d'avoir le sentiment de ne plus avoir le contrôle de son propre esprit, si bien qu'il ne savait plus faire la distinction entre ses cauchemars, ses hallucinations, et une réalité plus tangible, l'esprit malmené, rongé par une encéphalite aggravée plutôt que soignée... Il sait ce que cela fait que de se sentir en dehors de soi, de ne pas être maître de ses actes, ni même de ses pensées.
C'est un état auquel il ne veut surtout pas revenir, un état auquel il a eu le sentiment de revenir, subitement, brièvement. Alors non, il ne veut vraiment pas rester là, mais le diable fait du forcing, il l'attrape par l'épaule, l'oblige à se retourner, ce que Will fait, sans pour autant daigner croiser le regard de son interlocuteur. Réflexe naturel chez lui, mais réflexe qui tiendrait presque de l'instinct de survie en cet instant. Il a déjà accordé bien trop de son temps et de son attention à cet homme. Pourtant, il lève les yeux au moment de l'entendre déduire des propos qu'il a tenus qu'il serait... l'assassin ? Bizarrement, le caractère à ses yeux absurde de cette suggestion lui décoche un sourire d'incompréhension. Jamais il ne partagerait les méthodes d'un tel individu. Il peut les décortiquer, les comprendre à leur mesure, mais les reproduire ? Non, absolument pas. Ce n'est pas son dessein. "Vous pensez que je l'ai tué", observe-t-il, incrédule.
Ce n'est pas une question, c'est un constat, et il n'en est pas tant affligé que surpris. Il a révélé de lui cette part d'obscurité qu'il dissimule tant bien que mal à ceux qui croisent sa route, mais il a au moins su dissimuler la nature de cette obscurité, et cela le soulagerait presque. Un bien maigre soulagement, au regard de ce qu'il a bien trop légèrement dévoilé de lui-même, mais un soulagement tout de même. Cet homme en sait trop, et en définitive, il ne sait rien. "Vous faites un bien piètre inspecteur", se contente-t-il de répondre, déjà prêt à tourner les talons de nouveau.
Il sait tout de même qu'il est préférable qu'il ne s'attarde pas ici. Il est préférable de ne pas tenter le diable. Sans mauvais jeu de mots. Ou presque.
Lucifer n'avait pas pensé un seul instant que son pouvoir allait réapparaître avec Will. Il ne savait d'ailleurs pas pourquoi cela marchait avec lui et pas avec les autres. Était-ce un signe ? Une mauvaise blague de son père ? A moins que ce soit pour déceler chez lui une âme de meurtrier ? Sans réfléchir, aux aveux du profiler, Lucifer conclu très vite qu'il était le tueur de cette enquête. Après tout que voulait-il dire par-là ? Avait-il seulement dit « merde » une fois à son patron , acte libérateur ? Lui donnant ainsi la sensation d'être puissant ? A moins qu'il désirait refaire du saut à l'élastique parce qu'il avait aimé ? L'attitude de Graham correspondait bien avec l'image que le Diable se faisait d'un tueur en série. Sans doute à cause de son attitude si froide et impartiale à son égard et pourtant si fasciné par l'acte d'un monstre. Sans plus attendre, le consultant décida de suivre Will jusqu'à sa voiture et le força à se retourner en l'attrapant assez brutalement par l'épaule. Lucifer ne voulait pas laisser échapper un assassin. Ce dernier ne chercha guère son regard et se mit à sourire d'incompréhension, ce qui eut le don d'énerver davantage le Diable. Pourtant, son interlocuteur semblait dire vrai à moins que ce soit une de ses méthodes pour semer le douter dans son esprit. Lucifer le fixa comme pour analyser la moindre de ses expressions, mais en vain. Will Graham était un mystère à lui seul.
« Votre plus grand désir était loin d'être lumineux si vous voyez ce que je veux dire ! »
Rétorqua-t-il immédiatement. Même en le disant à haute voix, il se trouvait beaucoup moins fou que le profiler. Cependant, Lucifer avait conscience qu'il n'avait plus la possibilité de lui tirer les vers du nez. Will Graham ne risquait sans doute pas lui raconter sa vie déjà qu'il n'avait pas été loquace à son égard auparavant. Pourtant, le Diable était curieux de savoir de quelle obscurité il s'agissait. Peut-être aurait-il l'occasion de le découvrir à un autre moment ? Lucifer gardait cette piste du tueur en tête.
« Je suis consultant ! Pas inspecteur ! »
S'exclama-t-il énervé. Lucifer ne le retint plus longtemps. Même si son envie de le punir était forte et de venger la potentielle victime de Will, il n'avait pas sa force surnaturelle et ne pouvait pas faire quoi que ce soit sans preuve. D'autant que Lucifer commençait à attirer l'attention sur eux. Le Diable lui murmura afin que seul lui l'entende: « On se retrouvera j'en fais la promesse et je découvrirai ce que vous cachez au plus profond de vous. »
Et surtout savoir si Will Graham avait l'instinct d'un tueur. Morningstar ne le quitta pas du regard. Codage par Emi Burton
Will ne fait aucun commentaire quant à ce plus grand désir qu’il a formulé avec beaucoup trop d’évidence et sans assez de détours. Il ne comprend toujours pas ce qui s’est passé, ce qu’il comprend en revanche, c’est que son interlocuteur n’a aucun doute quant au fait qu’il a été totalement honnête sous le prétexte qu’il lui a posé cette question à laquelle il aurait pu apporter n’importe quelle réponse absurde afin de se débarrasser de lui.
Faut de queue fourchue et de cornes, le diable avait trouvé une manière plutôt efficace de se dévoiler, et du moins de faire douter Will Graham de dires qu’il avait considéré d’office comme étant des mensonges éhontés. Est-ce pour autant qu’il voudra bien admettre avoir affaire à Lucifer en personne ? Non, il ne s’agirait pas d’exagérer non plus, mais il est capable en revanche de reconnaître que ce qui se passe ici dépasse l’ordre de ce qu’on pourrait considérer comme naturel, et il comprend par la même que Lucifer Morningstar est un homme duquel il doit naturellement, instinctivement, se méfier.
Il se gardera, à l’évidence, de lui rétorquer que tout est une affaire de perspective, et que ce plus grand désir qu’il remet en question apporte en réalité à son esprit autrement tourmenté un sentiment de clarté qui se rapproche bel et bien de la pure lumière. D’un point de vue tout à fait objectif, il peut reconnaître ses intentions sont obscures, et que ce qui saura le rendre serein, heureux, ne pourra presque que naturellement faire du mal à d’autres, comme si c’en était la condition sine qua non. Alors non, aucun commentaire là-dessus, il se contente de nier les accusations qui sont faites à son encontre, puisqu’elles sont effectivement fausses, et de hausser les épaules quand l’homme ajoute qu’il est consultant, pas inspecteur. "Si vous n’avez rien de mieux à faire", réplique Will sans plus attendre pour rejoindre sa voiture, soulagé de constater que son interlocuteur ne le suit pas.
Si cet homme doit décider de lui mettre des bâtons dans les roues, ce risque de devenir problématique. Peut-être devra-t-il envisager de s’en débarrasser… Surtout, il doit en apprendre davantage sur lui dans un premier temps, et s’assurer qu’il ne représente pas de menace particulière. Pour l’heure, le pire qu’il puisse lui faire serait de lui faire une réputation peu enviable au commissariat, et au fond… sa réputation n’étant déjà pas des plus heureuses, ça ne changerait sans doute pas grand-chose dans tous les cas. Mais cet événement inexplicable qui s’est à l’instant produit lui prouve qu’il est loin de tout savoir ou comprendre de cet homme. Il faudra donc qu’il soit sur ses gardes. Mais en attendant, installé au volant de sa voiture, il pense surtout à rentrer chez lui. Le trajet lui laissera le temps de compartimenter ses idées et d’analyser la scène qui vient de se produire. L’affaire sur laquelle il travaillait l’instant d’avant, et qui est supposée être le cœur de ses préoccupations, aurait tendance à lui passer au-dessus de la tête, force lui est de le reconnaître.