Le fantôme | Hermione

Spoiler:

Installée sur le canapé du salon, Rose travaillait sur les devoirs qu’elle avait à rendre pour la semaine, profitant d’une journée de repos où personne n’était à la maison. La télévision était allumée, diffusant un film d’horreur que Rose ne regardait qu’à moitié. Il faisait étrangement sombre, alors que l’après-midi avait à peine commencé, mais dehors, le temps était couvert et la pluie ne cessait de tomber depuis quelques bonnes heures maintenant.

Commençant à fatiguer, Rose décida de faire une pause, elle avait commencé à travailler avant de lancer le film et celui-ci venait de se terminer, ce qui voulait dire qu’elle avait déjà bien travaillé. De toute façon, elle avait vraiment bien avancé et avait le droit de s’accorder une véritable pause. La jeune femme reprit alors toutes ses affaires de cours pour les monter dans sa chambre, avant de redescendre. Puisque le temps s’y prêtait et qu’elle n’avait pas vraiment profité du premier film, Rose allait en lancer un second, mais pour profiter au mieux de son moment tranquille, elle s’était fait un paquet de pop-corn, avait pris quelques bonbons et un soda avant de s’installer sous un plaid dans le canapé.

Le film était lancé depuis quelques minutes seulement lorsque Rose entendit un bruit provenant de l’entrée. Elle avait sursauté et avait regardé dans la bonne direction, mais rien. Ce n’était que son imagination. Il faisait sombre, la pluie tombait et l’orage commençait à gronder, sans oublier, qu’elle était devant un film d’horreur, elle s’imaginait alors des choses qui n’existaient pas. Se convainquant elle-même qu’il n’y avait rien, elle reprit place dans le canapé, se replongeant dans le film qu’elle était en train de regarder. Mais rapidement, elle entendit un nouveau bruit. « Il y a quelqu’un ? » Demanda-t-elle, certaine que personne n’allait lui répondre, puisque personne n’était là et que personne ne devait rentrer avant plusieurs heures. Puisqu’elle n’avait reçu aucune réponse, la jeune femme se replongea dans son film à nouveau.

« Rose ? » Hermione venait de crier pour la énième fois, en vain. Sa fille ne l'entendait pas. Elle s'époumonait depuis de longues minutes, mais Rose restait sourde à ses appels. Hermione ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer. Elle se souvenait être à l'université, comme tous les jours de la semaine. Puis, en un clignement d'yeux, elle s'était retrouvée dans son entrée, chez elle. Sans qu'aucune explication à cette mystérieuse apparition ne puisse être donnée. Elle avait alors appelé sa fille, avait même croisé son regard quand cette dernière s'était tournée vers elle, après un bruit, mais elle ne l'avait pas vue. Hermione était donc invisible et incapable d'être entendue. Que se passait-il ? Bien sûr, l'hypothèse qui lui paraissait la plus probable était la mort. Peut-être avait-elle eu un accident et qu'elle n'était désormais plus qu'un esprit ?

Ou peut-être qu'il ne s'agissait encore que d'une plaisanterie de cette ville ? Hermione comptait bien le découvrir. Elle n'avait pas d'autres choix, de toute façon. Elle n'allait pas rester ainsi éternellement, s'il y avait une solution à ce problème. Mais pour le découvrir, elle avait besoin d'aide. « Rose ? » Répéta-t-elle, désespérée, après s'être positionnée entre sa fille et l'écran de télévision. « S'il te plaît Rose, dis-moi que tu m'entends. » Dis-moi que je ne suis pas morte. La peur d'abandonner sa famille, de ne plus être là pour les protéger et les aimer, de disparaître sans avoir eu le temps de faire tout ce qu'elle aurait aimé faire la terrifiaient. Elle ne pouvait pas partir. Sa famille avait besoin d'elle et elle avait besoin de sa famille. Alors, dans un geste désespéré, Hermione avait mis un coup dans un magazine qui traînait sur la table basse, devant Rose, pour le faire voler et pour faire comprendre à son enfant qu'il y avait bel et bien quelqu'un avec elle - il fallait maintenant qu'elle n'en soit pas effrayée, parce que si elle prenait la fuite, Hermione se retrouverait seule avec son problème.

Après avoir bien avancé dans son travail, Rose s’était accordé une véritable pause. Puisqu’elle était seule chez elle, elle allait pouvoir en profiter pour s’installer confortablement dans le canapé, en mangeant n’importe quoi et en buvant un soda, devant un film d’horreur. Chose qu’elle ne faisait pas souvent, parce que sa famille se trouvait souvent dans le coin et le silence n’était pas facile à obtenir dans ce cas.

Le film venait de commencer lorsque certains bruits s’étaient fait entendre. La jeune femme s’était tournée vers l’endroit d’où provenait le son, mais il n’y avait rien. Sans doute s’était-elle imaginé ce bruit. Après tout, elle était devant un film d’horreur et l’ambiance pouvait aider son imagination débordante à imaginer qu’il se passait quelque chose chez elle aussi. Ce bruit ne fut pas le seul, mais Rose en était presque certaine, elle n’avait rien à craindre, parce que tous ces bruits provenaient de son imagination et rien d’autre.

Concentré sur le film, elle s’était promis de ne plus se laissait distraire pour rien. Seulement, elle ne pouvait plus faire semblant. Pas quand l’un des magazines posait sur la table basse venait de voler sous ses yeux. Là, elle ne pouvait pas le nier, il y avait bien quelque chose ou quelqu’un avec elle. La jeune femme se redressa et un air inquiet se dessina sur son visage. Elle avait tendu l’oreille quelques secondes avant de mettre la télé en pause. « Il y a quelqu’un ? » Oui, il y avait forcément quelqu’un. Le vent n’y était pour rien puisque toutes les fenêtres étaient fermées. « Hugo, c’est toi ? » Peut-être avait-il retrouvé ses pouvoirs et cherchait à s’amuser en effrayant sa sœur. « Ce n’est franchement pas drôle. Arrête ça tout de suite. » Dit-elle sans la moindre autorité, sa voix trahissait la peur qui avait commencé à l’envahir. Elle était seule et sans pouvoir, elle n’était pas prête à pouvoir se défendre contre un être invisible.

Rose s’était relevée pour aller observer le magazine de plus près. Peut-être qu’il avait été piégé dans le but de lui faire une blague, mais il n’y avait rien. Il était comme tous les autres. Personne n’avait pu le bouger sans y toucher ou sans magie. La jeune femme se tenait là, debout au beau milieu du salon, ne bougeant que ses yeux pour repérer le moindre mouvement, pour comprendre ce qui était en train de se passer.

Hermione hurlait. Hermione s'agitait. Rose n'entendait rien et ne voyait rien. Hermione était invisible, elle était ce qu'elle supposait être un fantôme. Etait-elle morte ? Elle n'en savait rien puisqu'elle n'en avait pas gardé de souvenir, mais cette idée était... terrifiante. Mais tellement probable aussi. Si personne ne pouvait la voir ou l'entendre, si elle ne pouvait plus utiliser sa magie... Elle l'était forcément, non ? Perdue, elle cherchait donc de l'aide auprès de sa fille, la seule personne présente dans cette maison, mais comment attirer l'attention de quelqu'un qui ne la voyait pas et qui ne l'entendait pas ?

Hermione avait bien remarqué que Rose entendait les bruits qu'elle faisait lorsqu'elle touchait des objets, c'était donc sa seule chance - mais il fallait prier pour ne pas qu'elle soit effrayée et pour ne pas qu'elle prenne, par conséquent, la fuite. En désespoir de cause, donc, la jeune femme avait fait voler un magazine qui traînait sur la table, pour attirer l'attention de sa fille. Elle devait comprendre qu'elle n'était pas en train d'halluciner, mais il fallait surtout qu'elle comprenne que quelqu'un avait besoin de son aide.

Enfin, Rose avait réagi. Elle s'était redressée, le regard attentif et avait mis la télé sur pause. Hermione aurait aimé lui hurler que oui, il y avait bel et bien quelqu'un, mais elle ne l'entendrait jamais. Alors que faire ? Elle devait prouver sa présence. Pendant que la mère réfléchissait, la fille pensait que son frère était en train de lui faire une mauvaise blague - ce qui fit soupirer Hermione, elle devait bien l'avouer. Cependant, même si elle voulait croire qu'il s'agissait de son frère, sa voix trahissait sa peur. Rose n'y croyait pas elle-même.

Rose s'était alors dirigée vers le magazine pour l'observer, ce qui avait donné une idée à Hermione. Il fallait qu'elle lui transmette des indices pour lui faire comprendre qui elle était. Hermione, alors, se dirigea vers une photo, posée sur un des meubles du salon. Sur cette photo, il y avait la famille réunie au complet, mais c'était tout ce qu'elle avait sous la main - il lui semblait futile de perdre du temps à aller chercher une photo où elle serait seule, elle ne devait pas perdre l'attention de Rose. Avec beaucoup d'efforts et de concentration, la sorcière avait réussi à attraper cette photo pour la faire flotter jusque devant Rose. Il fallait maintenant qu'elle comprenne de quoi il s'agissait.

Il y avait quelque chose d’anormal. Rose pensait passer une après-midi agréable chez elle, à profiter de la solitude et du calme, mais elle se retrouvait avec un mauvais pressentiment, des bruits provenant de nulle part et des objets qui se mettaient à se déplacer soudainement. Sans y croire elle-même, elle avait accusé son petit frère. C’était un Weasley, il pouvait aimer les farces et s’il était rentré plus tôt que prévu, il pouvait s’amuser à taquiner sa sœur et à lui faire peur. Mais Rose était convaincue qu’il y avait quelque chose d’autre. Bien évidemment, tout cela l’inquiétait énormément. Elle était seule et sans pouvoir, s’il y avait un être maléfique ici, elle n’allait pas pouvoir se défendre. C’était dans ces moments-là, tout particulièrement, lorsqu’elle se sentait en danger ou impuissante, qu’elle rêvait de retrouver un peu de magie.

Le magazine volant en main, Rose avait cessé de bouger. Elle était immobile au milieu du salon, cherchant des yeux ce qui pouvait être à l’origine de tout cela. Cherchant des yeux le prochain objet qui allait bouger. Après quelques secondes de répit, à peine, une photo s’était mise à se déplacer toute seule. La photo s’était mise à flotter jusqu’à elle. Reposant le magazine, la jeune femme avait attrapé la photo pour y voir qui était présent dessus. Dessus, il y avait les quatre membres de la famille réunis. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Rose avait du mal à comprendre, mais elle avait l’impression de ne pas avoir à s’inquiéter. La personne ou la chose qui se trouvait là, avec elle, n’avait pas l’intention de lui faire le moindre mal. Sinon, elle se serait déjà attaqué à elle, sinon, elle ne se serait pas amusé à faire du bruit, à jeter un magazine ou à faire flotter une photo. « Qu’est-ce que ça veut dire ? » Dit-elle en relâchant les bras, tenant toujours la photo fermement dans les mains. « Je ne comprends pas. » Dit-elle en ne pouvant pas s’imaginer qu’il s’agissait d’une des personnes se trouvant sur cette photo. « Vous êtes de la famille ? Ou un ami de la famille ? » La famille Weasley était très grande et les amis de la famille étaient nombreux, beaucoup manqués encore à l’appel, il était donc possible que l’un d’eux soit devenu un esprit en arrivant dans ce monde ? Après tout, tout semblait pouvoir être possible ici.

Par tous les moyens, Hermione tentait d'attirer l'attention de sa fille. Il fallait absolument que cette dernière comprenne que sa mère avait besoin d'aide. Ce n'était pas facile puisqu'elle ne pouvait ni être vue, ni être entendue. Alors, après avoir bougé différents objets, elle avait donc essayé avec une photo qui représentait la famille au grand complet - Hugo, Rose, Ron et Hermione. Par déduction, peut-être finirait-elle par comprendre, non ? Il suffisait qu'elle appelle son frère et son père pour se rendre compte que seule sa mère manquait à l'appel.

Rose avait donc attrapé cette photo et elle se questionnait sur la signification de tout cela. Hermione, quant à elle, patientait sagement, espérant que sa fille comprenne les choses et agisse. Sauf qu'elle ne comprenait pas. Hermione désespérait. Soupirait. Elle perdait patience et espoir. Etait-elle destinée à rester un être fantomatique pour le restant de ses jours ? Comment faire comprendre à sa fille ? Pour cette dernière, la situation n'avait rien de simple, évidemment. A la question de sa fille, Hermione avait cherché un moyen d'y répondre - elle n'avait pas encore songé à écrire quelque part tant son esprit était focalisé sur autre chose. Comment lui dire qu'elle était bel et bien de la famille ? Et que, mieux encore, elle était sa mère ?

C'était peut-être ridicule, mais pour répondre, elle avait attrapé un coussin, qui trônait habituellement sur le canapé, pour le secouer de haut en bas, en guise de oui, comme on aurait pu le faire d'un hochement de tête. Une idée lui vint alors. Elle avait repris la photo des mains de sa fille pour la sortir de son cadre - heureusement qu'elle était capable de manipuler les objets avec facilité, sinon, elle ignorait comment elle aurait pu se faire comprendre, déjà que ce n'était pas simple en ayant cette capacité. D'un geste rapide, elle avait plié la photo pour qu'il n'y ait plus qu'elle et l'avait tendue, de nouveau, à sa fille. Ainsi, elle comprendrait plus facilement, non ? Il était désormais évident que c'était Hermione qui appelait au secours ?

La situation était plutôt étrange. Rose se trouvait là, au beau milieu du salon, à parler à un fantôme qui essayait de lui faire passer un message qu’elle ne comprenait pas. Le fantôme avait fait flotter une photo de famille devant elle. Pourquoi ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Sur cette photo, il y avait ses parents, son frère et elle-même. Mais ça ne l’aidait pas. Elle n’était pas le fantôme, c’était une évidence. Mais elle ne s’était pas imaginé que sa mère l’était. Comment le penser quand elle l’avait vu en chair et en os quelques heures plus tôt ? La jeune femme s’imaginait donc être face à un ami de la famille. Une personne qui les connaissait. Une personne disparue peut-être ? Il y en avait tellement. Où était-ce un autre membre de la famille ? Rose posait des questions, mais le fantôme restait silencieux, sans doute par obligation.

Après quelques secondes de silences, un oreiller s’était mis à bouger de haut en bas. « Ça veut dire oui ? » Conclut-elle. « Vous faites partie de la famille ou vous en êtes un ami, alors. » Puisque c’était ce qu’elle venait de demander, la réponse ne pouvait que répondre à cette question. Rose réfléchissait, elle cherchait, mais les possibilités étaient bien trop nombreuses. Sa famille était grande, tout comme ils avaient beaucoup de connaissances, d’amis… Faire la liste allait prendre une éternité. Mais le fantôme semblait avoir eu une idée. Il avait repris la photo qu’elle tenait dans les mains et l’avait plié. Désormais, il n’y avait plus que sa mère qui était visible sur la photo. « Vous êtes donc un ami de ma mère ? » Pas de sa famille, puisque Hermione n’avait ni frère, ni sœur et que ses parents ne se souvenaient pas d’elle. « Sauf si… » Rose n’y croyait pas, mais elle avait peur d’avoir compris. Ce n’était peut-être pas un ami de sa mère, mais tout simplement sa mère. Ce qui expliquerait le fait qu’elle soit là, à lui demander de l’aide à elle. Le fait qu’elle soit entrée sans demander… « Maman ? » Lâcha-t-elle alors, le regard plein d’interrogation. « Maman, c’est toi ? » Demanda-t-elle à nouveau, s’attendant à voir l’oreiller bouger de haut en bas une fois encore.

Hermione se sentait ridicule et impuissante face à une situation comme celle à laquelle elle était confrontée actuellement. Elle était là, en train de secouer un coussin afin de répondre à sa fille, sans même savoir si cette dernière comprendrait le sens de cette action. Mais comment lui faire comprendre quoi que ce soit sans aucun moyen pour communiquer ? C'était impossible. Le coussin devenait donc, par conséquent, ce moyen de communication manquant.

La bonne nouvelle était que Rose semblait avoir compris que ce coussin qui s'agitait de haut en bas était une réponse positive à la question qu'elle avait posée. Désormais, il était question de lui faire comprendre de quel membre de la famille il s'agissait, et ce n'était clairement pas la même histoire. L'histoire serait moins simple, en effet, et Hermione en avait parfaitement conscience. Alors, pour tenter de faire comprendre les choses plus rapidement, sans perdre de temps - parce qu'elle n'en avait pas et parce qu'elle n'avait, de toute façon, aucune autre solution - la mère avait attrapé la photo que la fille avait entre les mains et l'avait repliée afin d'être la seule à apparaître dessus.

Ainsi, elle comprendrait forcément, n'est-ce pas ? Raté ! Rose était maintenant persuadée qu'il s'agissait d'un ami d'Hermione et non d'Hermione elle-même. Elle soupirait de désespoir et de lassitude. Ce petit jeu allait durer encore longtemps ? La sorcière s'apprêtait à utiliser la méthode du coussin pour lui faire comprendre que non, elle n'était pas une amie, mais Rose réalisa son erreur rapidement. Une petite lueur, un petit quelque chose, venait de lui souffler la vérité. Elle comprenait enfin. Alors, à l'instant où Rose avait demandé s'il s'agissait de sa mère, la sorcière avait attrapé son coussin pour l'agiter de nouveau de haut en bas. Elle n'avait aucun moyen pour lui demander de l'aide, mais maintenant qu'elle savait qu'il s'agissait d'Hermione, elle comprendrait parfaitement que c'était ce qu'elle attendait d'elle.

Rose avait du mal à comprendre. La discussion avec un fantôme n’avait rien de facile. Alors elle essayait d'interpréter les signes que le fantôme lui envoyait. Pour essayer de se faire comprendre, l’esprit avait attrapé un oreiller et il le bougeait pour dire “oui” ou “non”. C’était déjà un bon début. Au moins, Rose pouvait poser quelques questions, avoir quelques précisions. Grâce à la photo et à ses questions, la jeune femme avait compris que l’esprit était soit de sa famille, soit faisait partie des amis de la famille. Seulement, c’était toujours très vague. La famille était grande et le cercle d’amis n’était pas mince, lui non plus. Mais l’esprit avait eu une nouvelle idée. La photo s’était pliée sous ses yeux, un seul visage était désormais visible, celui de sa mère. C’était beaucoup plus simple désormais. La famille d’Hermione était petite, alors ça réduisait grandement les possibilités. Rose réfléchissait, quand, tout à coup, elle s’était posé une question. Et si ce n’était pas un ami de sa mère, ni même un membre de sa famille. Et si c’était, tout simplement, elle ? Pour écarter le doute, elle devait poser la question. Est-ce que l’esprit était Hermione ? Rapidement, l’oreiller s’était levé à nouveau, bougeant de haut en bas, alors, c’était bien elle.

Rose ne comprenait pas. Comment est-ce que cela était possible ? Était-ce une mauvaise blague ? Ou un coup de la ville ? Un sort qui avait mal tourné ? Ou était-elle morte ? Il y avait tellement de possibilités. Certaines étaient rassurantes, d’autres étaient inquiétantes. « Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Non, c’est vrai, elle ne pouvait pas parler, alors elle ne devait poser que des questions qui attendaient un “oui” ou un “non”, pour réponse. « Tu as eu un accident ? » C’était l’hypothèse la plus inquiétante pour Rose. « Est-ce que tu es… Est-ce que tu es… morte ? » Demanda-t-elle avait difficulté. Cette hypothèse était la plus terrifiante, parce que si c’était le cas, Rose n’y pourrait rien. Elle était sans pouvoir. Et de toute façon, elle ne pouvait pas ramener les morts à la vie.

Les choses avançaient petit à petit. Désormais, Rose avait compris que le fantôme qui se trouvait face à elle était sa mère. Ça ne l'aidait peut-être pas beaucoup, mais ça la motiverait certainement à trouver une solution ? Puis, elle avait le droit de savoir. Elle devait le savoir. Si Hermione devait rester éternellement ainsi, sa famille devait savoir ce qu'elle était devenue. Comment pourraient-ils passer à autre chose dans le cas contraire ?

Evidemment, Rose, dans un premier temps, s'inquiétait. Elle paniquait. Hermione le comprenait parfaitement parce qu'elle comprenait ce qu'elle était en train de s'imaginer. Esprit était souvent synonyme de mort. Mais Hermione ne l'était pas. Enfin, elle le supposait, tout du moins. A la première question de sa fille, la sorcière n'avait rien pu répondre. Ses moyens pour communiquer étaient très limités et, pour l'instant, elle ne pouvait répondre que par oui ou par non.

Comprenant son erreur, elle s'était reprise d'elle-même, posant, cette fois-ci, deux questions à la suite. Elle aurait tellement aimé pouvoir la rassurer. Lui montrer qu'elle était là et que les choses allaient s'arranger parce qu'elle voyait la détresse chez sa fille et elle n'aimait pas ça. Alors, pour la rassurer, dans un premier temps, elle avait secoué le coussin à deux reprises pour lui donner deux non. Elle n'avait pas eu d'accident et elle n'était pas morte, à sa connaissance. Ce devait déjà être rassurant pour son enfant.

Une idée était alors venue à Hermione. Elle avait attrapé un crayon qui traînait sur un meuble, s'était approché d'un mur et avait commencé à écrire dessus - une chance qu'elle puisse tenir les objets et une chance que la magie effacerait les mots inscrits sur les murs pour les faire redevenir comme neuf. Ce serait beaucoup plus facile de communiquer de cette façon. « Je ne sais pas ce qui s'est passé. » avait-elle écrit pour expliquer sa situation. « Fouille les livres. » Indiqua-t-elle ensuite pour pousser sa fille à feuilleter les bouquins de magie, dans l'espoir d'y trouver quelque chose. Elle ne pouvait pas rester comme ça, il fallait trouver une solution.

Rose avait eu du mal à comprendre. Elle avait mis du temps à comprendre qui se trouvait devant elle. Sa mère était devenue invisible. Elle était désormais une sorte d’esprit, de fantôme. Il y avait bien une raison à tout cela. Qu’est-ce qui l’avait amené à devenir ce qu’elle était devenue ? Des dizaines de scénarios avaient traversé l’esprit de Rose en quelques secondes à peine. Bien évidemment, elle craignait le pire. Sa mère avait peut-être eu un accident. Peut-être était-elle morte ? Bien évidemment, il y avait d’autres potentielles raisons, qui ne lui venaient, elles, pas tout de suite à l’esprit. Un sort avait pu mal tourner, elle avait peut-être été victime d’une plaisanterie d’autres sorciers ou alors la ville s’amusait un peu. Heureusement, même si sa mère ne parvenait pas à parler - ou du moins à se faire entendre - elle avait trouvé une solution pour répondre par deux mots simples : “oui” et “non”. Ainsi, elle avait pu rassurer sa fille. Non, elle n’avait pas eu d’accident. Et non, elle n’était pas morte. Seulement Rose avait besoin de comprendre ce qui lui était arrivé.

Hermione avait trouvé une meilleure façon de communiquer, elle avait pris un stylo traînant sur un meuble et avait commencé à écrire sur les murs - heureusement, la magie allait pouvoir effacer tout cela. Alors, elle ne savait pas ce qui s’était passé. Rose ne savait pas si cela était rassurant ou non, mais elle allait se contenter de ça pour le moment. Sa mère avait raison, elle devait fouiller dans les livres pour trouver une solution. « Si seulement j’avais retrouvé mes pouvoirs, je serais bien plus utile. » Lâcha-t-elle, lassée de toujours être privée de magie. Avec sa baguette et ses capacités de sorcières, elle aurait sans doute pu aider sa mère plus facilement et plus rapidement. « Suis moi ! » Demanda-t-elle à sa mère avant d’avancer, sans même savoir si elle la suivait bien.

Une fois arrivée face à une partie des livres de magie qui se trouvaient dans cette maison, Rose avait hésité. « D’après toi, quel livre sera le plus utile ? » À vrai dire, elle avait beau étudier la magie depuis des années, elle ne connaissait pas les livres par cœur et ne savait pas vraiment comment régler ce problème. « Peut-être celui-là ? Qu’est-ce que tu en penses ? » Il s’agissait d’un livre général sur les sortilèges, elle n’était pas certaine de trouver quoi que ce soit dedans, mais il fallait bien commencer quelque part.

Écrire sur les murs était un moyen bien plus facile pour communiquer. Elle pouvait dire plus de choses à sa fille puisqu'elle pouvait les écrire clairement. Cette idée faciliterait la communication entre les deux femmes, elle en était certaine, et ça leur permettrait de trouver une idée plus vite, elle s'en persuadait.

Puisqu'Hermione ignorait tout de ce qui était en train de se passer, elle avait proposé à sa fille la solution qu'elle utilisait pour presque n'importe quel problème : regarder dans les livres. Ils n'avaient pas toujours toutes les réponses à toutes les questions, mais ils étaient souvent d'une aide très précieuse. Il fallait donc commencer par-là, à défaut d'avoir une autre idée efficace.

A la réflexion de sa fille, à propos de l'absence de ses pouvoirs, Hermione aurait aimé la rassurer, lui dire que tout irait bien et qu'elle les retrouverait un jour ou l'autre, mais elle n'en avait pas eu le temps. Cette dernière était déjà partie pour feuilleter les livres. Mais Hermione avait confiance en sa fille, avec ou sans pouvoir, et elle le lui dirait dès que cette histoire serait réglée.

Une fois dans le bureau d'Hermione, où se trouvait un grand nombre de livres sur la magie, la sorcière avait observé les ouvrages sans se manifester. Elle réfléchissait. Sa fille aussi. Cette dernière avait attrapé un premier livre et, pour répondre à sa question, Hermione s'était contentée d'écrire un oui sur un autre mur. Oui, elle devait commencer par quelque chose de général, de global, pour être aiguillée ensuite. Il fallait bien commencer quelque part, après tout.

Pendant que Rose fouillait le livre, la sorcière continuait à observer les différents titres d'ouvrage, à la recherche d'un souvenir. Peut-être qu'en voyant les noms, elle se rappellerait avoir lu telle ou telle chose dans tel ou tel bouquin ? Peut-être.

Rien ne lui revenait. Rien à propos de ce genre de problème, en tout cas, mais elle avait vu un livre dans lequel elle se disait que peut-être... Alors, elle l'avait attrapé et avait commencé à le feuilleter. Les pages semblaient se tourner seules, mais Hermione observait chacune d'entre elles avec un grand sérieux, sans rien trouver pour autant. Pour le moment, en tout cas, parce qu'elle ne comptait ni abandonner, ni perdre espoir.