Something changed

feat.   @Peter Parker

De longs jours d’hospitalisation plus tard, c’est la démarche incertaine et le bras en écharpe que Regulus quitte l’hôpital central de la ville. Il n’a pas prévenu Peter de son retour, il veut lui faire la surprise, surtout, il voulait se prouver à lui-même qu’il était capable de se débrouiller par lui-même. La douleur n’a pas encore totalement disparu, mais elle n’est plus aussi insoutenable. Elle aurait pu lui faire bien plus mal que ça, en réalité, et même s’il avait eu de la chance, Regulus songe surtout que pour le nombre de tentatives de meurtre dont il a pu être la victime, il doit tout de même avoir une bonne étoile quelque part, qu’importe qu’il ne daigne pas s’en rendre compte dans l’immédiat (difficile de positiver de la sorte dans l’état dans lequel il se trouve).

Il a le sentiment que le temps s’est arrêté durant ces quelques temps d’hospitalisation. Regulus avait eu tendance à se couper d’un peu tout le monde – en dehors de Peter, bien sûr, qui avait été le témoin privilégié de sa détresse… Il regrette de lui avoir fait subir tout ça. Il voit bien que cette situation l’a profondément affecté. En sa présence, Peter a toujours pris sur lui, mais Regulus n’est pas dupe, il avait bien conscience que Peter prenait beaucoup tro sur lui ces derniers temps. C’est sans doute pour cela qu’il n’avait pas non plus voulu l’accabler davantage en bouleversant tout son planning en réclamant qu’il vienne le cherchait alors qu’il n’était normalement supposé sortir que le lendemain.

Quelques transports en commun plus tard, tremblant et amoché, Regulus avait fini par retrouver la porte de leur appartement, pas mécontent de pouvoir enfin retrouver ce décor réconfortant et familier, et surtout de pouvoir prochainement manger autre chose que cette fichue nourriture d’hosto où rien n’a de goût si ce n’est de médicament. Il pense entendre du bruit à l’intérieur, et un sourire se fiche sur le visage du jeune sorcier, alors qu’il ouvre plus franchement la porte pour retrouver Peter dans le salon.

« Je sais, tu serais venu me chercher si je t’avais appelé », il dit seulement avec un léger sourire avant de franchir les quelques mètres qui le séparent de Peter pour le serrer longuement contre lui, le visage niché au creux de son cou.

La chaleur de cette étreinte était l’unique chose qui lui manquait pour se sentir définitivement mieux.  

Something changed

feat.   @Peter Parker

« Ils m’ont relâché pour bonne conduite », se permet de plaisanter Regulus en appréciant plus que jamais la chaleur de Peter contre la sienne.

Cela ne fait pas longtemps qu’ils se sont vus, Peter est venu à son chevet absolument tous les jours, mais il y a quelque chose de différent dans le fait de se retrouver enfin chez eux. Regulus se sent plus… apaisé, plus serein. Il a le sentiment que sa vie va pouvoir reprendre son cours. Leur vie à tous les deux. Bien sûr, il y aura d’autres obstacles, d’autres épreuves à affronter, mais il se sent plus fort à présent, plus apte à y faire face… Parce qu’il a tout ce dont il a besoin avec lui. Il n’est même pas en colère, y compris contre Manon, il est juste… soulagé d’être en vie. Plus l’existence lui donne l’occasion de constater sa préciosité, plus il se promet de faire tout son possible afin de ne laisser passer sa chance sous aucun prétexte.

« T’en fais pas, j’ai l’intention d’y veiller aussi. J’en ai un peu mort de frôler la mort constamment », commente-t-il toujours sur le même ton.

Il est rare qu’il se montre à ce point léger, lui qui aurait plutôt tendance à jouer les ronchons à la moindre occasion (n’est-ce pas, schtroumpf grognon), mais en l’occurrence, il a simplement envie de savourer le plaisir d’un retour à la normal. S’il est une chose que lui apprennent toutes ces épreuves, c’est à quel point il a de la chance d’avoir cette vie… Il a souvent le sentiment de ne pas mériter Peter, lui qui veille justement sur lui à tout instant, probablement trop, même. Regulus ne voudrait pas le voir sombrer dans l’hyperprotection, mais ça lui fait tellement du bien de le voir aux petits soins qu’il a tout de même du mal à mettre le holà… il y songera éventuellement plus tard… Mais définitivement pas tout de suite.

« Je crève de faim, je t’avoue que j’en peux plus de la nourriture d’hôpital. On a toujours des pizzas au congél, pas vrai ? » il suggère alors. « Et je retiens, pour les propositions, j’ai même déjà quelques idées. » Il marque une pause. « Je suis content de voir que tu vas bien, j’avais peur que ça t’ait beaucoup remué, tout ça. »

Pas juste ce qui lui était arrivé, bien sûr, mais le fait de comprendre ce qui avait motivé le geste de Manon. Ils n’en avaient pas trop reparlé, tous les deux, mais il semble évident à Regulus que ça n’a pas été simple à gérer pour lui (il n’a pas idée).

Something changed

feat.   @Peter Parker

Maintenant qu’il est en relatif bon état et remis sur pied, il peut bien se permettre d’en rire, mais le fait est que oui, il apprécierait de ne plus jouer autant avec la mort. Certes, il était déjà passé par là et en était revenu, preuve quelque part qu’il était plus résistant qu’il n’y paraîtrait, mais plus il se donne de raisons de vivre – à commencer par le jeune homme qui se trouve sous ses yeux et le couve d’un regard absolument irrésistible –, plus il lui devient difficile de renoncer à cette même vie… et plus il tutoie la mort de près… Pourtant, la douleur et la fameuse lumière au bout du tunnel paraissent lointaines, en l’occurrence, quand la promesse de la compagnie Peter et de pizzas surgelés est là pour le réconforter.

« C’est tout ce que je demande », affirme Regulus avec toute la sincérité du monde quand Peter affirme que, maintenant qu’il est de retour, il a la ferme intention de le coller autant que possible. Oui, Regulus ne demande absolument rien d’autre. Lui qui est de nature si solitaire en temps normal se moque, en l’occurrence, d’être constamment accompagné, parce qu’il ne l’est pas de n’importe qui. Et que sa compagnie à lui ne le dérangera jamais. Jamais quoi qu’il advienne.

« En colère ? » répète Regulus comme s’il lui fallait réfléchir à la question – car c’est un peu le cas. Il ne sait pas mettre vraiment de mots sur son ressenti à l’heure actuelle, mais de colère, il n’en éprouve pas, même s’il comprend très bien le sentiment de Peter, quand bien même ce dernier n’a aucune raison d’être en colère contre lui-même, il n’a définitivement rien fait de mal. « Non… »

Il a de la peine pour Manon, et dans le fond, il en a aussi pour Harry… étrangement… peut-être parce qu’il sait ce que cela fait que de commettre les pires erreurs pour plaire à ses parents... ou peut-être parce qu’une part de lui songe parfois que pour des dizaines de raisons, il mérite probablement qu’on le haïsse… Enfin, sa compassion envers Harry Osborn a ses limites. Il ne veut surtout plus jamais le revoir de toute son existence.

« J’espère juste qu’il ne va pas revenir à la charge », il ajoute avec un semblant d’hésitation. Avant de reporter son attention sur Peter qui, si légèrement, suggère qu’il va s’absenter pour veiller sur lui. « Tu n’as pas à me surveiller H24, Peter. De toute façon je vais retourner travailler moi aussi, tu ne vas quand même pas m’accompagner à la librairie aussi, pas vrai ? » il demande d’un ton léger.

Something changed

feat.   @Peter Parker

Regulus ignore ce qui rend Peter si confiant dans le fait qu’Harry Osborn ne leur posera plus jamais problème. Naïvement, il ne s’imagine pas un seul instant qu’une violente confrontation ait pu opposer Peter à Harry et que dans l’esprit du premier, le second était définitivement hors d’état de nuire. Regulus, à l’hôpital, a vécu dans une bulle. Plutôt que de regarder les informations, il préférait lire, si bien qu’il n’avait absolument rien su des sérieux dégâts rencontrés par la tour d’Oscorp… dans le cas contraire, il aurait probablement mieux compris le sens des mots de Peter, qu’il choisit d’interpréter à la place comme de simples paroles rassurantes, que son petit ami lui adresserait afin de ne pas l’inquiéter plus que nécessaire… Peut-être que c’est parce qu’il est encore un peu dans les vapes – ce n’est pas improbable –, mais Regulus n’est étrangement pas inquiet… à croire que l’accumulation d’attaques et de menaces avaient fini par lui ouvrir des perspectives différentes. Mourir une fois ne lui avait pas suffi à comprendre combien courte peut être la vie… mais cette seconde attaque, en revanche… elle avait eu un impact différent sur lui.

« Peter… tu ne vas pas renoncer à ta carrière de rêve pour devenir vigile, c’est hors de question », répond Regulus d’un ton sérieux, sans trop savoir si Peter l’est lui-même. Il voudrait bien dire que Peter plaisante… mais il a quelques doutes à ce sujet. Il connaît Peter… il sait qu’il est très possible que ce dernier soit bel et bien sérieux au moment d’affirmer qu’il serait bel et bien capable de jouer les vigiles – en bénévole, c’est ça le pire, juste pour le coller au train et qu’il ne lui arrive rien.

Voyant que Peter en a, à l’évidence, gros sur le cœur, Regulus prend le temps de lui parler, un temps qui lui semble nécessaire afin de l’apaiser, car des deux, celui qui a le plus besoin d’être rassuré n’est pas forcément celui que l’on croit, et il est hors de question que Peter se torture l’esprit ou se fasse plus de mal encore pour rien.

« Tu n’es pas responsable de ce qui est arrivé, d’accord ? Tu es un héros, c’est vrai, et tu m’as sauvé la vie tellement de fois que j’ai perdu le fil », il ajoute avec un léger sourire. « Tu ne peux pas être partout, tu ne peux pas tout savoir. » Il marque une pause. « Tu n’as pas à tout faire pour moi. Tu as juste à être là. Et c’est suffisant. » Quand est-ce qu’il a acquis une telle philosophie de vie, aussi peu défaitiste ? Eh bien… il faut remercier Peter pour ça. « Tu sais, j’ai pas mal réfléchi… à tout ce temps que je perds parce que j’ai peur alors que la vie est tellement courte et que… » Il se racle la gorge. « Tu te souviens du SMS que tu m’avais envoyé… ? »

Oui, sois encore moins spécifique, Regulus.

Something changed

feat.   @Peter Parker

Regulus est rassuré de voir Peter ne pas insister davantage. Ce n’est pas qu’il tenait à ce point à rejeter les idées de son petit ami, mais il est convaincu que cela ne lui ferait pas le moindre bien de le coller aux basques dans l’espoir que rien ne lui arrive, au risque de négliger sa propre vie, surtout alors que tant de belles choses l’attendent… D’accord, l’épisode d’Harry et de Manon… c’est clairement pas ce qu’il leur restera de plus heureux concernant le bilan de cette année… mais dans l’ensemble, il s’est passé tant de belles choses pour lui, Regulus ne veut qu’être une belle chose de plus à ajouter à la liste – pas une contrariété terrible qui lui pourrirait l’existence à force de se faire du mouron pour lui. Peter avait connu ça avec Harry, il s’était oublié dans l’espoir de l’aider… et quand on voit le résultat… Même si Regulus voudrait constamment garder son petit ami pour lui tout seul, il ne fera pas preuve d’un tel égoïsme, il n’en est pas question…

« Je lui en toucherai deux mots », dit évasivement le jeune sorcier quand Peter suggère que Belle installe des caméras de surveillance dans la librairie – ce n’est pas le pire compromis, c’est vrai. « Espèce de voyeur », il ajoute avec un sourire en coin.

Mais il n’en dit pas davantage, parce qu’en réalité, il a quelque chose d’autre en tête. Quelque chose qui le taraude depuis un moment déjà… et qui a trouvé un sens différent durant des heures et des heures de cogitation depuis son lit d’hôpital. Il avait… songé à pas mal de façon d’aborder les choses… et bien sûr, tout compte fait, il avait opté pour la pire. Lui parler d’un SMS sans spécifier lequel, alors que tous les deux s’écrivent absolument tous les jours et que cela fait presque un an que cet échange a eu lieu ? C’est absurde et ridicule… Mais Regulus s’apprête probablement à atteindre des sommets d’incohérence, alors que la nervosité gagne violemment du terrain.

« Hum… »

Il se racle la gorge. Bien sûr que ça aurait été plus simple que Peter comprenne tout de suite, mais pour ça, il aurait fallu que Regulus sache se montrer plus explicite, au lieu de faire absolument n’importe quoi comme c’est le cas en cet instant.

« Ça remonte, c’était en janvier. » Il se racle la gorge. « Pour mon anniversaire. » Allez, un petit effort, Regulus, tu peux le faire. « Tu m’avais demandé quelle taille de doigt je faisais. Et j’ai paniqué. » Il marque une pause. « J’avais tellement peur de… de tout gâcher, et de faire un choix, et je sais que mes parents ne seront jamais… et si jamais on… » Respire, Regulus. Respire. « Ce que je veux dire c’est que… » Il serre ses mains dans celles de Peter. « … Si tu me redemandais la même chose aujourd’hui, je réagirais différemment. »

Something changed

feat.   @Peter Parker

Regulus est dans ses petits souliers, plus anxieux qu’il ne le voudrait. Il avait beau avoir réfléchi à la question et s’être fait mille scénarios depuis son lit d’hôpital, c’est une chose de les envisager, et c’est une autre que de daigner concrètement y faire face. Le Regulus d’il y a quelques années seulement se serait probablement dérobé à cette perspective, l’aurait laissée dans un coin de sa tête et n’y serait jamais revenu… mais ce n’est pas ce que Regulus veut. Lui, bien au contraire, veut s’éviter de commettre encore et encore ces erreurs qui l’auront trop souvent entravé : par peur, par conformisme, par… va savoir, Regulus avait toujours une bonne raison de ne pas faire les choses – une mauvaise raison, donc.

Il guette la moindre réaction de Peter, anxieux à l’idée de se manger un mur. Pour le coup, il comprendrait, surtout avec ce qu’ils viennent de traverser et au vu de son absence totale de subtilité mais… Peter réagit de la manière la plus douce et la plus réconfortante que le jeune sorcier pouvait bien envisager en ce bas mon. Il embrasse doucement sa main, et s’exprime avec une douceur mêlée d’émotion qui le fait doucement trembler. Regulus sourit doucement, ému, alors que Peter lui fait remarquer qu’il ne connaît toujours pas son tour de doigt, avant de finalement faire… Ce dont Regulus ne pensait pas rêver à ce point, et qu’il a le sentiment d’avoir toujours désiré pourtant.

Peter se tient là, face à lui, un genou au sol et chaque mot qu’il prononce trouve une place particulière dans le cœur et dans l’esprit de Regulus, qui n’a jamais plus qu’en cet instant eu le sentiment de se trouver à sa place, et de faire précisément ce qui devait être fait – ce qui ne pouvait qu’être fait. Parce que ce n’était jamais que dans la continuité d’une histoire dont il es plus certain que jamais. Chaque jour, il aime et admire Peter davantage, il est incapable de concevoir que cela cesse un jour – il est même convaincu que ça ne cessera jamais… alors, sa conviction est grande, pure et certaine. Il est prêt, il veut passer toute sa vie avec lui.

Regulus sourit, plus rayonnant peut-être qu’il ne l’a jamais été, un voile d’émotion sur le regard. D’un geste, il invite Peter à se redresser, et alors qu’ils se font de nouveau face, il se jette littéralement à son cou et l’embrasse longuement, passionnément. Il peine à quitter ses lèvres, contre lesquelles il sourit de plus belle, avant de souffler quelques mots, d’une sincérité absolue.

« Je t’aime tellement. N’arrête jamais de me coller, s’il te plaît », il lui dit en collant son front au sien. « Oui, Peter Parker, je veux t’épouser. Je suis prêt. »

Something changed

feat.   @Peter Parker

Regulus affiche un grand sourire. Au fond, ce que voulait Regulus, au moment de suggérer être prêt à passer toute sa vie avec Peter et être prêt à l’épouser, ce n’était pas tant assister à un mariage en grandes pompe, c’était juste… lui offrir la preuve d’amour la plus forte qui puisse exister… et aussi, s’assurer de le voir heureux. Le voir heureux comme il l’est en cet instant. Il n’y a rien qui sache compter davantage aux yeux de Regulus que de voir Peter sourire… et d’être à l’origine de ce sourire. Il ne l’aurait jamais cru avant de le rencontrer, et c’est pourtant bel et bien le cas, le bonheur d’un autre importe plus que tout au monde pour lui, et c’est une pensée enivrante, encore aujourd’hui. Surtout aujourd’hui, en fait.

« Hmmm… on aura tout le temps d’y penser plus tard », répond Regulus avec un fin sourire quand Peter s’interroge sur leurs noms de famille.

C’est le genre de choses auxquelles on ne pense pas nécessairement quand on se lance dans ce genre d’aventures de manière un peu trop spontanée… Il ne peut s’empêcher de penser, irrésistiblement, à ses parents, à ce qu’ils penseraient s’ils changeraient de nom… ce serait probablement un soulagement pour eux, ça leur faciliterait la tâche, leur fils indigne ne serait plus associé par le nom à leur noble famille. Quant au fait pour Peter de porter le nom des Black… c’était inenvisageable… Cette simple réflexion amusée oblige Regulus à faire doucement face aux conséquences de ses actes… mais il fait le choix de les chasser finalement.

Il aura tout le temps de s’en soucier plus tard. Pour le moment, il veut seulement apprécier le moment pour ce qu’il est. Il ne veut pas avoir de regrets. Il veut seulement savourer ce bonheur partagé, rien d’autre. Voilà, ils verront tout ça plus tard (j’aime la petite ref que Reg est trop bête pour comprendre). Tout ce qui importe, c’est qu’ils s’aiment, et qu’ils sont ensemble. Et qu’en dépit de toutes ses inquiétudes et de toutes les épreuves qu’ils traverseront, ils pourront toujours compter l’un sur l’autre. Leurs lèvres se rejoignent une fois encore, et Regulus prolonge ce baiser, jusqu’au moment de réaliser que la pizza, indifférente à ce moment d’exception, ne les a pas attendus pour cramer gaiment.

« La pizza est sauve ! » Il sourit. « J’aurais dû acheter du champagne pour arroser ça. » Il sourit doucement. « A la place, on a du Coca, si ça te dit. » Il s’attèle à mettre la table et à remplir leurs verres alors que Peter sort la pizza du four. « Il va vraiment être temps qu’on se trouve un chez-nous digne de ce nom. »

Something changed

feat.   @Peter Parker

A quel moment est-ce qu’on bascule définitivement dans le monde des adultes ? On pourrait dire que c’est quelque chose de progressif, on pourrait affirmer que la bascule en question n’opère jamais totalement, on pourrait aussi dire, comme le pense Regulus en cet instant, que ces grands bouleversements ont juste… lieu comme ça, d’un seul coup. Ils vous prennent de court sans prévenir, et hop, vous êtes devenus des adultes alors que vous ne vous en étiez même pas rendu compte… simple comme bonjour. Là, d’un seul coup, c’est comme si quelque chose s’était débloqué dans le cœur et dans l’esprit de Regulus, et il se sent prêt à franchir toutes les étapes ou presque de l’existence… C’est si simple, en même temps, quand on fait face à l’enthousiasme à toute épreuve de Peter… A ses côtés, comment envisager que quoi que ce soit puisse mal se passer, après tout.

« Euh… t’avais quand même pas l’intention de nous trouver une maison sans me donner l’occasion de la visiter avant, rassure-moi ? »

Le ton de Regulus est plus mutin qu’accusateur, mais il reste tout de même vrai qu’il préfère pouvoir garder la main sur une telle décision… ou du moins s’assurer que cette décision soit commune, autant que possible. Cette chambre étudiante a été leur nid d’amour (et d’amitié ambiguë) pendant des années, et ils pouvaient s’en contenter comme ils savaient qu’ils n’y resteraient que temporairement… Mais il est temps d’écrire la suite, à présent… Et pour ça, Regulus se sent plus prêt que jamais.

« C’est peut-être un peu trop gros comme surprise, oui. » Il lui adresse un regard entendu. « Pour le quartier, ça me dérangerait pas de m’éloigner un peu. » Surtout si ça peut lui éviter de croiser certaines personnes… et sur ce point, il ne va certainement pas dire non, évidemment. « Je suis d’accord pour le jardin… Mais je n’ai pas changé d’avis pour le chien… attends… t’as carrément dit « chien » au pluriel ? T’essaies de me tuer ? Mon frangin aurait dû te vacciner des chiens pour toujours, ça a marché, avec moi. »

C’est pas totalement vrai. En fait, Regulus serait prêt à consentir à l’idée, mais ce ne serait pas drôle, bien sûr, s’il approuvait trop facilement (de toute façon, il va pas avoir le choix quand Will va déposer un mignon petit chiot entre les mains de Peter à Noël)… Il aime dans tous les cas l’idée d’avoir des projets, quels qu’ils soient, et ceux qu’ils sont en train de façonner son juste… Exceptionnels.

Something changed

feat.   @Peter Parker

Ouais, de toute évidence, il avait bien fait de rentrer plus tôt que prévu afin de s’éviter la surprise bien trop grande de voir Peter lui agiter les clés de leur nouvelle maison toute belle toute neuve… Il en aurait été capable… et le pire, c’est que même si Regulus aurait fait mine de râler, ça l’aurait quand même rendu heureux. Forcément que ça l’aurait rendu heureux, parce qu’il sait l’intention qui se cache derrière, il sait à quel point Peter tient à lui, et surtout, il est convaincu que Peter aurait déjà pensé à tout, conformément à ses envies et à ses goûts, pour que son fiancé se sente le mieux possible… mais il n’empêche… il aime l’idée de faire ça à deux, de visiter des maisons ensemble, de se projeter tous les deux en même temps… surtout s’ils doivent y rester pour un bon moment. Regulus n’a pas envie de reprocher à Peter son impulsivité, sans cette dernière, ils auraient probablement fait du surplace plus d’une fois, tous les deux, tant Peter se révèle être un éternel indécis. Oui, c’est pas mal qu’il prenne des décisions pour eux deux, parfois… mais pas trop souvent quand même.

Quoi qu’il en soit, Regulus prend la chose avec le sourire. Lui qui est si grognon d’habitude transpire en cet instant la bonne humeur. Tout ne sera pas facile (et il ignore encore à quel point), mais il a pour lui ces armes qui lui permettront d’être heureux et qu’il n’envisageait pas d’avoir un jour à sa disposition. Il a envie de savourer pleinement cette chance qu’il ne pensait pas pouvoir être sienne un jour, embrasser cette vie qui a tout, absolument tout pour l’aider à mener de front une nouvelle vie, plus belle.

Il s’abstient de tout commentaire et laisse Peter poursuivre. Dès qu’il entend le mot « dilemme », il sent bien que Peter s’apprête à lui retourner le cerveau, mais relativement docile, la tête penchée sur le côté, il attend de savoir où il entend en venir avec son petit jeu qui semblerait presque improvisé. Et effectivement, il commence fort…

« C’est pour le jeu, on est bien d’accord ? » réplique Regulus ? « Ce n’est pas parce que je préfère une hypothèse absurde à une hypothèse encore plus absurde que tu dois en déduire quoi que ce soit », le prévient-il avec un faux air d’avertissement. Il soupire. « Bon… Je préfère la tripotée de chiens. » Celle-là était pas difficile. « En même temps, je serais un père lamentable. » Et ça, il le pense. Avoir des enfants, c’est hors de question, il n’y tient absolument pas. « Je dois enchaîner, c’est ça ? » Il n’attend pas la réponse de Peter. « Tu préfères : devenir un sorcier ou rester Spider-Man ? »

Something changed

feat.   @Peter Parker

« Sans blague », répond Regulus d’un ton plus qu’entendu quand Peter lui fait remarquer qu’il serait trop dur avec lui-même.

Ça, c’est rien de le dire, c’est même une de ses spécialités, en réalité… et ce n’est pas demain la veille que ça changera, même si Peter réussit parfois à l’inviter à davantage d’indulgence envers lui-même – ce qui n’est jamais de refus, il faut bien le dire. Certes, en l’occurrence, ce n’était qu’une manière de le taquiner, n’empêche que ce n’est pas totalement faux, et que Regulus préfère répondre ainsi que de revenir sur la perspective de finir avec tellement de chiens qu’il ne sera même plus capable de les dénombrer.

C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’a pas tardé à enchaîner avec une nouvelle question… et il doit reconnaître qu’il ne s’était pas réellement attendu à la réponse que lui adresse son fiancé quand ce dernier affirme qu’à choisir, il préférerait être un sorcier. Au vu de ses arguments, ce n’est pas spécialement surprenant, mais allez savoir pourquoi, Regulus se serait figuré la réponse inverse… Au fond de lui, il songe que si ce souhait pouvait se réaliser, tout deviendrait plus simple… pas que ses parents l’accepteraient soudainement, mais si Peter était un sorcier, il deviendrait vaguement plus respectable aux yeux de ses parents, en dépit de son incapacité à leur offrir une descendance… (Bon, Regulus, on a dit qu’on laissait les sujets qui fâchent à plus tard, alors il serait question de s’y tenir, maintenant).

Alors il laisse Regulus reprendre avec un nouveau dilemme, et dès qu’il entend le nom de Brooke, il ne peut s’empêcher de grimacer et de soupirer… Décidément, même quand elle est pas là, il faut qu’il en entende parler.

« Jamais de la vie je me teindrais les cheveux en rose », il répond d’un ton bougon, les bras croisés sur sa poitrine. « Je comprends même pas pourquoi elle s’obstine, on dirait qu’elle s’est collé des chewing gums dans les cheveux », s’agace-t-il de manière très gratuite. « Et non, j’ai pas regardé notre vidéo d’Halloween. » Tant qu’il ne s’y intéressait pas, il pouvait faire comme si ça n’existait pas. Mais il devait s’attendre à ce que Peter l’ait regardé. Regulus fronce les sourcils en voyant les commentaires défiler sur son écran… « Je pensais pas qu’autant de gens voyaient ses vidéos… » Il n’avait jamais pris au sérieux cette histoire de « vlog », quoi que ça puisse vouloir dire, mais force lui est de constater que les commentaires sont quand même sacrément grognon. « Imagine, mes parents tombent là-dessus… » Il grimace. Non, heureusement, ils ne consommeraient jamais ce genre de contenu. « Ça veut dire quoi, schtroumpf ? »

Something changed

feat.   @Peter Parker

« Teint ou pas, c’est laid, et quiconque avec un minimum de goût et d’amour propre devrait en avoir conscience… Donc oui, le fait que ses cheveux soient teints, c’est encore pire. Elle a décidé de son plein gré d’avoir les cheveux roses. »

Sans doute parce qu’elle se trouve intéressante ou parce qu’elle a besoin d’affirmer son originalité… Va savoir. Quoi qu’il en soit, de son côté, il ne peut s’empêcher d’attaquer Brooke sur ces réflexions superficielles qui n’ont pas tant lieu d’être que cela. Sa liberté de ton et d’apparence contraste très franchement avec ses propres réserves et tout ce que lui a inculqué son éducation. En bref, ils sont aux antipodes… Pas étonnant qu’elle plaise à Sirius… Et tout comme il a pris l’habitude d’attaquer Sirius en dépit de son affection pour lui, il agit de la même manière avec Brooke. Qu’elle récolte ce faux mépris plutôt que son ignorance en dit long… en vrai, il ne la déteste peut-être pas tant que ça… il voit qu’elle rend son frère heureux, et rien que pour ça… elle gagne quelques points dans son estime.

« Plus tard, peut-être », répond évasivement Regulus qui en fait n’a absolument pas envie de se voir sur un écran. Tant qu’il ne regarde pas cette vidéo, il peut prétendre qu’elle n’a jamais existé, et honnêtement, ça l’arrange très fort. « Et pour mes parents, j’en sais rien… » Sur le principe, non, tout ce qui a trait aux moldus les couvre d’horreur… Mais tout comme lui, il a bien fallu qu’ils s’adaptent… Sa mère, à sa grande surprise, s’impose bien de se rendre au cinéma, alors… « Et franchement je veux pas le savoir », il ajoute en chassant l’image de ses parents horrifiés d’un geste de la main. Non, mieux vaut qu’il n’y pense pas trop.

Pour ce qui est de ces histoires d’algorithme, il n’y comprend pas grand-chose… et pas beaucoup plus à ces histoire de lutins bleus vivant dans des champignons dont lui serait apparemment l’incarnation vivante du plus rébarbatif entre tous… Sympa l’image publique. Et pas franchement surprenant non plus, faut quand même le dire.

« Donc Dumbledore serait un genre de Grand Schtroumpf, si je comprends bien », résume-t-il. « Les Moldus sont vraiment bizarres », ne peut-il s’empêcher de commenter après que Peter se soit épanché en explications sur le langage très spécifique de ces satanés lutins. Il mord dans sa pizza tout en écoutant Peter parler. Ce retour à la vie normale, pour lui qui vient tout juste de revenir de l’hôpital, est une véritable bouffée d’air frais. « Tu sais… C’est au moins dix fois moins sexy que tu le penses. »

Il ne manquerait plus qu’il lui parle en Schtroumpf durant l’amour.

Something changed

feat.   @Peter Parker

Regulus n'essaie même pas d'ouvrir le débat sur la question quand son fiancé lui fait remarquer que les sorciers sont franchement bizarres, eux aussi... Il défendrait les siens en d'autres circonstances, mais avec Peter, il ne se donne pas cette peine. Qui plus est, il a appris suffisamment de choses au jeune homme concernant sa famille (même s'il a dispersé ces informations au compte-goutte car il reste compliqué pour lui de parler de sa famille) pour que ce dernier dispose de sévère contre-arguments à lui opposer.

Quand la déco familiale est composée en partie de têtes d'elfes de maison empaillées, c'est proprement impossible de gagner quelque débat que ce soit. Certes, Regulus Black restera toujours fier d'être un sorcier (et un Black, qui plus est), mais il a depuis un moment déjà renoncé à ces discours trop rigoristes qui voulaient le distinguer de la masse quand, en fin de compte, ils ne faisaient jamais que l'éloigner, encore et encore.

"Et ça te sert à quoi de savoir dire ça en espagnol ? T'as dragué qui avec ça ?" il le taquine doucement, amusé par l'approche de Peter.

Il rapproche son visage de celui de Peter et l'embrasse doucement, un baiser simple, léger, une simple pression sur ses lèvres, qu'il accompagne d'un fin sourire. Les joues de Peter ont légèrement rosi, et ça le rend plus séduisant que jamais à ses yeux.

Il aime le fait que Peter soit bien souvent sûr de lui, mais il aime justement la manière qu'il peut avoir de baisser sa garde en certaines circonstances. Il se sent plus proche de lui que jamais dans ce genre de circonstances, et c'est toujours une vraie source de douceur et de réconfort pour lui.

"Qu'est-ce que tu peux me dire d'autre ?" reprend Regulus, sans trop éloigner ses lèvres de celles de Peter alors que ce dernier affirme qu'il peut lui adresser des paroles bien plus chaudes, dans cet espagnol auquel Regulus ne comprendra absolument rien puisque lui, de son côté, ne parle aucune autre langue que sa langue natale.

Something changed

feat.   @Peter Parker

« A d’autres », répond Regulus avec un fin sourire en coin, amusé de l’embarras de Peter quand ce dernier suggère qu’il n’aurait jamais dragué.

Il s’en fiche de savoir si c’est vrai ou pas, en réalité. Regulus sait pertinemment quel genre d’homme est Peter – au-delà du fait qu’il est l’homme de sa vie –, il sait pertinemment que Peter ne commettrait jamais l’erreur de lui faire du mal, quand lui-même redoute à chaque instant de le blesser, à cause de son fichu tempérament, à cause de son passé trouble, à cause de sa famille compliquée… de tout ce qui aurait peut-être dû convaincre Peter de partir en courant, et ça depuis un moment déjà. Mais s’il est encore là, s’ils sont tous les deux là, c’est qu’il y a une raison, c’est que ce qu’ils partagent et qui les unit transcende absolument tout le reste.

Regulus plonge son regard dans le sien et apprécie chaque mot prononcé dans cette langue à laquelle il ne comprend absolument rien (à part « mi amor », ça il a compris). Mais il n’a pas besoin de déchiffrer les mots pour parfaitement cerner l’attention. Elle est manifeste. Dans son regard brûlant, dans l’intensité de son phrasé, dans la proximité de leurs visages l’un contre l’autre.

« J’ai absolument rien compris », reconnaît Regulus sans perdre son sourire. Peter aurait pu lui dire dans un espagnol parfait qu’il fallait réparer la chaudière ou que Brian était dans la cuisine que ça n’aurait pas changé grand-chose pour lui, mais il s’en fiche, il aime de chaque mot la mélodie, et la tendresse qu’ils expriment.

« Hmm… »

Regulus fait mine de réfléchir très intensément à la question quand Peter lui demande ce qu’il aurait envie de faire aujourd’hui, occultant volontairement le « monsieur Parker » (le choix du nom est encore une histoire délicate qu’il préfère réserver à plus tard).

« Tu veux dire que si jamais je ne me décide pas maintenant, tu ne m’accorderas plus jamais quoi que ce soit ? » Il affiche un air sceptique. « J’y crois pas une seule seconde, tu pourras pas t’en empêcher. » Puis il ajoute, d’un ton faussement sérieux : « On pourrait aller en boîte ? Ou à un concert ? Ou bien organiser une soirée avec pleiiiiin d’invités. »

Il ne peut pas être convaincant une seule seconde, Peter sait pertinemment combien tous ces événements publiques suscitent en lui une violente phobie sociale.

« Toi, moi, et c’est tout. C’est tout ce que je veux aujourd’hui. »