Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

Il n'est pas forcément chose prudente que de se rendre ici en présence d'Abigail, où ils pourraient peut-être un peu trop aisément croiser des visages un rien trop familier. Oh, croiser Hannibal n'est pas ce qui l'inquiète le plus en l'occurrence, même s'il ne peut pas présumer être capable de la protéger de lui comme il s'efforce de le faire depuis qu'ils se sont trouvés. C'est bien sûr le père d'Abigail qu'il redoute de trouver ici. Ceci dit, si Abigail a estimé qu'ils n'encouraient pas de risques particuliers, Will décide de la croire. Peut-être par faiblesse... simplement parce qu'il veut s'octroyer chaque occasion qu'il peut avoir de passer du temps avec elle.

Noël n'est pas une fête à laquelle il accorde outre mesure d'importance. Ses Noël se sont souvent résumés à un verre de whisky savouré près d'un feu de cheminée, en compagnie de ses chiens, et c'était très bien. Bien sûr, la vie avec Molly, et surtout avec Walter, avait changé la donne, à une époque, mais ce qu'il en a retenu, ce n'est pas tant la nécessité pour lui de célébrer ces fêtes à tout prix que d'apprécier le bonheur simple de ceux qui pouvaient en profiter. Il avait aimé voir Walter se précipiter au pied du sapin, apprécier chacun des cadeaux qu'il déballait... Même s'il évite de trop y songer, au prix d'un malaise proche de la nausée.

Abigail n'est plus une enfant, bien sûr, mais Will, quoi qu'il en soit, voudrait la voir savourer cette joie simple qui autrement lui échapperait, et cela peut, peut-être, passer par quelque chose d'aussi simple que de juste profiter du marché de Noël organisé par la ville. S'il s'écoutait, c'est en sa compagnie qu'il passerait le réveillon, pour la priver d'un Noël en compagnie de son père biologique, mais il sait très bien que ce serait impossible.

"Qu'est-ce que tu dirais d'un vin chaud ?" suggère-t-il en lui adressant un de ces rares sourires qui sont rarement adressés à d'autres qu'elle.

Il songe à tout ce qu'Hannibal aurait à dire du vin chaud proposé sur le marché. Sans doute qu'il considèrerait comme une quelconque aberration le choix du millésime ou des épices, mais il n'est pas là, et quand Abigail sera dans les parages, il se fait la promesses de s'assurer - comme si c'était tenable - qu'il ne sera jamais là. Il n'attend pas la réponse pour se diriger jusqu'au stand et leur payer deux gobelets.

"Et voilà pour toi", dit-il en lui tendant le gobelet un peu brûlant.

A distance, il n'a pas la moindre idée qu'ils sont observés, et que l'on attend seulement le moment idéal pour frapper.

Ghosts of Christmas past.

feat. Will & Peter

Son premier Noël dans cette ville, elle l'avait passé en compagnie de son père biologique. L'ambiance avait été... Etrange, tout comme elle l'était en toutes circonstances depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Le Noël suivant, elle n'avait donc pas tenu à le fêter. Les festivités organisées par la ville lui avaient paru être bien moins attirantes, en sachant qu'elle devrait les apprécier aux côtés du tueur en série qu'était son père.

Mais, pour ce Noël-ci, elle avait un semblant d'espoir. Elle avait dû sacrifier encore un peu plus de son sens de la morale pour trouver le moment de rejoindre Will au marché de Noël, acceptant pour avoir cet instant de tranquillité de laisser son père "s'occuper" de l'une des jeunes femmes qu'il avait repérées. Bien entendu, il ne le lui avait pas dit. Mais elle l'avait deviné, en ce qu'il avait presque paru soulagé d'apprendre qu'elle comptait passer la journée à l'extérieur.

Abigail tentait d'occulter sa culpabilité teintée de désespoir aux côtés de cet homme qu'elle avait retrouvé quelques semaines plus tôt et dont elle trouvait la présence de plus en plus réconfortante. La proposition de vin chaud fut bienvenue.

- Merci.

Elle accepta le gobelet, veillant à ne pas se brûler les doigts. Elle hésita un instant avant de le sonder du regard, d'un air songeur.

- Je sais ce que tu fais, tu sais.

Ces paroles auraient pu avoir une allure de reproche, mais c'était pourtant tout le contraire. Elle savait qu'il tentait de l'éloigner de son père, sans doute aussi d'Hannibal. Au fond, elle lui en était reconnaissante. Il faisait des efforts considérables pour passer des moments... Sereins avec elle. Qui auraient pu être qualifiés de "normaux" si leurs histoires respectives n'étaient pas si complexes.

Elle acceptait de jouer le jeu. Parce que c'était Will, parce qu'elle voulait lui laisser une chance de lui montrer l'étendue et la profondeur de ce lien qu'il avait imaginé entre eux après sa mort. Mais elle n'était pas égale à celle qu'il avait imaginé. Et elle ne savait pas si elle en serait un jour capable. Elle s'était longtemps méfiée de lui, dans son ancienne vie. Mais elle avait aussi appris à lui faire confiance et, même, à accepter l'idée qu'ils se comprenaient, tous les deux. Ils avaient ressenti le même sentiment de puissance après avoir chacun abattu un homme, après tout. Ils étaient, en bien des points, similaires. Comme s'il était véritablement son père, plus que l'était Garrett.

Sur ce constat silencieux, elle s'adoucit.

- Et tu n'es pas obligé de payer, reprit-elle, en souriant, quoique d'un air légèrement réprobateur.

Sur ces mots, elle goûta à sa boisson après avoir veillé à souffler délicatement dessus. Immédiatement, elle lui trouva une saveur et une chaleur réconfortantes, plus agréables que le vin qu'elle avait bu en compagnie d'Hannibal.

- Oh. C'est bon, observa-t-elle à voix haute d'une voix émerveillée.  

Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

Will se dérobe à la remarque d’Abigail derrière un de ses très rares sourire. Bien sûr qu’elle sait ce qu’il fait, il aurait peine à le lui dissimuler, et la jeune femme est bien trop intelligente et vive d’esprit pour se laisser avoir, elle sait, nécessairement, quels efforts il fournit pour le tenir à l’écart des deux autres hommes de sa vie, par protection en partie, peut-être aussi par un semblant de possessivité. Ce ne saurait être viable sur le long terme, bien sûr, mais il sait se donner l’illusion de moments simples, sereins, avec elles, de ceux que n’importe quel père pourrait partager avec sa fille, sans inquiétude ni drame d’aucune sorte. Ce n’est peut-être qu’un écran de fumée, mais tant qu’ils font l’effort d’y croire tous les deux, ce n’est finalement pas si mal, et ça fonctionne plutôt bien.

Il ne prend pas la peine de lui répondre que ça lui fait plaisir de payer quand Abigail lui fait remarquer qu’il n’était pas obligé, préférant se concentrer sur son gobelet de vin chaud, dont il boit une gorgée en même temps qu’elle. Effectivement, n’en déplaise au grand absent de cette discussion, Will aussi trouve aussi au breuvage épicé une certaine saveur, qui n’a rien de désagréable.

Il s’apprête à répondre quelque chose quand un jeune homme tout sourire, et qui ne semble pas le moins du monde avoir remarqué sa présence, trop obnubilé par celle d’Abigail (et il l’appelle Abi, en plus…), vient s’adresser à cette dernière. Donc Peter et Abigail se connaissent ? Une nouvelle coïncidence presque trop grosse pour être honnête (quoi que pour cette fois, c’en soit vraiment une). Will attend que Peter ait constaté pour sa présence pour le saluer en retour.

« Bonsoir, Peter », répond Will, qui décide sur l’instant que l’appeler « monsieur Parker » dans ces circonstances particulières.

Peter est, à l’évidence, embarrassé, dans ses petits souliers. Will ne peut prétendre qu’il soit complètement à son aise dans ces circonstances, pris en flagrant délit de moment père-fille, comme si cela pouvait avoir une quelconque importance aux yeux de ce garçon plein de bonne volonté qu’Hannibal avait absolument voulu que Will rencontre, sans en connaître, encore maintenant, l’exacte raison. Bien sûr que Peter a donné un coup de main au vendeur de sapin, parce que c’est Peter Parker, qu’il a le cœur sur la main et qu’il semble incapable de rester sans rien faire.

« Pas encore mais plutôt que de courir me chercher un sapin dans l’immédiat, je peux t’offrir un vin chaud ? » dit-il, conscient de sa propre maladresse en cet instant, mis dans une position étrange, inconfortable… surtout pas complètement naturel pour lui. « Enfin, je peux vous laisser, aussi », reprend Will qui songe soudain qu’Abigail préférera peut-être passer ce moment en compagnie de ce garçon qui s’avère donc être un ami à elle plutôt qu’à ce substitut de père qui cherche par tous les moyens du monde à tenir ce rôle auprès d’elle.

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feat. Will & Peter

Abigail continuait de déguster son vin chaud duquel elle devrait sincèrement penser à se méfier à l'avenir sous peine de trop succomber à ses saveurs addictives. Elle qui découvrait à peine l'alcool, il aurait été fâcheux qu'elle mette fin à des années de précaution et d'impassibilité calculée à cause de célébrations de Noël, aussi sublimes soient-elles.

L'interruption de son camarade de cours faillit lui faire lâcher son gobelet. Elle le dévisagea d'abord avec stupeur, avant de lui sourire franchement. Le fait qu'il n'ait, dans un premier temps, pas remarqué la présence de Will l'amusait. Surtout la manière qu'il eut d'en être aussitôt embarrassé.

- Salut Peter.

Elle ne savait pas comment considérer cette rencontre. Elle avait appris que Peter et Will seraient amenés à travailler ensemble à l'occasion du stage du jeune homme. Mais elle était restée discrète sur le lien qu'elle avait avec Will, tout simplement parce qu'elle n'aurait pas su le décrire. Ce fut donc avec un soulagement qu'elle ne montra pas qu'elle laissa l'homme répondre en premier. Elle hocha la tête après la proposition de vin chaud qu'il lui fit, mais tourna vers Will son visage aux sourcils froncés lorsqu'il proposa de les laisser tous les deux.

- Non, reste avec nous.

Sa voix était douce, mais ce n'était visiblement pas une déclaration qui laissait matière à débat. Elle reporta son attention sur Peter et lui sourit une nouvelle fois. Le jeune homme était d'un tempérament tel qu'il était difficile de ne pas se montrer aimable avec lui.

- Il a raison cela dit, tu ferais mieux de faire une pause et de profiter de ton temps libre. Et puis... Le vin chaud est vraiment bon.

Même si, après avoir entendu le récit de Peter quant à sa générosité et son envie d'aider frôlant la névrose, elle n'était pas certaine que leur compagnie soit la plus chaleureuse, pour lui.

Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

« Dans ce cas… »

Will retourne donc au stand pour acheter un autre vin chaud, pour Peter cette fois, plutôt satisfait en réalité de ne pas avoir à le laisser avec Abigail, même si l’inquiétude, rationnel ou non, que n’importe quel prétexte puisse être bon à la jeune femme pour se dérober à sa compagnie reste malgré tout présent dans son esprit. En soi, qu’un de ces rares moments que Will réussit à grapiller avec Abigail soit ainsi interrompu le dérange moins qu’il ne l’aurait imaginé, peut-être parce qu’il apprécie sincèrement la compagnie de Peter, quand bien même son bonhommie et son enthousiasme tranchent si radicalement avec son propre caractère.

Ou peut-être pour cette même raison, en vérité. Quand il retourne auprès d’Abigail et de Peter, il garde le gobelet de Peter dans sa main le temps d’observer les photographies du sapin de Peter, et dont il semble si fier, un mastodonte cent fois trop gigantesque pour l’appartement dans lequel il semble habiter, mais ce constat, quand on s’intéresse un peu à Peter, n’est pas bien surprenant, il est à l’image de son insigne générosité. De ce qu’il comprend de Peter Parker, ce dernier serait incapable de faire les choses à moitié. C’est peut-être sa force, ce peut aussi être sa faiblesse. Will aurait pu faire un commentaire, il s’apprête à en faire un, mais au moment où Peter l’interroge, il reste comme un idiot, ses deux verres de vin chaud à la main.

La réponse qu’il voudrait offrir spontanément à Peter est évidente. Bien sûr qu’Abigail est sa famille. Peu importe les circonstances, elle est sa fille, et il n’a jamais su la considérer autrement comme tel, l’élan d’amour paternel qu’il éprouve pour elle, qui tient de l’instinct, il n’a pas su en éprouver de tel pour Walter, il ne l’explique pas, c’est seulement le cas. Abigail est sa fille, et en soi, il devrait être simple d’expliquer, par conséquent, la nature de ce qui les lie. Sauf que dans les faits, bien sûr, c’est loin, très loin d’être aussi évident. Finalement, il improvise la meilleure excuse qui lui vienne à l’esprit.

« J’étais devenu son tuteur légal à la mort de son père, mais ici, il est toujours en vie donc disons… » Il tourne son regard vers Abigail. « Oui, on est de la même famille. » Il dépose son gobelet de vin chaud entre les mains de Peter avant de reprendre. « Il y a beaucoup de monde, ici, et je crois qu’on est sur le passage. On peut se mettre à l’écart, peut-être ? J’ai repéré des bancs, un peu plus loin. »

A l’arrière des cabanes du marché, et donc à l’abri de la plupart des regards. Pas un instant Will n’envisage qu’en les isolant, il les expose.

Ghosts of Christmas past.

feat. Will & Peter

Abigail continuait de sourire, quoique machinalement, pendant que Peter s'exprimait et s'extasiait sur le sapin qu'il avait su dégoter pour son chez-soi. Poliment, elle regarda les photographies qu'il leur montrait et dut faire le constat qu'effectivement, ce sapin était immense.

- Ca n'a pas dû être facile de le déplacer jusque chez toi, commenta-t-elle d'un air amusé. Mais il est très beau. Et ça décore bien la pièce.

La question de Peter concernant le lien qui les unissait, elle et Will, lui fit perdre son sourire. Curieuse, elle tourna instinctivement son regard en direction de l'homme qui les avait de nouveau rejoints. Elle garda le silence, estimant que c'était à lui de répondre à ce sujet. Il savait ce qu'elle en pensait. Elle le savait aussi, le concernant, mais elle restait curieuse de savoir s'il allait éluder la question comme il en avait pris la mauvaise habitude, ou s'il allait répondre. Et, s'il répondait, elle était curieuse de découvrir la nature de ses propos.

La conclusion qu'il énonça finalement la fit sourire, avec une douceur qui n'était pas feinte. Considérer Will comme étant de sa famille était devenu naturel pour Abigail, mais une chaleur réconfortante se diffusait dans son corps chaque fois qu'elle en obtenait la confirmation de la part de l'intéressé.

- Mais on ne vit pas sous le même toit, pour en revenir à ta proposition. C'est un peu particulier hein ? souffla-t-elle à Peter avec ce même air amusé, consciente que ce n'était pas chose commune que d'entendre ça.

Elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise, même si elle avait eu l'occasion de voir qu'il en fallait visiblement beaucoup pour placer Peter dans l'embarras.

Abigail reporta son attention sur Will et hocha la tête après qu'il ait proposé de se mettre à l'écart. Ils avaient visiblement matière à discuter, tous les trois, et ce serait plus simple de le faire assis sur un banc plutôt qu'en plein passage. Surtout s'ils espéraient conserver le contenu de leurs gobelets de vin chaud, qui avait tendance à se répandre sur le sol dès que l'on était percuté par les passants.

Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

Will évite soigneusement le regard d’Abigail (comme il a naturellement tendance à ne de toute façon pas soutenir le regard de quiconque ou presque) tandis qu’il tente de résumer, sans mentir et donc en omettant un maximum d’information, sa relation avec elle. Il veut croire qu’elle approuve sa manière de présenter les choses. Il ne peut s’empêcher cependant de douter, par moments. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’elle est un membre à part entière de sa famille, famille étrange qui, au final, se réduit à elle et Hannibal (pour le moment), mais en dépit de son talent d’empathie, il ne pourra jamais avoir l’entière certitude de la manière dont, elle, le perçoit. Finalement, elle confirme ses dires à sa manière, précisant à Peter qu’ils ne vivent pas sous le même toit. Affirmer que cette situation est un peu particulière relève à l’évidence de l’euphémisme : elle est au-delà de particulière, et quand on en connaît tous les rouages, on peut même dire qu’elle est monstrueusement complexes, mais il n’est certainement pas plus mal que Peter soit au moins en partie préservé de la réalité de leur situation dans toute sa complexité.

Will s’abstient naturellement de tout commentaire quand Peter fait remarquer à Abigail qu’elle a dû être absolument ravie de retrouver son père… Le fait est que Will veut bien croire qu’Abigail l’aura peut-être été au moins en partie… Mais ces réjouissances ne dureront pas longtemps. D’une manière ou d’une autre, il faudra bien que Garret Jacob Hobbs meure, et le plus tôt serait le mieux… Bien sûr, ce ne sont pas là des pensées qu’il va partager avec le charmant et énergique Peter Parker, qui, le pauvre, n’a vraiment pas idée d’à quel genre d’individus et à quel type d’histoire il a affaire. Quant au fait de leur trouver deux sapins, Will ne fait pas davantage de commentaire, quoi qu’il serait presque assez tenté d’amener un Peter, sapin sous le bras, chez lui, juste pour confronter Hannibal à cette situation.

Alors qu’ils s’éloignent de la foule, Will compte sur le caractère jovial et bavard de Peter pour lui épargner de faire la conversation, exercice qui n’est définitivement pas celui qu’il préfère. Mais ils n’ont pas réellement le temps de parler de quoi que ce soit en réalité. L’instant d’après, sans que Will ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, il sent Peter, sans prévenir, lui empoigner l’épaule pour le tirer en avant. La suite se passe très vite. Une bête. Non. Un humain… en vérité, il ne faut pas longtemps à Will pour comprendre de qui il s’agit. La dernière fois que Will a eu affaire à Randall Tier, il l’a tué, de ses mains, brusquement, violemment. Mais cette fois-là, il était préparé, prêt à se battre. Les chiens l’avaient alerté. Cette fois, face à la violence et à la bestialité de Randall, il se découvre bien impuissant. Il n’a rien pour se défendre, ni son arme de service, ni quoi que ce soit d’autre qui puisse être utile. Peter, en revanche, met tout en œuvre pour arrêter leur assaillant, lui martèle le crâne, entoile sa fausse mâchoire qui cède alors pour révéler l’humain sous la bête, un humain qui, en dépit des agressions répétées de Peter, le toise lui, avec une violente fureur dans le regard. L’instant d’après, Peter a entoilé ses pieds au sol.

Will serait certainement impressionné par les pouvoirs de Peter, qu’il découvre pour la première fois, s’il n’était pas autant désarçonné par les circonstances qui laissent peu de latence à des réflexions autres que désordonnées. De tous les fantômes de son passé, Will aurait sans doute dû s’attendre au grand retour de Randall Tier qui, avec le père d’Abigail et Francis Dolarhyde (et Hannibal, si l’on veut) a marqué une étape décisive de sa transformation… pourtant, il est celui qu’il s’attendait le moins à retrouver ici. Non, il n’est pas comme eux. Ou au mieux est-il comme Will… En tous les cas, il n’est pas comme Peter.

« Il sait qui je suis », répond Randall en toisant toujours Will d’un regard assassin.

« Il faut que vous partiez, tout de suite », fait Will à l’adresse autant d’Abigail que de Peter, dont il s’inquiète fortement de la blessure. « Je m’en occupe. »

Est-ce qu’il serait capable de le raisonner ? C’est peu probable, mais il veut au moins mettre Abigail et Peter hors de danger. C’est sans compter après l’arme que Randall avait dissimulé sous son manteau. Immobilisé mais les mains toujours valides, Randall ne tarde pas à dégainer, Et Will parvient à éviter une première salve de balle en entraînant Abigail et Peter au sol d’un même mouvement.

Ghosts of Christmas past.

feat. Will & Peter

La jeune femme choisit de conserver un silence prudent suite à la remarque de Peter au sujet de ses retrouvailles avec son père. Contente ? Elle l'avait sûrement été, au moins le temps de quelques secondes. Mais la surprise l'avait emporté sur toute possible joie. La surprise, presqu'aussitôt suivie d'une angoisse viscérale à l'idée qu'il puisse tenter de reproduire ce qu'il avait commencé et cette fois, réussir car Will n'était pas là pour l'en empêcher. Mais Garrett n'avait pas tenté d'égorger sa fille, dans ce monde-ci. Il lui laissait cette énième chance de nouveau départ, ce pour quoi elle lui était, malgré elle, reconnaissante. Une victime n'aurait pas dû éprouver de la gratitude pour son bourreau, tout comme une fille n'aurait pas dû éprouver une telle gratitude pour les quelques semblants de normalité auxquels son père la laissait accéder. Mais, conditionnée et incapable de prendre le recul nécessaire sur la situation, c'était bel et bien ce qu'elle ressentait. De la gratitude. Qui, lorsqu'elle taisait sa conscience, pouvait presque ressembler à de l'amour sincère à l'égard de son géniteur.

Le trio s'était éloigné de la foule. Grave erreur.

L'apparition de cet... homme, ou animal, était un choc. Mais la plus grande surprise vint de Peter, qui se hâta de prendre les choses en main et de se dresser entre l'assaillant et Will, révélant par la même occasion ses facultés. Si elle n'avait pas été dans l'urgence de la situation, Abigail aurait été sincèrement étonnée de découvrir ce qu'était capable de faire son camarade de cours. Et malgré sa blessure, malgré la brutalité colossale de l'agresseur, Peter leur intimait de ne pas lui faire de mal. Ce qui, pour le moment, n'était pas une possibilité. Mais malgré les directives de Peter, Abigail savait que ce type d'individu ne pouvait être neutralisé sans violence.

La jeune femme tourna vivement la tête en direction de Will après que ce dernier leur ait signalé de partir.

- On ne va pas te laisser-

Le restant de sa phrase fut coupé en même temps que son souffle après que Will les ait tous deux emportés à terre. Quoiqu'en dise Peter, il était évident que celui qui était pour elle un inconnu était une menace à abattre. Avec une arme à feu, il était plus dangereux.

- Il faut partir, mais viens avec nous !  s'exclama-t-elle parmi le chaos ambiant.

Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

Partir, oui. Mais prendre la fuite, ainsi que le suggère plus qu’intelligemment Abigail, ne leur permettra qu’un répit très relatif. Peter et Abigail n’ont pas à être mêlés à tout ceci – comme, dans un monde mieux fait, ils ne seraient mêlés à rien de ce qui le concerne –, ce n’est pas à eux que Randall Tier veut s’en prendre mais bien à lui. Difficile de l’en blâmer au regard du sort que Will n’avait pas hésité à lui réserver, il y a bien longtemps, dans une vie lointaine, une autre vie. C’est lui qu’il veut, et Will a suffisamment appris de son ami ressuscité pour savoir que ce dernier ne lâchera jamais l’affaire, et surtout, qu’il était bien trop dangereux pour le laisser en liberté ou lui réserver un sort plus doux que celui qui avait été le sien autrefois. Non, quoique Peter puisse en penser, le sort qui devra lui être réserver ne saurait être doux. Will n’a pas à sonder son âme torturée dans le détail pour comprendre l’entièreté de son dessein. Il est d’une simplicité enfantine, comme les sont les impulsions les plus instinctives. Purement bestiales.

Will n’a ni le temps d’agir, ni celui de réagir. Peter insiste pour prendre les choses en mains et c’est sous le regard horrifié de Will que ce dernier le voit encaisser des balles qui décideraient du sort de n’importe qui de normalement constitué. Sauf que Peter Parker, Will commence doucement à le comprendre, n’est pas normalement constitué, ou pas tout à fait du moins… Voir la détresse dans son regard, l’entendre s’excuser dans un moment qui exigerait, à l’inverse, que Will s’excuse pour l’avoir mis dans une telle position, est un spectacle insoutenable. Will doit agir à tout prix, peu importe la manière. Il ne peut pas laisser Abigail mourir sous ses yeux encore une fois à cause de lui encore une fois, comme il ne peut accepter qu’il arrive quoi que ce soit à Peter.

Mais ce dernier n’a, semble-t-il, pas dit son dernier mot. Il parvient à le désarmer, grâce à ses toiles, peu importe la manière dont il parvient à une telle chose. L’arme de Randall glisse dans leur direction. Intuitivement, Will s’en empare, l’instant d’après, il tire avant que Randall n’ait eu l’occasion de se rapprocher de trop près. Un seul coup qui fait s’effondrer le tueur au sol. Il s’en contente. L’urgence veut qu’il s’occupe de Peter, dont il tente du mieux qu’il le peut de contenir les blessures. L’image d’Abigail, le cou tranché, allongée au sol, tandis qu’il cherchait à faire cesser l’hémorragie, se transpose à celle de Peter. L’histoire recommence, et cette pensée lui est tout bonnement insupportable. Il ne peut pas le laisser mourir, il ne peut pas… D’une main tremblante, il fouille sa poche à la recherche de son portable, sans réaliser que Randall, loin d’être complètement hors d’état de nuire, s’est relevé avec la férocité d’un animal d’autant plus déterminé à en découdre qu’il a été très sérieusement blessé.

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feat. Will & Peter

Pétrifiée, Abigail observa le violent affrontement qui se joua sous ses yeux. Peter qui les protégeait avec beaucoup de bravoure, le vacarme des coups de feu, l'odeur ferreuse du sang, le chaos et la précipitation des mouvements... C'était une situation cauchemardesque, mais... Mais c'était une situation exaltante.

Peter était au sol. Will fit tomber leur agresseur d'un coup de feu et se précipita sur le jeune homme. Cette situation était familière. Un peu trop, d'ailleurs. Abigail eut tout juste le temps de penser que cette fois-ci, elle pouvait observer une telle scène de l'extérieur. Mais le mince espoir que le coup de feu ait achevé Randall ne dura pas.

La fuite n'était plus une solution. Et cette bête là devait être achevée. C'était une bête bien moins paisible que toutes celles qu'elle chassait déjà avec son père. Alors, une telle instabilité ne pouvait que l'encourager à agir et à tenter de mettre fin, une bonne fois pour toutes, à cette sauvagerie. N'écoutant que son instinct, elle avisa la manière dont cette chose se releva péniblement. Elle comprit en un coup d'oeil qu'il n'avait pas fini de s'acharner sur Will. Avant qu'il n'ait eu le temps de s'approcher de Peter et de Will, Abigail se précipita sur lui en profitant du fait qu'il lui tourne le dos. Elle le fit chuter au sol, se retrouvant entraînée dans le mouvement.

- WILL ! l'avertit-elle en espérant qu'il n'ait pas totalement baissé la garde.

La bête se débattait. Abigail, malgré la panique, voyait chacun de ses mouvements comme au ralenti. L'expérience de la chasse, les conseils de son père à son oreille et le souvenir de Nick Boyle s'imposèrent à son esprit. N'écoutant que son instinct de survie, elle fit de son mieux pour le maintenir au sol, usant de toute la force de l'adrénaline. Du coin de l'oeil, elle aperçut les restes du crâne que l'agresseur portait avant. L'un des crocs acérés s'était détaché, et elle s'empressa de le saisir avant de le planter brutalement et implacablement dans la gorge de cet homme-bête.

Ghosts of Christmas past

feat. Abigail & Peter

Alors que Will s’efforce autant qu’il le peut d’aider Peter, définitivement en piteux état, il n’a pas conscience de ce qui se trame dans son dos. En parfaite inconscience et aveuglé par son inquiétude à l’adresse de Peter, il a su se convaincre que Randall Tier n’est plus en état de nuire… Il faut l’avertissement d’Abigail pour qu’il prenne conscience de l’ampleur de la menace. Pour autant, alors qu’il se retourne vivement, il constate qu’Abigail n’a pas besoin qu’il la défende. Tout comme Peter l’avait protégé plus tôt, c’est au tour d’Abigail de prendre le relai, dominé par un instinct qu’il lui reconnaît, parce qu’il s’y reconnaît lui-même.

C’est avec précision qu’Abigail avait saisi l’un des crocs de Randall pour retourner son arme contre lui et la planter dans la gorge de Randall Tier. C’est un spectacle horrible… Et en même temps, d’une beauté irrésistible. Randall pousse un gémissement qui le fait passer encore davantage pour une animal blessé, et quand il s’effondre au sol, cette fois, il ne se relève pas. Will consent à laisser Peter un instant pour s’assure que Randall Tier ne respirait plus, avant de focaliser son attention sur Abigail.

« Tu vas bien ? »

Physiquement, elle ne semble pas blessée. Moralement… C’est un autre débat, et mieux vaudra qu’ils en discutent plus tard. Will considère l’étendue des dégâts : Peter, entre la vie et les mains, Abigail, du sang – une fois de plus – sur les mains, et le cadavre de Randall Tier jonchant le sol. La solution la plus logique serait d’appeler l’hôpital, d’appeler la police, mais Will ne sait pas se résigner à une telle possibilité. Peut-être l’aurait-il fait s’il n’y avait que lui d’impliqué, mais la vie et la sécurité d’Abigail sont à présent en jeu aussi. Il sait bien que la légitime défense ne serait pas la chose la plus difficile à plaider, mais la dernière chose qu’il puisse souhaiter à Abigail soit qu’elle se retrouve dans le collimateur de la police, d’une manière ou d’une autre. En attendant, la situation est urgente, et s’ils ne font rien… qui sait si Peter s’en sortira indemne.

« Aide-moi à le relever », dit-il à l’adresse d’Abigail en désignant Peter.

Sa solution, dans l’urgence, est de faire appel à Hannibal – évidemment. Ils vont amener Peter chez eux. Si la route ne fait pas des siennes, ils y seront rapidement, et en chemin, il préviendra Hannibal de la situation. L’essentiel est de sauver Peter, oui, mais aussi de protéger Abigail, et c’est tout ce qu’il garde à l’esprit tandis qu’il prend une décision pour le moins alambiquée, mais quelle situation ne l’est pas quand elle les concerne, n’est-ce pas ?