The shadow of an other world

feat. Peter

Tout est affaire de choix, de rencontres, d’opportunités… L’on peut être tout, n’être rien, un inconnu dans une foule anonyme, ou briller d’une lumière que d’autres auront projeté dans notre direction. Regulus Black ne sait pas que sa vie aurait pu être bien différente. Regulus Black ignore que son existence entière n’est qu’une alternative à une vie autre, à la fois plus douce et plus complexe, qui aurait pu être la sienne si, en temps et en heure, il avait rencontré les bonnes personnes, prononcé les bons mots, renoncé à ces faiblesses naturelles qui le constituent. Il l’ignore. Et si quiconque devait lui apprendre, à ce jour, qu’une autre version de lui-même avait fait le choix radical de s’enticher d’un Moldu, de se réconcilier avec son frère, et de combattre le seigneur des Ténèbres aux côtés de l’Ordre de Phénix, il n’en rirait certes pas, mais il rejetterait catégoriquement l’hypothèse.

A son réveil dans ce nouveau monde, après avoir échappé de très près à une mort certaine, les événements s’étaient précipités pour Regulus. Il avait vu briller autour de son cou le médaillon même qu’il avait espéré détruire… Le seigneur des ténèbres l’avait senti, et l’avait rapidement retrouvé… Regulus n’aurait pas dû survivre à cette confrontation, et pourtant… il était retourné dans les rangs, il avait fait le choix le plus sûr, le choix de ceux qui survivent, il avait accepté cette fatalité qui lui avait été annoncée dès l’instant où la marque des Ténèbres avait noirci la chair de son avant-bras : on ne quitte pas le service du Seigneur des Ténèbres… ou bien on ne le fait qu’au prix de conséquences qu’il n’était pas prêt à endurer une seconde fois. L’expérience traumatisante du sort qu’il avait rencontré dans cette caverne, alors que les inferi le faisaient basculer vers le fond, dans l’obscurité glacée de ces eaux sans fond, l’avait vacciné d’un héroïsme absurde dont il avait bien rapidement compris qu’il était vain.

Regulus Black n’a rien d’un mangemort convaincu. Même si son éducation stricte et radicale a la vie dure, il déplore les méthodes extrêmes dont les siens font preuve et qui l’avaient une première fois détourné de ses allégeances, mais il ne les conteste plus, il ne se rebelle plus… La peur est trop grande, elle a rongé si sûrement son être qu’elle ne pouvait plus lui laisser le moindre répit. Le choix du lâche était le choix de la survie… Et il survit. Il survit plus qu’il ne vit…

Dans cette ville profondément bouleversée par l’avènement définitif d’un mage noir que Dumbledore et ses sbires n’avaient pas eu le pouvoir d’arrêter à temps, les ennemis sont nombreux. Pas seulement l’ordre du Phénix, mais des adversaires d’une autre nature… à commencer par ces super-héros dotés de compétences étranges, et qui leur avaient à plus d’une reprise mis des bâtons dans les roues. La mission était simple. Les attaquer quand leur vigilance serait au plus bas, chez eux, dans le confort d’une vie qu’ils croyaient anonyme.

C’est ainsi que Regulus Black s’est retrouvé dans le salon de Peter Parker, sans deviner un seul instant que ces murs, ces meubles, ce beau visage, devraient lui être familiers… A la lumière de sa baguette, il le cherche du regard, prêt à frapper, puisque les ordres sont les ordres, et qu’il n’est plus en droit de désobéir…

… Mais celui qu’il trouvera n’est pas tout à fait celui qu’il était venu chercher.

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feat. Peter

Sa voix, les traits de son visage, sa silhouette… plus rien n’est familier à Regulus qui dévisage sa cible comme s’il le voyait pour la toute première fois. Certes, il a déjà eu l’occasion de se renseigner à son sujet, mais il est toujours différent d’avoir sa cible sous les yeux. La pénombre aide, dans ce sens. Connaître un nom, avoir vu une photo… ce n’est pas la même chose que de voir la personne en face… Prendre le risque de découvrir à sa cible une personnalité… c’est prendre le risque d’échouer, et d’en assumer les conséquences.  Regulus n’est pas le genre de mangemort capable de ne pas avoir de scrupule.

Au fond, il le voudrait bien… tout serait plus simple si c’était le cas… mais il n’en est rien. Il n’est pas fait de ce bois-là. C’est pour cette raison, à cause de ses scrupules, qu’il avait cédé une première fois et décidé de lutter contre le pouvoir grandissant de son maître, dans une autre vie… dans ce nouveau monde, il ne veut pas commettre cette erreur à nouveau, il ne supportera pas de mourir une seconde fois… mais il constate que certaines choses ne changent pas. Il voudrait que la main qui tient sa baguette tremble un peu moins, il voudrait pouvoir s’en moquer, se détacher de ses propres sentiments, s’en départir comme s’ils n’étaient rien…

Mais il n’est pas capable de cela. Il sait ce qu’il doit faire… un simple avada kedavra, et c’en sera fini… Pourtant, il n’y arrive pas. Alors qu’il voit ce jeune homme avancer vers lui, il ne recule pas mais n’agit pas pour autant. Ce n’est pas juste l’anticipation d’un acte horrible qui le fait à ce point douter. C’est autre chose… un détail qui aurait presque pu passer inaperçu tant il est focalisé sur son rôle et sur sa tâche… Mais qui n’a pas échappé à son oreille. Regulus fronce les sourcils, incapable de comprendre.

« Comment est-ce que tu m’as appelé ? »

Qu’il le prenne pour quelqu’un d’autre, Regulus aurait pu le comprendre, d’autant qu’il a bien compris que certaines personnes lui ressemblaient comme deux gouttes d’eau, en ville, ce qui l’avait mis plus d’une fois dans une situation déplaisante. Mais il ne s’est pas contenter de l’interpeler familièrement… il l’a surnommé Reg… Un surnom que très peu lui attribuent. Et qu’il ne s’attendait certainement pas à entendre un total inconnu lui adresser, le prenant totalement au dépourvu.

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feat. Peter

Tu veux que je t’appelle comment ? Quelle drôle de question… il voudrait qu’il ne l’appelle pas comme quelqu’un qu’il serait supposé connaître alors qu’il veut se convaincre poser les yeux sur lui pour la toute première fois de sa vie. Comment peut-il savoir qui il est ? Que peut-il bien savoir d’autre à son sujet ? Il est de plus en plus troublé, et de moins en moins capable de savoir quoi faire… La situation frôlerait presque le ridicule au moment pour Peter d’allumer l’interrupteur. A la lumière artificielle qui embaume à présent la pièce, Regulus se sent comme… diminué. Pourquoi est-ce qu’il lui faut autant de temps et d’efforts pour mener à bien sa mission ? Certes, il n’a jamais été de ces sorciers qui savaient froidement balancer un avada kedavra et reprendre tranquillement le cours de leur vie comme si de rien n’était, mais là… Regulus se sent franchement dépassé par sa propre passivité.

« Je te demande pardon ? »

Le point de Regulus se referme plus solidement autour de sa baguette et une lueur alarmante passe dans le regard du jeune homme. Comme si une autre sorte d’interrupteur s’était allumé dans son esprit au moment d’entendre le nom de son frère. Ce Regulus-là n’a jamais revu Sirius, ni envisagé la moindre perspective de réconciliation entre eux. Son nom est douloureux à entendre pour le jeune sorcier, qui est de plus en plus convaincu que ce jeune homme est moins innocent qu’il ne le prétend. Il ne le tuera pas, mais pour une bonne raison, il faut qu’il comprenne pourquoi ce garçon en sait autant sur lui. Il veut le cuisiner, à l’aide d’un premier sort cuisant, mais Peter, sans gêne, saisit son poignet pour abaisser sa baguette. Cette familiarité de sa part le fait frissonner.

Nouvel instant de latence. Puis des cris, un baiser sur son front, et Regulus met quelques secondes avant de reprendre contenance et de se précipiter à sa poursuite, le cœur encore battant, incapable de comprendre.

« Reviens ! » Il se rue dans le couloir, où ses collègues moins magnanimes tuent et torturent à tour de bras tous les sorciers qui leur passent sous la main. Quand il voit un sorcier en embuscade, prêt à jeter un sort à Peter, il agit immédiatement. « Laisse-le », il dit de l’air le plus assuré dont il peut être capable. « Celui-là est à moi. Le seigneur des ténèbres a ordonné de le garder en vie. »

C’est absolument faux, mais Regulus compte gagner du temps… Plus qu’il n’en possède et plus qu’il ne devrait, pour résoudre cette énigme étrange qui encombre son esprit et son cœur.

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feat. Peter

« TAIS-TOI ! »

Regulus a prononcé ces mots un peu trop fort, au moment d’entendre ce Peter, protégé par son costume, lui demander de le laisser faire. Ce n’est même pas tant à son petit ami d’une autre dimension qu’il adresse ces mots, non, c’est son esprit qu’il accable, et le flot continu de ces pensées parasites qui l’assaillent et qui ne font absolument pas le moindre sens. Regulus voudrait être capable de mettre des mots clairs sur une situation qui ne l’est pas, mais il n’y arrive pas… Et en attendant, son instinct lui hurle malgré lui de sauver cette fichue araignée, au moins le temps de tirer cette situation au clair… Au risque de s’attirer les foudres de ses collègues mangemort et, pire encore, les foudres du seigneur des Ténèbres ? Eh bien… Contre tout attente, il semblerait bien que oui, en effet… Quoique Regulus espérait pouvoir se satisfaire d’une sorte d’entre-deux : il endormirait la confiance des autres mangemorts, il interrogerait Peter yeux dans les yeux, puis il le tuerait, fin de l’histoire… Oui, sauf que lui-même n’y croit pas.

Et que de toute façon, Peter ne l’écoute absolumnet pas alors qu’il se jette droit si les sorciers… Regulus étouffe un cri terrifié et se recule de plusieurs pas en voyant les tentacules s’échapper du dos du jeune homme… Il est capable, avec une rare violence, d’assiéger ses adversaires, et alors, la raison pour laquelle le seigneur des Ténèbres avait tant tenu à se débarrasser de lui fait clairement sens… Stupide Regulus… Il aurait fallu qu’il agisse directement, tout à l’heure, quand la confiance de Peter était encore endormie, plutôt que de tergiverser mille ans… Maintenant c’est trop tard. Et face à la menace qu’il représente, Regulus craint de plus en plus de ne pas être à la hauteur.
… Pour changer.

Regulus sait qu’il doit profiter de son avantage. Le jeune homme paraît avoir totalement oublié sa présence… Et c’est le moment d’attaquer. Un « avada kedavra » et on en parle plus ? Non, Regulus a toujours besoin de comprendre… et de toute manière, même s’il essayait de lancer ce sort qu’il pratique particulièrement mal parce que le cœur n’y est jamais, il se foirerait probablement, alors il mise sur autre chose.

« Incarcerem ! »

D’épaisses cordes apparaissent autour de Peter et se resserrent autour de lui… Est-ce que ce sera suffisant pour le contenir ? Rien ne le garantit… Mais Regulus a tenté sa chance, quoi qu’il en soit.

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feat. Peter

Regulus le voit gesticuler, tenter de se dépêtrer des liens qui l’entravent… Voilà, l’attention de l’homme-araignée est à présent focalisée sur lui. Est-ce que ça le rassure ? Franchement non. Il n’est pas du tout certain de pouvoir faire le poids face à cette… créature… car peut-on réellement dire qu’il est véritablement humain ? Regulus en doute. Mais ce qu’il veut, ce n’est pas l’affronter… En tout cas pas tout de suite… Ce qu’il veut, ce sont des réponses aux questions qui le tourmentent… Malheureusement, il comprend assez vite qu’il ne les obtiendra pas si facilement. Et que s’ils doivent véritablement en venir aux mains (aux tentacules, qu’importe)… Regulus Black est probablement un homme mort… D’autant qu’il  ne peut certainement pas compter sur les autres mangemorts pour arranger la situation. A l’évidence, dans cette situation délicate, il est seul et très mal armé… il n’a fait que les pires choix possible.

Le seul soulagement de Regulus tient du fait qu’en voyant leur « ennemi » entravé, ses camarades choisissaient de considérer qu’il avait la situation bien en main. Rien de plus faux en l’occurrence, mais cela arrange nettement Regulus, qui en l’absence des autres sorciers, pourra peut-être obtenir gain de cause, voire même inviter Peter à l’apaisement.

A présent, ils sont seuls tous les deux… Regulus n’abaisse pas sa baguette pour autant, il réfléchit à toute vitesse à la suite. Il n’a probablement pas beaucoup de temps avant que Peter ne parvienne à se libérer des liens qui l’enserrent… En fait, il a encore moins de temps qu’il ne l’avait soupçonné. Dans le regard de Peter, il y a quelque chose qui ressemble à de la peine sincère… Mais ça ne dure pas. Le masque sombre recouvre à nouveau le visage de Peter, et alors… Alors, il parvient à rassembler la force nécessaire pour se libérer…. Merde….

Regulus obéit plus instinctivement qu’autre chose quand il est exhorté à prendre la fuite. Il sent bien que c’est sa vie qui est en danger. Alors il court bel et bien, à toutes jambes, aussi vite et aussi fort qu’il le peut… Il pourrait se contenter de transplaner, mais il ne peut pas repartir sans avoir achevé sa mission. Alors il se retourne de temps à autre, lance des sorts dans son dos régulièrement sans prendre le temps de vérifier qu’ils l’atteignent bel et bien.

« Je veux parler avec toi, est-ce qu’on peut juste parler ? » suggère-t-il… Comme s’il pouvait vraiment négocier avec ce qu’il a sous les yeux.

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feat. Peter

Sa colère, puissante, le déstabilise terriblement. Et de nouveau, il lui parle comme s’ils se connaissaient, comme s’il ne connaissait que lui. Regulus serre le poing quand Peter évoque sa lâcheté. Ce mot en particulier ne pouvait que lui faire particulièrement mal… C’est son grand défaut, celui au nom duquel il se fustige, celui que son interlocuteur, sa victime (ou pas), semble trop connaître. Il sait tout de lui… y compris l’échec qu’il est.

Il fronce cependant les sourcils quand Peter lui pose une question qui le prend de court. Comment ça, depuis combien de temps est-ce qu’il est avec eux ? Il ne comprend pas le sens de sa question, il n’arrive toujours pas à saisir le sinistre quiproquo dont ils sont l’un et l’autre les victimes. Il ordonne, il le fustige… Regulus frissonne…

« Qu’est-ce que ça peut te faire ? » il répond, tout en songeant qu’il devrait arrondir les angles plutôt que d’agir comme il le fait. « Depuis toujours », il ajoute sans savoir pourquoi il prend la peine de répondre à ses interrogations, comme si une part de lui ressentait le besoin de lui rendre des comptes. « Pourquoi tu me parles comme ça ? Pourquoi t’agis avec moi comme si tu me connaissais. Comme si on… »

Il ne sait pas finir sa phrase… Il le pourrait de plusieurs manière. Comme si on était proches, c’est ça qu’il devrait dire, peut-être… Mais pas juste proches, très proches, comme s’ils partageaient le quotidien l’un de l’autre, comme s’ils devaient normalement n’avoir aucun secret l’un pour l’autre. Comme s’ils étaient des amis vraiment proches… Au-delà de proches, même, en vérité.

Il a besoin de comprendre, il a besoin que Peter le libère enfin de tous ces questionnements oppressants qui l’empêchent d’aller de l’avant, qui l’empêchent de comprendre réellement la nature de ce qui les lie. Il voudrait posséder tous les éléments qui lui échappent. Et en même temps, il a peur de ce qui se révélera à lui s’il doit vraiment accepter cette vérité qui lui paraît si désagréable, si compliquée à affronter, au point qu’elle désire s’en absoudre absolument, de toutes les façons possibles, afin de ne pas endurer ces remises en question qui déjà le taraudent, que cela lui plaise ou non, qu’il le veuille ou pas.

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feat. Peter

Heureusement pour Regulus – qui n’aurait probablement pas fait long feu dans le cas contraire, Peter semble se calmer… l’incompréhension se lit sur ses traits, et les tentacules effrayantes, dans son dos, se dissipent progressivement. Tu ne me reconnais pas ? Non… Non, il ne le reconnaît pas. Mais il ressent qu’il le devrait… Rien dans sa mémoire n’est susceptible de convoquer en lui le souvenir de Peter Parker, et pourtant… Pourtant, il y a quelque chose qui le convainc de la sincérité des propos de Peter quand ce dernier affirme qu’ils vivent ensemble dans cet appartement, et que ça fait trois ans… Qu’ils sont ensemble… Comme un couple. Un couple de fiancés…

« C’est impossible… », commente-t-il totalement perdu.

Bien sûr que c’est impossible. Lui ? En couple avec un moldu, un homme, un super-héros ? Bientôt marié à lui ? Rien qu’en imaginant ce que ses parents en penseraient, Regulus se sent comme enfoncé jusqu’au cou dans une eau pour le moins glaciale. C’est… beaucoup trop d’informations d’un coup… et surtout, aucune d’entre elles ne fait vraiment de sens à ses yeux… La seule chose qu’il ne peut nier et qui le dépasse, malgré l’envie qu’il ressent de la refouler immédiatement, c’est l’émotion sincère que lui inspire la présence de ce jeune homme envers qui il ne devrait éprouver que du mépris. Quelque chose qui ressemble… bien malgré lui... à de l’attirance.

« C’est impossible », répète-t-il, comme si prononcer ces mots à voix haute allait soudainement changer quelque chose (spoiler alert : pas du tout). « Si on m’avait effacé tout ça de la mémoire, je le sentirais forcément. Je me souviens de tout, depuis mon arrivée ici… »

Il marque une pause. Pendant plusieurs trop longues secondes, il ne dit rien, il réfléchit, longuement, à ses options, à ce qu’il peut être et ne doit surtout pas faire, à ce qu’il devrait occulter… A ces questions, il est préférable de ne pas avoir de réponse, sans doute, mais…

« Donne-moi une preuve de ce que tu avances. Prouve-moi que tu me connais aussi bien que tu le prétends. »

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feat. Peter

Qu’est-ce qui pourrait bien être le pire ? Que ce jeune homme qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, veuille lui inventer une existence qui n’a jamais été la sienne… ou bien qu’il ait raison ? Il ne devrait pas autoriser une telle idée, une telle pensée, à s’insinuer dans son esprit… mais il est trop tard pour cela… Quand Peter suggère que l’on aura joué avec sa mémoire, et modifié ses souvenirs, même s’il veut rejeter d’un bloc cette sinistre hypothèse… une part de lui est bien incapable de ne pas y accorder un certain crédit… Cette même part de lui que l’angoisse saisit avec brutalité quand il songe que tout ce qu’il pensait connaître de lui-même n’est peut-être qu’un mensonge… ou bien Peter Parker est un grand manipulateur. Ou bien… Regulus ne sait plus quoi penser. Jamais il ne se serait imaginé que sa rencontre avec ce jeune homme puisse susciter en lui de tels tourments, jamais il n’avait envisagé qu’il pourrait se trouver à ce point tourmenté par ces scénarios impossibles, par une présence si tendre qu’il serait facile de succomber à ses sirènes… Pour se sentir, peut-être, aimé et soutenu pour la toute première fois depuis très… très longtemps…

Ce jeune homme sait des choses… des choses vraiment très personnelles. Il sait pour la caverne, il sait pour le poison, il sait… pour le médaillon. Le sang de Regulus se glace. De ce dernier point, il n’avait parlé à personne, absolument personne… et personne ne devait savoir… si le seigneur des ténèbres découvrait la vérité… Seul Kreattur était susceptible de l’avoir répété, mais Kreattur était tenu au secret le plus absolu… Alors quoi ? Comment expliquer qu’il sache des choses si personnelles et si profondes à son sujet ? C’est… intime, si personnel….

« Non… »

Non, il ne pense pas qu’un super-moldu soit capable de savoir tout ça à ton sujet. Quelque chose se fissure, en lui… Des incertitudes s’installent et le doute s’épaissit lentement. Il ne sait plus que croire ni que penser… Il sait seulement que rejeter en bloc le discours de Peter serait une erreur. Il baisse les yeux sur la main que Peter lui tend, plus hésitant que jamais.

« Je ne peux pas aller voir Dumbledore… » C’est trop compliqué. C’est trop tôt. « … Pas tout de suite. » Pas avant d’être certain qu’il ne commet pas la plus grande erreur de toute son existence. « Il faut qu’on se mette à l’abri, d’autres pourraient arriver. Et… » il détourne le regard. Il est si peu sûr de lui et de ce qu’il veut. « Et tu me parleras de… » Le mot a du mal à s’échapper de ses lèvres. « … nous. »

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feat. Peter

Regulus ne sait pas s'il fait le bon choix. Tiraillé entre deux voix contradictoires, qui lui soufflent des messages bien différents et qui ne coïncident en rien. Une part de lui veut se convaincre que son intuition est la bonne, qu'il ne peut de toute manière pas décider du sort de Peter Parker tant qu'il n'aura pas déterminé plus précisément la nature étrange et singulière du lien qui les unit... au-delà de ce dont le jeune homme veut de toute évidence le convaincre. Il sait qu'il commet peut-être une erreur monumentale, ça c'est une autre part de lui qui lui dicte cette vérité potentielle et non négligeable. Et si rien n'était semblable à ce qu'il s'imaginait ? Et si tout n'était qu'un leurre ? La possibilité est grande, elle ne peut être occultée... Mais la curiosité l'emporte malgré tout. La curiosité, mais pas seulement... Une autre impulsion, également, quelque chose de fort et d'intuitif, l'encourage en ce sens. Contre cela, il n'y a rien qu'il puisse faire. Face à cela, il ne peut pas véritablement lutter. C'est quelque part, logé dans ses chairs. Puissant et inévitable. Son instinct lui souffle une réalité qu'il est bien obligé d'entendre, car elle semble prévaloir sur tout le reste.

Alors il hoche seulement la tête quand Peter suggère qu'il les fasse transplaner jusqu'à la tour des Avengers. Etant un endroit où il ne s'est jamais rendu (ou croit du moins ne s'être jamais rendu du moins), la tâche n'est pas aussi aisée que cela, mais il parvient tout de même sans trop de difficulté à les transporter jusqu'à l'endroit concerné... Vivier d'individus que son maître considérerait immédiatement comme l'ennemi. A l'intérieur, il se laisse guider par Peter, dont il n'envisage pas de lâcher la main, au fond rassuré par ce contact si simple et en même temps essentiel, qui lui donne le sentiment que même s'il ne comprend pas tout - loin de là -, il n'est du moins pas seul.

"Rien du tout", confesse Peter qui regrette lui-même de ne pas être capable d'associer cet endroit au moindre souvenir tangible. Il réalise qu'il le voudrait très sincèrement, mais quelque chose fait définitivement obstacle à cette possibilité réconfortante. "La magie fait entièrement partie de ce que je suis", se défend Regulus presque malgré lui, quand Peter marque sa désapprobation à ce sujet. Etrangement, il tient particulièrement à ce que Peter pose un regard favorable sur ce qu'il estime faire de lui la personne qu'il est. Il laisse passer un temps de silence avant de reprendre. "Hmm... donc... je suis supposé être venu souvent ici ?"

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feat. Peter

Regulus ne saurait dire si une version autre de lui, ou une part de lui enfouie et oubliée, aurait été bel et bien capable de se plaire dans cet univers qu’il estime aux antipodes du sien. Il n’est pas sûr de comprendre grand-chose aux Avengers, à leurs compétences et à leurs missions… Mais quelque chose lui fait dire qu’il aurait probablement été capable de l’accompagner, juste parce que c’était lui. Est-ce que c’est normal ? Est-ce que ça a du sens ? Probablement que non… Mais comment pourrait-il encore chercher quelque sens que ce soit à cette situation qui les dépasse tous les deux ? Il essaie de raccrocher au peu qu’il comprend… et sans surprise, c’est loin, très loin d’être assez. Ce ne sera jamais assez. Ce qui le tourmente et le bouleverse, il ne peut pas y faire abstraction, quand bien même il le voudrait.

« Je suis là maintenant », il commente, s’étonnant de son propre discours. « Tu pourras toujours me montrer… » Même s’il ne sait pas du tout pourquoi il s’accroche à ce point à des possibilités qu’il devrait juste éluder, le plus rapidement possible.

Il se sent pris de court quand Peter lui demande s’il travaille toujours à la librairie. Il fronce les sourcils. Il réalise qu’il devrait se réinventer toute une existence pour correspondre enfin aux attentes légitimes du jeune homme. Regulus se laisse tomber sur l’un des canapés à proximité. Il se sent… étrangement épuisé… Il ne sait plus quoi croire, quoi penser… il a peur de se faire avoir…

« Non, je n’ai jamais travaillé dans une librairie… Enfin… je ne crois pas ? »

Il n’a fait que servir les intérêts du seigneur des ténèbres… Ces intérêts exigeaient de lui qu’il fasse preuve de diligence et se montre disponible à tout instant, en toute circonstance, il ne pouvait pas se permettre de consacrer sa vie à quoi que ce soit d’autre… à une librairie tristement moldue encore moins, cela va sans dire. Est-ce qu’il peut à ce point se méprendre sur sa propre vie ? Mais en même temps… pourquoi Peter inventerait-il une chose pareille ? Il doit forcément avoir mieux à faire.

« Je sais que la magie peut faire une chose pareille, oui… Mais une magie très puissante, parfaitement maîtrisée, pas à la portée de tous… » A la portée du seigneur des ténèbres, sans doute… En aurait-il été capable dans le but de le punir et de le ramener dans ses rangs ? Regulus voit difficilement pourquoi Voldemort se donnerait tant de peine pour lui, mais… Après tout…

Il laisse planer un temps de silence, entre eux, que Peter comble finalement en affirmant ne pas être sûr de savoir par où commencer pour décrire leur relation, qui semble sinistrement unilatérale à l’heure actuelle…

« Explique-moi comment j’étais ? Je peux pas avoir changé de caractère du tout au tout, quand même, si ? »

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feat. Peter

Regulus n’est pas franchement surpris d’entendre son interlocuteur affirmer qu’il lui aurait donné du fil à retordre – pour peu que tout ceci soit vrai, ce qu’il est bien trop tenté de penser pour que la chose soit innocente. Regulus n’a jamais été très ouvert aux autres, et son expérience avait tout naturellement excité sa défiance… Et pourtant, ils sont là, et pourtant, en dépit du bon sens, le jeune sorcier cherche à le connaître… et le désir qu’il ressent de le comprendre s’avère bien trop sincère pour être considéré comme innocent. Il y a, chez Peter, quelque chose de naturellement désarmant. Il est capable de le déstabiliser facilement, dans des proportions absolument inattendues pour lui. Et quand Peter affirme qu’il aime être capable de le faire sourire, il sent le rose lui monter aux joues.

Lui et ce Regulus qu’il n’est peut-être pas ou n’a pas du moins le souvenir d’être semblent avoir entretenu une relation aussi belle que fascinante, qui tout naturellement intrigue Regulus au plus haut point. Il n’a finalement jamais connu un tel degré d’intimité et de complicité avec qui que ce soit. Enfin… Sirius était probablement la personne avec qui il s’était senti le plus complice, mais ça n’a rien à voir… et surtout, ça s’était très mal terminé.

« Même maintenant ? » il demande, perdu, quand Peter lui affirme qu’il peut compter sur lui. Mais compter sur lui pour quoi ? Regulus a tellement d’inquiétudes, tellement de questions, mais celles-ci sont immédiatement étouffées par le geste impulsif de Peter, qui, au moment d’écraser ses lèvres sur les siennes, éteint presque aussitôt tout ce que Regulus devrait posséder de raison.

Il ne devrait pas le laisser faire, il devrait couper court tout de suite. Il ne le connaît pas, tout ça est trop précipité, tour ça n’a aucun sens… Et pourtant… Pourtant, quand les lèvres de Peter embrassent les siennes… tout ça semble si… naturel, si normal…. Si évident. Comme s’il ne pouvait que l’aimer. Dans n’importe quelle circonstance (dans n’importe quelle dimension). Il décide de ne pas réfléchir, c’est probablement le moins qu’il puisse faire. Il l’embrasse en retour, le cœur battant à tout rompre, sans avoir réellement conscience de ce qu’il fait, juste parce qu’il en a envie, parce qu’il n’est pas capable de le rejeter.

« J’ai aucune idée de ce qui se passe », confesse-t-il contre ses lèvres, tremblants. Et il doit le reconnaître, ça le fait flipper.

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feat. Peter

Une solution… Dis comme ça, ça a l’air si simple… Et Regulus se surprend à vouloir terriblement croire dans chacun des propos que lui confie Peter. Il n’a pas de mémoire à recouvrer, pourtant, il n’a pas d’excuse derrière laquelle se dissimuler pour justifier ses actions. Peter lui offre une échappatoire des plus confortables… mais ce n’est qu’un feu de paille, une illusion à laquelle le jeune sorcier se raccroche de toutes ses forces… Parce qu’au fond, avec ou sans Peter, c’est ce dont il a besoin, de ce sursaut d’humanité qui l’encourage à faire les bons choix.

Kreattur avait tenu ce rôle, autrefois quand, en voyant l’état dans lequel le seigneur des Ténèbres l’avait plongé, Regulus avait pris son courage à deux mains et changé les choses, accepté de faire face à un acte de rébellion qu’il avait regretté avant tout parce que… ça n’avait servi à rien… A présent, c’est Peter qui lui entrouvre une porte de sortie, l’occasion d’espérer qu’en dépit de toutes les erreurs commises, il pouvait encore être quelqu’un de bien. S’y efforcer, du moins… Il ne s’explique pas pourquoi les choses semblent si simples quand il est question de lui, mais c’est un fait, elles le sont… comme est évidente la sensation qu’il éprouve quand leurs lèvres s’embrassent… c’est si étrange, si perturbant.

« C’est… » Il cherche ses mots, une manière de définir toute cette situation, mais force lui est de reconnaître qu’il n’en a pas, cela va bien au-delà de tout ce qu’il s’était imaginé en mesure de concevoir. « Ouais, c’est beaucoup d’un coup », admet-il alors en s’autorisant l’un de ces sourires que Peter affirme trouver irrésistible.

Laisser passer la nuit, c’est une bonne idée, oui… Même s’il ignore au lendemain, si les choses seront plus simples ou plus claires pour lui. Peut-être que, après une nuit de sommeil, il se sentira encore plus incapable, et encore plus perdu, sans savoir trouver sa place ni estimer ce que l’on attend de lui, à juste titre ou non. Il devrait mettre ses pensées en veilleuse, et attendre le lendemain. Oui, ce serait probablement le mieux mais… il n’arrive pas à faire abstraction de de ses inquiétudes, et de tous les questionnements qui le rattrapent, petit à petit.

« Si vraiment on m’a effacé la mémoire. Est-ce que tu crois… est-ce que tout le monde me ment autour de moi ? Mes parents… » Il frissonne. « Pardon, on a dit qu’on laissait passer la nuit… »

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feat. Peter

Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. Il le dit avec sincérité, sauf qu’en ce qui le concerne, c’est bel et bien la première fois que ça lui arrive. Certes, il a déjà entendu parler de quelques phénomènes incompréhensibles liés à cette ville, et il est impossible d’y vivre sans constater son caractère singulier… mais là… c’est… trop. Tout est trop, c’est tout ce qu’il est capable de se dire, et ça le terrifie, c’est toute son existence qu’il remet en question, et il a peur, vraiment peur, faute de savoir exactement en quoi il peut se permettre de croire ou non.

« Mais… »

Regulus baisse les yeux sur les doigts de Peter, qui caressent le dos de sa main, alors que ce dernier admet que tout ceci n’est peut-être pas vrai, qu’il ne serait que le protagoniste d’un rêve un peu trop réaliste, ça et rien d’autre… Il l’entend, mais il ne sait pas comment le prendre. Depuis sa rencontre avec Peter, lui-même n’est plus tout à fait certain de ce qui est vrai ou non, de ce qui est réel ou pas… La seule chose qu’il sait avec certitude, c’est que ce qu’il ressent quand Peter est à ses côtés, ce n’est pas un songe ou un fantasme, c’est quelque chose de bel et bien réel.

« Je veux que ce soit réel », il admet d’une petite voix, perturbé par tout ce que ce jeune homme dont il ignorait l’existence encore la veille est capable de bouleverser dans son existence.

Il ne s’y était absolument pas attendu, ça l’avait totalement pris par surprise, mais il doit se faire une raison, c’est bel et bien le cas. Il a envie de retenir Peter dans cette nouvelle vie… et en même temps, il sait bien que ce n’est pas si simple. Ici et maintenant, alors qu’ils sont seuls tous les deux, c’est simple pour lui de se convaincre que tout peut bien se passer, que tout se passera bien, ainsi que le lui promet Peter, qui sait rester positif quand Regulus, de son côté, se sentirait capable de trop facilement sombrer. Le cœur battant à tout rompre, il essaie d’en harmoniser le rythme au sien, pour se rassurer, pour se réconforter, autant que possible. Il a besoin d’entendre que Peter est sincère… Sauf que… Lui-même n’y croit pas. Dans cette dimension dont ils ignorent si elle leur appartient ou non… dont ils ignorent s’ils ressortiront indemnes ou non.

« Tu… » Il se racle la gorge. « Tu ne veux pas… » La maladresse de Regulus est plus affligeante à chaque seconde qui passe. « On pourrait dormir ensemble ? »