(Terminé) Une affaire en commun || Will & Aloy

❝Ah Starling ! C'est pas trop tôt ! Ils sont dans ton bureau, ils t'attendent.❞

Ils m'attendent. Je donne le change et me contente de répondre par un vague sourire à ce collègue de ceux que j'apprécie le moins, et qui trouve toujours l'occasion et le prétexte de me couvrir de reproches et de me pousser dans mes retranchements chaque fois qu'il le peut. Aujourd'hui il me reproche mon retard, la veille, c'était autre chose, et demain, c'en sera encore une autre. J'ai appris à ne l'écouter que d'une oreille distraite. La force de l'habitude dirais-je. J'ai appris de longue date que ce n'est pas en argumentant que l'on prouve sa valeur, et en agissant. Et aussi que certains ne méritent pas le temps qu'on leur accorde, ou qu'on s'efforce de leur prouver notre valeur dans tous les cas. J'ai de bonnes excuses, je reviens d'une scène de crime, le trafic était monstrueux, j'ai mis plus de temps à revenir que je l'aurais voulu, mais je ne veux pas m'amuser à m'en justifier pour autant, je n'en vois pas l'intérêt.

❝D'accord, merci❞, je me contente de lui répondre de la voix la plus neutre possible.

Je veux paraître détendue, indifférente, pourquoi serais-je autre chose. J'ai rendez-vous avec des collègues pour discuter de nos enquêtes respectives, qui semble-t-il se recoupent, il n'y a rien de plus à en dire, et certainement pas de quoi me mettre dans tous mes états. Le problème, c'est qu'un des collègues en question n'est autre que Will Graham, et j'ai eu je l'avoue tendance à éviter sa présence, avec autant de soin que je l'ai pu, depuis notre première conversation. Nous nous sommes croisés quelques fois, nous sommes salués poliment, mais je suis certaine que lui comme moi avons conscience de la singularité de nos expériences, si proches et si lointaines en même temps.

A force de côtoyer les uns et les autres, ici, j'en ai vu bon nombre venir de dimensions, d'univers bien distincts, mais le nôtre, les nôtres, sont à la fois si similaires et si différents, qu'ils savent occuper un même espace en deux lieux différents, mettre en scène des protagonistes identiques et qui pourtant ne sont pas les mêmes. C'est une impossibilités au-delà de toutes les autres, et que je ne m'explique toujours pas. Comme je ne peux oublier non plus le fait qu'un de ces protagonistes en commun n'est autre que celui-là même qui hante encore certains de mes cauchemars. Oui, ce n'est pas plus mal qu'il y ait une tierce personne au cours de cet entretien, même si, je le sais bien, au regard de toutes les informations à ma disposition, il faut, définitivement, que je lui parle concrètement, et sans détour. Mais ce ne sera pas aujourd'hui. J'arrive finalement dans mon bureau et je les retrouve tous les deux, je les gratifie d'un sourire polie.

❝Bonjour, désolée de mon retard, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre, installez-vous, n'hésitez pas.❞ Je parle un peu trop vite, mais du ton le plus professionnel possible. ❝Ne perdons pas davantage de temps, entrons dans le vif du sujet, qu'en dites-vous ? J'ai cru comprendre que nos enquêtes respectives se recoupaient. Est-ce que vous pouvez m'en dire davantage ?❞

Clairement, Will n’est pas le moins du monde motivé à l’idée de cet entretien, mais quand il faut y aller… Il n’allait tout de même pas faire piétiner son enquête en cours sous le prétexte de ne pas avoir à se retrouver dans la même pièce que Clarice Starling. Pourtant, c’est un fait, il ne veut pas avoir affaire à elle – ce qui est assez ironique compte tenu du fait que elle non plus, et que donc, elle n’incarne sans doute pas la menace qu’il ne peux qu’envisager qu’elle puisse représenter. Jusqu’ici, ils s’en étaient plutôt bien sortis pour ne jamais avoir affaire l’un à l’autre. Bien sûr, puisqu’ils travaillent au même endroit, il leur arrivait bien sûr de se croiser, voire même de s’échanger l’un ou l’autre mot poli, mais ça s’arrêtait là. Ils avaient placé la limite, rapidement, et ils s’y sont bien entendus, jusqu’ici, pour ne pas dépasser cette même limite.

Un jour ou l’autre, il le sait, il faudra bien que lumière soit faite sur ce quelque chose qui, très clairement, lie leurs histoires sans les faire se rejoindre, mais à l’évidence, il n’est pas impatient d’en arriver là. De toutes les menaces qui pourraient éventuellement bouleverser l’équilibre relativement fragile de son existence, Clarice Starling incarne très certainement, et sans même s’en rendre compte, l’une des plus importantes d’entre elles. Elle sait. Elle sait même au-delà de ce qu’elle croit savoir, et donc, elle est bien évidemment dangereuse. Plus que dangereuse, même, à son corps défendant, et alors même qu’elle ne voudrait très certainement pas l’être à ce point.

Mais pour l’heure, il n’est pas question de cela, et pour l’heure, il va s’épargner autant que possible d’aborder les sujets concernant lesquels il va falloir trouver le bon angle, si cet angle existe. C’est une enquête qui les réunit tous les trois. Le nom de Clarice Starling est associé à celui d’un cadavre fraîchement retrouvé en même temps que deux autres. Il va falloir mettre leurs connaissances et expertises en commun, pour connaître le fin mot de l’affaire. Au moins, Will n’est pas seul dans l’affaire. Aloy a trop fait dans cette enquête pour ne pas contribuer à y participer. Et à dire vrai, cela arrange assez Will de s’éviter d’office une confrontation seul à seul avec Clarice.

Quand on les conduit dans le bureau de l’agent Starling, cette dernière n’est pas encore arrivée. Le duo attend donc son arrivée. Et quand elle arrive finalement et les salue rapidement, elle ne met pas longtemps à rentrer dans le vif du sujet. Ce n’est pas Will qui le lui reprochera, il déteste parler pour ne rien dire. Il déteste ça plus que tout. Bref, au moins, tant qu’ils en restent au champ concret de leurs enquêtes respectives, il lui est moins difficile de garder la tête haute. Et surtout, de rester focalisé sur l’enquête plutôt que sur des préoccupations qu’il préférait mettre de côté pour le moment. Will tend à Clarice le dossier de l’enquête ainsi que son rapport tout en résumant la situation.

« Nous avons retrouvés trois corps, deux d’entre eux, en état de décomposition avancée, nous ont davantage interrogé. Morts par vitriol. L’un des deux hommes a été identifié comme ayant appartenu au gang qui s’en est pris à Loki Laufeyson, le gérant de l’Asgard. » Un homme que Will avait d’ailleurs rencontré également, mais ce n’est pas la question. « Il me semble que vous cherchez à appréhender les responsables de l’agression. Il est possible que quelqu’un ait été plus rapide à rendre justice à M. Laufeyson. S’il ne l’a pas fait lui-même. »

Le ton est donné : professionnel avant toute chose, et c'est très bien ainsi. Je veux, pour l'heure, ne me concentrer que sur l'enquête qui nous réunit toujours les trois. Il faudra que j'interroge plus tard des aspects plus concrets d'une situation qui ne concerne pas le moins du monde la jeune Aloy Sobeck, mais pour l'instant, nous avons un crime à résoudre, et cela me convient tout à fait de ne m'arrêter que là-dessus en faisant fi du reste, qui quoi qu'il en soit est trop complexe pour être interrogé au débotté et sans préparation préalable. Will Graham, qui préfère poser les yeux sur son dossier que de jauger mon regard (chose dont je ne vais certainement pas me plaindre), me donne le détail de l'enquête pour le moins morbide qu'est la leur, et qui exigeait en effet que l'on fasse appel à un profiler émérite tel que lui.

Trois corps en état de décomposition avancé, deux d'entre eux morts par vitriol, voilà qui donne le ton. Malgré tout, je reste impassible face à cette information. C'est... mon avantage, dira-t-on : j'ai vu tant d'horreurs que j'ai fini par être imperméable à beaucoup d'entre elles... même si certaines savent un peu trop bien appuyer sur des boutons émotionnels et réveiller de vieux traumas que je voulais pourtant croire enterrés pour de bon. Et dpnc, oui, nos enquêtes se recoupent. Ces hommes étaient les agresseurs de Loki Laufeyson, que nous cherchions toujours à appréhender de mon côté de la barrière. Aloy ajoute du grain à moudre au discours de Graham, et j'attends qu'ils en aient fini pour reprendre la parole.

❝Quand l'on fait partie d'un gang, il faut s'attendre, selon toute vraisemblance, à se faire des ennemis, il doit y avoir plus d'une personne, en dehors de Mr. Laufeyson, à avoir eu des comptes à régler ave eux. Mais la coïncidence n'aurait rien d'anodine.❞ Je marque un temps de pause.
❝Au cours de notre bref entretien à l'hôpital, Mr Laufeyson n'a pas caché sa rancœur, encore moins son intention d'en découdre violemment avec ceux qui l'avaient mis dans cet état. Il avait semblé plus... coopératif, sur la fin, mais ce n'était peut-être qu'une façade. En revanche, son état n'aurait pas toléré qu'il quitte sa chambre le soir même de son agression... ce qui ne signifie pas qu'il n'aurait pas pu engager l'un ou l'autre de ses hommes pour s'acquitter de la basse besogne.❞

Je formule mon propos en même temps que les hypothèses se déroulent dans mon esprit et que je leur donne une teneur et une validité. Je m'inquiétais des représailles que Loki Laufeyson pourrait éventuellement orchestrer au nom de sa soif de vengeance. Selon toute vraisemblance, cette inquiétude n'avait rien de superflue.

Will laisse à Aloy le soin de compléter son propos afin de donner le plus de précisions possibles à Clarice. La démarche est appréciée. D’un part, la laisser parler lui évite d’avoir à le faire lui-même, et Will Graham n’a jamais été un grand bavard. D’autre part, plus il se montreront précis dans leur discours, au plus vite ils pourront passer à autre chose, et c’est tout ce qu’il attend, à l’heure actuelle. Il n’a aucune envie ou intention de laisser l’affaire traîner en longueur. Il espère qu’ils pourront résoudre cela rapidement et passer à autre chose. Cette enquête ne le passionne pas vraiment, les règlements de compte n’ont jamais été son dada, encore moins sa priorité, il préfère les crimes plus magistraux, motivés par des desseins moins limpides mais, par conséquent, plus passionnants. Donc oui, plus vite ils auront tiré cela au clair, mieux ce sera. Et si Clarice et Aloy veulent s’approprier la discussion, il les laissera faire avec le plus grand plaisir tandis que lui-même demeurera en retrait. Certes, c’est son enquête avant d’être celle d’Aloy, oui, mais il n’a pas envie de s’y intéresser outre mesure si d’autres peuvent le faire à sa place.

Ceci dit, cela ne l’empêche pas de se montrer attentif à tout ce qui peut se dire. Il est très bien placé pour savoir que le diable se cache dans les détails, et pour cette raison, il ne faut jamais en négliger aucun, peu importe que ceux-ci nous intéressent ou non, peu importe la valeur que l’on pourra donner ou non à ces derniers. Les informations délivrées par Aloy, il les connaît évidemment déjà, c’est à la réponse de Clarice qu’il accorde, naturellement, davantage d’attention.

Leurs informations ne les avaient pas trompés, Clarice avait effectivement rendu visite à Loki Laufeyson à l’hôpital, et ce dernier n’avait apparemment pas dissimulé la rancœur qu’il éprouvait à l’adresse de ceux qui l’avaient agressé. En soi, cela ne tenait pas lieu de preuve pour autant. N’importe qui s’étant fait agresser caresserait naturellement des envies de vengeance, ça semble… humain, naturel, logique, évidemment. Mais il sent, dans le discours de Clarice, dans ce qu’il est capable de lire entre les lignes, elle a su discerner chez son interlocuteur quelque chose qui dépassait l’instinct naturel, une intention plus forte, qui appelait éventuellement des représailles inévitables.

« Est-ce que vous pourriez revenir plus précisément sur les mots qu’il a prononcés lors de votre visite ? » demande-t-il en prenant le ton le plus détaché possible et en évitant toujours de regarder, trop directement la jeune femme.

Il veut obtenir les détails les plus denses et les plus précis possibles pour pouvoir ensuite passer à autre chose : c’est aussi simple que cela. Et en même temps, cela ne leur apportera pas forcément de pistes plus tangibles non plus. On ne résout jamais aucun crime au détour de l’une ou l’autre conversation. Au mieux, l’on peut être à même d’isoler un pattern, une hypothèse qui tienne vraiment la route, mais ça s’arrête là.

Il y a quelque chose de presque apaisant de pouvoir converser avec une telle neutralité qui s'assimilerait presque à de la froideur. J'ai besoin de cela, à dire vrai, pour faire mine de négliger ce que je ne sais que trop bien au sujet de mon interlocuteur, et pour occulter ce que je ne sais pas encore. La présence d'Aloy également, qui joue les intermédiaires entre nous, aide beaucoup, je dois bien le reconnaître. Cela me permet de me concentrer sur notre affaire en commun, et uniquement sur cette affaire, et sans songer aux autres considérations qui, naturellement, demeurent dans un coin de mes pensées et tout naturellement me taraudent.

Les observations d'Aloy ne manquent pas de bon sens par ailleurs. Oui, Loki Laufeyson aurait certainement les moyens d'accomplir sa basse besogne par lui-même, mais j'estime, moi aussi, que ce n'est pas ce qui s'est passé... Pour le peu de discussion que nous ayons eu ensemble, je pense m'être fait une idée plutôt précise de qui il est, de ce qu'il serait susceptible de faire ou non. Oui, il pourrait payer des hommes de main, mais je n'ai pas eu le sentiment que c'était son intention au cours de notre échange. J'ai essayé de le raisonner, bien sûr, mais il m'a bien fallu constater que ses intentions étaient beaucoup plus sombres et par conséquent bien plus contestables.

❝Mr Laufeyson a affiché une certaine... colère. Il affirmait qu'il s'était fait avoir, il s'est montré très insultant envers ses agresseurs, ce qui en soi est après tout très logique.❞ Je marque une pause, précautionneuse. ❝Il a verbalisé ses envies de meurtre. Mais c'est une déclaration à prendre avec des pincettes, évidemment. Si tous ceux qui exprimaient ce genre d'envies devaient passer à l'acte, nous aurions une floppée de cadavres sur les bras. Plus que nous n'en avons déjà.❞

Mais cela reste, oui, une information que nous ne pouvons pas ignorer ou négliger. Nous ne pouvons pas faire mine de ne pas savoir, ou prétendre que ce n'est peut-être rien quand il y a effectivement eu des morts.

❝Qu'entendez-vous par le fait que tout ne se serait pas passé dans la même nuit ?❞ je demande ensuite en fronçant les sourcils, curieuse.

Je constate que certaines informations m'échappent encore. Je n'ai pas pu me pencher sur le dossier, et certainement pas suffisamment pour en constater les incohérences. Pour cela, je dois compter sur mes deux interlocuteurs. L'affaire est, à l'évidence, particulièrement alambiquée. Quelles conclusions saurons-nous en tirer ou non ? Cela est impossible à dire pour le moment, mais tout comme ils attendent de moi d'obtenir les informations les plus précises possibles, je tiens en retour à obtenir les informations que j'estimerais être les plus valides.

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Ce peut sembler être une règle particulièrement bête, mais elle se confirme dans bien trop de circonstances pour passer à côté de cette affirmation : oui, les apparences dissimulent bien souvent des vérités très différentes de ce que l’on aura pu présumer de prime abord, et c’est là une chose que Will a parfois dû apprendre à ses dépens, en dépit de son don prononcé pour se servir de ce que recèlent les apparences pour en un premier examen clinique d’une scène de crime, faire le récit détaillé d’une scène de meurtre. Ainsi donc, il faut considérer la chose avec précaution, sans passer pour autant à côté de ce qui semble être une très stricte et manifeste évidence… le discours de Clarice au sujet des propos du propriétaire de l’Asgard ne peuvent décemment pas être ignorés ou passer inaperçus.

Il se défie naturellement de Clarice Starling au nom de tout ce qu’elle sait (c’est-à-dire beaucoup trop) et qui pourrait par conséquent lui nuire (et surtout nuire à Hannibal), mais il ne peut nier en revanche le fait que quand il est question de faire son travail, elle est irréprochable (c’est d’ailleurs ce qui la rend si redoutable). Elle est honnête, elle est intègre, bien plus que lui-même ne saurait prétendre l’être. Alors les propos qu’elle rapporte concernant Loki Laufeyson sont très certainement vrais. Ce n’est pas un mensonge ou une hérésie, c’est la plus pure et stricte vérité, et il faut savoir faire avec. Ce n’est pas rassurant. A l’évidence, il faudra avoir un entretien plus prononcé avec le patron de l’Asgard…

Coupable tout désigné, ça ne signifie pas forcément qu’il l’est, en revanche, ça veut bien dire qu’il pourrait tout à fait l’être. Il hoche donc la tête sans faire plus de commentaires. Toujours avare en paroles, il ne compte bien évidemment pas trop en dire non plus, il ne pense pas par ailleurs que les propos qu’elle tient exigent une réponse soutenu, ce ne serait faire là que répéter des choses qu’elle sait forcément déjà. Alors, à la place, il décide de répondre à sa propre question. Certes, ce n’est pas son enquête, mais si elle sait quelque chose, elle pourra permettre à la leur de progresser considérablement. Même s’il est loin de se sentir dans une optique d’entraide ou de bonne entente avec Clarice Starling, il sait faire des efforts quand même quand la situation semble l’exiger.

« L’état de décomposition des corps… les méthodes employées aussi… on a sans doute affaire à deux criminels distincts, et il est possible que l’un d’eux soit passé de l’état de bourreau à victime. Mais tout cela reste hypothétique pour le moment, nous manquons encore d’informations pour nous faire une idée arrêtée de la situation. »

Et surtout, Will n’a pas forcément envie de partager cela avec son interlocutrice, même si elle pourrait sans doute y aller de sa propre hypothèse et leur permettre ainsi de progresser. S’il est une chose que le profiler se voit mal remettre en question, c’est certainement ce qui doit être la très grande intelligence de Clarice Starling, qui doit faire partie de cette catégorie d’individus bien trop intelligents pour leur propre bien.

Je hoche la tête tout en écoutant le déroulé des explications de Will. J'ai beau avoir mes réserves le concernant, des réserves que je ne me hasarderai pas à expliquer trop en détails, je ne peux que reconnaître que dans ce monde autant que dans aucun autre, Will Graham restera un homme dont le sérieux de la démarche ne peut plus être à prouvé. Je prends bonne note, mentalement, de tout ce qu'il peut avoir à m'apprendre, avec tout le sérieux que ceci peut exiger. Je n'ai pas l'intention de mettre quoi que ce soit de côté, pas plus que de négliger la moindre piste... Mes doutes et mes émotions n'ont pas à pencher dans la balance. Aussi je prends note mentalement des différents éléments : méthodes utilisées, état de décomposition des corps, deux criminels distincts, dont l'un des deux n'aurait éventuellement pas survécu à la scène de crime. Oui, ça se tient. Ils en sont au stade d'hypothèse, certes, mais elles restent toutes d'un certain intérêt.

La jeune femme qui l'accompagne semble parfaitement d'accord avec cette analyse, et j'apprécie avoir un second avis, c'est un fait. Tout ceci en demeure donc au statut d'hypothèse pour le moment. Oui, le meurtre a eu lieu alors qu'il était à l'hôpital, mais nous savons tous ici qu'un meurtre, cela se commandite...

❝Il est souvent moins contraignant de laisser les corps sur place que de chercher à s'en débarrasser. Statistiquement, l'on aura souvent plus de facilités à déceler des traces liées à la tentatives de disparition d'un cadavre que sur le cadavre en lui-même❞, je réponds, prosaïque, aussi pragmatique que j'en ai toujours eu l'habitude. ❝Le concierge n'a pas déjà été interrogé ? Dans le cadre de ce genre d'enquête, les employés et le voisinage sont les premiers que l'on questionne, non ?❞ je demande ensuite, à la réflexion de mon interlocutrice. ❝Je vais en effet me charger d'interroger à nouveau Mr Laufeyson, je pense qu'il sera plus facilement en mesure de répondre aux questions de quelqu'un qu'il connaît déjà❞, je reprends posément.

Je laisse passer un temps de pause et voit un de mes collègues m'interpeler à distance. Je lui adresse un léger signe avant de reporter mon attention sur mes deux interlocuteurs.

❝Je vous laisse vérifier si l'enquête de voisinage a été faite sérieusement, et bien sûr, je vous rendrai compte de tout ce que je pourrais apprendre après nouvel interrogatoire.❞ Je regarde alternativement mes deux collègues. ❝Je pense que nous en avons fini, pas vrai ?❞ Je n'attends pas vraiment leur réponse. Est-ce que j'essaie de couper court à une discussion compliquée pour moi ? Peut-être bien. ❝Le devoir m'appelle... Merci pour ces informations édifiantes.❞

[HJ : Je m'excuse de couper court un peu abruptement à notre rp : j'essaie de me remettre doucement à flot après une période difficile, et je pense que le mieux pour ça, c'est de finir certains rps, surtout que je ne doute pas que vos persos ont bien progressé de leur côté. Merci beaucoup pour ce rp, c'est toujours un vrai bonheur d'écrire avec vous !!]