Quand Klaus arrive, il adresse un grand sourire à Marion, mais son attention est pleinement concentrée sur Mutt, à qui il ne sait s’empêcher d’adresser des regards à la dérobée. Il s’incline excessivement pour la remercier de son compliment quand elle affirme qu’il serait absolument trop resplendissant pour être honnête, avant d’ajouter qu’elle veut absolument voir leur ouverture de bal. Tous les deux s’efforcent de noyer le poisson du mieux qu’ils le peuvent. C’est peut-être maladroit, ça l’est même clairement, mais cela part définitivement d’une bonne intention. Que ce soit l’un ou l’autre, ils ont surtout envie de rendre le sourire à Mutt et de l’encourager à profiter de ce moment, qui est leur moment… Mais la mayonnaise ne prend absolument pas, malheureusement, et même, on dirait bien que Marion et Klaus n’auront fait qu’empirer les choses.

Et voilà que Mutt explose. Est-ce qu’ils lui ont vraiment dit ce qu’il devait faire ou pas ? Ils avaient surtout voulu qu’il soit présent pour leur mariage. Peut-être qu’ils avaient été maladroit, et Klaus sait combien la situation est dure pour Mutt. Seulement voilà, c’est dur pour lui aussi, et là… c’est plus seulement dur, c’est insoutenable. Il ne pense vraiment pas avoir mérité d’être traité comme ça.

« T’en as vraiment rien à foutre en fait », constate Klaus d’une voix blanche, profonde. « Y a que ta gueule qui compte. Ouais ouais, je sais, tu vas dire que t'encaisses pour nous tous et que t'es un putain de héros, mais si vraiment tu fais ça pour nous, j'ai un scoop pour toi : tu nous rends putain de malheureux. T’es pas le seul à souffrir tu sais, mais y a que ton malheur qui compte. T’en as rien à foutre de m’épouser, t’en as rien à foutre de gâcher notre mariage, t’en as rien à foutre de tout. Et bien tu sais quoi, Mutt ? JE T’EMMERDE. Je vais vérifier si l’hôtel est confort, et je t’interdis de me rejoindre, tu m’entends ? Je veux plus te voir ce soir. De toute manière ma vue t’insupporte déjà, pas vrai ? T’en peux déjà plus d’avoir dit oui au clochard de service. » Il doit faire porter haut sa voix puisque Mutt s’est éloigné, mais qu’importe. « Désolé, Marion », ajoute-t-il avec un lent sourire d’excuse.

Il n’ajoute rien de plus et tourne les talons pour partir à toute jambe de son côté. Non, il n’ira pas rejoindre Mutt pour le rassurer et le raisonner. Il en a sa claque de se faire envoyer chier, et encore plus aujourd’hui. Voilà, c’est dit, le mariage est en train de devenir le pire jour de son existence. Mais à quoi il s’attendait. Son mari n’est pas heureux avec lui et son frère ne l’aime même pas assez pour s’être pointé aux festivités. Il n’a que ce qu’il mérite au bout du compte… Et là, tout ce qu’il veut, c’est digérer cette situation du mieux qu’il le peut, sans plus être dérangé par qui que ce soit.

OK, faut bien le reconnaître, celle-là, tu l'avais pas vue venir, Marion. Quelque part, tu comprends, vous vous ruez tous les deux sur lui alors qu'il a clairement envie d'être seul, c'était pas franchement la meilleure manière de calmer ses esprits et d'arranger les choses. En plus, vous savez bien comment vous êtes, tous autant que vous êtes : de grands impulsifs, et qui parlez beaucoup trop vite. Jamais un pour rattraper l'autre, à ce compte. Donc oui, vous y êtes allés avec vos gros sabots, mais c'est ce qui arrive quand l'inquiétude et l'angoisse prennent le dessus. Quand on se soucie des personnes qu'on aime, eh bien... on a tendance à trop en faire... Et c'est pas le comportement de Mutt qui va arranger les choses, parce que déjà que tu te faisais du mouron pour lui, là ton angoisse est à son paroxysme. Tu sais bien que s'il réagit par la colère, c'est que ça va vraiment mal... Mais t'as l'impression de voir le coeur de Klaus se briser en temps réel, et ça aussi, ça te heurte, parce que depuis que Mutt a fait entrer Klaus dans ta vie, tu l'as aussitôt adopté comme s'il était ton fils, lui aussi... et tu n'aimes vraiment pas ce qui est en train de se passer.

"KLAUS HARGREEVES JONES, JE TE JURE QUE SI TU FAIS UN PAS DE PLUS, JE TE FAIS MANGER TES BIJOUX DE FAMILLE", tu hurles pour que Klaus ne s'en aille pas comme il vient de menacer de le faire. Tu peux comprendre sa réaction, mais si l'impulsivité de ces deux têtes de mule ne cessent de se répondre, vous n'allez clairement pas avancer. Tu sais pas si t'es la meilleure pour jouer les intermédiaires, mais tu vas faire ce qu'il faut pour calmer ces deux fichus esprits tempétueux. "Quant à toi...", t'ajoutes en tournant cette fois ton regard vers ton fils. "Je sais pas ce qui me retient de t'en foutre une ! Tu sais que c'est un moment unique ? Tu sais la chance que t'as de te marier ? Et à un garçon qui t'aime comme un fou en plus ?" Tu te rapproches autour de lui et le jauge avec sévérité. "C'est pas le mariage de Klaus, c'est votre mariage. Et je veux que quand vous y repenserez dans vingt ans, vous songiez aux fous rires sur la piste de danse et pas à vos putains d'egos blessés. Tu sais pas combien de temps vous avez à vivre ensemble. Tu veux vraiment gâcher les moments que vous avez ?" Comme elle-même a l'impression de ne pas avoir suffisamment profité de ses moments avec Indiana. "Tu sais comment on finit par être heureux ? On attend pas que le bonheur nous tombe dessus. On va le chercher." Tu les jauges maintenant tous deux avec l'air de vouloir en découdre. Si tes yeux pouvaient tuer, ils seraient tous les deux morts dix fois. "ALORS MAINTENANT VOUS ALLEZ ME FAIRE LE PUTAIN DE PLAISIR D'OUVRIR LE BAL ET D'APPRECIER LA CHANCE QUE VOUS AVEZ D'ÊTRE ENSEMBLE, C'EST COMPRIS ?"

Et tu ne déconnes même pas.

Mutt était impulsif. Et quand ca n'allait pas, il pouvait en faire rapidement des caisses sans le vouloir vraiment. Et c'est exactement ce qu'il venait de se passer. Il ne pensait pas ce qu'il disait, il se sentait même totalement extérieur à la situation, tellement c'était puéril.

Voir Marion sortir de ses gonds pourrait le calmer, mais à cet instant, il était au bord du gouffre, il avait l'impression qu'il n'avait pas le droit au calme mérité. Plus Klaus qui veut se tirer... Sa mère essaye de les faire redescendre  et les calmer pour que la suite de la soirée puisse continuer sans encombre mais peut être que cette discussion avait besoin de sortir maintenant. Alors oui, il revient, les mains tremblantes. Sentant que la merde qu'il a pris pour essayer de passer le cap sans foutre le bordel comme c'est le cas, venait à disparaitre doucement de ses veines. Oui, il fait volte face vers son mari et sa mère et il se lâche.

" MAIS BORDEL OUI C'EST CE QUE JE VEUX ! " Il pointe du doigt Klaus du fameux doigt accusateur qu'il a récolté de son père tout en ajoutant. " Et toi arrêtes de dire que j'en ai rien à foutre de nous. Parce que putain on en serait pas là si j'en avais rien à foutre de ta gueule... " Il se tourne vers sa mère. " Et tu crois que c'est dans mon délire de vouloir tout gâcher ? Mais oui... C'est ce que je me suis dit en me levant ce matin... Tiens je vais pourrir la vie de tout le monde, surtout pour mon mariage... Et j'suis désolé de foutre autant la merde parce que je sais pas tenir ma putain de grande gueule et... "

Les larmes montent, il se frotte le visage, pour essayer de se reprendre mais, il ne peut s'empêcher de pleurer.

" Je ne veux pas vous faire du mal, je ne veux faire de mal à personne... J'essaye juste que ca aille pour le mieux... D'être là pour tout le monde, et là... Je voulais juste prendre l'air et vous me tombez dessus... J'aurai pas du vous envoyer chier mais putain, j'avais juste besoin de fumer ma clope et me recentrer... et bien sûr que j'aimerai pouvoir ne penser qu'à cette ouverture de bal, qu'à profiter et manger jusqu'à m'en faire péter le bide. A danser toute la nuit avec les gens que j'aime... A passer une folle nuit avec toi mon amour... Mais bordel la semaine dernière, j'égorgeais un sale con d'homophobe à quelques mètres de là, alors m'en demandez pas trop. " Il baisse la tête, ses épaules s'affaissant. " Je suis incapable de ne penser qu'à être heureux. Et c'est pas votre faute. Vous êtes une des meilleures choses dans ma vie et sans vous, je sombrerai totalement. J'essaye juste de pas tout faire foirer aujourd'hui... Parce que je le voulais ce moment. C'est ce que je voulais le plus au monde. Qu'une bonne chose arrive dans ma putain de vie dernièrement. Mais c'est difficile. Je suis difficile. Et je sais que vous encaissez aussi beaucoup. Et je mérite votre colère... Que vous pensiez que je suis un sale con d'égoïste. Parce que peut être que je le suis... "

Klaus est vraiment décidé à se barrer. Il est épuisé de cette situation, affecté… il ne se sent pas capable de faire preuve de patience encore, il a rongé son frein pendant des jours… forcément, il fallait que ça explose. Sans oublier bien sûr que l’absence de Five à son propre mariage avait déjà bien entamé le terrain pour ce qui était de mettre ses nerfs à rude épreuve. Oui, clairement, il se serait barré sans demander son reste… s’il n’était question de Marion, qui l’oblige à remettre les pieds sur terre en même temps qu’elle le remet à sa place (il n’a pas très envie de gouter à ses propres bijoux de famille… enfin, pas dans ces circonstances en tout cas). Alors il reste là, figé, sans savoir comment réagir. Parce qu’il en a encore trop gros sur le cœur pour juste prétendre que cette dispute n’a pas d’importance, ou qu’il ne se sent pas blessé, ce peu importe les justifications de Mutt.

Mutt est perdu, Mutt a mal… Mutt est au bout du rouleau. C’est pas comme si Klaus le découvrait. Il le sait, et ça lui fait terriblement mal. Son emportement vient au-dessus de là, c’est insupportable de se retrouver face à la personne qu’on aime plus que tout au monde, d’être le témoin de sa détresse, et d’être incapable de faire ou de dire quoi que ce soit. Ce n’est pas seulement contre Mutt qu’il est en colère, mais contre lui-même.

« Mutty… Tu crois que je le vis bien, moi ? La semaine dernière, je me faisais planter par un seul con homophobe. La semaine dernière, on cramait ce connard dans notre baignoire… tu crois que ça me bouleverse pas ? Tu crois que je comprends pas ce que tu traverses ? Bien sûr que si je le comprends ! C’est dur pour moi, mais jamais aussi dur que de te voir dans cet état alors que j’espérais que ce soir… on s’aimerais assez pour laisser tout ça derrière nous, tu comprends ce que je veux dire ? » Il prend une grande inspiration. « T’es pas un sale con égoïste… Mais j’ai l’impression… J’ai l’impression de t’avoir forcé la main, j’ai l’impression que je te rendrais jamais heureux… ça me fait mal, tu comprends ? ça a rien à voir avec le fait que tu sois sorti fumer une clope cinq minutes… T’es absent depuis la cérémonie, t’es ailleurs depuis des heures… »

Et voilà qu’ils se mettent tous les deux à pleurer. Pas sûr que c’était ce que Marion voulait, mais au moins, les deux, ils ont arrêté de gueuler, ce qui, de la part, est quand même déjà pas mal.

Ca n'était peut être pas le moment de faire ressortir tout ca ou alors... Ca l'était complètement. Il se sentait encore plus coupable de voir Klaus dans cet état et de le foutre dans cet état. C'est lui qui foutait la merde, pas le contraire. Il n'était pas Klaus. Il l'avait toujours porté sur un piedestal. Il l'avait toujours vu comme étant plus fort que lui, car il l'était. Il veut protéger les siens mais il passe sa vie à faire de la merde. Il lâche ce qui le perturbe au plus profond de lui. Il le devait.

" Parce que je me sens coupable ! " Lâche-t-il d'une voix forte et étranglée. " Coupable de toute cette merde... Coupable de ton malheur, de celui de maman... De tout le monde. J'ai l'impression que quoi que je fasse, je dise, ca sera destructeur. Je suis pas le gosse parfait, je suis pas le mari parfait. Je suis... " Son regard se perd. " Je sais pas ce que je suis en fait. " Il reprend sa respiration puis continue. " Si je n'avais pas continué d'emmerder Monty, il ne s'en serait pas pris à nous. A toi... Sauf que j'ai eu ce gros délire de vouloir me venger de ce qu'il m'a fait sur les réseaux sociaux et... ca a dégénéré. S'il t'a planté l'autre jour, c'est de ma faute. Et t'as beau dire qu'on devrait laisser ca derrière mais... ca nous poursuivra toute notre vie Klaus ! On ferme les yeux l'espace d'un instant, on s'amuse et ensuite ? Ca ne disparait pas par magie. " Il se tourne vers sa mère. " Et toi, tu dois toujours planquer mes conneries... Ca m'étonne pas que l'ancêtre ne veut plus voir ma gueule. " Il fait un geste de la main vers la salle où les convives doivent les attendre maintenant. " Et là, je gâche notre mariage. Parce que j'essaye de garder le contrôle et... " Il regarde de nouveau Klaus. " Je fais naitre en toi des putains de doute parce que je ne sais pas comment me comporter. Parce que si je ne suis pas... " Il ne dira pas qu'il se défonce en douce. Il ferme les yeux. " Si je ne déconnecte pas alors j'ai cette impression qu'à chaque pas que je fais, je vais tout détruire. " Il regarde Klaus et fait un pas vers lui et prend son visage en coupe entre ses mains, le visage ruisselant de larmes. " C'est pas ta faute. " Il lui fait un sourire triste. " Tu m'aides à sortir la tête hors de l'eau. Tu me tends la main sur le rivage. Laisse moi le temps d'arriver. Je nage à contre courant, c'est pas évident de tenir le rythme... " S'il y arrive un jour... Mais il chasse cette pensée. " De toute manière, c'est trop tard, on est marié. Et j'espère que tu me pardonneras de ne pas être là pour toi, de ne pas t'apporter ce que tu demandes en retour. " Il fait de nouveau un sourire triste. " On va la faire cette ouverture de bal. On va juste éviter de revenir vers les invités avec cette sale gueule. " Il se tourne vers sa mère et lui tend une main pour attraper la sienne. " Je m'excuse maman, j'aurai pas dû te parler comme ça. "

Bon, les esprits ont l'air de s'apaiser un peu, c'est déjà ça... T'aimes ni ce que tu vois, ni ce que t'entends, parce que tu assistes au spectacle de deux personnes qui s'aiment et que tu aimes, et qui sont en terrible souffrance, et toi tu sais pas vraiment quoi faire pour les aider et les soutenir... T'as l'impression de ne pas avoir vraiment en mains les cartes suffisantes pour les aider et les soutenir. Résultat des courses, tu sais pas comment réagir et tu te sens démunie. Tu pousses ta petite gueulante parce que c'est ce que tu fais de mieux, mais tu sais bien que c'est pas suffisant pour autant, et ça, ça te ronge de l'intérieur.

"Tu pourrais arrêter d'évoquer ton père comme tu le fais s'il te plait...", tu fais seulement, un peu froidement, quand une fois n'est pas coutume, Mutt appelle Indiana l'enfer et suggère qu'il ne "veut plus voir sa gueule". T'aimerais bien ne pas ajouter la souffrance de son absence à toutes les douleurs affichées qui s'expriment en cet instant. "Par contre tu t'excuses encore une fois et je t'en fous une."

Tu dis ça avec un ton faussement menaçant, mais ton regard ému en dit long sur ce que tu penses vraiment. Tu te sens de trop, maintenant, dans cette scène. Il faut avant toute chose que Klaus et Mutt parlent avant de retrouver leurs invités, et toi, même si tu as pu jouer les intermédiaires entre les deux, tu sais que tu as fait ce qui devait l'être.

"Prenez le temps de reprendre vos esprits, je vais faire patienter tout ce beau monde en attendant."

T'attends pas de réponse de leur part, tu retournes dans la salle et tu colles un sourire à tes lèvres afin de ne pas inquiéter l'assemblée outre mesure.

La culpabilité est un sentiment désagréable et traître, et c’est pire encore quand ce sentiment désagréable et traître se retrouve partagé. Ils culpabilisent chacun de leur côté, et la culpabilité de l’un accentue la culpabilité de l’autre. C’est un cercle vicieux. Alors forcément, tôt ou tard, ça doit mal finir.

« Personne ne te demande d’être parfait, chéri, c’est ça que tu comprends pas. On te demande pas d’être sur tous les fronts ou de gérer à tous les niveaux, juste de pas encaisser, encaisser… Puis d’exploser, parce que ça peut pas marcher. » Il esquisse un fin sourire. Ce ne sont pas des reproches qu’il lui adresse, il veut au contraire apaiser les choses autant que possible. Il n’est pas fâché le moins du monde, il veut seulement… que tout aille pour le mieux. « Tu gâches pas notre mariage, tu gâches rien du tout, c’est moi qui ai failli tout gâché, là », il ajoute en se fendant d’un léger rire. « Ouais, je doute parfois parce que bordel… t’as vu la tronche de nos vies ? Mais je doute jamais de toi, ou de ce que je ressens pour toi. Tu me connais et en plus on est pareil, je dis beaucoup de conneries quand je suis sur les nerfs, ça veut pas dire que j’en pense la moitié… Et heureusement, t’imagines, sinon ? »

Maintenant qu’ils mettent les choses à plat, il est aussi temps de calmer le jeu, entre eux… ils seraient vraiment trop dommage d’en arriver à des extrémités aussi absurdes. Il veut que ce moment reste le plus beau jour de leur vie.

« Ouais… des fois j’ai l’impression de te maintenir la tête sous l’eau », il répond en se rapprochant de lui, histoire de filer la métaphore, tout en essuyant une larme qui a roulé sur sa joue. « Peut-être que c’est ça le truc… Faudrait juste… suivre le courant. » Il sourit. « Je suis désolé de t’avoir fait passer pour la pire des ordures. Jamais je regretterai de t’avoir épousé, vraiment… C’est juste impossible, ça. Juste… tu peux comprendre ce que j’ai ressenti, pas vrai. » Il esquisse un vague sourire. « L’ouverture de bal peut attendre, Five est même pas là pour se foutre de ma gueule, ça a aucun intérêt », ajoute-t-il alors d’un ton qui ne se veut pas tant amer que résigné.

Il laisse ensuite à Mutt le soin de s’excuser auprès de sa père. Marion le prend bien, suggérant qu’ils reprennent leurs esprits avant toute chose. Klaus est du même avis : ils en ont bien besoin.

Son rôle de témoin. Tandis que Klaus le submergeait d’informations et de directives Ben n’était pas certain qu’il était la meilleure personne pour l’endosser. Il ferait l’effort, pour son frère, ses mimiques trahissaient Numéro Quatre, il avait besoin d’aide. Le trentenaire regrettait l’absence de bloc note à proximité. Son esprit affuté devra lui suffire pour tout retenir. En attendant, il se contenta d’hocher la tête à chacune des paroles du marié. Il n’allait pas être celui qui allait rajouter plus de stress à Numéro Quatre car il ne savait pas s’il serait capable d’assurer toutes ses demandes.

« Très bien ! Je m’occupe de tout ça. T’as pas à t’inquiéter. Maintenant, file retrouver Mutt. »

Il sourit en voyant Klaus partir. Cette main sur son épaule remplaça un bien grand nombre de mot. Numéro Six savait à quel point son frère lui était reconnaissant et allait tâcher de ne pas tout faire caboter. Bon par quoi allait-il commencer ? Le DJ ! C’est bien de commencer par le DJ ! Quoique… Si Peter ne sentait pas bien, pour une raison ou pour une autre il fallait peut-être qu’il s’assure de son état dans un premier temps. Alors que son regard arpentait la salle à la recherche de l’autre témoin, ses oreilles captèrent le début d’une musique endiablée. Le DJ se mit à inviter tout le monde sur la piste de danse au grand étonnement de Ben. Finalement, il n’avait pas eu besoin de lui. Ses yeux se perdirent au niveau des platines et il trouva enfin Peter. Il semblerait qu’au moins l’un d’entre eux fasse son rôle de témoin. Le trentenaire commença à se diriger en direction du jeune homme bousculant quelques épaules au passage, la piste de danse se remplissant assez rapidement. Il finit par arriver jusqu’à Peter qui avait déjà atterrit au buffet. Eh ben dis-donc, il était sacrément rapide ! La preuve, avant même que Numéro Six n’ait pu prononcer un mot, l’autre témoin lui posa déjà une question sur le départ de Klaus et Mutt des festivités. Vif de corps mais aussi d’esprit. Il s’éclaircit légèrement la voix avant de lui répondre.

« Je vais être honnête, je ne sais pas vraiment ce qui se passe mais ça n’a pas l’air d’aller. Klaus et Marion sont avec Mutt, je pense qu’ils pourront l’aider, tu n’as pas à t’inquiéter. »

On avait vu plus rassurant ! Ben pensait qu’il était important d’être honnête avec Peter. Il n’aimerait pas qu’on lui cache des choses sur l’état de son frère. Ils étaient meilleurs amis avec Mutt, normal qu’ils s’inquiètent. Numéro Six espérait tout de même ne pas avoir rajouter une pile de problème au pauvre jeune homme.

« Du coup, Klaus m’avait demandé de parler au DJ pour qu’il invite les convives sur la piste de danse mais je vois que tu t’en es chargé. Merci ! Au moins l’un d’entre nous fait son rôle de témoin. »

Ses yeux se reperdirent sur le dancefloor. Peter avait réussi à occuper les invités le temps que (il espérait que ce ne serait pas trop long) les mariés reviennent et montre à tout leur magnifique première danse.

« Il m’a également demandé de prendre de tes nouvelles. Tout va bien pour toi ? »

Ben ne rentra pas directement les pieds dans le plat. Il avait bien vu Peter regarder les photos d’un garçon, un air triste scotché à son visage. On aurait dit lui lorsqu’il ouvrait sa propre galerie pour se remémorer ses bons instants en compagnie de Love. Au premier abord, il semblerait que l’étudiant était en train de vivre une rupture difficile.

T'es très loin de te douter qu'à quelques mètres de toi, à l'entrée de la salle des fêtes se déroule une lourde dispute entre les deux mariés. Ce n'est pas plus mal au final que tu ne l'es pas suivi. Qu'est-ce que tu aurais bien pu faire ? Surtout en découvrant le lourd secret du couple.

Au final t'es mieux là ou tu te trouves, dans ton coin. La musique a beau être lancé tu n'as pas le cœur à te lancer sur la piste de danse. Tu l'aurais jamais fais sans qu'on t'y oblige par la force de toute façon. Tu restes plutôt côté buffet. Tu ne veux pas attirer l'attention. Tu ne veux dérangé personne avec tes histoires, c'est pour cette raison que tu n'as rien dit à ton meilleur ami. Il avait bien d'autres choses a penser.

Tu sentais bien au fond qu'il y avait un truc qui cloché. Et la réponse de Ben ne fit que confirmer ce mauvais pressentiment. « On devrait peut-être y aller aussi, non ? C'est vrai que Mutt m'a paru un peu bizarre tout à l'heure, mais bon, c'est Mutt. » dis tu dans une haussement d'épaule. Tu connais ton ami -du moins tu penses le connaître- alors tu n'en prends pas ombrage. Il doit être stressé, quelque chose comme ça. Néanmoins, tu ne doutes pas que Marion et Klaus seront gérer la situation. T'esquisse un sourire quand Ben te remercie de t'être chargé du DJ. C'était rien du tout il n'empêche, que ça lui fit extrêmement plaisir. « C'est normal. Je le voyais un peu galérer de loin j'ai pas pu m'empêcher d'y mettre mon nez. » Au final c'était une bonne chose, t'es satisfait que ta contribution soit utile. « Mais on aurait peut-être du les attendre avant ? Je sais pas trop, c'est mon premier mariage. »

T'aurais bien aimé assister au mariage de Tony. Malheureusement ce jour-là tu avais été éclipsé comme la moitié des être vivant. T'ignores même comment ça s'est déroulé. Avait-il organisé une grande fête malgré tout ? Qui était invité ?

T'étais heureux d'avoir un si grand honneur en temps que témoin. Un peu moins que le jour J tombe aussi mal. T'aimerais donner le meilleur de toi même pour cette journée, mais c'est plus que difficile pour toi d'aller de l'avant. Votre rupture est encore bien trop récente. « Je suis vraiment désolé, » tu peux pas t'empêcher de te confondre en excuse en apprenant qu'on puisse s'inquiéter pour toi. C'est pas une position dans laquelle tu te sens à l'aise. Mais il est vrai que rester prostré dans le silence te pèse tout autant. Alors à quoi bon ? « ça se voit tant que ça ? C'est juste que -t'hésite sans savoir par où commencer- Je devais être accompagné ce soir, mais on - Non, j'ai rompu avec mon copain. Ex copain. » Ceci expliquait donc cela. Tu prends une inspiration. T'es mal d'en parler alors que dans un même temps au fond, tu le sens que ça te fait du bien. « C'est difficile de célébrer l'amour quand soi même on y croit plu. Je pensais tu sais, qu'on était capable de tout surmonter parce qu'on s'aime. Mais non, en vrai ça ne marche pas comme ça. C'est très loin de marcher comme ça » tu souris tristement à Ben avant de t'excuser encore. Loin de toi l'idée de casser l'ambiance. C'est bien ta plus grande hantise depuis que tu as déposé un pied dans cette salle. Derrière Ben tu captes le regard de Marion. « Marion est revenue. On devrait peut-être aller la voir. »