Il venait de passer la plus chaotique des nuits. Five ne dormait plus beaucoup depuis qu'il avait constaté que leur père était de nouveau en vie et sur cette ile. Il commençait alors à comprendre ce qu'il avait manqué. Il n'avait jamais réfuté ce que Diego et les autres lui avaient suggeré mais il ne voyait que son père comme un excentrique, pas un malade comme ça. Five avait pensé le comprendre, n'étant pas sociable pour un sous. Mais le fait de le voir s'en ficher complètement de sa vie. De lui... Il pensait que le vieux Hargreeves ait eu un minimum de compassion à son égard.
Il venait souvent au Central Perk pour bosser sur une stratégie de retour. Il avait sa place dans un coin près du bar. Il pouvait bosser des heures sur un tas de formules quantiques leur pemettrant de rentrer chez eux mais... Il ne trouvait rien. Rien n'avait de sens et peut être devrait il s'occuper un peu plus de ce qu'il se passait autour d'eux que de vouloir se projeter si loin.
Il avait demandé à Klaus de venir. Pour discuter. Même s'il n'était pas une flèche, il avait été là quand le vieux Reggie leur avait balancé son laïus de dédain. Et Five s'est senti dans l'obligation aussi de demander à Jodie de venir. Il avait un peu peur pour elle dans l'histoire. Même si elle ne faisait pas parti de la Umbrella, elle était le sosie de Vanya. Il avait peur que Reginald la prenne pour la personne qu'elle n'est pas. Et on a vu où celà avait mené.
Quoi qu'il en soit, il s'était commandé un second café. Etant arrivé bien en avance. Il attendait ses deux protagonistes. Il avait besoin de leur parler, de leur communiquer ses craintes et d'établir un plan. Et Jodie... Il ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose. Simplement parce qu'elle n'avait pas besoin de celà. Five faisait de grosses projections avec Vanya sur elle, mais il y avait de quoi. Et leur petite aventure chaotique les avait rapproché. Il lui avait fait la promesse de s'occuper d'elle, alors il le ferait.
Sirotant son second expresso, le regard dans le vide, il lève un regard vers ceux qui arrivent au rendez vous. Il voit d'abord la silhouette de Klaus, puis celle de Jodie le suivant pas loin (hj: j'espère que ca vous va. Klaus capte pas de suite comme ça Sinon je changes ) Il fait un sourire ironique à son frangin et lui sort:
" C'est à cette heure là que tu arrives frangin ? "
C'était sa façon de communiquer avec certains de sa fratrie. Son sourire se fait plus doux en voyant Jodie arriver.
" Salut. Merci d'être venu. J'espère que tu vas bien. " Il regarde de nouveau Klaus et lui explique avant qu'il ne prenne Jodie pour Vanya, mais ca sera surement trop tard. - On connait tous la facheuse manie de Klaus. - " Klaus... C'est pas... Je te présente Jodie. "
Klaus ne va pas le montrer ostensiblement, parce que de toute façon ça ne servirait à rien, mais la vérité, c’est qu’il s’inquiète pour Five. « Découvrir » que leur père était un sinistre enfoiré n’a pas été une découverte à proprement parler pour Klaus qui, pendant que les quelques cinglés de la fratrie qui pensaient entrer en compétition pour le rôle du gamin le plus intelligent, avait depuis longtemps fait tomber le paternel de son piédestal.
On pouvait suggérer que c’était parce qu’il n’était dans tous les cas qu’un putain de raté et qu’il était normal que le paternel lui tienne la bride plus qu’aux autres, mais Klaus pour sa part gagerait que le fait qu’il ait été enfermé pendant des heures dans une crypte pleine à craquer de morts là pour le hanter alors qu’il n’était qu’un gosse avait fait une bonne partie du boulot.
Bref. Klaus a ses propres emmerdes à gérer, mais quand même, il s’inquiète de la situation. Et plus encore, il s’inquiète pour son frère. Donc pour cette fois, quand ce dernier lui a demandé de le retrouver, il a fait l’effort de se déplacer jusqu’au Central Perk (un bon café lui fera du bien, au passage, parce qu’il sort à peine de sa sieste, là…).
Il s’est même payé le luxe d’arriver à l’heure, mais ça c’est parce qu’il n’a pas envie de donner à Five plus de prétextes pour râler qu’il n’en a déjà. D’un pas traînant, Klaus passe donc la porte du café et il ne faut pas longtemps pour que Five s’adresse à lui.
« Pile à l’heure, tu veux dire ? » réplique Klaus quand Five suggère que c’est à cette heure seulement qu’il arrive. Ben voyons. En même temps c’est vrai que voir Klaus arriver à l’heure à un rendez-vous, ça tient assez de l’exploit, quelque part. « Moi aussi ça me fait plaisir de te voir, Five », il faut avant de s’installer à côté de son frère.
Il veut ajouter autre chose, mais tout son oublie de franchir le seuil de ses lèvres en découvrant Vanya. Il se relève presque aussitôt, déjà prêt à la prendre dans ses bras et à s’enthousiasmer de l’avoir enfin retrouvée, mais il est freiné directement dans son élan par Five. Son enthousiasme retombe comme un soufflé tandis qu’il retombe mollement sur sa banquette en regardant cette fille dont le nom serait donc Jodie. Il n’a pas besoin de poser de questions, vu le nombre de sosies de lui et de Mutt qui traînent en ville, autant dire qu’il est rôdé… Par contre, l’ascenseur émotionnel est retombé, et si cette fille n’y est pour rien, ça reste douloureux de poser le regard sur cette exacte copie de sa sœur qui n’est pourtant pas sa sœur. Difficile de ne pas être déçu.
« Salut Jodie », il lui fait quand même avec un sourire avant de focaliser son attention sur Five. « Bon, tu voulais me – nous voir pour quoi ? »
Depuis qu'elle avait rencontré Five dans des circonstances bien particulières, Jodie avait l'impression d'avoir une nouvelle chance de vivre avec un frère comme elle aurait aimé vivre avec Aiden. C'était stupide, sans le moindre doute, mais se raccrocher à cette idée lui avait redonné une chose qu'elle avait perdu depuis bien longtemps : l'espoir. Lorsque, dans son monde, elle avait choisi la mort plutôt que la vie, elle l'avait fait pour retrouver Aiden. Elle avait abandonné Ryan et tous ceux qu'elle avait aimé pour trouver la paix et se donner la chance d'être aux côtés de son frère. Il avait toujours été là, près d'elle, attachée à elle. Néanmoins, il n'avait été qu'une entité qui lui avait causé bien trop de problèmes et avec qui il était difficile de vivre une relation fraternelle équilibrée. Mourir lui offrait une chance de vivre auprès de sa seule véritable famille, dans l'au-delà. Malheureusement pour elle, Jodie ne s'était pas réveillée dans l'au-delà, comme prévu, mais sur cette île mystérieuse. Au départ, elle s'était imaginée qu'il s'agissait d'un lieu entre la vie et la mort ou d'une autre vision de l'au-delà, mais après trois ans, elle ne savait plus. Si elle était réellement morte, sa vie actuelle ressemblait drôlement à sa vie d'avant. Elle pleurait, elle souffrait, elle se blessait. Ce monde n'était pas la paix qu'elle imaginait avoir méritée après avoir sauvé le monde d'une invasion d'entités.
Alors oui, en voyant Five s'attacher à elle comme à une soeur, elle s'était imaginée pouvoir devenir un peu cette soeur qu'il attendait. C'était égoïste, peut-être, de vouloir prendre sa place, mais elle n'avait jamais été si bien qu'aujourd'hui. Auprès de lui, elle se sentait en sécurité, un sentiment qui lui avait bien trop souvent manqué. Alors, lorsqu'il lui avait demandé de le rejoindre au central perk, la jeune femme n'avait pas hésité une seule seconde avant de se déplacer. A l'heure, ou presque, elle avait franchi le seuil du café, sans savoir pourquoi elle était ici. Souriante, comme à chaque fois qu'elle croisait le regard de Five, elle s'était approchée de lui et d'un autre type, assis à ses côtés. « Salut. » Souffla-t-elle à leur attention, en adressant un signe de tête à Five lorsqu'il la remercia d'être venue et lui demanda si tout allait bien. Elle s'apprêtait à lui retourner la question lorsque l'homme à ses côtés croisa son regard et se leva aussitôt. Un peu surprise, elle comprit, aux mots de Five, qu'il devait s'agir de l'un de ses frères et qu'il la prenait pour Vanya, comme Five l'avait prise pour elle, lors de leur rencontre.
A cette annonce, qui le décevait visiblement, il se réinstalla sur son siège - ou s'y laissa tomber, pour être tout à fait exacte. Tout en s'installant aux côtés de Five, Jodie adressa un sourire désolé à cet homme. Elle pouvait imaginer la joie qu'il avait ressentie avant de la voir disparaître brutalement. « Désolée pour... Five aurait peut-être dû te prévenir pour t'éviter une fausse joie. » Souffla-t-elle, en tournant les yeux vers l'intéressé. Sans rien ajouter, elle laissait ce fameux Klaus demander plus d'informations à Five sur leur présence ici. Ils n'étaient sans doute pas là par hasard, à Five de s'expliquer désormais.
Oui, Klaus était à l'heure, mais bon, c'était tellement rare qu'il fallait bien le taquiner un peu. C'était de bonne guerre. Ils ne s'étaient pas revu depuis l'altercation avec leur père et Five était resté dans son coin à se bourrer la gueule. Chose qu'il ne partagera pas avec Klaus, sachant que c'est un sujet sensible pour lui et qu'il a visiblement arrêté de boire. Le constat avait été brutal pour le jeune Hargreeves, mais il fallait se rendre à l'évidence: leur père était un connard. C'est aussi la raison pour laquelle, il a fait venir Klaus et Jodie ici.
Jodie arrive à la suite de Klaus. Five se radoucit un peu, comme il peut autant le faire avec Vanya. Après ce qu'ils avaient traversé, Jodie avait pu constater des parts d'ombre qu'il n'avait même pas montré à sa famille. Mais disons que la situation qu'ils avaient vécu était exceptionnelle... Five avait vu ses barrières mises à mal. Jodie l'avait aidé à affronter celà. Elle avait toute sa confiance et sa sympathie, voir plus. Peut être faisait il une connerie ? Peut être faisait-il une projection avec Vanya mais il l'appréciait assez pour l'accueillir dans sa famille.
" T'en fais pas, il en a vu d'autres, il va s'en remettre. " Dit Five d'une manière sarcastique en regardant Klaus. " J'ai passé quinze bonnes minutes à me rendre compte que t'étais pas Vanya mais passons... " Dit-il en réajustant sa position. " On va prendre un truc à boire... Prenez un truc, on va parler... " Il prend une nouvelle commande mais cette fois-ci une Guiness pour le coup. Même si le serveur le regardait en coin, Five était majeur, il ne lui dirait rien.
" Klaus... Je te pensais plus intelligent que ça. Mais tiens je vais te faire fonctionner ta petite matière grise. " Il lui fait un large sourire ironique. " Quand tu vois Jodie, tu penses à qui ? Tu viens juste de me prouver ça y'a même pas... cinq secondes... " Oui, et juste avant Klaus avait réagit rapidement à l'exemple. " Toi t'es au courant plus moins du paternel et de ses délires... Et Jodie... " Il se tourne vers elle et soupire longuement. " J'ai pas envie que notre père taré et parano s'en prenne à toi, donc... On doit d'abord discuter et voir comment on peut... éviter que ca se produise. "
Vu que Reginald avait une peur folle de Vanya et qu'il l'avait enfermé à double tour dans une salle insonorisée. Il ne voulait pas Jodie termine la dedans. Il se rend compte que c'est anxiogène comme révélation. Five pose une main sur l'avant bras de Jodie avant d'ajouter.
" Et t'en fais pas. Je veillerai sur toi. Il ne te touchera pas, je te le promets. "
« Ouais, je confirme, il aurait dû prévenir », réplique Klaus à l’adresse de Jodie.
Il n’a pas envie d’être désagréable avec Jodie, d’autant qu’elle a l’air tout à fait sympathique, mais il est difficile de lui parler et de la regarder sans songer à la sœur qu’il n’a toujours pas retrouvée et qu’il craint de plus en plus de ne pas revoir. Ils se sont tous retrouvés, même Ben ! Et pourtant, Vanya est toujours aux abonnés absents : aux yeux de Klaus, qui n’a pourtant pas pour attribution d’être le pessimiste de service, ça ne peut pas être bon signe, et il est absolument incapable de faire abstraction de cela. Alors oui, ce n’est pas contre elle, mais si au moins Five avait eu la décence de le prévenir, il se serait épargné une désillusion franchement pas sympathique.
Klaus grimace quand Five, avec son cynisme habituel, suggère qu’il en a vu d’autres et qu’il s’en remettra. Ces deux informations sont absolument vraies, mais ça ne rend pas pour autant la situation plus agréable. Et s’il a passé quinze minutes à réaliser lui-même que Jodie n’était pas Vanya, puisqu’il savait exactement ce que ça faisait, pourquoi est-ce qu’il lui infligeait ça exactement, hein ? Mais passons… visiblement, il faut qu’il parle. Five se paye une bière, une vraie torture pour Klaus, contraint d’en rester au Coca, réflexe toujours plus difficile quand d’autres personnes boivent autour de lui – et comme il n’est pas spécialement détendu, là, tout de suite, ça n’arrange définitivement rien.
« Fivey, je te pensais plus intelligent que ça », rétorque Klaus quand Five, comme à son habitude, le traite comme le roi des débiles. « Tu dis toi-même que Jodie est le portrait craché de Vanya, tu crois pas qu’en s’affichant avec elle on la met plus en danger qu’autre chose ? C'est pas contre toi Jodie, hein ? Mais... Qu’est-ce qu’on en sait si notre cher papounet n’est pas en train de nous espionner là, tout de suite. »
Bon, d’accord, cette fille n’a pas à payer les pots cassés pour les histoires des Hargreeves, et même si Klaus ne la connaît pas, il n’a pas franchement envie qu’il lui arrive un truc, cela dit, il a tendance à penser que s’afficher tous les trois ensemble dans un lieu public n’est pas forcément la meilleure manière de lui rendre service. Enfin, il n’ira pas dire qu’il avait une meilleure idée non plus, il faut dire qu’il ignorait l’existence de Jodie avant cet instant. Klaus grimace en voyant la manière dont Five traite le sosie de Vanya. Comme s’il s’agissait d’elle… D’accord, c’est bien qu’il la protège, mais il se projette grave, là, ou c’est juste lui ?
« Ben tiens, il est jamais aussi charmant avec moi, bizarrement », fait Klaus avec un grand sourire cynique (lui aussi en est capable quand il faut). On pose son verre de Coca sous son nez et Klaus en boit une très large gorgée. « Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ? ça fait longtemps ? » il demande, plus curieux de ça que soucieux d’élaborer un plan d’action.
En même temps, ce n’est pas comme s’il avait la moindre idée de comment s’y prendre.
La situation était particulièrement... étrange. Jodie se retrouvait face à deux hommes qui ne voyaient en elle que le sosie de leur soeur disparue. Autant dire qu'elle se sentait plutôt mal à l'aise face à Klaus qui n'avait pas été mis au courant, par Five, de ce qui l'attendait. Sans le vouloir, elle avait provoqué en lui un ascenseur émotionnel sans doute beaucoup trop brutal. Malgré la réflexion de Jodie, Five semblait s'en moquer, jugeant que son frère était capable de s'en remettre, comme lui s'en était remis après avoir cru que Jodie était Vanya, lors de leur rencontre. S'ils lui avaient tous les deux répondu après sa petite réflexion, la jeune femme s'était contentée de leur sourire, à tour de rôle, gênée. Elle était plutôt d'accord avec Klaus, Five aurait dû le prévenir. Néanmoins, elle refusait de contrarier ce dernier, en prenant le parti de son frère. Alors, elle préférait ne rien répondre du tout.
Jodie n'était pas habituée à ce genre de situation - et heureusement. Tout la rendait donc extrêmement mal à l'aise, alors elle restait particulièrement silencieuse - déjà qu'elle n'était pas bien bavarde en temps normal. Depuis le début, elle se contentait principalement d'observer les deux hommes, à tour de rôle, ou d'observer la table qui prenait une importance toute particulière à ses yeux lorsqu'elle ne savait plus où poser le regard. Avant d'entrer dans le vif du sujet, Five leur proposa de commander quelque chose. Jodie se commanda une bière, comme lui, et n'ajouta plus un mot, assistant au débat entre les deux frères, à propos de sa présence à cette table. Si l'un pensait la protéger, l'autre pensait qu'il la mettait en danger. Jodie, quant à elle, n'avait pas la moindre idée de l'ampleur du danger évoqué.
En quelques mots, Five avait expliqué que Jodie était en danger, avec leur père dans les parages. Père qui risquait, bien évidemment, de faire la même erreur qu'eux et de la prendre pour sa fille plutôt que pour l'inconnue qu'elle était en réalité. Si Jodie n'appartenait pas à leur famille, elle avait au moins un point commun avec eux : des parents qui ne pouvaient pas être qualifiés de parents de l'année. Après avoir expliqué ce qu'il craignait, Five s'était tourné vers elle pour en dire davantage. Il ne voulait pas que leur père s'en prenne à elle. Pour ça, il fallait trouver une solution et déterminer comment l'éviter. Autant dire que Jodie n'était pas du tout rassurée par ce qu'elle entendait. Elle avait ses propres problèmes et son propre passé à gérer, s'il fallait en plus qu'elle gère un père qui lui voulait du mal, elle n'était pas certaine de réussir.
Jodie n'avait pas le temps d'exprimer ses craintes que l'autre frère ajouta qu'il n'était pas prudent qu'ils se montrent tous les trois. Il n'avait peut-être pas tort, mais, en même temps, rester loin d'eux ne lui assurait pas la sécurité non plus. Si cet homme la trouvait d'une façon ou d'une autre, elle serait en danger. Peut-être avait-elle plus de chances à leurs côtés ? Elle voulait, en tout cas, s'en convaincre. Principalement parce qu'elle n'avait aucune envie de s'éloigner de Five et de cette famille qu'il lui offrait, d'une certaine façon. Jodie savait qu'elle ne serait jamais réellement leur soeur, comme cette Vanya l'était. Elle savait que lorsqu'elle serait de retour, sans doute que Five ne se soucierait plus d'elle. Pourquoi se préoccuperait-il d'une pâle copie quand l'originale était de retour ? Mais elle était prête à accepter ça. Elle était prête à souffrir et à accepter le rejet lorsque ce moment arriverait. Elle l'accepterait simplement pour profiter de quelques instants en famille, comme elle en avait toujours rêvé, sans jamais pouvoir l'obtenir. Elle était morte pour vivre avec son frère - sans que ça ne fonctionne puisqu'elle s'était réveillée ici - alors elle était prête à être abandonnée, ce n'était plus grand chose à côté.
Lorsque Klaus évoqua le père qui était peut-être déjà en train de les observer, Jodie déglutit difficilement sans le lâcher du regard. Elle ne savait pas quoi répondre à tout ça, à cette masse d'informations que les deux frères venaient de lui transmettre. Perdue, ce fut en sentant la main de Five se poser sur son avant-bras, que Jodie revint à elle. Tournant doucement la tête vers lui, elle ne put que sourire face à ses mots rassurants. « Je te fais confiance. Je sais que tu feras tout ce que tu peux pour ça. » Souffla-t-elle, lorsqu'il lui promit qu'elle ne devait pas s'inquiéter parce qu'il ne le laisserait jamais lui faire de mal. « Essaie de te montrer charmant avec lui, peut-être qu'il fera un effort. » Rétorqua-t-elle, sans la moindre agressivité, tentant même de sourire pour faire passer son intention de plaisanter - tout en défendant le comportement de Five à son égard.
Puis vint la question de leur rencontre. « Je... On s'est retrouvés coincés quelque part et... Enfin... On s'est entraidés pour sortir... » Elle tentait de répondre alors qu'il aurait été plus simple de laisser Five le faire. Se rendant compte de la catastrophe qu'était sa réponse, puisqu'elle ignorait ce que Five voulait révéler ou non - il était possible qu'il ne veuille pas trop détailler l'événement, après l'état dans lequel il s'était retrouvé - elle tourna les yeux vers ce dernier. Son regard voulait tout dire. Elle l'appelait au secours et l'invitait à répondre ou à relancer le sujet de leur présence ici, n'osant pas le faire elle-même.
En réalité, ils se comportaient comme deux frères qui se chamaillaient. Ca ne changeait pas. Et Klaus était en train d'exaspérer Five en tout point. Mais parce qu'ils n'étaient pas seul, il essayerai de se contenir. Klaus se prend d'un seul coup pour le plus intelligent de la bande en leur faisant un topo de leur situation et le couac dans ce que Five établissait.
" Si t'étais le plus intelligent de notre fratrie, ca se saurait... " Dit-il ironiquement en faisant de petits yeux à Klaus. " T'as pas à être parano non plus... Il nous espionne pas vingt quatre heure sur vingt quatre... " Il fait la grimace. " Et ouais, c'est vachement mieux de laisser Jodie dans son coin... Je te rappelle qu'on a pas eu à être rassemblé pour se faire attaquer par ses connards de sbires. Ici, il se dira - dans l'hypothèse qu'il nous surveille là tout de suite - qu'elle est au courant et il se méfiera un peu plus. " Five cachait peut être aussi le fait que c'était une bonne excuse pour la voir.
Il ne voulait pas inquiéter Jodie alors il posa une main sur son avant bras pour ensuite lui qu'il la protégerai pour la rassurer. Car pour l'heure, il avait bien conscience que toutes ces histoires ne devaient pas des masses la rassurer non plus. Il capte son regard longuement et rend son sourire à Jodie, avant que Klaus ne fasse une remarque qui le fait rouler des yeux alors qu'il claque sa langue d'agacement.
" Si tu pouvais aussi être moins crétin, ca aiderai... " Rétorque-t-il avec moins de pincettes que son interlocutrice.
Klaus pose alors une question un peu délicate. Ce qu'il s'était passé, même Five n'était sûr de rien et Jodie avait surement été la seule dans sa vie à l'avoir vu dans un tel état. Sans barrière, comme il était au plus profond de lui. Et il n'avait pas forcément envie que Klaus en sache plus là dessus. Il voit le regard de Jodie un peu suppliant qu'elle fait pour qu'il vienne l'aider dans ses explications. Sans qu'il ne s'en rende compte, il glisse sa main jusqu'à la sienne pour la serrer doucement. Il ne voulait pas qu'elle se sente mal. Que Klaus ne la fait pas sentir à sa place.
" C'est compliqué... " Dit-il le regard perdu en essayant de trouver une explication valable. " Tu sais bien à quel point cet endroit peut être tordu ? On s'est retrouvé dans une drôle d'histoire. Au début, j'ai cru voir Vanya mais c'était Jodie. Et on s'est entraidé pour sortir de là. C'est tout ce que tu as à savoir... Et on s'en fout... Le plus important, c'est ce qu'il se passe maintenant. "
Il se secoue la tête pour reprendre le fil de ce qu'il racontait par rapport à Reginald Hargreeves.
" Jodie, il faut que tu saches tout sur nous, et notre famille. Reginald est notre père adoptif. A Klaus et à moi, mais aussi à plusieurs autres, dont Vanya. Nous sommes sept en tout. " Il commence à énumérer. " Luther, lui tu devras te méfier. Diego, il est à l'appart, il te fera pas de mal. Allison, on ne sait pas où elle se trouve mais pareil, tu peux compter sur elle. L'autre con de Klaus en face là... Ben, pareil, t'en fais pas... En gros, le seul con dans la fratrie pour l'instant et j'espère le faire changer d'avis, c'est Luther. " Il prend une grande inspiration. " Notre père a peur de Vanya, car elle est puissante et il a eu tendance à vouloir l'enfermer avant qu'Allison utilise ses pouvoirs sur elle pour éviter qu'elle ne se rappelle qu'elle a ses pouvoirs. Reginald est censé être mort mais ici, il est revenu pour nous tester ou récupérer son bon droit qu'il a sur nous et... il est prêt à tout. " Il ferme les yeux. " Le mieux c'est que tu restes en dehors de tout ça mais... Il peut aussi te prendre pour Vanya alors... J'ai pas envie qu'il t'arrive un truc et je t'ai dit que je te protégerai alors je le ferai. "
Klaus ne cherche même pas à répliquer quand Five lui fait remarquer qu’il est loin d’être le plus intelligent de la fratrie. En attendant, ce n’est pas comme s’il l’avait un jour prétendu, lui, contrairement à Five qui prenait constamment tout le monde haut sous prétexte qu’il était un vieillard sénile coincé dans le corps d’un jeune adulte. Pour ce qui est d’affirmer qu’il ne faut pas être paranoïaque, Klaus réprime un léger rire un rien cynique. C’est vraiment lui qui dit ça ? Aux dernières nouvelles, si y en a un pour être parano, c’est clairement pas Klaus… et au passage, y a peut-être de bonnes raisons d’être parano. Les deux savent pertinemment de quoi leur paternel est capable. Et les espionner à n’importe quel moment de la journée – ou les faire espionner – n’est pas en bas de la liste… Enfin… Five a tout de même un peu raison, laisser Jodie dans son coin ne va pas spécialement l’aider non plus… Et il a pas envie qu’il lui arrive un truc non plus. Il doit sans doute pas donner la meilleure image de lui en ce moment, faut bien l’avouer, mais il est pris au dépourvu. Et oui, la déception de n’avoir toujours pas trouvé Vanya n’aide pas.
« Faudrait que je crée une cellule de crise pour tous mes sosies, moi aussi, maintenant que j’y pense », fait simplement Klaus en ne rebondissant pas sur le fait que Five le traite de crétin et que Jodie affirme que s’il se montrait charmant avec Five, ça changerait un truc. Clairement, ils ne connaissent pas le même Five. Celui qui insulte constamment l’autre, c’est pas Klaus. Fin bon… Visiblement les deux ont gentiment eu le temps de fraterniser et de le faire passer pour un con, donc bon…
Ceci dit, c’est quand même vrai qu’il avait pas vu Five s’agiter autour de Nathan comme il le fait avec Jodie… Bon, d’accord, Nathan est plus jeune, et leur père l’avait déjà retrouvé de toute manière, mais sur un malentendu, c’est quand même très sincèrement que Klaus se dit, même s’il a prononcé ces mots pour plaisanter, qu’il devrait quand même mettre ses sosies – pour ceux qu’il connaît, en garde.
« Je suis désolé », fait-il quand même à l’adresse de Jodie. « Bien sûr qu’on va t’aider. Pardon… Ma sœur me manque, c’est tout… », ajoute-t-il seulement, son regard tombant sur la main de Five serrant celle de Jodie. Au final, il sait pas ce qu’il fiche là. Five se soucie sans doute bien plus de la sécurité de cette fille que de la sienne ou même de savoir où est Vanya (bon d’accord, il est de mauvaise foi une fois de plus, mais il est sincère quand il dit que sa sœur lui manque).
Il laisse Five lui faire un résumé de la situation. Klaus n’intervient pas, il ne commente pas des masses non plus, ce qui ne lui ressemble pas forcément au passage. Il se contente de sourire plus largement que Five le traite de con, non sans ironie tout de même.
« Bienvenue dans notre famille de cinglés », se contente-t-il de dire, toujours un peu amer, mais ça lui passera.
En vérité, ce n’est pas à Jodie qu’il en veut, c’est aux circonstances… et un peu à Five, qui lui donne l’impression de remplacer leur sœur un peu trop facilement.
Jodie ne savait pas quoi répondre face aux chamailleries des deux frères, alors elle restait discrète et en retrait. Ils débattaient de la décision de Five d'exposer Jodie en la montrant avec eux. Pendant ce temps, tout en les observant tour à tour, Jodie tentait d'assimiler le maximum d'informations. Un père qui pouvait potentiellement les espionner, des attaques alors qu'ils étaient séparés... En des termes plus simples, elle était en danger parce qu'elle ressemblait à leur soeur. Soeur qui était crainte par leur père. Jodie savait se défendre. Enfin, elle avait su le faire. Elle avait reçu un entraînement pour savoir se défendre sans Aiden, mais elle ne faisait pas le poids face à n'importe qui. Avec Aiden, elle n'aurait pas risqué grand chose. Sans lui, elle était davantage vulnérable.
La main de Five sur son bras rassurait la jeune femme, son regard lui assurait qu'il resterait à ses côtés pour la protéger. Si Jodie était de nature méfiante, elle accordait naturellement toute sa confiance à Five sans être capable d'expliquer pourquoi. Dérangés par une réflexion de Klaus, Jodie lui répondait en tentant de plaisanter, tandis que Five était plus direct, ce qui fit sourire la jeune femme, qui jetait un coup d'oeil discret à Klaus pour observer sa réaction. Se moquant totalement de leurs réponses, le frère préférait faire une réflexion à propos de ses propres sosies. Combien avaient-ils de sosies dans cette ville ? Avaient-ils des explications ? Enfin... Tout était si particulier dans cet endroit, que rien ne devrait plus étonner la jeune femme, en réalité.
La main de Five vint alors serrer la sienne, tandis qu'il prenait le relai pour expliquer comment ils s'étaient rencontrés, n'entrant pas davantage dans les détails et assurant que ce n'était pas important. Ce contact était rassurant et apaisant. Et si Klaus adoptait un comportement tout à fait différent avec elle, elle ne pouvait que le comprendre. Ils n'avaient pas vécu ce que Five et Jodie avaient vécu ensemble. Il ne la connaissait même pas alors elle ne pouvait pas lui demander de se soucier d'elle. « Je comprends ce que tu ressens... J'ai un frère, moi aussi, et il me manque terriblement... Puis... Enfin, ça doit être compliqué de me voir sans penser à elle... Je comprends. » Essaya-t-elle d'expliquer lorsque Klaus s'excusa pour son comportement, assurant que sa soeur lui manquait. Jodie n'était pas insensible et ne pouvait pas lui en vouloir. Aiden lui manquait à elle aussi et elle comprenait ce sentiment. Jodie ne pouvait pas comprendre ce que ça faisait d'avoir un sosie de son frère face à elle. Son frère n'avait pas une apparence humaine, il n'avait toujours été, pour Jodie, qu'une entité flottant à ses côtés. Pour Klaus, il était question d'avoir une fille ressemblant à sa soeur en face de lui, ça devait forcément rendre la situation plus compliquée et difficile à vivre. Alors, elle ne pouvait pas lui en vouloir.
Finalement, sa main toujours dans la sienne, Five se mit à expliquer la situation plus en détails. Il y avait énormément d'informations, mais Jodie tentait d'en emmagasiner le maximum, hochant la tête de temps à autre. Alors qu'elle s’apprêtait à poser davantage de questions, Klaus reprit la parole pour faire une réflexion à propos de sa famille. « Tu ne connais pas la mienne, de famille. Ça aurait été trop beau d'être le sosie d'une personne qui a une vie parfaite... » Affirma-t-elle dans un sourire. Enlevée à ses parents biologiques pour son don, elle avait été élevée sur une base militaire par des parents qui n'étaient pas préparés à ses dons. Son père l'avait alors détesté pour ce qu'elle était capable de faire, la considérant comme un monstre, une sorcière, jusqu'à l'abandonner à la DPA pour qu'on puisse se livrer à des expériences sur Aiden et elle. Heureusement, elle y avait trouvé une famille avec Nathan et Cole qui l'avaient élevée - mais grandir enfermée dans un labo, sans autre enfant à ses côtés, observée en permanence, il y avait mieux comme enfance. Puis finalement, Nathan - qui était ce qui se rapprochait le plus d'une figure paternelle pour elle - était devenu fou, après avoir perdu sa femme et sa fille, et s'était retourné contre Jodie. Donc, niveau famille de cinglés, elle ne les battait peut-être pas, mais elle avait eu sa part, elle aussi. « Pourquoi je dois me méfier de Luther ? Si je tombe sur lui, je fais quoi ? » Demanda-t-elle, tentant de se préparer au mieux à toutes les éventualités. « Vous possédez tous des... » Elle s'était stoppée et avait tourné les yeux vers Klaus. Si Five, Vanya et Allison avaient un don, c'était sans doute le cas pour lui aussi, alors elle poursuivit : « dons ? » C'était ce qui la mettait en danger. Elle pouvait se battre, mais face à des pouvoirs, elle perdrait puisqu'elle ne possédait plus ceux d'Aiden. « Votre père aussi ? » Sans doute posait-elle beaucoup trop de questions d'un coup, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Observant les frères tour à tour, elle attendait qu'ils lui répondent, cherchant à se préparer au mieux à une situation bien trop compliqué, mais à laquelle elle était prête à faire face. « Je sais que tu veux me protéger et je sais que tu vas le faire, mais... » Elle marquait une pause avant de reprendre dans un soupir : « Je ne suis pas ta responsabilité et... Je peux me défendre. S'il m'atteint, d'une façon ou d'une autre, tu ne dois pas te sentir responsable. Promets-le moi. » Elle ne voulait pas qu'il se mette une horrible pression sur les épaules. Elle avait pu voir ses fragilités et ses faiblesses, en ajouter n'était sans doute pas une bonne chose, mais elle ne pouvait s'empêcher d'aimer voir que quelqu'un se préoccupait sincèrement d'elle. « Il te rappellera que tu n'y es pour rien si je n'ai pas été foutue de me défendre, n'est-ce pas ? » Demanda-t-elle, tout en se tournant vers Klaus.
Dernière édition par Jodie Holmes le Mer 15 Juin 2022 - 2:44, édité 1 fois
Five était brute de décoffrage avec son frère mais il ne changerait pas pour le coup. C'était son caractère et sa manière de faire. Même si avec Jodie c'était clairement différent. La situation était étrange, il pouvait se douter que Klaus devait être perturbé. Mais Five avait fini par prendre conscience que Jodie n'était pas Vanya, même si à l'instant, on pourrait croire qu'il comblait un vide. C'était peut être en partie le cas. Qui plus est, qu'en dehors de leur petite escapade étrange à travers le pays des cauchemars, ca aurait été différent entre eux. Mais ils s'étaient retrouvé face à face avec aucune carapace.
" T'en fais pas pour ton Nathan, il est déjà dans la merde et puis il peut pas mourir, tu l'as dit toi même. "
Est-ce qu'il s'en foutait royalement de l'alter ego de Klaus ? Oui. Il lui a assez pris la tête pour dix générations. Five comprenait que Klaus était perturbé par la présence de Jodie mais il n'aimait pas son comportement vis à vis d'elle. Mais Jodie semblait bien prendre les manières de Klaus. Five ne peut s'empêcher une remarque cinglante pour son frère. -on ne le changera pas-
" Ouais, ca te perturbe moins de te retrouver à ton propre sosie, pourtant y'a de quoi. " Il marque une pause et ajoute. " Et je sais très bien que t'as pensé déjà à te taper tes doubles. Si t'étais pas avec Mutt, ca serait déjà malheureusement arrivé au moins avec l'autre petite merde brailleuse. "
Il parlait bien entendu du jeune Nathan Young. Il n'avait rencontré que lui, mais c'est vrai qu'il était aussi horripilant que Klaus. En pire... Car c'était encore un adolescent. Mais l'heure n'était pas aux chamailleries fratricides mais bel et bien à quelque chose de bien plus sérieux, comme essayer de prévenir un maximum Jodie afin qu'elle ne finisse pas mal sous les griffes de Reginald Hargreeves. Mais d'abord, allons encore dans une touche de clichée quand elle parle de sa propre famille. La main enserrant celle de Jodie, il dit:
" T'es plus seule maintenant. "
Five explique alors les aléas de leur famille et fait un topo sur chaque membre. Bien entendu, il ne peut s'empêcher de mettre en garde contre Luther.
" Luther... " Il grimace. " Faut que j'aille lui parler. Il est pas méchant mais notre père lui a retourné le cerveau dernièrement. Surtout concernant... Vanya... " Five écoute les questions de Jodie et continue de lui répondre. " Oui, on a tous des pouvoirs. Tu connais les miens. Klaus peut voir les morts et tout un tas de trucs glauques. Luther c'est la superforce... Mais notre père n'a pas de dons. Vanya est très puissante quand elle se met en colère, je te l'ai dit. Et Reginald a peur d'elle. Et s'il te voit, il risque de penser que tu es Vanya et qu'il en vienne à utiliser les grands moyens pour te maitriser. " Il soupire et se secoue la tête. Il ne voulait pas faire peur à Jodie. " Excuse moi, je ne veux pas te faire peur. "
Jodie avait raison de voir en Five une réelle implication et qu'il ait franchement peur qu'il arrive quelque chose à Jodie. Mais à partir du moment où ils se sont connus, elle était devenue sa responsabilité. Il ne l'abandonnerait jamais. Il lui avait fait cette promesse envers et contre tout. Et quand elle lui parle avec tant d'insistance et avec autant d'empathie, Five reste incroyablement touché. Non, il n'y avait plus de carapace entre elle et lui. Et clairement, ca n'est pas Vanya qui aurait ce genre de discours pour lui.
" Jodie... " Commence-t-il tout en pivotant sur sa chaise pour lui faire face, il pose ses mains sur ses épaules avant de continuer, plongeant son regard dans le sien. " Tu ne peux pas me demander de ne pas me sentir responsable. Je t'ai promis que je te protégerai... Même avant ça, c'est pas une promesse faite en l'air et... Je ne te laisserai jamais tomber. " Quand elle s'adresse vers Klaus, Five baisse la tête une seconde. " Il te le dira, je lâche pas l'affaire facilement. Je trouverai toujours un moyen... " Il glisse ses mains sur les siennes et les serrent doucement. " Il ne te touchera pas, car même s'il le fait, je tâcherais de remonter le temps pour effacer toute cette merde. Si tu veux... " Il réfléchit au meilleur moyen de garder Jodie en sécurité. " Je viendrai vivre chez toi le temps qu'il faut. Enfin... si ca ne te gêne pas. "
Five avait visiblement décidé d’être encore plus imbuvable que d’ordinaire, ce jour-là, mais soit, s’il ne voulait même pas admettre que le choc puisse être concevable… En ce qui concerne Nathan, c’était évidemment une vanne, mais y a quand même un fond de vérité. Five aide les gens quand ça l’arrange, et Klaus a quand même l’impression de voir son frangin soudainement plus dévoué envers Jodie qu’il ne saura jamais l’être avec lui. C’est pas qu’il est jaloux, hein. Mais il constate juste. Et oui, il était moins perturbé de retrouver ses autres sosies parce qu’il savait bien qu’ils étaient pas lui. Au moins, Jodie se montre compatissante, et alors qu’elle lui affirme comprendre, parce qu’elle-même espère retrouver son frère, elle lui est immédiatement plus sympathique. Et oui, il commence à l’apprécier, cette fille, tout compte fait. Même si l’attitude de Five vis-à-vis de lui casse un peu la volonté qu’elle pourrait lui donner, par son naturel, à faire des efforts, elle qui a visiblement en commun avec eux d’avoir une famille particulièrement compliqué. Faut croire qu’ils se sont bien trouvés.
« T’es jaloux parce que tu t’es toujours pas trouvé de sosie à te taper alors que les miens se bousculent au portillon », réplique Klaus avec un large sourire provocant.
Il ne voit absolument pas le soucis de vouloir se taper ses sosies à partir du moment où on réalise qu’on en a. Et clairement, oui, si Klaus n’avait pas déjà eu Mutt dans sa vie, Nathan serait passé à la casserole ? Et alors. C’est une question de curiosité. Et puis, un lui alternatif devait sûrement savoir mieux que personne ce qui était susceptible de le faire grimper au rideau, pas vrai ? Mais on se détourne du sujet. Ceci dit…
« Vanya aura peut-être envie de se faire Jodie et elle aura bien raison. »
Voilà, c’était trop irrésistible, maintenant on peut revenir à nos moutons, qui sont quand même plus importants que toutes ces histoires de sosie. Five se tourne vers Jodie, la rassure, lui rappelle qu’elle n’est plus seule. D’accord, il est peut-être… à côté de la plaque, mais quand même, il a jamais vu Five comme ça. Est-ce qu’il s’en rend compte, au moins, que sa manière de se comporter avec Jodie est super, super suspecte ? Il ne dit rien – pas encore, mais il observe.
Il laisse Five reprendre en évoquant Luther, en expliquant la situation plus en détail concernant les pouvoirs de Vanya, la situation de Luther vis-à-vis de leur père. Explique pourquoi Vanya sera très probablement une cible privilégiée pour le paternel.. et il ne commente rien, pour cette fois, surtout parce que c’est la plus stricte vérité, il ne pourrait rien ajouter à ce sujet qui ne soit forcément au moins un peu superflu. C’est sûr que ça reste une bonne chose que Jodie soit au courant de tout ça. Mais il continue son baratin, et là, il est passé du niveau de suspect à over-suspect. « Je ne te laisserai jamais tomber », « Il ne te touchera pas »… Mais il se voit parler ? On se croirait dans une rom-com.
« Si vous avez besoin d’intimité tu m’dis, hein ? » raille Klaus avec un sourire en coin quand Five suggère carrément à Jodie de venir chez moi. « J’vois vraiment pas pourquoi tu m’as demandé de venir, en fait… Enfin, à part si t’étais juste triste de pas avoir d’occasions de m’envoyer chier, évidemment. »
Parfaitement silencieuse, Jodie observait les deux frères se chamailler, cette fois-ci, à propos de leurs sosies. Jodie n'était pas une exception. Certains d'entre eux s'étaient donc déjà découverts des sosies. Cette ville était, décidément, un mystère qui ne faisait que s'épaissir de jour en jour. Jodie ne pouvait s'empêcher de sourire face à leurs chamailleries et leurs réflexions. Elle avait l'impression d'avoir deux ados face à elle, deux ados qui s'envoyaient toutes les conneries possibles à la figure pour savoir qui allait avoir le dernier mot. Tandis qu'elle les laissait donc débattre de qui voulait coucher avec ses sosies, Klaus ne put s'empêcher de faire une réflexion à Jodie à propos des potentielles envies de Vanya. « Vous faites ce que vous voulez les garçons, mais ça ne fait pas partie des choses que j'ai envie de faire, de me faire mon sosie. » S'amusait-elle à répondre, sans prendre au sérieux la moindre seconde la réflexion du frère de Five. Elle ne jugeait pas leurs envies, mais elle ne les partageait pas - à supposer qu'ils étaient sérieux. Puis, surtout, ce n'était pas pour ça qu'ils étaient ici. Jodie était le sosie de leur soeur, c'était compris ça, maintenant, Five devait expliquer pourquoi ils étaient là parce qu'il y avait bien une raison.
Oubliant leurs histoires de coucheries, ils reprirent sur un sujet bien plus sérieux et évoquèrent leur famille respective. Évidemment, Jodie n'avait pas la chance de tomber sur une famille sans problème. Il aurait été trop beau de finir sosie d'une petite famille parfaite qui se réunissait le dimanche pour un repas. Non, elle était le sosie d'une fille dont le père souhaitait lui faire du mal pour l'empêcher d'utiliser ses pouvoirs. Jodie n'avait pas eu une famille idéale - loin de là, même - donc elle partageait cette sensation d'avoir une famille dysfonctionnelle au possible. Elle partageait cette envie de retrouver les siens aussi. Elle rêvait plus que tout de retrouver son frère. Finalement, même sans être leur soeur et même si leurs histoires restaient différentes, ils se ressemblaient sur bien des points. « Je sais. » Souffla alors la jeune femme lorsque, après ses aveux, Five lui assura qu'elle n'était plus seule désormais. Elle le savait. Elle le savait, mais la crainte de le voir partir une fois la véritable Vanya de retour ne pouvait pas la quitter. Mais elle ne lui dirait rien. Inutile de l'embêter avec ce genre de choses pour le moment, il était préférable de simplement savourer les instants qui lui étaient offert.
Five prit alors le temps d'expliquer, dans les grandes lignes, qui était sa famille. Évidemment, ses explications firent naître de nombreuses questions chez Jodie. Elle en posait certaines et écoutait avec une attention toute particulière chacune de ses réponses. Il était d'abord question de Luther. De lui, elle devait se méfier. Leur père lui avait monté la tête. Concernant les pouvoirs, ils en avaient tous, mais pas le père. Donc Jodie avait une chance de se défendre si elle se retrouvait face à lui - même si elle devinait facilement qu'il était bien entouré. Klaus était donc le fameux frère qui voyait les fantômes - et donc, étrangement, elle se sentait proche de lui. Grâce à cette information, à sa façon, elle comprenait ce qu'il ressentait pour avoir vu des entités toute sa vie, lorsqu'Aiden était encore avec elle. Luther, celui dont elle devait se méfier, avait une force surhumaine, ce qui l'inquiétait déjà davantage. Et finalement, Vanya était très puissante, mais elle le savait déjà et n'obtenait pas davantage de détails, ce qui avait, néanmoins, bien peu d'importance pour le moment. « Eh, arrête de croire que je suis incapable d'entendre ce genre de choses... » Souffla-t-elle lorsqu'il s'excusa parce qu'il ne voulait pas lui faire peur. Ses craintes à ce sujet faisaient plaisir à voir parce qu'il prenait soin d'elle, mais il ne pouvait pas la protéger de tout. « Je dois entendre tout ça, je dois savoir... Même si ce n'est pas rassurant. Je suis capable d'encaisser tout ça. » Elle avait vécu tellement de choses, même s'il ne savait pas tout, qu'elle était capable d'en encaisser beaucoup.
Jodie tentait alors d'expliquer à Five qu'il n'était pas responsable d'elle et que s'il lui arrivait quelque chose, elle en serait responsable. Il ne devait pas s'en vouloir si elle n'était pas capable de se défendre. A ses premiers mots, le jeune homme se tourna vers elle et déposa ses mains sur ses épaules pour plonger son regard dans le sien. Il lui expliquait que c'était impossible, qu'il ne pouvait pas ne pas se sentir responsable parce qu'il lui avait promis qu'il la protégerait et qu'il ne la laisserait pas tomber. Comme à chaque fois qu'il lui disait ce genre de choses, son regard planté dans le sien, elle n'avait qu'envie de le croire, envie de croire qu'elle n'aurait plus jamais à se battre parce qu'on serait là pour elle... Pourtant, elle craignait réellement que quelque chose ne lui arrive. Et si c'était le cas, elle ne voulait pas laisser un Five dévasté par une perte dont il n'était même pas responsable. Alors, elle se tourna vers Klaus pour qu'il lui assure qu'il saurait convaincre Five qu'il ne serait pas responsable.
Ne le laissant rien répondre, Five reprit après avoir baissé la tête. Quittant ses épaules, ses mains se glissèrent dans les siennes. Jodie les serra à son tour, secouant la tête de droite à gauche, un sourire aux lèvres lorsqu'il lui promettait qu'il trouverait une solution s'il échouait, quitte à remonter le temps. Et pour s'assurer qu'il ne la toucherait pas, il lui proposait même de venir vivre chez elle. La jeune femme releva les yeux. Alors, il était sérieux. Il était vraiment prêt à tout pour la protéger alors qu'elle n'était qu'une inconnue qu'il avait rencontré par hasard à cause de cet endroit ? « Je sais que tu feras tout ce que tu peux, mais... Il se peut quand même que... Enfin, je ne veux pas que tu te sentes responsable... S'il te plaît. Tu ne peux pas faire n'importe quoi juste parce que... » Le supplia-t-elle, incapable de trouver des arguments parce qu'elle n'en avait pas envie. « C'est minuscule chez moi, tu risques de te sentir à l'étroit, mais... » Elle hocha la tête. « Ouais, d'accord. Ça me ferait plaisir de t'accueillir. Je me sentirai plus en sécurité. » Assura-t-elle, sincère, en lui souriant. A la réflexion de Klaus, Jodie avait repris conscience du monde qui l'entourait. Aussitôt, elle avait, par réflexe, retiré ses mains de celles de Five, un sourire gêné aux lèvres. Si elle ne comprenait pas pourquoi Klaus se permettait ce genre de réflexion, elle craignait surtout qu'il ne la déteste parce que Five se préoccupait tant d'elle. Et elle rêvait tant d'avoir une famille qu'elle ne voulait pas qu'il la déteste. « C'est pas... Arrête... Ne... Ne dis pas n'importe quoi ! » Rétorqua alors Jodie, même s'il ne s'adressait pas à elle, en posant ses mains sur ses jambes pour éviter que Five ne vienne les récupérer de nouveau. Elle ne connaissait pas Klaus et ignorait quel genre de type il était, alors autant prendre le moins de risques possibles. « Je comprends si t'as pas envie de m'aider, j'suis une inconnue pour toi et... C'est normal si tu ne te sens pas concerné par ce que ton père pourrait penser en me voyant. » Il pouvait lui faire du mal, ça ne changerait rien à sa vie à lui, Jodie n'était qu'une inconnue. « Five devait penser que... Il voulait trouver le meilleur moyen de nous protéger tous. » Elle supposait des choses pour prendre la défense de Five et expliquer le pourquoi ils étaient là tous les trois, alors elle cherchait du regard une confirmation. « Peut-être que... Si vous voulez discuter tranquillement de votre père, je peux... Je devrais peut-être vous laisser tranquille ? Je veux pas m'immiscer dans vos histoires de famille » Est-ce qu'elle se sentait mal à l'aise et en trop ? Totalement. Elle comprenait parfaitement le ressenti de Klaus et elle comprenait s'il préférait évoquer leur père sans qu'elle ne soit là. Five l'avait mise en garde, peut-être qu'ils préféraient désormais qu'elle les laisse tranquilles.
" Y'a que toi pour avoir l'idée saugrenue de vouloir te taper un sosie, espèce de pervers !! " Siffle Five à l'intention de Klaus. " Je suis bien content d'être un exemplaire unique pour le moment. "
Quand Jodie confirme ce qu'il dit, il fait un large sourire ironique à Klaus en montrant Jodie, de la manière: je te l'avais bien dit. Ca n'était que des chamailleries tout ca, et c'était quasiment constant entre eux. Mais comme on dit: qui aime bien, châtie bien.
Ils devaient quand même être sérieux dans cette histoire, et le vieux Reggie n'était pas à prendre à la légère. Il était dingue et il savait de quoi il était capable et Five ferait absolument tout pour protéger Jodie et peut être un peu trop de choses... Peut être ne se rendait-il pas compte de ce qu'il faisait quand il se rapprochait d'elle, par ses mots, ses gestes. Il voulait la rassurer. Ils avaient vécu quelque chose d'important ensemble et ca Klaus ne pouvait pas le comprendre... Il n'avait pas été là quand tout est parti en vrille et ils avaient bien failli mourir ensemble.
Five avait un coté surprotecteur avec les gens qu'il aimait. Et Jodie n'était pas la seule... Il ne voulait pas qu'elle ait à subir les saloperies de Hargreeves. Jamais...
" Jodie... Je ferai tout ce que je peux... Et ne me demande pas de ne pas me sentir responsable car... je t'ai fait une promesse et je veux que tu comprennes que... je tiens à toi alors... "
C'était too much ? C'était cliché ? Et Klaus était en train de les observer. Jodie accepte qu'il vienne chez elle pour la surveiller. Il le fera. Il fera ce qu'il peut pour l'aider.
" Tu sais, j'ai vécu sans maison pendant trop d'années, alors le canapé me conviendra. Tu peux compter sur moi. "
C'est à ce moment là que Klaus fait une remarque bien entendu... Five tourne le visage vers lui et lui lance un regard glacial alors que Jodie retire vivement ses mains des siennes. Il sent alors un malaise s'installer et Five ne se sent pas non plus très confiant. Il fait une grimace et un signe de tête.
" Tu me casses les couilles, tu le sais ca Klaus ? " Il se secoue la tête. " Je pensais que tu voudrai servir à quelque chose. Je sais pas... avoir une conversation censé au lieu de raconter de la grosse merde depuis tout à l'heure ? " Dit-il d'un seul coup énervé de la situation, sans vraiment savoir pourquoi au juste. (sisi on sait nous, mais on ne dit rien. Pas encore.) " T'es qu'un sale égoïste Klaus... Comme d'habitude... tu pourrais... Je sais pas... Essayer de rassurer Jodie... Te sentir impliqué ! Trouver des solutions et être un peu plus sympa... "
Jodie se retrouve au milieu de tout ca, ca n'était pas son intention. Mais Five était clairement retourné à ce moment là. Il pose une main sur le bras de Jodie pour qu'elle reste là.
" Tu restes là. T'as pas à te tirer... " Il se tourne vers Klaus. " C'est bon ca va j'ai compris, ca te fait chier d'être ici. Alors casse toi ! "
« Tu dis ça parce que t’as jamais essayé », répond Klaus avec un sourire en coin quand Jodie affirme que, de son côté, elle s’épargnera bien de se taper son sosie. Dommage, Klaus pourrait faire une liste non exhaustive et longue comme son bras des raisons qui font que se faire sa copie conforme devrait être un passage obligatoire pour quiconque en possède une… Enfin, il dit ça sans le faire lui-même, mais que voulez-vous, Klaus est engagé et très amoureux – de ce qu’il sait (même s’il ne sait pas grand-chose de Jodie), ce n’est pas le cas de deux énergumènes qui partagent sa table. « Pour le moment… », reprend évasivement en adressant à Five un sourire éloquent quand ce dernier affirme qu’il n’y a que lui pour avoir l’idée bizarre de vouloir coucher avec son sosie. Tu parles ! Il est surtout le seul à l’assumer, oui.
Mais il n’insiste pas, surtout que la conversation finit pas dévier sur un autre sujet. Et on pourra dire ce qu’on veut ; mais oui, Klaus a franchement le sentiment d’être de trop dans la conversation, pendant que les deux se regardent dans le blanc des yeux en se tenant la main. A tous les coups, on va lui dire qu’il se fait des films, mais au bout d’un moment… Il y peut rien, lui. Et oui, il a pas pu s’empêcher de lancer une petite réplique, surtout que bon, au bout d’un moment, oui, il se demande quand même ce qu’on attend de lui, surtout quand Five passe les trois quarts de son temps à lui rappeler qu’il sert à rien dans tous les cas. Que les deux roucoulent sous le même toit, ça évitera sans doute des scènes embarrassantes à Diego… Parce que oui, y a anguille sous roche, et même baleine sous gravier… mais bon, on va faire genre que c’est pas le cas, hein ? La gêne affichée de Five parle d’elle-même, autant que la réaction excessive de Five, au passage (même si toutes les réactions le son plus ou moins.
« Ah mais non, tu te trompes Jodie. Je t’aime bien, vraiment. – Pas autant que notre ami Fivey qui a des cœurs dans les yeux, mais je t’aime bien. Je veux t’aider, je te jure. Juste… depuis tout à l’heure, j’ai pas franchement l’impression de pouvoir vous servir à grand-chose. » Il marque une pause. « Et ne t’en vas surtout pas, ce n’est pas toi qui es de trop », reprend-il en lui adressant un clin d’œil.
D’accord, il devrait s’épargner ce genre de réflexions. Les balancer à la face de Five, c’est pas un souci, ça lui fait même du bien, mais la pauvre Jodie, elle, n’a rien demandé à personne… mais que voulez-vous, ça a été plus fort que lui. La réaction embarrassée de Jodie est mignonne, la réaction hyper-énervée de Five était, en revanche méga-flagrante. Il affiche un grand sourire quand son frère lui fait remarquer qu’il lui casse les couilles (le contraire l’aurait franchement étonné, en même temps).
« Moi ce que j’en dis, c’est ce que je vois… » Il sourit. Oui, peut-être qu’il pourrait trouver des solutions, mais s’il n’avait pas eu d’éclair de génie concernant le reste de sa famille, il voit difficilement comment ajouter Jodie à l’équation pourrait changer quoi que ce soit. « T’as raison, je vais vous laisser en tête à tête. Jodie… » Il tourne la tête vers la concernée. « C’est un bonheur de te connaître. Ecoute pas le frangin, je vais bien prendre soin de toi. Tu fais partie de la famille, après tout. »
Les deux frères s'amusaient à discuter de leurs sosies. Si Klaus semblait penser que coucher avec un sosie était la meilleure chose à faire, Five semblait bien moins emballé par cette idée - tout comme Jodie, qui l'avait confirmé à Klaus. Ce dernier lui rétorquait qu'elle ne disait ça que parce qu'elle n'avait jamais essayé. Lui, non plus, d'après ce qu'elle avait compris, alors que pouvait-il en savoir ? Mais, même si ce débat était fondamental pour la suite des événements - ou pas - Jodie ne répondait rien et se contentait de sourire à sa bêtise.
La suite était beaucoup moins drôle. Il était question d'évoquer les dangers que Jodie courrait en ressemblant à leur soeur. Comme elle l'avait si bien dit, il aurait été trop beau de ressembler à quelqu'un qui vivait dans une petite famille parfaite. Il fallait qu'elle soit le sosie de quelqu'un qui avait un monstre pour père. Les deux frères la mettaient donc au courant de tout ce qu'il y avait à savoir. Five, quant à lui, lui promettait qu'il ne lui arriverait rien. Elle avait étrangement confiance en lui. Une confiance presque naturelle, qu'elle n'était pas capable d'expliquer. En revanche, elle n'aimait pas ce qu'elle entendait. Elle n'aimait pas savoir qu'il était prêt à tout et, surtout, à n'importe quoi pour la protéger. Il ne pouvait pas être là en permanence et si, par malheur, il venait à lui arriver quelque chose, la jeune femme ne voulait pas que Five perde pied et passe du temps à se sentir responsable. Il ne le serait pas. Jodie était assez grande pour se protéger toute seule. « Alors, je crois que je devrais faire attention à ce qu'il ne m'arrive rien. » Préférait répondre Jodie à la réponse de Five. Elle avait bien compris qu'il comptait tenir sa promesse et faire tout ce qu'il était possible de faire parce qu'il tenait à elle - et cet aveu faisait un bien fou à entendre pour elle qui se sentait si seule depuis son arrivée dans cette ville - mais elle ne voulait pas qu'il se sente responsable d'elle. Elle ne voulait pas qu'il prenne des risques inutiles et inconscients pour elle. Il proposait déjà de venir s'installer chez elle pour la protéger au mieux, il ne pouvait pas faire beaucoup plus. Jodie avait évidemment accepté, lui précisant néanmoins qu'elle vivait dans un minuscule appartement. Mais puisque ce détail ne semblait pas déranger Five, la chose était réglée.
Enfin, presque réglée. En effet, Klaus n'avait pas pu s'empêcher une remarque. Aussitôt, la jeune femme avait retiré ses mains de celles de Five, comprenant l'allusion du frère. Elle se sentait mal à l'aise comme jamais. La réflexion de Klaus, la peur d'être rejetée par cette nouvelle famille qu'elle s'était imaginée, la peur que Five ne prenne le parti de son frère... Alors, elle s'était justifiée. Il ne la connaissait pas, il ne lui devait rien. Elle expliquait que Five avait sans doute voulu faire au mieux pour tout le monde et elle prenait sa défense. Les réponses de Five étaient beaucoup plus directes. Jodie avait l'impression d'être à l'origine de tout ça et elle en était gênée. Alors que Five s'expliquait avec Klaus, elle se contentait d'écouter et de baisser les yeux. Quant à Klaus, lorsque son tour fut arrivé, il expliqua à Jodie qu'elle se trompait et qu'il l'aimait bien - n'oubliant pas une nouvelle réflexion à propos du comportement de Five à son égard, qui ne la gênait que davantage.
Five, après son petit discours à son frère, avait attrapé le bras de Jodie en lui disant qu'elle n'avait pas à partir. Ne voulant pas le contredire, elle était restée à sa place, sans rien ajouter. Puis, il avait lancé à Klaus qu'il n'avait qu'à se casser puisque ça l'emmerdait d'être ici, avec eux. Après quelques mots à l'égard de Jodie - qu'elle n'arrivait pas à interpréter, se moquait-il d'elle ou était-il sincère ? - Jodie jeta un regard à chacun des frères. « Klaus, attends. » Elle aurait aimé paraître plus assurée, mais ça n'avait pas été le cas. « Reste. S'il te plaît. » Elle ne savait pas bien quoi dire, mais elle refusait d'être à l'origine d'une prise de tête entre les deux frères. Cette situation la mettait beaucoup trop mal à l'aise. « Si Five t'a demandé de venir, c'est qu'il sait que tu peux l'aider. Nous aider. » Elle tentait de tempérer la situation. Et, tant pis pour les réflexions du frère, Jodie attrapa de nouveau la main de Five pour la serrer dans la sienne. « N'est-ce pas ? » Elle cherchait confirmation auprès de Five pour ce qu'elle venait de dire, même si, d'une certaine façon, il l'avait déjà dit lui-même, un peu plus tôt. « Puis, j'aimerais vraiment apprendre à te connaître... Enfin, si tu en as envie, bien sûr. » Demander à Jodie d'être à l'aise pour parler ou de trouver les bons mots, c'était compliqué, mais elle faisait du mieux qu'elle pouvait pour éviter que les deux frères ne partent chacun de leur côté, après s'être pris la tête à cause d'elle.
Klaus agaçait Five qui faisait des mouvements négatifs de la tête en réponse à ce qu'il dit. " Qu'est ce qu'il ne faut pas entendre comme merde. " Lui dit-il. Five n'avait surement pas conscience de l'image qu'il renvoyait à l'instant présent. Pour lui, il voulait aider Jodie et c'est tout. Et puis ca n'était pas comme s'il s'y connaissait en sentiment amoureux hein ? Il n'avait qu'eu une simple relation avec un mannequin en plastoc alors bon... Il le découvrirait bien assez tôt de toute manière.
Ils se renvoyaient la balle à celui qui devait partir ou rester. Five plonge son nez dans son verre pour boire de grandes rasades histoire de faire passer le moment. Jodie essaye de calmer les choses vis à vis de Klaus en cherchant son aval tout en croisant son regard. Est-ce que Klaus peut aider ? Five n'ose pas contredire Jodie comme il aurait pu le faire avec son frère. Alors il la regarde sans trop rien dire, un léger mouvement de sourcil se glissant sur son visage.
" Heu... ouais. " Dit-il buvant une nouvelle gorgée de sa pinte. " Enfin tu ne le connais pas non plus. Klaus est réputé pour être une catastrophe ambulante. " Il pose son verre avant d'ajouter quand même. " Mais la dernière fois t'as réussi à nous sortir de là donc... Je pense qu'on peut se dire qu'il y a de l'espoir. " Il lui fait un sourire ironique. " Et on est tous une belle grande famille ! "
Ouais, bon... Quand on connait l'histoire, y'en a jamais un pour rattraper l'autre, mais la vérité, c'est qu'ils tiennent tous les uns aux autres et le principal, c'est l'amour qu'ils se portent. Et malgré ses remarques qu'il peut passer sa vie à faire à Klaus, il l'aime son frangin. Sinon il n'aurait pas patienté 45 ans pour revenir d'entre les morts, et subir tout ce qu'il a subit pour lui sauver les fesses. Les siennes et celles d'autres aussi d'ailleurs. Five ne montrait pas son attachement, mais il avait un coeur énorme. Ce qu'il avait cru à une faiblesse, il avait eu peur de le perdre à un moment de sa vie. Aujourd'hui, il s'y accrochait de toutes ses forces. Tuer ca change un homme, et ca finit par vous ronger. Et Five avait tué bien trop souvent.
" Jodie est seule et je m'étais aussi dit que c'était bien si... " Dit-il en regardant ailleurs. " Si elle pouvait se sentir entouré. " Finit-il par lâcher sans trop chercher les regards, histoire de ne pas attirer un oeil larmoyant par la même occasion.
Klaus, franchement, n’a pas spécialement envie de rester. Certes, cette Jodie, même s’il l’a pas mal malmenée d’entrée de jeu, lui est au fond très sympathique, et sa ressemblance flagrante avec Vanya fait qu’il a tout naturellement envie de la prendre sous son aile, mais il ne se sent pas spécialement d’humeur à supporter les humeurs de Five. Déjà qu’il est pas simple à supporter en temps normal, mais là, il est un peu fatigué de le voir lui sauter à la gorge sous n’importe quel prétexte – en l’occurrence, sous le prétexte qu’il a un immense crush sur le sosie de Vanya (il pourra bien prétendre ce qu’il veut, aux yeux de Klaus, ça se voit comme le nez au milieu de la figure). Il serait très probablement parti si Jodie n’avait pas insisté pour qu’il reste.
Bon, elle a beau dire que si Five lui a demandé de venir, ça ne doit pas être sans raison, il commence à en douter plus que fortement, mais il est très probable que la fierté légendaire du vieux Fivey le retienne simplement de dire à voix haute ce que Jodie a déduit de son côté. Bon, pour ce qui est d’apprendre à le connaître, elle risque de ne pas être déçue du voyage, très clairement, mais l’idée ne lui déplaît pas forcément. Déjà parce qu’il est curieux – et ensuite, parce que si elle doit devenir sa belle-sœur, ça vaudra probablement mieux. Surtout que c’est pas parce que le courant passe bien avec Fivey pour le moment qu’elle va pas en bouffer à un moment ou à un autre, et beau-frangin Klausy sera ravi de lui adresser une oreille attentive si besoin le moment venu.
Five n’a pas l’air près de mettre de l’eau dans son vin – dans sa bière, en l’occurrence, mais Klaus ne le lui reprochera pas, c’est vrai que la bière coupée à l’eau, c’est pas incroyable… et à demi-mot, il confesse quand même que de temps en temps, il peut se rendre utile.
« J’ai des fulgurances, parfois », résume avec un grand sourire exagérément fier avant que Five n’ajoute qu’ils forment tous une grande et belle famille.
Grande c’est sûr, belle, quelque part oui, parce que malgré les prises de tête et le bordel ambiant, de manière générale, ils se sont toujours aidés et épaulés, et ça, on ne peut clairement pas le leur ôter.
« T’inquiète, on va l’entourer bien comme il faut », finit par confirmer Klaus avant de tourner son regard vers Jodie et de lui adresser un grand sourire. Maintenant qu’ils se sont pris la tête comme ils le font dans à peu près toutes leurs conversations, ils vont probablement pouvoir discuter posément et tranquillement, et ça, c’est quand même pas un mal. C’est même une excellente chose. « Bon alors, on va reprendre de zéro et juste faire connaissance, qu’est-ce que t’en dis, Jodie ? » il fait en se tournant avant tout vers elle. « D’où tu viens ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »
Jodie essayait d'apaiser les choses entre les deux frères. Ils pouvaient bien se prendre la tête tant qu'ils voulaient lorsqu'elle n'était pas là, mais lorsqu'ils se prenaient la tête en partie à cause d'elle, elle ne pouvait pas rester là et se taire. Jodie tenait beaucoup - un peu trop, sans doute - à cette nouvelle famille qu'elle essayait de se créer. Si Five se montrait désagréable avec Klaus, elle craignait que ce dernier ne se fasse une mauvaise idée d'elle et qu'il ne la rejette en la jugeant responsable. Puis, Klaus lui semblait plutôt être quelqu'un de gentil, quelqu'un de bien et elle avait envie de s'en faire un ami, à défaut de pouvoir s'en faire un frère. La jeune femme avait alors tenté de le retenir, assurant que si Five l'avait fait venir, il devait y avoir une raison. Pourquoi les avoir fait venir là, tous les deux, sinon ?
Jodie lui demandait alors de rester, cherchant l'approbation de Five. Puis, elle lui expliquait qu'elle avait envie d'apprendre à le connaître - ce qui était la vérité, donc autant lui dire, si cet argument pouvait peser dans sa décision. Five ne la contredisait pas. Il se contentait de la regarder et de confirmer, à demi-mots, ce qu'elle était en train de supposer. D'après ses mots, Klaus était une catastrophe ambulante, mais qui avait su prouver son efficacité quelques fois. Sans répondre quoi que ce soit, Jodie lui lança un sourire amusé. Il aimait son frère. Même s'il essayait de se montrer le moins agréable possible, même s'il avait du mal à dire une chose gentille sur lui à cet instant, elle le sentait. Et la réponse de Klaus amusa tout autant Jodie, qui n'ajouta rien.
Five reprenait en expliquant que Jodie était seule et qu'il avait envie qu'elle soit entourée. A ces mots, la jeune femme baissa les yeux un instant, un sourire prenant place sur le coin de ses lèvres un court instant. La confirmation de Klaus lui réchauffa le coeur. Et si, par miracle, sa solitude avait pris fin pour de bon ? Si, désormais, elle n'allait plus jamais être seule ? Elle l'avait pensé un instant, mais bien vite la réalité l'avait rattrapée. Dès qu'ils seraient tous réunis, Jodie deviendrait une pièce rapportée inutile. Et si elle avait le malheur de se brouiller avec Five, les autres n'auraient plus aucune raison de la garder dans leur vie. Donc elle devait profiter, sans s'habituer et en se préparant à l'idée d'être abandonnée un jour ou l'autre - et plus tard serait ce jour, mieux ce serait. En attendant, elle pouvait profiter de cet instant, sans trop se poser de questions et ce sera déjà ça. « D'un endroit qui ressemble à celui-ci. » Répondit-elle, jamais très à l'aise à l'idée de parler d'elle et de son passé. Jodie avait su se confier naturellement à Five, mais en dehors de lui, elle ne parlait jamais d'elle. « Pas de monde apocalyptique. » Parce que la destruction du monde par les entités, elle l'avait empêchée quelques fois. « Pas de futur où plus rien n'existe sur la planète. » Malgré cette vision du futur qu'elle avait eue où les entités avaient pris le contrôle de la planète et tout détruit. Ce n'était jamais arrivé, donc son monde ressemblait à celui-ci. « Je suis serveuse et avant j'étais... disons qu'on partage un point commun toi et moi... » Jodie jeta un rapide coup d'oeil à Five comme pour lui demander confirmation avant de lui avouer ce qu'elle ne révélait jamais à personne. Pourtant, si elle voulait entrer dans cette famille et obtenir cette confiance, elle voulait être franche avec eux - un minimum, au moins. « J'ai grandi avec une entité attachée à moi et... C'était mon frère. » Plus maladroite pour expliquer les choses, c'était impossible. « D'une certaine façon, je voyais les morts, moi aussi. Pas sous leur forme humaine, enfin parfois si, mais enfin... » Incapable de s'expliquer davantage, elle s'était stoppée. « Et on s'est servi de moi, depuis que je suis enfant, pour ce don... » Jusqu'à vouloir la faire taire lorsqu'elle se montrait trop indépendante et qu'elle avait voulu fuir la CIA, mais elle n'allait pas trop en dévoiler. « On se ressemble beaucoup. » Avouait-elle comme si elle avait besoin de ces points communs pour intégrer la famille. « Et toi, alors ? » Parce que Jodie détestait parler d'elle et parce qu'elle préférait en apprendre plus sur la vie de Klaus que de continuer à révéler la sienne plus longtemps. « Five ne m'a pas raconté grand chose. » Souffla-t-elle en jetant un coup d'oeil amusé à son voisin de table.
Five n'arrivait rarement à communiquer qu'autrement par sarcasme avec sa fratrie. Et clairement avec Klaus. Le truc, c'est que ca n'est pas méchant en soit, il est juste brute de décoffrage et c'était bien comme ca qu'ils s'aimaient tous les deux. Okay, Klaus l'agaçait, mais il l'agaçait tout le temps en réalité. Plus ou moins... Mais ca n'était pas méchant.
Mais celà foutait mal à l'aise Jodie et il ne voulait pas ça. Il voulait qu'elle se sente à sa place quelque part. C'était un peu sa nouvelle mission et peut être était il un peu trop impliqué là dedans et bien plus qu'il ne le voudrait. Pour l'heure, il a la tête dans l'eau, il ne se rend compte de rien du tout. Il laisse Jodie et Klaus discuter.
Jodie explique son monde, et de l'endroit où elle vient. Un monde pas bien différent du leur en fin de compte. Sauf qu'elle assure qu'il n'y a pas d'apocalypse pour elle. Elle parle de sa vie d'avant, des choses que Five sait déjà. Elle parle d'Aiden, son frère, une entité collée à elle. Klaus pouvait la comprendre. Il fait un fin sourire à son frère pour lui montrer qu'il avait raison de les faire se rencontrer. Sans ajouter de commentaire, préférant siroter son verre à la place.
" Y'a trop de choses à dire. " Se défend Five. " Et en même temps, c'est tellement le bordel que je ne sais jamais par où commencer. Et j'ai été absent pendant beaucoup trop longtemps... " Il laisse donc Klaus se vendre, en espérant qu'elle ne se dise pas qu'au final, il fait parti d'une famille de dingues. " Par contre, ne prends pas tout ce qu'il te dit pour argent comptant et... " Il lève son verre. " Si tu comprends pas un truc. " Il regarde Jodie. " Tu me demandes, parce que parfois ce qui sort de cette bouche n'a ni queue ni tête. " Une nouvelle taquinerie, mais c'était clairement la vérité. Klaus pouvait bien s'étaler à raconter de la merde.
Jodie lui parle du monde duquel elle vient, et Klaus prend le temps de l’écouter avec attention, sans l’interrompre et sans se faire une fausse image de ce qu’elle pourrait être. Bien sûr, il ne peut s’empêcher d’afficher un léger rictus quand elle évoque un monde apocalyptique… tu m’étonnes que Five a du lui en parler de long en large, il adore raconter qu’il était le seul survivant de l’apocalypse – d’accord, c’est la vérité, mais au bout d’un moment, on a compris. Pas de futur où plus rien n’existe sur la planète… Klaus non plus n’a pas connu ce monde, mais il sait qu’il n’y a pas besoin de ça pour avoir vécu des choses incroyables et qui sortent du commun. Alors il attend d’en apprendre plus, et elle achève d’alimenter sa curiosité au moment de lui parler de ce frère qui serait apparemment une entité attachée à elle. Pour le coup, Klaus doit reconnaître qu’il n’y comprend pas grand-chose… Quand elle affirme qu’elle était capable de voir les morts aussi, elle gagne immédiatement des points de sympathie envers elle. Et pour cause, quiconque a vécu ce genre d’expérience a nécessairement cultivé une sensibilité à part entière, il est sûr et certain de ça.
« T’as raison, on se ressemble pas mal », confirme Klaus. Il ne le dit pas pour la flatter ou pour abonder dans son sens, mais parce qu’il commence à penser que c’est effectivement le cas. « C’est pour ça que Five t’aimes bien, j’ai toujours su qu’il avait un crush secret sur moi », ajoute-t-il sur le ton de l’humour. Un humour gras et déplacé, certes, mais que voulez-vous, on ne se refait pas. « Tu m’étonnes qu’il ait pas dit grand-chose sur moi… Y a trop de choses à dire, il a pas dû savoir pas quoi commencer, le pauvre. »
Cela dit, Klaus lui-même aurait bien du mal à savoir par où commencer. Il a raison, dans le fond, y a trop de choses à dire et c’est le bordel… sans oublier toute la période où Five était absent – qui n’a pas grand-chose de pertinente cela dit, car Klaus lui-même n’en a pas beaucoup de souvenirs, il a passé le plus clair de son temps alors à se défoncer, et autant dire que toute la mémoire qu’il peut associer à cette période est une espèce de flou métaphysique.
« Tu me blesses, Fivey, je suis pas toujours clair mais je suis toujours honnête », affirme Klaus en posant la main sur son cœur comme s’il était profondément vexé – alors qu’à ce stade, il en faudrait clairement plus pour la déstabiliser. « Tu veux qu’on parle de quoi ? La guerre du Vietnam, le papounet abusif ? La fois où j’ai été un gourou de secte ? Les deux fins du monde avortées ? On a du taf », se marre-t-il, prenant à la légère des sujets pourtant pour beaucoup assez graves…
Faisant mine de les prendre à la légère, plutôt, car en réalité, ce n’est pas si simple.
En quelques mots, Jodie avait essayé de décrire son monde et sa vie passée. Ce n'était pas une chose facile puisque ce n'était pas une chose que Jodie aimait faire. Plutôt naturellement, elle s'était confiée à Five, mais les circonstances étaient différentes. Devant Klaus - et même si elle n'avait aucune raison de ne pas lui faire confiance - elle ignorait ce qu'elle devait dire ou comment le dire. Après tout, Jodie avait trop souvent accordé sa confiance à tort et elle n'avait jamais aimé parlé d'elle, deux choses qui compliquaient grandement ces confidences. Alors elle était restée brève, jugeant que le reste viendrait avec le temps s'il devait venir. En quelques mots, elle avait raconté le monde d'où elle venait, sans entrer dans les détails, puis elle avait parlé de son don si particulier qui la rapprochait de Klaus : comme lui, d'une certaine façon, elle voyait les morts ; comme lui, d'une certaine façon, elle avait vécu avec son frère mort ; comme lui, on s'était servie d'elle pour son don. Ils partageaient de nombreux points communs, mais Klaus n'était pas que ça, alors Jodie l'interrogeait sur sa vie à lui, qu'elle jugeait plus intéressante que la sienne - et puis, au moins, pendant ce temps, elle n'avait pas à parler d'elle.
Klaus semblait être quelqu'un de très direct, quelqu'un qui ne prenait pas le temps de réfléchir avant de parler et ce, même si son humour était plus que déplacé, à certains moments. Alors, à sa petite réflexion à propos de pourquoi Five semblait tant aimer Jodie, elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. « Nous sommes amis. » Rétorqua-t-elle simplement, pour remettre, une fois encore, les choses dans leur contexte. Pour la énième fois, Klaus imaginait autre chose de leur relation, mais Jodie était convaincue qu'il se trompait.
Puis le sujet revint sur la vie de Klaus, ce dernier expliquait que si Five n'avait rien dit, c'était parce qu'il y avait trop à dire sur lui et qu'il n'avait pas su s'y prendre. Five ne pouvait s'empêcher d'y répondre, en ajoutant qu'il ne fallait pas croire en tout ce que Klaus disait et qu'il ne fallait pas hésiter à lui demander, si elle ne comprenait pas. Jodie répondit d'un geste de la tête, en souriant, amusée par le comportement des deux frères.
Finalement, Klaus se décidait à commencer. Enfin, il la questionnait plutôt à propos du sujet qu'elle voulait évoquer. Il lui en listait certains et Jodie ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil à Five. Etait-il sérieux ? « T'as été gourou d'une secte ? Vraiment ? Toi ? » Non pas qu'elle ne le prenait pas au sérieux, mais il n'avait pas vraiment la tête d'un type qui cherchait à contrôler l'esprit des gens alors elle avait du mal à comprendre et à y croire. « Il se moque de moi ? » Demanda Jodie à Five, comme s'il s'agissait du plus surprenant parmi toute la liste des choses qu'il venait de citer - et, en même temps, avec le fait qu'il prononce tout ça en riant, comment le prendrait-elle au sérieux ?
Ils sont amis, c'est évident qu'ils le sont ! Enfin... Five ne se posait pas trop la question, il était dans son délire à cet instant. Alors que pour cette fois, c'était Klaus qui avait compris en premier leur situation. Five fait de petits yeux menaçant à son frère pour qu'il arrête de sous entendre n'importe quoi. Klaus pouvait se montrer d'une grande imagination quand il s'y mettait.
" Je préférerai me taper un Opossum. " (il ne parle pas de Jodie, mais de Klaus ) Le sarcasme le retour. Entre ses deux là, ils avaient du mal à se parler différemment. Il préfère boire une longue gorgée de son alcool d'un air consterné, plutôt que de répondre à la suite. Tant de choses à dire ? C'était un foutoir sans nom sa vie. Five ne voulait même pas savoir ce qu'il avait dans la tête.
" Ouais c'est ca le soucis, t'es honnête. Tu sors direct ce que t'as dans ta tête sans filtre. Sauf que c'est le grand foutoir là dedans. "
Klaus commence à s'éparpiller dans sa conversation en parlant de tout en même temps. De sa guerre au Vietnam, jusqu'au vieux en passant par sa secte. " Le daron abusif, elle connait déjà. " Il continue ensuite de boire alors que Jodie semble tilter sur le fait qu'il ait été gourou d'une secte. Tout le monde tilte sur cette information. C'est vrai qu'en regardant Klaus, il n'a pas l'air d'en avoir l'air. C'est d'un air blasé qu'il répond:
" M'en parle pas... Il a réussit à convertir une bande de clochards à la ramasse. Et ne me demande pas comment il a réussi à faire ça. " Il regarde Klaus et lui répond. " Et si tu me parles de ton talent inné, le seul que je peux constater, c'est celui que tu as pour te foutre le nez dans les emmerdes. "
Klaus se contente d’adresser à Jodie un sourire tout à fait amical mais pas du tout convaincu quand cette dernière réaffirme qu’elle et Five ne sont qu’amis. Peut-être bien, oui, mais ça, c’est bien parce que Five n’aura certainement pas osé se déclarer auprès de mademoiselle, pour des raisons éthiques, apocalyptiques ou que sais-je – c’est Five, ça peut être tout et n’importe quoi. Dans tous les cas, ça ne le regarde pas, mais on ne doit pas s’attendre à ce qu’il ne veuille pas chambrer son frère régulièrement à ce sujet… Et oui, Jodie n’aura pas d’autre choix que de faire avec de son côté. Mais je sujet est rapidement détourné quoi qu’il en soit quand le numéro quatre en vient à donner quelques détails sur sa vie et notamment sur le court temps qu’il aura passé à jouer les gourous de secte.
A l’évidence, le sosie de Vanya ne sait pas trop si elle doit croire dans ces histoires ou non. Difficile de lui en vouloir. Klaus Hargreeves a tendance à partir dans tous les sens de manière générale (Five n’a pas tort en affirmant que c’est vraiment un foutoir immense, dans son cerveau – mais ce n’est clairement pas demain la veille que le jeune homme cherchera à y mettre de l’ordre : il l’aime, son foutoir rien qu’à lui, l’air de rien), et il n’a clairement pas fait exception durant leurs échanges. Ça aurait tout à fait pu être une blague de mauvais goût de sa part, mais ce n’en est pas une.
Five complète son discours. Klaus commente d’un « Le contraire m’aurait surpris » quand son frangin lui assure avoir déjà fait le topo à Jodie concernant le daron abusif… Mais Klaus affiche un sourire satisfait quand Five donne du grain à moudre à son histoire et reconnaît que oui, il a bien été gourou de secte. Pas que ce soit une fierté particulière pour Klaus, en réalité. Mais non, il ne ment pas, il ne ment pas un seul instant.
« Pour ma défense, j’ai pas du tout fait exprès. »
Ce qui est vrai. Pour commencer, il s’était laissé embrigader dans un culte de la personnalité relativement inattendu, qu’il avait peut-être, s’est vrai, un peu entretenu par la suite.
« Mais c’était innocent, juré, je leur ai pas soutiré du fric ou quoi. Enfin, sauf cette petite vieille, là, mais c’est elle qui a commencé. » Il marque une pause. « Et laisse ma bande de clochards tranquille, c’étaient des personnes charmantes et très intéressantes… A part ce type, là, Mike… » (C’était gratuit pour ce Mike anecdotique inventé pour les soins de cette anecdote). « Et oui, désolé monsieur, mais j’y peux rien si je suis à ce point charismatique. Sois donc pas jaloux comme ça. En plus, pour ce qui est de foutre son nez dans les emmerdes, commence même pas, on a le même, franginou. C’est ce qu’on appelle le gène Hargreeves. »
Five et Jodie s'évertuaient à faire comprendre à Klaus qu'ils n'étaient qu'amis, en vain. S'il ne revenait pas là-dessus, il était évident qu'il n'en croyait pas un mot - il suffisait de voir ce sourire qu'il lui lançait. Il semblait être de ceux à qui il était impossible de leur retirer une idée de la tête, alors autant le laisser s'imaginer tout et n'importe quoi et se faire des films tout seul.
A la place, ils s'étaient mis à discuter de la vie de Klaus - qui semblait être bien remplie et mouvementée à en croire les quelques exemples qu'il avait pris le temps de lui citer. Comme Five le disait si bien, Jodie avait déjà eu le droit aux explications concernant leur père et, de toute façon, ce qui la faisait le plus s'interroger, c'était cette histoire de secte. Elle ne connaissait pas Klaus, mais elle l'imaginait assez mal contrôler de pauvres gens perdus pour leur soutirer quelque chose. Alors, imaginant qu'il se moquait peut-être d'elle, elle avait cherché confirmation auprès de Five. La réponse de ce dernier la fit sourire. Ils ne devaient pas s'ennuyer dans cette famille.
Les explications de Klaus l'amusaient. Il ne disait pas grand-chose, mais elle tentait de l'imaginer au mieux en tant que gourou d'une secte - et ça la faisait plus rire qu'autre chose, en réalité. Il suffisait d'observer Klaus pour savoir qu'il n'avait rien d'un terrible manipulateur sans scrupule - ou alors, il cachait parfaitement son jeu et son talent d'acteur était particulièrement incroyable. « Et comment on devient gourou d'une secte sans faire exprès ? Tu te couches un soir, simple humain parmi les humains, tu te réveilles le lendemain et t'as des gens qui te suivent partout, sans raison, comme si t'étais une sorte de dieu ? » Non parce que ce n'était pas le genre de truc qui vous tombez dessus un matin, en vous levant. Elle le supposait, du moins. « T'étais juste adulé, ça te suffisait, pas besoin d'argent, c'est ça ? » La petite vieille devait payer bien assez pour les autres, autant se contenter des flatteries de leur part. « Mike essayait de prendre la vedette ? » Le prenait-elle au sérieux ? Pas le moins du monde, elle se détendait peu à peu et elle s'amusait de son anecdote et des détails qu'il donnait - et ça lui changeait du ton sérieux ou ennuyant qu'avait sa vie, en règle générale. « Quant à cette histoire de foutre son nez dans les emmerdes, je suis désolée Five, mais j'ai l'impression que Klaus a raison pour une fois. Vous êtes tous les deux des aimants à emmerdes. » Avait-elle conclu en se tournant vers Five, un sourire aux lèvres. Elle ne connaissait pas Five depuis très longtemps, mais elle en avait déjà eu un certain aperçu - tant dans ce qu'ils avaient vécu, que dans ce qu'il lui avait raconté. Quant à Klaus, elle ne pouvait faire qu'avec ce qu'ils s'étaient dit aujourd'hui - mais elle en avait déjà un bel exemple. Et, en même temps, n'était-ce pas le cas de presque tous ceux qui se trouvaient dans cette maudite ville ?
Ca reste quand même incroyable. Klaus reste quand même incroyable qu'il puisse créer une secte juste en faisant de la merde. Bon durant les années soixantes, les gens étaient clairement perchés. Ca n'a pas aidé. Puis on va dire qu'il a eu les circonstances pour que ca arrive. Five continue de siroter doucement sa boisson, il ne veut pas commenter plus. Il dit juste à Jodie. " Je suis pas sûr que tu souhaites savoir comment ca s'est produit. Je ne veux pas moi même le savoir. "
Mais Klaus lui racontera quoi qu'il arrive. Il laissera son cher frère s'expliquer. Et pendant ce temps, Five était encore en train de courir après leur fesses à tous pour les sortir de là. Il laisse Jodie poser toutes ses questions, elle avait l'air plus intéressée que Five. En même temps, c'est qu'elle ne le connait pas encore assez.
Jodie semble d'accord sur le fait que Five a aussi tendance à s'attirer des emmerdes. Il ne peut répliquer, elle n'avait pas tord. C'était le gêne Hargreeves après tout mais Klaus... Klaus avait un autre niveau et c'est ce que Five lui dit d'ailleurs.
" Je ne le nie pas. Mais tu ne connais pas encore le phénomène. La différence entre lui et moi; C'est que j'aspire à la paix, que lui. " Il montre Klaus du doigt. " Il va chercher les embrouilles dès la première occasion. Il te dira que c'est faux. Car je pense qu'il y croit, mais il se ment à lui même. Il fonce tête baissée et après il réfléchit aux conséquences. "
C'était la réalité. Bon entre temps, Klaus s'était quand même posé. Depuis qu'il y avait Mutt dans sa vie en fait. Ce qui était une bonne chose en partie. Pour ca que Five encourageait sa relation avec ce garçon. Ils étaient bien ensemble et Five appréciait bien Mutt après tout.