Cette nouvelle était arrivée comme un espoir. Un espoir que Mutt n'attendait plus. Et il était incroyablement nerveux. Il avait fait appel à Peggy une détective privée qui avait visiblement retrouvé les traces de sa mère. Marion Ravenswood Jones, anciennement Williams. Mutt lui avait donné tous ses noms usuels. Il ne savait pas ce qui l'attendait. Et il avait peur. Tout était possible dans cette ville. Que sa mère ne se rappelle plus de lui, qu'elle ne soit pas la Marion de son univers, qu'elle le rejette... Pleins de scenario était possible.

Mais une chose est sûre, ça lui redonnait un semblant d'espoir. Il en avait parlé à Klaus des qu'il apprit la nouvelle. C'est à dire ce matin même. Il lui avait montré l'adresse et lui a demandé s'il voulait bien l'accompagner pour être son soutien psychologique en lui expliquant ses angoisses. Il avait besoin de Klaus... Ils finissent par embarquer dans sa voiture, traverse la ville pour la garer sur le trottoir en face de l'adresse. Mutt avait fait attention à ce qu'il montrait comme image. Il s'était rasé, coiffé et avait choisi une chemise ouverte au dessus de son t-shirt, l'été se faisant sentir. Il ne voulait pas que sa mère voit qu'il n'allait pas bien. En tout cas il ne voulait pas l'inquieter. Même si ça finirait par se voir... Il voulait être beau pour sa mère. Celle qu'il avait attendu pendant trois années.

Mutt est silencieux, il tourne un regard vers l'homme qu'il aime et lui dit:

" On dit rien sur... nous... " Il sait que c'est dur pour Klaus. Il pose une main sur la sienne et la presse légèrement. Avant que sa main revienne vers lui et qu'il retire l'alliance qu'il a avec Klaus. Il la fixe longuement en jouant avec entre ses doigts. Il la donne à Klaus dans un sourire pour lui confier le temps qu'il faut. Le temps qu'il mettrait à assumer. " Je te confie ça... Je lui dirai promis mais... Je veux déjà retrouver ma mère. Je... sais pas comment ça va se passer. " Il se penche vers lui, l'embrasse rapidement avant de prendre une grande inspiration et d'ouvrir la porte de la voiture. " C'est parti... ! "

Il a l'impression que cette allée pour se diriger vers cette porte s'allonge au fur et à mesure qu'il avance. Il regarde Klaus le suivre. Il continue... Son coeur bat très fort, il est angoissé de ce qu'il peut découvrir. Mais il n'écoute pas sa peur. Il arrive près de la porte et tape plusieurs coups forts et distincts.

Il entend une voix familière derrière celle ci. Son cœur se serre, il a un sourire qui se dessine sur ses lèvres alors que ses yeux se remplissent de larmes malgré lui. Comment décrire toutes les émotions qui le traversent a cet instant ? Un moment qu'il avait attendu depuis si longtemps et qu'il l'espérait plus. Il espérait que ses espoirs étaient fondés. Car il avait besoin de sa mère. Aujourd'hui et maintenant plus que n'importe quoi d'autre.

La porte s'ouvre, Mutt retient son souffle lorsqu'il découvre ce visage familier qu'il n'avait plus pensé revoir un jour.

" Maman... " Lâche-t-il dans un souffle. " Maman... C'est moi... " Peut être est il un peu trop impulsif mais il lui tombe littéralement dans les bras en la serrant fort contre lui en laissant maintenant ses larmes couler le long des joues. Il enfouie son visage dans ses cheveux et immédiatement il sait que c'est elle. Son parfum, cette odeur particulière qui lui avait tant manqué. Sa mère qu'il aimait tant. Il a un rire nerveux, la joie et une émotion de soulagement se mêlant. " Tu m'as tellement manqué... Trois ans... Trois ans... Je t'aime maman... " Des mots d'un gamin qui avait eu du mal à dire durant son adolescence. Quand il est arrivé ici, il avait tant regretté ne pas lui avoir dit avant.

Klaus peut ressentir à la fois l’impatience et l’anxiété de son fiancé, et ces sentiments rejaillissent sur lui : lui aussi se sent à la fois anxieux et impatient. Depuis le temps que Mutt recherche sa mère, il ne lui souhaite que de la retrouver, de pouvoir enfin profiter de ce repère dont il a tant besoin. Mais dans le même temps, il redoute qu’ils ne fassent fausse route, que ce soit une autre femme que la mère de Mutt qui vienne les ouvrir à l’adresse qu’ils ont trouvée. Quoi qu’il en soit, Klaus est là pour lui… Même s’il n’est pas sûr d’être totalement à sa place durant ces retrouvailles, il veut apporter un soutien réel envers Mutt. Alors il a décidé d’enfiler sa tenue la moins excentrique, et c’est en essayant de faire office de présence apaisante qu’il l’accompagne à présent, physiquement et mentalement.

Klaus hoche silencieusement la tête quand Mutt lui dit de ne rien dire à leur sujet. Klaus n’est pas idiot, il n’en avait pas l’intention, il a bien compris que Mutt a besoin de retrouver sa mère sans directement aborder ce genre de sujets qu’il lui font peur, mais au final, qu’il se taise et se contente de lui faire confiance sur ce sujet plutôt que de lui faire cette piqûre de rappel lui aurait fait moins mal. Il referme ses doigts autour de l’alliance de Mutt. Le geste est symbolique, et ça lui brise le cœur, mais il sait qu’il faut en passer par là. Il espère seulement qu’il n’aura pas à attendre trop longtemps avant de la lui rendre. Klaus enfile l’alliance à son doigt pour ne pas la perdre tandis que Mutt prend une grande inspiration et vient sonner à la porte.

Peu de temps plus tard, ils entendent une voix, du mouvement. Une femme finit par ouvrir. Elle semble avoir le bon âge, et quelque chose dans le regard qui lui fait penser à Mutt… Mais peut-être est-il biaisé par ses attentes ? Non, Mutt la reconnaît et vient directement se précipiter dans les bras de sa mère. Klaus assiste au spectacle, le cœur serré d’une vive émotion, il sent à la fois le soulagement et le bonheur de Mutt, et ça le rend immédiatement heureux : Mutt a retrouvé sa mère. Klaus affiche un sourire tout en se tenant à distance de la scène… Il n’est pas sûr qu’il fait bien d’être là, à présent qu’ils savent que Marion est bel et bien Marion. Mutt a retrouvé sa mère… Peut-être que tout se passera mieux, à présent ?

« Klaus, enchanté de vous rencontrer, madame », fait Klaus dans ses petits souliers. « Je suis le coloc de Mutt, j’étais là pour le soutien moral. » Il regarde alternativement Mutt et Marion. « Mais je devrais vous laisser vous retrouver comme il se doit, maintenant. »

Il n’a pas sa place dans ces retrouvailles, même s’il se réjouit vraiment du bonheur de Mutt. Il est mieux selon lui qu’il s’éclipse, pour la peine.

Elle était là, dans ses bras et rien ne pouvait le rendre plus heureux à cet instant. Enfin... Tout n'était pas rose mais ces retrouvailles apportaient à Mutt cet élan qui lui soufflait que tout allait bien se passer maintenant. Il avait retrouvé sa mère, il n'était plus ce gamin perdu et il savait qu'il pourrait compter sur elle. De vives émotions le submergent et il a les larmes aux yeux. Il pleure de ces retrouvailles. Parce qu'il n'y croyait plus en fin de compte. Quand sa mère lui fait la remarque qu'il a surement un peu maigri, il évite le sujet qui serait bien trop tôt abordé. Alors entre les rires et les larmes, il lui dit:

" J'avais plus ma p'tite maman chérie pour me faire à manger... " Il rit un peu plus. " Mais t'en fais pas, j'me suis amélioré, je fous plus l'feu à la cuisine. "

Des centaines, des milliers de choses qu'il avait à lui dire. Il ne savait même pas par où commencer mais il ne voulait plus la quitter. Plus jamais. Il prenait conscience de l'importance de la présence de sa mère dans sa vie.

" T'as pas idée. " Dit-il en se frottant le visage pour essuyer ses larmes.

Puis Marion voit la présence de Klaus. Mutt allait bien entendu faire les présentations mais sur le coup, il était tellement envahi par l'émotion qu'il avait du mal à reprendre ses esprits. Klaus se présente à sa mère, il le sent intimidé par la situation. Il se présente comme le colocataire de Mutt. A vrai dire, après tout ce qu'ils avaient vécus c'était clairement bizarre pour Mutt à cet instant. Klaus veut se retirer. Mutt grimace. Il se détache de sa mère pour lui attraper le bras et le ramener vers l'entrée de la maison.

" Arrête tes conneries... Viens par ici... "

Il passe un bras autour des épaules de Klaus en y mettant un tact viril, histoire de faire passer ça plus pour de l'amitié entre gars qu'une relation amoureuse.

" M'man, j'te présente Klaus. Il est... " Il regarde Klaus, il échange un long regard avec lui avant de reprendre plus franchement: " Alors lui... Il balance qu'il est mon coloc comme ça, enfin c'est vrai mais... Je peux compter sur lui, il a toujours été là pour moi et du coup, moi pour lui... Bref... Alors je voulais te le présenter aussi parce que c'est important pour moi. Allez... T'as pas l'choix, tu vas nul part. " Il passe derrière Klaus pour le pousser à l'intérieur afin qu'ils trouvent leur intimité. Une fois à l'intérieur, son regard curieux ne peut s'empêcher de se poser partout et il trouve rapidement la cuisine et se dirige vers le frigo qu'il ouvre directement sans aucune gêne. Bon déjà qu'en temps normal, le dernier Jones de la lignée était déjà du genre sans gêne, c'était chez sa mère donc techniquement, c'est un peu chez lui aussi maintenant.

" T'as fait ta lemonade maison... " S'écrit-il d'un seul coup en sortant la bouteille du frigo victorieux en la posant sur le plan de travail et commencer à fouiller dans les placards pour trouver des verres. Il était clairement en mode pile électrique que rien ne pouvait arrêter. " Dis moi que t'as une tarte en rab'... "

Klaus est légèrement pris au dépourvu quand Mutt passe un bras autour de ses épaules, insistant pour qu’il se joigne à eux. Même si Klaus est heureux et curieux de rencontrer enfin la mère de l’homme qu’il aime, il avait voulu laisser la mère et le fils savourer leurs retrouvailles. L’accompagner pour ce moment important, oui, mais sans nécessairement rester là toute la conversation. Mais Mutt y tient, et au moment où il le corrige et apprend à sa mère qu’il est bien plus que son coloc (sans donner les détails, certes), affirmant qu’il a toujours était là pour lui et qu’il était important à ses yeux, Klaus cherche à dissimuler une émotion qui aurait l’air de trop et semblerait injustifiée, même s’il pense véritablement cela. Il n’est pas présenté comme le fiancé de Mutt, certes, mais il s’en moque après ce que Mutt vient de dire. Alors oui, il ne va nulle part, tout simplement.

Klaus affiche un sourire quand Marion lui adresse une brève accolade. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle le fasse, mais ça le rend heureux. Elle ne le connaît pas, certes, mais la première impression peut être fatale quand il est question de lui, et pourtant, elle l’accueille très sincèrement, et littéralement à bras ouvert. Il veut répondre mais rien ne lui vient quand elle le remercie d’avoir pris soin de son fils, alors il se contente de sourire de nouveau.

Klaus se laisse entraîner à l’intérieur et voit directement Mutt prendre ses aises. Ça lui fait clairement plaisir de le voir comme ça, il sent que déjà, Mutt revit… et ça, c’est la plus belle chose au monde à ses yeux. Il a le sentiment que tout ne pourra qu’aller mieux à présent qu’il a retrouvé un des piliers essentiels à son existence, et il espère de tout cœur que rien ne viendra démentir cette intuition de sa part.

Mutt ne se prive pas, sans gêne, de fouiller le frigo, et de réclamer à manger. Au final, ils se retrouvent tous les trois assis autour d’une même table, et Marion les interroge sur leurs vies… Klaus ne sait pas trop quoi dire, parce que tout ce qu’il pourrait raconter a rapport avec Mutt et manquerait de les trahir.

« On habite ensemble depuis quasi un an, ça se passe bien. Faudra que vous veniez à l’appart, d’ailleurs », il fait avant de songer que dans l’état actuel de l’appart, ce n’est peut-être pas une bonne idée. « Ah, et on a un chien. Enfin, c’est le chien de Mutt, mais bon, forcément… », se rattrape-t-il aussitôt. « Vous devinerez jamais comment Mutt l’a appelé », reprend-il, tout à fait goguenard.

Mutt prenait clairement ses aises, mais il était chez sa mère alors bon... Il avait envie de prendre ses marques dans ce nouvel environnement qu'il ne connaissait pas encore bien, conscient qu'il viendrait surement beaucoup squatter dans le coin dans le futur. Quand Marion lui annonce les gateaux dans le placard, Mutt jette son nez dedans et les trouve. Il sort un peu de tout avant de tout mettre sur la table en place.

Un sourire qui ne le quitte pas, le coeur en joie, il avait encore des larmes d'émotion vive au creux de ses yeux. Mutt boit une longue gorgée de la boisson qu'il s'est pris et l'apprécie comme la 8eme merveille du monde. Car préparé par sa mère. Quelque chose qu'il n'aurait jamais pensé goûter de nouveau un jour. Sa mère demande alors comment ca se passe pour eux ici. Alors... y'a des tas de trucs à dire. Mutt lève un regard vers Klaus qui prend la parole et dit les choses clairement. Quand il parle du chien, Mutt pouffe derrière sa main, laissant son enfant intérieur s'exprimer.

" C'est un gros St Bernard qui bave. Tu le verrais, c'était qu'un chiot... C'est Klaus qui me l'a offert... Mais maintenant il est énor-me ! " Dit-il avec un franche intonation de déconnade. Et appuyant bien sur le dernier mot. " Ecoute comme l'ancêtre n'est pas là pour me prendre la tête, j'ai décidé de l'appeler Indy. Comme ça quand il... " Mutt se fige. Sa mère ne doit pas être au courant, il baisse la tête, son sourire disparait. " ... M'man... " Il lui prend la main et la serre dans la sienne. " Je... " Comment lui dire ? Il n'était pas très adroit de ses mots. Et il ne sait pas s'il doit lui annoncer face à cette euphorie générale. Alors il se braque un peu en parlant d'Indiana comme il peut le faire tout en continuant. " Je ne sais pas ce qu'il a fait encore à vouloir chercher les emmerdes toujours là... Je l'ai retrouvé mais... " Il détourne le regard de sa mère. " ... il est à l'hôpital. Il est dans le coma et je... " Une larme coule sur sa joue, il l'essuie rapidement. " Je suis désolé... J'ai cru pourtant que m'entendre lui dire que ça y est j'ai repris mes études et sans coup de pieds au cul, ca le ferait bondir t'sais... Mais cet abruti, il a l'air de s'en cogner... "

Le soufflet retombe bien entendu. Mutt fixe sa limonade, la main dans celle de Marion, prenant un air fermé et grave, bien que son regard trahisse toute la tristesse qu'il ressent à celà. Il ne veut pas que sa mère le voit dans cet état-là. Ils venaient de se retrouver, ca devait être un moment de joie ? Pas de désarroi.  

" Et le v'la qu'il bousille encore l'ambiance. " Dit-il la voix tremblante mais avec une pointe d'amertume. Quand même en colère qu'Indiana Jones soit encore aux abonnés absents et qu'en plus, il gâche leurs retrouvailles. Mais la vérité, c'est qu'il est à deux doigts de craquer...

Klaus, sans y penser vraiment, avait ouvert une fenêtre vers un sujet forcément délicat, douloureux, et qui devait déposer de sombres nuages sur le ciel jusqu’ici clair et au beau fixe de leur conversation. Il s’en veut aussitôt au moment où, après avoir confié à Marion avoir donné à leur Saint-Bernard le nom d’Indy, il se fige un peu. Il n’a rien le temps de dire que Klaus comprend immédiatement, et c’est son cœur qui se serre presque instantanément. Pourtant, il ne réagit pas, il se fait violence pour ne pas céder à tous les réflexes qui veulent l’animer en cet instant.

Il a envie, pourtant, de prendre Mutt dans ses bras, ou au moins de serrer sa main dans la sienne, mais par souci de discrétion, il demeure là, complètement impuissant, à écouter les confidences de l’homme qu’il aime et qui a à présent la lourde tâche d’apprendre à sa mère que l’homme qu’elle aime se trouve entre la vie et la mort. Certes, d’une manière ou d’une autre, il fallait bien qu’elle l’apprenne, mais Klaus aurait vraiment voulu que cela se fasse d’une façon différente… Trop tard, dans tous les cas, ce qui doit être dit l’est.

Le regard de Klaus passe de Mutt à Marion, de Marion à Mutt. Cette dernière fait preuve d’un sang froid remarquable, mais Klaus n’est pas dupe pour autant. Il voit bien leur douleur à tous les deux, et c’est terrible d’être le témoin de ça et de bien se rendre compte qu’il ne pourrait en aucun cas être capable d’y faire ou d’y changer quoi que ce soit, même avec la meilleure volonté du monde. Il les regarde et il s’en veut parce qu’il voudrait pouvoir faire bien plus que ce dont il est capable.

La détresse qu’il sent peser dans l’air est dure à endurer, et lui, il ne peut absolument rien faire pour aider. Quand l’ambiance devient trop pesante, sa seule parade est de faire l’une ou l’autre réflexion hautement déplacée destinée à « détendre l’atmosphère ». Mais parfois, il y a des atmosphères qui ne doivent pas être détendues, elles doivent être acceptées dans toute leur pesanteur, même si c’est loin d’être particulièrement simple à vivre, vraiment pas.

La réaction de Marion confirme à Klaus tout ce qu’il devinait déjà d’elle. Elle est une mère prévenante, et c’est la meilleure des choses qui pouvaient arriver à Mutt qu’il la retrouve enfin. Elle est là pour l’épauler, pour lui donner de la force et de l’espoir quand c’est difficile encore d’en avoir, elle lui promet qu’ils iront voir Indiana ensemble et que tout va bien se passer. Klaus en aurait presque les larmes aux yeux, et il n’est pas tout à fait certain qu’il soit normal pour un simple coloc de s’émouvoir autant de l’histoire personnel de son autre coloc. Tant pis. Il a toujours été émotif de toute façon. Dans tous les cas, il ne dit rien, il se contente de regarder sans bouger de sa place, ne voulant pas interrompre ce moment entre mère et fils.

Mutt fait de petits yeux quand Marion lui dit que la faire venir l'obligera à nettoyer. Il ouvre la bouche pour protester et jette un regard en coin à Klaus. Bon, d'accord, ca n'était pas l'endroit le plus clean de la terre. Parfois bien chaotique même mais... " J'ai progressé en rangement. J'te jure ! " Lui dit-il la main sur le coeur. Un geste théâtral.

Mais la suite se fait plus lourde quand il annonce la couleur à sa mère. Il ne pouvait pas lui cacher ça de toute manière. Il devait lui dire, même si ca faisait mal. Et peut être que sa mère, en s'approchant de Indiana pourrait le réveiller ? C'était idiot de penser ça mais ca restait une sorte d'espoir. Un silence lourd plane dès qu'il annonce ces aveux là. Sa mère réagit comme d'habitude, elle prend sur elle. Mutt accueille l'étreinte de Marion. Il en avait besoin. Il avait besoin de sa mère. Mais Mutt qui s'était retenu de pleurer, fini par craquer et laisse les larmes couler sur ses joues alors qu'il glisse ses mains sur les bras de sa mère et resserre son étreinte.

" Maman... " Il avait besoin de sa mère. Il avait besoin des gens qu'il aime. " Ouais, t'en fais pas, il va entendre parler du pays. " Continue-t-il sur la même lancée que sa mère, entre deux larmes d'émotion. Les paroles de sa mère lui faisait du bien mine de rien. Il finit par s'essuyer le visage pour se reprendre. " Tiens... " Il glisse une main dans sa poche pour récupérer une boite où il avait mis l'alliance d'Indiana. " J'ai récupéré ça... Je... Je sais pas pourquoi en fait mais... Je voulais te la donner. " Il glisse la bague dans la main de sa mère, l'attire vers lui pour l'embrasser sur la joue. " Bon... On va arrêter de se morfondre. J'ai quand même des choses plus agréables à raconter. " Il se tourne vers Klaus, il le voit pleurer en silence et à l'écart. Mutt cherche à réagir. Lui prendre la main ? C'était trop cliché, alors il pose une main sur son épaule. Il voudrait glisser une main sur son visage pour effacer ses larmes... Faire semblant devenait une torture au final.

" Allez. " Dit-il en secouant l'épaule de Klaus. " Toi t'as des trucs à raconter sur nous... Enfin... " Et merde. " Sur... ce qu'on vit au quotidien ? Il me connait bien maintenant vu qu'on vit ensemble. " Se rattrape-t-il. " Au fait, ma mère est comme tu l'imaginais ? T'sais que je t'ai cherché avec la photo de mariage ? " Il se racle la gorge et reprend aussi. " Et j'entame ma troisième année à l'université. Toi qui a bataillé pendant des années, je me suis enfin assagit. " Dit-il sans trop croire à la fin de sa phrase.

Klaus reste muet mais attentif à chaque interaction entre Mutt et sa mère. Il lui en avait tant et tant parlé qu’il n’aurait pas pu douter un seul instant de l’affection que les deux se portaient, mais cette complicité et cet amour sincère crève les yeux en cet instant, et Klaus ne peut que comprendre combien il était important pour Mutt de retrouver sa mère. Lui-même ne sera jamais capable de la même chose, lui-même ne pourra jamais prétendre à cette sorte de complicité.

Le peu qui s’en soit rapproché, c’était Grace, mais avec Grace, ce n’était quand même pas la même chose. Bref, Klaus chasse cette pensée et se fait plus petit qu’il n’en a l’habitude pour laisser au fils et à sa mère l’occasion de pleinement profiter de leurs retrouvailles, et aussi de supporter l’absence d’Indiana, qui ne tarde que trop à se réveiller. L’alliance d’Indiana passe des mains de Mutt à celles de Marion, et finalement, l’attention de son fiancé se reporte sur lui, il veut passer à un sujet plus agréable, et on ne peut certainement pas le lui reprocher, et Klaus a bien l’intention de tout faire de son côté lui aussi pour alléger l’atmosphère s’il le peut.

Est-ce qu’il peut avoir des choses marrantes à raconter sur leur quotidien ? Très probablement, mais il faudrait qu’il fasse le tri entre les anecdotes sexuelles et celles qui ne trahissent pas leur relation, et bizarrement, ce qui lui vient à l’esprit, là, tout de suite, c’est beaucoup, beaucoup (beaucoup) d’anecdotes sexuelles et pas grand-chose d’autre. Plutôt que de réfléchir à tout prix à un événement marrant qui n’implique pas de lubrifiant et de latte de lit pétée, il répond plutôt à la question de Mutt.

« Vous êtes exactement comme Mutt vous avait décrit. Sauf que vous êtes encore plus canon, si je puis me permettre », répond Klaus sans même avoir à prétendre.

Klaus se retient quand même d’ajouter qu’il sait maintenant d’où Mutt tient sa beauté ravageuse, bizarrement, il a le sentiment que ça pourrait prêter à confusion. Bon, avec tout ça, ça lui laisse quand même pas l’occasion de faire ou dire grand-chose, parce qu’il a l’impression que tout ce qu’il pourrait raconter revêt un double sens, mais on va essayer.

« L’appart est sympa. Ce qui est bien, surtout, c’est qu’on a un très grand salon, et en plus on a acheté un canap hyper-confortable, c’est drôle parce que… » Surtout pas l’anecdote du canapé. « Non, en fait c’était pas si drôle que ça, mais le canapé est cool, même si Indy essaie déjà de le défoncer. » Il marque une pause. « Sinon moi, pour l’instant je… recherche ? » suggère-t-il d’un ton trop interrogatif pour être crédible, mais c’est la réponse qu’il donne à tout le monde. Son travail, il le cherche si bien qu’il ne le trouve bizarrement jamais, mais on passera là-dessus.

Et au final, il se dit que les études de Mutt, ce sera peut-être le meilleur moyen de noyer le poisson au bout du compte.

Et c'est parti pour l'interrogatoire parental qui foutrait n'importe quel gamin mal à l'aise. Alors ouais Mutt était content de présenter les choses mais faut que sa mère veuille aller plus loin. D'abord avec Klaus puis vers lui. Mutt regarde Klaus, un peu paumé surtout quand elle lui demande ce qu'il va faire de sa vie.

" M'man... " Dit-il en maugréant dans ses dents. Klaus répond alors à la question un peu globalement et quand il parle du canapé. Mutt fronce les sourcils et va pour lui donner un coup de chaussure dans les siennes mais Klaus se reprend rapidement. L'épisode canapé n'était pas si... intéressante. Il espérait que sa mère ne revienne pas dessus. " L'appart est... " Il allait dire bien pour deux personnes. Mais deux personnes dormant dans le même lit. Putain, ca devenait compliqué cette histoire. " Il est bien, mais reste un peu petit pour deux... personnes colocataires vivant ensemble mais juste vivant ensemble... " Ca y est il paniquait et quand il paniquait, il pouvait partir dans des grands débats sans queue ni tête. " Et Klaus... Il recherche ouais... Et on s'en fout un peu de ce qu'il fait non ? " Dit Mutt avec un sourire forcé et gêné. Il regarde Klaus et sa mère alternativement. " Enfin je veux pas dire dans le sens qu'on s'en fout vraiment mais... C'est important ? C'est cool d'avoir quelqu'un à l'appart... On va dire qu'il... réceptionne les colis. "

Bon la suite, c'était pour Mutt. " Merci m'man. " Dit il dans un sourire satisfait. Elle était contente pour ses études mais c'est le après les études qui fait tilter Mutt. Il n'en a aucune putain d'idée. Faire comme son père ? Devenir prof, jamais de la vie... Mais aller sur le terrain, sauf que c'est encore un peu... confiné dans le coin.

" T'es obligé de faire ça ? " Se braque-t-il alors. " J'ai repris mes études déjà... " Ca y est c'était reparti comme il y a trois ans, dès qu'il y a les questions qui fâchent, Mutt se braque littéralement et ca se voit aussi dans sa posture. " Et si j'ai quand même envie de continuer à réparer des voitures, des motos ? Ca te poserait un soucis ? " C'était clairement plus fort que lui et il avait ce manque de confiance en lui qui refaisait surface quand il se retrouvait bloqué face à un fait ou une question. Oui, une vrai tête à claque quand il s'y mettait. " Bah si ca se trouve, je vais arrêter, ca sert à rien en fait. Vu que je sais pas où ca va donner... "