Aidan étant quelqu'un de très sociable, il avait des tonnes de potes qu'il se faisait partout où il allait mais aucun véritable ami qu'il pouvait appeler en cas de coup dur. ça avait toujours été comme ça et ça lui convenait très bien, sauf qu'à l'époque il avait sa famille et ça c'est ce qui changeait tout. Il avait toujours quelqu'un à appeler en cas de soucis, que ce soit sa sœur ou ses parents, mais maintenant qu'il n'avait plus rien ni personne la vie ne paraissait plus aussi facile et simple,  et plus le temps passait, plus cela lui pesait de vivre sans personne. Il avait toujours pensé à vivre comme ça pourtant, libre sans personne à qui rendre des comptes, faisant ce qu'il veut quand il veut et surtout sans s'encombrer d'un travail insignifiant où il serait exploité pour quelques dollars qui lui servirait à payer son loyer, sérieusement qui pouvait bien rêver de ça ? Certainement pas lui.

Ce soir-là, un de ses potes qu'il avait l'habitude de croiser en boite, lui avait partagé un peu d'une bonne dose, il ne savait même pas ce que c'était et il s'en fichait du moment que ça le faisait planer et qu'il oubliait l'espace d'un instant ses soucis. Normalement il réagissait bien à tout type de produit donc il n'était pas inquiet, le problème étant qu'il n'était pas vraiment dans son état habituel et que les idées noires commençaient à se bousculer dans sa tête, rajoutez à cela le fait qu'il était exténué, qu'il mangeait mal et qu'il vivait au jour le jour la plupart du temps à la belle étoile, disons qu'a fini par arriver ce qu'il devait arriver et qu'il ne se sentait vraiment pas bien.

Il a fini par sortir de la boite pour vomir sur le trottoir, tout lui paraissait flou alors qu'il s'aventurait dans la rue de la ville sans se souvenir où il était ni où il allait. Il se souvint alors de Klaus, une personne qu'il avait rencontré par le passé et qu'il avait vu justement dans cet état la dernière fois, ça faisait déjà quelques mois et il n'avait plus eu de ses nouvelles, surtout parce qu'il ne l'avait pas croisé en fait. Aidan n'envoyait généralement pas de message à moins qu'on lui en envoie un en premier. Il se demandait tout de même ce qu'il était devenu, il s'était assuré qu'il rentrer chez lui en un seul morceau parce qu'il n'était tout de même pas un monstre et que c'était la moindre des choses de s'assurer qu'il allait bien, pourtant il n'avait même pas pris la peine de lui envoyer un message par la suite, sans doute parce que cela lui semblait "trop proche". Et maintenant, il pensait à lui alors qu'il était dans un état catastrophique, n'était-ce pas ironique ?

Il s'assit contre un mur, profitant de la fraicheur de la nuit, il regarda dans son répertoire où se trouvait effectivement le numéro de Klaus, il hésita quelques instants mais finit par l'appeler pour laisse un message confus sur le fait qu'il n'était pas bien et qu'il ne savait pas quoi faire, qu'il avait certainement besoin d'aide... tout ça entrecoupé de larmes. à vrai dire, il ne savait même pas si quelqu'un avait décroché ou non, il était tellement à l'ouest qu'il aurait même pu très bien laissé ce message à quelqu'un d'autre.

Sérieusement Aidan ne pensait pas que son appel pourrait aboutir à quelque chose, il avait tellement l'habitude de ne compter sur personne et qu'en retour personne ne compte sur lui, alors pourquoi diable quelqu'un viendrait à son aide ? C'était normal si cela n'arrivait pas, ce serait dans la logique des choses et il ne pourrait en vouloir à personne d'autre que lui-même. Si personne ne venait alors il allait juste rester là sur le trottoir jusqu'à ce que ça passe et probablement que le lendemain matin il aurait besoin de soin auquel il n'avait même pas accès, ne serait-il pas temps de songer à trouver sa place dans la société et faire une croix sur sa liberté ? Peut-être préférait-il mourir comme ça avait failli être le cas dans son monde plein de Zombie lorsqu'il avait été coincé chez lui pendant des mois.

Il mit un moment à réagir lorsqu'il entendit son prénom et ne revint que sur terre une fois Klaus devant ses yeux et à dire vrai, il n'y croyait toujours pas, si bien alors que Klaus lui parlait il leva son doigt pour toucher sa joue et s'assurer qu'il était réel.

- Je pense toujours que tu es une divagation, sache-le.

Dit-il d'un air faussement sceptique qui ne lui ressemblait même pas. Il avait bien déjà rencontrer des zombies alors qu'est-ce qu'il pouvait bien ne pas croire à ce stade ? Pas grand chose en réalité, mais quelque chose en lui lui indiquait très clairement que ce n'était pas normal que quelqu'un soit là pour lui et qu'il ne le méritait pas. Mais bon, Klaus était là, que ce soit une hallucination ou non, autant ne pas le renvoyer chez lui tout penaud.

- Hého, j'en ai déjà vu des macchabées, c'est pas très gentil !

Répondit-il peut-être quelques instants après la phrase de Klaus, comme s'ils avaient une conversation qui n'était pas instantanée mais en décalage totale alors qu'ils ne se trouvaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Ce qui était à la fois étrange et assez drôle. Il allait déjà un peu mieux, la présence de Klaus le réconfortait un peu et il se sentait comme en sécurité, n'était-ce pas délirant ? Ses larmes avaient séchées sur sa peau mat qui s'était creusé à cause de son mode de vie actuel. Rien n'allait et forcément ça se voyait mais ça avait des répercutions sur son moral, donc rien d'étonnant à ce que cette soirée ce soit terminée de la sorte. Il fut reconnaissant de la bouteille apportée par Klaus et se dépêcha de prendre une longue gorgée, ce qui lui permit de mieux respirer.

- J'ai commencé à évacuer quand je suis sorti de la boite, il y a 500m... Je ne pensais pas vraiment que quelqu'un allait venir...

Devait-il le remercier ? Il se sentait tellement reconnaissant mais c'était la première fois que quelqu'un lui venait en aide et il n'était pas sûr de comment réagir. Klaus était venu alors qu'ils se connaissaient à peine, devant décoder un message certainement à peine audible. Il se sentait comme le soir où il avait failli mettre fin à sa vie et que finalement il avait vu cette fille dans l'appartement en face de chez lui.

- Je suis pas sûr... Je crois que c'était de la kétamine...

Il avait déjà goûté à un peu de tout mais ça ne voulait pas dire qu'il allait toujours réagir de la même façon non plus.

Aidan eut un gloussement alors que Klaus répondait au fait qu'il ne pensait pas qu'il était réel. Bon, pas sûr qu'il pouvait imaginer cette répartie, dans les deux cas c'étai bon à prendre. Tout cela était tellement absurde de toute façon. Le monde lui semblait si flou.

- Et moi, est-ce que je suis réel ? Pourquoi je suis là, tu le sais toi ?

Il secoua doucement la tête, comme s'il n'attendait pas vraiment une réponse de sa part en réalité, il savait que Klaus n'avait pas plus de réponse que lui. Il observa le ciel noir, pas d'étoiles à l'horizon, balayées par la lumière de la ville. Il sourit doucement et en même temps paraissait si triste, comme désabusé quelque part. Comme si rien n'avait plus d'importance alors qu'il n'avait jamais pris la vie au sérieux.

- Pourquoi... Je suis toujours en vie alors qu'ils sont tous morts ? Je suis juste un bon à rien et pourtant... c'est tellement absurde.

Il haussa les épaules, lui non plus n'avait pas la réponse après tout. Il avait survécu à une pandémie qui transformait les gens en zombie, il avait survécu à une tentative de suicide, il avait survécu trois ans en arrivant dans ce monde, simplement en étant un vagabond. Il ne travaillait pas, il faisait que prendre du bon temps. D'autres avaient des qualificatifs rien que pour lui : rebus de la société, profiteur, déchet, gamin immature. Il ne pouvait pas vraiment leur donner tort et encore ce soir, quelqu'un venait à sa rescousse, est-ce qu'il le méritait vraiment ? Si on partait du principe que rester en vie était quelque chose que l'on méritait évidemment, mais la vie est injuste et totalement arbitraire, elle se fout complétement de qui mérite quoi. C'est le hasard qui décide de tout et finalement si on y regarde, c'est le hasard qui l'a amené ici.

- Tu diras à tes chaussures de rien !

Il rigola doucement, mais toujours entre le rire et la tristesse, lui-même n'était pas sûr de ce qu'il ressentait à l'heure actuelle. Il y avait un effet euphorisant, pourtant sa tête le lançait et il se sentait mal, il avait l'impression que tout s'embrouillait dans sa tête et en repensant à tout ça, il avait juste envie de se remettre à pleurer. Mais pleurer à quoi ça sert ? Et s'apitoyer sur son sort alors ? Tout cela ne ressemblait pas à Aidan, en général il préférait mettre son cerveau en pause et ne penser à rien, c'était ce qui lui réussissait le mieux de toute façon, profiter de la vie sans se soucier du lendemain et sans penser à tout ce qu'il avait perdu. Parce qu'en ce bas monde, il n'avait personne, mais il avait tout de même Klaus qui était venu le sauver de lui-même.

- Ben... d'habitude ça ne me fait pas cet effet-là.

Il haussa les épaules, comme si ce n'était pas grande chose. Effectivement, ce n'était pas la première fois qu'il en prenait, mais c'était la première fois qu'il faisait un bad trip. Aidan était plutôt quelqu'un de jovial, toujours de bonne humeur, toujours gentil et agréable avec tout le monde, même les plus grands méchants fondaient sous son sourire ( quoique ) mais à l'heure actuelle il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il fit mine de réfléchir alors que son ami lui demandait s'il y avait un endroit où l'emmener.

- Hmm.. Un buisson ça compte ?

La réponse de Klaus le fit rire, même si rire lui donnait mal à la tête du coup il ne savait même plus s'il aimait ça ou non. En même temps, il ne pouvait que s'en prendre à lui-même.

- Et moi probablement trop défoncé pour y répondre, peut-être qu'il y a juste... pas de réponse...

Il haussa les épaules. Il le savait au fond, le sens de la vie tout ça, personne n'avait vraiment de réponse. C'était le hasard des choses et le hasard avait décidé que lui vivrait, même s'il le méritait pas. Tout comme Klaus lui venait en aide alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis des lustres lui semblait-il. Klaus essayait de s'en sortir et Aidan ne souhaitait pas le faire replonger, il était consommateur mais ça ne voulait pas dire qu'il voulait entrainer tout le monde dans sa déchéance. Il n'était pas si égoïste.

- Ouais, c'est pas faux...

Aidan avait entendu parlé qu'ici les morts pouvaient revenir à la vie, ce n'est pas qu'il n'y croyait pas mais il n'arrivait pas à considérer que ce soit possible. Si c'était vrai alors pourquoi n'avait-il pas retrouvé ses parents et sa sœur ? Encore un coup de ce fichu hasard ! C'était la vie, parfois il y avait du bon, parfois du mauvais et il fallait faire avec. Le problème d'Aidan c'est qu'il ne supportait pas le mauvais, il voulait juste que la vie soit belle et qu'il ne vive que de plaisir. Mais si c'était si facile, tout le monde le ferait ! Car évidemment, il n'était pas le seul à avoir des problèmes, Klaus avait aussi les siens par exemple et pourtant il était venu l'aider.

- Tu es trop gentil Klaus... J'espère que ton mec sait la chance qu'il a de t'avoir !

En tout cas, il lui semblait, dans le fin fond de brume de son esprit, qu'il avait un mec. Déjà parce qu'il n'avait jamais couché avec Klaus alors qu'il était évident que s'il avait été célibataire, il l'aurait dragué de toute évidence. Il lui semblait qu'il lui avait parlé de quelqu'un, mais est-ce que c'était toujours d'actualité ? Il supposait que oui vu que Klaus arrivait à rester sobre c'est qu'il devait être bien soutenu. Aidan esquissa un sourire vague, plus pour lui-même. Même si Klaus avait sans doute ses propres problèmes, au moins il avait quelqu'un pour le soutenir, et ça c'était chouette. Puis son regard s'illumina de mille feu comme un chat devant un arbre de noël lorsqu'il lui proposa d'aller manger.

- Manger ? Mais il fallait commencer par là ! Dis-moi tu serais pas dans l'optique de devenir mon meilleur ami par hasard ? Quoique, t'es venu, ça te classe déjà largement au-dessus du classement !

Aidan se remit à rire, tentant de se relever, non sans mal mais il réussit à se remettre sur ses jambes.

De toute façon, Aidan était tellement toujours plus ou moins défoncés qu'il était toujours bon public pour ce qui est des vannes. Mais là en l'occurrence vu qu'il était plutôt dans un bad mood, les réflexions de Klaus lui faisaient du bien. Il avait toujours un peu de mal mais franchement, il ne savait pas comment ce serait terminé la soirée pour lui si Klaus n'était pas intervenu. Il aurait certainement fini dans un état pire que celui-là et se serait réveillé peut-être dans une benne à ordure ou chez un inconnu. Il ne savait pas ce qui était le pire. Non, le pire ce serait certainement qu'un chien vienne lui uriner dessus, avec le recul. Quoiqu'il en soit, Aidan était vraiment reconnaissant et rassuré par la présence de son ami, lui qui n'avait plus jamais compté sur personne depuis la mort de ses parents, il était surpris d'avoir finalement encore un soutien en ce bas monde.

- Félicitations !

Répondit-il à l'annonce de son ami, il ne s'attendait pas à ce qu'il soit fiancé, mais il était réellement heureux pour lui qu'il ait trouvé la personne avec qui passer le reste de sa vie. Il pourrait penser que c'était comme les menottes aux poignées, ou ce genre de choses, mais Aidan ne voit pas d'inconvénient à rester avec la personne qu'on aime. ça ne lui était juste jamais arriver, il aimait tout le monde pratiquement de la même façon et il n'y avait jamais eu ce petit plus qui faisait qu'il avait envie de plus avec la personne que ce qui était convenu. Il se sentait désolé pour les personnes qui s'étaient attachés de cette façon à lui mais malheureusement, on ne force pas les sentiments et Aidan n'était certainement pas quelqu'un qui forçait les choses.

- Trop mignon. Vous avez de la chance de vous êtes trouver ! Je suis trop content pour toi !

C'était probablement dit avec plus d'émotion que ce qu'il pensait, il se sentait un peu à fleur de peau, ce qui ne lui ressemblait pas, c'est certain. Il se sentait ému par cette nouvelle, comme si la nouvelle du bonheur de son ami l'impactait directement. Peut-être bien qu'au fond, il avait aussi envie d'avoir une personne dans sa vie, quelqu'un avec qui il aurait un lien plus particulier que les inconnus qu'il rencontre chaque jours. Mais Aidan était trop obnubilé par la liberté qu'il croyait avoir pour y réfléchir plus longuement, qui sait peut-être bien qu'il y réfléchira si l'occasion se présente. Aidan se lève finalement en prenant appuie sur l'épaule de fortune que lui offre son ami et le suit aisément jusqu'au diner, où il se laisse carrément échoué sur la banquette. Comme un cachalot sur la plage.

- T'inquiète ! C'est déjà bien gentil d'être venu, je vais pas te ruiner ! On est venu pour des œufs brouillés et du café non ?

Quoiqu'on puisse en penser, Aidan était vraiment content que Klaus ait trouvé le bonheur. Bien entendu, il savait de source sûr qu'être en couple n'était pas forcément une partie de plaisir, il se souvenait parfaitement des engueulades régulières de ses parents. Et pourtant, ils étaient toujours restés ensemble, ils n'avaient jamais été au point de se taper dessus et une fois le conflit réglé, ils se faisaient des mamours. Aidan faisait comme s'il était dégoûté à l'époque, mais c'était toujours beau à voir, tout ces petits moments d'amour et de geste tendre. Il se disait que rien que pour ça, ça valait la peine d'essayer. Curieux point de vue pour quelqu'un qui ne voulait pas se mettre en couple, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il y pouvait s'il n'avait pas rencontré cette personne qui arriverait à lui faire remettre sa liberté en question ? Ce n'était même pas sûr qu'elle existe. Peut-être bien qu'il n'y avait personne pour lui. Il esquissa un sourire en l'entendant parler de son couple.

- Je n'en doute pas, te connaissant. Tu veux m'en parler ? Comment il est ?

Aidan n'était normalement pas curieux mais si Klaus voulait se vanter de son couple, il était tout à fais disposé à l'écouter. Il s'était plutôt bien remis depuis tout à l'heure, la présence Klaus et sa bonne humeur lui avait fais écarter les mauvaises ondes qui embrumées son esprit et qui l'avait fais trop réfléchir. Maintenant que Klaus était une bonne distraction, il n'y pensait plus vraiment, du moins jusqu'à la prochaine fois. Il n'était normalement pas le genre à se laisser envahir par les mauvaises pensées, c'est vrai, et il savait que si c'était arrivé aujourd'hui alors ça recommencerait sans doute plus tard, il n'avait juste pas envie d'y réfléchir. Sauf que justement après avoir commandé un peu d'oeufs brouillés et de café, Klaus aborde finalement la question tant redoutée.

- ça va un peu mieux, ouais... C'est un Lundi ordinaire... Putain, on est lundi ?

Il posa sa tête contre le fauteuil, dans un grognement qui ressemblait plutôt à une plainte. Qu'est-ce que ça pouvait faire qu'on soit lundi ? Rien du tout, c'est juste qu'il ne savait pas du tout quel jour on était. C'est ça de vivre dehors, on perd le fil du temps, rendez-vous compte que cela fait déjà trois ans qu'il vit dehors, au jour le jour ? Le temps file à une vitesse. Il avait vécu beaucoup moins longtemps que ça en isolement et pourtant cela lui avait semblé une éternité. Beaucoup plus long que depuis qu'il était arrivé ici, ça c'est sûr, et pourtant il avait un appartement et un matelas !

- Je sais pas. Je m'éclate et tout mais... j'ai l'impression qu'il manque un truc. Tu vois, avant j'avais ma famille, ici j'ai personne. J'avais même personne pour me récupérer ce soir, si tu n'étais pas venu. Je sais que c'est moi qui ai choisi cette vie, mais maintenant je me demande si c'est vraiment ça, la liberté...

- J'pense que le fait que ça fasse un moment qu'on ait pas eu l'occasion de discuter comme ça, ça doit jouer, y'a peut-être un lien, tu vois ? En même temps, je sais que t'as arrêté ces conneries et que t'essaies de t'en sortir donc c'est normal. Mais oui, je serais ravis que tu m'en parles !

La première règle quand on veut s'en sortir c'est d'arrêter les mauvaises fréquentations, ce que Aidan était sans aucun doute possible. Drogue, alcool, sexe, il n'y avait rien qui pouvait le défriser, il vivait même dehors comme un vagabond alors que s'il avait vraiment voulu, il aurait pu trouver un endroit où crécher. Il buvait son verre alors que Klaus lui montrait son fiancé dont il était si fier.

- Oh mais je le connais !

Il réalisait sa connerie en même temps qu'il la disait. Parce que s'il connaissait quelqu'un c'est qu'il avait dû, à un moment ou un autre, faire parti de ses nombreuses frasques. Et même si l'idée en elle-même ne le dérangeait pas, disons qu'il savait de source sûr que certaines personnes pouvaient mal prendre le fait qu'on ait déjà embrasser leur fiancé par le passé, même s'il n'était pas encore ensemble. Enfin, il espérait qu'ils n'étaient pas encore ensemble à l'époque, en tout cas le type ne lui en avait rien dis. Ils n'avaient pas vraiment papoté non plus.

- Enfin, je le connais, il y a des gens qui ressemble à d'autres gens ici donc c'est peut-être pas lui.

Il espérait secrètement que ce n'était pas lui.

- Mais ouais, canon, y'a pas à dire ! Vous faites un joli couple. T'as trouvé l'homme parfait visiblement, c'est chouette ! Le plus important c'est que tu sois heureux, évidemment.

Et surtout qu'il ne pense pas à ce qu'Aidan avait potentiellement fais avec son mec ni qu'il voulait lui piquer ou quelque chose comme ça, bonjour l'angoisse ! Aidan était peut-être quelqu'un de plutôt libertin mais il n'était pas un briseur de couple, sans pour autant se soucier de si la personne était en couple ou non, parce que si c'était le cas alors c'était la personne en question qui était censé le repousser, et il ne le prendrait pas mal ! C'était même normal, en fait ! Il éclata de rire alors que Klaus n'avait pas l'air de savoir plus que lui quel jour ils étaient.

- ça me rassure, j'vois que je suis pas le seul à pas savoir quel jour on est.

Par la suite il s'aventura sur un sujet plus obscur, un sujet qu'il évitait habituellement d'aborder ou même d'y penser, comme s'il le repoussait continuellement de son esprit. La solitude était devenue un fardeau peu à peu au point même de lui créer l'angoisse de vivre seul à nouveau. Il savait comment s'entourer, ce n'était pas la question, c'était juste des liens superficiels auxquels il n'apportait pas vraiment d'importance et réciproquement. Klaus confirma ses doutes et croyait visiblement beaucoup en lui pour une raison obscure.

- Oh, je doute pas que je suis un type génial, on me le dit tous les jours. Je me suis juste jamais attaché à quelqu'un d'autre en dehors de ma famille. Je n'ai jamais été en couple ou eu une amitié qui m'a marqué, je prends ce qui vient sans me poser de questions... et jusqu'ici ça m'avait jamais posé de problème.

- Désolé, j'ai l'impression que ça sonnait comme un reproche, mais c'est pas le but. Et puis, moi-même je prends pas forcément de nouvelles des gens, je le fais quand je les revois, je cherche pas spécialement à les recontacter.

Il haussa les épaules, c'est vrai qu'il n'aurait probablement pas pris contact avec Klaus si ce n'était pas la seule personne envers qui il avait assez confiance pour penser qu'il viendrait. Il aurait pu l'ignorer ou ne pas recevoir son appel, être occupé ailleurs, il y avait tout un tas de raisons pour lesquelles ils auraient pu ne pas se voir ce soir. Mais Klaus était là et Aidan en profitait pour rattraper le temps perdu, c'est comme ça qu'il était après tout, il suivait le courant et ce qui doit arriver arrivera, pas besoin de se prendre la tête. Néanmoins, en cet instant où il avait clairement reconnu le fiancé de Klaus, il regrettait peut-être un peu d'être comme il est. D'avoir participé à cette fête sans se soucier de faire des trucs avec des inconnus et d'avoir réagis d'instinct en voyant sa photo.

- Oh, tu sais... Le genre de rencontre que je fais souvent, une fête, tout le monde fait connaissance avec tout le monde mais on est tous bourré ou sous les effets de la drogue. Franchement, si c'est lui alors il ne me reconnaitrait probablement pas vu dans quel état il était. Et on ne s'est même pas échangé nos prénoms, je crois.

Heureusement, la serveuse vint le sauver en amenant la commande, ainsi cela lui permit de se taire en buvant son café, essayant de se calmer. S'il y avait bien une chose où il n'était pas doué c'était pour cacher quelque chose, une vérité qui pourrait le déranger. Il ne savait même pas comment Klaus réagirait si tout cela s'avérait vrai, il doutait que son fiancé, si c'était bien lui qu'il avait rencontré dans cette fête, se souvienne de lui. Cependant, il avait entendu dire que suite à cette fête, des photos avaient circulés, forçant ainsi le jeune homme à sortir du placard. Vrai ou faux, il ne l'avait jamais revu mais si c'était le cas, ce serait probablement gênant. Il n'aimait pas l'idée d'avoir fais souffrir quelqu'un à cause de ses frasques, et si Klaus lui en voulait lui aussi ? ça le mettrait dans une position difficile qu'il n'avait encore jamais rencontré. Il n'avait pas non plus envie de minimiser les choses donc pour le moment, garder la tête dans le sable lui paraissait un bon plan.

- J'sais pas, ça parait logique dans ta bouche... C'pas comme si je voulais pas m'attacher à quelqu'un, mais les sentiments, tu vois. ça se force pas. J'ai toujours l'impression qu'il manque un truc, je ne sais pas quoi, mais un truc.

Le latino n'était effectivement pas quelqu'un de rancunier, loin de là, ça serait vraiment une perte de temps et d'énergie d'en vouloir aux gens. La vie était trop courte pour perdre son temps pour ce genre de choses, et puis franchement, même si Klaus ne donnait pas forcément signe de vie, il était bien venu le rejoindre alors qu'il l'avait appelé à l'improviste et l'avait invité à manger alors qu'il avait à peine plus d'argent que lui, non ? C'était le plus important à ses yeux, il n'avait pas besoin de gens qui donnaient toujours de leurs nouvelles mais qui finalement passaient juste leur temps à se vanter et le jour où on a besoin d'eux, il n'y avait plus personne. Il préférait de loin ces petits moments passagers qui lui donnaient l'impression de compter pour quelqu'un.

Il était content d'avoir pu enterrer cette histoire avec Mutt sous le tapis, au moins pour le moment, il savait que ça pouvait revenir dessus à tout moment mais après tout ce n'était pas comme si Klaus et lui se voyaient souvent, et il n'avait même jamais rencontré son fiancé, enfin en tout cas pas depuis que ces deux-là sortaient ensemble, donc il n'y avait pas de raison pour qu'il s'inquiète à ce sujet, en tout cas pas tout de suite. à vrai dire si Klaus les présentait et que Mutt était effectivement la personne avec qui il avait fricoté, il ne saurait pas vraiment quoi dire. Il aurait l'impression d'être coupable de pas mal de choses alors qu'il n'avait rien fais de mal, comment pouvait-il savoir à ce moment-là que la personne était encore dans le placard ? Et qu'en plus, il finirait fiancé à un ami fidèle ?

- Ouais, sinon ça porterait un nom. Mais on trouve pas mieux qu'un truc.

Il gloussa légèrement tout en avalant son assiette comme s'il était un aspirateur à nourriture. S'il trouvait un boulot un de ces jours, il faudrait qu'il l'invite à manger à son tour, ce ne serait que la moindre des choses après tout, même si ce n'était pas gagné vu comment Aidan n'avait pas la moindre envie de travailler.

- Tu le penses vraiment ? C'est pas obligé que ça arrive, je suppose qu'il y a des gens qui doivent juste faire sans.

Il haussa les épaules, était-ce si grave finalement ? Il avait toujours fais sans jusqu'ici et il n'était pas plus malheureux qu'un autre. Il y avait juste ce soir où il semblait avoir des idées noires.

Aidan ne s'est jamais vraiment pris la tête au sujet de l'amour, déjà parce qu'il n'était jamais vraiment sorti sérieusement avec quelqu'un, il n'avait jamais ressenti plus avec quelqu'un qu'avec les autres et il n'était pas le genre de personne qui pouvait faire semblant. Il suffisait de voir comment il avait eu du mal à noyer le poisson avec Klaus alors qu'il avait clairement reconnu son fiancé sur la photo. Il n'était pas le genre de personne à avoir honte de quelque chose ou d'avoir des remords, seulement, savoir que quelqu'un avait pu être mis dans l'embarras à cause de lui, d'être sorti du placard de la sorte, par un inconnu, se retrouver afficher comme ça, il imaginait que c'était dur, et il ne pouvait pas nier que c'était un peu sa faute même s'il ignorait tout de la vie de cet homme.

Toutefois, si c'était bien lui, il était maintenant avec Klaus et les deux amoureux vivaient un amour qui lui paraissait interdit pour le moment. Il ne s'en était pas trop fait à ce sujet parce qu'il était jeune, il enchainait les conquêtes et puis franchement, il ne s'imaginait pas en couple. Lui ? Qui ne regardait même pas le genre de la personne qu'il mettait dans son lit ? étant capable de coucher avec deux personnes différentes dans la même journée ? Par contre, il n'était pas grossier, il était toujours adorable avec tout le monde, un véritable don Juan, il agissait pourtant sans arrière-pensée, toujours au naturel, réfléchir avant d'agir, ce n'était pas son truc. Mais désormais, avec le recul, ce bonheur affiché sur le visage de son ami, il ne pouvait pas s'empêcher de se demander si c'était normal qu'il n'ait jamais rien ressenti pour personne. était-il vraiment pour un jour tomber amoureux comme Klaus le pensait ?

- Hé bien, si Cupidon est sur cette île, alors il a perdu ses pouvoirs, comme les autres.

Pensa-t-il tout haut. Oh, il comprenait ce que Klaus voulait dire et au final, ça n'avait rien à voir avec la présence ou non de Cupidon sur l'île. Il appréciait l'effort, et puis, il ne se sentait pas si seul que ça puisque Klaus était venu à sa rescousse, il savait qu'il avait des gens sur qui compter, c'est juste que parfois, il se souvenait de ce qu'il avait perdu et qu'il avait besoin qu'on lui rappelle ce qu'il avait aussi gagné.

- Mais merci. Je te suis très reconnaissant que tu sois venu et les efforts que tu fais pour m'encourager, j'en avais vraiment besoin, je crois.

Il lui sourit, toujours un peu à l'ouest malgré tout, mais au moins, il était descendu de son nuage de négativité qui n'avait même eu lieu d'être, il fallait certainement qu'il reprenne sa vie en main. Il était temps.

- Ah bon ? Dans ce cas... j'imagine que ça change tout.

Il n'avait effectivement pas l'information que les gens pouvaient retrouver leurs pouvoirs, en même temps, il n'en avait pas à récupérer pour sa part, alors pourquoi serait-il au courant ? Même si au départ ça n'était qu'une blague sur cupidon, il ne pouvait pas non plus trop s'en plaindre parce qu'il n'avait jamais envisagé les choses de cette façon auparavant. Lui ? Se caser avec quelqu'un ? Amoureux ? ça paraissait surréaliste, un rêve fou, il ne voyait pas qui serait assez fou pour le supporter et lui donnerait assez de liberté pour qu'il fasse ce qu'il veuille quand il le veut, qui ne lui ferait pas de crise parce qu'il rentrait tard voir pas du tout, qui saurait qu'Aidan est en train de faire la fête avec des gens sans s'imaginer des choses qu'Aidan ne ferait pas. À moins évidemment qu'il vienne faire la fête avec lui, mais quelque chose lui disait que deux fêtards ensemble, c'était peu probable. Il ressent une bouffée d'affection pour Klaus alors qu'il lui donne une tape amicale sur l'épaule.

- J'en prends note, et même si ça va mieux dans ta vie, si jamais tu as besoin un jour, je suis là aussi, sache-le.

Eh bien, c'était déjà fais vu qu'il l'avait aidé par le passé, mais on ne cessera jamais de vouloir aider ses amis. Aidan n'a jamais vraiment eu d'amis proches jusqu'ici, mais il a l'impression que c'est ça, l'amitié. En tout cas, pour lui, ça l'est. Il sait aussi qu'à l'heure actuelle, c'est lui qui a besoin d'aide et qu'il n'est pas vraiment en position d'aider qui que ce soit vu qu'il ne sait déjà pas s'occuper de lui-même, mais qui sait un jour. Si Klaus se fait kidnapper par des mecs louches qu'il connait par exemple, c'est totalement dans ses cordes de l'aider. Simple supposition bien sûr, personne ne souhaite que Klaus se fasse kidnapper. Aidan lui sourit doucement, voulant le rassurer.

- ça devrait aller, je pense, tu devrais rejoindre ton fiancé, il doit t'attends, je suppose ?

Il en serait presque jaloux voir envieux, s'il ne voyait pas à quel point tout cela rendait heureux son ami.