Peut être qu'il ne réfléchissait pas trop où il allait. Peut être qu'il était clairement à la ramasse et qu'il n'était pas de la première fraicheur. Cette voiture n'était pas la sienne de toute manière donc qu'est ce qu'on en a à foutre hein ? Five avait remis un peu le nez dans certains contrats, histoire de se faire de l'argent. Peut être des trucs pas très reluisant mais le seul truc qu'il sache faire, c'est de pister et d'achever un contrat si besoin est.

Celui-là était son premier contrat. Mais comme si Dieu ne voulait pas qu'il vienne à reprendre ces activités, il décide de lui mettre un pépin sur la route. Et quel pépin !

Car oui, mon petit Five, tu ne peux fuir tes responsabilités Ad Eternam et c'est bien ça le soucis: en ce moment tu adoptes clairement la technique de la fuite. Et c'est tellement facile pour un téléporteur de prendre la poudre d'escampette avant que ca ne soit trop difficile émotionnellement.

Quoi qu'il en soit, il rentre de pleins fouet dans quelqu'un en tournant dans une rue et freine immédiatement.

" Merde... Fais chier. "

Il sort de la voiture furibond. Voilà un truc qui allait le foutre en retard. Il espérait juste qu'il n'allait pas manquer sa cible. Bien entendu dans sa voiture, on peut trouver une bouteille de vin entamé et une arme à feu prête à l'emploi.

Mais à l'instant où il foule le pavé et qu'il va à la rencontre de sa malheureuse victime, il se rend compte de l'andouille qu'il trouve sous ses roues.

" Klaus ? Bordel ! Mais je savais que t'étais un crétin mais de la à te jeter sous les roues des voitures. Lèves toi et tires toi ! Je vais être à la bourre avec tes conneries. " Dit il essayant de pousser Klaus avec sa chaussure hors de la route. Bien sûr qu'il avait oublié l'incident mariage. Ou il faisait exprès de ne pas le nommer.

Le plan est simple, et il a de bonnes chances d’être diablement efficace : se jeter allègrement sous les roues d’une voiture, attendre que le conducteur panique et, avec un peu de chance, ne fasse pas un délit de fuite, et le faire raquer pour tous les dommages causés. Lui, il a pas grand-chose à perdre. Mourir, ça pique sur le moment, mais la sensation passe très vite… La thune qu’il peut se faire, en revanche, vaut son pesant de cacahuètes… Bon, il est le seul emballé par ce plan, Mutt refuse de tremper et de le voir tremper là-dedans… Mais en attendant, il y a de beaux billets à se faire, et Klaus ne veut plus dépendre financièrement de Mutt… Ce dernier a beau affirmer que ça ne le dérange pas, il sait bien que ça l’angoisse et que ça le frustre. Alors soit, Klaus fait… pas la chose la plus juste qui soit, mais celle qui en revanche lui semble la plus susceptible de faire bouillir la marmite.

Il hésite pas deux secondes au moment de se jeter directement sur le pare-brise de cette bagnole, sans prendre le temps de jeter un œil au conducteur – c’est pas important de toute façon… s’il avait su qui se trouvait au volant, peut-être qu’il se serait abstenu… encore que… Faut être honnête, c’est pas dit du tout. S’il faut ça pour avoir une conversation avec Five alors… soit, hein !

« Aouch… »

Il s’est pas loupé, pour le coup. La joue contre le bitume, le front en sang et l’épaule déboitée, Klaus accuse le coup… C’est jamais agréable sur le moment, mais bon… la douleur dure jamais très longtemps non plus. Klaus ne s’est toujours pas redressé au moment de découvrir des chaussures vaguement familières, accompagnées d’une voix tout aussi familière…

« Attends, deux petite minutes… »

Il fait en se retournant sur le dos en gémissant, et sans bouger davantage. Il lève les yeux vers Five, qui semble plus en colère qu’autre chose. Même pas une once de compassion pour son frangin agonisant ! Bon, d’accord… Klaus n’est pas en danger de mort et Five le sait mais… hey, c’est pas une raison pour autant !

« Donc t’es toujours en vie, c’est bien », il fait d’une voix rauque… « T’as rendez-vous où ? C’est pas comme si ça te dérangeait de pas venir aux endroits où t’es attendu… »

C'était la dernière chose qu'il voulait: tomber sur Klaus alors qu'il avait vraiment autre chose à faire. Et Klaus qui allait le faire littéralement chier sur le fait qu'il n'ait pas pris la peine de venir à son mariage. Et Five n'avait nullement envie de discuter avec lui de l'état pitoyable dans lequel il s'est pas. Pas qu'il ne voulait pas venir, mais... Y'a eu un tas de facteurs que Klaus n'écoutera pas parce qu'il vit sa parfaite petite idylle avec son mec trop parfait. Il lui tend quand même une main pour qu'il se relève. Et fait signe aux passants en grognant qu'il n'y a rien à voir.

Il grimace en observant la tête de Klaus à moitié défoncé, et Five ne cille pas une seconde du regard quand son frère commence à avoir des sous-entendus. L'ironie se fait alors entendre dans sa voix lorsqu'il lui lance:

" Ouais, c'est un truc que je fais souvent ca: disparaitre de la circulation. Je croyais que t'étais au courant ? "

Bon, il en avait déjà parlé avec Diego, il n'avait pas envie de remettre les deux pieds dans le plat. Mais malgré le fait que son fantastique frangin soit immortel, il l'avait claqué dans un mauvais état quand même. Inquiet mais ne montrant rien, il glisse ses deux mains dans les poches.

" Si je te dis où je dois aller je devrai te tuer, mais avoue que ca t'arrange bien là tout de suite. "

Il fait de petits yeux en observant Klaus et commence à essayer de retourner la situation en sa faveur.

" Et qu'est-ce que tu foutais à te jeter sur ma voiture là ? Tu essayes de te prouver quelque chose ? " Il relève le menton et lui fait un large sourire. " Ton mec est au courant d'ailleurs ? Je ne suis pas sûr qu'il soit très heureux d'apprendre les pulsions suicidaires de son cher et tendre. "

Autant retourner la situation, il n'aurait pas à rendre des comptes. Et ca lui évitera de devoir s'expliquer. Même si Five sait dans son fort intérieur qu'il n'y échappera pas. Mais disons que pour que notre Numéro Cinq accepte de se confronter au pourquoi du comment Five n'a pas assisté au mariage de Klaus, (pour diverses raisons les plus pathétiques les unes que les autres en passant... Un truc que Five n'assume pas) il y a un grand chemin à parcourir. Et à cet instant précis, il se sent sous pression parce qu'il a un contrat à effectuer et que son frère le retarde affreusement.

C’est ça son excuse ? Il devrait se foutre du fait qu’il ait d’un coup disparu de la circulation sous le prétexte que c’était dans ses habitudes ? Eh bien non ! La première fois que c’était arrivé, ça avait fait un mal de chien, à toute la famille, et là, c’est encore pire, parce que Five ne s’isole pas par obligation, il le fait par choix… C’est du moins ce que pense Klaus, qui a fini, à force d’amertume le concernant, par considérer que Five avait beau affirmer tenir à sa famille plus qu’à tout, il n’en avait finalement strictement rien à foutre.

« Sinon, t’as le droit de dire que t’es désolé, ça fonctionne aussi », il rétorque, de sacrée mauvaise humeur.

Vu le temps depuis lequel ils ne s’étaient pas vus, tous les deux, Klaus aurait vraiment voulu que leur conversation soit plus sereine que ça, mais qu’attendre d’autre de leur part à tous les deux ? Five est borné comme c’est pas permis… et Klaus peut l’être tout autant quand il s’y met. Autant dire que c’est pas avec deux têtes de mules pareilles qu’ils vont parvenir à une conversation sereine et cohérente.

« Tue-moi autant que tu veux, écoute, ça me fait de l’entraînement. Evite juste l’entrejambe si tu décides de me tirer dessus, ça fait super mal. » Et oui, il parle malheureusement d’expérience… et vous seriez surpris d’apprendre comment c’est arrivé (mais honnêtement, vous avez vraiment pas envie de savoir).

Il n’a pas besoin d’en savoir beaucoup plus, donc, ce que Five lui apprend l’éclaire bien assez sur la nature des activités… Il a très bien compris, et ça lui déchire le cœur de l’entendre, même d’une manière détournée… Mais qu’est-ce qu’il pourrait bien dire ou faire ? S’il y a bien une chose de certaine, c’est que Five, dans tous les cas, n’écoutera pas un traître mot de ce qu’il dira. Alors il demande pas les détails, tout comme lui-même ne donnera pas les détails de ses projets et de ce qu’il ambitionnait de faire en se jetant sous les roues de sa voiture. Dans tous les cas, il sait déjà ce que serait ja réaction de Five, qui trouverait mille façons colorées de qualifier d’absolument stupide ce que lui-même estime être une idée de génie. Donc vraiment… merci mais non merci.

« Mon mari », réplique seulement Klaus sans chercher à se justifier ou à répondre à la question de son frère, parce que de toute manière, ce n’est pas comme si Five n’avait pas déjà pertinemment conscience de la réponse à cette question. « Mon mari, pas mon mec », complète-t-il en croisant les bras et en focalisant son attention sur la route devant eux.

S'excuser ? Surtout dans l'état d'énervement où il se trouvait ? Five pouvait être une vraie tête de cochon quand il s'y mettait et il n'était pas décidé à coopérer. Surtout en captant que son frangin s'était jeté littéralement sous ses roues et de manière tout à fait délibéré.

" Désolé ? C'est toi qui t'es jeté sous mes roues connard ! " Se met-il à hurler littéralement de manière hystérique au milieu de la rue. (pour changer)

Il roule des yeux. Bien sûr qu'il n'allait pas tuer son frère de sang froid, même si ca le démangeait. Et même si il savait qu'il allait revenir à la vie quoi qu'il arrive. De toute manière, plus les secondes passent et plus les gens les regardent. Sa mission était un échec, il le savait déjà. De plus, étant encore au milieu de la route, il se faisait klaxonner et Five ne se retenait pas à faire des doigts d'honneur en hurlant à tout ceux qui avaient l'audace de les insulter au passage.

" T'es vraiment con... J'en ai marre de toi. Dis moi, que tu t'es pas remis à picoler ou à te défoncer. En fait non... Ca serait mieux. Parce que si tu as fait ce petit manège délibérément frangin, j'ai de nombreuses questions à me poser. "

C'est aussi à ce moment là qu'il lui rappelle la fameuse journée de mariage qu'il a manqué. Five en avait rien à battre. C'était juste une cérémonie à la con où ils ont juste échangé des niaiseries et ils se sont passés la bague au doigt. GENIAL. En fait, Five avait juste fuit ce moment car il n'allait pas bien lui même et qu'il sait que celà allait lui foutre un coup en plus au moral. A les voir si amoureux... Si parfait tous les deux...

" Qu'est-ce que ca change ? Vous continuez à vous bouffer les amygdales dès que les gens ont le dos tourné ? Ou pas tourné d'ailleurs... " Dit-il de mauvaise foi. Il grogne entre ses dents, alors que la dixième voiture les klaxonnes. Ca serait un comble s'ils venaient à appeler les flics.

" Grimpe dans la bagnole avant que les flics rappliquent. Je vais rafistoler ta gueule, même si je doute qu'il y ait quelque chose de sauvable. "

Klaus ne répond rien, à quoi bon puisque Five n’est même pas capable de réaliser les raisons pour lesquelles Klaus estime que son frère lui devrait des excuses. Il s’en fout royalement, de s’être jeté sous ses roues et du fait qu’il l’ait renversé (d’ailleurs, il se laisse engueuler sans broncher – c’est pas comme s’il avait l’habitude). Pour lui, le coup de la voiture, c’est totalement accessoire. Il faut dire qu’il est particulièrement rôdé, à ce sujet – c’est même devenu une sérieuse habitude. Alors oui, vraiment, il considère que c’est un fait accessoire, et que Five ne devrait pas rester focalisé là-dessus.

Mais soit, il a bien compris que Five ne le considérait que comme ça, comme un pauvre con. Il s’était persuadé qu’il y avait un fond d’autre chose, mais en cet instant, il ne le voit plus… Maintenant, il se dit que son frère s’en fout et qu’il est juste heureux de se passer de lui. Il estb une contrariété, une épine dans son pied, rien d’autre… Il rejette d’entrée de jeu tous les reproches tacites qu’il lui fait concernant son mariage. Il pensait qu’il aurait des remords, de mauvaises raisons de pas être venu, mais des remords quand même, et non des moindres.  Pour lui, c’est rien, c’est pas important… Klaus veut répliquer quelque chose, mais un énième coup de klaxon les invite à poursuivre leur discussion dans le véhicule.

« T’emmerde pas pour ma gueule, fais pas semblant d’en avoir quelque chose à foutre, maintenant », réplique Klaus en rentrant dans la voiture, manifestement agité et profondément, résolument agacé.

Il s’enfonce dans le siège passager et croise les bras sur sa poitrine, en position on ne peut plus défensive, et pour cause, il est sincèrement agacé par cette situation. Il aurait aimé revoir Five dans une situation plus apaisée… ça fait tellement longtemps, après tout, qu’ils ne se sont pas vus. Mais d’accord, il comprend la situation et elle lui arrache le cœur. Five ne veut rien avoir à faire avec sa vie, et tout l’emmerde dans son existence. Il le trouve con et abruti, il ne veut pas se réjouir de ce qu’il y a d’heureux dans sa vie, eh bien soit.

« Tu me lâcheras au prochain arrêt de bus, t’emmerde pas à me ramener chez moi. »

Il n’a pas envie de s’infliger une longue litanie d’insultes et de reproches, et il ne se sent pas d’humeur à répondre, alors c’est probablement mieux comme ça.

C'était un réel dialogue de sourds entre les deux. Bien entendu que Klaus n'était pas content. Five s'en doutait mais au lieu d'assumer sa connerie, il préférait se cacher derrière son mur d'antipathie. A vrai dire, il était aussi de mauvais poil car il venait de rater sa mission à cause de lui.

Mais comment expliquer à Klaus ce qu'il se passe ? Il n'avait pas envie de partager ses peines de coeur avec lui et encore moins ses états d'âme. Il le connaissait, il allait surement en faire des caisses ou se foutre de sa gueule. Et puis notons le, Five a aussi son petit Ego bien à lui. Donc pour lui faire lâcher des informations, il fallait être accroché. Pour l'heure, il n'avait pas envie de faire d'effort.

" Arrête tes conneries un peu... " Grogne-t-il sur Klaus tout en grimpant dans le véhicule à son tour. " Et c'est bon, je t'emmène à l'appart, je vais voir ce que j'ai en stock là. Evite juste de faire de la merde dans ma... " C'est pas la sienne oups. " ... dans cette voiture. " Bon en fait, il s'en fout.

Il se met en route en déboulant dans la rue, tout en faisant des doigts aux gens qui continuaient de le klaxonner. Il était remonté comme une horloge le petit Five. Après ça, il se renfrogne, les doigts serrés autour du volant. Aussi raide qu'un piquet. Il n'avait pas envie de croiser le regard de son frère. Bien entendu, il ne s'arrête pas à l'arrêt demandé, et continue sa route.

" Pourquoi tu te jettes sous les caisses qui passent ? " Demande-t-il en grognant. " T'as des envies suicidaires ? Je croyais que tu filais le parfait petit amour là. "

Oups. Il n'arrivait pas à s'en empêcher clairement.

Klaus a envie de rétorquer que si un des deux devrait arrêter ses conneries, ce n’est pas lui… mais à la vérité, ils devraient tous les deux arrêter leurs conneries plutôt que d’en faire des caisses comme c’est le cas à l’heure actuelle, parce que jouer de leur fichu ego est beaucoup plus simple pour eux que de mettre de l’eau dans leur vin et d’admettre qu’ils ont peut-être tous les deux leurs torts dans cette situation. Klaus, de son côté, ne le pense pas et tient Five pour entièrement responsable de son silence et de ses absences. C’est le vrai souci… ils ne savent pas communiquer convenablement, ils le font très mal, et forcément, au bout du compte, le résultat est absolument catastrophique.

Klaus ne dit rien, pas même un merci quand Five consent à l’amener à l’appart. Pour ce qui est de faire de la merde dans sa voiture qui n’est de toute manière pas à lui, il ne fait aucun commentaire. S’il avait envie de faire de la merde, il le ferait quand même, de même qu’il serait bien capable de le faire sans même s’en rendre compte… Mais pour le coup, il avait autre chose à l’esprit.

« Qu’est-ce que t’en sais ? Pour un mec qui en a absolument rien à foutre de moi et de mon couple, je vois vraiment pas pourquoi tu le remets constamment sur le tapis, il rétorque d’un ton particulièrement agacé, les bras croisés sur sa poitrine. »

Mais à quoi bon tourner en rond avec cette histoire ? Klaus considère que Five n’en a rien à foutre et surtout qu’il n’est absolument pas désolé, alors plutôt que de ressasser, et parce qu’il n’obtiendra probablement jamais les excuses sincères qu’il voudrait tant, il préfère encore jeter l’éponge et se braquer… ce qui est clairement la pire chose à faire possible… mais ça, c’est encore autre chose, bien sûr.

« Si je meurs à chaque fois, je reviens, tu sais bien. Un bon gros accident bien vénère, ça invite les gens à allonger les billets quand ils veulent s’éviter d’avoir un procès au cul », explique-t-il dans un haussement d’épaules. « Et commence pas, hein », il ajoute, anticipant ce que Five lui dira sans doute, qu’il est trop con ou quelque chose du genre… Il est habitué, en même temps. « C’est pas pire que de se faire payer à tuer des gens. Au moins, là, y a que moi qui douille. »

Klaus lui en voulait. Five devrait le comprendre mais au lieu de celà, notre cher numéro cinq se braquait en retour. S'en suivra un dialogue de sourd ou plutôt un dialogue d'Ego. Rien n'est encore sûr de ce qu'il en découlera. Et si... Five allait avouer toutes les raisons de son absence au mariage de Klaus.

Parce que ca n'allait pas ? Parce que l'étalage de son petit romantisme à deux balles, lui rappelait à quel point il était seul ? Non, parler d'amour c'est pas son fort et il n'avait pas envie de le remettre sur le tapis mais doucement, et sans s'en rendre compte, il s'y dirigeait doucement.  

" Si j'en avais eu vraiment rien à foutre de toi, je t'aurai laissé crever dans ton apocalypse de merde. " Répond-t-il du tac au tac. " Et c'est bon, ca va... J'ai bien compris que tu vis le parfait petit amour. " Pas comme lui.

Klaus a raison de lui vouloir en fait. Mais il préférait qu'il lui en veuille plutôt que d'avouer toute la vérité. Et puis bon... Ca aurait été son mariage, pas sûr qu'il se serait pointé. Enfin... Ce ne sont que des suppositions qu'il se fait pour se rassurer.

" T'es grave sérieux. " Lui répond-t-il lorsqu'il parle de son petit manège de se jeter sous les voitures. Un fin sourire ironique esquive ses lèvres lorsque Klaus lui renvoie la balle avec ses assassinats. " C'est le seul truc que je sais faire ici bas... Désolé, d'avoir tuer encore et encore pour vous sauver tous ? J'ai gagné le gros lot, je suis devenu un mec sans coeur. " Il avait un ton acerbe, même si ca malheureusement, il pensait que c'était la vérité. Il avait toujours peur de perdre le reste de son humanité mais à l'heure actuelle, tuer c'est mieux que rien non ? Sinon il finissait par nourrir ses propres démons et à continuer à tourner en rond encore et encore dans sa tête, comme un lion en cage.

« T’es vraiment trop con… »

C’est la première chose que Klaus répond à Five alors que, comme bien souvent, Five s’enferme dans sa seule interprétation de la situation sans en démordre. Il s’isole, il s’enferme dans sa vision et au bout d’un moment, ceux qui l’entourent cessent de vouloir le ramener à la raison. Il s’est isolé, pour mieux reprocher à son entourage son isolement.

« Déjà, arrête, d’accord, je me suis pas marié pour étaler mon bonheur devant tes yeux. J’étais juste… heureux qu’on se retrouve tous, en famille », il dit sans être sûr que cela parle vraiment à Five. « Parce que notre famille se réunit toujours quand c’est la merde… Pour une fois, ça aurait été cool, tu vois… de faire autre chose, chais pas… » Il soupire.

Autant ne plus insister sur ce point. Il doit accepter, maintenant, le fait que son frère ne s’excusera pas. Ça lui fait particulièrement mal, mais c’est un fait, c’est la vérité, et il doit faire avec. Alors puisque Five ne sera que malheureux de son bonheur, autant ne pas insister davantage.

« Et t’es con de penser que le seul truc que tu sais faire, c’est de tuer des gens. C’est absolument faux. T’es arrivé à t’en convaincre parce que ça t’arrange et que c’est plus facile de l’dire comme ça. Dire que t’es bon qu’à tuer des gens, c’est comme dire que j’suis bon qu’à me mettre des mines. » Il a un sourire amer. « Tu vaux mieux que ça. » Il croise les bras sur sa poitrine. « T’as tellement peur de perdre ton humanité que tu te la retires tout seul, comme un grand. T’as encore un cœur, ouais, mais j’garantis pas que ça dure. Et ça me fait chier de te voir comme ça. Ça me bouffe t’as pas idée. Mais comme t’en as rien à foutre de ma vie et de mes opinion… » Il présume de ce que Five va dire. « Et te défends pas avec l’apocalypse, c’était y a une éternité. Depuis t’as visiblement compris qu’il aurait mieux fallu que je crève. Et encore, maintenant tu sais qu’on s’en branle vu que je peux pas crever de tout façon. » Il a un petit sourire cynique aux lèvres. « J’t’ai bien fait perdre ton temps, sur ce coup-là. »

Klaus déteste être comme ça. Il a aucune envie de se montrer à ce point amer et désagréable, vraiment pas. Mais il ne sait plus comment s’adresser à Five. Plus ils s’éloignent, plus il se sent blessé, moins il sait comment réagir.

« Nan, j’aimerais bien que tu sois là, en fait, c’est ce que je me tue à te dire depuis tout à l’heure, mais t’écoutes que ce que tu as envie d’entendre », rétorque Klaus quand Five, de mauvaise foi, affirme qu’il aurait été ravi de ne pas avoir l’oiseau de mauvais augure constamment autour de lui.

Alors, il va pas mentir, c’est difficile de considérer Five comme autre chose qu’un oiseau de mauvais augure quand il ne débarque dans votre vie que pour vous répéter que c’est la merde ou que la fin du monde est pour dans deux jours, mais en même temps, si justement, il se faisait une place dans leur vie autrement que dans ces circonstances, juste pour être avec les siens, juste pour profiter de sa famille… l’opinion que sa fratrie aurait de lui changerait tout naturellement… Il a vécu une solitude violente, ça a dû être horrible, oui, mais a contrario, c’est difficile de chercher à rompre cette solitude quand on se fait envoyer chier quoi qu’on dise.

« Dis pas ça… », répond Klaus en détournant le regard, de plus en plus attristé par cette situation, alors que Five affirme qu’il aurait préféré rester dans son apocalypse. C’est comme s’il ne l’écoutait pas… c’est comme s’il ne comprenait pas que Klaus ne voulait pas l’accabler par ses mots, juste lui dire qu’il l’aime et qu’il lui manque (bon, peut-être que s’il s’exprimait mieux, ce serait plus simple, en même temps… mais ça, c’est encore une autre paire de manches).

Mais finalement, Five semble enfin mettre sa rage et son orgueil de côté pour enfin se montrer plus franc… C’est ce que Five voulait, depuis le début… C’est pas totalement agréable, mais Klaus préfère le voir comme ça. C’est pas qu’il aime le voir pleurer, non, mais ça lui fait du bien de le voir percer sa carapace… ça le rend enfin plus accessible.  Et c’est tout ce que veut Klaus, au final, réussir à l’atteindre, pouvoir comprendre ce qui se passe enfin dans sa caboche, même si Five est bien trop intelligent pour lui…

« D’accord. » Il sourit en coin. « T’as intérêt à nous faire un beau cadeau de mariage pour te faire pardonner, je rêve d’une de ces autocuiseurs qui prennent une place de dingue. Je l’utiliserai jamais mais ça fait distingué », il ajoute avec un clin d’œil, espérant détendre l’atmosphère une bonne fois pour toutes. « Si j’arrête de me jeter sous les roues des gens, t’arrête de tuer des gens ? »

La réponse de Five n’est pas exactement ce qu’on pourrait qualifier de la plus enthousiaste qui ait jamais existé (et ça c’est rien de le dire, pour le coup), mais Klaus sait s’en contenter… Parce que c’est Five, justement, et qu’il sait que de sa part, il s’agirait de pas demander la Lune non plus. C’est déjà bien qu’il ait réussi à s’apaiser, et que les tensions se soient un peu calmées parce que là, sérieusement, ça commençait à faire sacrément trop… Trop du genre difficile à soutenir sur la distance, en gros.

Klaus espère juste qu’une partie de son discours sera parvenue à atteindre l’oreille de celui qui savait souvent être sourd à ses propos, sans doute parce qu’il les catégorisait d’entrée de jeu comme stupide (et on va pas non plus le blâmer pour ça parce que bon, soyons honnête… ça brille pas constamment d’intelligence et de réflexions dignes d’intérêt là au-dessus). Toujours est-il que c’est sincère, et que Klaus a besoin de la compagnie de son frère. Il a besoin de la présence de toute sa fratrie, même si cette dernière ne sait semble-t-il se réunir que sous le signe évident du plus joyeux des bordels.

« Tu te damnerais pour mes pancakes », répond Klaus d’un ton léger, pas du tout atteint par les sarcasmes de son frère, cette fois, parce qu’il n’y a définitivement pas de quoi en faire un drame, au contraire. « Mes pancakes de 16 h du mat’ », s’autorise-t-il également à corriger pour la forme, puisque ça lui semble assez approprié, et que détendre un peu l’atmosphère, ça fait pas de mal… Même s’ils partent de sérieusement loin, en l’occurrence, faut bien l’admettre.

Et qu’ils peuvent pas balayer juste comme ça leurs sujets de contentieux. Faire promettre à Five de plus tuer les gens… ce serait déjà un début.

« Bon… arrêter de tuer des gens intentionnellement », corrige Klaus, puisque Five joue les magnanimes en lui faisant remarquer que quand on est un Hargreeves, c’est un peu inévitable (et il a franchement pas tort). « C’est mieux comme ça ? » Il sourit. « Allez quoi, t’es le plus intelligent de la bande. Enfin non, le deuxième plus intelligent, va pas me faire croire que t’as qu’une seule façon de gagner ta vie », il ajoute en lui adressant un regard entendu.

« Je suis la sobriété faite homme, Fivey, t’as pas de souci à te faire », réplique Klaus avec un clin d’œil, sans prendre ombrage de la réflexion de Five quand ce dernier lui demande si ses pancakes sont vraiment fiables.

Ça fait un bail que Klaus a appris à ne pas s’offusquer de toutes les paroles qui s’échappent de la bouche de son frère. Il n’en aurait clairement pas fini, dans le cas contraire, et il a définitivement mieux à faire que de se prendre la tête avec ça. Par ailleurs, les soupçons de Five n’étaient pas nécessairement infondés, il faut quand même l’admettre. On ne peut pas dire que Klaus ait toujours brillé de sincérité à ce sujet…

On ne peut que l’écouter avec un soupçon de suspicion, par la force des choses. Mais bref, Five a l’air au moins un peu calmé, en dépit de ses roulement d’yeux et du jugement constant dans sa voix et son regard (on ne se refait pas). Alors soit, Klaus fera avec. Et même avec plaisir. Dans le fond il est même heureux d’être ici, avec Five, même si les circonstances présentes sont proches d’absurdes.

« Non, je m’en fous pas. Les autres non plus. T’aimes juste te convaincre que c’est le cas. » Oui, il sait que la réalité de la vie de Five est pas simple. Mais au bout d’un moment, ça va bien de se plaindre. Five n’est pas le seul à subir, il n’est pas le seul à avoir une vie merdique. « Pauvre Five qui vit tous les malheurs du monde et qui porte le poids de l’univers sur ses épaules quand nous humbles mortels – oups, immortels, pardon – vivons une vie de rêve, vraiment, quel égoïste je fais », se moque gentiment Klaus. « Arrête de mettre les gens à l’écart en les considérant comme un connard et te plaindre d’être seul, Fivey. C’est mignon au début, mais plus tu prends de l’âge, plus ça devient chiant. » Il soupire. « Je t’en trouve, moi, du boulot, si y a que ça. Ça va t’en boucher un coin, mais y a plein de jeunes qui bossent sans bain de sang, faut juste réviser tes ambitions à la baisse. »