Fébrile, agité, Klaus fait les cent pas en bas de l’immeuble où jusqu’ici il a résisté à l’envie de sonner. Il doit donner un piètre exemple de lui-même, en cet instant, mais s’en fiche à plus forte raison que de toute manière, c’est constamment le cas, mais il avoue qu’il bat sans doute des records, le visage imbibé de larmes, la tenue débraillée, à parler tout seul (pour de vrai, ces macchabées peuvent bien lui foutre la paix le temps d’une soirée, n’est-ce pas), pesant en son esprit le pour et le contre de la décision d’aller sonner à cette fichue porte.
Les contre sont simples et attendus, la bonne vieille routine, en somme. Se droguer c’est mal – super, il en a vraiment rien à foutre en cet instant. Il a tenu plusieurs mois sans toucher à rien, l’alcool passe encore (et encore non ça passe pas, mais la drogue, c’est trop), il a pas envie de passer de nouveau par une violente période de sevrage – bah au pire, il a qu’à ne pas se sevrer, cette fois ? hein ! Il a bien failli crever la dernière fois… Plutôt crever que de vivre sans Mutt. Putain, c’est ce qu’il a vraiment penser. Et il s’est lui-même surpris d’entendre à quel point il est capable de formuler ces paroles dans son esprit sans hésitation. Alors oui, les arguments contre se disputent dans son esprit (et prennent la voix de ce brave Ben pour l’occasion – pauvre Ben qu’il va nécessairement décevoir. Ça, par contre, c’est un contre qui pèse violemment dans la balance).
Les pour, eux, sont nombreux et faciles. Il s’est jeté sur la première bouteille venue comme la misère sur le pauvre monde, et pendant un fragment de seconde, ça lui a fait du bien, mais il peut bien décidé de s’anesthésier le cerveau, l’état d’éthylisme même le plus avancé ne vaut pas un vrai trip à l’ancienne. Mutt a besoin de quelque chose de plus fort, de plus puissant, il ne veut pas juste assourdir ses pensées, il veut leur défoncer la tronche. Foutu pour foutu, hein. Il restait clean pour Mutt. Mais Mutt est parti. Mutt ne reviendra pas. Alors qu’est-ce qu’il en a à foutre. Oui il va bousiller sa vie, mais sa vie est déjà bousillée dans tous les cas, alors qu’elle importance, en fin de compte.
Alors oui, il va y aller. Rien à foutre, il va y aller. Il sonne, plus décidé que jamais. Quand il entend Eddie répondre à l’interphone, il le gratifie d’un « C’est Klausy ! Tu m’ouvres ? » Et il attend. La « bzzzt » caractéristique de l’interphone lui permet d’entrer, et quand il arrive sur le palier d’Eddie, ce dernier l’attend déjà.
« Eddie, ce soir, t’es mon héros ! » fait Klaus en se précipitant dans les bras du concerné. « Petite défonce à l’ancienne, ça te dit ? » Il fait sans chercher à se justifier, comme si ça allait passer… ou parce qu’il sait, justement, que ça ne passera pas.
Ce n’est peut-être pas pour rien qu’il a retrouvé Eddie plutôt que quelqu’un d’autre, au-delà du fait qu’il sait qu’il peut le fournir gratos. Parce qu’il est peut-être le seul qui aura suffisamment de scrupules pour le détourner de démons de plus en plus puissants.
Ses doigts glissant sur les cordes de sa guitare électrique alors que le bruit sourd de la mélodie se fait entendre, faute de ne pas pouvoir allumer son ampli sous peine de se foutre l'immeuble à dos, Eddie s'était posé après une longue journée de travail intense. Les journées d'inventaires au magasin etaient les plus pénibles. Il ne se doutait pas que sa journée n'était pas terminée.
Vient le moment où il se demande ce qu'il mangerait bien ensuite. Sûrement un pot de nouilles instantanées. C'était clairement pas son truc de faire la bouffe et encore plus ce soir. Toujours assit dans son fauteuil, laissant son oreille musicale accorder des notes harmonieuses. Ses gestes finissent par être arrêté par le son dissonant de l'interphone qui lui indique qu'on sonne chez lui.
Eddie soupire, laisse passer une seconde. Il espère juste que ça n'est pas encore les ptits merdeux du quartier qui s'amusent à appuyer sur tous les boutons avant de s'enfuir, tout en pensant qu'ils font une blague horripilante. A la seconde tentative. Eddie fini par poser sa guitare.
" Désolé ma belle, on reprendra notre petit tête à tête plus tard... "
Il se lève, va jusqu'à l'interphone et appuie sur le bouton et il lance de prime abord en blagant et se fichant bien de comment le prendrait la personne de l'autre côté. Mais ceux qui connaissent Eddie ne seront pas choqué.
" J'ai commandé la double peperonni. "
Il a un sourire moqueur qui traduit le fait qu'il rigole à sa propre blague. Puis il entend une voix familière qui n'est autre que celle de Klaus. Au son de sa voix, Eddie le trouve immédiatement bizarre. Il capte tout de suite qu'il a un coup dans le nez alors qu'il sait pertinemment qu'il n'avait plus touché à une goutte d'alcool depuis des mois. Eddie sait ce qu'il cherche en venant ici comme il devine facilement ce qu'il se passe. C'était un peu son super pouvoir. Il ouvre à Klaus sans attendre avant d'aller vers la porte d'entrée de son petit appart et l'ouvre. Il attend que son ami monte jusqu'à lui en croisant les bras le dos collé contre l'encadrement de la porte.
Il le voit sortir de l'ascenseur et se diriger vers lui. Bon, il a vu juste. Il le laisse s'approcher près de lui et le détaille sans rien dire d'abord et malgré les efforts que Klaus faut pour planquer son mal être, Eddie n'est pas dupe.
" T'es bourré. " Lance-t-il sans prendre de pincettes et ça n'est pas une question mais une affirmation. " J'allais me faire des nouilles instantanées, c'est tout ce que je peux t'offrir mon pote. "
Autant être clair, il ne sortira rien qui puisse nuire à Klaus. Il allait vite lui demander ce qu'il s'est passé avec Mutt. Car Oui, c'était forcément ça le soucis: son mec. Ou son fiancé car visiblement ces deux la aiment brûler les étapes. Eddie n'émet aucun jugement. Klaus a trouvé un chic type et il les apprécie tous les deux assez. Il s'écarte de la porte et fait un geste théâtral de la main pour que Klaus entre chez lui.
" Je refuse de te vendre quoi que ce soit. C'est pas bon pour les affaires mais disons que j'ai pas envie de te retrouver à moitié mort au fond d'un squat. C'est l'ami qui te parle. Pose tes fesses ou y a de la place. Tu peux rester ici pour la nuit. Par contre, t'as intérêt à m'annoncer la couleur. " Il marque une pause. " Sinon j'appelle Mutt pour qu'il me raconte tout mais je suppose que c'est pas ce que tu veux. Mais c'est avec bon coeur que je te propose mes magistrales nouilles, aussi magiques quelles en ont l'air. "
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Dernière édition par Eddie Munson le Dim 12 Juin - 22:24, édité 1 fois
« Mais non !! Comment t’as deviné ? » s’exclame Klaus d’un ton qui se veut amusé alors qu’en fai pas franchement quand Eddie observe qu’il est fin bourré. En même temps, vu son état – et vu son haleine –, il ne pourrait que très difficilement s’en cacher. « Des nouilles instantanées ? Mais j’ai envie de pizzas, moi, maintenant ! » fait Klaus qui sent bien qu’Eddie va être difficile à convaincre.
Mais en réalité, c’est sûrement ce qu’il recherchait, quoi qu’inconsciemment, à ce qu’il ne se laisse pas si facilement persuader de le laisser sombrer dans ces vieux travers qui sont tout ce à quoi il se sent encore capable de se raccrocher à l’heure actuelle, quand il a l’impression que tout le reste n’a de toute manière plus d’importance (et le fait d’avoir beaucoup trop bu n’aide pas le moins du monde cette manière de penser), et n’en aura plus jamais quoi qu’il advienne. En cet instant de brume mentale, Klaus n’envisage que vaguement de pouvoir rallier Eddie à sa cause, mais une chose est certaine néanmoins, et c’est qu’il a sans doute bien plus besoin de sa compagnie amicale que de tout ce qu’il serait autrement capable de lui proposer en matière de défonce.
Klaus n’attend que le geste d’Eddie pour faire un pas à l’intérieur, tandis que son hôte lui fait clairement comprendre et en toutes lettres qu’il n’a pas l’intention de lui vendre quoi que ce soit, qu’il n’a pas envie de le retrouver moitié mort au fond d’un squat… Klaus pourrait bien lui rétorquer qu’il saura être prudent, mais c’est faux bien sûr, il ne le sera pas le moins du monde, pas même un seul instant, parce qu’il estime ne plus avoir vraiment de raisons d’être prudent, en fait.
« Je comptais pas te les acheter, je me suis dit que tu pourrais m’en offrir au nom de notre grande, belle et solide amitié », réplique Klaus qui en effet, n’a en réalité pas une thune à dépenser dans quoi que ce soit, pas même dans un bête tacos histoire de calmer son ventre qui gargouille d’autant plus fort qu’il a l’impression qu’Eddie ne fait jamais que lui parler de bouffe, là… Ou c’est juste parce qu’il a vraiment très faim. Klaus trouve une place où s’asseoir et détourne le regard quand Eddie lui fait clairement comprendre qu’il va devoir passer aux aveux. Klaus se doute bien qu’il ne peut pas se pointer là sans que son ami exige des explications… ce n’est pas pour autant qu’il a franchement envie de lui en donner, il faut bien dire ce qui est. Mais s’il est là, c’est peut-être quand même un peu parce qu’il avait en tête que ça pourrait bien arriver. « Et tu sais, c’est pas parce que je suis plus avec Mutt que je vais céder à l’appel de ta nouille légendaire », ajoute-t-il parce que quand même, il ne pouvait décemment pas faire la moindre blague à ce sujet, c’est tout bonnement impossible. Même si cette blague-là a évidemment un goût particulièrement amer. « Ouais, on est plus ensemble. Y a rien à dire de plus », il ajoute plus sombrement.
Eddie connaissait très bien Klaus. Pour qu'il se foute dans un tel état alors qu'il avait fait la promesse de s'en sortir. Du jour au lendemain comme ça, c'est qu'il avait du se passer un truc avec son mec. Il ne répond pas aux fausses allures fanfaronnes de son ami. Il ne peut s'empêcher une légère esquisse de sourire quand il lui avoue qu'il voudrait des Pizza. Retour face à la petite blague qu'il a fait à l'ouverture de la porte.
Klaus entre. Eddie reste debout et attend des explications. Klaus savait que la porte d'Eddie resterait toujours ouverte pour son pote de défonce... Même si aujourd'hui la situation était bien différente. Mais Eddie approuvait que Klaus veuille s'en sortir. Lui, de son côté, ca n'était pas le cas... Sinon, il serait toujours avec Nancy d'ailleurs. Eddie n'a rien contre faire des cadeaux à son ami, mais pas cette fois.
" Alors au nom de notre grande belle et solide amitiée. " Répète-t-il. " Ca sera non. Car je sais ce que ça cache, je te connais assez. "
Mine de rien, Eddie ne voulait pas revoir Klaus plonger, et il avait vu ce que ca avait donné. Il y avait de la défonce pour s'amuser l'espace d'une soirée, et celle qui était là en guise de réconfort vain. Celle qui vous détruit petit à petit.
Eddie n'est pas du genre à passer par quatre chemins alors il annonce tout de suite à Klaus ce qu'il a en tête et qu'il sait être la vérité. Donc il balance tout à son ami. Il n'a pas envie de tourner en rond, ca n'était pas son genre. Il se secoue la tête avec un sourire en coin quant à la blague avec sous entendu que lui fait Klaus. Donc il a bien deviné. Egal à lui même Eddie, marque un temps d'arrêt et observe Klaus avant de se mettre en action et lui répondre.
" Je pense moi qu'il y a beaucoup à dire, sinon tu ne serais pas venu à ma porte me faire du charme. " Il croise les bras et reprend. " Je nous commande des pizzas ? Ca je peux bien te l'offrir et puis... je peux combler au moins ton manque de nicotine. " Lui propose-t-il avait de s'asseoir sur son fauteuil, tirer un paquet de clopes pour en donner une à Klaus, et sortir son téléphone, la cigarette encore éteinte sur le coin des lèvres. Tout en pianotant, il continue la conversation. " Je veux pas dire de conneries, donc raconte moi ce qu'il s'est passé. Tout ce que je peux te dire, c'est bienvenue au club des célibataires au cœur brisé. On devrait monter un club. " Oui, sa rupture avec Nancy était de sa faute même si chaque jour, Eddie regrettait sa décision, il était aussi borné et il se disait que de toute manière, il n'était pas le type qu'il faut pour elle. Ils avaient une dissonance grave entre eux. Ils n'allaient pas ensemble. Leur relation n'avait été que le fruit d'une frustration certaine et du désespoir de se retrouver dans ce monde sans pouvoir rentrer. Un besoin primaire de s'attacher à quelque chose ou quelqu'un de familier. Ils avaient été là l'un pour l'autre mais ca allait s'arrêter là. C'est ce que pensait Eddie. Et clairement, il ne voulait pas faire du mal à Nancy, malgré qu'il en souffrait.
Klaus n’a même pas la force de protester. Dans le fond, il s’attendait à ce qu’Eddie lui refuse le Graal tant espéré. S’il avait vraiment voulu se tourner vers quelqu’un qui lui en fourguerait à coup sûr, il avait d’autres adresses, il aurait pu frapper à une autre porte. Non, en fait, il avait sûrement voulu s’adresser à un ami qui serait capable de le comprendre sans le juger… et de lui payer une bonne pizza dans la foulée, aussi, car à l’évocation de ladite nourriture, il a déjà l’estomac qui gargouille.
En même temps, il a clairement rien mangé de consistant depuis un moment, et même si l’alcool vous remplit le bide, ça satisfait pas l’estomac (encore moins quand on ne se permet pas d’éponger le dit alcool). Bref, faute de weed on bouffe de la pizza comme dit l’adage que Klaus vient tout juste d’avancer, et tant qu’à faire, il n’hésite pas à se morfondre immédiatement, il en a un peu trop besoin. Avec Dave, il avait beaucoup parlé, mais Dave, c’était pas pareil. Dave, c’était compliqué… Avec Eddie, ce sera forcément plus simple de dire ce qu’il a sur le cœur.
« Pizza est nicotine, c’est presque aussi bon que la meth – je déconne, je fais avec ce que tu me donnes », répond Klaus en faisant mine de se marrer, même si c’est d’un rire un peu amer. « Et de la bière, t’as ou tu as peur que ce soit trop pour mon petit cœur d’alcoolique plus-repenti ? »
Il fait semblant de prendre ça à la légère, sauf que non, c’est pas le cas. Et en réalité, il a vraiment mal, et cette situation le met clairement KO… Mais qu’est-ce qu’il peut faire. On s’en fout de l’état de son cœur, dans tous les cas. Il est brisé, son cœur. On en a fait des putains de miettes et elles sont allé s’éparpiller un peu partout sans aucun espoir de pouvoir recoller les morceaux. Alors oui, dans le fond, il considère qu’il n’est plus à ça près. Qu’il n’est plus à rien près, en fait.
« Bon… » Klaus prend une grande inspiration, il sait pas trop par où commencer. Surtout, il veut pas donner le mauvais rôle à Mutt. Parce que dans cette situation, il peut pas s’empêcher de penser que s’il avait fait tout un tas de trucs différemment, la situation n’aurait pas à ce point dégénéré. « J’ai découvert qu’il me trompait. » Il grimace. « Putain, ça fait mal de le dire à voix haute. » Le rire qui s’échappe de ses lèvres est teinté d’amertume. « Il me disait qu’il allait chez sa mère alors qu’en fait il payait des restos à sa maîtresse super bien gaulée… » Il soupire. « Il me manque j’te jure… Je sais pas comment je vais faire sans lui. » Il soupire. « Mais nous met pas dans le même panier, par contre ! Toi, tu récupères Nancy quand tu veux ! » il ajoute, bien au courant des déboires sentimentaux de son ami.
Il sait bien que Klaus a des choses à dire à cet instant. Il ne serait pas venu vers lui sinon. Il avait besoin d'un vrai soutien et pas de se défoncer. Il ne le dirait pas, mais en venant à faire ce genre de choses il montrait à quel point il se souciait quand même de ça. Alors Eddie veut être là pour son ami et commande un pizza tout en proposant une clope à Klaus. Avant de lui même s'en griller une pour la peine. Avachi dans son fauteuil, il laisse tomber son téléphone. Il fixe de nouveau Klaus de son regard sombre avant de froncer légèrement les sourcils tout en lui disant:
" Y'a des bières au frigo. " De ce côté là c'était trop tard et ca n'était pas une bière qui allait le foutre en l'air. Eddie lui annonce sans se lever. Si Klaus veut sa bière, il ira se la chercher tout seul comme un grand.
Mais en attendant, il écoute ce que Klaus a à lui dire concernant ce qu'il se passe avec Mutt et il est bien sûr tout ouïe. Il voit que ca fait du mal à Klaus d'en parler et il y a de quoi. Par contre à la seconde où il balance que Mutt l'a trompé. Eddie a peut être une réaction totalement déplacé mais il a une exclamation de surprise mêlé à un rire qu'il ne peut retenir.
Il ne se moque pas de Klaus mais... ca l'étonne et il trouve ca un peu... bizarre... ironique ou autre... Ca cloche... Ca cloche et ca le rend nerveux d'un seul coup et bon, Eddie peut avoir parfois des réactions disproportionné aussi. Mais il se reprend. Car il comprend la situation.
" Excuse moi... C'est juste... étonnamment étonnant pour le coup... Termine... " Il lui expliquera ce qu'il pense à la fin. Alors Eddie continue de tirer de plus en plus une tête bizarre quand il parle d'une nana super bien gaulé. Et grimace quand il parle de Nancy. " Détourne pas le sujet avec Nancy. C'est encore un autre truc ça... " Lui balance-t-il en se redressant, les fesses sur le bord du fauteuil, trop accaparé par l'histoire de Klaus tout de suite. " C'est pas possible. " Lui annonce-t-il de but en blanc. Presque sûr de lui pour le coup. Que Mutt trompe Klaus ? Mais c'est une vaste blague qu'Eddie ne peut intégrer. Il se secoue la tête. " T'es sûr que c'est ca ? Parce que j'te jure, il est à cran de toi, il te kiffe de ouf ! Et je le vois pas aller voir ailleurs. Votre amour c'est un truc de dingue ! " Il roule des yeux. " Bon y'a pleins de truc dont je comprends rien mais ça mec ! J'en suis sûr ! " Il grimace de nouveau, se secoue la tête.
Klaus applaudit des deux mains avec un enthousiasme démesuré pour seulement une petite bière, mais au moins on ne lui refuse pas ça. En même temps, il est sûr que c’est effectivement trop tard, et ce n’est pas une bière qui y changera grand-chose. Au moins, il n’a pas succombé à quoi que ce soit de plus fort, et c’est un bon début. Klaus tire sur sa clope en essayant d’y trouver plus de satisfaction qu’il ne ressent réellement quand Eddie vient lui apporter une bière. Il trouve un sourire à lui adresser au moment de s’en saisir, une manière de donner le change avant d’en dire plus sur ce qui s’était passé avec Mutt.
Klaus se rembrunit au moment d’entendre Eddie se marrer… Ben super, ça fait plaisir… Finalement, Eddie n’était peut-être pas l’oreille attentive qu’il recherchait. D’un autre côté, il n’a pas tort, lui aussi trouve ça improbable… mais le pire dans tout ça, c’est que la suspicion de tromperie, c’était juste le sommet de l’iceberg, c’est juste ce qui a mis le feu aux poudres. Et oui, peut-être que c’est risible, mais Klaus n’a aucune envie de rire, en ce qui le concerne.
« Oui bah dis tout de suite que je suis taré ou parano », soupire Klaus, sur la défensive.
Si en plus, après avoir pris la décision douloureuse de quitter Mutt, il devait s’entendre affirmer de toute part qu’il était forcément fautif et que Mutt était le « gentil » de l’histoire, autant s’enterrer tout de suite dans le premier squat venu. Ce n’est pas comme s’il avait vraiment besoin de qui que ce soit pour prendre conscience d’à quel point il a gâché sa vie…
« C’est pas que ça, de toute façon, c’est un tout, ça fait un moment que ça va pas, qu’il me ment constamment. » Il pousse un soupir, se réfugie derrière une gorgée de bière. « Je sais qu’il m’aime. Et moi aussi je l’aime, comme un fou. »
C’est ça qui fait le plus mal au bout du compte : dans tous les cas, leur amour est une certitude. Ce qu’ils ont l’un pour l’autre, la connexion qu’ils partagent, ce n’est pas quelque chose que l’on est en mesure de prétendre ou de feindre, c’est clairement réel… Et c’est encore plus douloureux d’en avoir si sûrement conscience et de ne rien pouvoir y faire du tout.
« Mais l’amour, ça suffit pas toujours. J’sais que c’est con, dis comme ça, mais c’est vrai. » Il pousse un soupir et vide le reste de sa bouteille presque cul-sec avant de daigner reprendre la parole. « De toute façon, c’est trop tard, j’ai complètement merdé. »
Il n’aurait jamais dû retrouver Dave, il n’aurait jamais dû l’embrasser. Avec ou sans ça, sa situation serait restée la même, certes, mais à présent, il se sent sale, stupide, coupable… il a vraiment déconné sur toute la ligne et il le sait pertinemment, malheureusement. Il ne peut pas revenir sur ce qu’il a fait, et pour la peine, il se sent vraiment misérable. Absolument pitoyable.
Eddie ne voulait pas braquer Klaus mais il savait qu'il avait parfois des réactions un peu disproportionnées. Mais ca avait été plus fort que lui, parfois il ne pouvait pas cacher ses réactions. Il était fait comme ça. Alors Eddie essaye d'apaiser tout ca en faisant des signes de mains.
" Désolé mec, je voulais pas te braquer, c'est juste la surprise. Et je sais très bien que t'es pas parano. "
Il l'écoute ensuite. Klaus avait envie de lui parler et de se confier, c'était déjà ça. Après Eddie pouvait être un sacré bon ami malgré les apparences et il voulait être là pour Klaus. Il l'avait toujours été. Car mine de rien, il savait aussi ce que c'était d'être un outsider et pas compris par beaucoup de monde. Après l'amour, il connaissait et ca faisait mal. Il le savait. Comme on pouvait avoir des erreurs de jugement lorsqu'on était trop perdu dans les méandres de l'amour. Bien souvent c'est le coeur qui faisait sa lois, pas la tête. Eddie soupire tristement en écoutant Klaus. Il laisse un long silence planer, afin qu'il se pose et réfléchisse à ce qu'il va dire.
" Je suis désolé pour toi... " Il ne veut pas donner raison à Klaus et pourtant, il connaissait bien. " L'amour ça ne suffit pas parfois... Et j'en sais quelque chose... " Sa relation avec Nancy était là pour en attester malheureusement.
Klaus commence alors à avouer autre chose qui lui met la puce à l'oreille. Il fronce un sourcil et prend un air perplexe tout en disant:
" Qu'est ce que t'as fait ? Trop tard comment ? " Il comprend assez rapidement. " Hooooo ! J'ai envie de te dire que c'est assez humain et puis... Tu t'es dit que de toute manière, il t'a fait la même chose alors. " Il se lève pour aller chercher son porte feuille, voyant l'heure passer, les pizzas ne devraient pas tarder à arriver. " Bon je suis -Et m'engueule pas- quand même pas convaincu qu'il t'ait trompé. Mais ca n'est que mon avis. Vous pouvez vous friter sur pas mal de truc okay... Il t'a surement menti mais... ca peut clairement pas être un autre truc ? " Eddie ne pouvait que supposer, il n'y était pas. Et il ne voulait pas remettre en cause ce que Klaus dit, juste... il essayait de comprendre comment une situation a pu si vite dégénérer.
Klaus sait bien qu’Eddie n’a pas voulu le braquer, mais pour le coup, il n’a pas besoin de grand-chose pour l’être. Parce qu’il est fatigué, déprimé, bourré… tout à la fois. Autant dire que ce n’est pas le cocktail idéal pour l’aider à se comporter convenablement quand on lui fait une remarque qui le blesse ou bien encore qui le met plus bas que terre. C’est pas comme s’il pouvait y faire quelque chose, maintenant, dans tous les cas, c’est pas comme s’il avait la moindre chance de récupérer Mutt… Alors, à partir de là, qu’est-ce qu’il est supposé faire ? Se torturer de questions ou plutôt essayer de toutes les étouffer sous une quantité absurde de substance illicite. Klaus a déjà fait son choix, largement. Et il n’a pas l’intention d’en démordre. D’autant qu’il réussit à se convaincre – ce con –, que c’est la seule décision.
Klaus affiche un sourire empreint d’amertume quand Eddie admet que oui, l’amour ça suffit pas toujours et qu’il ait bien placé pour le savoir. Forcément, il fait référence à Nancy, mais là, pour le coup, Klaus considère que leurs situations n’ont rien à voir. Eddie pourrait la récupérer quand il veut, Klaus est sûr de ça. Mais il est pas en état de lui faire la morale, et encore moins d’avoir l’air crédible à ce sujet. Alors tant pis, il pourra toujours revenir sur le sujet quand il aura mangé… Peut-être. Ou pas.
Là, de toute façon, à parler de la connerie qu’il a faite, il a complètement distrait Eddie qui, bien sûr, ne met pas longtemps à comprendre ce qu’il a bien pu faire.
« Non, c’est pas vraiment ça… », réplique Klaus quand Eddie tente de justifier sa tromperie (qui n’en est pas vraiment une, mais pour Klaus, ça revient au même), aux yeux du principal concerné impardonnable. Il a pas retrouvé Dave dans l’intention de se venger, c’est pas du tout ce qui lui était venu en tête à ce moment-là. Il avait juste voulu avoir le sentiment de compter pour quelqu’un, lui qui a toujours, tout naturellement, gâché toutes ses plus belles histoires d’amour, comme s’il était juste incapable de se raisonner un peu, de réfléchir deux secondes à la portée de ses actes. Humain ou pas, il s’en fiche. Il a beaucoup trop merdé, c’est normal qu’il en paye le prix maintenant. C’est logique. Et il va pas jouer les planqués ou s’inventer des excuses dans tous les cas. Il mérite d’avoir mal… et surtout, il veut avoir mal. « C’est la soirée où on retourne le couteau dans la plaie ou c’est comment ? Je voulais juste bouffer de la pizza, me défoncer la gueule, pas faire l’apologie de saint Mutty qui est de toute façon trop bien pour moi et qui me tromperait jamais de la vie. » Il pousse un soupir. « Si, je suis pas certain non plus qu’il m’ait trompé, d’accord ? Mais si c’est pas le cas, c’est pire. Il préfère encore que je crois ça plutôt que de m’avouer pourquoi il me ment. Donc s’il me trompe pas, c’est que c’est encore pire. Wouhou… »
Visiblement tout ce qui sortait de la bouche d'Eddie était mal pris et déformé par Klaus et Eddie pouvait être sympa mais il commençait aussi à s'agacer alors il commence déjà par rouler des yeux. Et en même temps, il n'avait pas envie de Klaus se retrouve chez un dealeur n'ayant pas de scrupules. Si Klaus était là, c'est qu'il avait besoin d'aide. Mais rester à fermer sa gueule c'est pas son truc à Munson. Alors il siffle d'énervement avant de lui rétorquer.
" C'est qu'on est de mauvais poil là... J'suis pas là pour faire ton procès. Allez j'te crois, hein ? Comme ca t'arrêteras de me les briser 5 minutes. " Il jete son porte monnaie sur la table de cuisine nonchalamment et reprend sa clope. " Personne n'est parfait. Et c'est pas moi qui vais te faire la morale. Après arrête de foutre ton mec... Enfin ton ex... Ou je sais pas là toute de suite, sur un piédestal... " Mais Eddie ne peut décidément pas laisser les choses en suspend. Il prend une grande inspiration, tirant une latte, la recrachant tout en haussant les épaules avant d'enchainer. " Mais bon... Tu me dis ce que tu me dis, t'en es pas sûr toi même. Mais il t'a quand même menti. Et toi... Toi t'as fait ce qui te semblait bon sur l'instant. "
L'interphone sonne. C'est les pizzas. Eddie embarque ses billets et va à la porte pour faire monter le type qui arrive rapidement. Il donne la thune au gars et ramène la bouffe sur la petite table de cuisine qu'il laisse tomber dessus.
" Une bière, et des pizzas. " Il montre la petite table d'un air théâtral en faisant un sourire forcé. " Ouais, c'est pas le rêve que t'imagine mais c'est un début. Allez, arrête de tirer la gueule et vient de remplir l'estomac de ces délicieuses choses. " Il se tire deux trois lattes rapidement en se dandinant jusque dans la cuisine et en allant chercher des couteaux au cas ou ils devraient découper les pizzas et d'autres petites choses avant d'écraser le reste de sa clope dans un cendrier qui se trouve là. Il revient et dépose tout sur la table avant de s'asseoir et de découvrir ce que cache son carton. A vrai dire, voir la pizza comme ca, humer sa bonne odeur lui donnait l'eau à la bouche. Eddie entame son repas non sans gourmandise.
Klaus grimace. Au fond, il a quand même conscience de passer ses nerfs sur Eddie, qui ne veut que son bien et l’aider, et que ce n’est pas très juste, mais en même temps… Oui, évidemment qu’il est de mauvais poil ! Forcément qu’il est de mauvais poil… Il a perdu l’amour de sa vie et c’est en train de le bouffer de l’intérieur. Le simple fait de parler de lui, de prononcer son nom, ça le bouffe, ça le détruit. Partant de là, et même si ce n’est pas juste du tout pour Eddie, il n’arrive pas à lui reprocher des choses qu’en fait, il se reproche à lui-même. Chaque doute émis par Eddie est là pour le placer face à ses responsabilités négligées, ou du moins il le ressent comme ça.
Et non, il est pas capable de mettre Mutt autrement que sur un piédestal, parce que même quand il lui ment ou qu’il fait de la merde d’un milliard de façons, il reste l’homme qu’il aime, sa raison d’être. C’est ça, il a l’impression qu’on l’a coupé de son oxygène, et maintenant, il ne sait pas quoi faire. Eddie est la preuve vivante qu’il n’est pas seul, et il le sait, quelque part, il a sa fratrie… mais tout en cet instant lui manque, et même ceux qui sont techniquement auprès de lui lui donnent le sentiment d’être ni plus ni moins qu’à des années-lumière… Il est… perdu. Il est malheureux. Et il a bien du mal à passer outre ces émotions qui les submergent et qu’il fait payer aux autres.
Heureusement qu’Eddie ne s’en laisse pas compter et sait le remettre à sa place, car une chose est certaine, et c’est que Klaus en a définitivement le plus grand besoin à l’heure actuelle. Il baisse le regard quand Eddie précise que lui… il a fait ce qui lui semblait bon sur l’instant. Mais même comme ça, ça ne lui avait pas semblé si bien que ça, et résultat des courses, il se sent vraiment comme une merde. Et il sait qu’il s’est rapproché de la bonne personne pour l’aider à se sentir mieux.
Déjà, ils ont de la bière et des pizzas, on va dire que c’est un début effectivement. Et franchement, Klaus ne demande pas beaucoup mieux à l’heure actuelle. Il en faudra clairement beaucoup plus pour qu’il arrête de tirer la gueule, mais au moins, il consent à se servir une part de pizza, qu’il dévore presque en une bouchée. Faut admettre qu’il avait sacrément faim. Et même si calmer son estomac ne répare pas son cœur, c’est toujours ça de pris. Ce qui ne l’empêche, sa première part de pizza savourer, de verser presque immédiatement dans le mélodrame.
« Je sais pas ce que je vais devenir sans lui. C’est comme si… C’est comme si on m’avait vidé de toute ma substance – et pas dans le bon sens du terme, hein. » Il se marre doucement à sa propre blague… qu’il ne trouve pourtant pas si drôle que ça. « J’suis perdu. »
Eddie était peut être un peu dur avec Klaus à cet instant, mais ca le faisait chier cette histoire. Car Klaus et Mutt étaient bien ensemble, et ca n'était pas pour faire plaisir à Klaus, mais il savait que Mutt pouvait le sortir de sa merde. Klaus allait de l'avant avec lui et voir que tout dégringolait pour surement un mensonge à la con... Oui, ca ne plaisait pas à Eddie. Et il voulait un peu secouer Klaus pour la peine. Parce qu'il appréciait son ami et il voulait être là pour lui. Comme le fait que sa porte soit toujours ouverte pour le quatrième Hargreeves.
Les pizzas arrivent et il les installe sur sa petite table de cuisine pour que Klaus vienne avec lui manger un bout. Et il voit bien son air de chien battu, il s'en voudrait presque de lui avoir mal parlé juste avant. Il voit aussi que Klaus se jette sur la bouffe. Eddie mange plus calmement.
Eddie peut comprendre ce que ressent Klaus car il ressent la même chose avec Nancy et ca fini par passer en surface. On réapprend à vivre même si on garde cette obsession en nous. C'est d'un amour fort que parlait Klaus, celui qui transcende à la fois et qui détruit en même temps. Eddie a un sourire et une exclamation à sa blague foireuse.
Il laisse planer un léger silence, cherchant les meilleurs mots à employer.
" Je te comprends... " Il roule des yeux. " T'as beau dire que c'est pas pareil avec Nancy mais je suis pas d'accord et je te comprends. " Il repose sa pizza dans son carton. " Mais on fini par apprendre à vivre avec. Je ne te dirai pas que tu l'oublieras et que tu oublieras ce que tu as vécu mais... ce vide tu vas continuer à le ressentir. Je suis désolé pour toi mec... vraiment... J'y croyais grave à votre histoire en fait, et j'ai du mal à m'y faire... " Il attrape sa bière. " Et je suis désolé de t'avoir mal parlé là, mais... ca me fait chier parce qu'il y en avait au moins un de nous deux qui s'en sortaient alors c'était... " Il hausse les épaules. " ... cool. "
Il a la gorge nouée Eddie à reparler de ses propres histoires, car clairement ce qui arrivait à Klaus faisait echos à ses propres sentiments. Il repose sa bière, et pose une main sur l'avant bras de Klaus en la serrant avec douceur et soutient.
" Je suis là. Je resterai là pour toi. Et je t'aiderai, d'accord ? Et s'il te plait, fais pas comme moi, je suis pas un exemple mon vieux... " Il a un sourire triste. " Pas de drogue mais je peux picoler avec toi avec plaisir pour t'accompagner... " Il regarde sa montre. " Par contre, faut que je regarde l'heure, le p'tit monstre va pas tarder à rentrer. " Il parlait de Jane, et trouver Eddie mort dans un coin, ca n'était pas le meilleur programme au monde. Bien qu'elle ait déjà assisté à certains de ses aléas alcooliques. Mais Eddie essayait clairement de la préserver de tout ca.
« Je te comprends. » Ce sont des mots que Klaus avait eu terriblement besoin d’entendre, plus qu’il ne l’avait soupçonné avant qu’Eddie ne les prononce. Oui, il avait eu profondément besoin de se sentir entendu et compris, à l’heure où sa douleur semble trop insoutenable, il a besoin que quelqu’un soit capable de véritablement l’identifier, et il a le sentiment qu’Eddie, empathique comme à son habitude, en est réellement capable. C’est sans doute, d’ailleurs, parce qu’il a conscience de son caractère profondément empathique qu’il s’est tourné vers lui en premier lieu. Et il ne le regrette pas. Il n’a pas été tendre avec lui, clairement, mais Eddie sait quand même dire les mots qu’il faut et dont Klaus a besoin pour parvenir non pas à remonter la pente, c’est trop tôt pour ça, mais pour réussir à se sentir ne serait-ce qu’un tout petit peu mieux.
Oui, il continue de penser qu’Eddie et Nancy, c’est pas pareil, et que les deux pourraient vraiment être ensemble, mais il ne cherchera pas à le contredire pour autant, parce que y a tout de même une chose concernant laquelle il est convaincu qu’ils sont sur la même longueur d’ondes, et c’est le fait qu’il est lui aussi fou amoureux et souffre de ne pas être avec la personne qu’il aime. Ah… pourquoi faut-il que les relations amoureuses soient un tel casse-tête, hein ? Pourtant, dans les moments où tout va bien, tout semble si simple, si évident, qu’on a l’impression qu’aucune ombre ne pourrait venir noircir ce tableau idyllique – mais ça, c’est parce que l’amour rend aussi particulièrement con, faut quand même le dire. Il finira par vivre avec. Probablement, oui… mais il n’en est pas sûr. Il ne s’étaient jamais complètement remis de la perte de Dave (bon, il l’avait perdu dans des circonstances autrement plus tragiques, il faut le dire aussi), et ce qu’il ressent pour Klaus est encore plus profond, plus fort, plus viscéral… Il apprendra à faire avec, mais il n’enterrera jamais ses sentiments, il est absolument convaincu de ça, il ne peut pas lutter contre la force de ses sentiments. Et donc, il le portera sur son cœur pendant très longtemps. Et oui, Klaus sait qu’Eddie est sincère quand il affirme qu’il y croyait à fond, à leur histoire, qu’il ne s’était pas imaginé que ça s’arrête.
« Ouais… », soupire Klaus entre deux gorgées de bière. « Moi aussi j’y croyais grave. »
Et une part de lui y croit peut-être toujours, mais c’est une part de lui qu’il cherche à étouffer. Il a conscience que c’est beaucoup trop dangereux de croire une chose pareille. Ce sont des émotions qu’il doit refouler pour, le pense-t-il, son propre bien.
« Putain, j’oublie constamment que tu joues les nounous pour une grande ado », remarque Klaus avec un sourire, les lèvres jamais trop éloignées du goulot de sa bière. « Ça se passe bien avec elle ? Elle te rend pas la vie trop infernale ? »
Est-ce qu’il tenterait pas de changer de sujet pas du tout subtilement ? Comment avez-vous deviné ?
Eddie voulait clairement aider son ami du mieux qu'il pouvait. Il sait qu'il ne pourra pas esquiver la douleur. La douleur est nécessaire dans ce genre d'épreuve. Une part de lui, espérait que Klaus retrouve Mutt. Et que cette histoire reste derrière eux, mais rien n'est certain et il ne peut pas jouer sur le destin. Il ne pouvait que le faire en tant que MJ en partie de JDR. Là, il restait impuissant. Et c'était frustrant.
Et ca n'est pas pour faire plaisir à Klaus qu'il dit ces mots, mais il le pense clairement. Il pensait qu'entre lui et Mutt c'était du solide. Ce genre de relation où tu ne peux que te sentir vivre à 100%. Mais peut être que ce genre de relation n'était pas faite pour durer car elles finissent malgré tout à vous ronger jusqu'au bout et voilà le résultat... Eddie tapote le bras de Klaus en lui faisant un sourire compatissant.
" Si tu veux rester ici autant de temps que tu le veux. " Il voulait être là pour lui. " Et si tu veux, on va te trouver des occupations. Ca passe mieux quand on s'occupe la tête. " Dit-il dans un sourire. " Tiens, je t'invite à une de mes campagnes un soir, ca te dit ? Je sais que c'est pas ton délire... Mais bon, je te promets de la malbouffe à profusion, et de me voir dans mon meilleur rôle. Comment refuser ? " Il fait un signe négatif de la tête en faisant une grimace. " Non, tu ne refuseras pas. Je te l'interdits ! J'ai besoin de recrues dans mon Hellfire Club. "
Histoire de le faire bouger, c'est tout ce qu'il peut faire pour l'heure mais c'est déjà pas mal. Il rappelle à Klaus que Jane risque de rentrer à n'importe quel moment, alors peut être que se torcher la gueule jusqu'à n'en plus pouvoir, n'est pas la meilleure des idées. Mais Jane en aura vu d'autres avec Eddie, bien qu'il essaye de tenir son rôle de tuteur très au sérieux. Il a un léger sourire qui se dessine sur ses lèvres lorsqu'il parle de Jane.
" Ca va... Parfois elle garde les choses pour elle, mais c'est une ado. " Il boit une gorgée de sa bière. " J'aimerai qu'elle apprenne à me faire un peu plus confiance pour ses... trucs d'ado quoi... Mais c'est plutôt moi le sale gosse dans l'histoire, pas l'inverse. Soyons réaliste. " Dit-il en riant un peu. " Je voulais juste pas la laisser seule à l'orphelinat, c'était la moindre des choses. C'est pas un palace ici, mais au moins, elle a sa chambre et elle peut faire ce qu'elle veut. Que demander de plus ? Et puis ca occupe mes longues soirées... " Il se marre. " Putain je commence à parler comme un vieux là, arrête moi tout de suite. Elle est passée où l'époque où on se tapait des défonces sans se soucier du lendemain ? Et à taper nos petites aventures torrides et inavouables. " Eddie préfère ne pas y repenser, c'était bien loin cette époque. Pas qu'il ait arrêté ses conneries avec la drogue et ses entourloupes mais disons qu'il essayait d'être plus stable. Au moins pour la gamine. Seul ? Il continuerait surement sa merde.
Klaus affiche un fin sourire mais ne répond pas quand Eddie suggère qu’il peut bien rester là autant de temps qu’il le souhaite. Il veut se laisser le temps d’y réfléchir. Ce serait pas bête, et il dit pas non au fait d’avoir un toit au-dessus de la tête, mais comme mentionné plus tard, y a une gamine de dix-huit ans qui se balade dans cet appartement (ce qui veut dire que Klaus devra lui-même éviter de s’y promener à poil – oui, c’est une vrai problème). En fait, il ne sait pas trop où il va ni ce qu’il veut. Il sait qu’il a envie de quelque chose de beaucoup plus fort que les bières qu’Eddie lui propose, et ça, ça reste aussi comme une idée fixe et oppressante qui n’arrange bien évidemment rien du tout.
« Tu veux m’inviter à une de tes assemblées de geeks qui s’extasient sur des dés et des figurines ? » répète Klaus quand Eddie lui propose de rejoindre une de ses campagnes. Il ne le dit pas pour être blessant, il ne dit de toute façon rien à Eddie que ce dernier ne sache déjà, les délires de type Donjons et Dragons, ce n’est définitivement pas son truc. En revanche, il ne dit pas non à de la bonne bouffe et à une bonne compagnie. Sans compter que Klaus est convaincue que la personnalité éclatante d’Eddie Munson est susceptible de rendre intéressante n’importe quelle réunion de geeks. « Mais si monseigneur démoniaque m’oblige, alors j’obéirai », ajoute-t-il avec un sourire en coin. « Mais ne lésine pas sur la malbouffe, t’es prévenu. »
Le sujet dérive sur Jane, la gamine dont Eddie a clairement la bonté d’âme de s’occuper. Klaus ne la connaît que de vue, il n’a pas vraiment d’opinion à son sujet, mais il admire la patience d’Eddie. Le plus près d’un ado qu’il côtoie, de son côté, c’est son frère soixantenaire, alors il ne peut pas vraiment s’identifier, mais il imagine sans mal que ça ne doit pas être simple, surtout si Jane n’est jamais qu’une ado comme les autres, à faire ses trucs d’ado. Le sourire de Klaus s’agrandit quand même (merci Eddie de réussir à faire sourire notre Klaus dépressif, il en avait très clairement besoin).
« T’es vraiment quelqu’un, mère Theresa », le complimente Klaus en déposant une tape amicale sur son épaule, alors qu’Eddie admet qu’il ne pouvait juste pas laisser cette fille à l’orphelinat avant d’admettre qu’il reste le grand gamin entre les deux. « Et oui, je confirme, tu causes vraiment comme un daron, mais t’en fais pas, comme un daron cool, pas le genre papa-taré qui organise des soirées pyjama dans des cryptes hantées. »
Le visage de Klaus se referme quand même légèrement quand Eddie se demande où est passée cette bonne vieille époque où ils se contentaient de se taper de bonnes vieilles défonces et faisaient des folies de leur corps.
« Pour moi, c’est reparti pour un tour », résume-t-il alors, plus sombre, avant de boire une longue gorgée de sa bière.
Klaus a l'air dubitatif concernant le genre d'assemblée dans lequel Eddie aimerait l'emmener. Après s'il pouvait le faire penser radicalement à autre chose pourquoi pas. Même si Klaus ne devient pas un adepte du Hellfire, il passerait un bon moment, il pourrait se poser, et ne pas rester seul. Eddie pensait à faire celà dans cet optique là surtout.
" C'est l'idée oui. " Dit-il le nez retroussé dans une moue moqueuse. Il se marre doucement à la suite. " Hoooo ca t'en fais pas ! Je t'ai déjà prouvé mes talents culinaires plus d'une fois en plus. "
Rien de mieux qu'une bonne soirée à manger de la merde et à partir dans des guerres épiques de toutes sortes. Eddie aimait tellement ces soirées là, et il les attendait toujours avec beaucoup d'impatience.
Puis le sujet dérive sur Jane, Eddie se confie à Klaus, dont il voit le sourire s'élargir un peu alors qu'il le nomme Mère Théresa. Eddie laisse échapper un tssss familier en fronçant les sourcils et en faisant une petite moue infantile. Eddie faisait ce qui le semblait juste et l'apparence ne faisait clairement pas tout. Alors que beaucoup pouvait le prendre pour un taré par son look, à moitié sataniste, il était plutôt l'inverse et avait la main sur le cœur. Il s'exclame alors à la remarque de Klaus.
" Ha tu me rassures, car je pensais que c'est ce que je montrai plutôt aux gens ! " Il réfléchit et plisse les yeux. " Une soirée pyjama dans une crypte hantée... Mais qu'elle bonne idée ! " Dit il avant de se marrer franchement. Laissant planer le doute sur le fait qu'il était sérieux ou non.
L'air morose de Klaus revient à sa dernière remarque alors qu'il lui annonce qu'il était reparti pour un tour. Ca faisait clairement de la peine à Eddie qui avait envie de le pousser vers le haut.
" Dis pas ça... " Paroles bateaux... Il baisse le nez. " Tu vas t'en sortir, t'es fait de ceux qui remontent la pente. Et t'es pas tout seul. Je ne sais clairement pas si ca peut te rassurer de savoir que je suis là ! "
Et peut être que les choses s'arrangeront d'elle même aussi après tout.
Klaus, au fond, est plutôt curieux, et prêt à n’importe quelles fantaisies pour se sortir Mutt de la tête et penser à autre chose. Clairement, les soirées JDR, ça lui vent pas du rêve, mais si on lui présente ça comme l’occasion de passer du bon temps avec des potes en se gavant de cochonneries et en délirant sur tout et n’importe quoi, tout de suite, il est bel et bien partant. Il verra bien ce que ça donnera, il sait qu’Eddie, de son côté, n’est que bien intentionné vis-à-vis de lui : il n’a pas vraiment d’inquiétude à se faire, au fond.
Klaus adresse à son ami une très légère esquisse de sourire (c’est le mieux qu’il sache faire à l’heure actuelle) quand Eddie reprend en suggérant que passer une soirée pyjama dans une crypte hantée serait la meilleure idée du monde. Pour l’avoir vécu et avoir été particulièrement traumatisé par ces événements, il n’ira pas dire que c’est quelque chose d’incroyable – loin, très loin de là –, mais c’est vrai que tel que le résume son ami, d’un seul coup, ça a l’air stylé, et même lui serait capable d’être partant… sur le papier, seulement. Parce que les lieux hantés, ça ne lui inspire pas grand-chose, au final. Et pour cause : c’est sa vie entière, à lui, qui est hantée… très littéralement, pour le coup.
Mais pas seulement. A l’heure actuelle, ce sont ses pensées qui sont hantées, hantées par l’image de Mutt, qui est partout, absolument partout. Ils peuvent parler de tous les sujets du monde, c’est toujours à l’homme qu’il aime que Klaus pense : l’homme qu’il aime et qu’il a perdu, l’homme qu’il aime et ne retrouvera plus jamais – c’est du moins ce dont il est convaincu à l’heure actuelle. Oui, il n’arrive pas à penser à autre chose, c’est absolument impossible, il n’y arrive tout simplement pas, c’est impossible, absolument impossible.
Et ouais, Klaus est défaitiste. Il se voit reprendre le cours d’une vie de débauche qui le faisait franchement marrer à l’époque, mais à laquelle il n’aspire plus, à présent. Au contact de Mutt, Klaus a changé sans même s’en rendre compte, au contact de Mutt, il est devenu la meilleure version de lui-même, grâce à lui… maintenant, il sera probablement la version la plus médiocre de lui-même, sans lui. Il n’arrive pas à concevoir qu’il puisse en être autrement.
« Je sais que t’es là, et merci. » Il sourit. « Faut que je t’avoue, si je suis venu te voir, c’était exactement pour ça. » Pour pas qu’il le laisse flancher, pour avoir ses conseils et son amitié, pour sa présence. « Donc merci d’être là. » Il pousse un soupir. « J’ai le droit de considérer ce merveilleux canapé bien confortable comme mon lit pour cette nuit, du coup ? »
Eddie était toujours content de pouvoir aider ses amis. Il n'en avait pas beaucoup mais il pouvait être un ami loyal qui ne laisse pas tomber ses amis. Et Klaus a clairement besoin d'aide à l'heure d'aujourd'hui. Il préférait voir Klaus chez lui que de le retrouver à moitié mort dans un squat. Il espérait au moins que sa présence puisse l'aider un temps soit peu. Peut être le sortir totalement du trou mais le pousser vers le haut du moins.
Il sourit à Klaus quand celui-ci lui avoue qu'il est venu le voir parce qu'il sait qu'il peut compter sur lui. Il n'en faut pas plus à Eddie. Au moins, son ami est au courant de ce qu'il peut lui apporter dans ce bas monde.
" Les potes c'est fait pour ca ! " Lui confirme-t-il dans un sourire. " Moi qui pensais que t'étais juste venu me voir pour me piller mon frigo. " Dit-il avec humour. " Ouaip... Il est tout à toi. Tu peux rester autant que tu le souhaites d'ailleurs. Je te laisserai pas à la rue. " Il était sincère. " Et puis, tu pourras surveiller le monstre quand je suis pas là. " Ajoute-t-il en se levant et en commençant à débarrasser les cartons de pizza pour les mettre à la poubelle. " Je peux te sortir une couette, et un oreiller... Tu peux utiliser la salle de bain aussi... " Dit-il en débarrassant de la cuisine. " Ouais, tu me l'as déjà dit, je deviens du genre daron, mais... " Il s'arrête, fronce les sourcils et se tourne vers Klaus en disant. " Je dois t'avouer un truc: j'aime ça ! "
Il croit entendre la porte commencer à s'ouvrir. Eddie regarde Klaus en haussant les sourcils tout en revenant vers la petite table. En voyant la nouvelle arrivante, il lâche d'abord un: " Quand on parle du loup. " Il sourit à Jane en la voyant. " Hey ! Fais pas gaffe... " Dit-il avec humour. " Je vais pas te dire qu'il sera discret, il ne l'est clairement pas. Bref... Klaus est un pote, il va squatter le canapé ce soir et p'tet. " Il regarde Klaus en fronçant les sourcils. " D'autres soirs... " Lui annonce-t-il, sans lui demander si ca lui va ou non, mais bon, il n'allait pas laisser Klaus dehors. Et puis, il connaît Klaus, il se fera aimer par la demoiselle en deux minutes chrono. " J'ai des gaufres, et j't'ai gardé de la pizza. T'en veux ? " Lui propose-t-il. Il se tourne vers Klaus. " Tiens des gaufres en dessert, ca te dit aussi ? Avec une tonne de chantilly et de truc au sucre là qui font des étoiles et qui croustilles. Le genre pas bon pour les dents. "
« Je plaçais pas beaucoup d’espoir dans ton frigo », fait Klaus avec un grand sourire amusé.
Son frigo, son canapé, sa weed… tout ça, c’est des extras, mais clairement, s’il était venu sonner à la porte d’Eddie et de personne d’autre, c’est bel et bien parce qu’il avait besoin de sa présence solaire et de sa compagnie lumineuse, c’est ça qui compte vraiment le plus à leurs yeux. Il n’a pas l’intention de squatter trop longtemps non plus, mais il se laisse une nuit de répit avant de partir pour… il ne sait même pas. Toute cette situation est particulièrement bordélique, et elle met à mal son pauvre cerveau et son petit cœur fragile. Il verra demain… pour l’instant, pouvoir se laisser glisser dans ce fichu canapé qui a l’air en cet instant d’être la chose la plus confortable qui puisse être lui semble être la perspective la plus douce et la plus délicieuse du monde. Ouais, les potes sont faits pour ça, mais tous les potes ne feraient clairement pas ce qu’Eddie est en train de faire pour lui, et clairement, Klaus apprécie plus que largement cela.
« Ah j’ai compris, tu veux m’exploiter pour jouer les baby-sitters… très très, trèèèès mauvaise idée, ça », plaisante Klaus quand Eddie suggère que sa présence lui permettra de surveiller le monstre quand elle est pas là. « Tu ne m’en voudras pas, mais je préfère les environnements child-free », il fait avec le plus large des sourires. « Je vais squatter ta salle de bains, ouais, si ça te dérange pas. Et t’inquiète pas, t’es un daron, mais un daron stylé. »
Il veut ajouter autre chose, mais c’est ce moment que choisit la petite protégée d’Eddie pour faire son entrée dans l’appartement. Klaus la salue avec un grand sourire, tandis que la gamine lui adresse un regard de totale incompréhension.
« M’achète pas avec des gaufres et de la pizza », répond El en dévisageant quelques instants El. « Je suis crevée, vous m’expliquerez demain », elle fait, visiblement un peu morose. Bah, ça doit être de son âge. Klaus la voit traverser la pièce et refermer la porte de sa chambre en claquant la porte. Il l’a déjà croisée plus joyeuse, mais bon, il peut comprendre qu’elle ne soit pas enchanté de la voir squatter son appartement, mais il sait aussi que ça va se tasser.
Il se tourne vers Eddie, et raccroche un sourire à ses lèvres. Il a déjà l’estomac plein de pizza. Mais il ne dira pas non à des montagnes de sucre et de chantilly. Clairement, l’idée de tomber dans un coma sucré lui plaît bien. Faute d’alcool, il se rabattra sur le sucre, ça lui semble pas mal.
« Tu m’as eu au mot chantilly. » Il se marre doucement. « Prépare-moi une assiette du feu de dieu, je vais prendre une bonne douche », il décide alors, prenant d’ores et déjà ses aises. Mais une bonne pluie d’eau chaude ne lui fera pas de mal.
Eddie rit doucement en se secouant la tête tout en écoutant Klaus. Il préférait le voir plaisanter qu'arriver en totale déprime comme il y a peu. En tout cas, oui, Klaus avait frappé à la bonne porte. Eddie était un ami honnête et fidèle. Il ne lui fera pas défaut.
" D'accord, je capitule. " Dit-il en levant les deux mains en l'air avec nonchalance. " J'aurai essayé. " Dit-il en se marrant.
Klaus pouvait faire comme chez lui. Il pouvait occuper la salle de bain, et son canapé autant de temps qu'il le souhaite. Il n'avait pas à surveiller Jane en retour. Ce qui important à Munson, c'était de savoir son ami en sécurité. Rien de plus.
C'est alors que Jane arrive. Elle n'a pas l'air enchanté, elle a même l'air de faire la gueule. Les ados, tout un sketch. Même si Eddie venait de sortir de son adolescence, parfois, il avait l'impression qu'entre lui et Jane, il y avait un monde. Il la voit lui faire la réflexion de l'acheter avec des gauffres avant d'aller s'enfermer dans sa chambre.
" Sympa... Tu vois... Les adolescents... C'est ca... "
Il laisse Klaus prendre sa douche, Eddie se lève du canapé à son tour et débarrasse rapidement les lieux. (l'endroit reste bordélique mais un minimum) Eddie va jusqu'à la porte de Jane et laisse trainer son poing contre le bois de celui-ci. Devait il lui parler ? Laisser couler ? C'était une grande question... Il avait peur de la braquer un peu plus. Il frappe donc juste quelques coups et lui glisse:
" Je t'en laisserai une au frigo... " Il marque une pause piétine. " Jane... Je veux rien t'imposer mais... T'sais, c'est un pote qui est en galère, je pouvais pas le laisser dehors... " Etait-il en train d'essayer de se justifier ?
Il soupire longuement avant de retourner vers la cuisine et préparer les assiettes. Il laisse sur la table la chantilly et tout le reste à disposition. Klaus revient et lui montre la table de fortune.
On ne peut pas dire que Jane soit franchement un rayon de soleil, mais Klaus n’en prend pas ombrage, après tout, il a fait le choix d’investir son espace personnel sans prévenir (enfin, c’est plus une nécessité qu’un choix, en l’occurrence, mais on se comprend), c’est plutôt normal qu’elle ne l’accueille pas à bras ouverts, outre le fait qu’elle est dans tous les cas, eh bien… une grande adolescente et que râler et lever les yeux au ciel ne peut qu’être une seconde nature pour lui, par conséquent. Klaus sourit doucement quand Eddie commente le comportement de Jane, qui n’écoute et ne voit déjà plus rien puisqu’elle a fait le choix de s’enfermer dans sa chambre sans plus de réflexion.
« T’inquiète, minimoi a squatté chez moi pendant un bail et c’était pas forcément mieux », remarque-t-il en faisant référence à Nathan.
Bon, c’est être un peu mauvaise langue que de dire ça… Certes, le comportement de Nathan est bien souvent très immature, mais il faut quand même reconnaître ce qui est, les deux sosies convaincus d’être une version alternative l’un de l’autre ont clairement tendance à s’engrainer mutuellement, quand ils s’y mettent… à un point catastrophique… Mutt en a été le témoin privilégié : les deux ensemble sont proprement intenables… déjà qu’individuellement, c’est pas fou… mais bref, on ne parle pas de lui, là. Ni de Nathan. Et de préférence, il ne veut surtout pas aborder à nouveau le sujet de Mutt, c’est beaucoup trop douloureux.
Klaus choisit de se diriger vers la salle de bains et de laisser Eddie gérer. Il n’a pas la moindre idée de ce qui se trame entre son ami et sa protégée dans le même temps, qui essaie de débattre avec lui. Il n’entend pas Jane râler depuis sa chambre, affirmant qu’écrire un message, ne serait-ce que ça, ça ne mange pas de peine, avant de se fendre d’un « Je m’en fous de toute façon, on est chez toi, pas vrai ? ». Le tout à travers une porte qu’elle semble décidée à ne pas ouvrir. Quand Klaus revient, il se sent plus propre, plus frais… mais pas franchement mieux mentalement, loin de là, même… il est des douleurs qui ne se nettoient pas à grands jets d’eau chaude, malheureusement.
« Je suis claqué, moi », il fait en se recalant sur le canapé en contemplant la table. « Miam ! » Il se frotte les mains en feignant un enthousiasme qu’il ne ressent pas. « Tu m’en voudras pas si je m’effondre direct après avoir mangé, je suis épuisé… et je serais parti tôt demain matin, le microbe aura à peine eu le temps de remarquer ma présence. »