Anna prenait très à coeur ses cours depuis son arrivée ici. Elle n'avait jamais eu la chance de fréquenter la moindre école auparavant. C'était une première et une première qu'elle appréciait particulièrement. Puis tout ça, ça lui occupait l'esprit et lui permettait d'oublier qu'elle était séparée des siens depuis bien trop longtemps maintenant. Malheureusement, tous les élèves de ce cours ne semblaient pas décidé à en faire autant. Certains paraissaient plus intéressés par l'idée de dormir que d'écouter. Alors pourquoi venir, ne seraient-ils pas plus à l'aise au fond de leur lit plutôt que sur les chaises inconfortables de cet amphithéâtre ? Anna pouvait comprendre ceux qui n'avaient aucunement envie d'écouter ou de suivre, elle comprenait moins la raison de leur présence ici, en revanche. A plusieurs reprises, le professeur dut s'interrompre pour l'un de ces fameux élèves, un de ceux qui était là pour dormir plutôt que d'écouter. Après un premier rappel à l'ordre et un réveil, le cours recommenca. L'étudiant, décidé à suivre ou à faire semblant, ne cessait de gesticuler dans tous les sens à la recherche de la position la plus confortable. Anna pouvait d'avance lui dire que c'était peine perdue. Il n'existait aucune position confortable sur ces chaises. Elles avaient, sans aucun doute, été créées par quelqu'un qui détestait les étudiants.

Anna tentait donc, tant bien que mal, d'ignorer ce voisin trop bruyant. Concentrée à écouter et prendre des notes, la rousse fut néanmoins interrompue par ce dernier. Etait-il réellement en train de lui faire la conversation ? Maintenant ? En plein cours ? Après avoir été rappelé à l'ordre une première fois ? Et c'était donc ça les gens qui parlaient trop ? Anna avait face à elle son exact sosie en ce qui concernait cette capacité à parler encore et encore. Elle commençait à comprendre ceux qui ne supportaient plus de l'entendre. Presque.

Après son petit monologue, avant même que la rousse ne puisse répondre quoi que ce soit, le professeur intervint de nouveau. Son voisin répondit puis se tourna de nouveau vers elle. Anna s'apprêtait à répondre une nouvelle fois, mais fut interrompue une fois encore par une craie, que son voisin venait de se recevoir en pleine figure. Il fallait dire qu'il n'était pas l'ami de la discrétion. Il parlait fort, aussi fort que s'il était à l'extérieur. Anna ne put alors s'empêcher de sourire, amusée par cette situation. Elle attendit alors que le professeur retourne à son cours pour répondre à son voisin de classe, aussi discrètement que possible. Autant qu'elle pouvait l'être, en réalité. « Tu es toujours aussi bavard ? » le questionna-t-elle, étant la plus mal placée pour poser ce genre de question, mais ça, il ne pouvait pas le savoir. « Je veux bien te donner mes notes, mais pour te les donner, faudrait-il encore que tu me laisses les prendre. » précisa-t-elle, un sourire amusé sur les lèvres. Entre les interruptions par sa faute et le fait qu'il parlait vraiment beaucoup, cela devenait compliqué de suivre. Ce qu'elle trouvait drôle, c'était qu'il lui parlait de choses sans qu'elle ne comprenne réellement. Il citait des prénoms, lui parlait des cours, de réseau social, de boire un verre, de bar et se présentait. Comment pouvait-on en dire autant de chose en une seule phrase ? Alors Anna répondit à toutes ses questions, ou presque, lui listant ses réponses. « Non, je ne connais pas Brooke. Je suis d'accord avec toi concernant les téléphones. Oui, je m'appelle Anna. Je suis enchantée Mutt. Et je ne sors pas beaucoup à vrai dire, moins encore dans les bars... » expliqua-t-elle, jetant de temps à autre un coup d'oeil au pauvre prof. « mais je viendrai si tu me promets de me laisser écouter la fin du cours. » précisa-t-elle, toujours amusée, malgré le regard noir que le prof leur lançait. Si cela pouvait lui permettre d'écouter la fin, elle irait boire un verre avec lui, même si ce n'était pas dans ses habitudes. « Je suis certaine que c'est un endroit super. » précisa-t-elle puisqu'il avait tant insisté sur cet endroit qu'elle devrait tant aimer. « Je crois qu'on va se faire renvoyer du cours si on continue comme ça. Tu parles beaucoup trop. » dit-elle avec un geste de la tête pour désigner le professeur qui ne devait plus en pouvoir parce qu'elle était finalement aussi bavarde que lui.

Si ce cours l'intéressait jusqu'à présent, elle venait d'être dérangée par son voisin. Son voisin bavard. Son voisin beaucoup trop bavard. Une version masculine d'elle-même sur ce point : un vrai moulin à parole. Anna avait au moins un aperçu de ce que les gens ressentaient lorsqu'elle n'arrêtait pas de parler et de tout déranger.

Puisqu'elle souhaitait tout de même entendre la fin de ce cours, elle lui indiqua qu'elle lui donnerait ses notes et qu'elle accepterait même d'aller boire un verre avec lui s'il se taisait et qu'il la laissait prendre des notes. L'homme jeta un coup d'oeil à sa montre, avant de se pencher de nouveau vers la rousse pour lui parler. Un nouveau sourire amusé apparut sur les lèvres d'Anna lorsque Mutt lui indiqua que ses parents lui disaient souvent qu'il parlait beaucoup, mais n'écoutait pas assez. Sans doute n'avaient-ils jamais eu aussi raison que ce jour-là. Puis il ajouta qu'elle n'avait pas à attendre la fin du cours parce qu'il fallait absolument qu'elle sorte. Etait-ce pressé à la minute ? Quant à son excuse sur le fait qu'ils se fichaient de ce cours puisqu'ils étaient tous morts, elle retint un rire amusé. Il n'avait pas tort, mais pourquoi participer à des cours d'histoire dans ce cas ? Mais il était amusant, elle ne pouvait le nier. « Je ne pense pas que tu puisses y faire grand chose... » commença-t-elle en parlant du cours, mais avant même d'avoir le temps d'enchaîner, son voisin leva la main pour attirer l'attention du prof.

Lorsque le professeur s'adressa enfin à l'étudiant, Anna observa ce dernier, curieuse de ce qu'il préparait. Parce qu'il préparait quelque chose. Même sans le connaître, c'était évident. Et aux questions de Mutt, Anna se sentit tout à coup gênée et elle cherchait à se cacher derrière sa main, s'enfonçant dans son siège avec l'espoir de disparaître. Tous les regards se tournèrent vers lui et les étudiants éclatèrent de rire. S'il souhaitait se faire renvoyer, il allait réussir, mais ça n'aiderait en rien Anna. Évidemment, plus l'étudiant insistait, plus le professeur hurlait, plus les étudiants s'amusaient, plus Anna était gênée par ce qui se passait, ayant l'impression d'en être responsable. Mutt ne s'arrêtait jamais, continuant, poussant ce pauvre professeur à bout. A tel point qu'il avait failli se recevoir une brosse en pleine tête, qu'il avait, heureusement pour lui, pu éviter. Comme Anna s'en doutait, son voisin avait réussi à se faire exclure. Elle ne comprenait toujours pas en quoi cela allait l'empêcher de rester elle jusqu'au bout, mais elle ne pouvait rien demander. Ce n'était pas vraiment le moment. Alors la rousse observa simplement son voisin ramasser son sac et sortir.

Le professeur avait fini par se diriger vers la sortie lui-aussi. Anna ignorait ce qu'il s'était passé puisqu'elle était toujours enfoncée dans son siège. Elle remarqua simplement les étudiants qui se levèrent un à un pour se rendre aux fenêtres et observer quelque chose. Après quelques hésitations, la rousse s'approcha et se fit une petite place au milieu de tout ce monde pour pouvoir observer la course poursuite entre le professeur et son camarade de classe. Il fallait l'avouer, si ce garçon était insolent et trop bavard, il l'amusait. Et dans ce monde, elle avait eu bien peu d'occasions pour s'amuser comme ça. Finalement la course poursuite se termina bien pour l'étudiant, moins bien pour le professeur qui entra en collision avec un joueur de foot. Anna grimaça, ayant mal pour lui et se sentant responsable de cet accident et des bêtises de l'étudiant. Étudiant qui était, évidemment, fier de sa bêtise et qui ne se gênait pas pour le montrer aux étudiants. Mais comme le karma n'était jamais loin, Mutt se ramassa à son tour, ce qui amusa la rousse. Sa chute avait était bien moins douloureuse que celle du professeur, ça elle en était quasiment certaine et c'était un juste retour des choses.

Puisque le cours ne reprendrait pas et que les autres élèves sortaient un à un, Anna récupéra ses affaires et sortit à son tour. Il avait raison. Elle n'avait pas eu à attendre la fin du cours. Même si elle aurait préféré une autre méthode, plus douce, que celle qu'il avait choisi. Parmi les dernières à sortir, elle put observer les différentes réactions des étudiants avant que Mutt ne vienne se positionner devant elle, essoufflé par sa petite course poursuite. « Tu sais, nous aurions pu attendre la fin du cours, ça t'aurait évité... tout ça. » lança Anna, ce sourire toujours amusé aux lèvres. « Tu sais que tu viens de gâcher toutes tes chances d'entrer à nouveau dans l'un des cours de ce professeur ? Et tu sais que tu n'échapperas pas aux ennuis et à une convocation ? » Bien sûr qu'il le savait, il n'était sans doute pas si stupide. « Et tu sais que ce sera totalement mérité ? » elle ne disait pas ça méchamment, il suffisait d'entendre le son de sa voix pour s'en rendre compte, mais elle le pensait. « Allez, dépêchons-nous avant que toute l'université ne te court après. Tu viens de gagner le titre de l'étudiant le plus recherché de la journée. Demain, tout le monde saura ce que tu as fait et tu ne vas pas te faire que des amis. » voilà ce point commun qu'ils partageaient tous les deux. Maintenant qu'ils n'étaient plus en cours, elle parlait et parlait encore, sans plus jamais s'arrêter.

Elle l'entraîna alors pour ne pas perdre plus de temps et quitter l'université au plus vite. « Tu crois qu'après une telle course, tu pourras aller jusqu'à cet endroit dont tu me parlais tout à l'heure ? » Elle se moquait de lui, après tout, il était essoufflé et avait soif, rien d'étonnant après une telle course.

Spoiler:

Si Anna était certaine d'une chose, c'était bien de celle-ci : Mutt était content de sa bêtise. Évidemment. Il avait amusé tout le monde et quelque chose disait à Anna qu'il était le genre à aimer se faire remarquer et faire rire tout le monde. Alors la jeune femme ne manqua pas de lui signaler qu'il aurait pu attendre et qu'il n'éviterait pas les ennuis, quoi qu'il fasse. Elle, elle l'observait, sourire aux lèvres, se moquant de lui et de ses maigres chances de revenir dans ce cours un jour. Il était fier de lui, en plus. Fier d'avoir fichu un bazar sans nom, fier de passer son temps chez le doyen, fier d'être l'élément perturbateur de cette pauvre classe. « Oh puisque tu n'en as pas besoin, tu pourras me dire tout ce que je n'ai pas pu apprendre aujourd'hui à cause de toi ? » Elle se moquait de lui, toujours. Elle ne comptait certainement pas sur lui pour apprendre quoi que ce soit, hormis peut-être comment mettre un prof hors de lui et créer le chaos. Pour ce qui était du cours manqué, des bouquins et des recherches feraient sans doute l'affaire. « Le doyen doit ne plus en pouvoir de te voir aussi souvent. » parce qu'elle l'imaginait mal plaisanter des bêtises de Mutt et elle ne l'imaginait pas non plus avoir la patience d'écouter toutes les excuses du jeune homme.

Anna lui expliqua alors à quel point il allait mériter tout ce qui allait lui arriver. Elle ne lui disait pas cela pour être méchante, simplement pour le mettre en garde et se moquer de lui. Qu'il ne comptait pas sur elle pour le plaindre, il devait assumer ce qu'il avait fait. « Je t'accorde ça. Je ne m'étais pas autant amusée depuis une éternité. » Et c'était vrai. Ici, sa vie était plutôt calme et tranquille. Ennuyante parfois. Heureusement qu'elle avait ses amis pour se changer les idées, mais elle devait avouer qu'aucun n'avait le sens du spectacle comme son voisin de classe.

Finalement, les deux étudiants se mirent en route. En effet, Anna lui indiqua qu'ils avaient plutôt intérêt à se dépêcher, comme il l'avait dit. Il allait avoir de sacrés problèmes et s'il se faisait attraper maintenant, autant dire que la demi-heure de cours n'aurait pas été grand chose à côté de ce qui l'attendait. Dès le lendemain, si ce n'était déjà le soir même, Mutt serait l'étudiant le plus recherché de l'université et tout le monde parlerait de lui. A l'imitation qu'il lui fit de son père, elle supposait, elle se mit à rire. Elle imaginait sans mal cette scène. « Mais ça aussi tu le mériterais totalement, tu ne crois pas ? » lança la rousse, imaginant qu'en réalité, s'il en parlait, c'était sans doute qu'il aimerait avoir son père pour lui faire la leçon.  

En route vers ce fameux bar qu'elle ne pouvait, soi-disant, qu'aimer, Anna fit semblant de s'inquiéter. Après une telle course et un tel essoufflement, aurait-il encore la force de marcher jusqu'à l'endroit désiré ? Oui, elle l'embêterait encore longtemps avec ça. Il avait voulu jouer au plus malin, il en assumerait les conséquences. Comme s'il était blessé et comme s'il sentait le besoin de défendre son honneur, il ne pût s'empêcher de détailler ses exploits. « Tu m'impressionnes. » elle le pensait à moitié et se moquait à moitié de lui aussi. En réalité, elle était intéressée par ses histoires parce qu'elle adorait entendre les histoires folles que d'autres avaient pu vivre. Mais elle se fichait de lui aussi parce qu'elle trouvait ça adorable qu'il se sente l'obligation de se défendre.

Anna ignorait si elle devait croire tout ce qu'il disait, mais elle aussi avait une histoire un peu folle, alors pourquoi pas ? « Et moi j'ai traversé des montagnes en pleine tempête de neige, affronté un géant de glace et des géants de pierres. Lequel de nous gagne ? » S'amusa-t-elle en tentant de comparer quelques grands événements de leurs vies. Elle disait tout ça sur le ton de la plaisanterie, il n'était pas obligé de la croire et c'était fait pour. Elle donnait plutôt l'impression d'inventer pour s'amuser alors qu'elle ne faisait qu'énumérer des événements réels de sa vie. « Alors monsieur le grand aventurier, pourquoi s'inscrire à l'université si les cours n'ont pas la moindre importance ? » L'avantage avec Anna, c'était que le trajet paraissait moins long - ou pas, selon si on la trouvait agaçante à être si bavarde - tant elle parlait. Elle ne s'arrêtait jamais et n'était jamais en manque de questions. Alors, elle enchaînait encore. « Tu vas pouvoir me raconter comment tu es venu à bout de ces... quoi déjà ? J'ai oublié ! » Elle ne le faisait pas exprès, elle avait réellement oublié à qui il avait, soi-disant, explosé la tête. « et toutes tes histoires sur les conquistadores, j'ai hâte de les entendre. » elle imaginait bien qu'il était le genre à en rajouter ou à inventer, mais elle n'était jamais contre les histoires, réelles ou non. Et puis cela leur permettrait de passer le temps.

Anna trouvait Mutt amusant. Il ne se prenait pas la tête, savait amuser les autres et semblait avoir toujours un mot pour rire. Cela lui faisait le plus grand bien de sortir de cette routine trop sérieuse qu'elle s'était imposée en arrivant dans ce monde inconnu. Si Anna aimait les cours en règle générale, elle n'était pas fâchée qu'il lui en ait fait rater un. D'autant qu'elle ne raterait pas une année pour un malheureux cours gâché. Mais monsieur semblait sûr de lui, semblait vouloir prétendre tout connaître sur le bout des doigts alors elle s'amusait et se moquait de lui en lui demandant ce que le professeur voulait donc leur apprendre. Il se stoppa, se plaça devant la rousse et lui sortit son explication. Il avait un langage... bien différent, bien plus cru que le sien, mais elle ne relevait pas, se contentant d'ignorer, gênée. Le cours de Mutt était rapide : ils étaient tous morts. Soit, mais n'était-ce pas ça l'histoire, quelque part ? L'histoire des vivants existait, chaque jour passé appartenait à l'histoire, mais l'histoire des siècles précédant signifiait forcément parlait des morts. Donc pourquoi suivre des cours d'histoire ? « Excellente analyse monsieur le professeur ! Dans ce cas, tu m’emmèneras avec toi la prochaine fois que tu partiras à l'aventure que je puisse en apprendre plus qu'assise sur une chaise ? » Plaisanta-t-elle alors qu'il expliquait que des morts, il en avait déjà vu. Si c'était si intéressant, il n'avait qu'à l'emmener et le lui prouver.

« Je suis désolée pour toi. » souffla-t-elle sérieusement, oubliant toute moquerie ou toute plaisanterie lorsque l'homme affirma que ses parents n'étaient pas là. Elle savait ce qu'il pouvait ressentir, ses parents étaient morts et il n'y avait plus personne pour s'occuper d'elle depuis qu'ils étaient tous ici. Alors, elle imaginait bien que se faire passer un savon par ses parents devaient lui manquer désormais. Mais s'il y avait bien un savon qu'il ne manquerait pas, ça allait être celui du lendemain, avec le doyen.

Finalement la rousse, oubliant une nouvelle fois de se moquer de lui, lui avoua qu'elle s'était bien amusée. Et ça lui avait fait un bien fou. Vraiment. Encore une fois, il répondait avec fierté, ce qui fit sourire la rousse, qui n'ajouta rien. Après tout, Mutt n'avait pas tort : ils étaient tous perdus au milieu d'une île qu'ils ne connaissaient même pas - c'était en tout cas ce qu'elle en déduisait à force de parler avec les gens. Autant s'amuser tant que possible et se détendre, n'est-ce pas ?

Ils en revinrent finalement aux parents du jeune homme et il avoua alors que les remontrances de son père lui manquait, chose qu'elle comprenait parfaitement. Elle-aussi aimerait avoir ses parents avec elle, même si c'était pour une quelconque remontrance. Au moins, ils seraient avec elle et elle ne serait plus seule. La solitude était pesante. C'était une chose qu'elle connaissait. « Dis-toi que le jour où tu le retrouveras, il en aura des choses à te dire et il aura de quoi te crier dessus pendant des heures... » lança-t-elle, un sourire réconfortant aux lèvres. Elle espérait simplement ne pas avoir fait de bêtises en parlant de le retrouver, mais la façon dont il en parlait lui faisait penser qu'il avait simplement disparu, qu'il n'était pas mort et que donc il avait toutes les chances de le retrouver un jour. Il lui fallait simplement garder espoir.

« Tu le peux. Tu le mérites ce point. » répondit-elle, amusée, après l'avoir entendu déballer tous ses exploits. Pour s'amuser, comme s'il s'agissait d'un concours, la rousse lui sortit à son tour quelques-uns de ses exploits. Après tout, pourquoi ne se vanterait-elle pas elle-aussi ? En revanche, elle disait tout sur le ton de la plaisanterie, ne souhaitant pas forcément qu'il voit ses aveux comme la vérité. Il pouvait en penser ce qu'il voulait. « Je suis certaine de gagner si on compte les points, tu crois que tu pourras le supporter ? » répondit-elle tout en franchissant la porte qu'il lui ouvrit. Elle n'était absolument pas sérieuse, mais l'idée l'amusait tout comme le taquiner lui qui semblait avoir un égo surdimensionné. « J'espère ! Tu n'imagines pas comme j'aurais été déçue si tu m'avais traité de menteuse ! » Il aurait été mal placé pour le faire d'ailleurs avec les histoires qu'il racontait depuis tout à l'heure, mais pas impossible puisqu'Anna doutait bien des dires de l'étudiant. Ils s'installèrent à la place désignée par Mutt, Anna lui répondant simplement par un hochement de tête et un sourire lorsqu'il signala la place idéale pour conter leurs aventures.

Avant de reprendre leurs histoires, Mutt commanda une bière et Anna se contenta d'un jus de fruits. Aussitôt commandé, aussitôt elle reprit ses questions, lui demandant de raconter son histoire. Et même si elle n'était pas certaine de le croire totalement, elle avait réellement hâte de l'entendre parler et conter ses aventures. « Tu sais d'où je viens, les diplômes n'ont pas vraiment d'importance, ce n'est pas ça qui fait d'une personne quelqu'un. » Elle, elle avait fini par gouverner un royaume sans avoir obtenu le moindre diplôme. Le diplôme ne faisait pas tout, ça ne faisait pas de quelqu'un une bonne personne, mais elle comprenait qu'ailleurs, ça puisse être le cas. Par la suite, elle leva bêtement une main pour lui promettre et ajouta en riant : « Je te jure que si je croise tes parents un jour, je dépeindrai le rebelle que tu veux être ! » Il ne semblait être qu'un gamin perdu qui avait besoin de l'attention et de l'amour de ses parents, mais qui était trop fier pour l'avouer. C'était touchant à voir.

Finalement, Mutt prit appui sur ses coudes pour commencer à raconter son histoire. Anna se concentra, ne voulant manquer aucun détail. Il lui expliqua alors son histoire avec les Conquistadores et un trésor dans un cimetière. Il avoua également qu'il n'était pas seul, mais accompagné de son père et elle imaginait déjà le père faire tout le travail. Ils furent interrompus par la serveuse qui ramena leurs commandes. Anna la remercia et attendit impatiemment la suite. Lorsqu'il reprit, Anna ne comprit pas tout des noms qu'il évoquait, elle ne les connaissait pas, mais elle jugeait que ça n'avait aucune importance. Elle se contenta de secouer la tête de droite à gauche lorsqu'il lui parla de ces crânes de cristaux pour confirmer qu'elle ne connaissait pas la légende.

Appuyée sur l'une de ses mains, concentrée et totalement plongée dans l'histoire de l'étudiant, elle s'attendait à quelque chose de fou, mais il se stoppa et croisa les bras. « Sérieusement ? La suite a intérêt à valoir le coup ! » se moqua-t-elle parce qu'il aurait l'air bien bête sinon.

La rousse avait alors réfléchi un instant à l'histoire qu'elle allait lui raconter. Comme elle ne voulait pas évoquer les pouvoirs de sa soeur, elle avait choisi celle avec les géants de pierres, toujours convaincue qu'il ne la croirait pas vraiment de toute façon. « Là d'où je viens, il existe une Forêt Enchantée dont l'entrée était bloquée par un épais brouillard. Avec un petit groupe, nous sommes parvenus à entrer. Nous avons alors découvert le peuple qui habite cette forêt : les Northuldras. Nous avons également découvert que les esprits des éléments s'y trouvaient lorsqu'ils nous ont attaqué, mais tu ne sauras rien, ce n'est pas l'histoire. Je vais te passer tous les détails... » parce qu'il n'avait le droit qu'à une histoire et pas au récit de toutes les aventures de la rousse, mais aussi parce qu'elle ne pouvait pas tout raconter ne voulant pas qu'il la prenne pour une folle - enfin, avoir été poursuivie par des géants, n'était-ce pas déjà fou ? « mais nous avons appris qu'il fallait libérer la forêt et ceux qui y vivaient pour espérer libérer l'endroit d'où je venais. Pour ça, il fallait détruire un barrage... » Elle passait également les détails comme ceux expliquant que pendant ce périple elle avait perdu Olaf, un bonhomme de neige - parce que ce serait plus que compliqué à expliquer que son meilleur ami était un bonhomme de neige - et sa soeur, que son grand-père était responsable de ce barrage... Autant se contenter d'expliquer cette histoire en version... plus simplifiée. C'était simplement dommage parce qu'elle perdait en détails, détails qui pouvaient faire la différence et rendre son histoire plus magique. « Le peuple de la forêt avait été trahi et piégé, il fallait que l'erreur soit réparée. Alors je suis retournée vers ceux qui représentaient la terre, des Géants de pierres et je les ai forcé à me suivre. Autant te dire que ce jour-là, j'ai failli finir écrasé à quelques reprises, mais je cours vite... » s'amusa-t-elle, se vantant peut-être un peu et omettant que Kristoff l'avait rejoint et aidé à survivre à cette course folle. « Lorsque je suis arrivée au barrage, des gardes ont essayé de m'arrêter parce que détruire le barrage, c'était prendre le risque de détruire mon... » Pas royaume, trop compliqué à expliquer une fois encore. Alors elle se reprit : « ma ville. Mais j'ai réussi à les convaincre de me laisser faire, de réparer cette erreur. Et j'ai réussi. Les géants ont détruit le barrage. Sauf que j'étais sur ce barrage, j'ai failli tomber dans le vide. Mais je suis trop têtue pour mourir bêtement comme ça. » termina-t-elle son histoire, reprenant aussitôt : « Alors tu vois, je n'ai peur de rien, moi non plus. » C'était faux, mais elle pouvait bien lui sortir ça après ce que lui avait raconté. « A toi de me raconter la suite. »

Anna s'amusait bien avec Mutt, il la faisait beaucoup rire et elle aimait être en compagnie de quelqu'un qui ne se prenait pas la tête. Elle aimait bien, également, se moquer gentiment de lui et de ce qu'il racontait. Puisqu'il semblait penser que l'aventure valait beaucoup plus que les cours, elle s'invita à sa prochaine expédition. Elle s'amusait de ses réactions et de ses réponses, sans aucune méchanceté, simplement parce que son camarade l'amusait comme personne ne l'avait fait depuis un moment. « J'ai hâte ! » répondit-elle en riant alors lorsqu'il lui assura qu'elle serait la première informée de sa prochaine aventure, une main sur le coeur. Et même si elle riait, elle était très sérieuse. S'il devait partir à l'aventure, elle aimerait vraiment beaucoup partir avec lui parce que l'aventure lui manquait à elle-aussi.

Vint ensuite un sujet bien moins amusant pour Mutt. Anna comprenait parfaitement ce qu'il ressentait puisqu'elle se retrouvait seule aussi. Il avait raison d'espérer revoir ses parents. Il ne devait jamais arrêter d'y croire. A sa façon, Anna essayait de le rassurer, lui promettant que son père aurait alors tout le temps de le disputer une fois leurs retrouvailles faites. Évidemment, elle espérait pour lui aussi qu'ils ne feraient pas que ça, mais elle voulait simplement détendre l'atmosphère et le faire sourire. Elle voulut ajouter quelque chose, mais puisqu'il préférait parler d'autres choses, elle n'ajouta rien, se contentant de lui sourire pour lui faire comprendre qu'elle était d'accord. Elle comprenait que ce n'était pas facile d'évoquer de tels sujets et qu'il n'en avait pas forcément envie - moins encore avec une fille qu'il venait à peine de rencontrer réellement. Jusqu'à aujourd'hui, ils ne s'étaient jamais vraiment adressés la parole après tout.

Pour parler de choses moins tristes, les deux étudiants évoquèrent leurs aventures respectives, celles qu'ils avaient pu vivre avant d'arriver dans cette ville étrange. Mutt gagna un point, point qu'Anna lui laissa sans broncher. En revanche, elle précisa bien qu'elle était certaine de gagner s'ils en venaient à compter les points et lui demanda, en plaisantant, s'il était certain de le supporter. La réponse de Mutt la fit sourire plus encore, avant de froncer les sourcils lorsqu'il lui assura qu'il était certain de la battre à plate couture. « Alors petit un, oui tu ressembles à un macho, mais ce n'est pas grave, tu as l'air supportable quand même. » précisa-t-elle en se moquant de lui. « Petit deux, tu ne pourras jamais gagner ! Je suis beaucoup trop forte pour toi, il va falloir que tu te fasses une raison. » Hors de question qu'elle le laisse gagner. Elle lui avait accordé un point, mais c'était tout.

Ils en vinrent ensuite à discuter des diplômes et de l'importance - ou de la non-importance, plutôt, qu'ils avaient chez Anna. Après tout, elle s'était bien retrouvée à devoir gouverner un royaume sans aucun diplôme alors ils ne devaient pas avoir tant d'importances même aujourd'hui. Les diplômes n'avaient jamais fait la personne. C'était, selon elle, un plus. Simplement, un plus. « C'est que j'ai un peu perdu l'endroit où je vivais, mais je te promets que si je le retrouve, je te tiens au courant. » Il n'était pas courant de perdre l'endroit où l'on vivait, mais ici ça semblait être le cas de beaucoup de monde. Anna n'ajouta rien, craignant que Mutt ne la croit pas si elle développait l'endroit d'où elle venait - même si avec ce qu'elle allait lui raconter ensuite, lui expliquer qu'elle venait d'un royaume lointain aurait peut-être été l'information la plus normale de toute son histoire.

Par la suite, elle lui promit de dire à ses parents qu'il était rebelle en levant une main, comme il le lui avait demandé. « Tu sais quoi ? J'dirais tout ce que tu veux à tes parents, si ça peut t'aider. » lui promit-elle en souriant. Elle voyait comme ses parents lui manquaient et ça la peinait alors elle pouvait bien lui promettre de dépeindre le portrait qu'il voulait si un jour elle rencontrait les parents de l'étudiant.

Mutt commença alors à détailler l'une de ses histoires, s'arrêtant en plein milieu pour laisser Anna raconter sa propre histoire. Il voulait faire durer le suspens, très bien ! Anna se mit à rire lorsque son nouvel ami applaudit après qu'elle lui ait raconté son histoire - enfin une partie, un événement. Qu'il était bête ! A sa remarque, elle n'y voyait aucun sous-entendu, ne voyant ses mots que comme un compliment innocent. « Je croyais que tu étais un macho ? C'est compatible avec le fait d'aimer les filles entreprenantes, qui n'ont peur de rien ? » Clairement, elle continuait de se moquer de lui et de s'amuser. Lorsqu'il évoqua de nouveau les points bonus, elle fit un non de la main, reprenant aussitôt : « Même pas en rêve ! Mais toi, tu m'accordes mes premiers points ? Avec ce que je viens de te raconter, j'en mérite au moins trois ou quatre, non ? » Elle avait le droit d'essayer après tout. Elle avait promis qu'elle gagnerait alors elle devait tout faire pour.

L'homme reprit la parole, racontant enfin la suite de son histoire. Anna sirotait son jus de fruits tout en essayant de suivre l'histoire qu'elle entendait. Ce n'était pas toujours simple de tout comprendre, mais elle faisait du mieux qu'elle pouvait. Elle n'en revenait pas de tout ce qu'elle entendait : un cimetière, des grands méchants qui les avaient faits prisonniers, des retrouvailles, des tentatives d'évasion ratées, un crâne magique, un trésor... Anna écoutait tout dans le moindre détail, sourire aux lèvres parfois, yeux grands ouverts de surprises d'autres fois. Il était plutôt doué pour raconter, d'autant qu'il y mettait les gestes et racontait tout de façon théâtrale. L'histoire reprit alors de plus belle, évoquant cette fois-ci des squelettes de cristal, une autre dimension et là, elle commençait à ne plus tout comprendre. Lorsqu'il manqua de faire tomber son verre, elle ne réagit même pas, attendant juste la suite avec impatience. « Une soucoupe volante ? Vraiment ? » répéta-t-elle lorsqu'il eut terminé. Ce n'était pas qu'elle ne le croyait pas, mais c'était un concept plutôt nouveau pour elle. « Alors je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, mais... » elle souffla pour lui montrer qu'elle était impressionnée. « Tu m'impressionnes vraiment ! » Cette fois-ci, elle était sincère. Même si elle se demandait s'il n'avait pas exagéré comme il semblait avoir tendance à le faire parfois, elle le croyait parce que jamais il n'aurait pu inventer tout ça et parce qu'il semblait sincère, tout simplement. « Ça doit être quelque chose de partir à l'aventure avec toi ! » rajouta-t-elle, le complimentant parce qu'elle trouvait qu'il le méritait. « Je comprends pourquoi tu trouves les cours si ennuyant, tu es fait pour l'aventure, pour vivre les choses pas pour les écouter ! Tu es une sorte de super aventurier ! Je dois t'avouer que je ne m'attendais pas à ça en te voyant en cours. » A ses yeux, il n'était qu'un type qui dérangeait toute une classe simplement pour s'amuser et se faire remarquer, mais elle s'était bien trompée. Il méritait un bien meilleur titre après tout ce qu'il avait fait et vécu.

Anna devait avouer qu'elle passait un bon moment. Elle s'amusait, ne se prenait pas la tête et avait une discussion tout aussi détendue. Et cette ambiance lui faisait un bien fou. Alors elle le taquinait comme s'ils se connaissaient depuis des années. Ils ne se connaissaient pourtant que depuis peu - enfin, plutôt, ils ne se parlaient que depuis peu - mais elle avait l'impression de taquiner un ami de longue date. « Honnête ? Maladroite et bavarde, oui. Honnête, jamais. » Plaisanta-t-elle, se moquant de lui. A ce qu'il dit ensuite, Anna se mit d'abord à rire, amusée par sa réflexion puis elle ajouta. « Je ne suis pas de mauvaise foi, moi, monsieur ! » Ne venait-il pas de dire qu'elle était honnête ? Alors elle ne s'accorderait pas de points et elle ne lui retirerait pas de points mérités. « Tu dis ça simplement pour justifier ta future défaite ! Tu préfères passer pour un homme galant plutôt que pour un perdant, voilà tout ! » ajouta-t-elle, souriante et taquine.

Et même s'ils avaient une discussion amusante et détendue, ils n'en oubliaient pas d'être sérieux s'il le fallait. C'est ainsi qu'ils évoquèrent l'endroit d'où venait Anna. Cette dernière avait d'ailleurs fini par lui avouer qu'elle ne savait pas où se trouvait son chez-elle, mais qu'elle ne manquerait pas de lui faire savoir si un jour elle apprenait comment y retourner. Anna n'ajouta rien, se contentant de sourire et préférant oublier ce sujet un peu moins amusant pour se concentrer sur la suite.

« Je ne t'avais pas dit que j'étais extrêmement intelligente ? » Anna n'était pas une seconde sérieuse, elle ne disait ça que pour s'amuser. « Je suis désolée, tu l'as dit ! » dit-elle en secouant la tête de droite à gauche, prenant un air faussement désolé. « Même avec ces points, je pense toujours que tu es un macho ! Mais je te remercie pour ton immense générosité et j'accepte ces quatre points avec plaisir. » répondit-elle avec tout le sérieux dont elle était capable, alors même qu'elle était celle qui avait réclamé ces points, forcément donc, qu'elle n'allait pas les refuser.

Plus sérieusement, Mutt reprit son histoire. Anna ne comprenait pas tous les détails, certaines choses lui restaient assez inconnues, mais elle comprit l'essentiel et surtout qu'il était une sorte d'aventurier plutôt doué dans son genre. Et même si Anna le croyait, elle ne put s'empêcher de répéter ce qu'il venait de dire. Avait-il vraiment vu une soucoupe volante ? Depuis son arrivée ici, elle avait entendu certaines choses à propos des extraterrestres et c'était quelque chose d'assez fascinant. « Tu crois vraiment qu'on pourrait être là à cause d'eux ? Mais pourquoi ? » Demanda-t-elle avec tout le sérieux du monde avant de reprendre au sujet de ces fameux points : « Allez parce que ton histoire était vraiment incroyable, je te donne cinq points. Juste assez pour me battre. » Lança-t-elle avec un sourire avant de venir boire une gorgée de son verre. Elle pouvait bien le laisser gagner après tout ça.

Puis la rousse reprit la parole, expliquant qu'elle comprenait l'ennui qu'il pouvait ressentir en cours après avoir vécu tant de choses. Il était fait pour l'aventure, pour le terrain, pas pour rester assis. A sa réponse, elle se mit à rire. D'accord, elle s'était peut-être trompée sur lui et elle avait eu tort de se fier à sa première impression. « Je me suis trompée. Enfin, non, je pense toujours que tu es un macho, mais tu n'es pas que ça. » Hors de question d'avouer totalement s'être trompée. Elle le laissait déjà gagner, il ne fallait pas non plus trop en demander.

Mutt reprit alors pour lui expliquer le point de vue de son père sur les cours - et le sien, au passage, avec des mots qu'elle ne s'étonnait déjà plus d'entendre de sa part. Mais avant qu'elle ne put ajouter quoi que ce soit à ce propos, il sortit une photo qu'il montra à Anna. Au passage il donna quelques informations sur cette soirée. La première réaction de la rousse lorsqu'il lui avoua avoir vomi après avoir trop bu avait été un : « mais c'est dégoûtant ! » spontanée, sans prendre le temps de réfléchir. « J'espère que tu as retenu la leçon ? » dit-elle en désignant le verre qu'il avait entre les mains. Aujourd'hui peut-être savait-il se contrôler et se raisonner. « Tu crois que le traiteur a voulu saboter la nuit de noce de tes parents ou simplement s'en prendre à toi ? » Lança-t-elle, se retenant de trop sourire, alors qu'elle se moquait de lui, une nouvelle fois. « Vous formez une très belle famille en tout cas. » Avoua-t-elle finalement, bien plus sérieuse et sincère.

A la réflexion du jeune homme, Anna se contenta de sourire, ajoutant rapidement : « J'avais remarqué ton talent pour parler et ta maladresse. » Pour le reste, elle n'ajouta rien. Il était vrai qu'ils partageaient ces deux traits de caractère et peut-être s'entendaient-ils si bien pour ça. Elle n'en savait rien, mais ça l'amusait beaucoup. A eux seuls, ils devaient être capable de remplir des heures d'ennui en parlant de tout et n'importe quoi - surtout de n'importe quoi, d'ailleurs. Ils semblaient toujours avoir quelque chose à dire depuis le début de cette conversation, s'étant même lancés dans un calcul de points imaginaires. Anna affirma d'ailleurs ne pas être de mauvaise foi, contrairement à lui qui affirmerait sans doute avoir perdu pour la laisser gagner. Elle l'imaginait déjà très bien faire de grands discours sur le pourquoi elle avait gagné, sur le fait qu'il n'avait fait ça que par galanterie. Elle avait l'impression de le connaître depuis tellement longtemps, qu'elle avait déjà l'impression de pouvoir le deviner à l'avance. Ou presque. Parce ce que si pour beaucoup, la question de Mutt était lourde de sens, pour elle, il ne s'agissait que d'une innocente question destinée à mieux la connaître. Alors, elle répondit tout naturellement : « Est-ce que j'aime les hommes galants ? Je crois, oui. Enfin, je suppose. » répondit-elle d'abord. Tout dépendait de ce que l'on entendait par galanterie, mais elle avait été élevée dans un monde où cette dernière était de mise. « Pas vraiment. Du moment où il n'a pas dans l'idée de me mentir, me trahir ou me voler ce qui m'appartient, je n'ai pas vraiment de genre... Je crois. » poursuivit-elle à propos de son genre de garçon. Autant dire qu'elle faisait clairement référence à Hans, qu'il ne connaissait pas, mais qu'importe. Elle ne pouvait pas vraiment dire qu'elle avait un genre, Kristoff était après tout très différent de Hans et pourtant elle avait été attirée par les deux - ou avait cru l'être pour l'un. Donc non, du moment où l'homme en question n'avait pas en tête de la tuer pour lui voler son royaume, tout lui allait.

Si Anna avait évoqué son type d'homme, elle s'amusait également à définir qui était Mutt. Elle le prenait, sans aucun doute, pour un macho. Pour autant, il semblait gentil et passer ce moment en sa compagnie était agréable, alors elle s'en fichait un peu. Pour une fois qu'elle avait l'occasion de s'amuser et de rire. « Je croyais que je devais être honnête ? » répondit-elle en riant lorsqu'il lui affirma qu'elle avait le droit de dire qu'il était beau gosse. Puis la rousse reprit presque aussitôt : « Si ça peut te rassurer, oui, tu es beau garçon. » lança-t-elle sans la moindre arrière-pensée. Elle le complimentait comme on pouvait complimenter n'importe quel ami, à la différence que cet ami, elle ne le connaissait vraiment que depuis moins d'une heure.  

Selon Mutt, les extraterrestres pouvaient être liés à tout ce qu'ils étaient en train de vivre. Anna se questionnait, mais n'avait pas réellement d'avis. Autant dire que ce n'était pas un domaine où elle était experte. C'était Mutt celui qui en avait déjà rencontrés, pas elle. « Des théories ? Pas vraiment ! J'ai passé plus de temps à chercher ma famille et apprendre le fonctionnement de cette nouvelle vie qu'à comprendre le pourquoi j'étais ici. » Elle parlait assez rarement de façon aussi libre de son arrivée dans son monde, mais cette fois-ci, elle se sentait assez en confiance pour le faire.

Les histoires racontées, il était grand temps d'offrir les points et désigner le gagnant. Anna lui offrit la victoire en lui offrant suffisamment de points pour gagner parce qu'il le méritait - même si elle aimait gagner, elle pouvait bien faire un effort. Lorsqu'il leva son verre pour fêter sa victoire, la rousse suivit le mouvement, haussant ensuite les épaules à sa question. « Ce que tu veux... » répondit-elle lorsqu'il demanda ce qu'il avait gagné. Ça avait peu d'importance, elle pouvait lui payer un autre verre, payer l'addition, lui offrir une bêtise comme cadeau, aucune importance.

« Tu ne crois pas que tu as reçu suffisamment de compliments pour aujourd'hui ? » rétorqua alors Anna, souriante, lorsqu'il lui demanda ce qu'il était hormis macho et beau. Elle n'allait pas passer son temps à lui citer ses qualités - ou ses défauts -, il allait être insupportable sinon. Alors, il se lança sur tout autre chose, sortant une photo de sa poche et lui racontant l'histoire de cette dernière. Elle trouvait ça dégoûtant, chose qu'elle n'oublia pas de signaler. « Ton père doit te trouver insupportable. » se permit-elle d'ajouter en souriant lorsqu'il avoua qu'il aimait le voir s'énerver. Elle avait compris que le sujet était sensible, alors elle tentait de faire attention à ce qu'elle disait, préférant relancer sur le fameux traiteur et sa potentielle responsabilité. Alors à sa question sur la mauvaise foi, elle se contenta de hausser les épaules en riant. Laissant les plaisanteries de côté, la rousse se décida à faire un compliment sur cette photo et la famille qu'elle représentait. Ils formaient une belle famille, c'était sincère. Et Anna voyait à quel point Mutt avait envie de revoir ses parents. Elle savait ce qu'il ressentait et elle ne pouvait que compatir. Chose qu'il confirma par quelques mots avant de venir déposer sa main sur celle d'Anna. A ce geste, Anna lui adressa un sourire compatissant, venant poser son autre main sur celle de Mutt pour la serrer en un geste réconfortant et innocent. « Tu vas les retrouver Mutt. Je sais comme c'est difficile de vivre sans ses parents, mais tu les retrouveras. Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider, je le ferai ! » Il était compliqué de faire une telle promesse parce que rien n'était sûr dans ce monde, mais elle se voyait mal lui affirmer le contraire et briser ses espoirs et ses rêves. Dans ce monde, il ne leur restait que ça, l'espoir.

Anna répondait à toutes les questions de Mutt en toute innocence. Pas un seul instant, elle n'y avait vu le moindre sous-entendu. Pas un seul instant, elle n'avait compris réellement ce qui était en train de se passer. A ses yeux, il ne s'agissait que du début d'une amitié prometteuse. Ils s'entendaient si bien, ils plaisantaient ensemble comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Alors oui, elle ignorait tout des sous-entendus qu'il y avait derrière toutes les questions et réflexions de l'étudiant.

Alors lorsqu'il lui demanda quel était son genre d'homme, elle répondit en toute franchise. Physiquement, elle ne pensait pas être attirée davantage par telle ou telle caractéristique. Alors elle se contenta de dire qu'elle préférait simplement avoir quelqu'un qui n'allait pas la trahir à la moindre occasion pour lui voler ce qui était à elle. C'était certainement un souhait commun à tous, en réalité, mais elle n'avait rien à ajouter. La réponse de Mutt la fit alors rire. Quant à ses compliments, ils la firent rougir. « Peut-être que je te fais confiance un peu trop rapidement, mais j'ai l'impression que tu es quelqu'un de bien, que tu es loin du genre d'hommes que je viens de décrire, en effet. J'ai l'impression que tu es quelqu'un de bien... » Comme ami. Voilà peut-être la précision qu'elle aurait dû faire si elle craignait le moindre quiproquo. Faire confiance un peu vite aux gens, c'était tout un art chez Anna. Elle réussissait à faire confiance au premier venu alors elle ne s'étonnait plus de rien elle-même.

Puisqu'il le demandait, elle lui affirma, qu'en effet, il était plutôt beau garçon. Il n'y avait aucun mal à complimenter un ami, n'est-ce pas ? Elle n'allait pas lui mentir, après tout ! Alors oui, il semblait être un sacré macho - même si elle voyait ça davantage comme une façade - mais ça ne retirait en rien certaines de ses qualités ou le fait qu'il était pas mal physiquement. « Je prends également le compliment, ravie de savoir que je suis mignonne. » Rétorqua-t-elle en souriant, plus qu'amusée par cet échange de compliments.  

Ils en arrivèrent finalement à se confier sur leur vie dans ce nouveau monde. Ce n'était facile pour personne, évidemment, alors pouvoir en parler faisait un bien fou. Elle lui confia alors qu'elle avait passé plus de temps à comprendre ce monde et à chercher ses proches plutôt qu'à comprendre le pourquoi ils étaient ici. C'était une chose importante évidemment, mais ça n'avait pas été la priorité d'Anna durant ces deux dernières années. « Je suis certaine que tes proches réapparaîtront bientôt, lorsqu'ils s’ennuieront de tes bêtises ! » Le sujet n'était pas drôle, mais Anna essayait d'en plaisanter pour détendre l'atmosphère trop lourde dès que le sujet était évoqué. En plaisanter - ou essayer - n'enlevait rien au sérieux de la chose.

« Je te trouve très gentil ! Et tout ce que tu dis me touche énormément ! Alors non, je ne dirais pas que tu es macho cette fois-ci. » Rétorqua alors la rousse lorsque Mutt assura ne rien vouloir lui demander pour avoir gagné le jeu, même si elle le trouverait alors galant ou macho, au choix. « Mais je ne te trouverai pas moins sympathique parce que tu me laisses payer l'addition, tu sais, c'est le jeu ! » Elle avait perdu, il pouvait lui laisser payer leurs verres sans qu'elle ne le trouve horrible ou mal élevé ou elle ne savait quoi d'autre.

Parce qu'il réclamait davantage de compliments, Anna lui assura qu'il en avait assez eu et Mutt rétorqua qu'on ne recevait jamais assez de compliments. Peut-être. Mais il exagérait un tout petit peu à en réclamer autant, même si toute cette histoire amusait énormément Anna. Anna ne répondit alors rien d'autre qu'un soupir, sourire amusé aux lèvres, en secouant la tête de droite à gauche. Puis il parla de son père et du comportement qu'il avait eu lors du mariage de ce dernier. Pour plaisanter, Anna rétorqua donc qu'il devait le trouver insupportable, et comme à chaque fois, il avait réponse à tout. « Je suis certaine qu'il sait que ce n'est que de la taquinerie ! Et que ça lui manque autant qu'à toi. » Anna était presque certaine de ce qu'elle disait sans même connaître le père de Mutt. Tout semblait se ressentir à travers les mots de l'étudiant. Il était plus qu'évident que son père lui manquait terriblement et cela touchait énormément Anna qui savait le manque que pouvait provoquer l'absence des parents.

Lorsque Mutt posa sa main sur celle d'Anna après avoir parlé de ses parents, Anna posa à son tour son autre main sur celle de Mutt pour la serrer dans un geste rassurant et réconfortant. Elle voulait lui montrer qu'elle était là pour lui et qu'elle le comprenait. A ses mots, elle se mit alors à sourire, rassurante. Puis il lui avait fallu deux secondes pour comprendre ce qui était en train de se passer, avant qu'elle n'ait pu ajouter quoi que ce soit. Il s'avança vers elle. Anna resta immobile un instant, se demandant bêtement ce qu'il était en train de faire. Puis lorsqu'elle comprit à quel point il était proche et ce qu'il s'apprêtait à faire, Anna s'était reculée autant que possible sur son siège. « Je peux savoir ce que tu viens de faire ? » souffla-t-elle, gênée, reprenant aussitôt pour rectifier ses propres mots : « d'essayer de faire ? » Anna remarqua alors qu'elle avait toujours ses mains dans celles de Mutt, elle les retira alors à toute vitesse. Elle n'avait sans doute jamais été aussi mal à l'aise depuis son arrivée ici parce qu'elle ne s'était pas attendue une seule seconde à ce que lui s'imagine ça, n'ayant jamais vu le moindre sous-entendu dans les mots de Mutt.

Anna ne pouvait pas prétendre ne pas être en train de passer un bon moment avec Mutt. Il ne se prenait pas la tête et elle plaisantait comme elle ne l'avait pas fait depuis un long moment maintenant. Elle en arrivait même à se demander pourquoi ils ne s'étaient pas adressés la parole plus tôt ? Leur petit jeu terminé, il était question du cadeau de Mutt. Anna était prête à payer l'addition s'il voulait, mais il s'y refusait malgré les mots d'Anna. Elle ne lui en voudrait pas s'il la laissait payer pourtant. Oui, il l'avait invitée, mais elle avait joué et elle avait perdu, alors elle accepterait le prix à payer. Mais Mutt semblait bien décidé à avoir le dernier mot puisqu'il sortit aussitôt l'argent de sa poche, insistant sur le fait que ce ne serait vraiment pas cool s'il la laissait payer. Elle le remercia alors d'un sourire, reprenant simplement, amusée : « T'es vraiment parfait ! »

L'étudiant semblait avoir besoin de parler de son père. Il n'était pas ici avec lui et il semblait lui manquer. Anna ne pouvait que comprendre ce sentiment. Ses parents aussi lui manquaient énormément, mais ils étaient morts et elle ne croyait pas possible d'espérer les revoir un jour. Mutt, en revanche, avait toutes ses chances pour revoir son père et Anna avait envie de lui donner de l'espoir. « N'est-ce pas ce que tout bon enfant devrait faire ? » Ajouta la rousse, joignant son rire à celui de Mutt, toujours dans le but de lui rappeler de bons souvenirs pour ne pas le voir déprimer.

Son autre main se glissa alors sur celle de Mutt lorsqu'il lui prit la main. Il avait besoin de réconfort et Anna était prête à lui offrir tout le soutien dont il pouvait avoir besoin. En toute amitié, évidemment. Ce que le garçon ne semblait pas avoir compris, en réalité. En quelques secondes, il s'était approché d'elle sans qu'elle ne comprenne ce qu'il était en train de faire. Dans un premier temps, elle se recula autant que possible jusqu'à le voir rouvrir les yeux, surpris. Ils semblaient l'être tout autant l'un que l'autre, mais pour des raisons différentes. Anna lui demanda alors ce qu'il venait de faire parce qu'à aucun moment elle n'avait, pensait-elle, laissé penser qu'il lui plaisait ou qu'elle était ouverte à l'idée qu'ils s'embrassent. Gênée, le rouge aux joues, elle remarqua que ses mains étaient toujours dans celles de l'étudiant alors elle les retira à toute vitesse. Ils ressemblaient tous les deux, à cet instant, à deux adolescents gênés par ce qu'ils venaient - ou avaient failli - de faire. Mutt fut le premier à reprendre la parole, tentant de dire quelque chose, riant nerveusement. Anna était tout aussi gênée, toujours aussi reculée sur son siège alors qu'il n'y avait plus la moindre raison. Ce n'était qu'un malheureux malentendu ! « Non, t'excuse pas, c'est moi... Je... Enfin... Je voulais juste te dire des trucs gentils... » Elle avait l'impression de ne pas dire ce qu'il fallait, ce qui n'avait rien d'étonnant. « Enfin, c'était vrai... Tout ce que j'ai dit... Mais... C'était pas... Pour... J'pensais pas que tu pouvais penser que j'm'intéresserai à toi... » C'était méchant, non ? Elle ne savait plus. « Non pas que tu ne sois pas intéressant, c'est pas ce que je voulais dire. C'est juste... On m'a dit... Tout le monde dit que... Que tu préfères les garçons... Alors j'pensais pas que... » Anna n'avait pas été si gênée depuis bien longtemps. A aucun moment elle n'avait cru qu'il avait ça derrière la tête, sans quoi elle l'aurait stoppé directement en lui signalant qu'elle était fiancée. Elle s'était simplement imaginée qu'ils s'entendaient extrêmement bien et que cette conversation était tout à fait naturelle pour deux nouveaux amis qui s'adressaient la parole depuis moins d'une heure.

Les deux étudiants ressemblaient à des adolescents incapables de s'exprimer autrement qu'avec des mots hésitants, trop gênés par la situation dans laquelle ils se retrouvaient. Ils étaient tous les deux rouges de honte, ils bégayaient, s'excusaient, justifiaient et hésitaient. Anna s'en voulait, imaginant qu'elle lui avait fait croire, involontairement, qu'il était possible d'essayer quelque chose avec elle. Naïve comme elle l'était, elle n'avait vu que des mots gentils dits à un ami, des compliments sincères donnés pour faire plaisir et en toute innocence. Lui, il y avait vu de la drague et Anna s'en sentait terriblement honteuse. La jeune femme s'excusait donc tant qu'il était possible de le faire, justifiant son comportement et ce qu'elle avait pu dire, jusqu'à expliquer à Mutt qu'elle ne croyait pas le quiproquo possible puisqu'on lui avait répété à de nombreuses reprises que Mutt était attiré par les garçons. Comment pouvait-elle alors imaginer que ses mots auraient un double sens à ses yeux ?

Ces quelques aveux eurent un effet inattendu chez l'étudiant qui sembla à la fois surpris et en colère. Il réfuta l'information, souffla quelques mots et claqua du poing sur la table... Anna était surprise de le voir autant réagir, et même si elle s'était trompée en écoutant les bruits de couloir, pourquoi le faire de la sorte ? Elle n'avait rien dit d'horrible, elle ne l'avait pas insulté ! Elle avait simplement supposé quelque chose parce qu'elle croyait en ce qu'on lui disait. Elle s'était juste trompée ! Pourquoi aurait-elle douté de ce qu'on lui avait dit, d'ailleurs ?

Elle tenta d'intervenir alors qu'il continuait de pester contre l'université, contre sa réputation et contre la prétendue étiquette qu'Anna comptait lui donner, mais à peine eut-elle le temps de commencer un mais que déjà il reprenait en sortant l'argent de sa poche. Elle devait être plus gênée encore que lorsqu'il avait essayé de l'embrasser, gênée de l'avoir mis dans un tel état. Elle se sentait affreusement coupable et elle n'avait jamais eu la moindre intention de lui faire du mal. Elle sentait la situation lui échappait, assistant muette à toute la scène. Alors bien qu'il préférait en rester là et qu'il était déjà debout, prêt à partir, Anna ne put pas le laisser partir sans rien ajouter. Alors elle se mit debout à son tour, tentant de capter le regard de celui qu'elle espérait ne pas avoir braqué pour de bon. « Mutt... Je suis désolée. Je ne voulais pas que tu le prennes comme ça. » Comment pouvait-elle s'excuser ? Il s'était tellement emporté sans qu'elle ne comprenne véritablement pourquoi que c'était difficile de savoir quoi dire. « Je me fiche de savoir qui tu aimes et je me fiche de ce que les autres disent, de ta réputation ou je ne sais quoi, j'ai dit ça... comme ça. Je ne pensais pas que ça te toucherait autant. » Tenta-t-elle donc d'expliquer. « Quelle importance ça a que j'ai pu croire ça ? Que d'autres puissent le croire ? » Ce n'était sans doute pas le moment idéal pour poser des questions, mais elle n'y avait pas spécialement réfléchi, ne comprenant pas la réaction disproportionnée de Mutt. « Je ne veux juste pas que tu partes fâché. » Et c'était vrai. Il avait le droit de partir, mais elle aimerait simplement qu'il ne parte pas fâché contre elle pour quelques mots malheureux alors qu'elle n'avait jamais voulu le blesser.