Le temps se fait sacrément long, à l’hôpital, fort heureusement, Klaus sait que normalement, d’ici quelques jours, il pourra repartir… sauf épisode alarmant, mais de manière générale, tout se passe bien depuis qu’il est alité dans cette chambre. A part les évidents débordements qui ont forcément toujours lieu quand Mutt et lui se retrouvent dans la même pièce, il a été aussi sage qu’une image : et pour cause, il tenait à faire les choses bien, et pour plein de raisons.
Déjà, pour commencer, Klaus n’a pas envie de s’éterniser ici plus longtemps. Il a envie de retrouver sa bonne vieille routine, et son appartement, pouvoir profiter de Mutt et d’indy, en bref, savourer autre chose que les repas insipides que l’on vous sert ici et juste… savourer la vie sans contraintes… Enfin si, des contraintes, il y en aurait toujours dorénavant, à commencer par celles de la restriction et de la sobriété, qui sont évidemment nécessaires à ce stade, pour ne pas dire absolument inévitables, en l’occurrence. Mais il est prêt. Maintenant qu’il est bien encadré, qu’il ne gère pas son sevrage à l’arrache, il a de meilleures armes de son côté. Et aussi, des perspectives élargies par la promesse de tout ce qui l’attend durant l’année à venir. Oui, il est plutôt confiant, et parce qu’il est franchement positif quant à ce qui les attend, Klaus arrive à ronger son frein et à supporter la solitude de sa chambre, heureusement régulièrement interrompue par les visites de Mutt, de ses frères ou de quelques autres amies.
En l’occurrence, c’est une silhouette familière mais qui n’était pas encore venue lui rendre visite qui vient passer une tête dans sa chambre. Une tête littéralement bicolore ! Klaus affiche un large sourire satisfait en découvrant la coiffure bigarrée d’Estella. Ils avaient eu une longue conversation, toutes les deux, quant au fait qu’elle ne devrait surtout pas se teindre les cheveux et plutôt apprécier pleinement une couleur de cheveux naturelle si originale. Et clairement, quand il la voit ici dans toute sa flamboyance, il est convaincu que c’était un bon choix.
« Mais regarde-moi ces cheveux magnifiques !! J’ai bien fait d’insister pour que tu gardes ta couleur naturelle – tes couleurs naturels. Ça te va à la perfection », s’exclame Klaus alors qu’Estella vient le saluer. Il lui rend son étreinte avec le sourire. « Mais dis-moi ! Tu as dévalisé un magasin ou ça se passe comment ? T’étais vraiment pas obligé de m’offrir tout ça, on dirait que je suis à l’article de la mort… »
Enfin, en même temps, c’est vrai qu’il l’a été, et même qu’il est littéralement mort, mais Klaus n’a aucune intention de revenir là-dessus. Maintenant, c’est derrière lui, et ce qui l’attend, c’est que du positif.
« Ça va très bien, en fait, ça va tellement bien que t’as failli me louper ! Je sors dans quelques jours », annonce Klaus dans le but de rassurer immédiatement son interlocutrice.
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Dim 30 Jan 2022 - 16:33
Dernière édition par Estella Von Hellman le Mar 15 Fév 2022 - 20:45, édité 1 fois
Estella accueille ses compliments avec fierté, et elle a bien raison d’être fière, parce qu’elle se présente à lui dans toute sa singularité, et Klaus trouve vraiment que ça lui va comme un gant. Il espère sincèrement qu’elle ne cherchera plus jamais à cacher sa couleur naturelle (en l’occurrence ses couleurs naturelles), car entre sa coiffure et son goût et son talent innés pour la mode, elle a clairement une classe… d’enfer.
« Mais oui je vais prendre soin de moi ! Promis juré, j’ai pas l’intention que ça m’arrive de nouveau, là-dessus t’as vraiment aucun souci à te faire », la rassure immédiatement Klaus en affichant un sourire réconfortant.
Clairement, il n’a pas envie de revivre une telle expérience. Enfin… pour lui, en réalité, ça n’a pas été si terrible. En fait, ça a même été… transcendantal, si on peut dire. Mais ça n’a pas été le cas pour son entourage, et il ne veut plus jamais faire subir une telle inquiétude aux personnes qui comptent pour lui : il ne s’en remettrait clairement pas. Non, ça suffit comme ça… Maintenant qu’il est convenablement pris en charge et qu’il sait ce qu’il doit faire, il arrive à se projeter plus facilement, et quand il promet d’aller bien, il sait que c’est une promesse qu’il est totalement en mesure de tenir.
« Oh ça… », fait Klaus avec un sourire au coin des lèvres. « J’attendais de te voir en personne pour te l’annoncer, mais du coup tu m’as devancé. J’avais préparé tout un speech et tout », plaisante Klaus, beaucoup trop ravi cela dit d’annoncer ses fiançailles à son amie pour vraiment être déçue de ne pas avoir choisi la manière de le lui annoncer. « Mais oui, Mutt m’a fait sa demande à Nouvel An, c’était juste… parfait. » Il néglige un peu la partie où ils se sont engueulés comme c’est pas permis avant ça, mais passons. « Je vais avoir besoin que tu me confectionnes la robe de marié la plus phénoménale qui puisse exister », ajoute-t-il avec une lueur de malice dans le regard. « Et t’inquiète pas, j’ai l’intention de me reposer juste ce qu’il faut. Pour une fois que j’ai une vraie bonne raison de pas en foutre une, tu crois bien que je vais pas passer à côté », ajoute-t-il avec malice.
Même si en réalité, ne pas avoir réellement d’excuse ne l’a jamais spécialement empêché de ne pas en foutre une. Il est comme ça, Klaus. Et crise cardiaque ou pas, y a quand même deux trois choses qui sont clairement pas prêt de changer.
« Merci pour l’arrivage de cadeaux. T’avais vraiment pas à te donner autant de mal, mais ça me fait plaisir, vraiment », dit-il en regardant les cadeaux les uns après les autres, un large sourire aux lèvres. Il ne pense pas mériter d’être gâté autant, mais ça fait plaisir. « J’ai hâte que Buddy fasse la connaissance d’Indy, je suis sûr qu’ils vont s’adorer, nos deux toutous ! »
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Mar 15 Fév 2022 - 20:52
Photo du magazine, l'article sur "Evil Style"
Spoiler:
Dernière édition par Estella Von Hellman le Mer 23 Fév 2022 - 23:39, édité 1 fois
Klaus s’en veut d’avoir ainsi fait flipper tous ceux de son entourage. A l’évidence, ça n’avait pas été son intention (en même temps, on décide rarement d’avoir une crise cardiaque), mais clairement, ça ne le fait que l’encourager dans l’idée de se reprendre en main… certes, sa décision de demeurer sobre est bien plus ancienne que son attaque, mais à présent, il va aborder son sevrage de la bonne manière, et sereinement, et avec un suivi médical approprié : oui, tout irait bien, et ainsi, les personnes qui se faisaient du mouron pour lui n’auraient plus jamais à s’inquiéter. Klaus rend son étreinte à Estella avec un large sourire, mais en occultant le sujet, car oui, il estime qu’il vaut mieux passer le sujet sous silence, même si ça n’empêchera sans doute pas certains de cogiter, et à juste titre.
« Trop tard, t’as tout gâché », plaisante Klaus avec un léger sourire au coin des lèvres quand Estella lui assure qu’il peut toujours lui faire son speech malgré tout, mais évidemment, ça perdrait totalement en spontanéité. « En fait, il avait pas du tout l’intention de me faire sa demande à ce moment-là. A la base, il voulait faire ça à Noël mais… bref, bref voilà quoi. » Bref, les choses avaient dégénéré, et il est préférable de ne pas insister à ce sujet, parce qu’ils savent tous deux ce qui s’est passé à Noël. « Et en fait, c’est juste venu comme ça, dans la conversation, c’était… encore plus génial parce que c’était spontané, tu vois, c’était juste le bon moment, au final. »
Et si Klaus s’écoutait, il en parlerait encore pendant des heures et des heures, mais il n’a pas la moindre envie d’ennuyer son amie à ce sujet non plus. Il est convaincu qu’elle est ravie pour lui, mais il ne veut pas se lettre à rabâcher non plus. En attendant, il se rabat sur un sujet qui intéressera forcément beaucoup plus Estella, et c’est donc la confection de la robe de marié idéale, et il est convaincu qu’avec ses doigts de fée, elle arrivera à faire quelque chose d’extraordinaire.
« J’ai pas encore réfléchi à tous les détails, je te tiendrai au courant, mais je suis sûr que tu as déjà tout un tas d’idées, et que ce sera parfait. Je sais que je que tu vas partir dans tous les sens et me montrer des croquis toutes les semaines. Tu oublieras pas que tu as d’autres clients, pas vrai ? » ajoute Klaus avec amusement, même s’il est convaincu qu’Estella sera tout à fait capable de tout gérer. « Et on ne dispose pas de mes petites fesses comme ça, madame, je suis un homme fiancée, rappelez-vous », il glousse doucement. « J’adore ce mot : fiancé », reprend-il avec le sourire. « Par contre, pas de vêtements pour Indy, j’ai déjà essayé, et il aime pas ça, et c’est le chien le moins photogénique de la terre, je crois », ajoute-t-il avec amusement, avant qu’Estella ne lui montre l’article de magazine sur sa boutique. « Hey, on est des stars ! Je le savais déjà, mais je suis sacrément canon là-dessus. » Il tourne son regard vers Estella. « Tu vois que les cheveux bicolores, ça rend du tonnerre. »
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Mer 23 Fév 2022 - 23:40
Dernière édition par Estella Von Hellman le Ven 18 Mar 2022 - 20:08, édité 1 fois
« Si c’est grave ? » répète Klaus, sincèrement amusé par les paroles d’Estella quand elle affirme qu’elle s’aime, clairement, ça lui ressemble de s’exprimer ainsi, et Klaus, ça le fait sourire, parce que même si ce genre de réflexion reflète peut-être le comble même du narcissisme, ça lui ressemble bien malgré tout, et c’est comme ça qu’il l’aime, avec cette touche de folie qui lui est si caractéristique, indissociable de sa personnalité. « Si tu veux mon avis, les gens devraient apprendre à s’aimer plus, l’auto-apitoiement et la chasse aux compliments, c’est vraiment surfait, au moins, quand on s’envoie des fleurs à soi-même, on est sûr de toujours sentir bon », répond Klaus d’un ton presque philosophe (mais peut-être aussi parce qu’il est en parti shooté aux médocs depuis des jours.
Mais oui, à l’évidence, ce n’est pas lui qui va reprocher à son amie de se montrer narcissique, alors que s’il en est bien un qui n’oublie jamais de l’être de son côté, c’est définitivement lui, bien incapable qu’il est de faire preuve d’humilité dans la plupart des circonstances, bien plus soucieux de n’en faire qu’à sa tête – et de se la raconter pas mal, aussi, c’est vrai (au bout d’un moment, il faut quand même admettre ce qui est).
« Heureusement que t’es devenue styliste et pas poète », sourit Klaus que la réflexion d’Estella fait rire quand elle fait remarquer que « fiancé », ça rime avec « Beyonce ».
Ceci dit, c’est vrai aussi, et il a sans doute autant de classe et de présence que Beyonce quand il agite sa bague (il devrait refaire sa choré quand il sera plus en forme, d’ailleurs). Fiancé, ça rime avec un milliard de truc, mais ce qui est certain, surtout, c’est que ça rime avec son bonheur. Il est beaucoup trop heureux de pouvoir épouser Mutt, et encore plus heureux de pouvoir partager ce bonheur pur, simple, et évident avec son amie, qui clairement, ne manque pas d’enthousiasme en retour, ce qui bien sûr lui fait chaud au cœur, quand bien même il n’en doutait pas réellement de son côté.
« T’as bu avant de venir ou c’est l’annonce de mes fiançailles qui te met dans tous tes états ? » se marre Klaus tandis qu’elle suggère qu’il pose à poil, pour la blague évidemment, mais définitivement, et même si elle a toujours été très en forme et prolixe, il la trouve particulièrement… expansive, ce jour-là. Mais pour en revenir au magazine, il était surtout très fier, surtout fier pour Estella. Son succès commençait à être reconnu à sa juste valeur, et c’était amplement mérité. « T’as vraiment de quoi être fier de toi, mais j’ai toujours su qu’on reconnaîtrait ton travail à sa juste valeur », reprend Klaus avec un large sourire.
Décidément, il a l’impression que les bonnes nouvelles s’accumulent. Leurs vies sur les meilleurs rails possible. Et le fait de se trouver présentement dans un lit d’hôpital ne l’empêche pas du tout de penser de cette manière. En fait, son attaque n’a fait, contradictoirement, que lui confirmer cette chance.
« Mes pouvoirs ? Non, ça n’a rien à voir, c’est plus… J’étais en sevrage, mais j’ai fait ça n’importe comment, mon corps a pas apprécier. » Klaus l’observe attentivement. « Je peux t’en parler plus, si tu veux… de mes pouvoirs, tout ça. Mais j’ai pas envie de te faire flipper ou quoi. »
« Si tu m’offres des fleurs gratuitement, je vais pas te dire non », se marre Klaus quand Estella affirme qu’elle se jette bien assez de fleurs pour qu’ils puissent en profiter tous les deux. « Et c’est mignon, les oiseaux, enfin », fait-il mine de s’offusquer ensuite, s’amusant de cette folie qui accompagne toujours Estella, comme une aura de démence pure, mais qui la rend au moins plus intéressante que beaucoup d’autres gens de type terriblement plans-plans. « Tant que tu t’arrêtes pile au moment d’être trop flippante, tu es juste flippante ce qu’il faut, ne t’en fais pas », ajoute-t-il alors.
Peut-être devrait-il s’inquiéter de cette folie dont Estella elle-même ne connaît peut-être pas forcément les limites, mais en ce qui concerne Klaus, il considère que ça fait partie de son charme, et il veut croire que c’est une chose qu’il comprend et qu’il sait parfaitement contrôler, bref, que ce n’est pas forcément un problème. Et oui, c’est vrai que des fois, ça donne l’impression qu’elle plane à dix mille, mais Klaus n’est pas forcément mieux dans son genre, qu’il soit complètement saoul ou défoncé ou non. La preuve, Klaus est complètement sobre, ce qui ne l’empêche pas non plus d’agir souvent comme s’il était complètement allumé.
« C’est vrai que le bonheur, c’est la meilleure drogue qui existe, en vrai », répond Klaus avec un large sourire quand Estella lui assure que, faute d’être bourrée, elle est euphorique car véritablement heureuse pour lui. Et il est heureux de voir à quel point elle est capable de s’enthousiasmer pour lui, vraiment. Ça prouve qu’elle a un grand cœur, et surtout qu’elle tient à lui. On peut parfois se méfier des gens expansifs et se dire qu’ils en font des caisses avec tout le monde, et qu’il ne faut pas forcément se fier à ce qu’ils disent, mais avec Estella, Klaus sait que ce n’est pas le cas. Elle dit être heureuse pour lui parce qu’elle l’est réellement.
Et elle a raison, rien ne vaut la sensation que suscite le bonheur à l’état brut. Même si la redescente est toujours assez violente, pour ne pas dire franchement brutale. Surtout quand, comme lui, on a le don d’enchaîner constamment les ascenseurs émotionnels, à croire qu’il ne sait tout bonnement pas faire autrement. C’est souvent déroutant pour lui, d’ailleurs.
Au final, quand Estella fait le résumé de sa propre vie, Klaus peut bien reconnaître qu’au final, il a peut-être peu de chances de la faire flipper avec ses histoires de pouvoirs. D’autant que, après tout, elle lui a déjà bien assez prouvé à quel point elle sait se montrer compréhensive envers elle. Et elle a raison… C’est certainement moins flippant que le récit de son arrêt cardiaque. Il grimace à l’évocation de ce dernier. Il n’avait vraiment pas voulu causer tant de tort et d’inquiétude à ses proches.
« Bon OK, tu marques un point », fait-il avec un sourire au coin des lèvres. « Je suis né avec ces pouvoirs, et franchement, je m’en serais bien passé. En gros, je suis capable de communiquer avec les morts et de les… contrôler, plus ou moins ? Enfin ça c’est vite dit, cela dit… J’y arrivais plus quand je suis arrivé ici, et honnêtement, ça m’allait bien. Sur le marché des pouvoirs un peu badass, je me suis clairement fait enfler. »
Klaus se marre franchement quand Estella lui fait remarquer que les oiseaux, tout mignons puissent-ils être, sont de véritables bombes à retardement : on ne sait jamais quand la fiente va arriver. Oui, elle n’a pas tort, effectivement. Et d’ailleurs, il s’en est déjà pris des magistrales, et dans les cheveux, qui plus est, mais en effet, est-ce qu’on peut blâmer ces pauvres piafs ? Si Klaus était un pigeon ou une mouette (il ne se verrait être aucun autre oiseau que ces deux-là), chier à tout va sur tout le monde de façon aléatoire serait très certainement un de ses passe-temps préférés, c’st une certitude. Il met un certain temps à se remettre de son hilarité quand la créatrice de génie lui dit être rassurée tout de même de ne pas être considérée comme trop flippante à ses yeux. Il pense qu’il en faudrait beaucoup pour qu’il la trouve flippante. Il l’aime avec sa folie, il ne se verrait pas la lui reprocher.
« Ceux qui te fuient ne méritent pas de faire partie, de ton entourage, fin de l’histoire », décrète-t-il avec ce qu’il considère être une certaine philosophie.
Klaus reprend la parole pour en apprendre plus à Estella au sujet de ses pouvoirs. Ce n’est pas forcément simple à expliquer, parce que lui-même n’est pas toujours sûr de tout y comprendre, mais il fait au mieux malgré tout, en espérant qu’elle comprenne et intègre ce qu’il lui apprend et lui fait découvrir.
« Certains morts me collent aux basques plus que d’autres », fait-il en songeant à Ben avec la plus grande tendresse, même si son fantôme de compagnie n’a plus grand-chose d’un fantôme, à présent. « Mais j’ai tendance à éviter les cimetières et les endroits du genre, c’est un peu chercher la merde, tu vois. » Il marque une pause. « Je peux invoquer des morts, mais souvent, ils viennent me trouver sans que je leur ai rien demandé, et dans ces moments-là, bah… » Il hausse les épaules. Il ne pense pas avoir besoin de développer. « La drogue, l’alcool, toutes ces merdes, ça les fait disparaître. Quand je suis défoncé, je suis de nouveau seul avec moi-même. » En dehors de Ben, mais Ben est un cas particulier par bien des aspects. « Pour ça, c’est vraiment pas simple de décrocher. »
Outre les difficultés de décrocher dans tous les cas, et peu importe les circonstances, ça n’arrange évidemment rien. Surtout que son contrôle sur ses pouvoirs, qu’il trouvait déjà relatif, avant, est devenu encore plus aléatoire après quasiment deux ans et demi à avoir vécu sans eux. Et il aurait bien continué.
« A une époque, j’avais même des fidèles. Ah, le bon temps où j’étais gourou de secte », fait Klaus d’un air songeur, bien sûr dans le but d’attiser la curiosité de son interlocuteur. « Les gens m’adorent, j’y peux rien. »
Mais dans certaines circonstances, il s’en passerait bien. Avoir des macchabées aux basques, ce n’est définitivement pas la situation de ses rêves, et s’il avait pu en réchapper, il aurait dit oui immédiatement et sans hésiter, et ses fidèles de la secte parlons-en, au début, c’était un peu marrant, mais par la suite, c’est devenu oppressant. C’est peut-être son grand âge qui parle, très probablement, même (un âge canonique, hein, bien sûr), mais avec le temps, il aspire surtout à quelque chose de plus serein, de plus paisible. C’est pour ça aussi que la perspective du mariage, qui lui aurait semblé complètement aberrante en d’autres circonstances, a coulé de source, soudainement. Parce qu’il est prêt pour une vie planplan, sans drame et sans fantômes. Sauf que Klaus qui vivrait sans drames et sans fantômes… Laisse tomber.
« Ils avaient leurs propres problèmes à gérer, c’était pas à eux de prendre soin de moi. Et ils m’ont soutenu… ils ont essayé, mais tu sais, je suis pas facile à vivre, et c’était encore pire à l’époque. » Non, sa fratrie n’a pas toujours été là pour Klaus, mais Klaus n’ira pas le leur reprocher. Lui non plus n’a pas toujours été là pour sa fratrie, après tout. Et puis, qu’est-ce qu’ils pouvaient bien faire ? Ils étaient tous dans le même bateau, à l’époque, et aucun d’eux ne pouvait faire quoi que ce soit contre ce qu’il enduirait. « Ils auraient pas pu faire grand-chose de plus, et à un moment donné, on s’est tous éloigné. Ils ont baissé les bras. Et c’est normal. Mais il me restait Ben. »
Ben qui lui aussi aurait sans doute voulu jeter l’éponge plus d’une fois, mais dans son cas, il n’avait pas vraiment le choix. Et heureusement. Même s’il le lui a souvent très mal rendu, Klaus aurait été le centième de qui il est s’il n’avait pas eu Ben à ses côté, Ben est ses sempiternelles leçons de morale qui lui rappelaient de filer droit quand il était tenté de ne rien en faire.
« J’ai appris à faire avec », répond Klaus. « Et rassure-toi, y a pas de mort dans ton dos, là, tout de suite, tu peux être tranquille », ajoute-t-il, amusé de la curiosité d’Estella, même s’il ne veut pas se pencher sur le sujet trop longtemps non plus. S’il accepte d’en discuter avec elle, ce n’est pas pour autant que le sujet est agréable pour lui. Loin de là, même.
« Je sais pas trop combien de temps ça a duré, je pourrais même pas dire comment ça a commencé. On était coincés dans les sixties et j’sais pas… La situation a un peu dérapé hors de mon contrôle ? » suggère Klaus avec un sourire amusé, quand Estella l’interroge sur cette étonnante période de son existence où il a été gourou de secte. Maintenant, il peut en parler avec détachement et humour, d’autant plus que la plupart des gens à qui il raconte cette histoire, tout naturellement, ne le croient pas… Mais Estella, elle, elle en a vu d’autres, et c’est cool de se dire que quoi qu’il puisse lui apprendre, elle le croira malgré tout. Ça va, parce que c’est elle, il ne compte pas en abuser, même si c’est forcément au moins un tout petit peu tentant, il faut tout de même le dire. « Au début, c’était franchement cool… Mais après c’est devenu bizarre ? Si jamais c’est une expérience que tu voulais tenter, j’te le conseille pas, vraiment ! » Il affiche une légère esquisse de sourire. « Enfin bon, t’es déjà un gourou de la mode, alors c’est déjà plus ou moins pareil, non ? »
Quand il évoque sa fratrie, il hoche la tête au moment où Estella conclue par le fait que ça avait été compliqué pour tout le monde. Quand on est un Hargreeves, il ne faut pas spécialement s’attendre à autre chose, malheureusement. Quant à Ben… Klaus, parce qu’il est sur sa lancée, n’hésite pas un seul instant à en parler à Estella. De toute manière, ça lui fait du bien de discuter de tout ça, c’est mieux, beaucoup mieux que de rabâcher inutilement et plus que nécessaire.
« Ben c’est un de mes frangins mais il est mort… y a un bail. Après sa mort, il est resté avec moi. En gros il m’a accompagné dans tou-tes mes galères », fait-il avec un grand sourire. « Je peux te dire qu’il en a bouffé, vraiment », il fait en lui laissant venir à l’esprit des souvenirs communs. « C’est bizarre, parce qu’ici, je l’ai retrouvé, en chair et en os… j’pensais pas du tout. »
Et ça lui fait bizarre, et une part de lui continue de se sentir démuni même privé de son fantôme de compagnie, parce que même s’ils peuvent se voir régulièrement, sa présence à ses côtés avait fini par faire partie intégrante de lui-même et de son identité, et c’est assez difficile d’accepter qu’il n’en soit plus rien. Mais bon, et même si ses fréquentations ne sont pas très nettes, il sait quand même que c’est le mieux pour Ben, et il veut, bien évidemment, son bonheur.
« Tu sais, même moi avec mes pouvoirs et ma famille de dingue, j’ai du mal à me faire à cette situation et à cet endroit. On croise des gens tellement bizarres – mais au fond, j’aime bien », décrète-t-il avec légèreté.
« Je suis un nid foisonnant de mystère, ma chère », confirme Klaus en écartant les bras, très fier de toutes ces nouvelles informations qu’il apprend à Estella. Bon, il n’a pas été fier de chacune d’entre elles, à l’époque, mais les choses ont changé, entre-temps, le temps à passé, et c’est plus simple de parler de tout ça et de trouver cette situation comique. S’il devait revenir une fois de plus en arrière, il ne sait pas trop s’il se la jouerait gourou de secte de nouveau… Pas évident, comme choix, parce que quand même, ça lui avait permis de vivre plus que confortablement dans une période où il avait plus aucun repère, pas même ses frères et sœurs qu’il pensait tous morts, alors… Mais bon, les contreparties n’étaient pas spécialement belles à voir. « J’espère bien que tu n’as pas attendu ces anecdotes croustillantes pour me respecter », se marre-t-il alors.
En attendant, lui, il a affaire à un gourou de la mode, et ça, ça force aussi le respect, tout comme Klaus a vraiment un immense respect pour les création d’Estella. Cette dernière a vraiment de l’or entre les doigts, et ça, c’est franchement remarquable. Elle peut vraiment se vanter de ce qu’elle a accompli. D’ailleurs, Klaus l’a toujours pensé, et il n’est pas peu fier d’avoir l’occasion de porter ses créations.
« Au moins, t’en es revenu. C’est ça qui compte, pas vrai ? C’est pas si grave de faire des conneries tant qu’on sait s’arrêter à temps », suggère-t-il, ce qui est sans doute là une des pires visions des choses que l’on puisse avoir, sans aucun doute. Mais sans doute parce qu’il ne sera jamais capable de s’empêcher de faire des conneries, c’est toujours de cette manière qu’il concevra les choses de son côté.
C’est clair que Ben n’avait pas eu le temps de s’ennuyer, avec Klaus, et sans doute qu’il aurait aimé en avoir l’opportunité, d’une façon ou d’une autre, Klaus est même très convaincu de cela. Ceci dit, il est tout aussi convaincu du fait qu’il doit trouver sa vie particulièrement insipide à présent qu’il n’est pas H24 à lui coller aux basques, pas vrai ? (Quoi, on peut toujours rêver !)
Cette ville est déstabilisante, c’est vrai, mais elle offre réellement des opportunités incroyables, et clairement, Klaus n’a plus aucune envie de repartir. Il aurait trop à perdre. Repartir et perdre Mutt et Ben ? Il ne peut plus l’imaginer, à ce stade.
« C’est vrai que sans moi cette ville serait cent fois moins intéressante », confirme Klaus sans du tout essayer de modérer le propos de son interlocutrice. « C’est mon talent naturel, ça. »
Klaus répond à Estella par un sourire amusé et faussement humble quand cette dernière remarque qu’en sa présence, elle n’a certainement pas l’occasion de s’ennuyer : encore heureux, a-t-il envie d’affirmer ! Et le sentiment est tout à fait réciproque, par ailleurs. Lui aussi ne s’ennuie pas une seule seconde quand il est en compagnie d’Estella… Bon certaines des surprises qu’il peut lui réserver parfois sont totalement indépendantes de sa volonté, il faut bien l’avouer, mais ça c’est une autre paire de manches.
« T’as pas idée », affirme Klaus d’un ton exagérément mystérieux quand son amie suggère qu’il doit avoir encore plein d’anecdotes cachées à lui dévoiler. « Je ne vais quand même pas dévoiler toutes mes cartes d’un coup, et je suis sûre que ça manque pas de ton côté non plus », suggère-t-il avec un sourire de connivence.
Il est absolument convaincu de cela, et il ne pense vraiment pas que le discours d’Estella le détrompera à ce sujet. Il hoche simplement la tête, attentif, quand Estella lui fait remarquer qu’il y aura sans doute, quelque part, toujours quelque chose pour vous mettre à l’épreuve. Et en effet, savoir quand dans ces circonstances, il y a quelqu’un sur qui on peut compter, c’est loin d’être donné à tout le monde. Lui aussi, au final, a toujours bénéficié d’aide au moment de croire avoir tout perdu. Certes, cette aide s’était un peu trop fait attendre par moments, mais elle avait tout de même toujours fini par arriver, et c’est ce qui importe, pas vrai ?
« La couleur rouge aux cheveux, ce serait vraiment le plus grand tort que tu pourrais encore te faire », confirme Klaus d’un hochement de tête faussement dramatique. Au final, il le pense presque. Parce que ce n’est pas juste une question de coupe de cheveux : c’est quelque chose de beaucoup plus profond et de bien plus spécifique que cela au bout du compte. C’est en partie une affaire de dignité, et une affaire d’honneur personnel, par la même occasion. « J’allais pas du tout te répondre que tu dis n’importe quoi, je sais pertinemment que je suis un rayon de soleil. »
Et il pourrait en rajouter des caisses, affirmer que le soleil lui-même s’incline devant sa grande luminescence. Après tout, quelques-uns des fidèles de sa secte pensaient réellement cela de lui (vraiment, vraiment flippant).
« Je suis le soleil. Juste… plus sexy », se marre-t-il doucement (n’empêche qu’il estime que c’est pas faux).
C’est étrange de se dire qu’il a trouvé tant de personnes ici qui compte à ce point sur lui, qui est certainement, pourtant, le type le moins fiable qui ait jamais existé. Et ce genre de conversations, surtout après ce qu’il vient de traverser, lui font du bien, on va pas se mentir.