Rock around the clock

feat. Mutty

C’est… parfait. Tout contre ses lèvres, tout contre son corps, abandonné au plaisir qu’ils se procurent l’un à l’autre et qui semblent communiquer l’un avec l’autre, Klaus ne répond plus de lui-même. Il se sent heureux, il se sent extatique, il se sent complet. Il se sent bien. Il se senti mieux qu’il ne l’a jamais été. Klaus veut exprimer son plaisir, il veut le partager de toutes les manière imaginables : physiquement, verbalement. Leurs cœurs s’emballent au même rythme, leurs lèvres se cherchent avec la même gourmandise et la même avidité. Il savoure cette situation à un point inimaginable. Le fait de le retrouver après tout ce temps, et après avoir cru l’avoir perdu, cela renforce clairement la manière passionnée dont ses gestes s’approprient le corps de l’homme qu’il aime plus que tout. Peu importe les circonstances et la situation, ils se retrouveront toujours, et ils s’aimeront toujours. Cette pensée lui fait un bien fou, elle le rassure et le réconforte. Ils avaient eu raison. Et cette situation le prouve très clairement – ce sont des âmes sœurs, véritablement.

Les commentaires de Mutt encouragent encore Klaus à accentuer ses caresses. Il aime sentir que Mutt s’abandonne, en toute confiance, à ses caresses. Ses gémissements de plaisir sont la plus belle mélodie qui puisse être à ses yeux, et il les savoure avec un plaisir non contenu. Il aime ça… et il n’a encore rien vu… Klaus serait capable de le faire grimper au rideau de mille manières différentes, il serait capable de vivre pour son plaisir, encore et toujours, et sans aucune hésitation. C’est ensemble qu’ils atteignent l’orgasme, leurs gémissements mêlés accusent un plaisir d’une intensité sans nom, bien sûr.

Leurs corps se serrent l’un contre l’autre, et Klaus peut sentir Mutt sangloter entre ses bras. Klaus caresse doucement le dos de son amant, il comprend ce qu’il ressent, lui aussi ne se sent pas loin d’avoir les larmes aux yeux, bouleversé par l’intensité de leur échange, la puissance de ce qu’ils partagent : c’est définitivement plus fort qu’eux-mêmes, et à l’évidence plus fort que tout. C’est quelque chose de fort, d’incroyable. Quelque chose qui les dépasse à un point inimaginable.

« Ne t’excuse pas. » Klaus passe une main dans ses cheveux, colle le front de Mutt au sien. « Ne t’excuse jamais de rien quand t’es avec moi. » Il n’a jamais ressenti ça, mais maintenant, il comprend, il comprend tout, et ça fait une véritable différence. « Ce monde n’est pas si merdique, moi, je trouve », il reprend avec douceur en gardant Mutt serré tout contre lui. « Un monde où t’es avec moi, ça peut pas être un monde de merde. »

Bien sûr, il faudra affronter le monde réel tôt ou tard, et à ce moment-là, ce sera, tout naturellement, très compliqué. Mais en attendant, ils sont ici, ce monde, c’est le leur, celui qu’ils se construisent… rien d’autre. C’est facile, peut-être, utopiste, sans doute, mais c’est bel et bien ce qu’il pense.

« Je t’aime… », ajoute-t-il, transporté par l’euphorie du moment. « Pardon, j’aurais pas dû dire ça. »

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feat. Mutty

Klaus ne répond pas quand Mutt lui fait remarquer que si tout semble aller bien maintenant, ce sera différent quand ils passeront le pas de cette porte et se confronteront au monde réel. Mutt estime peut-être qu’il est réaliste, de son côté, Klaus a surtout le sentiment qu’il est défaitiste, mais il peut difficilement le lui reprocher, au fond. Après tout, s’il l’est, c’est parce que sa peur a une légitimité que Klaus ne peut nier.

Il ne peut prétendre être capable de suffire à Mutt, pas comme ça, pas dans ce monde, et cet intermède est peut-être le seul qu’ils connaîtront jamais avant que Mutt ne décide que c’est trop pour lui, que c’est plus que ce qu’il peut bien être capable d’endurer… Et alors… ce sera fini sans avoir vraiment commencé. C’est peut-être pour ça qu’il a ressenti cette urgence toute naturelle, celle de lui dire qu’il l’aime. Et qu’il le regrette presque aussitôt. Tout en se passant les mains sur le visage, il regrette directement ses paroles. Il se sent complètement idiot, là, tout de suite, et le silence de Mutt le paralyse alors qu’il prend conscience qu’il a tout gâché.

Bien sûr que ça va trop vite pour lui, c’est bien normal, et ça n’a aucun sens, bien sûr qu’il ne peut pas espérer que comme ça, en un claquement de doigts, ses sentiments deviennent soudainement réciproques : ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, et il le sait très bien, après tout. Il ne l’a jamais ignoré en soi. Alors oui, il sait que ses paroles ont été égoïstes en plus de mettre Mutt mal à l’aise. Ce qu’ils ont fait était « cool », juste cool. Le désir, c’est pas de l’amour. Je ne t’aime pas. Évidemment qu’il ne l’aime pas… Et il doit arrêter de projeter ses sentiments sur lui en l’enfermant dans cette situation parce que lui-même souffre d’avoir perdu l’homme de sa vie… Parce que oui, c’est bien Mutt qu’il a sous les yeux, mais la situation est si particulière…

« Non, c’est moi, je te l’ai dit, que j’aurais pas dû dire ça », répond seulement Klaus en s’adressant davantage au plafond qu’à son amant. C’est de sa faute, il faut toujours qu’il en dise trop, il faut toujours qu’il en fasse trop. « C’est sorti tout seul, oublie ça. »

Il essaie de faire abstraction, de laisser couler. Ce n’est pas si grave, après tout. Mais ces mots tournent et retournent dans son esprit. Je ne t’aime pas. Je ne t’aime pas. Je ne t’aime pas.

« Je dois juste… » Il se redresse et hausse les épaules. « L’appel de la nature », déclare-t-il en désignant la porte de la salle de bains avant de littéralement s’effondrer sur les toilettes, en attendant de reprendre une contenance.

Il lui a dit être patient, et il peut l’être, il peut tout être pour Mutt, mais il aurait tant voulu que ce dernier le reconnaisse, le ressente au plus profond de lui comme l’évidence que leur relation doit être.

A la place, il y pense et il y repense. Encore et encore. Je ne t’aime pas.

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Klaus n’a pas la moindre envie de faire tout un drame de cette situation, surtout, il n’a pas envie de mettre Mutt dans l’embarras du fait de son comportement, il ne veut surtout pas que le pauvre se sente mal ou délaissé après s’être tant dévoilé et livré, mais il sait que s’il ne s’isole pas un peu, il sera bien incapable de faire le tri dans ses émotions douloureuses et contrariées. Il a beau ne rien apprendre des sentiments de Mutt, ou en l’occurrence de leur absence, ce n’est pas pour autant qu’un « Je ne t’aime pas » prononcé si directement n’a pas le don de le plonger dans un profond malaise, le rappelant à ce qu’il avait eu tendance à oublier l’instant d’avant. Tous ses souvenirs en commun avec Mutt, toutes les épreuves qu’ils ont traversées, tout ce qu’ils ont vécu et enduré, n’a pas la moindre valeur à présent… C’est difficile à accepter même en acceptant de regarder les choses d’un point de vue rationnel. Il a envie de se calmer avant de revenir tout sourire auprès de Mutt, mais ça met plus du temps que ça ne l’aurait dû, au point d’alarmer finalement Mutt.

Quand il entend sa voix de l’autre côté de la porte, le jeune homme s’en veut immédiatement. Il n’a pas envie que Mutt s’excuse, parce qu’il n’y est pour rien. Et il n’a pas du tout envie de lui demander de brûler les étapes, c’est même pour ça qu’il s’est rattrapé immédiatement après s’être déclaré. Ce « Je t’aime » lui était venu comme un réflexe, et il aurait préféré qu’ils n’en rediscutent pas plutôt que de s’entendre dire ce qu’il sait déjà. Quel con, il est vraiment trop con. Oui, il n’est pas lui… et il l’est totalement… et ce constat est proche d’insupportable.

« Hey… » Klaus ouvre la porte pour se retrouver face à un Mutt en piteux état, et il s’en veut d’avoir laissé passer ses états d’âme avant ceux de Mutt. Ses états d’âme à lui, qu’est-ce qu’on s’en fiche. C’est Mutt qui endure le plus, là, tout de suite. C’est sur lui qu’il doit se concentrer. « Je te jure que j’ai bien compris, ça a aucun rapport avec toi. Enfin si mais… tu l’as dit toi-même, c’est pas… toi. » Il cherche ses mots et peine à les trouver. « Il me manque, c’est tout. T’y es pour rien… » Il a perdu le Mutt avec qui il avait vécu tant de choses… et même s’il en vivrait peut-être tout un tas d’autres avec ce Mutt, il doit faire le deuil, quelque part, d’une relation qui a compté plus que tout pour lui. « Désolé si je t’ai donné l’impression de vouloir t’abandonner, je te jure que c’est pas le cas. » Il esquisse un sourire. « Je t’abandonnerai jamais Mutt Jones. Et je te laisserai jamais seul, je te le promets », reprend-il avant de serrer Mutt dans ses bras. « Tu m’en veux pas trop, hein ? » il demande en gardant Mutt tout contre lui.

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C’est sans fin. Mutt s’en veut, et Klaus s’en veut de le voir s’en vouloir. Mutt n’est absolument pour rien dans ses états d’âme, et dans le même temps, il est pour tout dans ses états d’âme. Oui, ça peut sembler contradictoire, et ça l’est sans doute, mais c’est le cas. C’est qu’il est difficile de faire la distinction entre celui qu’il a connu et celui qu’il a sous les yeux. A quel point nos souvenirs nous construisent-ils ? Comment le savoir plus précisément ? C’est sans doute impossible, en fin de compte, et c’est tout naturellement qu’un tel constat vous confronte à des limites que vous n’auriez pas voulu connaître. Il ne veut surtout pas que le pauvre fonde en larmes, il ne veut surtout pas qu’il s’en veuille par sa faute… Mais c’est compliqué. Certes, il a la ferme intention de tenir sa promesse : pour rien au monde il ne l’abandonnera, il serait bien incapable de faire une chose pareille. Mais pour le reste… Le reste est, tout naturellement, beaucoup plus incertain, et Klaus ne sait pas s’il sera en mesure de le rassurer autant qu’il le voudrait.

« Tu ne m’as donné aucun faux espoir, je savais à quoi m’en tenir depuis le début », répond Klaus sincèrement, parce que c’est le cas. « Et t’en fais donc pas, j’ai pas fini de la remuer, ta petite vie, crois-moi. Je fais même que commencer. »

C’est une incertitude. Peut-être que Mutt ne l’aimera jamais, et si ça doit être le cas, Klaus ne pourra pas lui en vouloir. Il a pour lui des souvenirs incroyables, et qui comptent plus que tout, il doit savoir les prendre pour ce qu’ils sont : des dons remarquables, précieux. Klaus ne doit jamais oublier à quel point il est chanceux. Car oui, il l’est, à plus d’un titre, et négliger cet état de fait serait une véritable erreur. Une erreur qu’il n’a aucune intention de commettre, sous aucun prétexte.

« Si tu me le rends jamais, tu sais, c’est pas la fin du monde. » Il sourit. « J’ai déjà eu une chance folle d’avoir vécu ça. Alors moi… » Il hausse les épaules, il ne peut pas prétendre être aussi indifférent qu’il l’affirme, il est incapable d’être indifférent quand il est question de Mutt Jones, mais il pense quand même ce qu’il dit, il sait que son histoire a été belle, forte, et que certains bataillent toute leur vie pour connaître la même chose, et pour ça, il doit bien faire preuve de reconnaissance, c’est même la moindre des choses, au final. « T’es pas la déception de ton père au passage, ça j’en suis sûr. Ton père est fier de toi, il est juste trop borné pour te le dire. Et tu seras jamais une déception pour moi, c’est impossible. Et… » Il hésite. « Y a pas une seule version de toi que je serais incapable d’aimer. »

C’est la vérité, il l’aime déjà, ce Mutt qui ne le connaît pas. Mais il sait qu’il a tout intérêt, en revanche, à ne pas le dire une nouvelle fois, ça passerait sans doute très mal.

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Klaus en bave, oui, mais il ne veut surtout pas que Mutt en accuse la responsabilité. Il n’a pas à encaisser tout ça, ce ne serait définitivement pas juste, et c’est bien là la dernière chose qu’il puisse vouloir, vraiment. Mutt fait de son mieux avec une situation impossible, et Klaus a envie de lui faciliter la tâche, pas d’empirer les choses. Alors oui, bien sûr qu’il a des attentes vis-à-vis de ce jeune homme qui est l’homme de sa vie et ne l’est pas en même temps, bien sûr qu’il espère que leur relation redevienne un jour ce qu’elle avait été, ou plutôt ce qu’elle pourrait l’être avec une autre version de lui. Mais il y aura toujours une sorte de décalage entre eux, c’est quelque chose qu’il ne peut pas ignorer, c’est une chose à côté de laquelle il ne peut pas passer. Alors oui, c’est sûr, il va le comparer, parce qu’il l’a déjà fait et qu’il ne peut pas s’en empêcher. Et oui, cette situation le rend dingue. Mais ce qui le rend encore plus dingue, c’est la perspective de faire du mal à l’homme qu’il aime : et ça, il ne peut juste pas le supporter, sous aucune forme de prétexte.

« Tu vas pas devenir brillant du jour au lendemain, idiot », fait Klaus pour le rassurer en glissant une main rassurant au creux de ses reins. « T’es brillant naturellement. T’as des milliers de qualités, des qualités dont t’as même pas conscience, et ton père, il veut le meilleur pour toi et il est trop fier pour te le dire quand tu le rends… bah fier, justement, mais ça veut pas dire que c’est pas le cas. » Il marque une pause. « Peut-être que ça te semble improbable pour le moment, mais tu verras que j’ai raison. En fait, tu remarqueras vite que j’ai toujours raison. Ouais, ça surprend toujours un peu, au début, mais tu vas vite le comprendre. »

Pour le reste… c’est sûr qu’ils vont devoir être prudents. Les sixties, c’est la pire époque, et Klaus continue d’espérer qu’ils parviendront à retrouver une autre époque. Klaus avait réussi à aimer Dave envers et contre tout, dans un contexte qui n’avait rien de propice à leur idylle, et il a aimé Mutt encore davantage… si Mutt avait la moindre idée de toutes les épreuves qu’ils ont affrontées, il serait peut-être plus confiant dans la capacité de résistance de… ouais, sauf que leur amour n’existe pas, ici. Ou du moins si, mais il est unilatéral, et Klaus sait qu’il doit tenir sa langue.

« Je peux pas t’obliger à quitter New York et à aller se paumer loin de toute civilisation sur mon beau cheval blanc – je sais pas où trouver des chevaux à New York. Mais on sera discret, on sera prudent, je te le promets. » Comme si la discrétion et la prudence faisaient véritablement partie des attributions de Klaus Hargreeves. Klaus s’installe sur le lit, aux côtés de Mutt. Il apprécie tout de même d’entendre Mutt admettre qu’il a conscience du lien fort qu’il y a entre eux. Envers et contre tout. « Bon… je sais pas par quoi commencer… Qu’est-ce que tu veux que je te dise. C’est tellement… impersonnel, quand on raconte toute son histoire depuis sa naissance, c’est un peu comme lire une page d’encyclopédie chiante. C’est jamais vraiment comme ça qu’on apprend à connaître les gens. »

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Klaus affiche un sourire, plus confiant et aussi rassuré quand il voit Mutt capable de plaisanter, et il sait que quand ce dernier affirme qu’il l’agace, ce n’est pas le cas du tout, il accepte seulement le fait que ses paroles sont pleines de bon sens, et c’est une bonne chose pour lui. Klaus Hargreeves peut souvent donner l’impression de ne rien comprendre à rien et d’être complètement à côté de la plaque, mais quand il s’y met, il peut aussi se montrer particulièrement sensé… surtout sur les sujets les plus profondément humains, quand bien même il est évidemment capable d’erreurs au même titre qu’absolument n’importe qui.

« Peut-être que la moto c’est plus pratique, mais t’admettras quand même que c’est beaucoup moins romantique », se permet de plaisanter Klaus.

Il sait pertinemment que chacune de ses plaisanteries cultive une certaine ambiguïté : ce n’est peut-être pas la meilleure chose, mais ce n’est pas non plus comme s’il pouvait faire comme si de rien n’était, ce n’est certainement pas comme s’il pouvait prétendre que toute cette situation n’est pas par essence ambiguë, et après ce qu’ils viennent de faire, ils ne peuvent de toute façon pas prétendre à des rapports strictement amicaux, même s’il n’était pas question d’amour entre eux (ou du moins Klaus s’efforce-t-il de n’en afficher aucun, ce qui exige un effort extrême de sa part, car c’est clairement quelque chose de contre-intuitif à ses yeux, lui qui est prêt à l’aimer quoi qu’il advienne, et ça peu importe l’époque, parce que c’est tout simplement plus fort que lui.

Mais pour ça, pour réussir à briser cette barrière, il serait sans doute préférable qu’ils apprennent à mieux se connaître, ou plutôt, que Klaus apprenne à le connaître lui, et oui, Klaus pourrait bien raconter sa vie de long en large, mais ce serait sans doute aussi chiant qu’un exposé scolaire : il y a sans doute mieux à faire. Et quand Mutt entend parler de jeu à boire son regard s’illumine.

« T’as toujours les meilleures idées du monde, toi. »

Non, en l’occurrence, ce n’est pas une bonne idée. Klaus faisait de son mieux pour rester sobre, mais trop c’est trop, cette situation est trop étrange et compliquée, si cette soirée là n’est pas le prétexte idéal à se mettre la tête à l’envers, aucune ne le sera. Même si Mutt n’a pas tort, la tête à l’envers, ils l’ont déjà. Klaus sourit contre les lèvres de Mutt quand il lui assure être prêt à profiter de cette nuit comme il se doit, avant de lui rendre son baiser avec passion. Il s’évite tout de même un commentaire peut-être un peu trop salace, qui pourrait avoir le don d’embarrasser son interlocuteur.

« J’ai rien à te cacher, de toute façon », confirme Klaus avant de l’embrasser de nouveau, longuement, passionnément. « Attends-moi ici, d’accord ? » il ajoute, souffle contre ses lèvres alors qu’il se redresse.

Inutile de prendre plus de risques en y allant à deux. Klaus trouve au sol le portefeuille de Mutt, qui avait glissé de sa poche.

« Je t’emprunte ça », fait-il avec un clin d’œil. « Ah, c’est peut-être mieux si je sors avec un pantalon », glousse-t-il. Il se rhabille rapidement, ceci fait, il se rapproche de nouveau de Mutt, incapable de résister à la perspective de l’embrasser. « Promis. Je reviens. Et je reviens très vite. Tu ne t’inquiète pas, d’accord ? »

Il sait que c’est compliqué pour Mutt de ne pas redouter qu’il le laisse, mais Klaus est bien décidé à tenir parole. Ce qu’il fait d’ailleurs. Il ne lui faut pas beaucoup de temps une fois à l’extérieur, pour dénicher une boutique et leur dégoter quelques bouteilles, un peu de tout et beaucoup trop pour deux personnes. C’est le tintement des bouteilles qui s’entrechoquent qui accompagne chacun de ses pas quand il retourne finalement auprès de Mutt.

« Et voilà ! Je nous ai pris de quoi grailler aussi, histoire d’éponger tout ça. » Il balance un paquet de chips dans sa direction. « Tes préférées. Savoure-les bien, elles sont introuvables, dans le futur. »

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Si ça doit te concerner, Mutt Jones, jamais je m’arrêterai, tu peux avoir ma parole. Quoi qu’il arrive, peu importe les circonstances et ce que la vie doit nous réserver, je m’arrêterais jamais, parce que ce serait comme arrêter de vivre tout court. C’est ce qu’il a envie de dire, mais il ne le fait pas. Il ne le fait pas parce qu’il sait que ça embarrassera Mutt plus qu’autre chose, alors à la place, il garde ses pensées pour lui-même, accompagnées seulement d’un sourire en coin, et il dégaine plusieurs bouteilles et des gobelets afin de leur préparer des cocktails bien tassés dignes de ce nom… il ne compte pas lésiner là-dessus, en l’occurrence, il se dit que ça vaut clairement mieux : ils ont besoin de ça, de se désinhiber, et c’est ce que Klaus lui propose, sans inquiétude ni réserve. Pourtant, ce n’est pas forcément malin de faire boire un gamin même pas majeur. Quand on y regarde de plus près, il incarne en cet instant toutes les angoisses de ces sombres crétins qui associent l’homosexualité à une déviance… et lui, c’est le vieux trentenaire pervers qui entraîne des minets dans leur chambre d’hôtel et abuse d’eux après les avoir fait trop boire. Sûr que le portrait n’est pas flatteur. Sûr que ce n’est définitivement pas comme ça que Klaus voit les choses. Mais d’un point de vue extérieur… bon…

Alors que Klaus sert son verre à Mutt et en profite pour piocher dans son paquet de chips, ce dernier lui demande ce qu’ils pourraient bien faire comme jeu. Pas de truc bateau, mais rien n’est bateau avec Klaus Hargreeves, a-t-il immédiatement envie de lui répondre. En effet, quelque chose qui lui permette d’en apprendre plus sur lui. Un « J’ai jamais », c’est efficace, mais Klaus pourrait clairement mettre une mine à Mutt à ce compte-là. Enfin, ça c’est s’il décidait de ne pas jouer dans les règles, et ce n’est pas son intention. Bien au contraire, même, peut-être que même pour lui, ça peut être une occasion, celle de découvrir une autre facette de Mutt, d’autant qu’il n’est, naturellement, pas exactement le même que celui qu’il a connu.

« Mon but, c’est de passer du temps avec toi. Comment, je m’en fiche », il réplique avec un sourire rassurant, même si en réalité, il espère bien, oui, qu’ils iront plus loin cette nuit, car leurs préliminaires de tout à l’heure lui ont donné un avant-goût de paradis, clairement, et sans doute possible.

« Bon alors », réfléchit-il en songeant à la meilleure manière d’entamer leur jeu. « Je n’ai jamais… » Il y a bien sûr des dizaines d’idées tout aussi subversives les unes que les autres, mais il fait un choix plus sérieux, au final. Mutt veut mieux le connaître, et Klaus veut l’aider à le connaître vraiment, sans artifices. « Je n’ai jamais connu ma mère biologique », choisit-il alors entre toutes autres possibilités.

Il se dit que ça donnera le ton, et c’est aussi une des premières choses qui lui est venue à l’esprit… possible qu’il y ait une raison inconsciente à cela.

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Klaus hausse les épaules quand Mutt lui demande si sa mère ne lui manque pas. Il sait bien que lui est terriblement proche de sa mère, Marion, et sait aussi ce que ça fait d’avoir longtemps vécu sans parent biologique, c’est d’ailleurs en partie pour cette raison qu’il a jugé aviser de discuter de tout ça avec lui. Klaus ne peut pas prétendre avoir souffert atrocement de l’absence de sa mère… mais ce serait mentir aussi que de prétendre n’avoir pas souhaité la retrouver… et vouloir la connaître, même si c’est une chose qu’il n’a jamais vraiment envisagé de partager, y compris avec ses frères et sœur… Mais ça, c’était avant, avant de connaître Mutt. Car à lui, il peut absolument tout dire, et sans hésitation ni réserve.

« J’avais une mère… enfin, en fait c’était un robot conçu pour ressembler à une femme super canon que mon taré de paternel se tapait à l’époque… bah, à cette époque, en fait ! – Ouais, mon père est comme ça. » Il baisse les yeux sur son verre, songeur. « C’est Grace, ma mère. Mais… ouais, j’aurais bien aimé connaître ma vraie mère, j’sais pas, au moins la voir, tu vois ce que je veux dire. » Il lui adresse un sourire. « Enfin bon, c’est comme ça. »

Klaus hoche la tête quand Mutt lui demande si c’est à son tour. En effet, c’est le cas. Klaus sourit quand Mutt passe au « je n’ai jamais » suivant, concernant une nuit passée au poste de police. Ouais, Klaus connaît l’histoire, mais Mutt, lui, ne connaît pas tout la sienne.

« Et si on a passé plusieurs nuits et pas une seule au poste de police, faut boire quand même ? » Il n’attend pas la réponse pour boire une large gorgée de son verre. « Je te ferai bien le détail de toutes les fois où c’est arrivé, mais c’est jamais si intéressant… On appelle pas ça des « délits mineurs pour rien »… et maintenant que j’y pense », il se marre en prononçant ces mots. « J’étais de toute façon trop défoncé, je me souviens pas vraiment. »

Le pire, c’est que c’est vrai. Klaus contemple le fond de son verre déjà vide (parce que chez lui les gorgées s’assimilent presque à des cul-sec) et se ressert avant de reprendre la parole.

« Bon alors… j’ai jamais… » Il essaie de trouver des choses pertinentes, certains éléments qui lui viennent en tête lui paraissent un peu trop dramatiques pour être abordés d’entrée de jeu, d’un autre côté, il songe que donner un caractère un peu phénoménal à tout ça ne sera pas forcément du luxe, loin de là. « … échappé à deux apocalypses », fait-il d’un ton sérieux contrebalancé par le sourire qu’il affiche malgré tout au moment de porter son verre à ses lèvres afin d’un prendre une très large gorgée. A nouveau, il faudrait sans doute qu’il se calme là-dessus, mais alors qu’il vient à peine de recommencer à boire, il ne faut clairement pas attendre de sa part qu’il soit capable de s’arrêter ou d’y aller mollo.

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« Franchement à ce stade ça m’étonnerait même pas », se marre Klaus quand Mutt suggère qu’à ce stade, il ne serait même plus surprenant que le père de Klaus vienne d’une autre planète. Klaus répond en plaisantant, bien sûr, il n’a pas la moindre idée d’à quel point il a raison sur ce point. Non, lui, de son côté, prend à tort l’information à la rigolade.

Mutt reprend la parole pour lui expliquer qu’il est capable de le comprendre, parce qu’il a passé dix-neuf ans sans savoir que son père était un autre. Klaus sait déjà tout cela, mais cela n’empêche pas Klaus d’apprécier ses confidences qui n’en sont pas vraiment. Même si Mutt ne lui apprend rien qu’il ne sache déjà, il lui dit tout de même quelque chose d’important à travers ces mots, il lui dit qu’il lui fait suffisamment confiance pour parler de toutes ces choses très personnelles qu’il aurait sans doute les meilleures raisons du monde de vouloir garder pour lui.

« Je le sais déjà, oui », fait Klaus avec un sourire peut-être un peu trop tendre, mais c’est définitivement le sentiment qui domine tous les autres à l’heure actuelle. Il se contente de sourire quand Mutt reprend qu’au moins, il n’a tué personne… Sur ce point, Klaus ne peut pas affirmer qu’il ait tout à fait raison… Klaus a du sang sur les mains… Il n’a jamais tué quelqu’un par esprit sadique ou de vengeance, mais il n’est pas blanc comme neige. Sauf que cet aspect de son histoire, il redoute un peu trop de le lui apprendre, évidemment. « Et on peut dire ça, ouais », reprend-t-il avec un regard éloquent quand son interlocuteur lui demande s’il aime faire la fête.

Oh ça oui, et clairement pas qu’un peu (pas qu’un peu parce que beaucoup trop, définitivement trop). Enfin… il s’est clairement calmé. Il a grandi, au contact de Mutt, qui lui aussi a grandi à son contact. Ils se sont portés mutuellement. C’est le genre de choses que Klaus voudrait apprendre à expliquer à l’homme de sa vie, mais il sait qu’il serait compliqué pour lui d’appréhender une telle information, alors il préfère garder ça pour lui tout compte fait.

« Tu vois qu’il t’arrive quand même des trucs de fou, tout compte fait. T’inquiète, je sais que t’en as vécu, des trucs de fou. Et crois-moi, c’est clairement pas fini. »

Certainement pas tant qu’ils seront tous les deux. Il est certain qu’ensemble, ils ne s’ennuieraient jamais, pas le moins du monde. Il pourrait se répandre en anecdote sur toutes les choses qui rendent leur relation unique. Avec des hauts exceptionnels… et des bas magistraux, certes, mais en fin de compte, le résultat n’en est que plus exceptionnel. Mutt reprend, et remarque qu’il est en train de se siffler toutes les bouteilles. Son autre lui le lui reprocherait sans doute avec inquiétude, mais ce Mutt-là, qui ignore tout de ses problèmes d’addiction, le prend d’une autre manière. Quand il se penche sur lui pour boire dans son verre, et en renverse partout dans le processus en riant aux éclats. Il l’aime comme ça, léger, heureux… il lui donnerait presque l’impression d’être amoureux.

« C’est tout ? » le provoque Klaus de son sourire et de son regard. « Je m’attendais à des conséquences plus musclées », ajoute-t-il avec une lueur malicieuse dans le regard, ses lèvres à quelques centimètres seulement des siennes.

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Leur petit jeu n’aura pas duré longtemps, mais c’était à prévoir. Ils ne pouvaient décemment pas rester à deux dans une même pièce sans se déshabiller du regard puis se déshabiller tout court, encore moins avec quelques verres dans le nez. Il y a des trucs qui changent pas, d’une dimension à l’autre, et ça, c’est une pensée que Klaus est particulièrement heureux de pouvoir garder à l’esprit. Mutt avait surtout eu besoin de prendre un peu du courage qui lui manquait, et celui-ci avait pris l’apparence de quelques mots échangés et d’alcool ingéré. Il le voit bien, dans le ton de sa voix autant que dans sa posture : Mutt est clairement prêt, et surtout désireux d’aller plus loin. Et ce n’est clairement pas Klaus qui va lui reprocher une chose pareille.

Klaus pose ses mains presque naturellement sur les hanches de Mutt quand ce dernier vient s’installer à califourchon sur lui. Klaus ne se voit clairement pas protester, bien au contraire, il est plus que ravi de la tournure qu’est en train de prendre la situation.

« Tu sais qui, je suis totalement d’accord avec toi », confirme Klaus quand Mutt observe qu’il le trouve beaucoup trop habillé.

Avant d’ajouter qu’il considère presque comme inhumain de désirer autant une personne. Et ça, Klaus le comprend très bien, parce qu’il le ressent tout autant, et ça continuera sans doute toujours d’être le cas : Klaus est incapable de ne pas vouloir Mutt du plus profond de son être, c’est impossible. Il a envie de faire un commentaire à ce sujet, mais il ne veut pas mettre une pression supplémentaire à Mutt alors qu'il remarque bien que ce dernier en éprouve déjà beaucoup trop de son côté.

Et il fait bien puisque Mutt confirme qu’il n’est pas sûr d’avoir le courage d’aller jusqu’au bout. Mutt sent bien qu’il est sincère, et il ne lui en veut pas, parce que c’est bien normal, dans cette situation, que ce soit vraiment compliqué. Il se contente de hocher la tête quand Mutt remarque qu’ils ont déjà dû passer par là. Oui, en effet.

« Tu feras rien foirer, Mutty », fait doucement Klaus en passant une main dans les cheveux de Mutt, ces cheveux qu’il aime tellement. « Crois-moi, c’est impossible que tu fasses foirer quoi que ce soit, quoi que tu décides. « Et t’es certainement pas idiot », ajoute-t-il en entremêlant ses doigts à ceux de celui qu’il considère son amant, même si leurs échanges devaient se cantonner à quelques caresses insistantes.

Il sourit en voyant Mutt se réfugier sur la première bouteille avant de la boire très franchement au goulot.

« Et si tu m’en parlais ? De ce qui te fait envie ? De ce qui te traverse la tête – ça veut pas dire qu’on fera quoi que ce soit, promis, mais peut-être que si t’en parles, ça aura pas l’air si dramatique… Ou bien tu seras convaincu de ne pas être prêt, et ce sera tout aussi bien. »

Mutt est là, il est là, Klaus se fiche du reste, c’est tout ce qu’il veut.

Rock around the clock

feat. Mutty

Klaus veut que Mutt se sente libre d’exprimer absolument toutes ses envies, il a envie de lui faire comprendre qu’aucune d’elles ne doit être honteuse, et qu’il peut tout lui dire – ne serait-ce que, quoi qu’il puisse avancer, Klaus pourra clairement lui donner l’assurance qu’il a fait largement pire de son côté. Alors oui, il peut avoir confiance… Mais ce n’est pas parce qu’il veut l’en convaincre qu’il sera plus simple pour Mutt de l’accepter et de l’entendre. Raison pour laquelle Mutt le caresse des paroles les plus douces et les plus encourageantes. Il sourit doucement quand il admet que ce qu’il veut, ça peut sembler sale ou anormal… en même temps, pour certains, le seul fait qu’ils s’embrassent passerait déjà pour sale et anormal, alors à partir de là, il n’y a pas grand-chose à faire de plus.

Il ne peut s’empêcher de sourire de plus belle au moment de sentir la caresse de ses doigts contre la peau de ses épaules, et surtout d’entendre cette affirmation si réelle, mais dont il redoutait qu’elle ne sache s’exprimer : oui, ce ne sera jamais comme ça avec personne d’autre. Ce n’est pas présomptueux de l’affirmer, c’est seulement la vérité : ils sont faits l’un pour l’autre, voilà tout. C’est quelque chose qu’ils ne contrôlent pas et qui les dépasse forcément : c’est quelque chose qui est voué à les transcender, à les dépasser. C’est quelque chose de plus fort qu’eux, une force d’attraction puissante, contre laquelle il serait complètement vain, mais surtout inutile de lutter. Quand leurs peaux se touchent, c’est un véritable courant électrique qui passe entre eux, et Klaus adore ressentir ça de nouveau, et surtout comprendre que Mutt le ressent tout autant que lui de son côté. C’est bien la preuve de cette connexion intense qu’il y a entre eux, et qui se ressent à chaque instant où Mutt l’explore de ses lèvres et de sa langue.

Les paroles qu’il prononce lui coupent le souffle… pour tout ce qu’elles prouvent de confiance, de désir, d’envie… tout ce qu’il avait eu envie de lui inspirer, en somme, et encore davantage. Klaus hoche la tête, ils feront l’amour, et pour Mutt, ce sera, Klaus l’espère, un moment parfait, unique, il ne lui laissera pas regretter ce moment.

« J’ai une idée », fait-il le regard pétillant, il achève cette phrase en embrassant Mutt avec la plus grande passion. « Fais-moi confiance, d’accord ? » souffle-t-il contre ses lèvres. « Allonge-toi sur le lit, le ventre contre le matelas, tu veux bien ? »

Rock around the clock

feat. Mutty

Rock around the clock

feat. Mutty