" Reste contre moi... " Lui demande-t-il. " S'il te plait... " Il avait besoin de sentir qu'il n'était pas seul dans cette expérience. Qu'il ne se retrouvait pas seul après cette expérience, dans cette peur de se faire abandonner à la moindre occasion. Que Klaus ne soit, au final, qu'un type qui aurait profité de lui. Même s'il en doute... et qu'il lui fait confiance, Mutt ne le connaît pas encore totalement et c'est une peur sourde qui le prend aux tripes. " Reste avec moi... " Répète-t-il à mi-voix. Il laisse une longue seconde planer. " C'est l'expérience la plus... " Il ne trouve pas les mots. " ... dingue... " Non. " Fabuleuse ?... " Il regarde Klaus au dessus de son épaule et se tourne légèrement. " Parfaite ?... " Il a un sourire en coin. " J'ai pas de mots en fait. " Il glisse un doigt sur sa joue avant d'embrasser Klaus avec force. " Promets moi... Que tu ne me laisseras pas tomber parce que... " Il ferme les yeux. " Si tu me connais... Tu sais. " Lui glisse-t-il. " Je sens déjà... " Il se secoue la tête, sa nature nerveuse à se projeter bien trop revenant en force. " ... J'essaye de pas y penser Klaus... Mais t'as cette voix qui se demande ce que j'ai foutu, ce que je suis en train de foutre... Mais je suis trop bien... J'ai pas envie de l'écouter. "

Peut être est-ce qu'il a peur. Ca doit être ça... Un si grand changement et aussi brusque ! C'était quelque chose qui l'effrayait au plus haut point. Et puis, il l'avait fait, il s'était laissé emporté. Il ne voulait pas que ca soit juste une pièce dans sa vie, mais une part entière. Car si ca n'est pas réel tout ça, si ca n'est qu'une moitié de vérité et qu'il se retrouve comme un con... Mutt aura du mal à s'en remettre et cette expérience resterait à jamais gravé en lui mais comme une mauvaise note, pas la plus belle.

Mais Klaus est doux, et gentil et il le rassure. Et oui, il se sent bien... Il aurait envie de disparaitre dans un monde idyllique avec lui. Ne pas penser à dehors, à ce qui les attend dans le futur. Il essaye de se montrer rassurant vis à vis de tout ça. Mutt acquiesce en silence et fini par se coller tout contre Klaus pour enfouir son visage contre son cou. Vouloir disparaitre dans ces bras là.

Mais il a peur, et il ne peut le cacher car il commence à pleurer à chaudes larmes. Ca n'était pas un regret mais si la vie n'avait pas été aussi difficile, si les regards n'avaient pas été aussi dur, il pourrait vivre cet instant sans se poser des questions. Mais la société va forcément les cataloguer. Lui qui s'était tenu à l'écart de tout ça, il sait qu'il allait devoir l'affronter. Et à cet instant, il a besoin que ca sorte. Alors oui, il pleure et sanglote contre Klaus; son corps tremblant légèrement.

" J'ai peur Klaus... " Lui souffle-t-il contre sa peau. " J'ai terriblement peur. " Il s'accroche à lui. " Si ca se sait, on va finir par nous chasser, on aura une étiquette et on sera foutu... Et j'ai peur de ça. " Vivre avec une épée de Damocles. " Le monde dont tu me parles a l'air magnifique. Mais ici, je sais pas comment on va faire... "

Il recule doucement son visage en restant près de lui.

" Je veux pas sortir d'ici. Je veux pas être demain matin... Je veux pas... Pourquoi c'est si injuste ? "

Ce genre de questions qu'on peut se poser encore et encore... Ce genre de questions qui tourneront toujours en rond sans avoir de réponses.

" On... se retrouvera ? " Demande-t-il. " Parce que je sais que je vais devoir... retourner à la maison, faire un tas de trucs mais tu m'as dit qu'on pouvait se retrouver alors... Je ne veux pas que ca soit notre seule nuit. "

Klaus est tendre et doux avec lui et il essaye de le rassurer du mieux qu'il peut. Mais ca n'était pas évident. Dans ses bras, il se sentait bien, il se sentait à sa place. Il ne voulait plus bouger de là. Dehors ca serait différent... Klaus lui dit qu'ils vivront caché en attendant, qu'ils feront gaffe. Mais est-ce que c'était un projet vivable à long terme ? Leur relation ne pouvait pas être éternellement cachée. C'était un fait. Mais devait-il s'en soucier là tout de suite ?

Mutt n'avait pas envie de penser au lendemain. Il a cette peur irationnelle qui pointe son nez et qui a peur de laisser partir Klaus loin de lui. Parce que ca voudrait dire qu'il se retrouve seul. Que peut être cette expérience ne serait qu'une expérience manquée dans sa vie et qu'au final, cette sensation de bien être n'était qu'un rêve.

Il veut le rassurer, il lui confie qu'ils resteront ensemble et qu'ils se retrouveront toujours. Un baiser vient sceller cet engagement et comme à chaque fois, les lèvres de Klaus lui font oublier tout le reste. Il les savoure longuement.

" Je te crois... " Souffle-t-il contre son visage. " Je te crois. " Répète-t-il avec plus d'assurance. " Fais gaffe à toi... " Car c'était New-York et il n'avait pas envie qu'il arrive quelque chose à Klaus. " Il faudra pas que ca se sache... Il faut qu'on ait un plan. On fait quoi ? Je ne peux pas le dire à mes parents... C'est... trop tôt... " Il a besoin de temps aussi. Et même si Klaus lui affirme qu'ils ne le verront pas mal, il n'a pas envie d'ajouter du stress à sa famille. " J'ai ma vie ici... Je dois faire ce que je dois faire et... continuer pour pas éveiller les soupçons. " Il repense à Sonia. " Ma petite amie... " Il ferme les yeux. " Je devrai peut être garder ma relation comme couverture même si... " Il regarde Klaus dans le blanc des yeux. " C'est pas pareil. Mais juste... si je rompt du jour au lendemain, ca va être vu comme... quelque chose de louche Klaus. Et puis Spencer et les autres. Ils t'ont vu... Faut qu'on se fasse discret. " Il est nerveux, clairement nerveux. Il essayait de se faire une raison mais ils faut qu'ils fassent ca bien. Pour se protéger l'un et l'autre sinon ils ne pourront pas continuer à vivre comme ça. " Faut que je règle tout ça. Tu comprends ? " Il ne veut pas faire de peine à Klaus mais ils n'ont pas le choix, sinon ca risquait de partir rapidement n'importe comment. " Je ne te lâche pas Klaus... J'en suis incapable. Pas après ça. Je te le promets. " Il essaye de le rassurer et de se rassurer en même temps, bien qu'il tremble toujours et que les larmes continuent de couler silencieusement sur ses joues. Tombait-il amoureux ? C'était trop tôt. C'est ce dont il était persuadé... Mais il s'attachait à Klaus.

Klaus esquisse un sourire tout contre les lèvres de Mutt quand ce dernier lui assure qu’il le croit : c’est ce qu’il avait eu envie d’entendre, oui. Parce qu’il sait que si ça ne sera pas suffisant à taire toutes ses insécurités, ça aura au moins le mérite de lui prouver qu’il lui fait confiance, et cette confiance est primordiale, vraiment.

« Tu n’as pas à t’en faire pour moi. Je suis immortel, tu te rappelles ? – Enfin, je t’ai dit que j’étais immortel, pas vrai ? »

Klaus donne l’air de prendre la chose à la légère, mais la vérité, c’est qu’il veut surtout éviter que les angoisses de Mutt ne prennent toute la place : il tient à ce que ce dernier ne se sente que bien entre ses bras, il a envie de lui faire goûter à un bonheur incommensurable, de ceux qui bouleversent votre existence. Il sait que c’est dur, et que ça fait beaucoup de changements d’un coup d’un seul. Mais il sait aussi qu’il est capable d’assumer et de supporter cette relation, avec du temps et à mesure qu’il prendra conscience du lien fort qui les unit. Ils sont déjà passés par là. Pas dans ce contexte, certes, mais tout de même… et par conséquent, Klaus sait que leur histoire peut évoluer dans le bon sens, parce que l’essentiel est là : l’essentiel, c’est eux deux, et ils ne cesseront jamais d’être présents l’un pour l’autre.

« Rien ne presse, t’as pas besoin de parler à tes parents, on n’a pas besoin d’élaborer de plan on peut juste… kiffer le moment, et ça nous mènera où ça devra nous mener en temps voulu. »

Bien sûr, il connaît Mutt, il sait qu’il aura du mal à en être capable, mais en même temps, Klaus est quand même convaincu du fait que c’est le mieux à faire… car après tout, c’est bien ce qu’ils viennent de faire, non ? Ils seront là l’un pour l’autre, ils se laissent porter par le courant, et c’est la force de leurs émotions qui fait tout le reste.

Ou presque.

Quand Mutt parle de rester avec sa petite amie pour ne pas éveiller les soupçons, Klaus se braque immédiatement. D’office, l’idée de le voir dans les bras d’une fille qui, peut-être, le dissuadera de le revoir ou le convaincra qu’il ne doit pas la retrouver le met dans tous ses états, et il a bien du mal à dépasser le désagréable sentiment de passer au second plan.

« Tu fais les choses comme tu le sens, Mutt. Moi je t’attends. » Il ne peut pas faire autrement. Il ne sait pas faire autrement. Il tient beaucoup trop à lui pour savoir réagir d’une autre manière. Mutt est son âme sœur, et il ne sera pas capable de vivre sans lui, quoi qu’il fasse ou décide. « Je t’attendrai toujours. »

Le temps qu’il faudra. Surtout que Mutt lui prouve par ses paroles et ses hésitations que ce qu’il y a entre eux n’est pas mort, loin de là.

Oui, c'est vrai que Klaus est immortel mais ca ne rassure que Mutt à moitié. Simplement parce qu'il peut quand même se faire mal dans cette histoire. Et il n'aime pas l'idée que ca puisse arriver.

" T'as beau être immortel, il peut quand même t'arriver des trucs, alors fais gaffe s'te plait. " Lui dit-il pas du tout sur le ton de la rigolade.

Il essaye d'être franc avec Klaus, sur la suite des évènements et Mutt a besoin de savoir comment ils vont faire, comment ils vont s'organiser. Visiblement Klaus semble prendre ça très légèrement. Pas qu'il n'était pas sérieux mais il voulait vivre au jour le jour sauf que pour Mutt c'était compliqué. Il avait besoin d'établir un plan et des limites pour se dire qu'il va gérer son futur. Et qu'il n'y aura pas de merde dans l'histoire.

" Klaus je... "

Il est perturbé, il ne se sent pas compris dans ce qu'il souhaite et ca le fout un peu en colère. Puis Klaus se braque. Mutt le voit, il le sent dans la façon d'être de Klaus. Mutt n'aime pas cette situation mais ils sont obligés de s'y coller. Ils n'ont pas le choix et s'ils veulent vivre pénard, il va falloir qu'ils... se couvrent et qu'ils prévoient un tas de trucs. Quand il dit qu'il l'attendra toujours. Mutt souffle. " Je sais... "

Puis il se détache de Klaus et s'asseoit, l'air contrarié. Il regarde ses mains qui tremblent légèrement longuement, ne sachant pas quoi dire.

" T'as pas l'air de... comprendre. " Finit-il par dire. " C'est pas juste en se faisant un calin dans un lit en se disant que ca va aller que... ca va aller... " Il se passe une main sur son front. " Putain Klaus... T'es trop dans ton... délire là. On peut pas faire ce qu'on veut et comme on le veut. Et on peut pas sortir de cette chambre en mode: ouais on verra bien demain. " Il se secoue la tête. " Ca marche pas ça. Parce qu'on va sortir, et... ma vie ne va plus être la même. Je vais devoir mentir et me cacher. Et... jouer à un jeu que je n'aime pas. Ca ne me fait pas plaisir. Et j'ai besoin... " Il marque une pause. " Qu'on établisse un vrai plan. Là maintenant. Pas qu'on fabule une relation parce que si on fait ça; on va forcément se faire prendre. Alors putain... sort de ton putain de nuage et redescend. " Il avait dit celà de manière très sèche et avec une pointe d'angoisse dans la voix. Il essaye pourtant de se reprendre malgré sa moue refermé et anxieuse. " S'il te plait. On doit le faire. "

Au moment pour Mutt de vouloir obtenir la garantie qu’il sera prudent, il se contente d’un sourire très franc, parce qu’il est soulagé d’entendre l’homme qu’il aime s’inquiéter autant. Mais oui, il sera prudent, à sa manière. Avant de retrouver Mutt, il y est bien parvenu. Il a pas si mal survécu aux sixties jusqu’ici, y compris au moment d’être confronté à la guerre. La deuxième fois, il avait même réussi à construire un culte autour de lui, alors même si ce n’était pas forcément prudent, sa nature, elle, n’avait jamais été remise en question, il s’en était sorti en étant lui-même, ce qui ressemble à une improbabilité cosmique pour Mutt – on ne va pas se mentir, c’est quand même un tantinet vexant, en fait.

Il ne dit rien de plus et préfère passer au reste, bien moins plaisant. Mutt est contrarié, eh bien ils sont deux, parce que Klaus déteste quand Mutt fait ça, que ce soit dans ce monde ou dans le précédent. Quand il laisse suggérer qu’il ne comprend rien aux situations qui se présentent à eux, quand il a le sentiment que l’homme qu’il aime le prend pour le dernier des attardés, en gros. Ce n’est pas parce qu’il appréhende la situation d’une autre manière qu’il n’est pas capable de la comprendre. Mais oui, Mutt a ses inquiétudes, et en comparaison, Klaus peut peut-être paraître insouciant. Et oui, peut-être qu’il l’est aussi mais…

Lui, il voit pas où est le mal à se dire dans un lit, pendant un câlin, que ça va aller, parce que oui, ça va aller, ça ira parce qu’ils seront ensemble. Klaus se braque pour de bon quand Mutt ajoute qu’il est dans son délire… Oui, il le prend vraiment pour un idiot. Bien sûr que non ils ne peuvent pas tout faire comme ils le veulent, mais si, bien sûr que si ils peuvent sortir de cette chambre sans avoir planifié leurs vies sur les vingt prochaines années. Et s’il pense qu’il est le seul dont la vie va être bouleversée après ces événements, eh bien, il se tompe plus que lourdement, vraiment. Et à aucun moment ce n’est un jeu pour lui.

"Mais tu avais l’air d’avoir un bon plan très travaillé pourtant, tu vas jouer au parfait hétéro bien sous ton rapport pour faire plaisir à des parents qui t’aimeront quoi que tu fasses, c’est bien ça ton projet, pas vrai ?" Il s’agace. "Recommence pas à me la jouer terre à terre versus illuminé, OK ?" Bon, il n’a jamais joué à ça avec lui, pas dans ce monde, mais il comprendra. "Y a pas de plan pour ce qui nous arrive, parce qu’on va pas manifester devant la Maison-Blanche pour changer la législation en rigueur, et que tu préfères te planquer derrière tes prétextes pragmatiques pour dissimuler le fait que t’as honte de ce que tu es. Alors oui, désolé, mais y a pas de plan, y a pas d’autre plan que de se voir en catimini tant que c’ewt tout ce que tu m’accorderas. Et je l’accepte, je l’accepte, mais qu’est-ce que tu veux que je te propose de plus, exactement ? C’est pas comme si t’allais me suivre dans une cabane planquée dans les bois dans le trou du cul du Canada pour vivre notre amour à l’air libre et s’arracher nos chemises de bûcherons sexy chaque jour que Dieu fait."

Mutt ne se sent pas bien quand Klaus de son côté se met à se braquer aussi. Il a juste peur, il est terrifié et il ne veut pas remettre en doute ce que Klaus dit ou fait mais il a juste besoin d'être rassuré et il ne se sent pas bien. C'est nouveau pour lui tout ça. Et il sait ce que ca donne quand on vous catalogue comme outsider ici. Mutt n'avait connu que cette époque et il avait constaté par ses propres expériences. Il ne voulait pas devenir le type qu'on caillasse parce qu'il est différent. Et puis, à l'instant présent, il n'était encore qu'un gosse. Les larmes reviennent à toute puissance et son souffle devient plus court.

" C'est pas... c'est pas... pas... " Essaye-t-il d'articuler. " Tu t'rends pas compte... Je veux juste... J'ai besoin... "

Que son monde vient d'éclater en morceau ? Ses croyances ? Ce qu'il pensait être vrai ? Qu'il allait devoir tout changer du jour au lendemain ? Klaus dit néanmoins des vérités qui frappe Mutt en pleins coeur. Des choses qu'il s'était refusé de voir. Et ca n'est pas pour l'aider car peut être c'est trop tôt... Il glisse ses mains sur ses oreilles pour ne plus entendre ce que Klaus avait à lui dire avant de finir par se lever vers la fin de sa tirade et lui hurler dessus:

" OUI J'AI HONTE. OUI JE SUIS UN LACHE. MERDE ! "

Il finit par se tirer dans la salle de bain en claquant la porte derrière lui et en la verrouillant. Il attrape une des serviettes à disposition pour se l'entourer autour de ses épaules comme pour trouver du réconfort. Il tourne en rond d'abord comme un lion en cage avant de se laisser glisser dans un coin de la salle de bain, laissant les sanglots le reprendre et en se recroquevillant. Il balance à travers la porte entre deux sanglots appuyés.

" Je sais pas si j'en veux encore maintenant... Casse toi... Casse toi et me fais plus chier... Je suis nul et je saurai jamais être ce que tu veux... Je rate tout ce que je fais... Alors casse toi putain... "

Pour retrouver pleinement et entièrement Mutt, sans doute fallait-il que Klaus accepte que leurs sempiternelles disputes fassent partie du packaging. Il n’a vraiment pas envie de repasser par là, surtout par des disputes qu’ils avaient réussi à régler dans leur autre vue, à mesure que Mutt avait appris à s’accepter. C’est un retour en arrière logique, mais c’est difficile de repasser par là alors qu’il avait vu Mutt évoluer de façon magistrale. Klaus sait qu’il est prêt à revivre ça si c’est la condition pour passer du temps avec l’homme qu’il aime, il est prêt à tout, en réalité, si c’est auprès de l’homme qu’il aime… Mais ça ne rend pas la chose moins contraignante. Combien de fois aura-t-il été la cause des larmes de Mutt ? Dans cette vie ? Dans la précédente ? Klaus a cessé de compter, et il s’en veut… Cela le conforte dans cette vieille idée autrefois enterrée, mais qui lui revient à présent au grand galop : il ne sera jamais suffisamment bien pour Mutt Jones. Il a pas envie de le pousser dans ses retranchements, c’est pas ce qu’il veut, mais c’est si difficile. Cette situation n’est pas compliquée que pour Mutt, elle l’est pour lui aussi, et il ne peut prétendre savoir précisément de quelle manière y réagir le plus convenablement.

Si, il se rend compte, il se rend vraiment compte de ce que pense et de ce que traverse Mutt, les circonstances étaient un peu différentes, l’époque n’était pas la même, mais ils sont exactement passés par là. Il sait qu’il est en train de bouleverser la vie entière de Mutt, pour la deuxième fois, et comme la première fois, Klaus rêverait que ça ne puisse être qu’une source de bonheur, et certainement pas de crainte et de douleur. Il s’en veut de le mettre dans cet état, de ne pas s’être suffisamment laissé passer au second plan. Bien sûr que c’est pour Mutt que c’est le plus difficile. Dès qu’il voit sa réaction, il prend conscience d’à quel point il a été stupide. Tout en voyant Mutt disparaître dans la salle de bains, Klaus s’insulte mentalement. Ce n’est définitivement pas ce qu’il avait voulu. Il a honte, c’est une certitude, mais il n’est pas lâche. Klaus ne l’a jamais pensé et ne le pensera jamais. Klaus veut le lui dire, mais c’est déjà trop tard, Mutt a déjà claqué la porte de la salle d’eau derrière lui.

Klaus se rapproche doucement de la porte, le cœur battant, mal à l’aise, et il l’écoute à travers la porte se flageller. Mutt se sent nul ? Klaus se sent comme le dernier des ratés – il vient, une fois de plus, de briser le peu de confiance que Mutt peut avoir en lui-même. Au fond, est-ce que ce n’est pas toujours le cas ? Klaus fantasme sans cesse leur relation comme quelque chose de pur et d’unique, mais des situations telles que celle-ci doivent lui rappeler pourtant qu’il a surtout tendance à faire souffrir ceux qu’il aime.

« Tu n’es pas nul et tu n’es pas lâche », fait doucement Klaus de l’autre côté de la porte. « Tu es le gars le plus courageux que je connaisse. C’est moi… pardon… tu me connais pas assez, sinon tu saurais que je suis juste un désastre ambulant. » Il laisse passer un temps trop long de silence. « Je vais nulle part. Je te laisse pas, je te laisserai jamais, tu te souviens ? » Il a un léger rire. « Ouais, dit comme ça, ça fait carrément stalker… Mais bon, tu m’as compris, hein ? » Il marque une pause. « Je voulais pas te mettre la pression, et je veux pas te faire du mal… J’aimerais juste… que t’arrives à voir les choses comme je les vois, même si tu trouverais peut-être ça débile ou pas du tout réaliste. » Il marque une pause. « Tu peux être heureux, tu peux être l’homme le plus heureux de la terre, ça je le sais. »

Mutt se sentait démuni et totalement à la ramasse. Il ne sait pas ce qu'il voulait... C'était l'instant de vérité, de savoir où il voulait continuer sa route. Et est-ce qu'il était capable de tout arrêter avec Klaus ? Est-ce qu'il allait assumer leur vie future à deux ? Est-ce qu'il était amoureux ? Est-ce qu'il allait avoir les épaules pour ça ? Il a l'impression qu'il est à des lieux du type que Klaus attend... Il n'est pas ce Mutt là... Il ne sait pas s'il est capable de l'être un jour.

Dans son coin de salle de bain, enroulé dans sa serviette à pleurer à chaudes larmes sans savoir si celà pouvait s'arrêter un jour. Il voulait disparaître. Il se sentait nul, il se sentait être un incapable, un lâche et il se sentait sali. Il entend Klaus de l'autre côté de cette porte. Il essaye de le rassurer et de le calmer en lui répétant les choses. Qu'il n'est pas un lâche, qu'il est courageux. Mais est-ce qu'il le pensait ? Mais ces convictions là étaient encré en Mutt et son manque de confiance.

Mutt ne répond pas. Il est à moitié absent, Klaus reprend en disant qu'il n'ira nul part ailleurs. Notre garçon éclate de nouveaux en sanglots. Il le laisse parler mais ca ne le calme pas. Il finit par se lever et il tape la porte du plat de la main en hurlant:

" ARRETE BORDEL ! " Il laisse son front tomber contre le bois de la porte, il ferme les yeux, les larmes coulant toujours. " Je peux pas être heureux... On peut pas être heureux... " C'était la réalité. La triste réalité de cet époque. " Tu l'as dit toi même... On ne peut pas changer une législation, on ne peut pas changer le monde... On sera condamné à fuir ou à se cacher... A souffrir... Je... " Il se laisse prendre par les sanglots et il arrive pas à articuler. " Je veux juste... être rassuré. Parce que pour moi le futur... il est... foutu. J'ai juste besoin qu'on mette des planches devant moi... Et ca tu comprends pas... Toi t'es p'tet confiant mais pas moi... Je suis paumé... Parce que pour moi, ca va pas aller... C'est une catastrophe sans nom... Et... Je suis pas toi et... arrête de dire que je suis courageux parce que je ne le suis pas... L'autre Mutt l'était peut être mais pas moi. J'ai juste honte... Tu l'as si bien dit. Parce que je suis une putain de tapette. C'est ce qu'on dit t'sais ici. Une tapette qu'on va voir comme une chose sale et abjecte... Je l'ai déjà vu... " Il marque une légère pause, conscient de la force de ses propos. " J'ai besoin d'un plan concrets Klaus. Je demande pas un truc mirobolant, juste... déjà ce qu'on va faire demain et le jour ensuite... La semaine qui arrive... Comment on prévoit ça... Ca ne m'amuse pas tu sais de prétendre... De sortir avec Sonia, parce que je sais que... je vais pas arrêter de penser à toi et à te voir... Que je vis dans un putain de mensonge. " Il consent à ouvrir le verrou et entrouvre la porte, le visage ruisselant de larmes. " C'est juste pour me rassurer car je suis terrifié. Et là, je me demande si je suis prêt encore et encore... Et si ca en vaut la peine... Je veux bien faire des sacrifices et je sais qu'à un moment je ne pourrai pas y réchapper mais aujourd'hui on doit être stratégique car sinon nos vies vont être foutues... "

Mutt l'écoute silencieusement lorsque Klaus lui fait un laius amoureux assez exceptionnel pour le coup. Il l'écoute et il le ressent, plus que tout... Sauf que c'est le manque de confiance en lui qui parle aussi et qui ressort. Il est perdu, parfois sa logique se perd dans un méandre d'incompréhension et d'instabilité. Il ne veut pas braquer Klaus... Il n'a pas envie de le laisser partir, car quelque chose le rattache à lui. Est-ce qu'il l'aime ? Son coeur vacille, il est totalement démuni face à lui. Alors il entrouvre la porte pour le regarder, son visage larmoyant, son regard perdu.

" Je ne veux... pas te faire du mal. " Dit Mutt d'une voix légèrement tremblante. Il baisse les yeux, les paroles de Klaus le traverse et il comprend que personne ne l'aimera comme Klaus Hargreeves. Il sait qu'il ne sera plus jamais seul avec cet homme près de lui. Qu'envers et contre tout, ils seront unis qu'ils le veuillent ou non. " Klaus je... " Dit-il ne sachant quoi dire devant tant de belles paroles.

Il ne veut pas que son amant se sous estime... Il n'a rien à se reprocher, pas aux yeux de Mutt. Il l'avait retrouvé envers et contre tout et c'est tout ce qu'on souhaite d'un amour tel qu'il le ressent non ? Il pleure de nouveaux silencieusement puis passe ses bras autour de Klaus pour le serrer contre lui très fort.

" Je suis perdu... Excuse moi... Je sais que tu fais de ton mieux. C'est... cet endroit qui me rend... bête... " Ses doigts glissent dans sa tignasse, il l'embrasse sur la joue délicatement. Il lui souffle dans l'oreille à voix basse. " Je pense que je peux t'aimer Klaus Hargreeves. Personne ne ferait ce que tu fais pour moi. " Il se recule, pose son front contre le sien. " Laisse moi avancer, d'accord ? En fait... " Il essaye d'expliquer plus clairement ce qu'il attend. " Je voudrai qu'on voit ensemble comment on... se retrouve. Quand... J'ai besoin de savoir ce qu'on dira si on nous voit ensemble Klaus... Je me suis emporté sans prendre le temps de m'exprimer convenablement... " Dit-il en détournant doucement le regard, un peu honteux. " Comment... je peux te retrouver ? " Demande-t-il finalement en reposant ses yeux sur lui. " Parce que... ca va être ma hantise de... que... tu disparaisses comme ça. " Il glisse de nouveau ses bras autour de lui pour glisser son visage dans son cou pour le serrer fort, le corps encore tremblant.

Se voir le moins possible, c'était le deal bien entendu mais en même temps, ca sonnait tellement faux, surtout quand on était autant accroc à quelqu'un. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que ca n'allait pas se passer si bien qu'ils le pensaient. Ils allaient forcément être à cran et prendre des risques à un moment donné, mais c'est bien loin de l'esprit de Mutt qui n'avait pas encore testé ce genre de scénario. Mais Klaus le rassurait dans ses paroles, lui glissant qu'il devrait surement se trouver une excuse quand ils se voient.

" Ouais... Ouais ! " Dit-il plus assuré. " Faudra qu'on te trouve une sorte d'identité pour qu'on nous pose pas de questions et même mes parents... Juste... En attendant... " Il baisse les yeux en cherchant. " T'es plus vieux donc ca risque de pas être si... évident. " Dit-il en continuant de chercher. " Sinon le frère d'un de mes potes que j'ai perdu de vu... Allez... Ouais... Brad ! T'es le frère de Brad et t'es ici... pour du travail ! " Dit-il à fond dans son mensonge pour le coup. " Ca peut l'faire ! "

Ici ? Cet hôtel ? Il n'est pas si mal, il n'est pas trop cher mais il n'est pas miteux. Ils seront bien ici... Mutt lui fait un sourire et acquiesce en se frottant les joues en retirant le reste de ses larmes.

" Ouais et tu sais où me trouver... Et si tu viens à la maison... Enfin abuse pas trop. T'es le frère de Brad ? Maman connaît le nom, elle va pas poser de questions. Et papa... Il connaît rien à ma vie donc... il se taira... " Il marque une pause, hausse les épaules. " Ca... ressemble à un plan non ? " Klaus lui affirme qui ne le laissera jamais tomber de son côté. Mutt le croit, ce type venait de traverser le pays pour le retrouver après tout. " Je te crois... " Il glisse une main sur sa joue. " On devrait se reposer un peu... je meurs de fatigue... Et je dois avoir une tête à faire peur... " Dit-il avec un léger rire nerveux. Il tire Klaus de nouveau jusqu'au lit pour qu'ils puissent s'allonger et tires les draps sur eux.

L'un contre l'autre, Mutt sent qu'il n'a jamais été aussi bien. Il sait qu'il pourra fermer les yeux, et profiter de ce repos là... La journée a été éprouvante et encore plus la soirée. Contre lui, Mutt fait glisser ses doigts délicatement sur sa peau, ses lèvres rencontrant le goût de son épiderme dans des baisers délicat. " Je... " Commence-t-il à dire mais ne sachant pas le dire. Il marque une pause. " Je ne veux plus jamais quitter tes bras. " Souffle-t-il finalement, se dérobant à des sentiments naissant qu'il avait encore du mal à interpréter, à saisir, mais il se rendrait compte bien assez tôt de leur force, de cet impact.

Le concept était clair et carré et tous les deux doivent absolument avoir la même version. Mutt pouvait être tatillon sur certains points mais il savait que c'était clairement nécessaire pour la suite des évènements. Il sait qu'il ne pourra pas le cacher indéfiniment à ses parents mais déjà... Il devait apprendre lui même à s'accepter, et à accepter la situation.

" C'est un vieux pote du bahu. J'ai plus de nouvelles de lui depuis... Jackson. " Dit Mutt sans en rajouter. " On trainait beaucoup ensemble, et maman croit juste qu'on s'est perdu de vu à cause du fait que j'ai changé d'école... Après elle est pas censé connaitre l'histoire. " Lui explique-t-il rapidement.

Mutt grimace quand Klaus parle du fait d'être le parrain d'un Maddox, et explose même de rire en entendant le nom prononcé.

" Maddox ? C'est un prénom ça ? Désolé, mais ca me fait penser à... viandox ton truc. " Dit-il goguenard, en reprenant un peu du poil de la bête. Il sourit à Klaus quand celui-ci affirme que ses parents vont tellement l'aimer qu'ils vont le vouloir le revoir. " Ha ouais ? Maman je sais qu'elle va bien t'aimer mais une chose en son temps. " Dit-il avec douceur et avec un léger sourire. Ne montrant aucune pression à Klaus.

Puis l'heure vient du repos et Mutt s'installe confortablement dans les bras de Klaus. Il se sent bien, il se laisse porter comme dans un nuage dans ces bras chauds et rassurant qu'il apprécie déjà. La nuit passe alors trop vite quand le soleil vient poindre son nez à travers l'ouverture du rideau de la chambre, ce qui réveille Mutt. Il est d'ailleurs le premier réveillé. Mais il ne bouge pas, gardant Klaus contre lui. Il laisse les minutes passer mais il a aussi peur qu'on vienne les déranger et qu'on les découvre dans cette position, l'un contre l'autre, encore nu comme des vers. On se doutera de l'activité de la soirée.

Alors il embrasse le front de Klaus délicatement en se redressant et passe une main dans ses cheveux tout en lui glissant doucement dans le creux de l'oreille. " C'est l'heure... " Dit-il, son regard observant les traits de Klaus, de l'homme qu'il aime. Il attend que Klaus émerge un peu. " C'est le temps de... devoir se confronter au monde. " Dit-il à mi-voix et commençant à ressentir les prémices d'une angoisse qui le suivra constamment dehors. Il reste longuement silencieux à regarder les traits de Klaus encore endormi, jusqu'à finir par se lever par dépit. Il s'assoit sur le bord du lit et attrape ses affaires, il commence à se rhabiller. Il soupire longuement au moment d'enfiler ses chaussures.

" Vendredi prochain ? Ici ? " Demande-t-il. Il se tourne vers Klaus. " Il faut que... je prépare le terrain. Cinq jours. " Il sait que ca sera les cinq jours les plus longs de toute sa vie. " Et on passera le week end ensemble. Ca te va ? "

Ces cinq jours étaient nécessaires, ils n'avaient pas le choix. Mutt ne pouvait pas faire ce qu'il souhaitait non plus de son côté. Prendre de la distance un peu, surtout avec le remue ménage de ce week end, c'était le mieux pour l'heure, même s'il ne se doutait pas que ca allait être clairement difficile pour lui aussi... Plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Klaus lui demande l'heure. Mutt réfléchit, vers la fin d'après midi, comme ca il aura le temps de balancer un bobard à ses parents. Un road trip avec des potes, une connerie dans le genre.

" 5 P.M. " Lance-t-il, en réfléchissant avant de se tourner vers Klaus. Il lui propose un road trip. Mutt sourit. " J'aurai récupéré ma bécane, mais on partira durant la nuit alors... Histoire qu'on ne nous capte pas à quitter la ville à deux. " Dit-il toujours aussi précautionneux.

Klaus se glisse de nouveau dans ses bras en lui soufflant qu'il allait lui manquer. Mutt soupire longuement, profitant de ce geste qui sera manquant durant cinq jours. Il le rend tendrement son étreinte, glissant une main dans son dos, l'autre dans ses cheveux. Il le serre contre lui avant de lui souffler doucement à l'oreille.

" On va se dire que ca va aller vite hein ? " Il se recule, prend son visage entre ses mains. " On se rejoint ici à 5 P.M. vendredi prochain. On prendra notre temps et après on partira au petit matin. Avant l'aube et... on se baladera d'accord ? Ca ira... "

Il l'embrasse une dernière fois avec force sur ses lèvres, avant de se dire qu'il est temps d'y aller. Mutt prend soin aussi de défaire l'autre lit, il faut vider les consos qu'ils mettent dans un sac qu'ils vont emmener. Puis ils sortent, fermant derrière eux, leur dernier refuge. Mutt est silencieux dans le couloir comme dans l'ascenseur. Il laisse Klaus rendre les clefs si besoin. Il l'attend sur le trottoir et sort une clope qu'il fume. Il en tire une à Klaus. Il finit par lui dire:

" Fais gaffe à toi... " Il se tourne vers lui, hésite à glisser une main sur son bras, il s'abstient alors. " Ca va l'faire. D'accord ? " Un dernier sourire, un dernier regard, et Mutt prend la décision de commencer à quitter Klaus sur ce trottoir. Et plus il s'éloigne, plus il sent une boule au ventre se créer. Il se retourne arrivé au coin de la rue avant de baisser les yeux, glisser de nouveau sa casquette sur la tête et s'en aller pour les cinq jours qui arrivent.

Et clairement, ce fut les cinq jours les plus difficiles de toute sa vie. Le temps ne passait pas, et il n'arrêtait pas de penser à cette nuit, à lui. Il ne dormait pas ou peu, son esprit ruminant. Sa mère lui demandait même s'il allait bien, vu qu'il était clairement distrait, et même l'ancêtre qui lui gueulait dessus n'arrivait pas à le foutre en pétard comme il pouvait le faire. Quand il vit Sonia, il eut du mal à s'investir dans leur relation, et elle même le sentit. Au final, Mutt lança des mensonges en disant qu'il était fatigué ou s'inventant d'autres histoires vagues.

Puis le Vendredi arrive. Il a peu dormi cette nuit là. Encore moins que les autres nuits. Mutt bosse de temps en temps à un garage dans le quartier, il fait ce qu'il a affaire, annonce qu'il fait un petit road trip avec ses potes motard le week end arrivant... Mutt est impatient, il se prépare avec grande attention. Il a un large sourire, ses parents se disent qu'il a retrouvé un certain goût aux choses... Il prend sa moto et va jusqu'à l'hôtel. Mutt arrive à l'heure tapante, ne pouvant attendre plus.

Un sac sur l'épaule, ses pas déterminés, il se dirige vers l'entrée de l'hôtel et attend sur le trottoir en fumant une clope. Les minutes passent, Klaus ne semble pas être là. Puis quinze minutes entière... Notre garçon commence à paniquer... Et si... Et s'il avait vraiment été pris pour pigeon ? Et s'il était arrivé quelque chose à Klaus ? Et si... Trop de questionnements, son empressement devient de la nervosité. Il essaye de voir à l'intérieur et demande si le garçon de la semaine dernière est arrivé. On lui informe que non. Là, Mutt continue de s'inquiéter. Il reste de longues minutes encore dans le hall à cogiter, nerveux, le coeur s'effritant à chaque seconde, se sentant encore abandonné.

Au bout de presque une heure, Mutt récupère son sac, son visage caché par l'ombre de sa casquette bien trop enfoncé sur sa tête, il ressort de l'endroit, avec une envie de fondre en larmes. Il le fera mais pas ici. Pour l'heure, il se tient... En sortant, ne regardant pas devant lui, il fonce dans une personne qui n'est autre que Klaus. " Par... " Il constate qu'il est venu. Mutt a un air hagard et peiné... Une peine qui se change en surprise, puis en colère. Il attrape Klaus par le col et le tire sur le col. " Qu'est-ce que t'as foutu putain ? Je... Je... " Ses lèvres se pincent, il a les larmes aux yeux. Mais il est là, c'est le principal non ? " J'ai cru... J'ai cru... " Il n'arrive pas à articuler ses mots. Une personne entre derrière eux. Mutt lâche le col de Klaus et fait quelques pas en arrière avant de lui dire tout bas. " Presque une heure de retard putain... Tu te rends compte de ce que j'ai pu... imaginer ? "

Il est là, mais Mutt n'est pas rassuré pour autant. Il voit sa dégaine, son oeil noir, son piteux état et il sent clairement que la douche n'a pas été son fort pendant une semaine. La colère de Mutt s'estompe, laissant place à une réelle empathie et beaucoup de soucis à cet instant. Que s'est-il passé ? Alors il baisse les yeux, se secoue la tête. " Ca va... je t'en veux pas... J'ai juste eu peur que... Tu... ne viennes pas... "

Il ne peut s'empêcher de coller son regard sur la blessure qu'il a. Il veut lui demander ce qu'il s'est passé, mais il a peur d'en parler là. Il lui attrape alors le bras pour qu'ils dégagent de là, rester en pleins passage, ca n'était pas la meilleure chose à faire.

" Allez viens... On doit pas rester planter là. " Il le tire à l'intérieur en lui glissant des billets dans la main. Il espérait que le type à l'accueil ne se pose pas trop de questions concernant leur dégaine à tous les deux. Un Klaus amoché et visiblement à bout de nerf, et un Mutt visiblement trop planqué sous sa casquette avec un sac sur son épaule pour ne pas être louche. On pourrait même croire, sous les allures de durs du jeune Jones, qu'il a maltraité le pauvre type qu'il tire par le bras. " On va vous prendre une chambre pour deux. " Anticipe Mutt, il laisse Klaus donner les billets. Il ne pense pas à demander une chambre double, il ne fait pas gaffe à grand chose car il est focus sur l'état de Klaus et lui parler en privé. Le type les regarde longuement mais ne pose pas de questions. Mutt s'empresse de tout prendre et il tire Klaus vers l'ascenseur vers leur chambre, ne lâchant pas Klaus.

Arrivé dans la chambre, Mutt claque la porte derrière lui et prend le visage de Klaus entre ses mains. Son regard se posant dans la prunelle de ses yeux. " Qu'est-ce qu'il s'est passé bordel ? Tu m'as dit que ca irait... " L'inquiétude se voyait dans sa voix et son attitude. " Fais moi voir. T'as mis un truc là dessus ? Tu te sens bien ? Je peux pas te laisser comme ça... T'as mangé au moins ? Je crois que le week end en virée, on va le faire ici... Tu dois prendre soin de toi, je vais prendre soin de toi. Tu vas te reposer... " Il caresse sa joue doucement avec son pouce. " Par contre, je ne te laisse pas repartir comme ca Dimanche soir... Tu m'entends ? " Dit-il avec force, les larmes aux yeux avant de le prendre et de le serrer fort dans ses bras. " T'as pas intérêt à faire de la merde quand j'suis pas là, sinon la prochaine fois, je t'en voudrai. T'as pigé ? Klaus... Allez... " Il se détache légèrement de lui. " Je vais demander de la glace au bar de l'hôtel, je veux m'occuper de ton œil et je vais te faire couler un bain... On commandera à manger aussi. Tu te mets à l'aise, le temps que j'aille chercher tout ça... D'accord ? "

Mutt fixe Klaus en se demandant s'il lui dit toute la vérité. Il peut lui dire ce qu'il veut, il ne peut pas cacher que cette semaine avait semblé laborieuse pour lui. La vérité c'est que Mutt a peur et il se rend compte qu'il n'a pas peur simplement pour lui mais pour Klaus aussi. Il s'inquiétait pour lui car mine de rien, il commençait réellement à s'attacher à lui. Oui, un lien d'âme à âme aussi fort ne peut passer à la trappe.

Il lui explique alors qu'il s'est battu dans un bar, Mutt allait prendre cet explication comme elle vient, bien qu'elle restait évasive. " Ouais... Okay... " Dit-il en baissant les yeux.

Mutt le laisse essayer de le convaincre, voyant qu'il essayait de le rassurer en premier lieu. Mais il le croyait à moitié. Il finit par soupirer et répondre à Klaus.

" 'Tain... " Balance-t-il, toujours les larmes aux yeux. " Klaus... Tu... Tu gâches rien alors arrête s'il te plait ! Juste... Ca va pas, me ment pas là... " Ajoute-t-il. " Hey... " Il reprend son visage entre ses mains. " Je suis sérieux, Dimanche soir, tu me diras ce que tu fais. Je te laisse pas repartir sans que tu me dises où tu vas et sans que je sache que tu iras bien. " Il marque une pause, et le regarde avec tendresse en esquissant un léger sourire. " Et je vais quand même m'occuper de toi ce soir d'accord ? On partira demain matin... Mais pour l'instant, je veux que tu passes une bonne nuit, qu'on profite d'un bon bain chaud à deux et je vais quand même m'occuper de cet œil là. " Il fait une légère pause. " S'il te plait. " Ajoute-t-il avec une grande douceur.

A vrai dire sa première colère de lui hurler dessus et de s'en prendre à lui pour son retard s'était envolé. Il n'avait pas envie de lui reprocher tout ca, et ca lui semblait terriblement futile. Il finit par glisser ses lèvres sur les siennes dans un long baiser et c'était comme s'il se sentait revivre. Presque une semaine sans lui... Ca avait été terrible. Il finit par se détacher doucement de ses lèvres.

" Tu sais que ces lèvres là m'ont manqué. " Dit-il dans un léger sourire en glissant un pouce sur la courbe de celles-ci. " Tu m'as manqué Klaus. Et cinq jours... Ca a été long. T'as encore eu raison sur toute la ligne... Ca devient même agaçant. " Lui avoue-t-il. " Allez... mets toi à l'aise, commence à faire couler le bain, je reviens avec ce qu'il faut. J'en ai pas pour longtemps, d'accord ? "

Mutt se recule, laisse sa veste et sa casquette sur le lit, il prend juste les clefs de la chambre, il embrasse une dernière fois Klaus avant de sortir. " Je reviens vite. " Mutt avance ensuite dans le couloir et reprend l'ascenseur pour se diriger vers le bar près de l'accueil. Il demande des glaçons, on lui donne un saut à champagne avec ce qu'il demande. Il remercie le type, s'autorise un pourboire avant de remonter.

" C'est bon, j'ai ! " Dit-il en secouant le saut pour faire comprendre qu'il a trouvé ce qu'il cherche. Mutt a un sourire flottant sur les lèvres, il sent sa poitrine chauffer, des papillons dans le ventre. En réalité, il ne s'est jamais senti aussi bien. Bon, tout n'est pas parfait, mais le début de leur week end commence, et il l'avait attendu longtemps celui-là. Il va trouver Klaus dans la salle de bain, attrape une serviette pour mettre les glaçons dedans pour lui faire une poche de glace. Dans un sourire malin, il lui dit à moitié sérieux et à moitié hilare: " Avoue que t'as fait exprès pour que je puisse jouer au docteur avec toi. "

Mutt continuera de s'inquiéter quoi qu'il arrive, car Mutt tient à Klaus. Il tient à Klaus plus qu'à sa propre vie, mais peut être n'en est il pas encore pleinement conscient ? Mais cet instant, il sait qu'il ne sera pas gâché, car ils sont tous les deux et Mutt se sent revivre. Simplement. C'est quelque chose de vivifiant, de totalement magique. Il a envie de se laisser aller, de laisser toutes ses blessures derrière lui, mais il sait qu'elles restent tapies dans l'ombre. Elles peuvent ressortir à n'importe quel moment mais pas aujourd'hui.

Après avoir mis les glaçons dans une serviette, il revient vers Klaus pour s'agenouiller d'abord près de la baignoire. Il rit doucement lorsque Klaus joue à son petit jeu de rôle. " Alors déjà Docteur Jones, c'est plutôt mon père et je n'ai pas sa Sainte connaissance. "