▿ Métier : Il est en seconde année de Master en histoire et archéologie à l'université. / En stage universitaire au musée d'histoire naturelle en recherche et restauration.
▿ Quartier : Lockwood hill avec sa mère Marion, et Klaus Hargreeves
Dallas. 1963. Sacrée ville. Mutt ne l’aimait pas des masses, il fallait l’avouer. Déjà car la mentalité des Texans était assez spéciale et qu’il préférait largement le climat de New-York. Quoi qu’il en soit, il était ici pour avoir certaines informations afin de pouvoir rédiger sa thèse de dernière année et pouvoir achever son diplôme en doctorat.
Mais l’histoire allait radicalement changer… Si elle n’avait pas été changé déjà il y a plusieurs années de cela lorsqu’il s’était retrouvé sur cette maudite île. Il sait qu’il y a passé plusieurs années, il se rappelle des gens qu’il a côtoyé mais… Tout restait assez vague quant au fait qu’il ne se rappelle plus trop comment il a atterri là-bas et comment il est reparti. Et surtout : Quand ? Mais pour l’heure, il était retourné dans son ancienne vie, comme si de rien n’était. Il était rentré chez lui et avait repris là où il s’était arrêté. Comme si le temps dans son monde n’avait jamais bougé.
Le temps continua sa route alors, et Mutt continua lui aussi son chemin pour en arriver là. Il avait eu ses 29 années en Juillet comme d’ordinaire et le mois de Novembre avait débuté son déroulement. Mutt venait d’arriver en ville, il avait garé sa voiture, une superbe Camaro, qu’il avait pu se payer l’année dernière et en souvenir d’un ancien ami : Billy Hargrove. Il lui avait donné l’envie d’acheter cette voiture à sa sortie et Mutt avait économisé pas mal pour se la payer.
Les cheveux toujours méticuleusement coiffés en arrière, habillé d’une chemise légère -vu la météo texane qui était loin d’être la météo de New-York- et d’un Levis ajusté. Il restait égal à lui-même à son époque. Il vit alors un Diner dans la rue et décida d’y aller pour se restaurer. Déjà, il n’aima pas l’écriteau de l’entrée… Réservé aux blancs… Ca montrait bien la mentalité de cet état que Mutt n’aimait pas du tout. Il entra, retira ses lunettes de soleil qu’il glissa sur l’encolure de sa chemise avant de se diriger vers le comptoir. Mutt s’accouda, alors que le serveur se tourna vers lui pour lui demander sa commande. Il allait se restaurer et retourner à ses occupations rapidement. Aller surement sur le campus de la fac du coin pour récupérer quelques informations à leur bibliothèque et se mettre au travail.
Une nouvelle personne entra, alors qu’il se glissa plus confortablement sur le tabouret haut. Mutt se figea alors. Il pouvait reconnaitre ce visage, cette allure entre mille et le cœur du garçon manqua un battement. C’était Klaus. Comment… ? Il ne l’avait pas revu depuis… Il ferma les yeux et détourna le regard. Le serveur lui redemanda s’il voulait à boire avec son repas.
« Excusez-moi, mettez-moi une bière avec… »
Que faire ? Agir ? Aller le voir ? Klaus ne lui avait pas adressé un seul regard. Par contre, lui, attirait les regards d’autres dans cet endroit et il savait pourquoi… Klaus ne s’était jamais caché et n’avait jamais caché son look un peu décalé, et visiblement qu’importe les époques. Le cœur du jeune Jones battait la chamade dans sa poitrine, il était tenté de se retourner et d’y aller, de lui parler, de renouer contact… Peut-être avaient-ils eut un passé tumultueux ensemble mais Mutt ne le regrettait pas. Il l’avait aimé et il l’aimait toujours au fond de lui. La seule chose qu’il regrettait, c’est qu’ils se soient perdus de vu.
Il souffla longuement, se retourna et se décida à aller parler à l’homme avec qui il avait partagé sa vie dans un autre monde… Il le voulait et il se fichait bien du regard des autres aujourd’hui. De toute manière, il ne connaissait personne à Dallas. Et il voyait cela comme une nouvelle chance. En se retournant, il vit Klaus s’asseoir à une table. Mutt se ravisa mais tendit l’oreille tout en regardant au dessus de son épaule. Les paroles de Klaus étaient poignantes et il l’écouta parler à ce type : Dave. Peut être ressentait-il une pointe de jalousie qu’il se soit dirigé vers ce mec et non vers lui. Puis la situation dégénéra quand un oncle vint à s’en mêler.
Mutt serra les poings à l’entente des mots « Tapette », « Tafiole » et ce genre d’insanités qu’il avait appris à haïr, en se comprenant concerné. Non, ca n’était pas si visible que ça et c’est ce genre de mentalité qui avait faillit laisser Mutt dans une grande dépression. L’autre demanda alors au fameux Dave de frapper Klaus. Mutt s’était redressé et se fichait complètement maintenant de son repas. Il sentait que ça allait dégénérer, tous les regards étaient tournés vers la scène mais il savait que personne n’interviendrait. Personne. Sauf lui.
Il le vit partir ce coup, il était si évident. Mutt avait anticipé et s’était interposé en retenant le poing de Dave dans la volée. Alors qu’il avait été invisible jusqu’à présent, maintenant, tous les regards étaient tournés vers eux. Le visage de Mutt était fermé et il transparaissait une colère sourde. Il fixa du regard le fameux Dave en lui serrant le poing entre ses doigts avant de lui attraper le poignet, le ramener et lui donner un sacré coup de boule en retour. Il y eut des cris, l’oncle se mit à hurler, Dave était plié en deux, le nez en sang. Mutt se redressa et ne se démonta pas. Il se passa une main dans les cheveux pour se recoiffer. La scène marqua un long temps d’arrêt mais Mutt ne s’était pas encore retourné vers Klaus pour l’heure.
« La tafiole comme vous dites a beaucoup plus de valeur que vous tous là… » Il montra le barman d’un doigt accusateur et lui dit : « Vous pouvez garder votre plat du jour, le service est naze ici. On se tire… Klaus… »
Sans regarder Klaus, il lui attrape le poignet et se met à le tirer vers la sortie, sans se retourner. Ils arrivèrent dehors, firent plusieurs pas avant que Mutt ne lâche enfin le poignet de Klaus en se passant une main sur le visage. Il tourne son regard enfin vers Klaus et croise son regard. Le contact se fit, deux regards qui se croisent, une alchimie enfin retrouvée. Des larmes d’émotion l’envahirent et un sourire heureux s’afficha. Il ne put s’empêcher de rire de manière taquine tout en lâchant :
« T’as toujours eu l’art de choisir tes conquêtes dis donc… » Il se rapprocha de Klaus tout en continuant de l’observer avec ce sourire aux lèvres. Il posa ses deux mains sur ses épaules et qu’importe s’il le reconnaitrait ou non, il le ramena dans ses bras, un contact qui lui fit extrêmement du bien et qui malgré toutes ces années passées, lui apportait un sacré réconfort. Sa présence, ce contact, son odeur même… Ca lui avait tellement manqué. « Tu m’as manqué putain… Je ne pensais plus jamais te revoir… » Il se recula ensuite, passant ses mains dans la nuque de Klaus et continua de lui sourire. C’était peut être étrange pour n’importe qui, mais peut être pas pour Klaus. Il savait qu’il pourrait comprendre ou du moins se douter de quelque chose.
Moses.
I'm tired of being what you want me to be. Feeling so faithless, lost under the surface.
Don't know what you're expecting of me Put under the pressure of walking in your shoes.
« Il faut que je te parle d’une chose vraiment importante… Je sais que tu vas trouver ça étrange mais… je te connais. »
Klaus soutient le regard d’un Dave incrédule. Il ne comprend pas, il s’amuse de cette réaction démesurée. Oui, ils se connaissent, ils se sont vus à la quincaillerie, la peinture rose… Mais Klaus ne se laisse pas démonter pour autant. C’est sa chance, la seule occasion, peut-être, qu’il aura de sauver Dave… Il a une chance de lui éviter la mort, il doit la saisir. Si les circonstances l’ont à nouveau conduit ici, il faut que ce soit en partie dans ce but. Dave ne peut pas mourir, Dave ne doit pas mourir. Il le regarde, et comme l’autre fois, c’est douloureux de constater que celui qui représente tout pour lui, et pour qui il a tout représenté se retrouve tout bonnement incapable de le reconnaître.
Une part de lui aurait voulu qu’il comprenne ce qui les lie au premier regard. Mais tant pis, c’est sa vie qui lui importe plus que tout. Il ne supportera pas de devoir faire son deuil une fois de plus alors qu’il a enfin réussi à le retrouver, ce en quoi il ne croyait pourtant absolument plus. Alors il est patient, et il déballe tout. Il ne se soucie pas de passer pour un fou. Si ses paroles peuvent avoir un quelconque impact sur lui, lui revenir en mémoire, le moment opportun, alors c’est ce qui compte. Alors il insiste… Ils se sont vus avant, avant la quincaillerie, il sait son intention de s’engager dans l’armée, il sait qu’il pense que c’est son devoir au regard du passé militaire de sa famille, il sait tout ça, il sait aussi que son oncle, Brian, celui dont il vient de voler la place, pour parler en face-à-face à Dave, est une source d’admiration pour lui, qu’il le croit quand il lui dit que l’armée va faire de
« C’est une blague ? » l’interrompt Dave, désorienté.
Non, et ça n’a rien de drôle. Dave est décontenancé, il ne comprend pas, mais il ne l’envoie pas promener. Alors Klaus insiste. Il sait qu’il doit se montrer direct s’il veut parvenir à ses fins.
« Dave, si tu t’engages dans l’armée, ils vont t’envoyer au Vietnam. »
Voilà qui est dit. Sans plus passer par quatre chemins, Klaus lui dit tout, lui explique le Vietnam et ses conséquences, les morts inutiles, tant de morts inutiles. Il doit l’entendre, absolument l’entendre, il n’y a que de cette manière qu’il pourra – peut-être – y échapper. En pleine diatribe, l’oncle pointe le bout de son nez, et alors les insultes fusent : pédale, tapette… Si on avait filé un dollar à Klaus chaque fois qu’il avait eu à encaisser ce genre de remarques… Il n’est pas décidé à s’arrêter mais, d’un geste brusque, Brian le vire de sa place. S’il pense qu’il va se taire. Lui se fiche peut-être de la vie de son neveu, lui se moque peut-être de sacrifier sa vie sur l’autel de sa présumée virilité, ce n’est certainement pas le cas de Klaus…
« Dave, juste… cinq minutes, d’accord ? – Tu vas rester là à écouter cette fiotte ? – Tu n’es pas obligé de t’engager pour devenir un homme. Ne ruine pas ta vie pour rien… – Frappe-le… – Parce que je t’aime… »
Dave se lève, soumis aux directives de son oncle, Klaus est prêt à accuser le coup, douloureusement, mais au moment où il pense que le poing de l’homme qu’il aime va s’écraser sur son visage, quelqu’un intervient… Il retient son poing et lui file un coup de boule. Klaus, en dépit de la violence affichée de Dave, passé le choc et l’incompréhension, a le réflexe de vouloir se précipiter vers lui, mais il est retenu par ce type dont il ne sait rien et qui pourtant vient de défendre son honneur avec autorité. Il lui attrape le poignet avec vigueur et le pousse vers la sortie. Klaus regarde en arrière. Il doit retrouver Dave. Il n’aura rien retenu de ce qu’il a cherché à lui dire après ça. Il faut qu’il le sauve, tant pis s’il doit s’en manger une, ou plusieurs, dans le processus. Quand Mutt le lâche enfin, Klaus veut dire quelque chose, mais il est retenu par le sourire que lui adresse ce type. Il le regarde et il lui parle comme s’il le connaissait. Puis il le prend dans ses bras… Qu’est-ce que ce bordel ? Klaus en a vu d’autres, d’accord, mais là… « C’est quoi ce bordel… T’es qui exactement ? » Il tourne son regard en arrière. « Faut que j’y retourne. Ecoute, je sais que t’as voulu m’aider, et c’est cool de ta part, et t’as l’air sympa, et j’ai l’impression que je devrais te connaître, et t’es super mignon, mais... » Et il ne sait plus exactement ce qu’il dit. Sous le coup de l’émotion et de la surprise, ses propos oublient d’être cohérents. « Mais là, je pense que tu comprends pas ce qui va arriver au mec que t’as tabassé si je vais pas lui parler. »
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Mutt rigola et se secoua la tête face à la réaction de Klaus. Déjà, il ne le reconnaissait pas mais Mutt pouvait s'en douter. Il n'était pas si étonné que ça. Il se rappelait un peu cette histoire avec Dave. Klaus lui en avait rapidement parlé, sans pour autant rentrer dans certains détails, car oui, il savait que cette histoire l'avait fait beaucoup souffrir. Dans un grand sourire, il le taquina:
" T'es pas croyable, tu l'sais ça ? Klaus regarde moi s'il te plait... "
Mutt était assez attendri par la réaction de Klaus. Il l'attrapa par les épaules pour lui faire face et qu'il arrête de se tourner vers le Diner, pour capter son regard.
" Alors... Je sais ce qu'il va se passer, tu ne pourras rien faire, tu me l'as dit toi-même... La guerre du Vietnam et tout le reste... Et je sais aussi que Kennedy va se faire tuer dans quelques jours... C'est toi qui me l'as dit... Enfin, certains livres aussi mais... "
Mutt ferma les yeux en essayant de ne pas s'embrouiller et ne voulait pas faire paniquer non plus Klaus, même si, pour le coup, c'était mal barré. Il leva les mains et fit un geste comme pour effacer le reste de la conversation.
" Ouais, on va commencer par le début et je vais pas passer par quatre chemins car je sais que tu vas me croire... Je m'appelle Mutt, mais toi, tu aimes m'appeler Mutty. On se connaît oui... On s'est rencontré dans le futur. Ton futur qui est mon passé. " Il plisse les yeux et se secoue la tête. " Bref... On va pas partir sur les aléas du cours du temps, sinon on ne va pas s'en sortir. On s'est croisé... Enfin se croisera... Dans un bar en 2020 sur une sorte d'île bizarre. On était complètement torché... Je te passe toute l'histoire entre temps mais toi et moi, on a eu une histoire... Ou on va... pour toi... " Il eut un léger rire nerveux tellement c'est complexe à raconter. " On a fini par revenir dans nos vies, enfin je suppose pour toi... Moi, en 1957 et j'ai continué ma vie. Toi, je suppose en 2019. Mais je suis d'ici... "
Mutt fit une pause, le regard brillant, tout en passant du temps à contempler le visage de Klaus. Cette lueur qu'on pouvait rapidement comprendre. Il passa ses deux mains dans la nuque de Klaus, sans pour autant trop entrer dans son cercle privé, ne sachant pas comment, sans mémoire de ce qu'ils avaient vécu, il allait l'interpréter mais il lui dit, plus sérieusement cette fois-ci.
" J'ai regretté beaucoup de choses tu sais. Ne pas t'avoir dit au revoir comme je le devais par exemple... Ce que j'ai... pu faire et... le fait que... " Ses lèvres se pincèrent dans un sourire triste. " Je ne t'ai jamais remercié pour ce que tu as fait pour moi. Comme le fait que je ne t'ai jamais tout dit sur ce que je ressentais. Tu m'as appris à aimer et j'aimerai parfois retourner en arrière pour profiter de chaque instant avec toi à deux cents pour cent mais... C'était impossible. Je ne t'ai jamais oublié, sache le. "
Mutt glissa ses mains et se recula d'un coup pour reprendre de la distance avec Klaus, sentant que les larmes lui montaient aux yeux et qu'il se sentait comme un con d'un seul coup. Klaus allait surement le rembarrer comme Dave l'avait fait avec lui. Klaus ne le connaissait pas et voilà qu'il venait de lui faire une déclaration d'amour invraisemblable.
" Laisse tomber... Retourne voir Dave... Fais ce que t'as à faire... Mais tu mérites d'être heureux. Je veux que tu sois heureux, c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire, d'accord ? "
Moses.
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Le rire de ce type duquel il ne sait rien et qui a l’air de si bien le connaître est si spontané, si naturel, qu’il a le don de complètement décontenancer Klaus qui a du mal à trouver quoi que ce soit de drôle à cette situation, vraiment. Il peine à garder son attention fixée sur lui alors que son cœur lui dicte encore d’aller retrouver Dave. Il est évident, pourtant, que ça ne servira à rien. Il ne l’écoutera pas, encore moins avec son oncle à proximité. Au mieux se prendra-t-il le coup qu’il a évité plus tôt, mais ça ne peut pas s’arrêter là… Quand Mutt l’attrape par les épaules et le contraint à lui faire face, Klaus est bien obligé de lui accorder sa pleine attention.
Il l’écoute et il a le sentiment que les rôles se sont inversés. L’instant d’avant, c’était lui qui essayait de convaincre Dave du fait qu’ils se connaissaient, et de ce qui les liait, et voilà que ce jeune homme fait de même. Il le connaît, c’est évident. Il sait pour Kennedy… Ce qu’il raconte serait hautement improbable pour n’importe qui… pas vraiment pour Klaus. Les voyages temporels, il connaît… Pour cause, sans ça, il ne serait pas ici… Alors oui, même si c’est absurde, quand ce type lui dit qu’ils se sont rencontrés, ou plutôt qu’ils vont se rencontrer sur une île bizarre en 2020, ben il le croit. Quand il lui dit qu’ils ont eu – qu’ils vont avoir – une histoire, il le croit aussi.
Quand ce type qui reste un inconnu pour lui passe ses mains dans sa nuque, il ne le rejette pas. C’est bizarre, mais ce geste lui inspire quelque chose de familier, tout comme son regard, sa voix… Et pourtant, il aurait été prêt à parier qu’il n’avait jamais vu ce type de sa vie. Et c’est sans doute ce sentiment de familiarité qui fait qu’il se sent d’autant plus capable de compte. Ses paroles lui serrent le cœur. Il sent que ce type tient à lui. Qu’il… l’aime ? Les sentiments qu’il confesse à mi-mots, qu’il peut entendre sans les partager, comme Dave aurait pu les entendre sans les partager non plus. Quand finalement, Mutt le lâche et lui dit d’aller retourner voir Dave, Klaus reste là, comme un con. Il ne sait juste pas quoi lui dire. Les mots lui manquent.
« Je suis désolé… », dit-il après un moment d’hésitation. Il se rapproche d’un pas, d’abord, comme s’il s’apprêtait à le prendre dans ses bras, puis finalement, il se ravise et tourne les talons.
Il n’est pas fier de lui, mais dans tous les cas, il faut qu’il y retourne, il faut qu’il parle à Dave. « Tu devrais écouter ce qu’il a à te dire… », observe Ben tout en suivant Klaus qui, d’un pas pressé, retourne au diner. « C’est maintenant que tu l’ouvres, toi ? » « Tu étais un peu occupé, je te ferais remarquer. » Mais Klaus ne l’écoute pas, de toute manière. « Il a peut-être raison, tu ne peux rien pour Dave, si tu y retournes, ils vont te… » Ben interrompt sa phrase au moment où Klaus ouvre la porte. Dave n’est pas là, son oncle non plus. La place qu’ils occupaient plus tôt est à présent vide. Klaus fait le tour de la pièce comme s’il s’imaginait les retrouver planqués sous une table. « Ils sont partis. » « Sans déconner, Sherlock. » Klaus prend sa tête entre ses mains et s’affale sur la première chaise disponible. « Il avait l’air de le penser, tu sais. Quand il disait qu’il voulait juste que tu sois heureux. » Klaus daigne enfin tourner son regard vers son frère. Pousse une expiration à mi-chemin entre le soupir et le grognement. « Tu fais chier, Ben. » Klaus se redresse et quitte le diner aussi vite qu’il est rentré, cherche aussitôt le jeune homme du regard, qu’il repère plus loin.
« Mutt ! Mutty ! Attends ! » l’interpelle-t-il en courant vers lui sans aucune forme de grâce ou d’élégance. Arrivé à son niveau, et sans prendre le temps de reprendre son souffle, il enchaîne. « Ecoute, je comprends rien à ce qui se passe, là, mais… On va prendre un verre ? J’en ai besoin. Toi aussi je parie. Et comme ça tu pourras me parler de 2020, de l’île bizarre, de notre rencontre, de tout ce que tu voudras, qu’est-ce que t’en penses ? »
Il sent déjà Ben râler dans son dos. Trois ans de sobriété foutues par terre. Mais hey, c’est lui qui lui a suggéré d’aller parler à Mutt, après tout.
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Mutt ne s'attendait à rien... Enfin, il espérait quand même. Alors oui, ca lui faisait clairement mal au coeur mais comment lui en vouloir. Il ne le connaissait pas encore, il y avait ce Dave et... non, tout ce qu'ils avaient vécu n'existait pas encore... Est-ce que celà finirait par exister au final ? Klaus s'excusa, Mutt eut un sourire triste et retint ses larmes. Rien de plus. Pas un autre mot. Rien. Il se serait peut être attendu à des questions, une remarque mais juste un Je suis désolé. Même si Mutt le pensait sincèrement: il voulait le bonheur de Klaus avant tout mais il savait qu'il fonçait droit dans un mur... Klaus se détourna de lui et Mutt se sentit comme un con sur ce trottoir, complètement seul. Il regrettait alors d'être si loin de New-York. Sinon, il serait passé chez ses parents... Non, pas pour aller pleurer toutes les larmes de son corps mais pour trouver un réconfort auprès de ceux qui lui sont le plus proches.
Il resta de longues secondes, le regard dans le vide, se sentant comme un con. Il finit par se secouer la tête et essuya une larme qui avait coulé sur sa joue et renifla rapidement. Il devait retourner à ce qu'il devait faire... Avec tout ca, il n'avait rien mangé... Tant pis, il n'avait plus très faim d'ailleurs. Il devait se diriger vers le Campus de Dallas puis à la bibliothèque pour continuer ses recherches.
Il se remit à marcher de manière lasse en sortant les clefs de sa voiture de sa poche, l'esprit encore un peu ailleurs. Toujours tourné vers Klaus, il avait cette irrépressible envie de faire volte face et retourner dans ce stupide Diner pour aller le secouer et l'emmener de force... Non ca n'était pas la chose à faire, Klaus avait son propre parcours à faire... Il crut d'abord que son esprit lui jouait des tours quand il entendit son nom porté par une voix familière... Peut être était-ce ses propres désirs qui voulaient s'exprimer ? Seconde fois non... Mutt s'arrêta et se retourna. Klaus était littéralement en train de lui courir après.
Il se redressa, revigoré à cet instant. Il le regarda arriver près de lui. Mutt esquissa un léger sourire lorsqu'il parla d'aller boire un verre à deux.
" Heu... ouais... " Dit il d'abord décontenancé par ce revirement de situation. Son sourire s'élargit et il répéta avec entrain. " Ouais... Carrément ! Avec plaisir ! "
La joie revenait, accompagnée d'un nouvel espoir, même si rien n'était gagné, il lui racontera leurs aventures.
" J'ai pas non plus déjeuner... On peut se prendre un déjeuner ensemble, c'est moi qui invite. " Il savait bien que Klaus aimait se faire inviter et même c'était avec plaisir pour Mutt. " Par contre, hors de question que je bouffe dans ce Diner de cons, sinon je vais en éclater un avant la fin du repas... Ca te dérange pas qu'on aille dans le centre ville ? J'ai ma caisse qui est garée par là et on pourra... discuter ouais. "
Mutt se retenait car il avait envie de le prendre de nouveau dans ses bras, de lui tenir la main comme un adolescent timide. Il avait dépassé ce stade des préjugés depuis longtemps. Et Klaus n'était pas inconnu à ce changement, même si pour Mutt ca avait mis clairement du temps. Il se contenta alors de marcher près de lui, tripotant nerveusement les clefs de sa voiture dans les mains. Il montra du menton la Camaro et dit:
" Par là... "
Il ouvre la voiture, et grimpe avec Klaus.
" Bon tu t'en rappelles pas, mais tu sais j'étais mécano... Enfin j'aime toujours ça et cette Camaro, ca me rappelle pas mal de choses. Enfin je veux dire... " Il rit doucement face au double sens que ca pouvait donner. " J'avais pas de Camaro à l'époque où on s'est connu, mais disons que j'ai un pote qui en avait une et j'ai attendu avec impatience sa sortie pour me la payer... Ca a aussi du bon les voyages dans le temps. " Peut être parlait il de trop à cet instant, mais il était tellement heureux qu'il avait tendance à se lancer dans de folles discussions. " Après, le Texas, je kiffe pas trop. Je sais pas pourquoi t'es v'nu squatter ici... " Dit il reprenant des expressions qu'il avait fini par adopter de 2020. " Je viens de New-York, les gens là bas sont plus conciliant même si tu sais... Pas la bonne époque... Bien que 2020 a son lot de connards aussi... " Il s'arrêta. " Désolé, je parle trop... Ca change pas ça... J'use mon père, il parait avec mes longs discours. "
Moses.
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Klaus voit bien que Mutt ne s'attendait pas vraiment à le voir revenir... En même temps, lui non plus n'avait pas été certain de revenir. Si Dave avait encore été là, peut-être qu'il ne leur aurait pas donné l'occasion de se parler. Si Ben ne l'encourageait pas non plus à mieux connaître ce jeune homme étrange supposé faire partie de sa vie dans le futur, peut-être aussi qu'il n'aurait pas laissé parler sa curiosité. Ou peut-être bien que oui. Au fond, il n'en sait rien. Mais le fait est qu'il est là, face à un Mutt décontenancé, qui lui donne le sentiment d'avoir pleuré - ou pas loin - un peu plus tôt.
Il se laisse séduire par son enthousiasme quand il lui propose d'aller manger un morceau, même s'il a l'estomac noué par les derniers événements et qu'il n'est pas spécialement sûr d'être capable de manger grand-chose. En fait, il ne sait pas du tout dans quoi il s'embarque, à l'heure actuelle. Rien ne lui garantit que ce type ne soit pas un pur psychopathe, après tout, ou que toute cette situation ne soit pas un piège. Mais il décide de suivre son instinct, et son instinct (qui parfois a la voix de Ben) le pousse à essayer au moins de comprendre cette personne, comme lui-même aurait voulu que Dave soit à même de le comprendre et de l'écouter un peu plus tôt.
Mutt le conduit jusqu'à sa caisse tout en lui apprenant qu'il a été mécano. Klaus ne comprend pas exactement où il veut en venir quand il lui parle de sa Camaro et de ce qu'elle représente pour lui, il laisse couler. C'est déjà assez compliqué de garder le fil de la situation quand elle est si compliquée, surtout alors que les émotions s'en mêlent et qu'il accuse encore le contrecoup de sa conversation déprimante avec Dave... Alors il réagit quand il se sent capable de réagir. "Je t'ai pas expliqué comment j'ai atterri au Texas dans les sixties ?" demande-t-il avec plus d'amusement que de défiance. "J'avais l'impression que t'étais au courant de tout à mon sujet, pourtant", ajoute-t-il en le charriant à moitié. "C'est vrai que tu parles beaucoup mais j'aime bien, t'as le droit de continuer", ajoute-t-il avec un sourire au coin des lèvres.
Il sait franchement pas à quoi s'attendre mais il sait du moins une chose, et c'est que la voix de Mutt l'apaise, de même que son tempérament sans doute trop vif. Mais il a besoin de ça, là, tout de suite, avec ce qu'il vient de vivre, qu'on lui secoue les puces, qu'on lui fasse vivre il ne sait pas quelles folles aventures, qu'il parvienne à se sortir la tête de l'eau, qu'importe... Il a besoin de mouvement, peu importe lequel, pour lui faire oublier la merde ambiante, le fait qu'il a probablement perdu l'homme de sa vie pour toujours - comme si ce n'était pas déjà le cas. A moins qu'il l'ait sous les yeux sans même s'en rendre compte. "Bon, alors, cette île en 2020, là ? Qu'est-ce qu'on foutait là-bas ?"
Comme s'il y avait forcément une raison cohérente à se retrouver où que ce soit. C'est à peine déjà s'il sait ce qu'il fiche ici, alors...
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Mutt était tout simplement heureux et pour l'heure, rien ni personne pourrait lui retirer cette joie intense qu'il ressentait. C'était irréel pour lui mais pourtant ça arrivait. Il n'avait donc pas fantasmé tout ce qu'il s'était passé ? Klaus existait et visiblement, l'histoire semblait être la même que ce qu'il lui avait raconté alors... c'était vrai non ? Il sentit quand même une certaine distance de Klaus, mais il ne pouvait pas lui en vouloir après tout. Klaus ne connaissait pas Mutt, même si à l'inverse, Mutt connaissait par coeur Klaus. Ils avaient partagé tellement de moment ensemble...
" Enfin si... C'est ton frangin, c'est ça ? Five là... Un p'tit merdeux un peu désagréable, mais on fait avec. Par contre, on allait souvent à la salle de muscu avec Diego, il est cool lui. Enfin bon... je sais pas, t'aurai pu bouger, aller voir du pays, mais t'es resté à Dallas sérieux ? "
Il eut un léger sourire moqueur, ca n'était pas méchant juste que Mutt se demandait pourquoi il avait jeté son dévolu ici. Bon, il ne savait pas tout de Klaus non plus, il ne lui avait pas tout raconté... Si, il y avait cette histoire de secte là. Mutt ne l'avait pas cru en fait sur le coup...
" Si y'a eu ton histoire de secte chelou là... Mais franchement, j'y ai jamais cru, je pensais que tu voulais me faire marcher... Alors, c'est vrai ? " Au vu de l'expression du visage de Klaus, Mutt se mit à rire. " J'y crois pas... Je réclame des preuves mon vieux... "
Mutt remarqua l'air de Klaus. Il semblait triste et il connaissait ce regard. Dave. Ouais, c'était ça et Klaus ne ressentait clairement pas le même enthousiasme que lui. Mutt eut un long moment de silence, il cherchait dans sa tête un truc qui pourrait lui remonter le moral, il n'aimait pas le voir dans cet état-là.
" Vas-y, j'ai la caisse, on s'en fout, on va où tu veux ! Et j'en profite pour te raconter notre histoire en route ? Ca te va ? Tiens... Vegas ! " Dit-il avec un enthousiasme non dissimulé. Tant pis pour ses recherches... Il n'en avait que faire à cet instant. Et puis bon il abusait, il en avait pour plusieurs jours de route, mais Mutt était trop à fond dans son délire pour être un temps soit peu logique dans ses demandes et puis merde au final... On s'en foutait non ? " Vas y ! Las Vegas, je sais y'a plusieurs jours de voiture mais j'ai envie de faire ça avec toi ! On ira tirer du pognon, le casino, et s'éclater comme des fous ! On le mérite non ? Hein ? " Il regarda Klaus. " ... On le mérite... de s'amuser un peu... " Il posa une main sur sa cuisse dans un vieux réflexe. Il laissa sa main une seconde avant de la retirer, gêné. " Excuse... Je voulais pas... Ouais... Mon histoire... Alors tu vas trouver ça taré mais même moi je me suis demandé si j'ai pas rêvé tout ça mais comme t'es là... "
Va direct au bout des choses, Mutt. Direct. Efficace. Déjà que t'as l'air ultra bizarre, si tu veux pas qu'il descende de ta caisse avant d'avoir démarré...
" En fait y'a eu cette lune rouge. J'ai pas tout pigé. Mais bon, de toute manière, y'a trop de trucs qu'on peut pas piger... Comme toi, tu m'as jamais expliqué comment t'arrivais à parler aux morts... Je savais pas si je devais trouver ça flippant ou cool... Et parfois, je me demandais si t'avais pas une durite qui t'avais pété dans le ciboulot. " Le langage New-Yorker refaisait son retour. " Mais ca fait rien, tu sais. Je t'aime comme t'es. Ouais... Alors on a atterrit sur cette putain d'île, on pouvait pas y échapper. Et moi, j'étais à cette fête étudiante et... toi t'étais au bar et on a bien rigolé... Attends... Ouais... On était raide et... on a décidé d'aller continuer à picoler chez moi. Mais tu vas rire... En fait à l'époque, j'étais un peu en mode Dave, je pensais pas que... Enfin tu sais les années soixantes ca rigole pas sur l'homosexualité... Donc désolé, mais j'ai fait un peu le con ce soir là et j'ai pas été très sympa quand j'ai compris que tu pensais que je voulais m'envoyer en l'air avec toi. Maiiiis, je t'ai dit que tu pouvais dormir chez moi et au final, on s'est mit en colocation. "
Moses.
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Don't know what you're expecting of me Put under the pressure of walking in your shoes.
Plus il entend Mutt parler, plus cette situation le désarme. Il n’avait pas vraiment de doute quant au fait que ce type le connaissait bel et bien, mais il réalise à présent qu’il le connaît vraiment très, très bien. Il lui parle de Five, de Diego, il savait pour la secte – bon en même temps, ça, il aurait pu le connaître pour cette raison en d’autres circonstances –, et quand le jeune homme lui demande si c’est vraiment vrai, il hoche la tête, presqu’offusqué qu’il puisse ne pas le croire. « Suffira qu’on croise un de mes « fidèles », et tu l’auras, ta preuve… mais si on pouvait éviter, ça m’arrangerait », dit-il en voulant se montrer aussi décontracté que possible dans une situation à ce point étrange, mais c’est forcément plus facile à dire qu’à faire.
Il est un peu dépassé, et peut-être que s’il suit si facilement ce type dont il ne connaît pourtant rien ou presque, c’est justement pour cette raison. Il a besoin qu’on prenne les décisions à sa place, il a besoin de se laisser porter… Il a besoin de se sentir aimé… Et ce type, allez savoir comment ou pourquoi, a l’air de tellement tenir à lui… C’est agréable… Un peu douloureux, aussi, parce qu’il aurait voulu qu’un tel regard, ce soit Dave qui le lui adresse, mais… apaisant, quelque part… Même s’il en faudrait davantage pour que le nom de Dave s’efface de son esprit et qu’il puisse être pleinement à ce nouvel échange, tout incongru soit-il. Il se repasse le film de leur échange en parallèle, encore et encore, ce qu’il aurait pu dire ou faire différemment. Sans succès. Dave est une cause perdue d’avance. Il faudrait qu’il l’accepte, tout simplement. « Mec, je suis définitivement trop sobre pour partir à Vegas avec un type que je connais pas et qui en sait beaucoup trop sur moi. Fais-moi boire d’abord, ensuite on en reparlera », dit-il, ce qui reste une manière de tout de même approuver cette petite virée qui n’a pourtant rien de raisonnable.
Mais en même temps… Qu’est-ce qu’il en a vraiment à foutre d’être raisonnable, là, tout de suite, hein ? Et pourquoi est-ce qu’il prendrait seulement la peine de l’être, au juste ? Ce sera pas la première fois, certainement pas la dernière, qu’il fera un truc aussi dingue et irréfléchi, après tout. Klaus essaie d’être attentif, même si son esprit a plutôt envie de s’égarer ailleurs à certains moments, quand son interlocuteur lui parle de ce qui est supposé être leur futur commun. La lune rouge, l’île où ils ont atterri sans raison apparente, la fête étudiante, eux complètement raides (tiens donc), qui avaient poursuivi la soirée chez lui, lui qui ne s’assumait pas et qui l’a rembarré, eux qui ont fini par devenir colocs quand même. « Ça ressemble à une sitcom un peu naze, ton histoire », remarque Klaus avec un fin sourire, pas pour le brimer ou casser son discours, mais juste parce que c’est sa manière à lui d’intégrer tout ce qu’il entend, ce qu’il apprend, ce qui n’est définitivement pas rien. « T’as l’air adorable, bruyant mais adorable, je comprends pourquoi j’avais craqué pour toi », dit-il en le regardant. « Mais faut pas que tu t’attendes… enfin tu vois, même si tu me racontes ta vie en accéléré, ça change rien au fait que je te connais pas vraiment, tu vois. Alors si t’espères… » Il pousse un soupir. Il a vraiment pas envie de réfléchir, là, tout de suite. « T’es cool, bizarre, un peu flippant, mais cool. Je veux pas de donner de faux espoirs. »
▿ Métier : Il est en seconde année de Master en histoire et archéologie à l'université. / En stage universitaire au musée d'histoire naturelle en recherche et restauration.
▿ Quartier : Lockwood hill avec sa mère Marion, et Klaus Hargreeves
Mutt rit doucement quand il parla d'un de ses fidèles. Ouais bon, ca ne devait pas être facile tous les jours, il fallait être honnête. Mais bon, Klaus l'avait cherché quand même. Mutt leva un sourcil, et lâcha, trop honnêtement, comme d'habitude.
" C'est toi qui l'a cherché. Avec le recul, je pense que tu trouveras ça drôle. Enfin je crois... Tu as toujours évité la question, sauf quand t'étais torché. "
D'accord, Mutt continuait de le charrier pour le coup, c'était plus de la taquinerie qu'autre chose mais il oubliait que le Klaus qui était là, n'était pas SON Klaus. Oui si... mais pas tout de suite et il ne le connaissait pas encore. Il aurait attendu de Klausy qu'il l'embrasse suite à cette folle idée et qu'ils partent sans se retourner sur les routes et qu'importe la fin du monde, du moment qu'on a de l'alcool qui coule à flot et de la bonne baise. Bon, c'était un peu vulgaire tout ça mais qu'importe...
Klaus n'avait pas dit non, mais demandait à prendre quelques verres avant. Mutt garda son sourire, mais celà tamponna un peu son excitation de l'instant. Il se sentit un peu con. Et... on pouvait dire ce qu'on voulait, quand on aimait une personne du plus profond de son âme, on ressentait quand un truc n'allait pas. Et Mutt ressentait toute la peine de Klaus comme si c'était la sienne. Et ça lui faisait du mal. Il voulait lui faire oublier ce qu'il s'était passé avec Dave et avancer...
Klaus ne se rendait peut être pas compte de ce qu'il disait, mais était il peut être en train de reproduire ce que Dave lui avait fait, en moins violent. Notre Jones avait prit la route entre temps, et roulait à travers la ville en quête d'un bar qui pourrait les accueillir et qu'importe lequel... Il s'en foutait. Un noeud à l'estomac se créa et son sourire se figea un peu. Non, il ne devait pas pleurer... Assurément pas pleurer merde. Mutt se mit à se grignoter l'ongle de son pouce d'un seul coup d'un air nerveux, passant du mec ultra bavard au type qui n'en plaçait plus une d'un seul coup.
Il ne faisait pas la gueule à Klaus, il se contenait simplement. Ne pas chialer, ne pas hurler et vouloir le secouer... Car il sait que Klaus a raison bordel... Il a raison et en plus... il allait pas bien. Mutt voudrait tout faire pour qu'il aille mieux, qu'il passe à autre chose... Bon stop la tête, stop les pensées, stop ! Il appuya sur le frein d'un seul coup de sa voiture, s'arrêtant au milieu d'un boulevard. Il se fit klaxonner par un mec derrière lui qui a bien manqué de lui rentrer dans le cul.
" Fais chier... " Mutt se retourne d'un seul coup et se met à hurler. " Je t'emmerde connard, l'avenue t'appartient pas, j'ai le droit de m'arrêter si je veux... "
Le type continua de hurler et le dépassa en le klaxonnant. Majeur levé qu'il passa par la fenêtre, Mutt montrait toute l'étendu de sa grande classe à Klaus et surtout de son self control légendaire. Il tourna la tête vers Klaus, cachant sa tristesse derrière sa colère soudaine.
" Arrête s'il te plait... Putain... Je sais, tu crois que je sais pas tout ça... Klaus, ce mec là bas, il t'aurai collé un pain si je n'étais pas intervenu. " Il se secoua ensuite la tête négativement. " Je t'aurai jamais frappé, même si on me l'avait demandé. Jamais... J'ai un peu merdé face à mon père mais... Je me suis rattrapé et... Putain Klaus... "
Il se rendait compte qu'il était ridicule, et qu'il quémandait un amour qu'il n'aurait pas et peut être surement plus jamais.
" D'habitude, c'est toi qui me cours après le cul, pas l'inverse. " Il souffla longuement pour se reprendre. "Je suis désolé... Vraiment... Je serai patient, comme tu l'as été... Et si t'as besoin de quoi que ce soit... Même de parler de Dave parce que ça te fait du bien... Okay... Je te dirai bien que j'essayerai bien de... " Putain, il allait dire ça lui ? Il se pinça les lèvres et leva les yeux au ciel. " ...de t'aider pour Dave... " Il fit un signe négatif de la tête. " Ca marchera pas et... je sais même pas si j'en serai capable, mais Klaus, tu dois avancer... J'essaye de pas être flippant là mais y'a tout ce que je ressens qui remonte en moi et je ne veux rien espérer Klaus mais... je t'aime. Tu ne peux pas me le retirer... " Il s'était mis à pleurer sans le vouloir, il s'essuya rapidement les joues d'un revers de main. " Fais chier... Bon, j'ai besoin de me foutre une biture maintenant... Et si tu veux descendre parce que je viens d'exploser tes scores de bizarrerie vas y, ca évitera de continuer ce putain de massacre. Ou alors on va se prendre la plus grosse des murges et... je sais pas... Je sais pas en fait... "
Moses.
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Klaus ne réalise pas vraiment la portée de son discours. Il veut juste réfréner l’enthousiasme de ce jeune homme qu’il connaît malheureusement trop mal, et éviter ainsi de lui faire inutilement de la peine. Ce faisant, pourtant, il lui en fait davantage. Il ne le comprend qu’en voyant Mutt se renfermer, puis littéralement s’arrêter au milieu de la route, ce qui lui vaut la réaction enragée d’un type en bagnole, que Mutt insulte copieusement au passage. Et dans le fond, c’est pas difficile de savoir ce qui passe par la tête de Mutt en ce moment, pas parce qu’il le connaît mais parce que Klaus peut aisément à sa place. Il y est, à sa place, en quelque sorte. Si Dave lui avait adressé des paroles équivalentes, sans doute que lui aussi en aurait eu le cœur serré, si ce n’est brisé. Klaus a beau estimer qu’il souhaitait surtout, en le revoyant, lui éviter la mort tragique qui doit l’attendre au Vietnam, il aurait sans doute voulu aussi que leurs sentiments mutuels se réveillent immédiatement, comme si le temps n’avait pas été nécessaire à faire naître la complicité qu’il y avait entre eux. Qu’il y aurait entre eux. Bordel, quel casse-tête…
Dans chaque mot qu’il prononce, Klaus décèle une telle sincérité qu’il est bien incapable d’y être indifférent. Il sent qu’il le fait souffrir, ce type. Pire encore, il sent qu’il l’aime, qu’il l’aime vraiment… Klaus l’observe longuement. Il donnerait tout, là, tout de suite, pour pouvoir s’emparer de ses souvenirs et pouvoir se les approprier… Il hésite un peu, quand Mutt lui suggère encore de descendre. Peut-être qu’il n’a pas tort, ce serait mieux qu’ils arrêtent le « massacre » tout de suite. Parce qu’il n’est pas sûr que ça leur fasse du bien à l’un comme à l’autre. Déjà parce que Klaus se montre inconséquent (comme d’habitude) en suivant ce type, ensuite parce que plus longtemps il restera avec Mutt, plus ce sera difficile pour lui mais… Entre le type qu’il aime et qui préfère lui envoyer des pains dans la gueule plutôt que de l’écouter et le type qui l’aime et recherche désespérément à regagner ce qu’ils ont partagé… le choix devrait être vite fait, au final, non ? Klaus prend une grande inspiration, regarde la route face à eux puis répond finalement.
« Vaut mieux pas que t’abuses sur la bouteille si tu veux nous ramener à Vegas en un morceau », dit-il finalement avant de se tourner vers lui pour lui adresser un fin sourire. « Et puis… ça fait trois ans que j’ai pas touché à l’alcool, ce serait un peu con de foutre ça en l’air maintenant. »
Sans voir Ben, qui s’est calé dans le siège arrière, Klaus est convaincu de pouvoir sentir son sourire satisfait dans son dos. En vérité, bordel, il aurait vraiment besoin de se mettre la tête à l’envers, là, tout de suite. Mais il sait aussi que ça résoudrait rien non plus. Là, il sait pas du tout à quoi s’attendre, il sait juste qu’il a pas envie de laisser Mutt tout de suite, ou comme ça… Et au pire, Vegas, c’est pas mal comme destination.
« Et en chemin on pourrait… reprendre de zéro ? T’as pris de l’avance sur moi, c’est un peu de la triche mais tu pourrais me parler de toi ? »
Pas de leur rencontre ou de l’île bizarre. Juste de lui.
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Mutt se foutait dans tous ses états. Il était comme ça et même si à une époque il se planquait sous des airs de rebelle, aujourd'hui et face à Klaus, il se sentait mis à nu, comme toujours. Débordant toujours d'émotions, il avait souvent du mal à se contenir. Alors oui, il en avait fait des caisses... Il eut vraiment peur que Klaus se casse définitivement cette fois-ci. Vraiment. Oui, il ne le connaissait pas, il avait bien raison de lui dire. Mais c'était dur de se dire que tout ce qu'ils avaient vécu n'avait pas existé. Tellement de belles choses, d'amour et de complicité partis en fumée. Et le voilà se retrouvant face à un Klaus froid et distant.
Mutt s'essuya le visage ruisselant. Klaus reprit la parole. Mutt renifla, il essaya de se reprendre. Il lâcha un rire entre deux larmes. Il releva le nez et regarda Klaus avec cet état qu'il pourrait se dire de pitoyable pour le coup. Quelle image il donnait de lui. Il avait donc besoin de se justifier:
" Excuse moi, j'ai toujours tendance à m'emporter sur tout. C'est un défaut, j'en fait toujours des caisses... " Il souffla longuement pour se canaliser. Il se racla la gorge et lui répondit. " Ouais, t'as raison, ça serait con... Trois ans... C'est bien... "
Mutt ne voulait pas forcer Klaus non plus, mais... il ne voulait pas le laisser dans un triste état. Peut être que vu de l'extérieur, il en faisait des caisses, mais quand on connaissait leur histoire, c'était assez normal. Mutt passa de nouveau la première pour se remettre en route. Il eut un sourire, bien qu'il gardait encore les yeux rougis par sa crise de larmes subite.
" Ouais... J'avoue que j'ai de l'avance... " Il rit nerveusement. Il se tourna vers lui. " Bon okay... Mon vrai prénom, c'est pas Mutt, mais Henry déjà. En fait, mon vrai nom c'est Henry Jones III le truc bien lourdingue. J'ai préféré m'en choisir un. J'étais mécano mais tu le sais déjà. J'ai été élevé par ma mère, mon père... Enfin celui que je pensais être mon père est mort pendant la seconde guerre mondiale, il était pilote de l'air force. Et plus tard, j'ai découvert qu'il était le gars qui s'est remis avec ma mère... J'ai revu mon vrai père à mes dix neuf ans. Et... ca n'a pas été évident au début, mais... je regrette pas. Je peux plus voir ma vie sans lui aujourd'hui. Il est prof d'archéologie à l'Université de New-York et il bosse aussi pas mal sur le terrain. Il m'a cassé les couilles pour que je reprenne mes études, mais je voulais pas. J'ai jamais aimé l'école, j'en ai pas mal bavé t'sais... J'ai fini par y retourner à contre-coeur et au final... En avançant dans mes études, j'ai compris qu'il fallait que je trace ma route. J'suis pas le genre de mec qui aime apprendre par coeur et qu'on m'impose des lectures, des études, ce genre de choses. Mais le fait de devoir faire mes propres recherches et d'écrire mon propre mémoire... J'étais venu ici pour finaliser ma thèse et valider mon Doctorat... Je pourrai prétendre à faire des trucs plus cool, et je pourrai voyager, comme mon père quoi. Je voulais m'engager dans l'armée pour me faire la main, mais je me suis rappelé ce que t'as dit sur le Vietnam et... j'ai pas mal hésité. Mon père... Enfin je parle de mon vrai père hein ? Il a fait la première guerre mondiale et... il a pas mal bossé pour le gouvernement américain. "
Il fit une légère pause, laissant aussi le temps à Klaus de pouvoir poser des questions avant de reprendre rapidement:
" T'sais, j'ai vu pas mal de trucs bizarres dans ma vie. Au delà, de cette lune rouge et cette île à la con... Et même mon père qui voyage beaucoup m'a raconté de trucs de dingues... Alors ça ne m'a jamais semblé si bizarre tes histoires de revenants... " Il rit doucement. " En fait, je crois qu'on a abusé à un moment, car on a fait une soirée avec une autre de nos potes, Brooklyn une fois, elle avait ramené à Ouija. T'étais grave convaincu que t'avais plus tes pouvoirs, et on a tenté un truc, j'ai appelé mon grand père et visiblement il t'a plus jamais quitté... Papa en devenait dingue aussi car grand père passait par toi pour lui faire des remarques ou le faire chier... Enfin moi, j'me marrais bien en tout cas... "
Moses.
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Au moins, il n’aura pas fallu longtemps à Klaus pour se faire une idée du tempérament de Mutt. C’est pas forcément le meilleur jour sous lequel il aurait pu se montrer, peut-être, mais quelque part, ça a quand même le don de le rendre plutôt attachant. Et puis, ce n’est certainement pas Klaus Hargreeves qui pourrait reprocher à qui que ce soit d’en faire trop. Pour ce qui est d’être excessif, Klaus est capable de battre des records, lui aussi. S’il arrive déjà à faire en sorte que Mutt cesse de pleurer et retrouve son calme, il sera heureux. Oui, il ne le connaît pas, et certainement pas assez pour prétendre lui rendre les sentiments que Mutt éprouve pour lui, mais il reste humain, il ne veut certainement pas le voir pleurer, et encore moins par sa faute.
Il n’a pas la moindre idée de ce à quoi va ressembler cette virée en voiture, exactement. Il a le sentiment que cette situation part déjà dans tous les sens alors qu’ils viennent à peine de se rencontrer (du moins dans l’esprit de Klaus), mais peut-être qu’il a besoin de ça, bien plus que de se mettre une race à l’alcool fort après trois ans de sobriété, et peut-être que ce n’est pas sans raison si Mutt s’est retrouvé pile à cet endroit-là, à ce moment-là, plutôt qu’ailleurs (quoique ça devrait peut-être l’interroger et l’inquiéter, qui sait si Mutt ne le stalkait tout simplement pas ? – non, il rejette immédiatement cette hypothèse).
Finalement, donc, Mutt lui raconte son histoire, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est du genre bavard. Donc, son vrai nom, c’est Henry Jones III… pas étonnant qu’il ait voulu changer de prénom, ouais. Mécano élevé par sa mère, père aux abonnés absents qu’il pensait mort avant de découvrir que non, beaucoup plus tard, à ses dix-neuf ans. C’est sûr que ça devait être un choc, mais il a l’air d’y tenir, à son paternel. Mutt rebelle qui n’avait aucune envie de reprendre des études, et qui finalement y a pris goût, pas tant par érudition que pour les opportunités que lui offrent de telles études. Il a voulu s’engager dans l’armée. A ce propos, Klaus se tend immédiatement, mais Mutt lui apprend que c’est ses propres dires, sur le Vietnam, qui l’ont dissuadé. Comme quoi, il y en aura au moins un qui l’aura écouté. Klaus aurait peut-être des commentaires à faire, mais au final, il préfère laisser Mutt dérouler le reste de son récit. Il se livre à lui sans détour, et c’est agréable de constater cette confiance naturelle qu’il a en lui.
« Faudra que tu m’en dises plus sur ce que t’étudies. En tout cas, si je t’ai dissuadé de t’engager, j’aurais au moins gagné quelque chose. »
La suite de son discours a déjà davantage le don de l’intriguer davantage, surtout quand il lui parle des histoires de dingues qu’a vécu son père, même s’il n’entre pas dans les détails. Puis il lui parle de son grand-père, qui lui aurait collé aux basques et jouait les intermédiaires entre lui et le père de Mutt.
« Donc j’avais ton grand-père aux basques constamment ? C’est Ben qui devait être content », dit-il en jetant un regard en arrière en direction du fantôme en question sans se douter, évidemment, que Ben avait disparu du paysage à ce moment-là, de même, il s’autorise à parler de son frère sans détour, si ces histoires de fantômes avaient fini par faire partie de leur quotidien, sûrement que de toute manière, Ben aussi, à son échelle. « J’ai connu ton vrai père, si je comprends bien ? ça a l’air d’être un sacré numéro. Et il le vivait bien ? … Le fait qu’on soit ensemble, je veux dire. »
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Mutt était bavard d'un seul mais pour lui expliquer qui il était, il fallait bien qu'il dise les choses. Et notre garçon avait l'art et la manière d'étendre sa communication. Klaus l'écouta attentivement, il le voyait. C'était étrange de devoir réexpliquer sa vie à celui qui normalement devait déjà la connaître par cœur. Etrange mais... pas désagréable en soit. Klaus lui demanda quel type d'étude il faisait. Mutt fit un léger sourire en coin et lui répondit:
" Archéologie antique et celte... Bien que je fais un peu de tout. Là, je dois finir ma thèse et j'étais venu à Dallas, pour un sujet d'étude, j'aimerai faire des rapprochements entre diverses civilisations dites antique à travers le monde, et essayer de voir s'il n'y a pas une base commune à toutes ces civilisations. Enfin bon... Du blabla universitaire et scientifique... Et ouais, tu peux l'penser, je suis les traces de mon père... Enfin, ca me permet de pouvoir être envoyé sur des missions et être payé. Je pense pas que je serai prof, c'est pas mon truc. Juste le terrain, p'tet écrire des ouvrages, ce genre de connerie. " Il eut une exclamation en lâchant un léger rire. " Ouais... Je sais, les gens ne me prennent pas au sérieux souvent, mais j'ai pas mal lu, je sais me démerder et... j'aime l'aventure. Pas réfléchir à ce que demain sera fait. Comme là, on prend la voiture et on file ailleurs. C'est ce que j'aime dans la vie: l'inattendu. Comme lorsque je t'ai rencontré. "
Peut être se confiait il un peu. Mais c'était vrai, Mutt ne s'était jamais attendu à ce que Klaus et lui finissent ensemble pendant un long moment et qu'ils parage une histoire d'amour assez improbable mais incroyablement forte. Klaus parla alors de Ben. Mutt fit de petits yeux et lâcha:
" Ben ? Non, il était plus là... " Oui, au début. Il ne savait pas trop s'il devait l'avouer à Klaus ou pas. " ... Enfin... Je te dis cette île était chelou. Et s'il te plait... Ne dramatise pas. Ben... Je l'ai connu tu sais. " Devait il dire ça ? " Je sais pas si je peux te le dire en fait, mais bon... A l'évidence, je sais même pas si on devait se rencontrer déjà là. Et si ca se trouve tu me l'as caché depuis toujours... " Bon il s'embrouillait. Il s'arrêta là en se secouant la tête.
Puis Klaus parla du père de Mutt. Le garçon prit un temps en haussant les sourcils. A vrai dire, Indiana n'avait jamais mal pris leur relation. Juste... Au début, c'était compliqué. Mais Mutt y était beaucoup pour quelque chose aussi.
" C'est surtout moi qui ai foutu ma merde. Ca faisait longtemps que je la foutais en même temps... Mais jamais, il m'aurait poussé à faire ce que l'oncle de Dave a fait. " Il prit une longue pause. " T'sais j'ai l'air stable mais à une époque, j'en faisais baver à mes parents. Tu découvres qu'on t'a menti toute ta vie... Enfin bref... J'en ai voulu à Indiana. Je lui ai fait la misère, jouant l'adolescent rebelle pour l'emmerder. Il voulait que je fasse un truc alors je faisais l'inverse. Quand il a découvert pour nous... Parce que je voulais pas lui dire. J'avais trop peur de... le décevoir... Enfin tu sais... J'ai fait du chemin depuis sur l'acceptation et tout le reste. Il a crut que je faisais ça pour le faire chier... Encore... Et même moi, je me suis étonné à le penser aussi. Je me suis foutu dans tous mes états, à ce moment là, j'ai... rompu avec toi. Et j'ai eu peur que mon père ne m'adresse plus jamais la parole et au final... " Se rappelant de tout ça, Mutt eut sa larme à l'oeil, car les souvenirs étaient encore bien encré en lui. " Ca s'est arrangé. On a mis les choses au clair. Il a compris que... c'était pas ce qu'il pensait. Il m'a soutenu mais il a eu beaucoup peur pour moi. C'était surement ça le plus lourd, c'était... qu'il voulait un peu trop me protéger là dessus mais... Ca prouvait simplement qu'il m'aime au final. Ici... Je sais pas s'il se rappelle de tout ça. Enfin, on en a pas parlé. Je me suis dit que j'aurai surement l'air con, et du coup, il ne sait pas pour ma bisexualité. Je ne lui ai ramené que des nanas à la maison, mais ça a jamais tenu bien longtemps. Mais je sens qu'il sait... Enfin, tu sais, dans des échanges de regards... Peut être qu'au final, on pense la même chose. Et moi j'ai pensé que j'avais fait un putain de rêve... Mais non, t'es là. Alors ça n'était pas qu'un rêve au final. Bon mis à part tout ça, l'entente n'était pas optimum entre vous deux. Trop... différents. Et il avait du mal avec le beau papa que tu aimais tant lui balancer. Je vois encore sa tête... Avec le recul, je trouvais parfois certaines situations très puériles. "
Moses.
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Klaus est normalement le mieux placé pour savoir qu’il ne faut jamais se fier à sa première impression, mais il doit quand même reconnaître qu’à première vue, il n’imaginait pas Mutt en étudiant en archéologie antique et celte planchant sur sa thèse. Quelque part, il admire, parce que lui et les études, hein… Pas qu’on lui ait tant que ça donné l’opportunité de découvrir si ça lui aurait plu ou pas, ceci dit. Reginald Hargreeves était bien trop occupé à faire de ses « enfants » une équipe de superhéros forcenés pour les conduire sur les bancs d’une école traditionnelle.
Enfin… sans ça, on ne va pas se mentir, il aurait quand même été très improbable que Klaus foute un seul pied à l’université (quoique… il aurait peut-être été une personne très différente si on lui avait, je sais pas, laissé avoir une enfance, par exemple). Bref, revenons à Mutt, qui donc veut étudier les rapprochements entre différentes civilisations anciennes, explorer, écrire… Klaus ne va pas mentir, il ne l’aurait pas forcément pris au sérieux non plus, mais il ne remettra certainement pas en question son goût de l’aventure, ni la légère lueur qu’il voit luire dans son regard quand il parle de sa passion pour le voyage, l’inattendu… Plus il parle, plus Klaus le trouve intéressant… attendrissant… ? Peut-être. Peut-être aussi qu’il est biaisé par ce qu’il est supposé finir par ressentir pour lui un jour.
« On peut dire que t’es un gars plein de surprise, toi », remarque Klaus avec un léger sourire au coin des lèvres.
Puis Mutt lui parle de Ben, et Klaus ne comprend pas. Comment ça, Ben n’était plus là ? Impossible. Ben est toujours là, Ben a toujours été là, même ici, il a continué de l’accompagner. Impossible que Ben ne soit pas avec lui. Quoique… Mutt lui avait dit plus tôt qu’il avait été convaincu qu’il avait perdu ses pouvoirs, est-ce que c’était pour ça ? Mais dans ce cas, pourquoi Ben n’était pas revenu quand le grand-père de Mutt avait fait son apparition ? Klaus tourne son regard vers Ben quand Mutt lui demande de ne pas dramatiser.
« Je comprends rien, là. Il était là ou il était pas là ? Comment est-ce que t’as pu le connaître ? »
Depuis le début de leur conversation, il s’efforce de garder l’esprit ouvert. En soi, ce n’est pas si difficile pour lui au vu de toutes situations tordues qu’il a vécues, mais même comme ça, il a quand même du mal à assimiler certaines choses, certaines informations. Il essaie de garder le fil quand même. Heureusement, sur ce point, il peut compter sur le fait que Mutt n’est pas du tout avare en détails, surtout quand venait le moment de parler de son père. Il a pas besoin d’en dire autant, en vérité, pour comprendre que même s’ils ont eu des débuts difficiles, Mutt a une immense estime pour son paternel. Et donc, quand son père – Indiana, c’est un nom, ça ? – a découvert leur histoire, il l’a soupçonné de se servir de leur histoire comme d’une nième crise d’ado attardé… C’est bizarre d’entendre un type qu’on a jamais fréquenté vous parler de votre rupture… Et Klaus sent que Mutt est encore ému par ces événements qui n’ont pas eu lieu.
Enfin, apparemment, ils se sont remis ensemble… et vraiment, c’est bizarre de s’entendre raconter le récit d’une relation qu’il n’a pas vécue, mais il ressent de façon de plus en plus certaine à quel point cette relation a été importante pour lui, de même que ce qu’elle a eu d’impact sur la manière dont Mutt a pu se percevoir. Peut-on avoir une telle influence sur une personne qu’on ne connaît même pas ? Sans doute que oui, en vérité. Dave a cette influence-là sur lui après tout.
« Il paraît que les parents savent toujours tout même avant qu’on soit nous-mêmes au courant, alors ce serait pas étonnant que ton vieux sache. – Enfin, je parle des parents qui en ont quelque chose à foutre, évidemment. » Klaus ne peut s’empêcher de sourire un peu en s’imaginant parfaitement bien, donner du beau papa à tout va au fameux Indiana, certainement en guise de légère provocation, mais peut-être un peu en guise d’affection, également. « Si ça se trouve, il se souvient de moi et il préfère faire semblant de m’avoir oublié, t’sais », s’amuse à suggérer Klaus. Il laisse passer un temps de silence. « Je peux le sentir, tu sais… à quel point tu… à quel point on s’est aimés, et c’est vraiment super bizarre pour moi. Je pensais pas, je croyais pas que je pourrais… Enfin, avec Dave, tout ça, tu comprends… » S’il finissait ses phrases, Mutt aurait sans doute plus de chances de comprendre, mais passons. « Combien de temps on est restés ensemble ? Comment ça s’est arrêté ? Je veux dire, tu t’es réveillé comme ça un matin et pouf, retour dans le passé ? »
▿ Métier : Il est en seconde année de Master en histoire et archéologie à l'université. / En stage universitaire au musée d'histoire naturelle en recherche et restauration.
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Mutt sourit sous le compliment de Klaus, car oui, il prenait ses mots comme un compliment. Notre jeune Jones commençait à se calmer et voir qu'au final, tout n'était pas perdu entre eux. En tout cas, il sentait que Klaus se faisait moins suspicieux et il le voyait plus à l'aise. Il expliqua rapidement pour Ben... Oups. Mutt fit la grimace car il allait devoir partir dans des explications qu'il ne comprenait pas lui-même.
"Alors... Heu... S'il te plait ne me demande pas comment ? Quoi ? Qu'est-ce parce que je pourrai pas rentrer dans des explications... Je t'ai dit, cette île était bizarre. Il s'est passé trop de trucs étranges... Enfin, toi, tu dois habitué à ça nan ? Ouais... Du coup, Ben, je l'ai connu, CONNU. Il était en vie... Enfin revenu à la vie mais pas en mort vivant. En mec normal. Cool. Et normal quoi. "
Gros blanc, Mutt se racla la gorge. Il ne savait pas trop comment Klaus allait prendre cette information. C'était un peu bizarre à digérer. Mutt jeta un regard sur le siège arrière de la voiture, vu que Klaus y jetait souvent un oeil aussi.
" Il est là ou... " Mutt se secoue la tête.
De toute manière, il était habitué que Klaus lui raconte qu'un mort squattait pas loin d'eux ou justement... que Papy Jones, comme il avait fini par être surnommé par son cher acolyte, vienne à ramener sa fraise. Mutt rit doucement quand Klaus lui souffla que visiblement les parents semblaient souvent les premiers informés sur la sexualité de leurs enfants avant eux.
" Ouais, bah pas mon père. Enfin vu la tête qu'il a tiré et la scène qu'il m'a fait... Ma mère peut-être... Mais pas l'ancêtre. Je pense qu'il a manqué de se faire une syncope par ma faute mais en même temps, il l'a découvert d'une manière pas terrible non plus. " Mutt fit une grimace et se mordit le poing pour ne pas éclater de rire face au flash de son passé qu'il eut. Ouais, sur le coup, il rigolait pas du tout mais avec le recul, c'était terrible en fait. Il finit par rire. " Bon, je vais pas aller dans les détails mais il nous a surpris en pleine action ou du moins dans une situation assez intime... D'ailleurs, c'était un peu notre truc ça. Faire ça n'importe où, n'importe comment. Ca a failli plusieurs fois nous créer des ennuies. " Mutt continua de rire. " J'espère que je te gêne pas avec ça mais te connaissant... " Mutt le regarda taquin en faisant un mouvement de sourcil qui voulait tout dire. D'accord, il draguait un peu Klaus à cet instant mais c'est pas comme s'il n'y avait jamais rien eu entre eux... Enfin... pas encore mais passons... Mutt rit de plus belle quand il parla du fait qu'Indy puisse se souvenir de lui. " Ho merde Klaus... Et il aurait gardé ça pendant tout ce temps ? En même temps... Ca ne m'étonnerait pas. Mais pas une seule fois, il est venu me poser la question là dessus... Tiens, j'ai une idée très drôle là. On va bien s'marrer. On va tenter un truc et au pire... " Il roula des yeux en rigolant. " Au pire, mon père croira que j'ai pris un truc louche ou se demandera si je le charrie pas... On va s'arrêter au prochain Diner... Car mine de rien, je commence quand même à avoir sérieusement la dalle... Et je passerai un coup de fil à la maison et je lui dirai que je suis avec toi. "
Il se visualisait comme deux gosses autour du combiner à balancer cette info au téléphone en attendant la réponse d'Indiana en direct et Mutt sentait très fortement que son père avait tout gardé pendant des années en se disant qu'il n'avait que rêvé ce monde étrange. Mutt écouta la suite de ce que Klaus avait à dire. Il se tenta à lui prendre la main et la serrer dans la sienne dans un geste rassurant.
" Je sais Klaus... Je sais... En tout cas moi je t'aime, c'est un bel espoir non ? " Il se tourne vers lui pour capter son regard un instant avant de reprendre. " Tu sais, quand je suis revenu, ca a été assez violent, je me suis forcé à continuer ma vie. J'ai eu des aventures, j'ai essayé de me remettre avec quelqu'un, je ne te le cache pas parce que... Je pensais pas que c'était... réel... Mais on a eu beaucoup de haut et de bas, je t'avoue qu'on était du genre à s'engueuler régulièrement, rompre puis s'envoyer en l'air pour se réconcilier car... on arrivait pas à faire autrement. Vivre l'un sans l'autre, c'était devenu inconcevable. On est resté ensemble le temps que ça a duré... "
C'était clairement en confidence qu'il lui avouait ça. Mutt vit un panneau d'une aire d'autoroute avec un Diner. Il le montra à Klaus. " On va s'arrêter là, je t'avoue que j'ai vraiment la dalle là et on en profitera pour passer le fameux coup de fil... "
Moses.
HJ: bon on fait avec les hypothèses de la suite mais c'est un UA alors enjoy !
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Un silence suit les révélations de Mutt quand ce dernier lui apprend que Ben n’était pas seulement présent dans ce nouveau monde où ils sont supposés s’être rencontrés (où ils sont supposés devoir se rencontrer, c’est difficile à dire, là), il l’était physiquement, genre revenu à la vie. Là, ça fait quand même beaucoup à encaisser pour Klaus, et sans doute encore plus pour Ben, qui reste bizarrement muet durant ces révélations, sans doute parce qu’il lui faut encaisser l’informations… Klaus aussi, d’ailleurs. Il n’arrête pas de tourner son regard vers la plage arrière. Il y comprend rien. A la fois, il est convaincu que Mutt n’est pas en train de lui monter un baratin, et en même temps, il est dans l’incapacité de vraiment comprendre comment tout ceci pourrait seulement être possible, envisageable. « Ouais », confirme Klaus quand Mutt lui demande si Ben se trouve dans la voiture… Logique en même temps, on ne peut pas dire que Klaus ait spécialement fait preuve de toute la discrétion du monde. « Et tu lui as coupé la chique pour un bon moment, le crois. » Il reporte son attention sur Mutt. « T’inquiète, il prend pas de place… tu remarqueras même pas qu’il est là. »
Ou pas, parce que maintenant qu’il le lui a signalé, possible qu’il se sente observé, et c’est sûr que ça rend leur conversation tout à coup beaucoup moins intime.
Pour Klaus, c’est pas pareil, Ben est dans son sillage depuis tellement longtemps qu’il ne s’embarrasse pas spécialement de savoir où est son frère et s’il est en train de le regarder et de l’écouter quand il dit ou fait une connerie ou au contraire quelque chose de plus personnel. Et le pauvre Ben en a clairement déjà beaucoup trop vu pour une vie tout entière, mais ça… Bon, ceci dit, Mutt a pas l’air non plus spécialement contrarié ou emmerdé, car il reprend le fil de leur discussion, en revenant sur le cas de son paternel.
Klaus ne peut s’empêcher de se marrer de concert avec Mutt à l’évocation de ce souvenir commun qu’il n’a pourtant pas connu de son côté. Son père les a surpris en pleine action… Eh bien, ça devait être joyeux les repas de famille… Et quand Mutt ajoute que leur truc c’était de faire ça n’importe où, n’importe comment, quitte à s’attirer des ennuis, cela lui inspire au final plus de curiosité que de véritable embarras… C’est bizarre de se dire que ce gars l’avait connu si intimement… sans doute plus intimement qu’aucune autre de ses conquêtes. Logique, pour la plupart, ça durait jamais le temps que d’une nuit, et avec Dave… bon, disons que non, ils ne pouvaient pas vraiment se permettre de faire ça n’importe quand, n’importe comment. Il avait atteint un seuil de confiance et d’intimité tel avec ce type qu’ils avaient sans doute tout partagé. C’est toujours aussi bizarre. Et c’est quand même réconfortant, aussi, quelque part.
Une idée traverse la tête de Mutt, s’arrêter dans un diner, passer un coup de fil, apprendre à son père qu’il est avec lui. Sans doute que si Klaus connaissait mieux le père en question, il trouverait l’idée tordante. Ceci dit, il aime assez l’idée que la première impulsion de Mutt soit de parler de lui à son père quand la première impulsion de Dave était à l’évidence de cacher son attirance pour lui à son oncle. C’était le genre de contraste dont il avait clairement eu besoin en fin de compte. Alors il dit rien, mais il opine juste du chef.
Et quand Mutt saisit sa main dans la sienne et lui répète une fois encore qu’il l’aime, il baisse les yeux sur leurs mains jointes et décide de laisser faire. Il a pas la moindre idée de ce qu’il fout, là, tout de suite, il sait juste que ce geste tout con est un gage d’immense affection. Et bordel, il en a besoin. Il surprend même ses doigts à resserer leur prise un peu plus fort quand Mutt lui apprend combien ça a été difficile de reprendre sa vie, qu’il a essayé de tourner la page, qu’il y est pas arrivé. Puis au sujet de leur relation… il ne lui vend rien de reposant, plutôt une histoire tumultueuse faite de ruptures et de réconciliations sur l’oreiller… Mais en même temps, il lui vend une vraie histoire… Rien d’artificiel, rien de si impossible que ça, tout compte fait.
« Je parie que c’était toujours toi qui foutait la merde dans notre histoire, impossible que ce soit l’inverse, je suis toujours irréprochable », se permet-il de plaisanter, même si avancer des suppositions sur un avenir sentimental qu’il n’a pas vécu reste franchement bizarre pour lui. « J’ai de plus en plus envie de me souvenir de toi », ajoute-t-il doucement en le détaillant une nouvelle fois du regard. Avant de refocaliser son attention sur la route et de reprendre, comme si de rien n’était. « J’ai la dalle, moi aussi », confirme-t-il tandis qu’ils voient se rapprocher le diner sur la route. Une fois sortis de la voiture, Klaus reprend. « Sinon, je peux lui parler directement, moi, à ton père, là s’il me reconnaît il aura pas le temps de baratiner et de faire comme s’il avait jamais entendu parler de moi. Puis ça me permettra de me faire une petite idée de l’énergumène. » La voiture garée devant le diner, Klaus s’étire longuement une fois sortir du véhicule. « Mais d’abord on mange ! J’ai une de ces envies de cheeseburger, là ! »
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Mutt était habitué maintenant aux pouvoirs de Klaus et même si pour Mutt c'était abstrait mais il avait fini par croire Klaus. Mutt sourit à Klaus lorsqu'il dit que Ben ne prenait pas de place et qu'il venait de lui couper le sifflet.
" Soit pas timide Ben. Et t'inquiète ça ira. Je prendrai le relais t'en fais pas. Je surveillerai s'il fait pas trop de conneries. " Dit il un sourire amusé en regardant dans son rétro sans vraiment savoir si Ben allait l'entendre. Il rit en regardant Klaus. " Ça va, j'ai envie de te charrier un peu. Ça fait 6 ans, faut bien que je me rattrape et je suis sûr que Ben doit bien rire en plus. "
C'était ces moments de complicité qui avait manqué à Mutt. Bon niveau connerie, Mutt avait un sacré palmarès aussi. Et ils étaient du genre à avoir un écriteau au dessus de leur tête qui leur attirait toute sorte d'ennuis. Klaus renchérit en lançant à Mutt qu'il était irréprochable. Il prit un faux air offusqué en claquant la langue.
" Prends pas tes désirs pour des réalités. On va dire qu'on est quitte dans cette histoire. " Ça lui faisait du bien d'avoir sa main dans la sienne, entendre ses paroles. Ils se retrouvaient et il avait l'impression qu'ils pouvaient aller contre le monde entier. Rien ne leur arriverait. " Des souvenirs, on peut s'en créer d'autres tu sais. " Dit il pleins d'espoir. Il l'avait trouvé, il ne voudrait plus le lâcher.
Mutt se mit à rire quand il annonça qu'il parlerai bien à son père. " Je voudrai éviter qu'il fasse une syncope direct le pauvre. Il est plus très jeune, même si Monsieur pense pouvoir encore cavaler en pleine cambrousse sans se soucier de son arthrose. Bien qu'il a eu un nouveau delire de vieux à un moment, c'est la pêche... Une catastrophe... Maman a crisé parce qu'il a oublié une boîte d'asticots dans un des tiroirs du garage. Quand on a ouvert l'armoire, la maison s'est changé en escadron de mouches folles. Je me suis tellement foutu de sa gueule... Je l'ai appelé the chaotic flyman pendant deux semaine. Le roi ou sa sainteté de la mouche. Bon, il s'est bien vengé en retour et je me prenais des beigne pendant que maman avait le dos tourné ou des trucs dans la gueule... C'était terrible mais tellement drôle. Du coup, faut plus lui parler de pêche. " Mutt avait de qui tenir, lui non plus ne savait pas tenir en place, mais il essayait de prendre soin de ses parents un minimum quand même. Mutt gara sa voiture sur le parking, retira le contact et attrapa des affaires dans la boîte à gants avant de sortir, claquer la porte de sa voiture et la fermer.
Il marcha près de Klaus en riant, il avait l'impression d'être sur un nuage. Rien que de pense au cheeseburger que Klaus lui suggérait, cela lui mis l'eau à la bouche.
" Oublie pas, c'est moi qui invite. Pour te remercier d'avoir suivi un dingue peut être un peu psychopathe. " Il glisse devant lui et ajoute. " Un psychopathe plutôt beau gosse en passant. Normal que tu aies eu envie de te faire séquestrer par la personne que je suis... J'espère que ça te donnera matière à fantasmer... "
Clin d'oeil provocateur, il entra dans le lieu tout en continuant de rire ouvertement. Il trouve une table et se glisse sur la banquette.
" Si t'as d'autres questions, je peux y répondre... Toutes. Même celle que tu n'oserai pas poser. Enfin si... Si tu les poses c'est que tu oses... " La serveuse arriva juste à ce moment là pour prendre leur commande. " Et bien... Je vais prendre un cheeseburger aussi tiens... Et une bière bien fraîche. Sérieux ? On est au mois de novembre et je crève de chaud... Y a pas à dire: New York me manque. T'as déjà été à New-York au fait ? "Demande-t-il à Klaus. " Si tu veux je t'emmène un de ces quatre. Ça sera l'occasion. Ca me ferait plaisir. " Dit il en glissa sa main sur la sienne dans un sourire. Mutt voulait prendre un peu plus d'assurance mais se retenait aussi pas mal par peur que Klaus prenne peur de nouveau. Il avait évité de mentionner la rencontre avec les beaux parents direct. Car oui pour le coup, ça ne faisait que plusieurs heures qu'ils se connaissent et ça serait un petit peu abusé.
Est ce que Mutt s'occupait de ce qu'il se passait autour de lui ? Pas du tout. Est ce qu'il captait qu'ils attiraient grandement l'attention et qu'ils n'étaient pas du tout discret ? Vraiment pas... Mais c'était comme si le monde extérieur n'existait plus à ce moment précis.
Moses.
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Des souvenirs, ils peuvent s’en créer d’autres. Oui. Est-ce que Klaus veut qu’ils s’en créent d’autres. Dans son esprit, c’est toujours confus… Il a beau croire son interlocuteur sur parole, il a beau ressentir naturellement, presque instinctivement, une sorte de complicité avec lui, il n’oublie pas qu’ils ne se connaissent pas, que Mutt a beau lui avoir beaucoup parlé de lui, ça reste abstrait et que ce n’est pas en quelques heures de conversation qu’il peut se faire une idée de son caractère et de qui il est réellement. Pourtant – et c’est vraiment bizarre –, il veut lui donner une chance. Le souci, c’est qu’il n’est pas sûr de le faire pour les bonnes raisons. Est-ce qu’il se serait retourné sur lui s’il ne lui avait pas garanti qu’ils étaient supposés vivre une belle et grande histoire d’amour ? Peut-être bien que lui, mais au final, il n’en sait rien. Est-ce qu’il l’aurait suivi s’il n’était pas secoué par cette histoire avec Dave ? Est-ce qu’il ne se contente pas au final d’adopter cette attitude avec Mutt parce qu’il aurait voulu que Dave ait la même.
Et parlons-en, de Dave… est-ce qu’il n’est pas en train de le trahir, là, tout de suite, en se lançant dans un improbable road trip ? Il n’en sait rien. C’est son truc, de se laisser porter par les circonstances, c’est pas pour autant qu’il oublie forcément de réfléchir, et en l’occurrence, bah… en y réfléchissant bien, il se sent partagé entre l’envie de les créer, ces souvenirs, sans y réfléchir à deux fois… puis celle de mettre un coup de frein à tout ça. Sauf qu’il y arrive pas. Parce que Mutt est adorable avec lui. Mignon. Que ça a l’air d’être un gars bien. Que… oh puis merde… non, il s’en fiche, il n’écoutera pas sa raison aujourd’hui. La voix de sa raison, de toute façon, elle s’appelle Ben Hargreeves (et déjà lui il aurait tendance à pas l’écouter des masses), et pour l’instant, il a plutôt l’air de l’apprécier, le Mutty – sans doute parce qu’il lui a promis un retour parmi les vivants (là-dessus, il a plutôt intérêt à tenir parole). Des souvenirs, peu importe où ça les mènera, c’est sûr qu’ils s’en créent déjà, de toute façon… Comment est-ce qu’ils pourraient oublier une rencontre pareille, après tout ? … ceci dit, il ne se souvient pas de Mutt, lui, alors…
Klaus essaye de débrancher la partie de son cerveau la plus prompte à le torturer de questions. C’est là qu’il regrette de ne pas avoir envoyé promener dans les grandes largeurs ses trois ans de sobriété d’un grand coup de pied, c’est quand même beaucoup plus simple de pas réfléchir quand on est de toute façon trop déchiré pour penser convenablement. Le rire de Mutt lui plaît, entre autres choses, alors qu’il lui parle de son père. C’est fou comme on sent qu’il l’admire, ce type, peut-être pas avec la même dévotion un rien fanatique de Luther, mais quand même c’est remarquable, surtout quand on a un rapport au père aussi complexe que c’est le cas pour Klaus. Ce dernier se marre assez franchement d’imaginer les épiques aventures du Chaotic Flyman et de ses asticots oubliés.
« D’accord, je note de pas lui parler de pêche sauf si j’ai envie de le voir péter un câble. Donc possible que je finisse par discuter hameçons avec lui – si jamais on a l’occasion de se parler », affirme-t-il dans un haussement d’épaules alors qu’il se laisse prendre à un jeu qu’il ne comprend pas vraiment lui-même. Ils rentrent dans le restaurant que Mutt, reprend, à l’évidence suffisamment à l’aise avec lui et ce que Klaus accepte de lui concéder pour ne pas lésiner sur les sous-entendus, et Klaus entre dans son jeu. « Je suis sûr que tu connais mes fantasmes par cœur et que tu sais que celui-ci n’en fait pas partie. Mais je suis ouvert aux nouvelles expériences, la preuve, je suis ici. »
Là, il fait plus que se laisser prendre au jeu, mais il laisse couler cette remarque comme si elle n’était pas grand-chose, alors que Mutt lui dit qu’il peut répondre à toutes ses questions. Des questions, il en a encore des tonnes, mais c’est si difficile de savoir par quel bout les prendre, au final.
« Déjà Vegas, on verra pour New York », répond Klaus, étonnamment à l’aise, alors qu’ils sont installés à une table et qu’il laisse glisser sa main sur la sienne.
Il réalise que c’est la première fois (pour lui) qu’il vit un moment tel que celui-ci. Pas qu’il ait jamais vraiment caché sa sexualité, mais il n’a pas eu ce genre de relation sérieuse, où on va au resto ensemble en se prenant par la main… Bien sûr, Dave avait été sa relation la plus forte et la plus sérieuse (de ce qu’il croit), mais ce n’est pas comme si les circonstances leur avaient permis d’agir en parfait petit couple bien sous tout rapport. Il doit reconnaître que c’est agréable. Bien assez agréable pour qu’il oublie complètement l’époque dans laquelle ils se trouvaient et les regards tournés vers eux.
« J’ai plein de questions, mais en fait je crois que je sais pas par quoi commencer. » Il marque une pause. « Sur notre relation, surtout. Tu vois, t’as expliqué comment on s’est rencontré, comment tu l’avais un peu vécu, j’ai cru comprendre qu’on s’entendait très bien sexuellement parlant… » A aucun moment, Klaus ne songe à prononcer ces mots moins fort que les autres. « Mais comment ça s’est passé ? Comment on s’est mis ensemble, je veux dire. »
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Parfois Mutt s'emportait, il s'en rendait compte, mais ça n'était pas grave si Klaus prenait du temps... A vrai dire, c'était normal et le principal, c'est qu'il était près de lui. Il le voyait rire à ses petites anecdotes. Ce rire, ce visage... Il voulait le voir comme ça, et non comme tout à l'heure. Mutt serait patient, comme Klaus l'avait été. Et il se sentait invulnérable là tout de suite. C'était comme si on vous avait retiré quelque chose de vital pendant toutes ces années et qu'au final, on finissait par vous le redonner. On ne voulait plus le perdre. Il se battrait pour lui. Il se battrait pour leur futur. Un meilleur futur que n'avait été parfois le passé. Il voulait se faire cette promesse là.
Ils étaient assit maintenant à table. La serveuse aillant pris leur commande, Mutt la main posé sur celle de Klaus qui garda ce contact. Il ne pouvait pas être plus heureux. Il ne voyait pas les regards qu'on pouvait leur porter et surtout que leur discussion était tout sauf discrète. Ils étaient tous les deux emportés par un élan de retrouvailles -plus pour Mutt mais bon on comprendra- et c'était comme si le monde entier s'était effacée du tableau. La serveuse glissa d'abord leur boisson sur la table, c'est là que Mutt rompit le contact avec la main de Klaus. Il commença à se rafraichir alors que Klaus lui posa de nouvelles questions. Mutt finit sa gorgée et posa son verre face à lui.
" C'est une trèèèès longue histoire tout ça. Je vais essayer de la faire courte, parce que sinon, on en a pour la journée. On était en colocation... J'étais persuadé que j'étais du genre méga hétéro. " Bon, il ne citera pas Dave dans le calcul et bien entendu, Mutt l'avait dit assez distinctement. " Sauf que c'était pas tellement ça. On se disait potes... Enfin, bizarrement même en tant que potes on se cherchait pas mal de base. Puis j'ai commencé à faire mon coming out et j'ai compris que... Enfin tu comprends... C'était assez tendu... J'ai eu pas mal de mal et tu m'as beaucoup aidé. Et puis un soir, y'a eu ces types... On a découvert que c'est ton taré de père qui nous les a envoyé pour une sorte de test à la con. Et puis... heu... " Il essaya de se rappeler comment ça a fini par déraper. " Après l'effort le réconfort, je peux te résumer ça comme ça ? "
La serveuse revint vers eux alors, Mutt leva le nez vers elle, elle ne semblait pas voir ramené les plats de nos deux vadrouilleurs.
" Ne me dites pas qu'il n'y a plus de fromage, je vous croirais pas. Au pire, un cheeseburger sans fromage, ca donne quand même un burger... " Lance Mutt amusé, vu la gêne que semblait avoir la jeune femme pour la détendre. " En fait... " Commence-t-elle. " Vous gênez la clientèle et on m'a demandé de vous faire partir... "
Le sourire de Mutt se figea, son estomac se noua et il comprit bien rapidement. Il vit le regard de la jeune femme se porter plus loin. Notre garçon capta une table de mecs, genre texans pure souches bien macho leur lancer un regard noir. Mutt échangea un regard vers Klaus, prit un temps et se racla la gorge. " Je pense avoir passé une commande mademoiselle et je la voudrai. "
La jeune femme semblait de plus en plus nerveuse. Mutt pouvait aussi voir son patron derrière le comptoir qui regardait la scène au loin.
" Je veux pas avoir d'ennuies... S'il vous plait. " Une nouvelle seconde, le temps pour Mutt de se reconcentrer face à cette situation qui était en train de le dépasser littéralement. Il reposa la main sur celle de Klaus et la serra dans la sienne. " On est en amérique mademoiselle et si je veux me faire servir, je me ferai servir. On ne bougera pas tant qu'on aura pas eu notre commande. Maintenant. "
Il n'y avait plus un bruit dans le Diner et les regards se tournaient vers eux. Mutt sentait cette forte oppression mais il pouvait la gérer, il serrait fortement la main de Klaus dans la sienne pour se donner aussi du courage face à cette situation totalement injuste. La serveuse acquiesça et finit par repartir, hésitante encore. Il essaya de reprendre le fil de la conversation, la voix hésitante:
" On... parlait de quoi déjà ? " Il essaya de cacher son malaise en se forçant à rire et en se passant une main sur le front. Les discussions reprenaient autour d'eux mais moins fort. Mutt avait une envie de pleurer qu'il réprima. " Je t'ai pas déjà dit que le Texas, c'était de la merde... Mentalité de pecnos j'te jure... "
Moses.
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Toute longue cette histoire – leur histoire, donc – puisse être, Klaus est prêt à l’écouter et à ne surtout pas en perdre une seule miette. C’est bizarre, c’est comme suivre une sitcom dont on serait soi-même le héros, il a envie de connaître le moindre détail, comme une manière, aussi, d’apprendre à mieux connaître Mutt par cet intermédiaire, lui qui réussit si facilement à faire qu’il se sente unique, lui qui parvient à briser ses défenses sans même qu’il s’en rende compte, par le simple fait d’être là, par le fait, aussi, de tenir à ce point à être avec lui. Alors oui, il l’écoute lui parler de leur colocation chaotique, du fait qu’il se présentait comme un hétéro pur jus… ce qui dissimulait évidemment quelque chose (pas que tous les mecs sûrs de leur hétérosexualité soient des bis dissimulés, mais y en a quand même un petit paquet). Et donc, c’était quand même sacrément ambigu, et il a fallu un événement un rien extrême pour les rapproché. « Attends… Mon père était là aussi ? » réalise Klaus, que cette information n’enchante pas le moins du monde.
Jusqu’ici, c’était plutôt pas mal, une nouvelle vie avec un mec sympa et mignon qui avait réussi à lui faire oublier Dave, Ben de retour parmi les vivants (même s’il est qu’à moitié enthousiasmé par cette perspective, pour des raisons absolument égoïstes), ça avait l’air pas mal. Et maintenant, son paternel qui lui envoyait je sais pas qui pour le… quoi, le tester, sérieusement ? Bon ben ça éclaire au moins Klaus sur ce point – même s’il n’avait pas du tout besoin d’éclaircissement sur la question, en réalité : Reginald Hargreeves restait un pauvre con, peu importe les circonstances et peu importe la dimension. Et rester mort, ça a visiblement l’air trop compliqué pour lui. « Donc mon taré de vieux a envoyé des types nous défoncer, et nous on a rien trouvé de mieux que de s’envoyer en l’air pour se récompenser d’avoir survécu. Ouais, ça tient carrément la route, ouais », assure-t-il d’un ton amusé.
C’est de plus en plus évident, il est carrément en train de flirter avec Mutt, là, tout de suite. Peut-être pas la chose à faire, et il en éprouve, au fond, quelques scrupules… Seulement, il arrive pas à s’en empêcher, et dans le fond, il n’y a pas grand-chose qui le retient de s’en empêcher. Dave, peut-être ? Oui, ben en attendant, Dave préfère lui mettre des pains dans la gueule plutôt que de l’écouter parler de ses sentiments. Alors que pour ce qui est de s’épancher sur ses sentiments, Mutt est clairement loquace… Comme pour tout le reste, d’ailleurs. Et ça lui fait du bien, et il a pas envie de se sentir coupable pour ça, même si tous les regards autour devraient lui faire comprendre qu’à leurs yeux, oui, ils devraient se sentir honteux de leur comportement.
Ils doivent en prendre pleinement conscience quand la serveuse vient rejoindre leur table, pas pour s’enquérir de leur commande, mais pour leur demander de décamper, tout simplement. Le regard de Klaus suit celui de Mutt, qui fixe une table voisine, une bande de Texans à l’air franchement stupide. A l’air bien misogyne, aussi. Qu’est-ce qu’il fallait attendre d’autre de la part de types avec une telle dégaine, en même temps. La pauvre serveuse n’y est pour rien, mais en même temps, Klaus rejoint l’avis de Mutt, ils vont quand même pas se barrer parce que des types prétendument virils font pourtant dans leur froc à la vue de deux types qui se tiennent pas la main. Faut vraiment être con, sérieusement. « Merci beaucoup, vous êtes bien aimable », complète Klaus avec un grand sourire à l’adresse de la serveuse, plus mal à l’aise que jamais, quand Mutt lui fait comprendre qu’ils ne bougeront pas tant qu’ils n’auront pas reçu leur commande.
Une fois la serveuse partie, Mutt reprend la parole, et Klaus sent combien il prend sur lui, en cet instant, pour ne pas craquer. Klaus n’est pas insensible non plus à ce genre d’humiliations, même s’il en a vécu plus d’une dans sa vie. Il y est d’autant moins insensible quand elles touchent à d’autres personnes, en réalité.
« Je sais que manger tranquillement notre burger en se prenant joyeusement la main – même si ça va être physiquement difficile si tu veux mon avis –, ça leur ferait les pieds, mais on est pas obligés de rester non plus, on a pas à se coltiner la compagnie de ces demeurés juste pour les emmerder », dit-il avec douceur.
Et il le pense. Ils ne changeront pas le monde, là, tout de suite, en restant assis à leur table, même si ça ne devrait pas être un combat de tous les instants que de juste manger tranquillement dans un diner avec un autre homme… Il voit que Mutt est pas bien, c’est ça qu’il veut empêcher, surtout. Quand Mutt ne va pas bien, il est impossible, inconcevable, même, pour Klaus de se sentir bien. C’est quelque chose qu’il découvre, mais c’est quelque chose d’évident.
« Qui est-ce que tu traites de demeuré ? » s’agace un des abrutis de la table d’à côté en se levant de sa table pour venir rouler des mécaniques sous leur nez. « Je pense que t’es quand même pas demeuré au point de pas comprendre que je parlais év… »
Klaus n’a pas le temps de finir sa phrase que l’armoire à glace l’attrape directement au col. Bon… sans surprise… ça dégénère.
▿ Métier : Il est en seconde année de Master en histoire et archéologie à l'université. / En stage universitaire au musée d'histoire naturelle en recherche et restauration.
▿ Quartier : Lockwood hill avec sa mère Marion, et Klaus Hargreeves
Mutt savait que ça allait être une guerre de territoire et Mutt restait quand même le genre mâle dominant à défendre ses positions et sa place. Alors non, il ne bougerait pas. Et même s'il se sentait sali et honteux... Même s'il ne le devrait pas et il le savait. C'était dur à encaisser. Comme d'habitude. Mais il essaya de ne pas le montrer. Pleurer ne servirait à rien et cela donnerait à ces connards l'occasion de se sentir encore plus puissant.
Alors oui, il alla rattraper la main de Klaus pour la serrer dans la sienne, alors oui, il tient tête à la pauvre serveuse. Mais il ne bougerait pas. Il avait sa fierté. Il ne voulait pas que Klaus en pâtisse et ils avaient le droit de manger à cette table comme tout citoyen. Mutt esquissa un rapide sourire quand il dit avouer que ça sera dur de manger main dans la main. Il le reconnaissait bien là. Klaus suggéra qu'ils partent mais Mutt était têtu.
" Non. C'est une question de principe. Et j'ai grave envie de ce putain d'hamburger donc ils peuvent aller se faire foutre. "
Visiblement, un des types avait entendu Klaus les insulter et il commença à les chercher. Klaus répondit avant lui. Et avant qu'il ne puisse finir son discours, l'autre avait attrapé Klaus par le col. Ce qui, bien sûr, dit réagir Mutt au quart de tour.
La rage de Mutt monta d'un seul coup, déjà parce que toucher à Klaus, c'était la chose à ne pas faire et certains ont déjà failli crever pour ce manque de respect... Mais aussi parce qu'il sentit la peur monter. Instinct de base, Mutt savait que vu le macho qu'il avait en face de lui, ça allait être un rapport de force directement.
Mutt se glissa entre les deux et s'interpose en attrapant l'autre type par le col. Les dents serrés, le regard noir, il lança:
" Lâche le... " Après une longue seconde où il y eu un échange de regard avec le type. Le mec finit par lâcher Klaus. Mutt dessera aussi doucement sa prise, mais resta toujours devant Klaus, dans un geste protecteur.
" Ouais ben on sait déjà qui fait la gonzesse dans votre duo de tarés... "
Mutt s'avance de nouveau vers le type en le poussant en arrière par provocation et en bombant le torse. Ses potes se levèrent alors derrière lui pour venir en renfort. Mutt ne se démonta pas. De toute manière, il lui fallait un geste suspect. Juste un... Pour qu'il se jette dans la mêlée et tant pis s'il devait se faire démonter la gueule. Il ne lâcherai pas le morceau. Tant qu'il ne serait pas au sol inconscient, il ne lâcherait pas l'affaire.
Le dîner était incroyablement silencieux. Tout le monde avait les yeux rivés sur cette altercation. C'était un peu l'ambiance far ouest. Échanges de regards, tension palpable. Qui allait donner le premier coup ? Mutt serra doucement les points, sur le qui vive.
Puis un bruit mécanique se fit entendre. Celui d'un fusil qu'on chargeait. Le type en face détourna le regard vers le bar. Mutt fit pareil. Il vit le patron pointer le canon d'un fusil vers sa tête. Okay... On allait peut être pas jouer aux cons.
Mutt recula doucement sans tourner le dos au connard en face de lui et attrapa le poignet de Klaus. Il commença à le tirer vers la sortie alors qu'il remarqua que tout le dîner les observait comme des bêtes de foire. Mutt était touché dans son ego et ça lui faisait mal. Cette fois ci il ne gagnerait pas ce rapport de force. Et il ne voulait pas mettre Klaus en porte à faux.
Il poussa la porte pour sortir en emmenant Klaus avec lui. Il finit par le lâcher après quelques pas et traça sa route quelques pas devant lui en rageant, visiblement en colère. En passant à côté du présentoir avec le plat du jour écris dessus, il donna un grand coup de pied dedans pour passer ses nerfs.
" Fais chier... ! Fais chier ! Rhaaaaaaa ! "
Finit il par crier de rage, laissant aussi des larmes de colère et de frustration gagner ses joues. Les années soixante c'est la merde... Le Texas c'est la merde... Il ecrabouilla le reste du panneau en marchant dessus. " Vous pouvez vous garder vos putain de cheeseburger de merde... " Il attrapa ce qu'il restait pour le balancer de l'autre côté de la route. " Allez vous faire foutre. "
N'ayant plus rien pour passer ses nefs, il souffla un grand coup pour essayer de se calmer. Se passa une main dans les cheveux pour reprendre contenance et les replacer en arrière. Il se tourna vers Klaus, visiblement desolé. " J'suis désolé Klaus. Putain, tu peux pas savoir comment je suis désolé... "
Pour lui, il n'avait pas su protéger leur honneur, leur intégrité. Il prit ensuite Klaus dans ses bras sans se soucier ou même se rappeler sur le coup que peut être ça pourrait potentiellement le déranger. Il le serra fort contre lui.
" J'voulais te faire profiter d'un voyage sympa... Te changer les idées. Pas... Cette merde... "
Moses.
I'm tired of being what you want me to be. Feeling so faithless, lost under the surface.
Don't know what you're expecting of me Put under the pressure of walking in your shoes.
Klaus hausse les épaules. Dans le fond, il comprend, sincèrement, la détermination de Mutt, et même il l’apprécie (au-delà du fait qu’il aurait tendance à la trouver plutôt séduisante, pour tout dire). C’est pas souvent – si ce n’est jamais qu’on prend la peine de défendre à ce point son droit de… ben d’exister, pour le coup, car il est quand même difficile de trouver une justification quelconque à l’agacement de leurs voisins de table, menacés dans leur virilité par deux types qui ne font que se tenir la main à la table voisine. C’est que la virilité en question doit être sacrément fragile, au bout du compte. Alors oui, Klaus est prêt à faire abstraction de leur présence, d’autant plus que lui-même a quand même bien envie de se le taper, ce fichu burger. Sauf que bon, pour ça, faudrait peut-être qu’il parle moins fort, parce que peu importe que la serveuse n’ait pas obtenu gain de cause plutôt, les colosses de la table d’à côté, eux, étaient bien décidés à en découdre, et bien évidemment, c’est le freluquet du duo qui mange en premier (parce qu’ils sont siiiii forts et virils).
Klaus pris par le col, tente tant bien que mal de se défendre avec les moyens du bord. Mais Mutt ne met pas longtemps à prendre sa défense et à s’interposer. Rendu vainqueur de ce rapport de force, le type finit par le lâcher, au soulagement relatif de Klaus, qui se doute quand même qu’ils sont loin d’en avoir fini encore, ce qu’il ne lui plaît pas du tout de penser. Un temps, on se croit dans un western, à qui tirera le premier. Ouais, sauf que Mutt est peut-être très fort, mais ils sont quand même clairement supérieurs en nombre, là, et c’est pas Klaus et sa maîtrise (nulle) du combat qui va changer la donne… Et Ben risque pas d’être d’une grande utilité non plus… quoique.
Sauf que le combat se termine avant même d’avoir le temps de commencer, voilà que le patron emploie la manière forte pour les virer de son bar, fusil à la main. Non mais ils sont vraiment complètement tarés, ces Texans, c’est vraiment pas croyable. Au moins, Mutt joue pas au plus con et reconnaît que c’est le moment pour eux de plier bagage. Alors, parce qu’ils ont pas le choix, et avec un certain soulagement quand même pour Klaus, ce dernier se laisse entraîner vers l’extérieur. A peine sont-ils sortis que Mutt laisse exploser sa rage. Klaus, de son côté, ne se sent même pas si en colère… Il se sent plus malheureux de voir Mutt dans un tel état que d’avoir été viré de ce diner qui ne méritait à l’évidence pas de les compter parmi leur clientèle ô combien « distinguée ». Klaus le laisse faire quand il s’acharne sur le tableau indiquant le plat du jour du restaurant en guise de maigre exutoire à sa rage et à sa frustration. C’est clairement pas lui qui va retenir ce geste, au contraire, il le ferait même plutôt marrer si les larmes qu’il voit naître au coin des yeux de Mutt ne lui serraient pas le cœur. « Eh, c’est absolument pas à toi de t’excuser tu s… »
Klaus s’interrompt quand Mutt le prend contre lui, le serre aussi fort qu’il le peut. Pas un seul instant Klaus n’envisage de briser cette étreinte, au contraire, il la resserre autant qu’il le peut à son tour. Le besoin naturel, instinctif, presque, de communiquer à Mutt autant de force et de réconfort qu’il le peut. Il sait bien que ce qui venait de se passer n’avait rien à voir avec ce que Mutt avait voulu, mais Klaus n’a évidemment aucune intention de lui en vouloir ou de le lui reprocher, pas même une seule seconde. Au contraire, découvrir Mutt dans sa détermination, dans son courage, dans son obstination… dans sa fragilité aussi, ça le rend encore plus attachant.
« C’est rien, vraiment », dit-il après un moment. « On s’en fout, on les emmerde. » D’une main légèrement hésitant, il vient glisser ses doigts dans ces cheveux. « Je suis sûre que je te l’ai dit un milliard de fois dans le futur mais… t’as vraiment des cheveux, incroyables, tu le sais, ça ? » Il esquisse un fin sourire, son regard ancré dans le sien, alors que ses doigts glissent sur sa joue.
Et parce qu’il en a envie, parce que durant cette seconde où leurs regards se soutiennent, il a l’impressions de le connaître depuis toujours, parce qu’il ressent, aussi, que Mutt pourrait bien en avoir besoin, il dépose ses lèvres sur les siennes.
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Mutt s'en voulait de ne pas avoir donné une vraie escapade à Klaus. Même si rien n'était terminé encore... Dans un geste, il avait attrapé Klaus dans ses bras et l'avait serré contre lui. Klaus lui rendit ce geste, ce qui fit un bien fou à Mutt qui réussit à redescendre en pression. Profitant de ce contact proche retrouvé. Il se sentait heureux et revivre dans ses bras. Après un moment, il se recula, Klaus ne le repoussa pas, et il vit son regard posé sur lui.
Mutt esquissa un sourire, Klaus glissa ses doigts dans ses cheveux et c'était comme si ces 6 années n'avaient jamais existé. Il se retrouvait instantanément en arrière. Qu'importe le temps, la distance, il était toujours aussi dingue de lui. Il rit doucement quand il lui parla de ses cheveux.
" Ouais... T'as pas idée. Tu m'as même motivé à les laisser pousser à un moment. "
Le temps parut suspendu, il vit Klaus rapprocher son visage du sien. Est-ce qu'il osait... ? Le coeur de Mutt rata un battement, il s'approcha de ses lèvres. Mais Mutt capta un truc pas normal au même moment au dessus de l'épaule de Klaus. Ses lèvres glissèrent sur le côté, Mutt posa ses deux mains sur les épaules de Klaus pour le faire pivoter et passer sur le côté.
" C'est quoi cette... Ho non... Merde... "
Ca n'était clairement pas voulu, mais il laissa en plan Klaus. Ils avaient un autre soucis à l'horizon.
" Non non non non non... " Se répétait-il inlassablement en s'avança vers sa voiture, en voyant ses quatre pneus littéralement crevés. Sa tension remonta directement, il donna un grand coup de pied dans une des pneus morts en rageant. Tout venait d'être gâché. Plus de Vegas... Aller appeler une dépanneuse ? Il ne pourrait plus foutre les pieds dans ce diner, donc c'était la marche obligée et ils avaient quitté la ville... " Bande de... " Il tourna en rond en posant ses deux mains sur le haut de sa tête... Il continuait de monter en pression.
Alors la c'était trop et ils avaient dépasser largement les limites. Mutt voyait littéralement rouge et personne ne pourrait lui faire entendre raison. Il alla ouvrir le coffre de sa voiture, ses mains cherchant une chose bien spécifique en continuant d'insulter entre ses dents ceux responsable de ce carnage. Ils venaient de lui gâcher, un repas, un voyage... Fini Vegas avec les 4 pneus à plat. Et même si Klaus voudrait le retenir ou lui parler, il n'entendrait rien.
Ses mains tombèrent sur une barre en métal. Bien... Il la tira de là, claquant le coffre bruyamment et marcha d'un pas décidé vers le dîner... Quand Mutt était dans cet état la. Les conséquences n'existaient plus. Il aurait pu rentrer dans le lieu et exploser l'endroit et c'est pas l'envie qui lui manquait. Mais il s'arrêta et vit le pick up garé devant.
Le rapprochement fut vite fait... Mais Mutt ne voulait pas que passer ses nerfs sur l'engin. Il voulait son public. Leur montrer qu'ils s'étaient attaqués au mauvais gars. Il se frotta le visage, passa une main dans ses cheveux, se mit face à la baie vitrée du dîner et attrapa un gros caillou qu'il balança vers le carreau avec force. Il en tira une seconde jusqu'à ce qu'il attire l'attention de tous.
" Allez venez regarder le spectacle bandes de connards. " Hurlait il, le visage rouge de rage. Une fois que les regards furent fixés sur lui. Il leva deux majeurs en signe de provocation volontaire. " Regardez ce qu'elle va faire à votre caisse la fiote. "
Il attrapa des deux mains la barre à mine et c'était parti. Dans un geste porté par toute sa rage, il explosa un premier rétro et il ne s'arrêta pas. Tout y passa... La carrosserie. Le paré brise... Mutt y allait avec un entrain féroce. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter... Jusqu'à ce qu'un des types sorti du dîner. Mutt se tourna vers lui et s'arrêta, bombant de nouveau le torse, la barre dans la main.
" Approche et je t'explose la gueule. "
Le mec regarda l'objet que tenait Mutt et ne fit pas tellement le malin.
" C'est ce que je pensais. De quoi t'as peur de te faire démonter la gueule par une fiote devant tes camarades ? Allez viens espèce de... "
Bruit de fusil. La balle frôla le dessus de la tête de Mutte et qui explosa la dernière vitre encore intacte du pick up derrière lui. Le garçon se baissa d'un seul coup pour se mettre à l'abri. C'était le patron qui avait ressorti la carabine et qui n'hésitait plus à l'utiliser sur eux.
" Bordel... " Il se rendit alors compte qu'il avait tellement été pris par sa colère qu'il avait laissé Klaus de coté. Une boule de peur au ventre se forma. Il y eu un second coup de feu, il courut pour se mettre à l'abri. " Klaus... " Cria-t-il en le cherchant du regard, aillant plus peur pour la vie de son autre que pour lui même.
Il le vit. Il le tira par le bras pour le tirer derrière le pick up... " Fais chier... T'as rien ?!? " Demanda-t-il affolé. Mutt osa un coup d'oeil au dessus de la carrosserie, une balle s'encastra non loin de sa tête. Le mec ne baissait pas son arme et semblait avancer. Mutt serrait fortement la main de Klaus dans la sienne. " Faut qu'on court sinon il va nous fumer... Faut qu'il finisse son chargeur... On va courir lorsqu'il rechargera... Cours et tu te retournes pas. D'accord ? "
Sous l'impulsion du moment catastrophique dans laquelle Mutt se sentait coupable... Et en souvenir de la minute avant la catastrophe. Il se tourna vers Klaus, attrapa son visage et pressa ses lèvres sur les siennes longuement avant de se reculer et de lui lâcher: " On verra ça plus tard... Mais comment résister à ton charme dans un moment pareil... ? " Dit-il tremblant pour essayer de se donner du courage. Il esquissa un sourire figé. Il fallait que l'autre continue de tirer pour vider son chargeur. Mutt se mit à quatre pattes et attrapa une roche qu'il balança au dessus du pick up. Vu de l'extérieur ça avait l'air stupide. C'était clairement vouloir contre attaquer avec rien... Mais la stratégie était là. Il tira encore deux coups. Mutt s'accroupit de nouveau, il comptait les balles.
Moses.
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Ça aurait pu se résoudre comme ça. Juste eux deux et puis cette proximité si naturelle, retrouvée pour l’un, découverte pour l’autre, et ils auraient repris la route, auraient trouvé, en chemin, un autre endroit où grailler, et bye les connards, bonjour Vegas. La colère, légitime, de Mutt, ne doit pas lui faire oublier que tout peut encore être possible, et c’est ça, ce champ de possibles, que Klaus avait voulu lui laisser entrevoir avec un baiser, juste ça. Sauf que non, ça n’allait pas juste s’arrêter comme ça, certainement pas. Et ils n’étaient pas au bout de leurs peines, loin, très loin de là. Mutt est le premier à le comprendre.
Klaus ne comprend pas immédiatement les raisons de cette nouvelle source de colère et de frustration avant que de suivre le jeune homme jusqu’à sa voiture et de comprendre. On avait crevé les pneus de caisse. Putain. Bon ben… adieu Vegas, ça va être difficile de se taper tout le trajet à pied, faut quand même le dire. Klaus veut de son mieux essayer de faire décolérer Mutty, dont il a le sentiment de voir le sang bouillir en direct. Mais en le voyant se saisir d’une barre de métal, il a une idée un peu trop claire de ce qui va se passer ensuite. S’il s’attache doucement à Mutt, cette part impulsive de sa personnalité, même si légitimée par les circonstances, n’est pas forcément pour lui plaire, malheureusement, il commence aussi à comprendre qu’il ne peut pas faire grand-chose pour influencer cette dernière quand Mutt se retrouve dans une rage à ce point sourde. « Mutt, arrête, ça en vaut pas la peine, franchement, on s’en fiche », tente comme il le peut Klaus d’empêcher le jeune homme de faire ce qu’il semble définitivement déterminé à faire.
Mais évidemment il ne l’écoute pas, sans doute qu’il ne l’entend même pas, d’ailleurs, et Klaus, pendant ce temps, se sent particulièrement impuissant quant à ce qui est en train de se passer. Outre le fait qu’il préférerait laisser tout ça derrière eux, il s’inquiète aussi des représailles des Texans demeurés (aucun offense envers les Texans – ou presque -, juste envers les Texans demeurés) qui, s’ils s’y mettent tout ensemble pour lui adresser des représailles, pourraient clairement dominer Mutt, quand Klaus lui-même ne pourra vraiment pas faire grand-chose pour le défendre dans tous les cas. D’abord, c’est la pick-up des crevards qui prend cher. Œil pour œil, dent pour dent, on pourrait dire, sauf que y a aucune chance que ça s’arrête là quand Mutt, en plus, fait voler une pierre à travers un carreau. Klaus fait une nouvelle tentative en tentant de rattraper Mutty, en répétant encore son nom, mais sans le moindre succès. Non, lui, tout ce qu’il veut, c’est attirer l’attention des crevards pour en découdre. Ça ne les mènera nulle part, mais Klaus sent bien que Mutt est absolument inarrêtable, là, tout de suite. Ce qui doit arriver est arrivé, oui. L’un des types sort du diner, et Mutt, en bon mâle dominant, bombe le torse, prêt à en découdre.
Le gars a l’air intimidé par sa barre à mine, et ça aurait été parfait s’il avait juste eu les chocottes, sauf qu’entre une barre à mine et une carabine, on sait quand même ce qui l’emporte, et quand un premier coup de fusil retentit, le cœur de Klaus s’arrête et, de surprise, il pousse un cri qui, clairement, ne transpire pas la virilité. Il serre sa main dans la sienne, Klaus la serre fort, peut-être trop fort, en réalité, alors qu’ils se planquent derrière le véhicule. Il sent qu’ils l’ont échappé belle, et Mutt encore plus que lui. La balle s’écrase contre la vitre du pick-up. Il fait vivement « non » de la tête quand Mutt lui demande s’il n’a rien. La balle ne l’a pas touché, pas effleuré, par contre, il se sent tétanisé. Une sensation qui le submerge et qui le fige. Il tremble, chaque coup de feu raisonne dans son esprit en un écho qui l’angoisse. Courir, oui, il faut courir… Mais il ne se sent même pas capable de bouger, la, tout de suite. Il réalise à peine ce qui se passe quand Mutt presse ses lèvres contre les siennes, il ne parvient ni à répondre à ce baiser, ni non plus à sourire. Ce n’est pas que le contact lui déplaise, il a même quelque chose de réconfortant, mais Klaus sent que la panique, loin de le déserter, va augmentant à chaque seconde qui s’écoule, à chaque coup de feu. « Je vais pas y arriver… » Les mots s’échappent de ses lèvres en un murmure à peine audible. Sa voix est tremblante au possible, ce n’est qu’à l’instant de sentir un sanglot lui obstruer la gorge qu’il comprend que ses yeux sont humides. « Je vais pas y arriver. »
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Mutt, sous l'adrénaline, le coup de pression, n'avait pas remarqué le malaise de Klaus qui grandissait en lui. Et notre garçon restait focus encore sur la menace de l'autre côté du Pick-Up. Allez encore une balle et le compte était bon... Mutt recommença une dernière fois son manège. " Allez... C'est bon... Il recharge. Cours ! "
Il se redressa, pensant que Klaus allait le suivre, il fit quelques pas et jeta un oeil en arrière. Il vit Klaus tremblant contre le Pick-up et tétanisé qui ne semblait pas vouloir bouger. Une boule au ventre le prit. Qu'est-ce qu'il se passe. Il regarde le type, qui heureusement, galère avec ses cartouches. Il retourne vers Klaus.
La peur au ventre, les larmes montent doucement. Il ne voulait pas faire ça mais Klaus lui en voudrait plus tard et Mutt aura bien le temps de culpabiliser. Il se sentait coupable... Il venait de mettre Klaus dans une sale situation et... Ne pas réfléchir. Il fit une grimace et donna une claque pour que Klaus reprenne ses esprits avant de lui prendre le visage et de capter son regard.
" Il faut qu'on se casse. S'il te plait Klaus... je te laisserai pas... C'est ma faute, je suis désolé... "
Il le porterait s'il le faut, il ne le laisserait pas. Il tira son bras et l'accompagna pour qu'il le suive. Mutt lui prit la main ensuite et la serra en le tirant derrière lui. Ils étaient quand même assez loin quand il entendit les coups de fusils reprendre. Une... Deux... Celle-là est pas passée loin et il sentit une légère douleur sur son flanc gauche. Il ne devait pas y penser, ils devaient se mettre à l'abris.
Il continua de tirer Klaus qui avait moins d'endurance que Mutt mais il ne le lâcha pas. Il finirent pas s'arrêter à un carrefour, Mutt, haletant, se laissa tomber à genoux. Ils étaient tous les deux en sueur et le soleil du Texas ne leur faisait pas de cadeau non plus. Mutt fini par se frotter le visage, se releva et inspecta son flanc gauche. Une balle l'avait frôlé mais rien de grave. Le tissus de sa chemise avait une entaille avec une légère marque de brulure. Il souleva sa chemise et vit une estafilade qui saignait un peu. Il soupira et laissa retomber le tissus.
" C'est pas grave. "
Il essayait de reprendre son souffle et leva un oeil vers Klaus. Mutt ne se sentait pas très bien vis à vis de ce qui venait de se passer. Il l'avait mis en danger. Il en était conscient et... Il s'en voulait. Plus la crise de panique qu'il avait fait. Mutt était inquiet mais aussi très maladroit, il ne savait pas comment réagir avec ce Klaus là.
" Klaus... " Il baissa la tête comme un enfant. " Je suis désolé... " Il s'approcha et l'observa. " J'espère que t'as rien. " Il fit une longue pause avant de reprendre. " Je pense que... " Il ferma les yeux, grimaça car il n'aimait pas dire ça. " ... je vais te laisser tranquille. Je suis très impulsif et je t'ai mis en danger... Et... Pardonne moi. On rentre à Dallas et... je repars de mon côté. Je t'embêterais plus. Je pense qu'après ça, tu n'auras plus envie de me voir... Je le comprendrai. J'ai fait le con... "
A croire aussi qu'ils avaient une malédiction car dès qu'ils se retrouvaient à deux, ils subissaient un nombre incalculable de malchance. Autant qu'il s'éloigne pour ne pas lui faire plus de mal.
Moses.
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