This neverending war

feat. Mutt

En cet instant bien précis, ils sont la seule prise que l’autre sait avoir avec la réalité. Leurs peurs, leurs incompréhensions, leurs traumatismes, ils les exorcisent dans les bras l’un de l’autre. C’est leur manière d’être, leur manière de s’aimer, leur manière d’affronter la vie à deux, et même si cela passera probablement pour absurde et vulgaire… c’est ce qu’ils sont, tout simplement… et il ne sert à rien de lutter contre qui l’on est… surtout dans ces circonstances cauchemardesques qui ne sont probablement rien d’autre qu’oniriques, en vérité.

Alors Klaus s’abandonne complètement, contre les lèvres de son amant, et au travers des remarques tout sauf distinguées qu’il adresse à Mutt. Tous les deux sont prêts à mettre cette infirmerie sens dessus dessous, et à s’aimer de toutes les manières qui leur sembleront judicieuses. Ils ne s’arrêteront pas à des préliminaires, tous les deux, c’est de l’ordre de l’évidence – ils se connaissent, ils savent très bien qu’ils sont tout bonnement incapables de se retenir, tous les deux… et qu’est-ce qu’ils pourraient bien avoir à perdre, après tout (leur vie ? Chut, les gâcheurs d’ambiance).

Le regard empreint de la plus totale lubricité que Klaus adresse à Mutt en dit évidemment long sur ce qu’il attend de la suite. Il n’a pas besoin de prononcer le moindre mot pour se faire comprendre… Dans tous les cas, il n’aura pas l’occasion de prononcer le moindre mot, car la terre se met à trembler sous leurs pieds. Klaus s’effondre au sol, sans élégance (au moins il avait eu le temps de remonter son pantalon, on va dire que c’est déjà ça). Les mains sur les oreille, il ferme les yeux un instant, tremblant de tous ses membres… Le campement n’est plus que décombres et cris des quelques soldats qui auront survécu à l’explosion. Ils sont assaillis… Mutt va mourir ici, Klaus en est convaincu, maintenant. Mutt va mourir ici, et ce sera sa faute. Entièrement sa faute.

Alors que Klaus se retourne difficilement, douloureusement, il entend la voix de Mutt, étouffée par l’agitation alentour et par son propre acouphène. Il essaie de le repérer malgré tout et pense reconnaître sa silhouette.

« Mutty… » Sa voix et ses gestes sont incertains alors qu’il avance du mieux qu’il le peut dans sa direction, avant de fondre dans ses bras quand il le retrouve enfin. « C’est ma faute. Tout est ma faute. Je suis désolé… Je suis tellement désolé. »

Bien sûr, il sait très bien que se confondre en excuses ne servira absolument à rien… mais il ne peut pas s’en empêcher. C’est le mieux qu’il puisse faire… n’est-ce pas ? Parce qu’il n’aura jamais la force de le protéger… Ils sont condamnés. Et lui verra l’homme qu’il aime mourir dans ses bras. Encore.

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feat. Mutt

Comment ne pas penser que ce n’est pas sa faute ? Comment ne pas se le dire, se le répéter, et se détester pour cela ? Ils sont dans ses souvenirs, ses souvenirs… Sans lui, ils seraient tranquillement à l’abri… Qu’ils reviennent dans leur monde ou pas… Si Mutt meurt, ce sera de sa faute, et cette idée, il est incapable de la supporter le moins du monde. Oui, Mutt ne lui en veut pas, non, il ne considère pas que ce soit de sa faute, mais Klaus a bien du mal à se raisonner… Malheureusement, il n’est pas tant de lui imputer la moindre responsabilité. Ils doivent fuir. Ils doivent fuir à tout prix.

Mais fuir où ? Ce n’est pas tout de le vouloir, encore faut-il y arriver, et cela n’a rien de simple. Au-delà de la jungle à perte de vue qui encercle le camp, autour, c’est le carnage, la mort, les hurlements, la violence, la souffrance… Il a déjà connu ça… il en est revenu changé pour toujours. Il n’y a rien qu’il puisse ni sache faire. Ils évoluent dans le chaos alentour, et Klaus s’efforce de rassembler tout son courage. Il se doit de ne surtout pas perdre la tête. Il se doit de se montrer aussi fort que possible.

Mutt semble avoir retrouvé sa bravoure et sa capacité d’action, il n’est pas temps de plonger dans l’inaction et de prendre le relais. Il faut qu’ils progressent, il faut qu’ils avancent. D’un revers de la manche, Klaus efface le voile de larmes qui s’échappe de ses yeux. Ses reniflements sont étouffés par le vacarme alentour… Il serre très fort ses doigts autour de ses poignets.

« On ne doit pas partir trop loin. On est cernés par des soldats armés, et si on se perd dans la jungle, on retrouvera jamais notre chemin. »

Mais ils doivent au moins se mettre à l’abri. Ils ne sont pas armés, face à des ennemis, ils ne feront pas le poids… du moins, Klaus pourrait se servir de ses pouvoirs, mais il ignore s’il y parviendra dans l’état où il se trouve, ou même si ces derniers sont fonctionnels. Dans le doute, il préfère ne pas prendre trop de risques. Ils réussissent à trouver refuge dans un espace de végétation épaisse…

« Ça le fera pour l’instant », il dit en serrant Mutt contre lui. « On essaiera de fuir plus loin une fois que ça sera calmé. On pourra peut-être voler une de leurs jeeps. »

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feat. Mutt

Klaus voudrait convoquer ses souvenirs. Se rappeler d’où il était et de ce qu’il faisait à ce moment précis de son passé pour savoir de quelle manière agir plus précisément… Mais il n’a pas le souvenir de tels bombardements. Il ne mourrait pas comme ça (il n’a pas souvenir d’être mort au Vietnam, mais puisqu’il a appris entre-temps qu’il était immortel, il finit par se demander si ce n’est pas arrivé sans qu’il s’en rende compte)… Dave n’est pas supposé mourir comme cela non plus. Cela lui pose un très grand nombre de questions, le confronte à une multitude d’interrogations, plus inacceptables les unes que les autres. Il doit sauver Mutt à tout prix, il se sent une véritable responsabilité le concernant… Mais il ne sait pas quoi faire… il ne sait pas comment réagir, il ne sait pas quoi dire… c’est tout bonnement insoutenable. Il ne veut pas poursuivre dans ces conditions. Ils doivent s’en sortir – il faut qu’ils s’en sortent. Ce n’est pas seulement qu’il le veut, c’est qu’ils n’ont pas le choix. Il ne laissera pas Mutt mourir dans de si sinistres conditions.

« D’accord… »

Klaus n’y comprend rien, non, il ne comprend pas pourquoi, soudainement, Mutt s’invente des dons de voyance ou va savoir quoi encore… mais il sait qu’il doit se fier à son intuition… Si Mutt affirme qu’ils ne peuvent pas être là, alors ils doivent s’en aller… Un autre bombardement pourrait les impacter où qu’ils se trouvent, mais c’est leur camp qui est directement impacté, alors… Alors il doit suivre et écouter. Même s’il s’en veut, car il est convaincu que dans ces circonstances, c’est lui qui devrait prendre les rênes de la situation, lui et pas Mutt, qui est clairement fragilisé psychologiquement.

« On fera comme tu voudras. »

Ils s’éloignent, partent le plus loin possible et alors qu’ils prennent de la distance et trouvent un arbre derrière un arbre… Le camp est bombardé, et le camp attaqué.

« Je comprends pas… j’ai jamais vécu ça… » Mais Mutt oui, visiblement… et c’est ça qu’ils doivent comprendre… Mais dans de meilleures conditions que celles-ci, qui ne sont pas franchement propices. « Bon… réfléchissons… » Comme s’il se sentait en état de réfléchir… Klaus se frotte le visage du plat de la main, clairement en piteux état. « On va voler la jeep, là-bas… et on trace ! »

En espérant ne pas se faire repérer. Une fois à l’abri – tout relatif – ils pourront toujours discuter de tout ce bordel.

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feat. Mutt

Klaus sursaute violemment et son cœur oublie de battre quand un fatras improbable et puissant l’oblige à se retourner pour constater ce qui se trame dans son dos, sur le campement qu’ils ont déserté à l’instant, et où Klaus serait probablement resté si Mutt n’avait pas autant insisté… Car ce bombardement… Ne fait pas partie de ses souvenirs… Il n’a jamais vécu ça. Des horreurs, il en a vu, des épreuves, il en a traversées… mais là…. Cette situation transcende tous ses pronostics, et Klaus est partagé entre la peur, le choc et l’incompréhension… Ils sont indemnes, certes, mais il se sent coupable… Ces hommes qu’ils ont derrière eux n’auront pas eu cette chance : il est tout à fait impossible qu’ils aient survécu à cette putain d’explosion. Klaus pose la main sur son cœur, il bat la chamade… Bon, ils ne peuvent pas y réfléchir pendant des heures, ils n’ont pas d’autre choix que de fuir, à présent.

Klaus ouvre la porte de la Jeep, vu l’état second dans lequel se trouve Mutt, il est préférable que Klaus prenne le volant, mais il n’est pas certain de valoir mieux… C’est pas seulement qu’il a peur, c’est qu’il ne comprend pas… Toute cette histoire ressemble sensiblement à la sienne mais… Quelque chose cloche… C’est comme si on avait altéré ses souvenirs pour y ajouter des éléments qui n’ont aucun rapport avec sa propre expérience… et qui le tourmentent.

Klaus veut dire quelque chose, encourager Mutt à faire vite, les encourager tous les deux à quitter cette fichue léthargie… Mais alors, un type armé que Klaus n’avait pas du tout repéré les prend en joug. Il tire et la balle lui effleure la cuisse.

« MUTT ! »

Pas le temps de vérifier son état.

« Putain… » Klaus saisit l’arme que Mutt tient en main sans réussir à s’en servir. Ça le dégoute mais il n’a pas le choix. Il tire sans hésiter ni réfléchir… La balle frappe leur adversaire en plein estomac, Klaus n’attend pas de savoir si le type est mort ou pas, il saisit le poignet de Mutt et le traine de force dans la Jeep, côté passager. « Allez, on détale ! »

Lui-même s’installe très rapidement côté conducteur et il n’attend pas plus pour se mettre au volant du véhicule et de démarrer la Jeep.

« Je pige pas », il dit sans savoir si c’est pour lui-même ou pour Mutt qu’il prononce ces mots. « Ça devait pas se passer comme ça, ça s’est jamais passé comme ça… » Il jette un regard en biais à Mutt. « Ça va aller, ta jambe ? »

Il a pas pris le temps de regarder plus attentivement et de le soigner. Et pour cause, l’urgence était de s’éloigner le plus possible de leurs ennemis, avant toute chose.

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feat. Mutt

Dans un premier temps, Klaus refuse de comprendre ce que les mots « C’est à moi » peuvent bien signifier. Mais il n’est pas idiot, il n’est pas naïf… Dans le fond, l’idée avait déjà germé dans son propre esprit depuis plusieurs minutes, déjà, c’est juste qu’il refusait catégoriquement de l’appréhender comme tel, parce qu’il refusait que Mutt ait véritablement subi un traumatisme similaire à celui qu’il avait lui-même enduré. C’est à lui… Ce souvenir est à lui, cette expérience est à lui… Ce n’est pas dans le passé de Klaus que Mutt et lui ont replongé, mais bel et bien dans celui de son époux, qui pourtant, avant ce jour, n’avait jamais affleuré à la surface de sa mémoire.

Klaus tente d’esquisser un demi-sourire quand Mutt se félicite d’être en vie, la balle l’ayant seulement effleurée. Il y a, dans ces quelques mots, quelque chose qui ressemble un peu trop à un aveu sordide. Les poings de Klaus se referment plus solidement sur le volant de la Jeep, et ses traits se crispent. Il est mort au Vietnam. Mutt est mort au Vietnam… Putain… Putain….

Klaus serre les dents. Il n’avait pas besoin au final d’entendre Mutt lui affirmer que c’était son souvenir… Il a compris. Et ça le détruit. Il sent que Mutt se remémore, et ici, face au danger, il ne peut pas se permettre de lui poser plus de questions, surtout si celles-ci doivent accentuer son état déjà complexe de tétanie. Ils discuteront de tout ça chez eux, autour d’un bon chocolat chaud. Encore faut-il qu’ils sachent comment se barrer de là. Parce que c’est bien beau de dire qu’il faut se barrer de cette vision de merde, ce n’est pas comme si ce n’était pas déjà ce qu’ils essayaient de faire depuis le début… Et ce n’est pas comme s’ils avaient à leur disposition la moindre clé de compréhension afin de déterminer comment s’y prendre.

Klaus, partagé entre la tristesse et la colère envers cette situation, a envie de hurler, de s’excuser d’être incapable, toujours, de sauver les gens qu’il aime, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être ce grand sauveur qui prendrait la situation en mains et sauverait la situation en temps voulu… Mais il n’est pas temps de s’apitoyer. Pour le moment, ils sont en vie tous les deux, et Klaus n’assistera pas à la mort de Mutt comme il avait assisté à celle de Dave, armé de la même incompréhension et de la même impuissance.

« Accroche-toi, hein. On sera bientôt chez nous, on prendra un bon chocolat chaud, et on parlera de tout ça au calme devant une télénovela bien stupide. » En attendant, parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre, il met le pied au plancher et trace le plus loin possible de cet enfer. Si ça ne tenait qu’à lui, il se tuerait sans doute dans l’espoir de reset dans son monde… Mais bon… là… Tout ce qu’il peut faire, c’est aller toujours plus loin, sans s’arrêter, jusqu’à respirer un peu… Et avec un peu de chance, le cauchemar se dissipera de lui-même. « Repose-toi, je prends les choses en mains. »

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feat. Mutt

Répéter sans cesse qu’ils doivent trouver un moyen de s’en aller ne rend pas la chose plus évidente pour autant. Sur ce point, ils sont tous les deux d’accord, ils doivent partir, mais ce n’est pas pour autant que partir les aidera ou arrangera quoi que ce soit, bien au contraire. Répéter sans cesse qu’ils doivent trouver un moyen de s’en aller ne fait que les placer face à l’incompatibilité de cette situation chaotique avec leurs esprits beaucoup trop tourmentés. Si cela ne tenait qu’à Klaus, il se serait déjà flingué… simple, efficace… Mais puisque Mutt ne pourrait pas parvenir à revenir d’entre les morts… Quitter le pays, c’est qu’un début, mais ils sont deux clampins dans une jeep militarisée… alors… ce qui peut sembler facile quand on le pose sur le papier n’est pas si simple dans les faits.

« J’ai aucune putain d’idée de ce que je fais ok ? » finit par craquer Klaus, en larme. « Je fais ce que je peux, je te jure que je fais ce que je peux », ajoute-t-il en continuant de pousser la jeep le plus loin et le plus rapidement possible.

Il ne peut pas s’arrêter en plein chemin, il ne peut pas nettoyer la plaie de Mutt avec les moyens du bord. Il ne sait rien faire, il ne peut rien faire, il veut juste que ce putain de cauchemar s’arrête. C’est à peine s’il voit la route face à lui tant il est paniqué, et triste, et tant il se sent idiot de ne pas savoir prendre les bonnes décisions, de ne pas être capable de protéger l’homme qu’il aime.

« Qu’est-ce que tu… »

Il voit Mutt se trainer à l’arrière et récupérer une sorte de trousse de secours. Ouais, Klaus aurait probablement dû en passer par là, mais il était définitivement trop con.

« Attends… », dit-il en réprimant ses sanglots. Il arrête la Jeep après un moment, quand il se pense suffisamment à couvert pour que le véhicule ne soit pas la cible d’assauts ennemis. Une fois le véhicule arrêté, il se précipite. « J’ai déjà dû réparer des plaies plus profondes avec les moyens du bord, ça va le faire, t’inquiète. » Pour une fois, il ne sera peut-être pas un boulet inutile que Mutt se coltine à la cheville.  « Je suis désolé, je fais tout dans le désordre, mais je peux te sortir de là, promis. » Il baisse les yeux. « T’es mal tombé, hein… », il ajoute en s’appliquant à désinfecter sa plaie avec le produit qu’il reconnaît être le bon. « Je suis même pas fichu de t’aider comme je le devrais. »

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feat. Mutt

Klaus se sent au bord de la crise de nerf. Il ne peut pas garder son calme alors qu’il sent que l’homme qu’il aime est en souffrance, et alors qu’il fait face à sa propres impuissance, à son incapacité totale à lui venir en aide et à le soigner. Il le veut, pourtant, c’est même tout ce qu’il demande, mais il n’y p arvient pas. Il en tremble d’angoisse… Il veut être fort pour eux deux, mais il a l’impression que chacune de ses tentatives est en réalité plus désastreuse que la précédente. Et ce n’est sans doute pas qu’une impression. Dans ces circonstances, il est juste… perdu… plus perdu que jamais.

Il ne parvient à se ressaisir qu’au moment de sentir les doigts de Mutt se poser sur son visage. Prétendre qu’il est totalement rassuré serait mentir, mais grâce à lui, en plongeant son regard dans le sien, il parvient à prendre de grandes inspirations, et de longues inspirations. Certes, il s’en veut, car ce n’est pas à lui de jouer celui qui rassure… Mutt parvient si bien à le rassurer, et lui, en retour, a l’impression très nette de ne jamais y parvenir. Mutt dit lui faire confiance… Mais Klaus, qui ne sait rien et ne maîtrise rien. En cet instant, il sait pertinemment que sa seule certitude, c’est ses sentiments, impérissables, pour l’homme qui se trouve sous ses yeux.

« Je t’aime aussi », répond Klaus entre deux baisers humides et brûlants…

Même si même une fois ces déclarations terminées, il continue de considérer que les choses ont très peu de chan ces d’aller bien, et qu’il ne maîtrise rien. Cela dit, il a cessé de trembler de manière incontrôlée… Et sur ce point, on peut admettre que c’est une bonne idée. Et quand Mutt évoque le fait qu’il se serait laissé flinguer pas plus tard qu’il y a quelques minutes, Klaus est loin de se sentir réconforté… au contraire. L’idée de perdre Mutt est si puissante et angoissante qu’elle brouille tous ses récepteurs.

« Et ouais, merdique, c’est le cas de le dire. » Il soupire et s’applique à soigner Mutt du mieux qu’il le peut, avec les moyens du bord… Ce n’est pas comme si la situation pouvait être vraiment pire, après tout. « Tu crois qu’on va finir par rentrer chez nous, comme d’habitude ? Ou bien on va rester coincés là… »

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feat. Mutt

Bien sûr que Mutt n’en sait rien. Bien sûr qu’il ne peut pas savoir plus que lui s’ils parviendront à se tirer de ce merdier, s’ils réussiront à rentrer chez eux, enfin. Il n’a aucun moyen de le savoir… Mais peu importe. Il n’attend pas de l’homme qu’il aime, en cet instant, qu’il ait la réponse à tout et sache précisément ce qui les attendra à l’avenir. Il attend juste d’être réconforté, autant que possible. Il attend de puiser de l’espoir et de la tendresse dans le regard et dans la voix de son époux, car ce n’est que de cette manière qu’il parviendra à redresser la tête et à se sentir mieux. Il sait que sur un point au moins, ils ont une certitude, et c’est que l’essentiel est qu’ils restent ensemble, autant que possible.

Oui, trouver un endroit où se planquer et attendre que ça passe, patienter jusqu’au bout, c’est le plan le plus sûr qu’ils ont… Bon, un plan malgré tout bancal, parce qu’on va pas se mentir, trouver une planque providentielle dans un pays en guerre qu’on ne connaît qu’à travers le prisme de souvenirs traumatisants, c’est pas exactement l’idéal. Ils fuiront, voilà ce qu’ils feront…

« Ce que tu ferais pas pour me retirer mes vêtements », il répond avec un sourire en coin quand Mutt suggère qu’ils retirent leurs uniformes, tous les deux.

Ce serait pas mal pour faire profil bas, le souci, comme le fait remarquer Mutt lui-même, c’est qu’ils ont clairement pas des gueules de locaux tous les deux. Alors non… Le plus simple, c’est encore de poursuivre leurs plans, et c’est tout.  

« T’inquiète pas pour ça, empêcher les gens de s’ennuyer et de roupiller, c’est une seconde nature pour moi », affirme Klaus, une fois qu’il a fini de soigner Mutt, avant de se réinstaller au poste de conducteur (parce qu’ils ne doivent absolument pas perdre davantage de temps). « Tu veux que je te chante une chanson ? Pas une berceuse, hein ? Ou bien je peux te raconter des blagues, j’en ai une ou deux en réserve, tor-dantes », il ajoute en espérant le dérider autant que possible, et surtout permettre à Mutt de lutter une bonne fois pour toutes contre la fatigue galopante qui pourrait bien empiéter sur le meilleur de lui-même.

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feat. Mutt

« Je suis sûr que je peux deviner », répond Klaus avec un sourire sans équivoque au coin des lèvres quand Mutt lui demande à quoi il peut bien penser, là, tout de suite. Dans ces circonstances, les pensées obscènes n’ont en réalité pas lieu d’être, en revanche, les blagues graveleuses à ce sujet sont plus que jamais indispensables. C’est ce qui les aide à tenir la route dans les situations les plus insurmontables et les plus désastreuses… et c’est ce à quoi ils doivent se raccrocher, envers et contre tout. « Ah non, j’avais pas deviné », achève-t-il de plaisanter quand Mutt lui affirme que non, ses pensées n’ont rien à voir avec l’image de lui en militaire sexy… quoique.

Le sourire de Klaus cède la place à une expression légèrement plus sérieuse quand Mutt ajoute que tous les deux, ils s’en sortent toujours, et qu’il n’y a pas de raisons pour que cela change. C’est la vérité, bien sûr. C’est même certain. C’est la vérité. Ils ont tant subi, ils ont tant vécu et enduré… Ce n’est pas dans ces circonstances, pas plus que dans n’importe quelles autres, qu’ils lâcheront l’affaire. Après tout, Klaus est immortel, même la mort ne peut pas vouloir de lui, il en est hors de question. Il ne sait pas exactement comment ils se tireront de là, ni dans quel état, mais ça arrivera. Ça arrivera. Et il y aura d’autres fois, où leurs vies et leur amour seront de nouveau mis à rude épreuve, parce que c’est comme ça que les choses fonctionnent. Il est trop tard dans tous les cas.

Alors, en attendant les lendemains meilleurs, et que les choses aillent bel et bien mieux, ils se racontent des blagues, ils détendent l’atmosphère… La blague que prononce Mutt, et qui lui ressemble bien (qui d’autre axerait la quasi-totalité de ses blagues sur les motos ?).

« C’est l’une des pires blagues que j’ai jamais entendu, Mutty », affirme Klaus, ce qui ne l’empêche pas de se marrer très franchement. Ils ont le même humour. C’est la moindre des choses qu’ils ont en commun – beaucoup de choses.

« Bon, à moi attends, attends.. C’est deux œufs qui discutent. Le premier œuf demande à l’autre : Pourquoi t’es tout vert et aussi poilu ? Ben parce que j’suis un kiwi, ducon. Alors y a aussi la version pourquoi t’es tout rose et poilu, je te laisse deviner la suite. »