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feat. Mutty

Mutt ne comprend pas… évidemment qu’il ne comprend pas. Il est encore en plein dans son délire, et parce qu’il est encore en plein dedans, il réussit à justifier ce qui ne devrait l’être sous aucun prétexte. Bien sûr que non, il n’a pas fait ça pour le protéger, ou pas uniquement. C’est ce qu’il y a à la surface, ça, mais ce qui a motivé les actions de Mutt, c’est clairement quelque chose de beaucoup plus complexe, de beaucoup plus insidieux que ça, et c’est honnêtement ce qui inquiète Klaus en cet instant… ce quelque chose tapi au plus profond de lui, et qui ne réussit à s’exprimer que de la pire manière possible. Klaus n’en veut même pas à son petit ami d’avoir réagi comme ça, il est plus inquiet qu’autre chose, en fait. Pas des représailles éventuelles de Monty (parce qu’il y en aurait forcément), mais de ce que ça dit des démons de Mutt, que ce dernier réussit à faire passer pour autre chose… sauf que là, c’est trop gros… C’est le propre de leur relation, plus elle progresse, plus ils se dévoilent l’un à l’autre, plus ils se connaissent en profondeur, ce qui veut dire faire face à leur noirceur respective. Sauf que Klaus a l’impression que sa présence justifie cette noirceur chez Mutt, pour l’heure, alors qu’il devrait apporter un peu de lumière dans ses ténèbres. Enfin, pour que Mutt le comprenne, ça, il faudrait déjà qu’il redescende et prenne pleinement conscience de ce qui vient de se passer, parce que pour le moment, c’est clairement pas le cas.

Non, évidemment que toute cette situation ne va pas leur éviter des emmerdes, ça va être encore pire, et non, évidemment qu’il ne va pas prendre la défense de ce connard fini, mais il ne va pas non plus accepter tout et n’importe quoi, pour ce qui est des saloperies qu’il a pu faire ou non… Klaus s’apprête à lui dire que Monty n’est PAS Jackson, mais Mutt lui retire presque les mots de la bouche quand il compare les deux situations, mettant précisément le doigt sur ce qui ne va pas, justement. Mais plus il s’emballe, plus il doit s’en rendre compte, et oui, c’est le cas. Les dernières paroles qu’il formule, non, qu’il hurle en disent terriblement long et effacent définitivement tout substrat de colère que Klaus pourrait bien ressentir. Non, il n’en veut pas à Mutt, en revanche, il a peur pour lui, là.

« Dis pas de conneries, évidemment qu’il fallait que je vienne. » Klaus écrase sa cigarette au sol et se rapproche pour serrer ses mains dans celles de Mutt, en espérant qu’il ne lui refuse pas ce geste. Ses bras son terriblement tremblants. L’effet du manque, du stress, de l’inquiétude. Trop de sentiments, tous plus violent que le précédent. « Ecoute… C’est fait, maintenant, et on peut pas revenir dessus. Mais Mutty... C’est pas en s’en prenant à ce type ou à tous ces connards qui ressembleront de près ou de loin à Jackson que t’arrêteras d’avoir… peur. » Il hésite à prononcer ce mot de crainte que Mutt se braque, mais tant pis, pour lui, c’est le terme. Son comportement, c’est la marque d’une peur ancienne, enfouie, viscérale. « S’il te plaît, je veux que tu voies quelqu’un, promets-moi que tu vas voir quelqu’un. Je supporte pas de te voir comme ça. »

Ils doivent travailler sur eux-mêmes, autant l’un que l’autre, et se soutenir dans l’épreuve, c’est une évidence, mais Klaus n’est pas de taille pour aider Mutt à se libérer de ses démons. Il le voudrait, vraiment, mais il ne se voit pas être en mesure de faire quoi que ce soit. C’est le travail d’un professionnel, ça, très clairement.

« Viens, on y va. »

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D’accord, il n’a pas envie d’en parler, c’est peut-être pas l’endroit, peut-être pas le moment. En même temps, est-ce qu’il y a vraiment un endroit ou un moment pour ça ? Probablement que non, au bout du compte, et même si c’est compliqué, même si c’est dur pour l’un comme ça l’est pour l’autre, faut que ça sorte, faut que ce soit dit. Ils ont tellement de démons à exorciser tous les deux que cesser pour de bon d’être hantés semble être une entreprise impossible, pourtant il faudra bien qu’ils y parviennent, d’une manière ou d’une autre. Quand Mutt repose les yeux sur Klaus, son regard est humide. Klaus déteste ça, mais en même temps, il a le sentiment qu’il a compris, ou au moins en partie. Oui, il faut qu’il aille voir quelqu’un : Klaus ne le lui suggère pas pour l’emmerder, vraiment pas, juste parce qu’il se voit pas faire autrement que d’insister sur ce point. Ce qui vient de se passer est trop grave, et c’est évident que ça se reproduira, encore et encore, s’ils ne font rien.

Oui, il a du mal à en parler, mais il a réussi à s’ouvrir, à accepter de ne plus refouler ces souvenirs, et maintenant que c’est fait, il faut que quelqu’un l’aide à décider de quoi faire de ces émotions qu’il a trop longtemps enterrées. Klaus voudrait être ce quelqu’un, mais il n’a pas un tel pouvoir. Ça doit venir de son petit ami, ce n’est pas possible autrement. Il finit par accepter, et Klaus répond juste par un sourire. Ils ne veulent plus jamais se faire du mal, ni l’un ni l’autre, pour autant, c’est probablement ce qui continuera d’arriver… Malgré tout, ils peuvent essayer de limiter la casse autant que possible.

Allez, autant laisser ce sujet de côté et se dépêcher de faire cette fichue prise de sang. Klaus tente vaguement d’adresser un sourire qui signifierait « C’est rien » à Mutt quand ce dernier lui fait remarquer qu’il a pas l’air bien, mais il suppose que c’est un peu trop flagrant. Comme si son corps refusait de l’écouter un tant soit peu, il ne parvient pas à contrôler ses tremblements. Et en parallèle menace un terrible mal de crâne qui n’arrange rien. Il ne veut pas que Mutt, en plus du reste, s’inquiète de son état mais… il n’arrive pas à lui cacher l’état en question. Il ne proteste pas quand Mutt passe son bras sous le sien pour rejoindre le centre hospitalier. Klaus meurt d’envie de fuir à toutes jambe. Il ne peut s’empêcher de songer à la perspective du pire, aux merdes qu’il se trimballe et aura éventuellement transmis à Mutt, sans oublier que ce genre d’endroits lui fichent une nausée terrible à présent. Sans oublier non plus que dans l’état où il est, il a peur qu’en rentrant, on ne le laisse pas ressortir. Et puis, sobre depuis moins de vingt-quatre heures, il n’ose imaginer le nombre de merdes dans son organisme. En temps normal, il s’en foutrait… mais là, il ne le peut pas, il ne le peut pas parce que c’est pas juste ses affaires, ces histoires. Une fois installés, leurs formulaires à la main, Klaus peine déjà à écrire son nom et son prénom tellement ses mains tremblent.

« Fais chier… », soupire-t-il pour lui-même. « Ouais je… ouais, d’accord… »

Et commence alors pour lui l’énumération pénible et laborieuse de toutes les substances qui a pu consommer dernièrement… et autant dire que ça déconne pas. Un vrai cocktail d’opiacées en tout genre… Il n’ose même pas regarder Mutt quand il arrive au bout de ses paroles, à la place, il a le regard concentré sur ses mains qu’il garde maintenues l’une dans l’autre pour calmer ses tremblement incontrôlés.

« Mutt… je suis vraiment désolé… Si je t’ai refilé, je sais pas quoi… je me pardonnerais pas de t’avoir fait ça », finit-il par dire, incapable de garder cette pensée plus longtemps pour lui, même s’il le devrait sans doute.

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Il a l’impression qu’on l’a plongé tout entier dans un bain glacé. Il a beau lutter, il a beau s’escrimer, rien ni fait, le froid et les tremblements persistent. Est-ce qu’il a de la fièvre, par-dessus le marché ? Honnêtement, il n’en sait rien, c’est compliqué d’être à la foi si conscient de son corps, et en même temps si détaché de lui-même. Les tremblements ne cessent pas, et plus son stress augmente, plus il sent la crise d’angoisse le guetter. A l’évidence, c’est la dernière chose dont ils aient besoin, là, tout de suite… Mais difficile de ne pas se laisser gagner par la culpabilité en plus de tout le reste. Il n’y a aucun jugement chez Mutt quand ce dernier assimile les informations qu’il lui donne, mesure toute l’ampleur de ses addictions, n’empêche que Klaus aurait envie de s’enterrer six pieds sous terre, là, tout de suite. Parce que dans le fond, il en prend conscience presque en même temps que lui… Quand on a le nez dedans (presque sans mauvais jeu de mot), c’est facile de pas se rendre compte dans quelle merde on s’est fourré.

Les paroles de Mutt réussissent à le réconforter malgré tout… Parce qu’il est compréhensif, parce qu’il lui promet de rester à ses côtés, et que ses galères seront aussi les siennes, et quand il le dit, il est bien incapable de ne pas le croire Et oui, il a raison, évidemment. Comme Klaus est bien décidé à ne plus jamais abandonner Klaus, quoi qu’il advienne. Il ne supportera pas d’être séparé de Mutt, il l’aime beaucoup trop, de toute son âme, de toutes ses forces, et c’est l’amour qu’ils se portent mutuellement qui leur permettront de dépasser toutes les épreuves, même celles qui, sur le moment, lui semblent insurmontable.

« D’accord, d’accord… ça va aller de toute façon, hein ? »

Klaus rit terriblement nerveusement alors que la porte s’ouvre. Mutt suggère d’office qu’ils entrent ensemble. Klaus le remercie silencieusement, il n’est pas sûr qu’il aurait été capable tout seul… Déjà là, il ne cesse de vouloir faire demi-tour. Tandis qu’il attend son propre passage, il est incapable de tenir en place. Il agite les jambes si fort qu’il doit stresser tout le monde autour de lui, tant pis. Il n’ose pas regarder l’infirmière qui inspecte son formulaire, pourtant, elle ne fait aucun commentaire. Dans le fond, elle est très probablement habituée.

Quand vient son tour, il a les larmes aux yeux, il tient si fort la main de Mutt dans la sienne qu’il a l’impression qu’il va l’écraser.

« Faut qu’on parte d’ici…. Mutty, faut qu’on parte d’ici, je veux pas rester. Je veux surtout pas ici !! » Il a les larmes aux yeux, il s’agite, sa parano au maximum, mais au moment de dire ces mots, il est déjà trop tard, et l’infirmière ne peut que lui assurer et lui répéter que c’est déjà fini. Quand il est enfin libéré…

Il se redresse d’un bond, enfile sa veste, agité comme si sa vie en dépendait.

« Me laisse pas ici… s’il te plaît, me laisse pas ici… »

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C’est complètement irrationnel, et ça le dépasse. Il ne fait vraiment pas exprès de paniquer comme ça, non, pas du tout, c’est quelque chose qui le prend aux tropes, c’est quelque chose qu’il ne décide pas, une angoisse qui s’empare de tout son être et qui devient plus forte que tout le reste, et il lui faut vraiment l’étreinte de Mutt pour parvenir à remettre les pieds sur terre. Même comme ça, ce n’est pas évident pour lui, il continue de trembler de tous ses membres, et la voix de Mutt lui paraît particulièrement lointaine. Malgré tout, il sait qu’il a fait ce qu’il fallait, et il est quand même soulagé d’être allé au bout de la prise de sang sans tout foutre en l’air… Les infirmiers ont l’air particulièrement calmes, mais en même temps, ils doivent être habitués. Tant mieux… Leur présence rationnelle et tout le réconfort que lui apporte Mutt lui permet quand même de remettre ses angoisses en question et d’admettre qu’elles n’oublient pas d’être parfaitement irrationnelles. Il ne peut pas se contenter d’agir de cette manière, c’est évidemment ridicule, et ce n’est pas comme s’il n’en avait pas au moins un peu conscience. Petit à petit, grâce aux paroles de Mutt, il parvient quand même à se calmer.

Quand ils sont à nouveau dehors, Klaus se sent déjà un peu plus de retour dans le moment, mais pas complètement non plus, il a l’impression de, naturellement, se distancier de l’instant, comme s’il ne savait tout bonnement pas faire autrement parce qu’il ne sait effectivement pas faire autrement. Malgré tout, ça finit par aller mieux… Mutt sait prendre les choses en main pour eux deux, et la cigarette qu’il se grille direct à la sortie aide aussi. Manger, ce sera pas mal aussi, effectivement… et même s’il est pas très à l’aise avec l’idée de prendre n’importe quel médicament (qu’il associe trop naturellement avec une potentielle dépendance, il admet que ce ne serait effectivement pas mal. Et il apprécie que Mutt se propose de passe à la pharmacie, il préfère ne pas y aller lui-même.

« On peut pas rentrer tout de suite ? La pharmacie, ça peut attendre, non ? Là je veux juste rentrer… et manger. J’ai super faim. »

Il peut se féliciter du fait que le plus dur est fait. En vérité, il serait bête de s’arrêter en si bon chemin, mais Klaus se sent complètement vidé.

« J’ai vraiment fait une scène, hein ? Par… Non je sais, j’ai pas besoin de m’excuser, pas vrai ? Mais je… ça m’arrive des fois de… je sais pas comment expliquer, c’est comme si quelqu’un d’autre prenait le contrôle de mon corps. »

Et c’est aussi ce qui lui était arrivé cette fameuse fois, à l’hôpital, qu’il préfère malgré tout ne surtout pas évoquer. Klaus finit sa cigarette et se rapproche de Mutt et le prend dans ses bras.

« Viens, on rentre, s’il te plaît, ça suffit comme ça », ajoute-t-elle d’un ton qu’il veut tout ce qu’il y a de plus décidé.

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Klaus ne peut s’empêcher de se sentir terriblement soulagé au moment d’entendre Mutt lui confirmer qu’il accepte bel et bien qu’ils rentrent. Ce n’est pas forcément l’attitude la plus responsable à avoir, et peut-être qu’elle regrettera plus tard de ne pas avoir pris le temps de se procurer un médicament qui lui permettrait de se sentir mieux, mais il est incapable de le voir ainsi pour le moment. Il essuie un peu trop violemment le contrecoup du stress, de l’angoisse… et du manque (et les trois sont encore plus intrinsèquement liés que Klaus ne peut l’imaginer en vérité). Oui, peut-être qu’il serait mieux de passer par cette dernière étape avant de rentrer, mais Klaus pense être venu à bout de ce qu’il pense être capable de faire, on ne peut pas en attendre davantage de sa part à l’heure actuelle. Non, il n’y arrivera tout simplement pas. Et cela, Mutt l’a bien compris, ce qui rassure très largement Klaus qui ne demande rien plus que de rentrer chez lui une bonne fois pour toutes et de ne plus y penser, ne surtout plus y penser quoi qu’il en soit.

Oui, ils vont rentrer. Et ils vont manger, surtout. La faim ne doit pas aider non plus. Klaus a un peu le sentiment qu’ils parlent de ce fichu petit déjeuner depuis des heures et des heures (sans doute parce que c’est bel et bien le cas), alors il est plus que temps de laisser ça derrière eux et de penser à autre chose, pas vrai.

Klaus hoche la tête, il ne peut qu’approuver Mutt quand ce dernier remarque qu’ils peuvent être fiers d’eux : oui, ils peuvent l’être en effet. Ils ont réussi et accompli beaucoup en peu de temps… Bon, ils ont aussi réussi à faire de sacrées conneries dans le même temps, mais Klaus arrive à effacer, du moins un peu l’épisode des fausses déclarations de son petit ami… Il s’en inquiétera plus tard, mais oui, au bout du compte, ils se connaissent bien, tous les deux… Et ils ne sont pas si différents tous les deux : sous l’effet de la peur, et de ce qu’ils ne contrôlent pas, ils sont capables de faire de vraies conneries. Ils ont l’un et l’autre de très sérieux traumas à gérer, et ça ne se résoudra pas aussi vite, ça il ne faut pas y compter.

« Manger plus diet à partir de demain… c’est la chose la moins sexy que t’aies jamais dite », le chambre gentiment Klaus ui, en vérité, est plutôt d’accord avec le fait qu’adopter un mode de vie plus sain, notamment dans leur alimentation ne leur ferait certainement pas de mal. Ils ont pas mal de choses à faire, mais ils s’améliorent, petit à petit. Et parfois, ils sont même capables d’apprendre de leurs erreurs… du moins un petit peu.

Une fois rentrés, avec toute la nourriture dont ils ont besoin, Klaus ressent un agréable sentiment de soulagement, comme s’il pouvait enfin relâcher la pression, se délester d’un fardeau qui était devenu beaucoup trop grand pour elle, au point d’en être positivement insupportable. Le long baiser que Mutt lui adresse fait aussi son petit effet, il faut bien le dire. Il n’attend pas que Klaus lui suggère de manger pour mordre allègrement dans un burger : clairement, il avait eu besoin de ça, terriblement besoin de ça. Manger lui fait du bien.

« Je te le dis, promis. Mais pour l’instant, mon remède, c’est ce putain de burger. Je te jure, je crois que c’est le meilleur que j’ai jamais mangé. »

Il n’a pas envie de revenir sur ces histoires de médocs, pas tout de suite. Oui, il sait, évidemment que ça lui fera du bien, mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, il ne se sent juste pas capable de faire quoi que ce soit dans ce sens. Plus tard, peut-être, mais pas tout de suite. Définitivement pas tout de suite.

« Merci… t’inquiète, on est pas obligés d’en parler du tout si tu veux, mais… c’est bien que tu le reconnaisses…. Toi la thérapie, moi les médocs. On va être les mecs les plus en forme et les plus équilibrés du monde nous remercieront. » Tant qu’ils ne remettent pas ça constamment à plus tard, même si ce n’est pas gagné. « Quoi que je suis pas sûr que tout ce que j’ai l’intention de te faire dans tous les coins de cet appartement puisse être considéré comme quelque chose de sain », ajoute-t-il avec un sourire éloquent au coin des lèvres.

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« Tu sais que tu serais sexy même avec une brioche de daddy ? Et ça fait plus à aimer, en plus ! Commence pas à suggérer qu’on doit s’entretenir l’un pour l’autre, parce qu’il est hors de question que je me mette à la gonflette », répond Klaus qui, en vérité, même s’il trouve très clairement Mutt à son goût comme il est à l’instant T, est tout aussi convaincu qu’il continuerait de le trouver diablement sexy même avec vingt kilos de plus. Il l’aime de toute façon à un point tel qu’il n’y aurait absolument rien au monde qui pourrait faire qu’il l’aime moins. Non, ça lui semble physiquement impossible. Ils sont beaucoup trop attachés l’un à l’autre, un point c’est tout.

De toute façon, pour l’heure, rien n’aurait su plus le satisfaire – en dehors de la présence de Mutt – que la présence de ce burger ô combien gras. Il l’accueille comme une bénédiction. C’est que clairement, les émotions qu’ils ont traversé ont rendu ce festin de junk-food non seulement agréable, mais surtout indispensable. Klaus ne peut que sourire quand Mutt ajoute qu’il se fiche bien de ce que n’importe qui peut penser tant qu’ils sont ensemble. Klaus, tandis qu’il se love tout contre lui, ne peut qu’être du même avis. La seule chose qui lui importe en cet instant, c’est la présence de Mutt, dont il ne veut plus jamais avoir à se priver, et ça quoi qu’il advienne. Après tout ce qu’ils ont traversé, de toute façon, Klaus est incapable de voir ce qui pourrait encore être susceptible de les séparer.

« Le plus simple c’est de te montrer », répond Klaus avec un sourire en coin quand Mutt lui demande ce qu’il a envie de lui faire (tellement, tellement de choses), mais il ne s’exécute pas directement, parce qu’il a encore un burger à la main, l’air de rien, et que s’il sent s’éveiller en lui bien des appétits, la faim la plus littérale prend le dessus pour le moment.

Klaus s’apprête à mordre une nouvelle fois dans son burger et se marre franchement quand Mutt lui fait remarquer qu’ils ont parlé de vivre constamment à poil à l’appartement. Quelque part, ça leur fera gagner du temps. Il ne faut pas le prier pour que Klaus pose son burger et se mette à poil lui aussi. L’instant d’après, ils sont lovés sur le canapé, leurs peaux collées l’une contre l’autre, installés tranquillement sous un plaid, Klaus finit son burger, sourit à la remarque de Mutt quand il observe que s’il doit en faire tomber sur lui, ce ne sera pas bien grave (ça donne un peu envie d’en faire tomber exprès, on ne va pas se mentir). Puis il savoure, apaisé. Quand les mots doux de Mutt lui parviennent à l’oreille, plus rien d’autre ne compte. Il ne pense plus à l’agression de ce crevard de Monty, il ne pense plus aux mensonges de Mutt au commissariat, il ne pense plus aux résultats de leur prise de sang, qu’ils doivent recevoir dans la soirée. Il n’y a plus qu’eux deux, et absolument rien d’autre.

Lui aussi, la seule chose qu’il veuille, c’est garder Mutt auprès de lui, quoi qu’il advienne, peu importe les circonstances. Et les paroles qu’il lui adresse, il les accueille avec le cœur battant. Ce n’est pas trop, pas exagéré, pas à ses yeux. Mutt est l’homme de sa vie. Et il l’aime si fort qu’il ne sait même pas trouver les mots pour le lui dire. Il a les yeux humides quand il entend Mutt lui parler de cette manière, et il aimerait pouvoir l’exprimer aussi bien que l’homme qu’il aime le fait lui-même.

« On était faits pour se rencontrer. Ça aurait pu avoir lieu ici ou dans je sais pas quelle dimension, dans ton époque ou dans la mienne, on se serait rencontrés dans tous les cas, et peu importe ce qui nous arrive, on se retrouvera toujours. » Klaus rapproche ses lèvres de celles de Mutt et les embrasse avec la plus grande passion. « T’es mon âme sœur, Mutty. Si t’es pas là, je suis que la moitié de moi. »

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« Ton corps sera toujours un corps de rêve puisque ce sera le corps de mes rêves », répond Klaus avec un grand sourire, parce que les paroles que Mutt lui adresse vont évidemment dans les deux sens. Tout comme Mutt assure qu’il aimera toujours Klaus, peu importe ce à quoi il pourra bien ressembler, c’est pareil pour Klaus. Il se ficherait bien qu’il fasse le triple de volume, ou soit maigre comme un cure-dents, ça resterait son Mutty, rien qu’à lui, et c’est très clairement la seule chose qui compte à ses yeux, et aucune autre ne saurait importer davantage, à l’évidence.

Mais évidemment, il ne va pas criser sous le prétexte que Mutt veut se remettre au sport si ça peut lui faire du bien (même si avec tout le sport de chambre qu’ils font, on ne peut pas prétendre qu’ils ne brûlent pas de calories, tous les deux). Enfin, pour l’instant, il n’est de toute façon plus question de bouger d’ici, et c’est tant mieux, parce qu’il n’y a rien de mieux que de rester dans les bras l’un de l’autre. Et clairement, ils n’y vont pas de main morte en matière de grandes déclarations. On pourrait même dire qu’ils exagèrent largement et qu’ils devraient peut-être mettre leurs émotions en sourdine tant ces dernières semblaient disproportionnées. Mais ce n’est pas leur faute si elles sont réelles malgré tout, pas vrai ? Jamais, non.

Le cœur de Klaus se serre légèrement en entendant Mutt remettre en question son discours, alors qu’il affirme qu’ils se seraient trouvés quoi qu’il arrive, peu importe la dimension. Sans doute qu’il a raison mais… Klaus aime se dire qu’ils sont destinés l’un à l’autre, que c’est une chose à laquelle ils ne peuvent pas échapper, tout simplement. Ils étaient prédestinés, et se retrouver sur cette île maudite, si ça veut dire se retrouver ensemble, c’est sûrement la meilleure chose qui pouvait leur arriver au bout du compte.

Il ne dit rien quand Mutt lui demande s’il s’est déjà demandé ce qui se passerait s’ils retournaient d’où ils venaient. Il y a déjà pensé, et il n’a pas envie de l’envisager. Il sait que certains sont prêts à faire des pieds et des mains pour s’en aller d’ici, ne veulent rien davantage que de disparaître le plus loin possible, mais ce n’est clairement pas son cas, ça non. Bien au contraire. Ici, il est convaincu que tous ses frères et sœurs sont là, même ceux qu’il n’a pas encore retrouvés, ici, Ben est en vie, ici il a Mutt. Pourquoi est-ce qu’il pourrait bien vouloir être où que ce soit ailleurs ? Non, ce n’est tout simplement pas concevable. Oui, il y a pensé, mais il ne veut pas y penser. La première fois que son cœur s’est brisé, il a eu le sentiment qu’il en mourrait de douleur. Cette fois, avec Mutt, il est sûr et certain qu’il en mourrait tout court, et il s’en fiche que ça ait l’air beaucoup trop dramatique.

« T’as intérêt à tenir ta promesse, si ça doit être le cas », il répond avec un fin sourire, les yeux brillant d’émotion. « Mais ça arrivera pas. On va rester ici, puis un de ces jours, on retrouvera toute ta famille, qui doit être ici, comme la mienne est ici, et on sera heureux tous ensemble. Et en attendant d’être heureux tous ensemble, on sera heureux juste à deux. » Klaus rend son baiser à Mutt. « Je t’aime aussi. »

De l’extérieur, ils ont sans doute l’air niais, de l’intérieur, ils vivent juste une relation si juste, si profonde, si parfaite qu’elle les porte vers les extrêmes les plus brutaux… et au final, y a pas de mal à ça, pas vrai ?

Et parce qu’ils sont eux, il ne faut pas grand-chose ni pas longtemps pour que la température monte rapidement en flèche. Quand la main de Mutt vient se glisser entre ses jambes, Klaus se révèle plus que réceptif.

« Vas-y dis-moi, c’est quoi ta petite idée », dit-il en étant convaincu que, dans tous les cas, elle lui plaira forcément, parce qu’ils commencent à bien se connaître, et que dans ce domaine, ils ne reculent pas devant grand-chose (même s’ils auraient dû reculer devant certaine).

L’une des dernières idées de Mutt – celle de leur faire prendre du V – n’avait pas été des plus glorieuses, il est vrai. Mais cette fois, ça se passerait forcément mieux, pas vrai ?

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Klaus, à imaginer les pauvres bougres qui tomberaient sur leurs deux corps nus, enlacés et à l’expression encore crispée d’extase alors qu’ils seraient morts d’un commun orgasme, ne peut s’empêcher d’en rire franchement. Non, définitivement, ce serait loin, très loin, d’être la pire manière de mourir. Mais bon, ils vont se l’épargner quand même,  pas vrai ? Tant qu’à faire, Klaus estime qu’ils ont largement mieux à faire que de partir si vite. La vie ne lui a jamais semblé aussi nécessaire, aussi agréable et aussi précieuse que depuis que Mutt est entré dans sa vie, et pour cette raison, il est bien décidé à la vivre à fond, et ça quoi qu’il puisse bien advenir. Et vivre à fond, non, ce n’est pas consommer et se consumer, il ne l’a jamais fait à ce titre, d’ailleurs. Seulement dans l’intention de faire disparaître les fantômes, ce que la compagnie de Mutt fait tout aussi efficacement, même papy Jones, pour la peine, évite de les déranger la plupart du temps… enfin, pas tout le temps non plus.

« Je suis heureux », confirme Klaus avec un sourire.

Et c’est la pure et stricte vérité. Oui, il y aurait encore des moments compliqués, c’était évident, mais l’un dans l’autre, il est convaincu que la compagnie de Mutt et tout le bien qu’il lui apporte compensera toujours tout le reste. Ils ne sont pas au bout de leurs peines, les deux, c’est absolument certain, mais ils s’en sortiront forcément, ils ne peuvent que s’en sortir. D’autant qu’ils le doivent. Ce n’est pas juste un constat, c’est une obligation, quelque part. Il se contente de hocher la tête quand Mutt lui dit de ne pas le laisser lui faire du mal, il a envie de répondre « aucune chance », mais ce serait quand même mentir, pas vrai ? Oui, c’est même certain. Oui, il sait que Mutt peut parfois jouer aux cons, il l’a encore prouvé tout à l’heure à la gendarmerie, mais il sait aussi ce que ce caractère recèle, et le simple fait qu’il soit capable de s’en rendre compte en cet instant en dit long sur ce qui a bien pu changer en lui.

« Carrément ! » confirme Klaus quand Mutt lui propose une cigarette. Il ne risque pas de dire non. Quand son corps se remettra doucement de la surconsommation de psychotropes en tous genres, ses poumons ne le remercieront pas pour la surcompensation en tabac, mais en attendant, ça lui fait clairement du bien. C’est la clope au bec qu’il se prête au jeu de la liste avec Mutt. « Faut qu’on s’achète un kamasutra gay, et tous les jours, on essaie une nouvelle position jusqu’à ce qu’on les ait toutes faites », suggère-t-il, absolument fier de cette idée. « Enfin, on est pas obligé de s’arrêter à une par jour, trois ou quatre, c’est bien aussi. » Et en effet, au pire, si ça marche pas, ils se seront effectivement bien marrés. « Les jeux de rôle, c’est sympa, mais le coup du vendeur d’assurances, je devais faire des efforts pour trouver sexy. Par contre le coup du plombier ou du livreur de pizza, y a matière à trouver quelque chose de sympa. Pour les lieux j’ai déjà ma liste en tête. Enfin, j’ai peut-être pris un peu d’avance… » Il prend une grande inspiration avant de réciter la liste des lieux en question, comme s’il était en train de chanter une chanson qu’il connaîtrait par cœur. « Les toilettes d’un avion, un ascenseur – enfin ça j’ai déjà fait à moitié mais –, une piscine municipale, le cinéma… raaah, je suis sûr que j’en oublie ! Ah et oui, la cabine d’essayage, ça compte qu’à un quart. » Il sourit. « Ça va, Peter a l’air de s’être remis, non, de toute façon ? » Il reprend, comme si de rien n’était. « Faut aussi faire une liste d’objets à utiliser. »

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« Évidemment que ça existe ! Tu crois qu’on allait nous laisser sur le bas-côté ? » répond Klaus avec un sourire en coin quand il fait découvrir l’existence d’un kamasutra gay à Mutt.

En vérité, ils y gagneraient sans doute à chercher sur le net, mais ça fait assez marrer Klaus d’avoir ce genre de bouquin sur leur table de nuit, écorné, noté et annoté, comme d’autres gardaient leur Bible à côté d’eux dans les mêmes conditions. Il faut dire que ce bouquin avait de très bonnes chances de devenir leur Bible, donc… Et oui, évidemment, ils se fixeraient des objectifs. Mutt aime les challenges, Klaus aussi, ça tombe bien, et même s’il est suffisamment rassasié pour ne pas en redemander directement, on ne va pas se mentir, que Mutt lui promette de le faire jouir dans toutes les positions possibles, ça a quand même sacrément le don de l’émoustiller.

Pour ce qui est des jeux de rôle, Klaus ne peut s’empêcher de rire franchement quand Mutt remarque qu’il va l’obliger à jouer les livreurs de pompes funèbres avant de faire remarquer que le coup des assurances n’avait quand même pas eu l’air de lui déplaire.

« Tu sais que tu te pointerais en entrepreneur des pompes funèbres que j’aurais quand même envie de te sauter dessus ? Faut arrêter d’être aussi canon, c’est pas ma faute. » Bon, là où c’est sa faute, c’était de ne pas avoir remarqué que Mutt n’était pas Mutt, d’un autre côté, il se voit mal s’excuser d’avoir été attiré physiquement par le portrait craché de l’homme qu’il aime. « Mais t’as raison, le costume c’est genre vraiment, vraiment, vraiiiiment sexy », insiste-t-il lourdement.

Ceci dit, c’est quand même pas sa faute si c’est la vérité. Le costume va particulièrement à Mutt, même si, en toute contradiction, ça lui donne surtout envie de le lui arracher, mais ça, c’est autre chose encore.

Bref, ils passent aux différents lieux qu’ils pourraient explorer, et l’idée plaît vraiment bien à Klaus, et clairement, il y a déjà réfléchi. Bon, c’est vrai, l’avion c’est un peu mort, ici, mais c’est vrai que Mutt connaît (et s’entend vachement bien) avec un aviateur dont il avait déjà « emprunté » l’avion, une fois de plus, une fois de moins… Bon, ce qui serait idéal, c’est de le faire dans un avion en plein vol (Poe devrait proposer ça pour ses baptêmes de l’air, il se ferait de sacrées thunes), histoire de s’envoyer en l’air pour de vrai, mais ça, c’est un peu compromis, d’accord, d’accord.

« Je suis sûr qu’on peut s’arranger, pour l’avion. Pour l’ascenseur, je veux l’ascenseur de luxe, le truc de type hôtels hyper-chéros… d’ailleurs, je veux aussi qu’on le fasse un jour dans une chambre d’hôtel hyper-cheros, avec room-service et tout le bordel. La piscine et le ciné, je suis sûr qu’on peut réussir les deux sans se faire choper, pareil pour le taxi. Et du coup, la prochaine fois qu’on fait un resto, tu sais ce qui t’attend. »

Oui, ils discutent de tout ça avec beaucoup de sérieux, mais en même temps, étant donné l’importance que tient le sexe de leur relation (on va pas se mentir), autant prendre ça très au sérieux. Puis comme dirait un grand philosophe des temps modernes, y a pas de mal à se faire du bien, pas vrai ?

« La fac, c’est une putain de bonne idée… La plage aussi. » Il sourit et rend son baiser à Mutt. « N’arrête jamais d’avoir de l’imagination, s’il te plaît. »

Pour ce qui est de la cabine d’essayage, oui, il faudrait qu’ils essaient… dans de meilleures conditions. En vrai, il y a quelque chose que Klaus remarque, même s’il ne le dit pas à voix haute, et c’est que beaucoup de ces propositions impliquent le risque de se faire surprendre, pour quelqu’un qui se guérit encore de la peur du regard des autres quant à son orientation sexuelle, c’est clairement un putain de pas en avant.

« Ouais, le truc c’est que ça peut mal finir quand on se sert de truc pas prévu pour, le nombre de mecs qui se retrouvent avec des machins suspects coincés… Évidemment le dis pas que ça m’est déjà arrivé, hein », ajoute-t-il avec un sourire malicieux au coin des lèvres. « T’sais quoi ? Prochaines courses, on dévalise un sex shop, et on teste tout, tout, tout. »

Il sourit, ravi de leur petit programme avant de tirer sur sa clope une dernière fois avant de consentir à l’écraser dans le cendrier.

« J’ai pas beaucoup de doutes là-dessus », répond Klaus quand Mutt lui propose un massage. « Mais je te fais confiance, donne tout ce que t’as. T’as l’autorisation d’appuyer fort, et où tu veux. »

I love you more than my own life

feat. Mutty

Klaus affiche un grand sourire approbateur quand Mutt affirme qu’il va investir dans un costume. Très bien, très bien. Il ne fera peut-être pas long feu, et pas dit qu’il ait beaucoup d’occasion de le porter aux mariages ou entretiens d’embauche, mais Klaus lui trouvera le meilleur usage du monde… Non parce qu’une jolie chemise de costume tout propret, si on ne cherche pas à l’arracher en déshabillant son petit BCBG, on loupe forcément quelque chose. Il se mordille légèrement la lèvre inférieure quand Mutt ajoute qu’il pourra l’agripper par la cravate, de cette manière. Il ne faut pas le lui dire deux fois, ça. Klaus laisse clairement son imagination déborder, surtout qu’avec une simple cravate, il y a tout un tas de choses que l’on peut faire.

Le sourire de Klaus se change en moue faussement déçue quand Mutt lui assure que pour le hangar de Poe, c’est mort… Mouais, bon, c’est frustrant, mais soit. De toute façon, le hangar en question, c’est pas vraiment sexy en soi, c’est le fait de s’envoyer littéralement en l’air, qui l’est.

« Au pire on rentre en douce, on vole une clé et on fait notre affaire discrètement sans que personne n’en sache rien », suggère Klaus qui se prendrait presque pour un grand espion-cambrioleur, qui aurait vraiment les moyens de réussir un tel coup d’éclat quand Mutt suggère que la chambre d’hôtel, s’ils sont forcés de payer, ça risque d’être coton. « Le ciné, on peut y aller demain. Et ensuite on enchaîne avec le resto. » D’une pierre deux coups. Peut-être qu’il s’agirait de ne pas être trop exigeant ou gourmand d’un coup, mais ça, ce serait lui en demander beaucoup quand même. « Moi aussi je ferai tout ce que tu voudras, au pieu et n’importe où », répond Klaus avec un sourire après qu’il ait parlé de dévaliser un sex-shop, projet qu’il prend évidemment très au sérieux. « L’élève a dépassé le maître depuis un bail, tu le sais, ça ? T’es un putain de bon élève. »

Dans ce domaine, ça ne fait pas un pli. Même si Klaus n’a jamais vraiment eu le sentiment d’apprendre quoi que ce soit à Mutt. Peut-être lors de leur première fois, ouais, mais quand ils font l’amour, c’est quelque chose de fort, d’intuitif, qui ne se compare à aucune de ses expériences passées, donc le reste, naturellement, se dissipe et finit par ne plus exister, par ne plus compter. Tout ce qui importe, c’est cette connexion si forte, si puissante, entre eux. Et elle prend le pas su tout le reste.

Quand Mutt propose un massage à Klaus, ce dernier ne risque évidemment pas de refuser. Il sourit en coin quand Mutt observe qu’il a déjà envie de goûter à ses épaules avant de déposer un baiser au creux de sa nuque.

« Tu peux goûter tout ce que tu veux, tu sais », observe Klaus avec un fin sourire. « Je t’aime aussi, Mutty. »

Ça devait bien faire cinq minutes qu’ils se l’étaient pas dit, pas vrai ? Il était temps qu’ils le répètent. Klaus s’installe tranquillement sur le ventre, alors que Mutt ajoute qu’ils devraient réfléchir aux jeux qu’ils pourraient faire au lit.

« Genre des dés coquins ? Ou action et vérité ? La dernière fois qu’on y a joué je crois pas que ça t’ait réussi », remarque-t-il innocemment en redressant légèrement la tête.

I love you more than my own life

feat. Mutty

Klaus se contente d’afficher un sourire malicieux quand Mutt lui fait remarquer qu’il est sacrément gourmand, à vouloir dès le lendemain déjà rayer plusieurs suggestions de leur liste, mais en même temps, la vie est courte (et ils ne savent même pas à quel point) alors autant en profiter, pas vrai ? Pour le coup, il est super motivé, et il est convaincu que gourmant, Mutt l’est tout autant que lui, et que c’est même pour cette raison bien précise qu’ils se sont aussi bien trouvés tous les deux, si ça faisait déjà le moindre doute.

« T’en parles comme si ça allait être un problème pour moi », répond Klaus avec un sourire. « Je suis capable de tenir même sur un blockbuster de deux heures trente, tu sais », ajoute-t-il au sujet du film qu’ils iront voir et qui impliquera bien sûr qu’ils ne se montrent pas sages le moins du monde tout du long. Clairement, c’est un défi que Klaus prendra le plus malin des plaisirs à relever.

Et oui, c’est sûr qu’avec un professeur aussi sexy que lui, il ne pouvait que progresser à la vitesse de la lumière, c’est la plus pure des évidences.

Alors que Mutt s’applique à le masser et délie tous ces nœuds causés par le stress important de ces dernières semaines, Klaus savoure clairement ce moment… comme il savoure n’importe quel des moments d’intimité qu’il partage avec Mutt, en réalité. Parce que c’est en eux, ça fait partie d’eux, ils sont bien s’ils sont ensemble, et ils savent comment être bien ensemble. Et pendant que Mutt s’applique à le masser de la plus sensuelle et agréable des manières, ils poursuivent leur conversation comme si de rien n’était leur discussion sur les jeux qu’ils pourraient faire au lit.

« T’as pas à t’excuser », répond Klaus avec un fin sourire. « Je sais. »

Et c’est vrai, rétrospectivement, il a très bien compris pourquoi Mutt avait réagi comme il avait réagi. Il a bien compris tout ça. Sur le moment, ça n’avait pas été franchement agréable, on ne va pas se mentir, mais c’était passé, c’était derrière eux, et finalement, malgré son issue, on pouvait dire que ce petit jeu leur avait quand même bien servi, il fallait bien ce genre d’événements pour leur mettre le nez sur ce qu’il y a de plus évident. Parce que Klaus faisait bien genre, lui aussi, de prétendre que passée sa première tentative de séduction foirée, il avait tourné la page et n’avait aucun sentiment pour Mutt.

« M’embrasser, ça t’a mis dans tous tes états, c’est bien normal, on parle de moi, là », dit-il en jouant la carte de la fausse prétention.

Même si il a quand même envie de croire que leurs baisers sont sans comparaison possible. En tout cas, aucun baiser ne lui a jamais fait autant d’effet que ceux de Mutt, ça c’est clair. Il a l’intention d’ajouter autre chose, mais alors, le téléphone de Mutt se met à vibrer. Aussitôt, tout le corps de Klaus se tend, et c’est comme s’il oubliait de respirer. Il se redresse, le cœur battant. C’est l’heure de vérité, et il a terriblement peur de ce qu’il va apprendre.

Mutt sent comme un poids gigantesque se retirer de ses épaules en apprenant que Mutt n’a rien… c’est le plus important. Il fera avec n’importe quelle merde qu’il se sera éventuellement coltinée, mais jamais il n’accepterait de faire subir ça à Mutt… Au moins, il n’a pas subi les conséquences de ses conneries… enfin, pas davantage du moins. Il hésite à regarder de lui-même ses résultats, mais en effet, il préfère que Mutt le fasse pour lui. Tout en serrant ses doigts dans les siens aussi fort qu’il le peut, il attend le verdict, et même si Mutt le mène en bateau, ça ne dire qu’une fraction de seconde avant qu’il lui apprenne la nouvelle. Le soulagement est si total que Klaus en pleure de joie quand il embrasse, en retour, Mutt, à pleine bouche.

« Putain… », dit-il entre de baisers, un juron de soulagement, pour le coup, avant de serrer fort Mutt contre lui. « On aura qu’à souffler dans les capotes pour en faire des ballons, c’est festif », il décrète en riant à sa propre blaque.

Tout se passerait bien, maintenant, oui.

Il ne pourrait plus jamais rien leur arriver.