Nasty Valentine Day Surprise

feat. Mutt

Si on écoutait ces deux énergumènes, le sexe serait définitivement la solution à n’importe quel problème. Et ils ont eu tendance à un peu trop souvent, d’ailleurs, se réfugier derrière leurs parties de jambes en l’air pour éviter ou résoudre les conflits, pour ne surtout pas se remettre en question. Il faudrait définitivement qu’ils fassent quelque chose à ce sujet. Il faudrait définitivement qu’ils apprennent à gérer leurs émotions autrement qu’en explosant ou en couchant… Oui, bon… Mais un autre jour, plus tard. Là, tout de suite, ils ne vont certainement pas consacrer leur soirée à la recherche d’un bon psy. Non, à la place, en revanche, ils vont tenter de rattraper cette nouvelle catastrophe et de profiter du reste de leur soirée, en se rappelant, pour la millième fois, que non ils ne se perdront pas, et qu’il faut qu’ils arrêtent de laisser ainsi parler leurs peurs irrationnelles, pour un oui ou pour un non. Il était assez clair que ça ne les mènerait absolument nulle part. Mettre leurs démons de côté ne suffira pas. Tôt ou tard, ces démons, il faudra bien les vaincre. Mais ça, à l’évidence, ça attendra. Ça attendra clairement. Oui, ils vont se marier, et c’est merveilleux, et c’est tout ce qui compte.

Tout ce qui compte, c’est le contact de ses lèvres contre les siennes, c’est le goût de ses baisers et ce qu’ils laissent présager pour la suite. Et il a envie de ne plus jamais penser qu’à cela, au bonheur qu’il a de se sentir tout contre lui, de pouvoir savourer une bonne fois pour toutes le bonheur qu’ils ont d’être ensemble… Sauf que bien sûr, ce moment de pure intimité ne tarde pas à être gâché par la présence de celui qui n’avait pas encore l’intention de faire oublier sa présence si facilement. Dave est là, son manteau à la main. Klaus a l’intention de le récupérer, mais Mutt est plus rapide et le lui prend des mains. Klaus grimace légèrement à la remarque de Mutt sur le prix du manteau, mais apprécie d’en sentir le poids sur ses épaules. Comme une sorte de réconfort. Klaus essaie de dire quoi que ce soit, mais Mutt est plus rapide, et clairement, il en a assez de ronger son frein. Klaus serre plus fort sa main dans celle de Mutt, cette main qu’il avait négligée un peu plus tôt. Pour lui, c’est comme garder une prise sur le réel.

« Tu crois quoi, Dave, que tu vas te pointer comme ça et que je vais te tomber dans les bras ? » Il l’observe un moment. S’il était arrivé bien plus tôt, qui sait ce qui se serait passé, et encore, au moment de rencontrer Mutt, Klaus sait à ce jour qu’il aurait tout de même mis fin à leur relation pour être avec lui… Il a porté sa relation avec Dave aux nues parce que cette même relation a été terrible, tragique… mais Dave était-il son âme sœur pour autant ? Non, c’est bien Mutt, son âme sœur. Et Klaus l’aime de tout son être. De toute son âme. « Je suis content de te voir, et que tu aies une nouvelle chance, mais non, je n’ai pas « choisi » Mutt, c’est pas un choix, c’est une évidence, d’accord ? Oui, c’est mon fiancé, et oui, je l’aime, et c’est l’homme de ma vie, et si tu as un peu de respect pour moi, tu comprendras ça et tu nous laisseras, pas vrai… ? »
Dave les regarde successivement.
« C’est parce qu’il est blindé, c’est ça ? J’en reviens pas… »

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feat. Mutt

A voir Dave se comporter ainsi, cherchant si férocement à s’imposer dans le cœur de Klaus, ce dernier songe qu’il aurait voulu qu’il soit capable d’un comportement identique autrefois, que ce soit quand ils étaient ensemble, ou encore à Dallas, quand il cherchait à le convaincre, sans succès, de ne pas s’engager dans l’armée pour courir à une mort certaine. Mais en même temps, si Dave avait vraiment été ce jeune homme si effronté et convaincu de son bon droit, est-ce qu’il lui aurait plu autrefois ? Sans doute pas. Est-ce qu’il lui plaît maintenant ? Pas vraiment non plus. Certes, les émotions, pures et fortes, qu’ils ont autrefois partagées, garderont toujours une place de choix dans sa mémoire, mais ici et maintenant, il ne trouve rien de tel chez son interlocuteur. Il ne le reconnaît tout simplement pas. Et plus il cherche à faire valoir ce qui serait apparemment une sorte de droit sur lui, plus Klaus ressent soudainement l’instinct de le rejeter.

Klaus est pris de court, mais c’est finalement Mutt qui répond le plus vite. Et au fond, c’est bien normal. C’est à lui de se défendre des stupides remarques de Dave, quand bien même, en effet, elles donnent aussi de lui une image qui vraiment ne lui correspond pas… Oui, le Dave qu’il a aimé ne suggèrerait jamais l’idée qu’il puisse être un arriviste. En fait, le Dave qu’il connaît ou qu’il avait cru connaître aurait nécessairement mis un pas de côté en apprenant qu’il était fiancé et n’aurait pas cherché à le retrouver. Il ne sait pas ce que Dave a vécu ici pour en arriver à de telles extrémités, en revanche, Klaus sait une chose : et c’est qu’il n’aime pas particulièrement ce qu’il découvre de lui en cet instant.

Et le voilà perdu au milieu de ce véritable combat de coq. Dans une autre vie, un autre lui aurait peut-être trouvé ça particulièrement excitant, mais en l’occurrence, Klaus n’a qu’une envie, là, tout de suite, et c’est de revenir en arrière, quand il n’y avait que Mutt et lui et que tout le reste se laissait oublier. Mais toute cette situation, si elle lui échappe, ne l’attend pas pour se poursuivre, et Dave continue à jouer la carte de la provocation sans se douter une seule seconde, bien sûr, de ce que cela implique que d’évoquer ainsi le père de Mutt avec autant de légèreté. Il vient d’appuyer sur les deux cordes les plus sensibles de Mutt : naturellement, il faut s’attendre à ce que les choses ne se passent pas très bien à partir de là. Et voilà en plus que Dave ose se marrer… Est-ce que ce type est seulement encore Dave ? Il ne lui ressemble pas – ou à peine. Et Klaus déteste sincèrement ce qu’il découvre.

« Mutty, s’il te plaît », le supplie Klaus en attrapant le bras de Mutt de toute la – maigre – force dont il est capable pour l’empêcher de frapper comme, il s’en doute, il en brûle d’envie en cet instant. « Ça n’en vaut pas la peine. », assure-t-il, toujours en espérant calmer son fiancé. « Il n’en vaut pas la peine », ajoute-t-il en tournant un regard non pas furibond mais bien déçu en direction de Dave.
« Ah oui ? Et toutes ces fois où tu disais que j’étais l’homme de ta vie, que t’avais jamais aimé personne comme tu m’aimes, et que t’aimerais plus jamais comme tu m’aimes, t’en fais quoi ? » Dave observe Mutt avec un regard provocant. « Ton petit gosse de riche a conscience d’être un putain de pansement, au moins ? »

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feat. Mutt

Alors que Klaus pense être parvenu à apaiser les tensions, il faut évidemment que Dave en rajoute une couche, et les paroles qu’il prononce alors – et qui ont manifestement vocation à bouleverser et blesser – se révèlent beaucoup trop efficaces, en réalité… Parce que seule la vérité blesse ? Peut-être bien… Est-ce que Klaus peut nier le fait qu’il ait adressé des mots pareils à Dave ? En vérité non. Certes, peut-être qu’il n’a pas prononcé ces mots exacts, mais oui, plus d’une fois il lui avait assuré qu’il était l’homme de sa vie, et que jamais il n’aimerait quiconque d’autre de cette manière. Et c’est un fait, sur le moment, c’est bel et bien ce qu’il avait cru, il s’était bel et bien imaginé que c’était Dave, son âme sœur, et que sa mort avait laissé un vide en lui que rien d’autre ne saurait comblé. Aujourd’hui, il sait que quand bien même leur histoire a été terriblement importante pour lui, c’est bel et bien Klaus, l’homme qu’il aime, l’homme qui le complète et avec qui il veut passer sa vie entière… mais comment le rassurer à ce sujet ? Surtout s’il doit s’imaginer qu’un autre encore fera naître en lui de telles convictions…

Au final, il préfère ne rien dire. Mutt nie en bloc et c’est sans doute tant mieux comme ça. Et il a raison, ils vont se marier, il l’a choisi dans cette vie, et le choisirait dans toutes les vies du monde. Alors oui, avant que les choses ne s’enveniment, mieux vaut qu’ils s’en aillent. Oui, il vont aller dans un autre resto, et profiter quand même de cette Saint-Valentin.

« Oui, on y va », répond Klaus qui comprendra bien qu’il devra consacrer beaucoup de temps à rassurer son fiancé…

Déjà qu’en temps normal, il s’en ressent l’obligation, mais là, il sait pertinemment que même s’il ne dit rien, même s’il prétend que tout va pour le mieux, en son for intérieur, il doit cogiter sévèrement. Comment lui en vouloir ? En étant totalement honnête, Klaus ne pourra jamais dire à Mutt que Dave n’a pas compté, ou que leur histoire était anodine. Dave a compté. Leur histoire lui importera toujours, et il serait sans doute la moitié de l’homme dont Mutt est tombé amoureux s’il n’avait pas vécu cette histoire.

« On se reverra », lance Dave dans leur dos. « Je vais me battre pour toi, Klaus, tu sais bien que c’est moi, dans le fond. »

Klaus se retient de jeter un regard en arrière et, à la place, presse le pas, en glissant une main qu’il veut rassurante dans le dos de son fiancé. Il s’efforce au mieux de ne pas être perturbé par cet échange, même s’il l’est profondément, soucieux avant tout de rassurer Mutt, et pas forcément pressé non plus de ressasser cet échange, en vérité. Il hésite quant à la manière d’aborder les choses. Ils pourraient juste reprendre le cours des choses et faire comme si cette rencontre n’avait pas eu lieu, mais ce ne serait pas très sain. Ce n’est pas en planquant les problèmes sous le tapis que ces derniers finissent par disparaître.

« Je t’aime, tu le sais, pas vrai ? » dit-il après qu’ils se soient suffisamment éloignés et que Dave semble ne pas les avoir suivis, cette fois. « Je t’aime plus que tout, et j’aime que toi… » Ils rentrent finalement dans la pizzeria, où il a de la place. « On peut décider de plus jamais aborder le sujet, ou on peut en parler… »

Parce que parler, communiquer, même si c’est difficile, reste généralement la meilleure option.

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feat. Mutt

Quand Mutt lui confie que les paroles de Dave l’ont évidemment touché, ça n’a évidemment rien d’une surprise. Elles avaient eu vocation à le toucher, et à l’évidence, ça avait fonctionné à la perfection. Et en effet, le laisser être affecté, c’était lui donner du pouvoir, le pouvoir de semer le doute entre eux et de briser leur équilibre qui par bien des aspects se révélait encore très, trop fragile… Il aurait tout de même compris que son fiancé décide de se taire, parce qu’il le connaît, il sait que s’exprimer sur ce qu’il ressent n’est pas un exercice facile pour lui : cependant, il se sent soulagé qu’il daigne le faire : il a bien conscience que c’est là un privilège, et que ce privilège lui est adressé.

Klaus grimace quand Mutt introduit les choses d’une manière involontairement blessante, suggérant qu’enchaîner les conquêtes, c’était son truc… la seule idée que Mutt puisse véritablement considérer être une conquête parmi tant d’autres lui arrache le cœur. Ce n’est pas un problème pour lui que d’entendre dire qu’il a papillonné plus que permis, parce que c’est le cas, et qu’il l’a toujours assumé, mais ses conquêtes ne partageaient son lit que le temps d’une nuit, et certainement jamais son cœur. Il fallait être exceptionnel, justement, pour obtenir davantage de sa part : et Mutt est bel et bien exceptionnel à ce point. Klaus ne veut surtout pas qu’il puisse en douter.

Il sait, oui, que c’était pas un choix évident d’être avec lui. Klaus doit se retenir de lui faire remarquer que de ce fait, ce n’en était pas un évident pour lui non plus, car s’il avait vraiment voulu se jouer de lui ou juste s’amuser un peu, il aurait certainement choisi quelqu’un de plus ouvert au fait d’avoir une relation avec lui pour commencer… Mais il ne veut pas se lancer là-dedans, parce que oui, il sait où il veut en venir, et il hoche la tête quand il lui demande s’il a conscience de ça. Klaus sent aussi les larmes lui monter aux yeux, tout d’abord parce qu’il ne supporte pas de voir son fiancé pleurer, ensuite parce qu’il lui est douloureux de penser qu’il puisse vraiment douter de la profondeur de ses sentiments. En fait, que de tels doutes puissent s’être immiscés dans l’esprit de son fiancé, c’est si douloureux qu’il saurait difficilement l’exprimer….

« J’ai compris », répond Klaus qui fait de son mieux pour ne pas réagir trop vivement aux paroles de Mutt. Il sait ce qu’elles signifient, il le comprend parfaitement. C’est juste difficile d’être remis en cause au nom d’événements qu’ils ne contrôlent pas. « Déjà… Dave est la seule relation importante que j’ai jamais eue avant toi. Et oui, c’est le cas, je vais pas faire semblant que ça l’est pas, c’est pas le cas… Et c’est pas mon genre de sauter d’une relation à l’autre, ou de jouer avec le cœur des gens. » Il cherche ses mots. « Avec Dave, c’était fort, vraiment, et j’ai cru que c’était l’homme de ma vie… » Il hésite, il sent que ses paroles, si elles doivent être mal interprétées, vont tout gâcher. « Mais c’était la guerre, c’était la peur de mourir à tout instant, la peur de jamais retrouver les autres, l’angoisse qui te prend aux tripes… ça décuplait tout, tu vois. » Il ne veut pas non plus minimiser ce qu’il a vécu avec Dave, il n’empêche que c’est un fait. Sans tout ça, qui sait si sa relation avec Dave n’aurait pas été qu’un feu de pailles. « Toi, Mutty, toi je t’aime dans la tourmente et je t’aime dans le calme plat, je t’aime quand on s’engueule, je t’aime quand tu te brosses les dents, je t’aime quand tu respires, je t’aime absolument tout le temps… C’est pas juste une passade ou une amourette, j’aurais jamais épousé personne si c’était pas toi, tu le sais, ça ? » Il voudrait prendre de nouveau les mains de Mutt mais se retient afin de ne pas le mettre dans l’embarras. « T’es mon âme sœur. On est liés, tu comprends… Je le sais, je pourrai jamais ressentir ça pour qui que ce soit d’autre. Jamais. Crois-moi, s’il te plaît. Et je te laisserai jamais. Ni pour Dave, ni pour personne. »

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feat. Mutt

Au fond, Klaus sait bien que le souci ne vient pas tant de la confiance que Mutt peut avoir en lui que de celle qu’il peut avoir en lui-même. Oui, il le sait, parce que c’est une conversation qu’ils ont déjà eue tous les deux, mais ce n’est pas pour autant qu’il est toujours facile de le garder en tête. Parce qu’à chaque fois que Mutt se remet en question, Klaus songe qu’il devrait mieux s’y prendre pour l’aider à gagner confiance en lui. En fait, il s’en veut de ne pas être capable, par sa seule présence, à balayer ses inquiétudes et ses incertitudes. Mais rien n’est jamais aussi simple, bien évidemment, il n’est pas habilité à l’aider de ce point de vue-là, parce que la personne qui pourrait vraiment en avoir les compétences est, bien sûr, un psychiatre compétent : en somme, on en revient encore et toujours à la même chose, mais on va éviter de se répéter, n’est-ce pas ?

Klaus a envie de répondre que quand bien même Dave avait saisi cette faiblesse chez lui et décidait de s’en servir pour les déstabiliser, ça ne marcherait pas. Dave a affiché très clairement ses intentions, et Klaus ne s’y laissera pas prendre, sans compter qu’aucune des manipulations dont il pourrait faire usage ne le détournerait de Mutt pour autant. Non, Klaus a fait son choix, et il l’a fait en son âme et conscience. Vraiment, il n’a aucune crainte à se faire… mais les craintes sont là malgré tout, et Klaus ne parviendra pas et les balayer en quelques paroles seulement. Klaus essaie d’articuler quelques paroles rassurantes dont il devine d’avance qu’elles ne feront pas mouche, mais le serveur arrive alors et prend leurs commandes. Klaus s’arrête sur la première pizza venue, pas vraiment intéressé, en cet instant, par le sujet, mais bien davantage, en revanche, par son cher et tendre.

« Exactement, on s’en fout de Dave », confirme Klaus quand Mutt affirme que ce n’est pas lui qui va les empêcher de passer la meilleure des Saint-Valentin.

C’est faux, bien sûr. On ne s’en fout pas, de Dave, et ce dernier gardera toujours une place très particulière dans son cœur, qu’il est absolument incapable de nier, mais il veut le mettre de côté car ce qu’il veut là, tout de suite, c’est bien faire comprendre à Mutt que personne au monde ne compte plus à ses yeux que lui.

« La valeur juridique on s’en fout, ce qui compte, c’est que ça compte pour nous », répond Klaus concernant l’idée de s’organiser leur petit mariage perso. Un événement intimiste, qui n’appartiendra qu’à eux seuls : cette pensée lui plaît infiniment. « Et si on arrêtait de prononcer son nom pour la soirée, qu’est-ce que t’en dit ? » ajoute Klaus avec un sourire. « Il s’est suffisamment tapé l’incruste comme ça. » Il marque un temps de pause. « Si tu veux, notre mariage perso, on se le fait dès ce soir, je suis sûr que ça doit se trouver encore à cette heure-ci, des alliances dans cette ville de malheur un soir de Saint-Valentin… Et j’ai confiance en toi, je sais que tu m’appartiens, t’as pas besoin de le montrer pour ça. » Klaus plonge son regard dans celui de Mutt. « Je t’aime Mutty, plus que tout. »

Alors qu’il prononce ces mots, leurs commandes sont placées sous leur nez.

« En fait, la pizza, c’est parfait, je savais même pas à quoi correspondaient la moitié des plats de la carte, dans l’autre resto », ajoute-t-il avec humour.

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feat. Mutt

« Oh que si je t’en ai parlé, et crois-moi que j’ai l’intention de tenir parole », sourit Klaus, qui préfère largement se concentrer sur la nuit folle d’amour qui les attend que sur tout ce qui a pu déposer un désagréable voile de peine et de douleur sur leurs cœurs respectifs. Exit Dave, tout ce qui compte, c’est eux, et ils ont tellement de choses à faire, à savourer, à vivre ensemble. Ils doivent s’en convaincre, et ce soir plus que jamais, se dire et répéter qu’il n’y a qu’eux au monde, qu’ils sont les seuls qui comptent, eux et personne d’autre.

Et pour rendre cette soirée plus mémorable encore, quoi de mieux que de s’improviser une cérémonie de mariage rien qu’à eux, de celles qui ne seraient pas bouleversées ou dérangées pour de désagréables invités surprise, ou même pas surprises, sans avoir à s’imposer le stress d’aucune organisation, quelque chose de spontané, à l’image d’à peu près tout, quand cela vient d’eux, car la spontanéité fait définitivement partie de ce qui les caractérise le plus sûrement. Et pendant que Mutt lui répète combien il l’aime, avec ce sourire qui pourrait faire fondre son cœur encore et encore tant il le trouve terriblement irrésistible, il aime l’entendre ajouter que leur amour pourrait bien les mener aux confins de l’univers.

« Les confins de l’univers et encore au-delà », répond Klaus d’un ton si terriblement niais qu’il y aurait sans doute de quoi lui donner des baffes, mais peu importe, parce que l’un et l’autre s’accordent parfaitement dans cette sorte de romantisme exacerbé en diable qui se justifie pourtant naturellement par la puissance de leurs sentiments. Après tout, ce n’est tout de même pas leur faute s’ils s’aiment à ce point, tous les deux. Ils ne l’ont pas exactement décidé, il s’avère juste que c’est le cas, et ils n’ont pas envie de lutter contre ça.

Là, tout de suite, et en dépit de l’intervention Dave que Klaus s’efforce d’oublier en dépit des piqûres de rappel de Mutt (qui ne le fait pas exprès, bien sûr : il est sous le coup de l’émotion, et c’est une chose qui peut aisément se comprendre vu les circonstances), il se sent dans son élément, et c’est vrai qu’un dîner romantique autour d’une pizza bon marché, c’est déjà plus pour leur ressembler que l’ambiance guindée d’un restaurant tellement snob que cuistots et serveurs s’enorgueillissent sans doute de l’odeur de leurs propres pets, là-dedans. Klaus savoure une première bouchée de sa pizza. Cette fois, ils vont peut-être réussir à savourer leur repas du début à la fin sans être interrompus par quoi que ce soit. On ne va pas se mentir, c’est définitivement pas une perspective qui lui déplaît. Et pendant ce temps, Mutt suggère qu’ils se rendent au troc près du centre-ville.

« Oh mais carrément ! T’as des idées de génie, toi, tu sais ! » Non seulement ce serait ouvert plus longtemps, mais ils auraient de quoi trouver leur compte, très probablement, et sans se ruiner au passage.

Mais en effet, ils devraient se dépêcher pour la peine, et c’est une chose que Mutt prend visiblement au pied de la lette parce qu’il dévore son ultime part de pizza sans aucune forme de ménagement.

« Tu sais, il faut mâcher avant d’avaler », se marre-t-il. Il n’y peut rien, il ne peut s’empêcher de se foutre gentiment de sa gueule. Mais bien évidemment avec ni plus ni moins que toute l’affection du monde, cela va sans dire. Ceci dit, Klaus est tout aussi pressé d’y aller maintenant qu’ils ont un projet précis en tête. « Oh ! Et je sais exactement où on pourra aller pour se marier en avant-première dans les règles de l’art. Si tu me fais confiance », ajoute-t-il avec un fin sourire. Lui-même avale rapidement ce qu’il reste de pizza dans son assiette avant de se redresser de sa chaise d’un bond. « Allez, on file t’acheter la bague de tes rêves, l’amour n’attend pas, mon cher et tendre », reprend-il avec emphase.

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feat. Mutt

Klaus adresse à Mutt son sourire le plus mystérieux quand Mutt assure qu’il parviendra à le surprendre, comme toujours, il l’espère bien, oui, même s’il n’est pas convaincu que toutes les surprises qu’il ait pu faire à Mutt jusqu’alors aient toujours été à son goût. Ceci dit, que ça ait été le cas ou non, c’est toujours avec le cœur qu’il cherche à le surprendre, il s’avère seulement que certains événements indépendants de leur volonté ont trop souvent tendance à se produire dans leur sillage, et ce n’est jamais spécialement glorieux quand ils se manifestent.

Bref, au final, ils ont fini leurs pizzas en deux-deux. S’ils n’avaient pas été si pressés par le temps, Klaus se serait sans doute laisser tenter par un dessert, dîner de Saint-Valentin oblige, mais il a d’ores et déjà une très bonne idée de quel dessert proposer à Mutt plus tard dans la soirée, et il n’a aucun doute quant au fait que ça saura plus que largement leur convenir et les satisfaire tous les deux. Maintenant, il faut que le dieu de l’Amour ne leur mette pas de bâtons dans les roues, et on ne va pas se mentir, ça a tout de même l’air d’être son activité préférée au monde (à croire que dieu les shipe et qu’il n’a que ça à faire de ses journées)…

Mais même si la soirée n’avait pas si bien commencé que ça, au final, ils ont tout de même un peu de bol. Quand ils atteignent le troc, il est sur le point de fermer, mais ils réussissent à convaincre le commerçant de rester ouvert un peu plus longtemps le temps de leur choisir deux bagues. Le type a pas l’air spécialement commode, mais visiblement, il ne se voit pas refuser deux ventes supplémentaires. Il est temps pour eux de choisir. Chacun dans son coin choisit la bague qui lui convient le mieux. C’est pas exactement comme ça que Klaus s’était imaginé choisir leurs alliances, mais ce n’est jamais qu’un premier jet, après tout. Et leur choix fait, ils peuvent sortir tous les deux à l’air libre. Klaus peut entendre le vendeur renfrogné fermer dans leurs dos, et tandis que Klaus prend la main de Mutt dans la sienne afin de la serrer aussi fermement qu’il le peut, il a l’intime conviction, vraiment, de passer la meilleure soirée de sa vie. Enfin… jusqu’à la prochaine, quoi. Et la suivante.

« J’espère bien que t’es curieux, c’est exactement le but », ajoute-t-il d’un ton mystérieux.

Bon, il en fait sans doute trop, mais en même temps, il est assez satisfait de l’endroit qu’il leur a trouvé, même s’il n’est pas totalement sûr de le retrouver dans l’état où il l’avait laissé la dernière fois qu’il s’y était trouvé. Ou même de le retrouver tout court. Les rues de la ville ont l’air de changer sans cesse… Mais bon, ils ont eu de la chance jusque-là, pas vrai.

« Une chance qu’on soit sapés comme des dieux, tous les deux, sinon j’aurais tapé un scandale pour qu’on se trouve des tenues à la hauteur », reprend Klaus tout en cherchant son chemin. « Quoi qu’on a toujours l’option de se marier à poil », ajoute-t-il.

Quelque temps plus tard, il parvient finalement à retrouver ce qu’il cherchait.

« Va falloir mettre ces délicieux muscles au travail », prévient Klaus en désignant le mur qu’ils doivent escalader. De l’autre côté, une sorte de monastère complètement désert, et sa chapelle attenante, en vase clos, encadré d’un charmant petit jardin, quoi qu’assez tristounet en cette période hivernale.

A première vue, l’endroit a de quoi flipper, mais c’est un endroit qui plaît beaucoup à Klaus, en réalité. Il l’avait découvert par hasard, alors qu’il tentait d’échapper aux flics (ce sont des choses qui arrivent), et il y avait dormi une paire de nuits quand il n’avait nulle part d’autre où aller.

« Alors, qu’est-ce que t’en dis ? »

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feat. Mutt

En vrai, un mariage naturiste, ça ne déplairait pas totalement à Klaus… pas totalement mais un peu quand même, parce que ce serait quand même dommage de ne pas saisir cette occasion en or de porter une robe horriblement extravagante sous un prétexte digne de ce nom… mais rien que pour imaginer leurs invités absolument embarrassés d’être tous à poil, la perspective reste plutôt comique… et c’est fort de cette pensée qui le fait marrer intérieurement qu’il parvient à les conduire dans ce que, de son côté, il estime être un petit havre de romantisme, qui serait idéal pour échanger leurs vœux, même si ça ne devait être que factice…

Clairement, ils n’ont rien à foutre là, mais Klaus est assez convaincu, pour n’avoir jamais croisé personne à chaque fois qu’il y est allé de son côté, qu’ils seront peinards dans tous les cas. Il est souriant, ravi de faire part de sa découverte à Mutt, mais son sourire s’efface un peu quand Mutt commente l’endroit en suggérant que c’est… eh bien… glauque ? Sans doute qu’il n’a pas tort, dans le fond. Un bâtiment abandonné, en pleine nuit, et des plantes gelées par l’hiver… ce qu’il considérait comme un petit paradis ressemblait peut-être davantage à un décor de film d’horreur. Prenant conscience de cela, Klaus se rembrunit. Lui, il avait espéré décoché à Mutt des exclamations enthousiastes, il avait compté sur le fait que son fiancé adorerait cet endroit… bon ben, à l’évidence, il s’est foiré. Et c’est bête, parce que ça lui retire un peu de son enthousiasme, au bout du compte. Il est presque prêt à suggérer à Mutt d’aller ailleurs, qu’ils trouveraient un autre endroit, mais il tait finalement sa déception quand Mutt vient l’embrasser avant de lui assurer qu’il a juste été surpris, mais que c’est parfait. Évidemment qu’il a été surpris : vu l’endroit, c’est bien normal.

« Oui, comme ça, je crois que c’est parfait », confirme en se saisissant de l’un des anneaux, quand Mutt s’interroge quant à la manière de procéder.

Lui-même, à vrai dire, n’en a pas la moindre idée non plus, et si Mutt est nerveux, Klaus ne peut pas prétendre ne pas l’être de son côté non plus, mais il a l’intention de faire ce qu’il faut, et de faire les choses bien, de faire les choses aussi bien que possible. C’est sûr, c’est pas un « vrai » mariage, mais Klaus a envie d’y accorder tout autant d’importance que si c’était un vrai. A ses yeux, c’est vraiment quelque chose de nécessaire et de primordial. Le mieux, c’est qu’ils fassent les choses avec le cœur, dans tous les cas : c’est définitivement de cette manière qu’ils donneront de l’importance et du sens au moment qu’ils sont en train de partager tous les deux.

« Bon allez, je commence », fait Klaus en se rendant compte alors que sa voix tremble un peu sous le coup de l’émotion. Pourtant, ils sont toujours si directs et pleins d’emphase, tous les deux, ce n’est pas comme s’ils n’étaient pas capable de se dire constamment à quel point ils s’aimaient, ce n’était pas comme s’ils étaient pudiques sur leurs sentiments – ou pudiques tout court, au demeurant, mais là, ce n’est évidemment pas la même chose, parce que c’est un instant fort, solennel, et qui, justement, ne doit ressembler à aucun autre. « Mutt. Je crois que t’auras jamais idée de tout ce que tu représentes pour moi, je sais que je te le dis tout le temps, mais j’ai pas les vrais mots pour te dire ce que je vis quand je suis avec toi. C’est pas juste que je t’aime, c’est que tu fais partie de moi, tu vois. Je t’aime tellement. Tellement que ça me rend… dingue, et en même temps tellement heureux. Je me rends compte, tu vois que je pensais que je savais ce que c’était d’être heureux, mais j’en savais rien en fait. T’es mon bonheur, t’es mon tout, et t’es mon avenir. Et je t’aime plus que tout au monde. »

Est-ce que c’est trop ? Est-ce que c’est niais ? Sans doute que oui. Mais Klaus a pensé chacun de ces mots, et il n’en retirerait aucun au moment de glisser l’anneau au doigt de Mutt.

Nasty Valentine Day Surprise

feat. Mutt

Il est presque impossible pour Klaus de poursuivre son discours jusqu’au bout tant le regard que lui adresse son fiancé en cet instant est émouvant, troublant. Il lui est impossible de plonger dans ce regard-là et de ne pas en déduire qu’il se trouve, tout naturellement, en présence de l’homme de sa vie. Il lui semble que c’est, en cet instant, de l’ordre de l’évidence la plus pure et la plus certaine. Ce qu’ils vivent, c’est un véritable échange, un véritable partage, et il est beaucoup trop heureux qu’ils puissent vivre ça, s’accorder ce moment qui n’appartient qu’à eux et qui ne saurait être troublé par quoi que ce soit. Le grand sourire et le regard plein d’amour de Mutt suffiraient largement à Klaus, sans qu’il est particulièrement besoin d’en demander davantage… mais d’un autre côté, il est aussi impatient d’entendre les paroles, les mots tendres de son fiancé : et il n’est, en effet, pas déçu le moins du monde au moment où ce dernier lui ouvre son cœur.

Sentir la sincérité dans ses propos, et à quel point il a changé la vie de Mutt, c’est une chose qu’il a beau savoir en partie, ça lui fait toujours un bien fou de le savoir : Mutt n’est ni plus ni moins que l’homme de sa vie, et pour la peine, il est naturel que la présence de l’un ait chamboulé la vie de l’autre, mais l’entendre affirmé avec une telle conviction, avec à ce point d’émotion… Klaus n’a pas les mots, si ce n’est qu’il trouve ça beau, si ce n’est que c’est sans doute, oui, la chose la plus belle qu’il ait jamais entendu de toute son existence. Il n’y a rien d’exagéré dans les propos de Mut, pas aux yeux de Klaus en tout cas : c’est vrai qu’ils sont une part l’un de l’autre, et c’est vrai qu’ils ont perdu un peu de leur raison au moment de se trouver, mais Klaus a bien du mal à considérer que ce puisse être une mauvaise chose : non, ça les a uniquement rapprochés, rendus plus amoureux que jamais. Et perdre la tête encore et encore, à deux, ensemble, pour le restant de leurs jours, c’est une idée qui lui plaît vraiment terriblement. Ne plus être capable de penser convenablement, ne plus être capable de penser à quelque chose d’autre qu’à l’autre, qu’à cette part de nous-même, c’est au-delà de tout le reste : c’est fort, c’est puissant… et c’es inestimable.

Les mots ne sauraient suffire à exprimer ce que les mots de Mutt lui font ressentir, mais c’est sans importance, car à la place, il peut compter sur le baiser passionné qu’ils échangent, un baiser si fougueux, si avide, qu’il peut contenir en lui-même toutes les émotions les plus exceptionnelles du monde. Et quand leurs lèvres veulent bien s’éloigner l’une de l’autre, Klaus ne peut que hocher la tête à la proposition de Mutt. Oh que oui, la soirée ne fait définitivement que commencer : et la nuit sera très, très longue.

Ils repartent donc par où ils sont venus, et Klaus serre très fort la main de Mutt dans la sienne tandis qu’ils se dirigent sans attendre jusqu’à leur appartement.

« Maintenant, t’es prévenu, je vais t’appeler « mon mari » tout le temps. » Il n’a pas envie d’attendre que la chose soit plus officielle. Dans son cœur, il est déjà marié à Mutt, et c’est plus que suffisant, bien évidemment. Une fois à l’appartement, il attend à peine que l’appartement soit fermé pour s’emparer une nouvelle fois des lèvres de Mutt. « Alors, par quoi tu veux commencer ? » demande-t-il avec un sourire mutin, son souffle contre ses lèvres.

Nasty Valentine Day Surprise

feat. Mutt

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feat. Mutt

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