Jean est né dans les années 1800 à Paris. Ses parents, Mr et Me de Rugès vivent dans une belle maison d'un quartier très aisé et il a un frère qui se nomme Léon, de deux ans son aîné. Bien qu'énormément différent, les deux frères sont très proches et jouent souvent ensemble. Bien que le caractère de Léon et surtout son orgueil l'ennuie souvent mais l'amuse également, Jean préfère en rire. Parfois cependant, il n'hésite pas à lui faire la morale et lui dire calmement mais sérieusement qu'il a mal agi. Ils ont un tuteur qui vient leur faire cours à la maison et Jean est plutôt bon élève et assidu aux études. Il est assez bon en latin, en histoire et en Français mais aussi en mathématiques.

Mr de Rugès est le frère de Me de Fleurville qui vit à la campagne en Normandie. Elle est veuve avec ses deux filles Camille et Madeleine et les Rugès viennent souvent les voir l'été pendant les vacances. Jean moque souvent son frère car ce dernier ne dissimule pas son dégoût des odeurs de la campagne et de la boue et clairement il resterait vivre toute l'année en ville si on lui laissait le choix. Il grogne souvent que la boue des chemins risquent de salir ses chaussures et ses pantalons et que les odeurs de la campagne sont souvent nauséabondes. Jean rit de bon cœur de ses remarques, ce qui fait bouder encore plus son frère.

Pour ce qui le concerne, Jean aime beaucoup rendre visite à ses cousines en Normandie. Ils y passent toujours du bon temps et il s'amuse énormément. Il adore ses cousines et puis sa tante, et puis il y a aussi la petite Sophie qui habite dans la maison voisine aux Fleurville. Elle fait souvent des bêtises mais on ne s'ennuie jamais avec elle ça c'est sûr ! C'est une petite fille très intrépide et qui en fait souvent qu'à sa tête, mais très amusante aussi et il l'aime beaucoup. Il aime bien discuter avec elle, elle l'amuse beaucoup et au fond, malgré sa tendance à désobéir souvent, il sait qu'elle a bon cœur et qu'elle ne fait pas des bêtises pour le simple plaisir d'être méchante.

Un été qu'ils passaient à Fleurville, il lui avait offert un petit carnet dans lequel ils avaient dessiné un petit âne avec une charrette. En souvenir de l'âne avec lequel ils avaient fait une  balade qui avait bien commencé jusqu'au moment où on avait décidé de le faire partir au galop et que l'idée de le piquer avec une branche épineuse puis une fourchette le fasse galoper si vite que la charrette avait fini sa course renversée, en envoyant tous ses occupants à terre. Ah quelle journée mais ce qu'on avait pu s'amuser ! L'âne fut revendu au village le jour même mais le petit dessin dans le carnet rouge de Jean était toujours là pour leur rappeler ce souvenir. Il confia le carnet à Sophie, lui disant qu'elle pouvait le garder et que ce serait leur petit secret à tous les deux.

Les années passèrent et les enfants grandirent. Jean et Léon continuèrent de venir passer les étés à Fleurville mais depuis le départ de Sophie avec sa famille et celle de Paul son cousin, ce n'était plus la même chose. Il manquait une personne à leur groupe et Jean ne pouvait s'empêcher d'en ressentir son absence. Il pensait beaucoup à elle, ayant entendu dire qu'elle avait perdu sa mère dans le naufrage ainsi que présumément son cousin, et d'après les dernières nouvelles il savait que son père s'était remarié en Amérique. Il lui arrivait de se demander parfois si elle avait toujours le petit carnet rouge qu'il lui avait donné ou si elle l'avait perdu dans le tragique naufrage.

Après environ deux ans d'absence, le château de Réan fut à nouveau habité. Sophie était de retour mais seule avec sa belle-mère qui la maltraitait. Jean ne l'avait jamais rencontré car il habitait à Paris la grande partie de l'année avec ses parents. Ce ne fut que lorsqu'il vint passer du temps à Fleurville qu'il avait entendu les récits concernant cette femme pour qui automatiquement, il eut de l'antipathie même sans la connaître. Ses cousines et Me De Fleurville vinrent passer un hiver à Paris. Elles vinrent accompagné d'une autre dame du nom de Me De Rosbourg et de sa petite fille Marguerite et de Sophie qui vivait à présent à Fleurville. Jean fut très heureux de revoir la petite Sophie... Qui avait bien grandi. Elle avait tellement changé aussi ; elle faisait beaucoup moins de bêtises aussi mais était plus mélancolique ce qui était à prévoir mais il était peiné de la voir devenue si triste.  Il fut amusé d'apprendre que Sophie pensait qu'il l'aurait oublié par le biais de Marguerite qui avait lâché une remarque à ce sujet.  Il ne voyait pas comment il aurait pu l'oublier, mais elle avait certainement tellement changé qu'il avait peine à reconnaître la petite fille pleine de vie qu'il avait connu petite. Et pourtant, cette Sophie était encore là ; ile le voyait dans ses yeux, tout au fond, derrière cette mélancolie évidente. Il y était sensible.

Après une visite qu'ils firent tous ensemble au zoo de Paris (visite qui se termina plus tôt que prévu), Jean se rendit compte en allant dire au revoir à Sophie dans sa chambre qu'elle avait toujours son petit carnet rouge en sa possession et c'est avec un petit sourire nostalgique aux lèvres qu'il l'avait feuilleté à nouveau, regardé le dessin de l'âne qui y figurait toujours. Qu'est-ce qu'ils avaient été jeunes à cette époque-là ! Que cette époque semblait loin !  Pourtant, il s'en était passé des choses... Surtout dans la vie de la pauvre Sophie et il ne pouvait s'empêcher d'être peiné qu'autant de malheurs s'étaient abattus sur elle. Il était très touché qu'elle ait conservé le carnet au même titre que le mouchoir brodé de sa mère. Il s'était toujours senti très protecteur d'elle et il se rendit compte que cela n'avait pas changé. Probablement même accentué avec les années bien qu'evidemment il ne la voyait que lorsque sa famille venait en visite à Fleurville ou lorsqu'ils venaient eux-mêmes à Paris.


L'été de la même année, les Rugès revinrent passer les deux mois à Fleurville afin de profiter de leur famille et de la campagne (au grand dam de Léon qui ne supportait toujours pas plus les odeurs de la campagne!!). Ils passèrent un excellent été. Il y eut un spectacle organisé en l'honneur d'Elisa la bonne de Camille et Madeleine qui fut montée au rang d'héroïne dans ce spectacle car elle s'était occupée avec tellement de dévouement de Camille durant la maladie de celle-ci. Jean était content qu'ils soient arrivés à temps pour ce spectacle. Les prestations étaient magnifiques et il avait bien ris. Il devait avouer aussi avoir été de ceux qui avait applaudi les prestataires avec bon cœur à la fin et il était même de l'avis que Sophie était une très bonne comédienne ! S'il osait se l'admettre à lui-même, il n'avait eu d'yeux que pour elle durant le spectacle.

Il y eut aussi l'épisode des cabanes. Léon avait provoqué Sophie, Marguerite et Madeleine qu'ils ne pourraient jamais construire une meilleure cabane qu'eux... Très bien, elles l'avait alors pris au mot et avait été bien décidées à lui prouver le contraire. Bien sûr, Léon ignorait que Mr de Rugès les aidait en cachette. Lorsqu'ils apprirent le pot aux roses, Jean ne put s'empêcher de rire avec les autres. Il fallait dire que Léon l'avait bien cherché et il l'avait trouvé ! Par contre, lorsqu'ils firent une partie de cache-cache et que Sophie se retrouva tout au fond d'un arbre creux, elle leur provoqua vraiment la peur du siècle. Tout le monde s'était mis en recherche de Sophie mais ce fut lui qui, mettant une oreille contre le tronc d'un énorme arbre, perçut une voix étouffée de l'intérieur du tronc. Ni une ni deux, il grimpa avec aise tout en haut et la trouva dedans.  Bien qu'il eut demandé de l'aide à son frère, ce dernier avait tellement peur de grimper à l'arbre qu'il ne voulait pas se rapprocher pour l'aider. Ce fut Marguerite elle-même qui retira la veste de Léon avant de monter à l'arbre pour la donner à Jean ! Et ben, il en a fait une tête Léon en voyant une petite fille de 5 ans plus courageux que lui ! D'ailleurs, le soir même avant qu'ils n'aillent se coucher, Jean n'avait pas pu s'empêcher de lui adresser quelques mots à ce propos. Son frère s'était bien sûr braqué au début mais avait agréé à ce que son frère lui disait. Il lui avait promis d'essayer d'être plus courageux... Jean aimait bien Léon malgré son caractère mais il devait vraiment essayer de se reprendre en mains.

Et puis un beau jour toujours durant l'été, Monsieur de Rosbourg revint à la grande joie de sa femme et de Marguerite mais il n'était pas seul. Paul était revenu aussi. Jean l'avait déjà rencontré il y avait longtemps avant qu'il ne parte avec les Réan et ses parents pour ce voyage en Amérique. Il l'aimait bien. Il était toujours très affectueux avec Sophie bien qu'elle lui en faisait parfois voir de toutes les couleurs. Paul avait grandi en un très fort jeune homme et très courageux et Jean rabroua deux ou trois fois son frère quand il disait qu'il avait vécu comme un sauvage pendant des années et qu'il devait se comporter comme un sauvage, avançant même qu'il ne savait sûrement ni lire ni écrire. Lorsque Paul leur dit tous que le commandant de Rosbourg le lui avait appris ainsi que la géographie, Jean ne put s'empêcher de moquer son frère. « Tu vois Léon, il a beau avoir vécu parmi les sauvages mais il sait aussi bien écrire et lire que toi ! » Au cours de l'été ils continuèrent donc de bâtir leurs cabanes avec l'aide cette fois de Mr de Rugès qui entre temps s'était révélé comme celui qui avait secrètement aidé Sophie, Marguerite et Madeleine à faire leur maison.  Paul les aida aussi. Jean était très content de voir Sophie à nouveau heureuse après le retour de Paul.

Pour le retour de Paul, Sophie eut une idée merveilleuse. Faire une grande fête avec des illuminations pour écouter la suite des aventures de Paul sur l'île des indiens avec Mr de Rosbourg. Sophie avait tellement des idées originales et géniales, songeait alors Jean. Léon continua de faire preuve de beaucoup de méchanceté envers Paul cependant et Jean en était très contrarié. Il y eut un petit accrochage entre lui et Léon parce qu'une fois de plus Léon a dépassé les bornes (envers Sophie cette fois) et Paul avait dû intervenir pour les séparer ; le reste de la journée se déroula à faire les préparatifs de la soirée de célébrations.  Paul avait disparu courant de l'après-midi car il avait peur de ne plus être à sa place auprès des Rosbourg maintenant que le commandant avait retrouvé sa famille. Toute inquiète de ne trouver son cousin nul part, elle vint trouver Jean qui la rassura en lui disant qu'il était forcément partit se promener mais qu'il allait revenir bientôt. Elle ne fut pas convaincue et repartit aussi vite qu'elle était arrivée. Il ne la revit jusqu'au soir où les deux cousins réapparurent main dans la main. Une nouvelle fut annoncée ce soir-là aussi : l'adoption de Paul par les de Rosbourg et.la fête continua sur la suite du récit de Paul. Tout le monde était heureux.

Depuis le retour de Paul, du commandant de Rosbourg, Me de Fleurville et Mr de Rugès envisagaient de devenir les tuteurs de Sophie. Les enfants l'ignoraient encore car il ne voulaient pas faire de fausse joie à Sophie, ils partirent à Paris pour consulter un homme d'affairers. Camille, Madeleine et Jean et Léon les accompagnèrent alors que Sophie, Paul et Marguerite restèrent  derrière à Fleurville avec les Rosbourg. A la veille du retour des Fleurville chez eux, le rendez-vous avec l'homme d'affaires se conclut après qu'on leur ai dit que s'ils voulaient devenir les tuteurs légaux de Sophie, il leur faudrait l'accord de Me Fichini aussi. Me de Fleurville était inquiète. Comment convaincre Me Fichini d'abandonner la garde de Sophie à leurs bons soins ?

La veille du retour vers Paris des Fleurville, Jean pria son père de repartir avec eux afin de passer le reste des vacances là-bas. Me de Fleurville donna son accord, ajoutant que la petite Sophie n'était jamais plus heureuse que lorsqu'il était là, ce qui fit rosir légèrement le garçon. Ce fut donc décidé, Jean (et Léon contre son gré) repartirent pour Fleurville. Jean était heureux de revenir là et même son frère Léon sut se rendre utile ce qui le rassura aussi. Jean fut surprit de voir que Léon se mit à vouloir changer un peu, et un jour grâce à Paul et Sophie qui les rejoignit après avoir entendu des cris de luttes. Jean fut agréablement surprit d'entendre que Léon avait aidé Paul à combattre ce groupe de 4 garçons en train de rouer de coups un autre jeune garçon. Fleurville réussissait à tout le monde finalement !  Pouurtant, l'été venait à sa fin, mais il restait encore à profiter un peu de leur temps avec leur famille. Il leur serait bien difficile de retourner à la vie parisienne après le mois d'Août ! Jean comptait avec regret le nombre de jours qu'il restait.

Me Fichini était revenue au château de Réan. Ce fut un choc. Sophie tremblait littéralement sur ses jambes lorsque son retour avait été découvert et elle pleurait à chaudes larmes sur les genoux de Me de Fleurville. Jean était tellement désolé pour elle et aurait voulu pouvoir la réconforter. Mr de Rugès se rendit alors à Réan pour voir sa belle-mère et lui parler afin de lui faire part de la volonté de sa sœur et lui d'adopter Sophie. Il revient à Fleurville porteur de la nouvelle qu'elle était à présent affaiblie et mourante et qu'elle souhaitait voir Sophie une dernière fois. Quelle chance inouïe que c'était ! Mais bien sûr, il ne fallait pas se réjouir du malheur des autres... On leur apprenait à l'église combien c'était mal et bien entendu Jean ne souhaitait la mort de personne, mais quand même Sophie en avait tellement souffert avec elle avant qu'elle n'arrive à Fleurville qu'il lui était difficile de compatir avec le malheur de cette femme. Il trouva Sophie très généreuse de lui avoir pardonné sur son lit de mort après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Quoiqu'il en soit, Me Fichini étant mourante, elle accéda à la requête de Me de Fleurville et de Mr de Rugès d'adopter officiellement Sophie dans leur famille. C'était sûrement la première bonne action que cette femme faisait dans sa vie et ils  lui étaient tous reconnaissants bien sûr, Jean le premier. Sophie était à présent presque comme sa sœur... Enfin, j'ai dit « presque » !

Pour le départ des Rugès de Fleurville à la fin de l'été, une grande fête fut organisée à laquelle on se déguisa en mariés. (en l'honneur à Eliza qui venait d'annoncer ses fiançailles avec le boucher Hurel), et evidemment à cette soirée, on dansa ! Je vous laisse deviner la composition des couples... Bon allez, je vais quand même vous dire. Jean et Sophie, Paul et Marguerite, Camille et Léon... Aucune surprise là pour les deux premiers !!

Dis ans plus tard, Jean célébrait son mariage avec Sophie avec sa famille avant de partir en voyage de noce en Suisse où ils passèrent un excellent séjour. Jean se souviendrait sûrement toujours du jour où Sophie accepta de l'épouser car c'était bien le plus beau jour de sa vie. Cela faisait très longtemps qu'il avait attendu ce jour-là... Des années  même. Même quand il était enfant, il se sentait déjà étroitement lié à elle et plus il grandissait, plus il s'était rendu compte que ce serait elle et personne d'autre. Il se souvenait encore il y a dix ans de cela de leur danser lors de cette fête organisée en l'honneur des fiançailles d'Eliza et d'Hurel. Ils avaient dansé. C'était le plus merveilleux sentiment qu'il n'avait jamais ressenti. Avant, c'était déjà sa Sophie, mais aujourd'hui ça l'était officiellement.

Pendant leur voyage de noces, ils ramassèrent même une Edelweiss dans les Alpes pour la rapporter à Pauline, la fille de Mr et Me Rosbourg et filleule de Sophie. Ils revinrent d'ailleurs juste à temps pour fêter l'anniversaire de la petite que Sophie n'aurait manqué pour rien au monde. Jean n'aurait de toutes façons jamais permit qu'elle rate l'anniversaire de Pauline quitte à voyager le jour et la nuit pour arriver à l'heure.


Malheureusement, Jean a peu de souvenirs de sa vie de mariage car à peine étaient-ils revenus de leur voyage de noces qu'un événement très surprenant se produisit. Une lune rouge. Il n'a pas très bien comprit ce qu'il s'était passé mais il se trouve dans ce monde aujourd'hui sans réellement savoir ce qu'il y fait, ou avec la sensation d'appartenir ailleurs, à un autre monde. Il n'arrive pas à expliquer ce sentiment. Pourtant, il serait né en 1992... C'est ce qui est dit sur son certificat de naissance... C'est étrange, pourquoi parfois a t-il l'impression de venir de bien plus loin que ça ? En tous cas, cela fait cinq ans qu'il a ouvert un cabinet d'avocat dans Racoon Square et son business est très florissant. Il s'est habitué plus ou moins à cette vie même si pourtant au fond, il ne peut se défaire de l'impression qu'il lui manque une grosse partie de sa vie. La présence de cette alliance à son doigt lui rappelle chaque jour qu'il lui manque quelque chose d'essentiel, mais où est-elle donc... et la reverra t-il un jour ?

Ce siècle a quand même quelques avantages. Depuis son arrivée ici, il s'est plus ou moins bien adapté à la technologie surtout des téléphones. La téléphonie quand même, ça reste plus pratique et plus rapide que le télégraphe, cela ne fait aucun doute ! Il n'aura pas mis longtemps à prendre le pli d'envoyer un sms ou passer un appel téléphonique. Par contre, il n'est pas du genre à rechercher la télévision... Il préfère s'installer avec un bon livre au coin du feu le soir dans son fauteuil de salon.