Les ingrédients magiques |Elizabeth

Les yeux de Camille s’ouvrirent doucement. Après quelques minutes à attendre sans rien faire, allongée dans son lit, la jeune femme avait trouvé le courage de se lever pour filer dans la salle de bain. Après un long moment à se préparer, Camille était revenue dans sa chambre pour prendre les bijoux qu’elle avait posés, la veille, sur l’un de ses meubles. C’est à cet instant qu’elle avait vu une lettre calée en quelques livres et une décoration. Après avoir regardé tout autour d’elle à la recherche de la personne qui l’avait déposé là - sans succès, puisque la lettre avait été déposée plus tôt dans la nuit - la jeune femme avait attrapé l’enveloppe. Dessus, il n’y avait rien de noté en dehors de son prénom. Après un léger haussement des épaules et après avoir froncé les sourcils, Camille avait ouvert l’enveloppe pour en sortir une lettre. Sans perdre de temps, elle avait lu le contenu de cette dernière. Le Père Noël - aussi étrange que cela puisse paraître - venait de lui écrire pour lui demander d’aller chercher quelques ingrédients dans une forêt enchantée. Visiblement, il avait besoin de ces ingrédients magiques pour fabriquer quelques cadeaux.

Dans un premier temps, Camille avait cru à une blague. Elle s’était aussi demandé pourquoi est-ce que c’est elle qui aurait été choisie pour remplir cette mission. Et après s’être dit qu’elle n’irait pas, parce que tout cela n’avait aucun sens, elle s’était retrouvée devant cette forêt enchantée. Elle ne connaissait pas le chemin pour s’y rendre, mais en sortant de chez elle, elle avait emprunté différentes rues, avaient tourné à différents carrefours, sans jamais se demander par où elle devait passer, comme si elle connaissait précisément la route à suivre. Et c’était, visiblement, le cas, puisqu’elle était arrivée à bon port.

Un sac en bandoulière sur l’épaule et la liste à la main, Camille était prête à s'enfoncer dans cette forêt enchantée à la recherche des ingrédients pour le Père Noël. Seulement, elle avait remarqué qu’elle n’était pas seule. Il y avait du bruit, non loin d’elle, mais elle ne voyait pas qui - ou quoi - était là. Bêtement, elle s’était imaginé voir un lutin, un elfe ou une toute autre créature magique sortir de là - vu la situation, ça aurait tout à fait pu être possible - mais ce n’était que son amie. « Elizabeth ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle amusait, se doutant que son amie ne s’était pas retrouvée là par hasard, elle avait sans doute été missionnée par le Père Noël, elle aussi.

Spoiler:

Cette ville avait la faculté étrange de vous mettre dans des situations invraisemblables. Généralement - souvent - ces situations étaient dangereuses. Parfois, elles étaient juste étranges. Recevoir une lettre contenant une menace ou une mission, c'était une chose presque habituelle dans un monde comme celui dans lequel elle vivait désormais. Recevoir une lettre contenant une mission magique envoyée par le Père Noël, c'était... déconcertant ? Surprenant ? Pourtant, elle ne rêvait pas. Elle était bien éveillée et cette lettre existait bel et bien. C'était une matinée comme une autre. Elle s'était réveillée, levée, préparée, comme chaque jour. Puis, elle avait voulu récupérer son portable laissé dans sa chambre et elle avait vu cette enveloppe avec son prénom dessus. Par curiosité, mais avec appréhension, elle s'était empressée de l'ouvrir et elle y avait découvert cette fameuse mission.

Le Père Noël. Une forêt enchantée. Des ingrédients magiques. Bien sûr. Elle croyait plus facilement aux monstres et aux fantômes, depuis son arrivée ici en tout cas, qu'en tout ça. Pourtant, elle craignait les représailles de cet endroit si cette lettre cachait, en réalité, quelque chose de bien particulier. Alors, liste en main et sac pour tout ranger, Elizabeth s'était laissée guider par la Ville pour voir où cette histoire la mènerait. Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de connaître le chemin parce qu'elle y serait guidée comme par magie. Et elle avait eu raison. Devant elle se dressait une immense forêt - qui d'apparence n'avait rien d'enchantée, mais elle ne se fiait pas aux apparences - comme la lettre l'indiquait. Ce devait donc être ici qu'elle trouverait les ingrédients.

Elizabeth avait poussé un soupir, prête à partir à l'aventure - même si elle se sentait particulièrement ridicule - mais quelque chose avait attiré son attention. Une présence. Elle n'était pas seule. Camille était là - et elle était rassurée de voir que ce n'était qu'elle. « Camille. » Souffla Elizabeth, pas étonnée, en réalité, de voir son amie ici. « Tu vas certainement croire que je te raconte n'importe quoi, alors je préfère te le montrer... » Expliqua-t-elle, en souriant et en tendant la lettre qu'elle avait reçue. Elle s'imaginait assez mal expliquer sa situation. La montrer, la prouver, lui paraissait mille fois plus simple.

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Camille croyait rêver. Malgré toutes les choses étranges qui se passaient dans ce monde, jamais elle n’aurait pu imaginer être missionnée par le Père Noël en personne. Jamais elle ne s’était imaginé devoir se rendre dans une forêt magique à la recherche d’ingrédients spéciaux et magiques eux aussi. Camille ne connaissait pas le chemin qui allait la conduire à cette forêt, mais elle ne semblait pas en avoir besoin. Elle était sortie de l’orphelinat et s’était laissé guider par son instinct ou plutôt par la Ville qui l’avait conduite jusqu’à bon port.

Une fois devant l’immense forêt, Camille était impatiente de commencer - parce que recevoir une mission du Père Noël, ça n’arrivait pas tous les jours. Elle s’apprêtait à entrer dans la forêt, mais son œil fut attiré par une autre présence. En tournant les yeux, la brune avait aperçu Elizabeth. Que faisait-elle là ? Camille n’avait pas l’impression que cet endroit soit un lieu de promenade très fréquenté. Peut-être avait-elle été missionnée, elle aussi ? Mais c’était Elizabeth, ce n’était vraiment pas son genre. Pour savoir, mieux valait donc poser la question. La jeune femme disait que Camille allait croire qu’elle racontait n’importe quoi, alors elle devait lui montrer. Et l’instant d’après, elle avait sortie une lettre qu’elle avait tendu à Camille. La brune l’avait attrapé et l’avait lu. Un sourire s’était alors dessiné sur ses lèvres. Camille avait reçu la même lettre, mais les ingrédients à trouver étaient différents. « Tu ne ressembles pas vraiment à un lutin. » Commenta-t-elle pour s’amuser, tout en rendant la lettre à son amie. « Enfin, je ne pense pas ressembler à l’un d’eux non plus. » Ajouta-t-elle amusée, avant de sortir la lettre de son sac. « J’ai reçu la même lettre que toi ce matin. J’avais du mal à y croire, mais faut croire que c’est vrai, le Père Noël a vraiment besoin de notre aide. » C’était vraiment étrange à dire, surtout à voix haute et à quelqu’un d’autre.

Elizabeth était habituée aux mystères de cette ville. Elle était habituée à sa cruauté, à ses histoires étranges et mystérieuses qui n'avaient jamais aucune réponse, mais à cela... Non, elle n'était pas habituée. Missionnée par le Père Noël, des ingrédients magiques dans une forêt magique... Oui, ça, c'était nouveau et déroutant. A tel point qu'elle s'était persuadée que Camille, qu'elle venait tout juste de croiser, ne la croirait pas si elle le lui disait. Alors, pour éviter cela, elle lui avait simplement montré la lettre qu'elle avait reçue. Ainsi, elle ne pourrait que la croire.

Cette histoire semblait faire sourire Camille, qui faisait remarquer à Elizabeth qu'elle était loin de ressembler à un lutin. « Merci pour le compliment. Et je te le retourne. » Parce que c'en était bien un, non ? A vrai dire, elle n'en savait trop rien parce qu'elle n'y connaissait rien. A ses yeux, le Père Noël, ses lutins, l'atelier du Père Noël... Tout ça n'était que légende. C'était assez surprenant d'avoir l'impression que, finalement, ce n'était peut-être pas le cas.

A son tour, Camille avait sorti une lettre de son sac et Elizabeth l'avait lue. Elle était identique à celle qu'elle avait reçue, à la différence de la liste des ingrédients à trouver. Autrement dit, elles étaient là pour faire équipe ? Se compléter ? Elizabeth n'en revenait toujours pas, mais il fallait se rendre à l'évidence, apparemment. « Ou quelqu'un qui a beaucoup d'humour a voulu nous faire une plaisanterie. » Mais qui ? Elles n'avaient pas d'ami en commun à sa connaissance et elle ne connaissait pas grand monde avec un sens de l'humour aussi développé. Puis, ça n'expliquait pas pourquoi elle avait trouvé cette forêt comme par magie. Non, il fallait peut-être vraiment se rendre à l'évidence et arrêter de douter définitivement. « Alors, aidons le Père Noël. » Lança-t-elle finalement dans un haussement d'épaules. Pourquoi pas le Père Noël après tout ? Il y avait bien des monstres et des fantômes sur cette île, alors plus rien ne pouvait l'étonner. « Nous y allons ? » Si Camille était prête, Elizabeth l'était aussi. Elles pouvaient entrer dans cette forêt et commencer leur quête.

Il était vrai qu’elles ne ressemblaient en rien à des lutins. Pourtant, elles avaient bel et bien été missionnées par le Père Noël. Camille avait eu quelques doutes, mais après tout, ici tout semblait possible. « Peut-être, c’est possible, mais je trouve ça amusant. » Dit-elle en affichant un large sourire. Blague ou non, Camille voulait y croire et elle trouvait cette mission amusante, encore plus maintenant qu’elle avait quelqu’un pour l’accompagner. Et puis si les fantômes, les monstres et d’autres créatures existaient, pourquoi ce ne serait pas le cas du Père Noël ? Pourquoi ne serait-ce pas lui qui leur aurait demandé de l’aide ?

« Oui, allons-y. » Camille était plus que prête. Pour une fois, la mission ne semblait pas dangereuse, au contraire, elle semblait bien agréable. Camille devait bien avouer qu’elle avait hâte d’entrer dans cette forêt enchantée. Elle avait hâte de voir comment elle était. Ressemblait-elle à une forêt ordinaire ou ressemblait-elle à une véritable forêt magique, avec des animaux fantastiques, des fées, des fleurs brillantes et des animaux parlants ? Et à quoi ressemblaient tous ces ingrédients nécessaires pour le Père Noël ?

Son panier dans une main et la liste des ingrédients dans l’autre, Elizabeth et Camille était entrée dans cette forêt. À première vue, tout semblait normal. Rien n’était très différent, mais plus elles avançaient, plus Camille pouvait remarquer que les choses devenaient de plus en plus originales. Des insectes aux couleurs étranges, des fleurs aux formes inimaginables, des champignons plus grands que d’habitude… « Tu as vu comme tout semble différent ici ? » Cette forêt était bel et bien magique, elle ne possédait peut-être aucun pouvoir, mais elle était magique de par son apparence. « C’est quoi le premier ingrédient de ta liste ? » La forêt avait beau être magnifique et surprenante, il ne fallait pas oublier la mission principale.

Mauvaise blague ou véritable mission du Père Noël, Elizabeth comptait bien mener sa mission à bien, juste au cas où. En effet, il était plus prudent de ne pas contrarier cet endroit s'il était responsable de ce qui était en train de se passer. Il avait tendance à se venger violemment et Elizabeth préférait, tout naturellement, éviter les répercussions négatives pour avoir refusé quelque chose d'aussi stupide.

Les deux femmes étant prêtes, elles étaient entrées dans cette fameuse forêt enchantée. Elizabeth ignorait à quoi s'attendre, mais elle avait hâte de tout découvrir. Sa curiosité se développait un peu plus à chaque fois. Cette ville pouvait être effrayante et dangereuse, mais elle pouvait être merveilleuse également.

Dans un premier temps, Elizabeth ne remarquait rien d'anormal. Une forêt tout ce qu'il y avait de plus banale. Puis, peu à peu, les choses prenaient une allure différente. Les couleurs étaient plus vives et plus étranges. Les odeurs étaient différentes et nouvelles. Certains éléments minuscules habituellement paraissaient beaucoup plus grands et d'autres éléments naturellement grands étaient beaucoup plus petits. « C'est magnifique. » Se contenta de souffler Elizabeth, à la question de Camille. En effet, tout était différent, mais magnifique. « Regarde cet arbre. » Elle désignait un arbre minuscule, à peine plus haut qu'une fleur, mais qui avait tout d'un arbre, du tronc aux branches et aux feuilles. Il portait même des sortes de fruits. C'était amusant de voir les choses ainsi. La logique n'avait plus sa place dans cet endroit.

Revenant à la réalité et à la raison de sa présence grâce à Camille, Elizabeth jeta un coup d'oeil à sa liste. « Les noms sont étranges, je ne connais rien de tout ça. » Les mots, séparés, avaient pour la plupart du sens, mais ensemble... Elle ne comprenait pas. « Un fruit de champignon à pois. » Lisait-elle, se trouvant stupide de ne pas comprendre, mais surtout ayant l'impression de participer à une blague sans le vouloir. « J'ignore ce que c'est. Et toi, quel est ton premier ingrédient ? » Peut-être serait-il plus simple à trouver ?

Cette forêt était incroyable. Merveilleuse. S'y promener réveillait quelque chose en Elizabeth. Cette âme d'enfant qu'elle avait oublié avoir eu un jour. Elle s'émerveillait et s'étonnait de chaque chose. Pourtant, malgré les merveilles de cet endroit, il ne fallait pas oublier la raison de leur présence : la liste des ingrédients. Elizabeth aurait aimé pouvoir poursuivre ce rêve sans avoir à y faire quoi que ce soit, mais il fallait se montrer raisonnable. A la demande de Camille, donc, elle avait lu la première chose qu'il y avait sur sa liste, sans comprendre de quoi il s'agissait. Le fruit d'un champignon à pois. Autant dire qu'elle n'en avait jamais entendu parler. Du premier ingrédients de Camille non plus, d'ailleurs. Une fleur rhinocéros chantonnant, qu'était-ce donc que cela ? Les noms étaient aussi étranges que tout ce qui se trouvait dans cette forêt - ce qui était logique quelque part.

Les deux femmes ignoraient donc le sens de leur liste, mais elles étaient déterminées à trouver. Elles avançaient donc lentement et prudemment, en observant tous les petits recoins et les alentours. Pendant ses observations, Camille fit une rencontre étrange. Une dizaine d'insectes se promenaient en rang, du plus grand au plus petit, et se déplaçait étrangement. Un sourire amusé se dessinait alors sur les lèvres de la jeune femme qui n'en croyait pas ses yeux. Elle avait vraiment l'impression d'être dans un rêve.

Mais, mieux encore, Camille avait fini par tomber sur les fameux champignons à pois - enfin, elle supposait que c'était ça. « Allons-y. » Souffla alors Elizabeth en se dirigeant vers ces champignons anormalement grands. Et en s'approchant, les champignons, qui étaient effectivement à pois, possédaient des sortes de fruits - enfin, ça y ressemblait en tout cas. « Je suppose que ça doit être ça. » Disait-elle dans un haussement d'épaules en cueillant trois ou quatre fruits pour les mettre dans son sac. « J'espère que ça suffira. » Rien n'était indiqué après tout. « A ton tour. » C'était peut-être bête de procéder ainsi, chacune son tour, mais mieux valait se concentrer sur un ou deux ingrédients à la fois puisqu'ils leur étaient totalement inconnus. « Chantonnant, tu crois que ça veut dire que ces fleurs chantent ? » Ou c'était juste une façon de parler ? « Peut-être qu'il faut chanter pour qu'elles te répondent ? » Elizabeth n'était pas sérieuse, évidemment, mais dans cette forêt magique... qui sait après tout, peut-être qu'elle avait raison ?

Dans cette forêt, tout était absolument étrange. Rien ne semblait ordinaire. Tout était bien trop grand ou bien trop petit. Certains objets étaient de formes amusantes et non habituelles. Et il y avait bien d’autres choses qui attiraient l’attention de Camille, émerveillée, telle une enfant, devant toutes ces choses. Malgré tout cela, les deux femmes devaient rester concentrées et ne pas oublier le pourquoi elles s’étaient retrouvées ici. Le Père Noël avait besoin d’elles et elles devaient trouver quelques étranges ingrédients pour lui. Les noms étaient complexes et inconnus pour les deux amies, alors elles ne devaient pas perdre trop de temps - même si elles ne pouvaient pas s’empêcher de s’arrêter face à certaines choses - car trouver les ingrédients en question allait sans doute être assez complexe.

L'œil de Camille avait été attiré par un champignon géant à pois. Ce champignon était peut-être celui qu’Elizabeth devait trouver pour ses fruits. C’était assez difficile d’en être certaine, mais Elizabeth avait tout de même cueilli quelques fruits provenant de ce grand champignon. « Je n’en ai aucune idée. Il n’y a aucune quantité indiquée, alors supposons que ce sera suffisant. » Il aurait été bien d’indiquer, à côté de chaque ingrédient, le nombre qu’il fallait apporter. Sans cela, il était difficile de savoir s’il en fallait encore, ou si elles en avaient pris suffisamment. « Certainement. » Elles chantaient très certainement, ou alors c’était une façon de parler, mais pour Camille, ces fleurs devaient émettre un son, soit grâce au vent, soit naturellement, soit autrement, mais sinon, pourquoi porteraient-elles ce nom ? « C’est très amusant. » Lâcha-t-elle souriante. Elle n’allait tout de même pas chanter pour que des fleurs lui répondent. Si ? « Tu crois que je dois vraiment chanter ? » Elizabeth ne semblait pas sérieuse en le disant, mais après tout, cette idée n’était pas mauvaise. « Et puis qu’est-ce que je devrais chanter exactement ? » N’importe quelle chanson ? Ou y avait-il une chanson en particulier ? « Bon, après tout, il faut bien essayer pour écarter cette hypothèse. » Reprit-elle aussitôt, sans vraiment laisser de temps à Elizabeth pour répondre. Puis elle commença à chanter quelques premiers mots de la première chanson qui lui était venue en tête. « Je me sens vraiment ridicule. » A chanter en espérant que des fleurs lui répondent, il y avait de quoi. La brune reprit quelques phrases et sans qu’elle ne s’y attendait vraiment elle avait entendu chantonner un peu plus loin. « Tu as entendu ? » Et si c’étaient ces fleurs ? Si Elizabeth avait raison et que ces fleurs lui avaient répondu ?

Elizabeth avait trouvé son premier ingrédient grâce à l'aide de Camille. Elle ignorait tout de la quantité qu'elle devait ramasser, alors elle en ramassait un certain nombre en espérant que ce serait suffisant. « Je l'espère ou nous serons obligées de revenir faire un tour par ici. » Et même si l'endroit était très agréable à visiter et très amusant sur bien des aspects, Elizabeth n'avait pas particulièrement envie de passer sa vie ici à chercher les mêmes ingrédients pour elle ne savait quoi.

Maintenant qu'Elizabeth avait ses premiers ingrédients, elles s'attaquaient au premier ingrédient de Camille. Au vu du nom que ce dernier portait, Elizabeth supposait que les fleurs en question devaient chanter... Ou faire un bruit qui se rapprochait d'un chant humain, mais dans cette forêt tout paraissait possible alors pourquoi la première hypothèse ne pourrait pas être la bonne ? Pour s'amuser, Elizabeth supposait même que Camille serait peut-être obligée de chanter pour obtenir ces fameuses fleurs. Elle plaisantait, mais une partie d'elle se disait, une fois encore, que... pourquoi pas, après tout ? Pourquoi, dans ce monde étrange et merveilleux, ne serait-ce pas ce qu'il faudrait faire pour les trouver ? « Je ne sais pas, peut-être. » En réalité, Elizabeth n'était pas plus informée que Camille à propos de ce qu'elle devait faire ou non, mais on pouvait s'attendre à peu près à tout ici. « Je n'ai jamais rien chanté à une fleur, alors je ne saurais te dire ce qu'il faut leur chanter. » rétorqua la jeune femme en souriant. S'il fallait véritablement leur chanter quelque chose, ce quelque chose devait-il être une chose en particulier ? Une fois n'était pas coutume, elles n'en savaient rien.

Sans qu'Elizabeth ne puisse ajouter quoi que ce soit, Camille semblait s'être convaincue toute seule et elle s'était mise à chanter avant de s'arrêter après quelques phrases pour annoncer qu'elle se sentait ridicule, ce qui faisait sourire Elizabeth. Elle ne se moquait pas, simplement, elle trouvait la situation amusante. « Tu as une très belle voix, si cela peut te rassurer. » Parce qu'elle imaginait qu'il ne devait pas être simple de se mettre à chanter pour des fleurs en plein milieu d'une forêt. Camille avait fini par reprendre sa chanson et après quelques secondes, on semblait lui avoir répondu au loin. « J'ai entendu. » Elle cherchait sans rien voir, mais elle restait persuadée de la direction à prendre. « Suis-moi. » Elle avait peut-être eu raison. Peut-être fallait-il vraiment chanter pour les retrouver... C'était assez incroyable, en réalité, comme tout ce qu'il y avait autour d'elles. Plus rien ne devrait l'étonner. « Regarde, ce sont elles. » Souffla-t-elle à quelques mètres de fleurs qui émettaient de jolis sons, qui chantaient, comme leur nom l'indiquait. Il s'agissait de belles et grandes fleurs aux couleurs magnifiques. Les sons qu'elles poussaient étaient d'une douceur incroyable, tout comme leur beauté.

Après avoir reçu une lettre du Père Noël, Elizabeth et Camille s'étaient retrouvées dans une étrange forêt à la recherche d’ingrédients tout aussi étranges. Elizabeth avait trouvé le premier ingrédient qu’elle devait trouver. C’était maintenant au tour de Camille. Elle devait trouver le pétale de fleur rhinocéros, mais ces fleurs chantonnaient d’après ce qui était noté sur sa propre liste. Cette information semblait amuser Elizabeth, qui informa Camille qu’il fallait peu-être chanter pour trouver ces fleurs. Camille ne voulait pas y croire, mais une partie d’elle se disait que c’était peut-être possible. Après tout, elles se trouvaient dans une forêt magique à la demande du Père Noël et tout ce qui se trouvait autour d’elles, sortaient de l’ordinaire. Mais alors que devait-elle chanter ? Y avait-il seulement une chanson à chanter en particulier ? Si tel était le cas, Camille ignorait tout de cette dernière. « Alors je serai la première de nous deux à chanter pour une fleur. » S’amusa-t-elle.

Puis elle se mit à chanter les paroles de la première chanson qui lui était venue à l’esprit. Camille ne chanta pas longtemps, avant d’annoncer qu’elle se sentait terriblement ridicule. Amusée, Elizabeth lui avait simplement répondu qu’elle avait une belle voix, si cela pouvait la rassurer. En guise de réponse, Elizabeth ne reçut qu’un regard noir. Puis Camille se remit à chanter. Elle n’avait pas dû attendre longtemps avant d’entendre chanter au loin. La brune s’était immédiatement arrêtée pour demander à Elizabeth si elle avait entendu également. Et heureusement, elle avait entendu elle aussi. Les deux femmes cherchaient du regard, mais elles ne trouvaient rien. Alors elles s’étaient avancées en direction des voix, espérant les trouver rapidement - et espérant surtout ne pas avoir à chanter de nouveau pour les trouver. Après quelques pas, Elizabeth avait vu quelques fleurs qui chantaient. Elles étaient vraiment belles. Leur nom venait certainement de leur forme, puisqu’elles donnaient l’impression d’avoir deux sortes de petites cornes. « Elles sont vraiment magnifiques. » Dit-elle tout en s’approchant des fleurs qui continuaient de chanter sur son passage. « Je suis désolée. » Lâcha Camille à la fleur, lorsqu’elle vint lui prendre un de ses pétales. Elle avait l’impression d’être face à des êtres vivants, peut-être capables de ressentir la douleur, alors lui arracher un pétale lui faisait mal au cœur, mais puisque la fleur continuait de chanter, cela voulait peut-être dire qu’elle n’avait pas eu mal. « Mon prochain ingrédient est une graine de clown. » Dit-elle après avoir rangé le pétale et après avoir relu sa liste. Elle ne savait pas ce qu’était un clown dans cette forêt, mais elle allait certainement le découvrir bientôt. « Et toi ? C’est quoi le prochain ingrédient ? »

Les circonstances exceptionnelles dans lesquelles les deux jeunes femmes se retrouvaient poussaient Camille à chantonner quelque chose pour des fleurs. Elles ignoraient toutes les deux si c'était la chose à faire, mais puisqu'elles ne trouvaient pas les fleurs en question, elles tentaient quelque chose. Après quelques phrases, les deux jeunes femmes avaient entendu un bruit. Une réponse. Les fleurs répondaient au chant de Camille. Elles se mirent donc à la recherche de ces dernières en écoutant le bruit qu'elles produisaient. Un chant mélodieux, doux et agréable. Un bruit qui était en train de les guider jusqu'à elles.

En quelques instants, elles les avaient trouvées. Elles étaient aussi belles qu'elles chantaient bien. Tout dans cette forêt était particulièrement magnifique. Lentement, Camille s'en était approchée tout en s'excusant de devoir cueillir leurs pétales, mais les fleurs ne semblaient pas en souffrir - ou n'en montraient rien, tout du moins. Elizabeth avait beaucoup de mal à détacher ses yeux de ces fleurs, mais elle devait revenir à la réalité et tâcher de remplir sa mission le plus rapidement possible. Le prochain ingrédient de Camille était une graine de clown. Qu'était-ce encore que cela ? S'agissait-il d'un véritable clown ? Dans cette forêt, tout était possible, après tout, mais... ça n'en restait pas moins étrange.

Elizabeth, à son tour, avait observé sa lettre pour trouver le prochain ingrédient à ramasser. « Les lunettes d'un ogre endormi... » Souffla-t-elle sans davantage comprendre ce qu'elle devait trouver. Les noms des ingrédients restaient un véritable mystère, elles ne les comprenaient qu'en tombant dessus généralement. Dans son cas, devait-elle trouver un ogre en train de dormir ? Un véritable ogre ? Etait-ce seulement possible ? - et combien de fois allait-elle se poser cette question après tout ce qu'elle avait déjà vu dans ce monde mystérieux et fascinant ?

« Cherchons un clown ou un ogre, dans ce cas... » Souffla-t-elle en souriant, tout en se remettant en marche. Elle n'était pas tout à fait sérieuse, elle ne s'imaginait pas vraiment tomber sur l'un ou l'autre, mais plutôt sur quelque chose qui rappelait l'un ou l'autre. Pourtant, après avoir fait plusieurs dizaines de mètres, une drôle de respiration lui était parvenue. Elle était encore assez éloignée, mais il lui semblait qu'il s'agissait d'un ronflement. « Tu entends ? Tu crois qu'il s'agit de... » Elle se stoppait ne croyant pas elle-même à ce qu'elle s'apprêtait à dire. « Tu crois qu'il s'agit d'un ogre ? » Vraiment ? Cette idée était terrifiante. Elles ne pourraient rien face à un ogre et, en même temps, ne serait-ce pas incroyable de pouvoir en voir un pour de vrai ?

Lentement, les deux femmes s'étaient donc approchées. Elles tentaient de ne faire aucun bruit, de rester discrète. Elizabeth avait pourtant eu du mal à cacher son cri de surprise en tombant sur une créature gigantesque. Elle devait faire quatre ou cinq mètres, peut-être davantage tant il était difficile d'évaluer cela de son point de vue. L'ogre était terrifiant. Endormi, il tenait dans ses mains une bouteille vide. Tout autour de lui étaient disposées quelques bougies et les restes d'un bon repas. Et, sur sa tête, il avait des lunettes. Certainement, celles qu'Elizabeth devait rapporter. Surement. « Je ne dois quand même pas m'approcher de cette créature ? Elle ne fera qu'une bouchée de moi si je la réveille... » Murmura-t-elle avec toute la discrétion du monde à Camille. Cette fois-ci, elle paniquait véritablement à l'idée de s'approcher d'une telle créature pouvant représenter un véritable danger pour elle.

La liste des ingrédients à trouver n’était pas bien longue, mais les noms étaient très étranges et les deux femmes ne savaient pas forcément ce qu’elles devaient chercher. Les noms étaient très parlants et en même temps, ils ne voulaient pas dire grand-chose. Mais elles devaient voir le bon côté des choses, elles avaient déjà réussi à trouver un ingrédient chacun. C’était déjà très bien, elles pouvaient donc passer aux suivants. La liste de Camille indiquait alors qu’elle devait trouver une graine de clown. Cet ingrédient éveillait beaucoup de questions. Elle ne savait pas si elle devait chercher un véritable clown ou un animal ou encore une fleur, un légume ou un fruit ressemblant de près à un clown. Elle allait certainement le découvrir en avançant dans la forêt, lorsque ses yeux -ou ceux d’Elizabeth- allaient se poser sur une chose pouvant ressembler à l’ingrédient en question. Quant à Elizabeth, son prochain ingrédient était des lunettes d'ogre endormi.Camille ne savait pas s’il s’agissait d’un véritable ogre, mais cela ne lui inspirait pas confiance. Autant les autres ingrédients ne semblaient pas difficiles à avoir, autant celui-là l’était peut-être, en plus d’être, peut-être, dangereux.

« Oui, allons-y. » Elles n’avaient pas vraiment d’autre choix, elles devaient rechercher un ogre ou un clown. Enfin, elles devaient trouver les deux, mais chaque chose en son temps. En attendant, Camille ne savait pas très bien ce qu’elle préférait trouver en premier. Les ogres n’avaient pas bonne réputation, mais apparemment, il était endormi, donc inoffensif. Et les clowns pouvaient être adorables ou monstrueux, ça pouvait dépendre et là, rien ne disait qu’il dormait ou qu’il était inoffensif. Mais après tout, ce n’était peut-être qu’une façon de parler. Il n’y avait peut-être aucun clown, aucun ogre dans cette forêt. Enfin, Camille aurait pu le croire -ou aurait préféré le croire- jusqu’à ce qu’elle entende une sorte de ronflement lointain. « Oui, j’entends. » Dit-elle dans un premier temps. Elle n’avait donc pas rêvé en entendant ce bruit, puisque Elizabeth l’avait entendu, elle aussi. « Et je crains qu’il s’agisse bien d’un ogre, oui. » Le hasard aurait été bien trop grand. Elles cherchaient un ogre endormi et elles entendaient un ronflement bruyant, même s’il venait de loin.

Les deux femmes s’étaient alors approchées du bruit en question. Elles s’étaient avancées discrètement pour ne pas éveiller la créature qui semblait profondément endormie. Mais malgré leur désir de discrétion, elles n’avaient pu s’empêcher d’être surprise en se trouvant face à cette immense créature. Un ogre. Il y avait bel et bien un ogre devant leurs yeux. Pour Camille, les ogres ne se trouvaient que dans les histoires pour enfants, pas dans la vraie vie, pas dans la forêt, pas devant ses yeux. Les deux femmes étaient restées un instant immobiles, observant la créature et ce qui l’entourait. L’ogre dormait parce qu’il venait, visiblement, de profiter d’un bon repas. Et en levant les yeux, Camille avait vu que des lunettes se trouvaient sur sa tête. C’étaient certainement ces lunettes qu’Elizabeth devait attraper. Seulement, comment pouvait-elle faire ? L’ogre était grand, même s’il n’était pas debout, il restait bien plus grand qu’elles. Atteindre sa tête n’allait pas être simple. Et comment pouvaient-elles faire pour lui ôter ses lunettes sans le réveiller ? Sans oublier la taille de ces dernières et très certainement leur poids. Même à deux, les lunettes allaient être difficiles à porter. « Je pense que si, tu vas devoir t’approcher d’elle et lui ôter ses lunettes. » Camille avait observé les alentours à la recherche d’un moyen d’aider Elizabeth. « Il y a une plume, il faut peut-être le chatouiller pour le forcer à bouger ? Il va peut-être s’allonger entièrement et à deux, on pourra essayer de lui retirer sa paire de lunettes. » Camille devait l’aider, seule, Elizabeth n’allait pas réussir à s’en sortir. En utilisant la plume, elles prenaient un risque, mais Camille ne voyait pas de meilleures solutions pour faire en sorte d’approcher les lunettes. Bien évidemment, elles pouvaient essayer de grimper pour les atteindre, mais avec le poids que devait faire cette paire, cela devenait sans doute plus dangereux encore.