S'il y avait bien une personne avec qui les choses n'avaient pas changé et ne changeraient sans doute jamais, c'était avec Paul. Pour Sophie, il avait toujours été comme un frère et le retrouver dans ce nouveau monde avait été une libération et une chance dont elle savait profiter. Elle était si heureuse qu'il soit là. Si heureuse de l'avoir dans sa vie. Si heureuse de pouvoir le voir à chaque fois qu'elle en avait envie ou besoin. Alors, à chaque fois qu'ils avaient l'occasion de passer un moment ensemble, Sophie en profitait comme s'il pouvait s'agir du dernier - on lui avait déjà pris son cousin par deux fois, elle avait appris sa leçon et savait que les gens qu'elle aimait pouvaient disparaître à tout instant.

Ce jour-là était un de ceux où Paul avait rendu visite à Sophie. Ils étaient seuls, tous les deux puisque Sophie était seule chez elle, actuellement. Et, comme à chaque fois, Sophie n'en finissait plus de sourire et d'apprécier chaque seconde. Pourtant, brutalement, le ton devint plus sérieux. Sophie ne s'y attendait pas, mais, avec son cousin, elle pouvait tout autant être la Sophie boudeuse, insupportable et enfantine comme pas possible que la Sophie sérieuse, prête à aider et adulte. Au ton de son cousin, la jeune femme savait qu'elle devait devenir cette deuxième Sophie. Installés tranquillement, Sophie prit un air davantage sérieux - sans se départir de son sourire pour autant, qu'elle voulait rassurant et encourageant, désormais. « Que se passe-t-il, Paul ? » Elle s'inquiétait, d'une certaine façon. Paul était rarement aussi formel et hésitait rarement lorsqu'il avait besoin de lui dire quelque chose. En revanche, elle savait bien qu'il avait du mal à demander de l'aide aux autres, comme s'il s'agissait d'une chose honteuse - ce que Sophie trouvait parfaitement stupide, plus encore lorsqu'il s'agissait de sa propre famille. Ils étaient unis, tous, et toujours prêts à s'aider les uns les autres, alors pourquoi se montrait-il si fier ? « Tu sais que tu peux tout me demander ? » Souffla-t-elle, pour l'encourager, lui montrer que ça ne la dérangeait pas de lui rendre service ou de l'écouter parler s'il avait un problème afin de lui rendre la tâche plus facile.

Sophie avait peur de ce que son cousin redoutait tant de lui dire. Elle craignait évidemment qu'il n'ait une mauvaise nouvelle à lui annoncer, qu'il ne se passe quelque chose dont elle ignorait tout. Elle avait raison de craindre le comportement de son cousin, il se passait bel et bien quelque chose. Sophie tentait de le rassurer, de l'encourager, de le pousser à dévoiler ce qu'il avait à dire puisqu'elle sentait bien son hésitation et sa gêne - ce qu'elle trouvait ridicule, il ne devait pas y avoir la moindre gêne entre eux, ils étaient tout l'un pour l'autre, après tout. Alors, après les encouragements de Sophie, Paul se lança donc et expliqua sa difficile situation.

Paul expliqua donc que Mary avait des problèmes, même s'ils ne savaient pas encore quoi précisément, mais que cela concernait sa vue et qu'elle risquait de la perdre. Étrangement, Sophie restait particulièrement calme et contenait sa réaction - à cet aveu, son coeur se brisait à l'idée de voir cette petite fille que Paul aimait tant devenir aveugle, bien sûr, mais elle se contrôlait pour lui. « Je suis désolée... » Pour lui. Pour elle. C'était tout ce qu'elle était capable de souffler dans un premier temps. Elle n'avait, de toute façon, pas grand-chose d'autre à ajouter puisqu'elle sentait que son cousin n'avait pas fini de parler. Il n'était pas juste là pour expliquer, il voulait quelque chose. Elle le connaissait suffisamment pour savoir.

Evidemment qu'il voulait lui offrir la meilleure vie possible malgré la situation. Il aimait cette enfant et il voulait ce qu'il y avait de mieux pour elle - ou de moins pire, dans sa situation. Paul reprit très rapidement la parole pour expliquer plus précisément ce qu'il attendait de Sophie. Il voulait adopter un chien qui l'aiderait dans son quotidien si elle devait perdre la vue. Evidemment, ce genre de chien coûtait une petite fortune, tant à l'achat qu'avec les leçons qu'il fallait lui donner et Paul n'avait plus les moyens d'autrefois. « Oh, bien sûr Paul... » Souffla-t-elle, en lui attrapant la main pour la serrer dans la sienne. « Je paierai tout ce qu'il faut pour vous aider. » La question ne se posait même pas en réalité et si elle avait été au courant de la situation, elle se serait proposée elle-même, malgré la fierté de son cousin, pour lui éviter d'avoir à le demander. « Ne te fais aucun souci pour l'argent, que ce soit pour qu'elle puisse consulter les meilleurs spécialistes ou pour le chien. » Si Mary devait consulter tous les spécialistes de cette île, Sophie paierait chaque rendez-vous. Si finalement, le chien devenait la seule solution, elle paierait. Jamais elle ne laisserait Mary ou Paul dans une telle situation, sans les aider, alors qu'elle en avait les moyens. Ils étaient sa famille et Sophie avait peut-être beaucoup de défauts et elle était peut-être égoïste parfois, mais jamais pour ça. « Prends soin d'elle et ne te préoccupe pas du reste. » Assura-t-elle une fois encore, tant elle voulait qu'il comprenne qu'il n'y avait aucune honte à lui demander, qu'elle était d'accord et qu'elle n'avait aucune hésitation à venir en aide aux gens qu'elle aimait.

Sophie était évidemment perdue face à la nouvelle que Paul était en train de lui apprendre. Il devait être si difficile pour lui d'avoir l'impression d'être impuissant face à une telle situation. Sophie ne pouvait que le comprendre et le soutenir. De toutes les façons possibles. Elle lui apporterait le soutien financier qu'il réclamait parce qu'il en avait besoin, mais elle lui apporterait aussi le soutien moral. A lui, comme à Mary. Parce que si Paul était son cousin, Mary était comme une nièce pour elle. Elle l'aimait autant qu'elle aimait les enfants de ses soeurs. Alors, pour la jeune fille aussi, elle ferait tout ce qu'elle peut, en la soutenant dans les étapes difficiles qui l'attendaient.

Alors, sans la moindre hésitation, Sophie accepta de payer le chien qui aiderait Mary, dans l'hypothèse où, malheureusement, cette dernière perdrait entièrement la vue. Elle promettait également de payer tout ce qui serait nécessaire pour elle, notamment les spécialistes qui pouvaient vite coûter très cher. Sophie avait la chance d'avoir les moyens pour cela, il serait profondément égoïste de refuser et de ne pas en faire profiter ceux qui en avaient besoin, plus encore lorsqu'il s'agissait de sa famille. Face aux mots de Sophie, Paul la serra dans ses bras. Sophie était heureuse de savoir qu'elle lui apportait un minimum de réconfort face à une telle épreuve. « S'il ne peut pas, nous consulterons tous les spécialistes de cet endroit, je te le promets. » Assura-t-elle avec sérieux et détermination. Si ce médecin-là n'y pouvait rien, d'autres le pourraient peut-être. Alors, si Mary était d'accord, bien évidemment, ils verront autant de médecins que cette île en comptait. « Nous n'abandonnerons pas avant d'être sûrs que... » qu'il n'y a rien à faire, aurait-elle aimé ajouter, mais sa voix s'étranglait et elle avait été incapable d'en dire davantage.

Paul, par la suite, avait sorti une photo du chien qu'il comptait offrir à sa fille. « Je suis certaine qu'il s'entendra très bien avec Mary. » Souffla-t-elle en observant la photo que son cousin lui avait tendue. Paul l'avait sans doute rencontré et elle ne doutait pas qu'il avait fait le bon choix. « Je peux aller le chercher avec toi, si tu veux. » Proposa la jeune femme. Puisque, d'une certaine façon, il allait s'agir de leur cadeau à tous les deux, elle pouvait bien l'accompagner. D'autant que ça lui ferait plaisir de faire ça avec Paul, de l'accompagner dans ses démarches, de l'aider. « Comment est-ce arrivé ? » Souffla-t-elle, sans trop oser. Sophie ne voulait pas paraître curieuse, mais elle avait envie de savoir par quoi ils avaient dû passer tous les deux et ce qui était en train de se passer pour l'enfant de Paul. « Pour Mary, je veux dire ? » Ajouta-t-elle, comme si c'était une chose nécessaire, comme si la question pouvait concerner quelqu'un d'autre.

Sophie aimait Paul et parce que Paul aimait Mary, elle avait appris à l'aimer comme un membre de sa propre famille. Si Mary avait des problèmes, par conséquent, Sophie se sentait concernée et investie. Il n'était pas question que cette jeune fille soit privée des meilleurs soins parce que Paul n'en avait pas les moyens. Sophie les avait, elle, et elle avait toujours considéré qu'elle devait aider les autres, et plus encore sa famille, puisqu'elle en avait les moyens. Il était inutile de garder égoïstement son argent, elle n'en profiterait pas si elle finissait seule. « Je vois à quel point tu l'aimes. » Et c'était vrai. Il suffisait de l'entendre parler d'elle ou de voir son regard lorsqu'il évoquait ses difficultés pour comprendre à quel point il aimait cet enfant comme si elle était la sienne.

Paul avait déjà tout prévu, il ne manquait plus que ce chien qu'il voulait adopter pour Mary. Puisque Sophie voulait s'investir, elle voulait accompagner Paul pour l'adoption - et Sophie n'avait jamais su résister aux animaux, non plus. « Si tu penses que ça lui fera plaisir, alors ne perdons pas de temps. » Après tout, Sophie pouvait se montrer égoïste, parfois, mais rarement lorsque ça concernait des choses importantes à propos de sa famille. Pour eux, elle était prête à tout pour les voir heureux et les voir sourire. « Il faudra qu'on organise quelque chose tous ensemble, ça lui fera plaisir. » Puisqu'elle aimait cette grande famille, ils pouvaient se réunir tous ensemble pour montrer à Mary qu'ils étaient là, tous, et qu'ils l'aimaient.

Sophie était curieuse de comprendre toute la situation, afin de ne pas être maladroite d'une part, mais aussi simplement parce que tout ce qui concernait les siens l'intéressait. Alors, elle interrogeait Paul, qui n'en savait, malheureusement, pas beaucoup plus. « Je l'espère pour vous, dans ce cas. » Souffla Sophie, sincère. Elle espérait sincèrement que les raisons pourraient être découvertes et qu'il y aurait des solutions pour régler les problèmes que Mary rencontrait actuellement. Et comme l'avait dit Sophie, elle verrait tous les spécialistes pour ça. « Et si nous allions voir ce chien ? » S'exclama Sophie en se relevant. « J'ai hâte de voir Mary ! Et puis, sur le chemin, nous pourrions nous arrêter acheter quelque chose à manger ? Un gâteau ? Je crois que nous serons tous heureux de déguster un délicieux gâteau au chocolat, non ? Ou n'importe quoi d'autre, tu n'auras qu'à me dire ce qui plaira le plus à Mary. » Du moment où Sophie pouvait manger, ce que c'était importait peu.

Paul avait raison, Sophie ne faisait jamais les choses à moitié. Certains voyaient ce comportement d'un mauvais oeil et se trouvaient vite fatigués d'être en sa compagnie, parce qu'elle vivait toujours trop vite et trop intensément. D'autres l'appréciaient particulièrement pour ce trait de caractère, et Paul faisait partie de ceux-là. Pourquoi faire les choses à moitié lorsque l'on pouvait trop en faire ? Sophie voulait montrer à Mary à quel point elle était importante pour eux tous et qu'elle faisait partie de leur famille, quoi de mieux qu'organiser une grande fête pour ça ? Un moment agréable où toute la famille serait réunie ? Sophie avait hâte, rien qu'en pensant à cette idée, parce qu'elle imaginait déjà la joie sur le visage de la jeune fille et leur joie à tous d'être réunis, comme autrefois. « Jamais, je ne serais plus vraiment moi, sinon. » Précisa-t-elle, avec le sourire, fière de ce trait de caractère chez elle.

Sans perdre plus de temps, ils s'étaient mis en route. Heureusement, le trajet n’était pas trop long, puisque Sophie avait grande hâte de rencontrer ce petit animal qui ferait désormais partie de leur famille et de leur vie. Sophie avait toujours beaucoup aimé les animaux, mais elle n'avait jamais vraiment su le montrer - sauf avec son chat, depuis qu'elle était dans cette ville. A peine arrivés, le chiot montra à quel point il était heureux de revoir Paul, ce qui fit sourire Sophie tendrement. Ce chien était adorable et elle l'aimait déjà. Sophie, qui s'était agenouillée près de Paul, faisait la rencontre du chien à son tour et, parce qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle le couvrait de caresses. « Tu as raison, puisqu'il sera à elle, c'est mieux si elle en décide elle-même. » Ce chien et Mary deviendraient des compagnons de jeu, il serait un soutien pour elle et un ami, alors il était logique quelque part que le choix du prénom lui revienne. « On lui trouvera des gourmandises aussi bonnes que le chocolat, mais qui lui conviennent. » Rétorqua Sophie, prête à acheter n'importe quoi pour ce petit être adorable. « Je l'aime déjà. » Rétorqua-t-elle, en se tournant vers Paul. « Vous viendrez nous voir souvent ? Avec lui, je veux dire ? » Non pas qu'elle n’était pas heureuse quand elle pouvait voir Mary et Paul, mais elle le serait davantage s'ils venaient accompagnés du chien qu'elle aimait déjà beaucoup et qu'elle espérait voir très souvent. « J'ai hâte de voir la réaction de Mary. » Qui devrait s'émerveiller et être heureuse de recevoir un tel cadeau, Sophie n'en doutait pas.

Sophie n'avait pas l'intention de changer, alors tant mieux si sa famille continuait à l'accepter comme elle était, avec son mauvais caractère et ses défauts. Elle avait conscience d'être épuisante parfois, mais elle faisait des efforts sincères lorsqu'elle avait conscience d'ennuyer sa famille ou de les fatiguer un peu trop. Cependant, elle était toujours heureuse d'entendre qu'on ne voulait pas qu'elle change - déjà parce qu'elle n'avait pas envie de changer, mais aussi parce qu'elle avait besoin d'être rassurée, en permanence.

Le petit chien était devenu le centre de toute l'attention de Sophie. Elle le couvrait de câlins et l'aimait déjà comme s'il avait toujours fait partie de la famille. Sophie adorait les animaux, mais elle avait toujours eu une histoire trop compliquée avec eux. Elle ne savait pas les aimer comme il fallait, comme elle avait parfois beaucoup de mal à aimer les humains comme il le fallait. Tout était toujours trop et à trop vouloir bien faire, elle faisait pire que mieux. Mais elle tentait de faire les choses au mieux. Et pour faire les choses au mieux, la première chose était de gâter ce petit être autant que possible. « Tu as tout à fait raison ! Mais c'est pour son bien, tu sais. Il lui faut toutes les meilleures choses pour être heureux. » Affirma Sophie, consciente qu'elle allait trop en faire, comme toujours. Et elle en ferait trop à chaque fois qu'elle verrait cet adorable chien - ce qui, elle espérait, serait très fréquent. « Exactement, mon jardin sera parfait pour ça ! Il pourra courir et se défouler, tout en sécurité. » L'excuse parfaite pour les faire venir très régulièrement.

« Nous irons avec Mary acheter tout le nécessaire pour le petit chien. » Décida Sophie, un peu autoritaire comme elle savait l'être. « J'ai hâte qu'elle puisse voir son nouvel ami et puis, c'est à elle de choisir aussi. » Et Sophie ne manquerait pas d'ajouter au panier beaucoup trop de jouets ou de friandises. « Allez, presse le pas, Paul, j'ai hâte de voir la réaction de Mary. » Souffla-t-elle déjà devant la porte de ce dernier, la main sur la poignée, prête à ouvrir, alors qu'il était quelques pas derrière elle.

Un chien pour Mary

Mary était très inquiète de savoir qu’elle perdait la vue et que pour l’heure, aucun spécialiste n’était capable de l’aider. Qu’il fallait poser un diagnostic pour peut-être pouvoir arrêter la progression de la cécité, mais qu’aucun ophtalmologiste en ville n’en avait été capable. Et parallèlement en classe, elle qui avait toujours été une excellente élève, elle avait de plus en plus en plus de mal à suivre. Et elle prenait donc involontairement du retard. Et c’était sans compter les frayeurs qu’elle s’était faite dans les rues de la ville et à la piscine à cause de sa vue. Elle savait que Paul ferait tout son possible pour la soutenir et l’aider, mais, elle ne s’ouvrait pour l’heure que très peu de ses craintes et interrogations pour la suite auprès de lui, refusant d’accroître celles de son père adoptif.
C’était d’ailleurs ce jour-là qu’elle en avait reparlé de sa situation avec son professeur d’Histoire, qui avait remarqué avant qu’elle n’eût changé de lunettes que sa vue avait baissé. Il avait essayé de la rassurer comme il le pouvait.
Sa journée de lycée avait continué et s’était terminée. Elle était donc rentrée, avec chance, sans trop d’encombres cette fois-ci. Heureusement, elle connaissait le trajet par cœur, cela lui facilitait les choses. Elle avait posé son sac et s’apprêtait à essayer tant bien que mal de rattraper une partie du retard qu’elle avait pris lorsqu’elle entendit des pas à l’extérieur. Regardant par la fenêtre, elle vit que Paul arrivait avec sa tante Sophie. Elle alla donc les accueillir et ouvrit la porte avant que Sophie ne le fît.

« Bonjour tante Sophie ! Bonjour Paul ! Je suis heureuse de te voir Sophie ! Comment vas-tu ? Et toi, Paul, depuis ce matin? Votre journée à tous les deux s’est bien passée ? » les accueillit-elle, avant de remarquer un chiot, de couleur sable, golden retriever.

Elle découvrirait qu’il s’agissait d’une femelle.

« Oh qu’il est mignon ce chiot ! » fit-elle en voyant, ne résistant pas à cajoler l’animal.

Là-bas, avec ses parents, toute la famille avait un chien. Il s’appelait Jack. Et même si c’était Laura qui l’avait nommé, tout le monde dans la famille l’adorait.

KoalaVolant

Spoiler:

« Souviens-t'en la prochaine fois que je ferai une bêtise. » Souffla Sophie en souriant, alors que son cousin affirmait qu'elle était extraordinaire. Même si elle était particulièrement touchée par ce genre de réflexion, elle ne voulait pas répondre sérieusement. Sophie aimait savoir que ses proches étaient fiers d'elle et elle aimait entendre ce genre de compliments parce qu'elle avait l'impression d'enfin faire les choses bien, comme sa famille l'avait toujours voulu. « N'hésitez jamais, vous êtes chez vous. » Elle comprenait parfaitement ce que Paul voulait dire. Il était important pour Mary, si elle devait perdre la vue, d'avoir autant de souvenirs que possible. Et jamais Sophie ne les refuserait. Ils étaient chez elle, comme chez eux.

Sophie prenait donc la direction des opérations. Ils se rendirent chez Paul, où Mary se trouvait déjà, puisqu'elle ouvrit la porte avant que Sophie ne puisse l'ouvrir. « Mary ! » Souffla-t-elle avec un sourire aux lèvres, après l'accueil offert par la jeune fille. « Je vais bien. Et je suis heureuse de te voir, moi aussi. » Répondit-elle, sincère. « Et toi, comment vas-tu ? » Les salutations d'usage passées, Mary avait remarqué un petit détail particulièrement intéressant : le chiot. Aussitôt, elle s'en était approchée pour lui offrir toutes les caresses qu'il méritait. Paul lui expliqua donc les raisons de la présence de cet animal, tandis que Sophie restait silencieuse et écoutait. Lorsqu'il eut terminé, sans perdre de temps, elle avait ajouté à ses derniers mots. « Il va avoir besoin de tellement de choses ! Il faudrait faire une liste pour ne rien oublier. Et il ne faudrait pas oublier le plus important : les friandises. Des tas de friandises ! Mais il faudra lui en donner raisonnablement. » Pour Sophie, c'était l'occasion de partager un moment agréable avec une partie de sa famille et de faire plaisir à Mary en lui permettant d'offrir à ce petit chien tout ce qu'elle désirerait. Alors, évidemment, elle avait hâte.