(terminé) Joyeux Noël ⊹ Jean, Camille & Madeleine.

Depuis des jours déjà, Sophie avait dans l'idée de préparer le réveillon de Noël pour le passer en famille. Jean et Madeleine étaient désormais là, avec Camille et Sophie. Alors même s'il manquait encore certaines personnes à cette réunion de famille, elle voulait profiter de ces retrouvailles tous ensemble. Si Sophie avait eu la chance de retrouver Jean, Madeleine et Camille, Madeleine n'avait pas encore eu la chance de les retrouver. En effet, tous les éléments semblaient être contre eux à chaque fois qu'ils organisaient une rencontre. Pourtant, cette fois-ci Sophie était persuadée que c'était la bonne. La ville avait suffisamment joué avec eux, il était temps de les laisser tranquille. Pour ça, Noël était la meilleure période, non ? Elle avait prié suffisamment longtemps pour l'espérer. Pour la première fois en trois ans, une partie de sa famille allait être réunie et elle était aussi impatiente qu'une enfant qui s'apprêtait à ouvrir ses cadeaux.

Dans le plus grand des secrets donc, Sophie avait acheté tout ce qu'il fallait. Ce n'était sans doute pas la meilleure des idées de tout préparer sans jamais en parler aux autres qui pouvaient totalement avoir préparé quelque chose, mais Sophie tenait tellement à leur faire plaisir et à leur préparer cette surprise qu'elle n'en parlait pas. Après tout, si elle les prévenait, ça n'aurait plus rien d'une surprise ! Seul Jean avait été mis au courant et il ne l'avait été que la veille, lorsqu'il l'avait accompagnée au bal organisé par la ville. L'idée l'avait d'ailleurs beaucoup amusé et il avait évidemment - ou heureusement pour Sophie - accepté.

Sophie avait tout prévu dans les moindres détails. D'abord, elle préparait le repas avec Jean - ou Jean préparait le repas pendant qu'elle restait près de lui à tout goûter - puis elle déjeunait seule avec lui et profitait de l'après-midi seule à ses côtés. Si Sophie avait envie de passer ce réveillon en famille, elle avait besoin de se retrouver seule avec Jean, de passer du temps avec lui, juste tous les deux - puisque même Sabrina avait prévu de fêter Noël ailleurs. Elle avait ensuite prévu d'inviter Camille, Madeleine et les enfants pour la fin d'après-midi et la soirée. Ils pourraient ainsi profiter de la soirée tous ensemble autour d'un bon repas, à se retrouver, à se remémorer leurs souvenirs d'enfants, à se redécouvrir aujourd'hui. Quant aux enfants, après avoir profité d'être avec eux, auraient tout le loisir d'aller se reposer pendant que les adultes profiteraient d'être tous ensemble parce que Sophie savait d'avance que la soirée s'éterniserait. A l'heure prévue, en fin d'après-midi, après avoir passé cette journée tant attendue avec Jean, il ne restait plus qu'à attendre Camille et Madeleine, qui étaient toujours bien trop longue pour Sophie et son impatience - et pour ce pauvre Jean qui devait ne plus en pouvoir d'entendre Sophie pester toutes les deux secondes parce que ses soeurs étaient trop longues.

Ce soir Camille n’avait rien de prévu. Où plutôt, elle ne savait pas vraiment ce qui était prévu pour elle. Avec Sophie, elles avaient parlé de fêter Noël ensemble, mais cela n’avait jamais été officiel. Alors comme elle venait de retrouver Jean et que l’invitation n’avait pas été formulée clairement, la brune avait pensé que son amie voulait simplement passer du temps avec celui qu’elle aimait. Après tout, c’était leur premier Noël depuis qu’ils étaient ici. Alors Camille comprenait, elle allait passer la soirée avec Georges et les orphelins et cela lui faisait tout autant plaisir. Elle avait passé toute la journée du 23 à organiser le réveillon pour qu’il se passe au mieux pour les enfants. Elle avait également organisé la collecte pour que chaque orphelin puisse avoir de quoi ouvrir sous l’immense sapin de l’orphelinat.

Tôt dans la matinée, la brune avait reçu un message de Sophie. Finalement, elle était invitée chez sa sœur pour la soirée. Jean allait sans doute y être et elle espérait que Madeleine serait là elle aussi. Depuis qu’elle savait qu’elle était ici, les deux sœurs n’avaient pas encore pu se retrouver. Cela peinait Camille, qui avait terriblement envie de revoir sa petite sœur après presque trois ans d’absence. Sauf que la ville avait toujours tout fait pour empêcher ces retrouvailles. En espérant que cette fois-ci, la ville garde ses distances avec eux, pour les laisser vivre ce moment ensemble. Sans hésiter, Camille avait accepté l’invitation de Sophie, même si l’idée de passer Noël loin des orphelins la peinait énormément. Les années précédentes, la brune et Sophie avaient fêté Noël à l’orphelinat, alors être loin d’eux ce soir était assez difficile. Elle n’allait pas pouvoir profiter du repas avec eux, elle n’allait pas pouvoir assister aux activités organisées, elle n’allait pas les voir s’amuser et elle n’allait peut-être même pas les voir ouvrir leurs cadeaux.

Souriante et heureuse de fêter Noël avec une partie de sa famille, malgré tout, la brune était montée très rapidement à l’étage pour se trouver une tenue pour la soirée, sans oublier qu’il fallait trouver une tenue pour Georges, même s’il détestait garder son nœud papillon en place.

Pour éviter de mauvaises surprises avec Georges, Camille avait fait déposer les cadeaux de son fils, de ses sœurs, de Jean et de la petite Catherine chez Sophie en début d’après-midi. Même si elle ne savait pas qu’elle devait passer la soirée avec eux, elle ne les avait pas oublié pour autant.

L’heure avançait rapidement, heureusement, la brune était prête et le petit Georges l’était également, il n’avait même pas pleuré pour ne pas mettre sa belle chemise ou encore son nœud papillon. Un véritable miracle, mais c’était sans doute à cause de la venue du Père-Noël, il devait être sage la veille de sa venue s’il voulait avoir des cadeaux.

Sur le chemin, Camille s’était arrêtée dans une boulangerie, pour aller chercher une bûche pâtissière au chocolat, la préférée de Sophie et de Georges. Pour dire vrai, elle ne savait pas ce qu’avait préparé Sophie, peut-être qu’elle avait déjà prévu un dessert, mais Camille ne voulait pas arriver les mains vides chez sa sœur. Et puis dans le pire des cas, il n’y avait jamais trop de dessert, surtout pour Sophie et pour Georges qui ressemblaient bien trop à sa tante pour cela.

Une fois devant la porte d’entrée de chez Sophie, la brune avait sonné, attendant que l’on vienne lui ouvrir, surtout qu’il faisait extrêmement froid ce soir. La porte s’était ouverte sur Sophie qui était très bien apprêtée pour la soirée. Camille s’était empressée d’entrée, avant de prendre sa sœur dans les bras pour la saluer. « Comment tu vas ma Sophie ? Tu es magnifique dans cette tenue. » Puis, la jeune femme se tourna vers son cousin, elle était heureuse de pouvoir passer Noël avec lui. Elle lâcha alors la poussette une seconde, pour s’approcher de son cousin. « Jean, je suis contente de pouvoir passer le réveillon de Noël avec toi. Comment tu vas ? Et toi aussi, tu es magnifique dans cette tenue, surtout avec ce magnifique chapeau, il te va à merveille. » Camille qui s’était retenue de rire depuis qu’elle avait vu son cousin, ne put s’empêcher de rire après avoir terminé sa phrase. C’était assez original comme tenue pour le réveillon, mais pourquoi pas après tout. La jeune mère se dépêcha de retourner près de son garçon, toujours souriante, pour le sortir de sa poussette, lui enlever son manteau, son bonnet, ses gants et son écharpe, avant de le prendre dans les bras. « Tu dis bonsoir Georges. » Le petit garçon répéta alors le bonsoir, adressé à Sophie et Jean. « Madeleine n’est pas là ? » Camille avait tellement hâte de la voir et de la prendre dans les bras, tout comme elle avait hâte de voir la petite Catherine.

La journée devait être parfaite. Sophie avait prié de toutes ses forces pour ça. Rien ne devait venir gâcher ce moment. La jeune femme savait qu'elle ne pouvait rien contre la volonté de cet endroit et pourtant, aujourd'hui, elle avait envie de lui faire confiance. Cette ville lui avait fait vivre un enfer bien des fois, mais elle lui avait aussi rendu ses soeurs et son époux. Sophie n'était pas complètement stupide et elle avait bien compris que tout se payait dans la vie. Elle s'attendait donc à ce que cette ville lui envoie de quoi rembourser sa dette, mais qu'importe. Comme elle l'avait si bien précisé à Jean le soir de leurs retrouvailles, la ville pouvait bien envoyer ce qu'elle voulait, Sophie était prête à tout affronter pour rester avec les siens.

Sophie avait donc profité de la journée en restant aux côtés de Jean, rattrapant le temps perdu. Assistante - ou plutôt goûteuse officielle, comme Jean l'avait si bien surnommée - en cuisine, elle avait passé sa journée collée à Jean. Dans les souvenirs flous de Sophie, il s'agissait de leur premier Noël en tant que couple marié. Dans la réalité, elle n'en savait rien. Ils avaient donc passé la journée à cuisiner ensemble, ils avaient déjeuné tous les deux et ce bon début de journée laissait espérer Sophie. La ville n'allait pas les empêcher de se réunir ce soir. L'heure approchant - toujours trop lentement pour la rousse qui pestait sans cesse du retard inexistant de ses soeurs - Jean avait réussi à convaincre Sophie de mettre la table. Après s'être plainte et avoir refusé, il avait su la convaincre en utilisant un argument de taille : la nourriture. Sophie installait donc tout ce qu'il fallait, n'oubliant pas de grignoter chaque plat qui passait entre ses mains. Lorsque la sonnerie de la porte d'entrée retentit, Sophie sursauta. La jeune femme était bien trop concentrée à cacher ses crimes en replaçant les toasts de sorte à combler les espaces vides. Elle prit donc une seconde pour terminer et se dirigea vers la porte, ignorant volontairement de répondre à Jean pour le forcer à venir voir de lui-même.

Sophie ouvrit donc la porte sur la première arrivée : Camille. Cette dernière entra sans attendre avec Georges, prenant Sophie dans ses bras. La rousse lui rendit son étreinte tout en lui répondant : « Je suis heureuse de pouvoir passer la soirée avec vous tous et toi ? » C'était la meilleure façon de répondre à cette question. Comment pourrait-elle ne pas aller bien ? Sophie était plus heureuse que jamais. « Toi aussi. » Souffla-t-elle en réponse à son compliment sur sa tenue. Camille la lâcha pour se tourner vers Jean et Sophie en profita alors pour se mettre à hauteur de Georges, toujours dans sa poussette, pour le saluer. « Ne te moque pas de lui, ce chapeau lui va parfaitement. » Rétorqua Sophie en tournant les yeux vers sa soeur alors qu'elle riait de Jean qui portait toujours sa toque.

Se redressant pour laisser la place à sa soeur, Sophie se rapprocha de Jean, laissant Camille sortir Georges de la poussette. « Ne l'écoute pas, tu es parfait avec ton chapeau. » Ne put-elle s'empêcher d'ajouter à l'attention de Jean, en levant les yeux vers lui, un sourire amusé aux lèvres parce qu'elle savait parfaitement qu'il l'avait gardé sur la tête toute la journée simplement pour l'amuser elle. Elle ne pouvait être que touchée par ce genre d'attention. Se reconcentrant sur le petit garçon qui était en train de les saluer, Sophie lui fit un petit signe de la main, tout en écoutant la question de Camille. « Pas encore. » Elle espérait bien que Madeleine n'allait plus tarder elle aussi, mais avec cette ville, comment savoir ? Ne préférant pas penser à l'éventualité où Madeleine ne viendrait pas, Sophie s'approcha de sa soeur pour lui prendre Georges des bras, sans vraiment lui laisser le choix. « J'espère qu'elle pourra venir. » ajouta malgré tout la jeune femme, en se dirigeant vers le salon. Puisqu'il manquait deux invitées, il était inutile de passer à table tout de suite, autant s'installer confortablement au salon en attendant.

Sophie passa alors les trop longues minutes qui suivirent à soupirer du retard de Madeleine, laissant principalement les deux cousins discuter ensemble, pendant qu'elle discutait avec le petit. Et enfin, après un temps qui lui parut interminable - un temps où Sophie avait eu le temps d'imaginer que la ville les avait empêchés de se retrouver, une fois encore - quelqu'un sonna. Sans perdre une seconde, Sophie se précipita à la porte pour y découvrir Madeleine et sa fille. Enfin, elle allait pouvoir retrouver sa soeur et son cousin. Ils avaient dû attendre des semaines, mais ils y étaient. « Entre, j'en connais deux qui sont impatients de te retrouver. » L'impatience de Sophie qui voulait voir ces retrouvailles lui avait fait oublier toute forme de politesse - ce qui était assez habituel chez elle, en réalité. Tout ce qu'elle voulait, c'était fermer cette porte pour être certaine que plus rien ne viendrait les déranger lors de ce repas. Enfin, ils allaient être réunis tous les six et Sophie n'attendait que ça depuis bien trop longtemps à son goût.

Camille avait attendu cette journée avec impatience. Cette journée où enfin, elle allait pouvoir retrouver sa petite sœur, où elle allait pouvoir rencontrer la petite Catherine. Elles avaient été séparées durant trois années, trois longues années. Cette ville avait tout fait pour les garder éloignées l’une de l’autre, sans que Camille ne comprenne pourquoi. Pourquoi s’acharner en les empêchant de se revoir qu’elles savaient toutes les deux que l’autre était là également ? Enfin, Camille le sentait, cette fois-ci, son calvaire était terminé, elle allait retrouver sa petite sœur, elle allait pouvoir la prendre dans ses bras à nouveau.

Une fois chez sa sœur, la brune prit Sophie dans les bras, la saluant, prenant de ses nouvelles, avant de la complimenter sur sa tenue. « Moi aussi ma Sophie et merci. » Camille ne pouvait pas dire le contraire. Tout comme Sophie, elle se faisait une joie de passer cette soirée ici, avec sa famille. Même si elle n’était pas au complet, la brune restait heureuse, car elles avaient déjà retrouvé quelques personnes qu’elle aimait sincèrement. Puis Camille s’était dirigée vers son cousin, pour le saluer à son tour, le complimentant cette fois-ci sur le chapeau qu’il portait. « Je ne me moque pas voyons Sophie. » Ce n’était pas une moquerie… Enfin, si c’en était une, mais c’était pour taquiner son cousin, rien de bien méchant. « Je vais bien, Jean, je te remercie et toi ? Comment vas-tu ? » Camille ne se répéta pas, mais elle aussi était contente d’avoir pu venir. Cette fois, la ville ne l’en avait pas empêché, il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle laisse également Madeleine venir.

Bien évidemment, l’une des premières choses que la brune avait remarquée, c’était que sa petite sœur n’était pas dans la pièce. Mais elle avait eu besoin de s’assurer qu’elle ne soit pas ailleurs en posant la question. A la réponse de Sophie, la brune secoua la tête de haut en bas. Elle espérait vraiment que Madeleine puisse venir. La fête ne serait pas pareille sans elle. «  Je l’espère aussi. » Pendant que Camille et Sophie discutaient, Jean et Georges faisaient de même. Ils faisaient connaissance, puisque les deux ne s’étaient encore jamais vu.

Le temps défilait et Camille ne pouvait s’empêcher de fixer régulièrement l’horloge, perdant peu à peu l’espoir de voir Madeleine et Catherine se joindre à cette fête. En attendant, Jean et Camille en profitaient pour discuter tous les deux, rattrapant un peu tout ce qu’ils avaient manqués depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Puis quelqu’un avait sonné à la porte. Le cœur de la brune s’était mis à battre très vite. Madeleine était sans doute arrivée, elle allait enfin pouvoir la prendre dans les bras. Sophie était partie ouvrir la porte et en quelques secondes elle était de retour avec Madeleine et Catherine. Camille l’avait tout de suite reconnu. Elle avait reconnu ce sourire, cette voix, son regard… Sa petite sœur était enfin là. La brune laissa Jean la saluer en premier, attendant sagement son tour. Une fois l’étreinte de Jean terminée, Camille s’était approchée de sa petite sœur, un large sourire aux lèvres. Elle prit une seconde pour regarder sa sœur, puis la prit dans les bras. « Madeleine… Je suis si contente de te voir, de pouvoir te serrer dans mes bras. Tu m’as beaucoup manqué. » Puis elle se pencha pour embrasser la petite Catherine, alors que Jean était en train de discuter avec elle. « Viens t’asseoir avec nous. » La brune attrapa alors la main de sa sœur pour l’accompagner jusqu’au canapé, là où ils étaient installés avant l’arrivée de la blonde.

Sophie ne pouvait être plus heureuse. Ses soeurs et son mari étaient là, près d'elle. Il manquait son cousin, Léon et Marguerite pour que son bonheur soit complet, mais elle voulait se montrer reconnaissante de ce que la vie lui offrait pour le moment. Avec joie, Sophie observait Camille, Jean et George se retrouver. Ils s'étaient déjà revus - et elle avait furtivement aperçu leurs retrouvailles - mais cette fois-ci, elle pouvait y assister réellement et elle était heureuse de les voir ensemble. De plus, Jean rencontrait George pour la première fois et il était évident qu'il était plus qu'heureux de retrouver cette famille qui lui manquait tant.

Une fois les salutations faites, Sophie prit George dans les bras pour se diriger vers le salon, laissant Camille et Jean discuter tranquillement tous les deux. Sophie avait déjà eu la chance de discuter et de passer du temps avec Camille puis avec Jean, donc elle pouvait bien les laisser discuter un peu tous les deux. Ils devaient avoir un tas de choses à se raconter. Alors, une fois dans le salon, Sophie les laissait discuter, s'occupant toujours du petit garçon vers qui toute son attention était tournée.

Enfin, après un temps qui avait semblé interminable à Sophie et son impatience, quelqu'un sonna de nouveau à la porte. Ce ne pouvait être que Madeleine. Sophie ne perdit pas une seconde pour s'y précipiter, découvrant, heureuse, que sa soeur avait pu venir. Ils allaient enfin être tous réunis. Cette fois-ci, il n'y avait plus aucun doute. Les deux soeurs se saluèrent en se prenant dans les bras, profitant de cet instant pour se retrouver. Madeleine en profita pour admettre qu'elle croyait ne jamais arriver. Heureusement, la ville avait finalement été bonne envers eux. Pour elle ne savait quelle mystérieuse raison, la ville avait trouvé amusant d'empêcher la famille de se réunir jusqu'à présent. C'était une véritable torture pour Sophie de les savoir ici sans pouvoir les réunir et ça devait être plus difficile encore pour eux qui ne pouvaient pas se voir, malgré tous leurs efforts. Mais, cette fois-ci, la malédiction semblait rompue.

Conduisant Madeleine au salon, Sophie se mit en retrait, laissant aux cousins l'occasion de se retrouver. Elle observait simplement la scène, heureuse et émue de voir enfin ces retrouvailles qu'elle avait tant espérées pour eux. Sophie n'aurait sans doute pas pu espérer meilleur Noël - dans les circonstances actuelles, du moins. Il manquait, bien évidemment, toujours du monde à cette réunion de famille, mais l'espoir était là et ne la quittait plus jamais. Elle les retrouverait même s'il lui fallait fouiller cette ville encore et encore, millimètre par millimètre. Cette scène, elle la reverrait avec tous les autres membres de sa famille jusqu'à avoir retrouvé le dernier.

Tandis que Jean avait décidé de s'amuser avec les enfants en les portant sur ses épaules pour leur faire faire le tour de la pièce, Camille attira Madeleine vers le canapé. Sophie ne perdit pas une seconde pour les rejoindre, s'installant sur l'un des côtés, en silence, George - sur ses genoux - qui attendait sagement son tour. « Je suis certaine que l'année prochaine, nous serons tous réunis. » lâcha Sophie sans y réfléchir, imaginant déjà la fête qui aurait lieu alors. Toute sa famille réunie ici, chez elle, rien ne pourrait la rendre plus heureuse. « N'est-ce pas George ? Toi aussi tu as hâte de retrouver Paul, Léon et tous les autres. » Camille lui en parlait sans doute. Sophie le faisait sans cesse, profitant souvent de ses moments avec le petit garçon pour lui raconter ses bêtises - et donc lui parler de ceux qui l'accompagnaient lors de ces dernières.

« J'espère que toutes tes péripéties t'ont donné faim Madeleine et que tu as faim, toi aussi, Camille. Jean a passé toute la journée en cuisine, il ne faudrait pas le décevoir. » Précisa-t-elle, fière d'avoir réussi à le faire cuisiner une bonne partie de l'après-midi tandis qu'elle s'était contentée d'observer et de goûter. « On pourra commencer dès que Jean aura fini d'amuser les enfants ou dès qu'il se sera fait mal à force de s'agiter partout. » ajouta-t-elle amusée par la vision de Jean s'amusant avec les enfants. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà vu si heureux depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Tout comme pour elle, sa famille était tellement importante à ses yeux qu'il ne pouvait en être autrement. Il venait de retrouver ses deux cousines et leurs enfants, comment ne pas en être heureux ? Mais toute cette joie n'empêchait pas Sophie d'être affamée - comme toujours - alors elle n'avait pas pu s'empêcher de signaler indirectement qu'elle était pressée de passer à table - même si elle avait déjà commencé à goûter à tout avant l'arrivée de Camille.

Cette journée allait être parfaite, Camille le savait déjà. En compagnie de son fils, de sa nièce, de ses deux sœurs et de Jean, ça ne pouvait qu’être un Noël parfait. Madeleine pouvait enfin être là, avec eux. Bien évidemment, la ville avait essayé de l’en empêcher comme d’habitude, mais cette fois-ci, elle n’avait pas réussi. Heureusement, car Camille n’aurait pas supporté une nouvelle déception. Elle n’aurait pas supporté un Noël de plus sans sa petite sœur.

Dans un premier temps, Camille était resté un peu en retrait. Elle avait besoin de quelques secondes pour réaliser que sa sœur était bel et bien là. Et puis elle lui laissait le temps de saluer Jean qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de retrouver non plus. Puis quand elle put s’approcher, Camille ne perdit pas une seule seconde. Elle s’avança pour prendre sa petite sœur dans ses bras. Madeleine lui avait tellement manqué. « Je l’espère. » Camille l’espérait sincèrement. Sa mère lui manquait, son cousin Léon lui manquait, même son sale caractère d’autrefois lui manquait. La brune avait vraiment envie qu’ils soient tous réunis, comme autrefois. Elle avait envie que cette absence ne soit plus qu’un lointain souvenir. Et Sophie le pensait elle aussi. Elle demanda même confirmation à Georges qui ne pouvait que répondre qu’il était impatient lui aussi de les rencontrer, même si ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait dit.

« Oui, je suis affamée et Georges aussi, il n’arrête pas de réclamer des biscuits depuis tout à l’heure. » dit-elle un sourire aux lèvres en regardant son petit garçon, qui mimait un air gêné. Et la brune ne put s’empêcher de rire en entendant son cousin dire que Sophie était là pour terminer le repas si les autres n’avaient plus faim. Il fallait l’avouer, Sophie était gourmande et tout le monde le savait. Une fois que Jean avait terminé de s’amuser avec les enfants, il proposa d’apporter les apéritifs. Ce qui était une très bonne idée pour Camille qui commençait à vraiment avoir faim, surtout avec toutes ces odeurs de nourriture. « En tout cas, ça sent vraiment très bon. » dit-elle en voyant les différents apéritifs arriver sur la table. Sans perdre de temps, la brune s’était jetée sur la nourriture pour donner quelques petites choses à Georges, puis pour elle. « Ne t’en fais pas, je pense qu’on a tous assez de place pour l’apéritif et pour le reste. Et puis tu n’avais pas qu’à faire des apéritifs aussi bons. » dit-elle en souriant, juste avant d’attraper un nouvel apéritif.

L'espoir d'être tous réunis un jour était en chacun d'eux. Ils avaient passé beaucoup de temps séparés, mais, aujourd'hui, la ville leur permettait de se retrouver peu à peu. Les autres suivraient. Ils en étaient certains. Et, ce jour-là, ils seraient plus heureux que jamais. Il n'y avait qu'à voir Camille et Madeleine discuter ou Jean qui s'amusait avec les enfants. Ils étaient déjà heureux. La présence de tous les autres ne pourrait que les combler davantage.

Jean avait fini par rendre Catherine à sa mère et, aux mots de ce dernier, Madeleine avait partagé certaines de ses craintes à propos de son enfant. « Elle va à son rythme, je suis sûre que tout ira bien. Puis nous sommes là maintenant, on va t'aider. » Essayait-elle de rassurer sa grande soeur. Sophie imaginait sans mal les craintes et les angoisses qui habitaient cette pauvre Madeleine, mais ils l'aideraient. Ils avaient toujours été là les uns pour les autres, ça n'allait pas s'arrêter maintenant qu'ils venaient de se retrouver.

Puisque Jean avait enfin terminé de s'amuser à s'agiter partout avec les enfants, il était l'heure de manger. Tout le monde semblait attendre ce moment avec impatience. Jean, bien sûr, y allait de sa petite réflexion. Réflexion qui fit sourire Sophie - et rire ses soeurs - avant qu'elle ne lui tire la langue et qu'elle ne réponde : « Ne dis pas tant de bêtises. » Puis, non content de sa première réflexion, il en avait ajouté une seconde. Avant d'aller chercher les premières choses à manger, il n'oubliait pas de préciser qu'il les avait préparées et que Sophie n'avait fait que goûter - et qu'elle pouvait donc dire à quel point c'était délicieux. Alors qu'elle s'apprêtait à répondre quelque chose, Jean l'en avait empêchée en venant déposer un baiser sur ses lèvres. Puis, avant de se rendre dans la cuisine, il n'avait pas pu s'empêcher d'ajouter quelque chose, encore. « Je deviens raisonnable, tu deviens intenable ? » Soufflait-elle alors qu'il lui affirmait que pour une fois, c'était lui qui courrait partout alors qu'habituellement, c'était elle.

Jean s'était alors levé pour aller chercher tout ce qu'il fallait dans la cuisine. Pendant ce temps, les trois soeurs étaient restées calmement installées, attendant patiemment de pouvoir goûter - ou goûter à nouveau, pour l'une d'entre elles - ce que Jean avait préparé. Une fois déposé devant eux, Jean leur avait précisé de ne pas se précipiter sur l'apéritif puisqu'ils passeraient à table juste après. Sophie, évidemment, n'écoutait en rien cette recommandation et commençait déjà à engloutir tout ce qu'elle était capable d'engloutir. « Je confirme ce que dit Camille, il fallait être mauvais cuisinier. » Enfin, elle n'avait pas dit ça exactement, mais Sophie l'interprétait ainsi. Si ce n'était pas bon, elle ne mangerait pas. C'était bon, elle mangeait. C'était aussi simple que ça. La réflexion de Madeleine, quant à elle, faisait sourire Sophie qui n'avait pas tardé à ajouter : « Voilà enfin quelqu'un qui sait comme j'ai bon goût ! » Puis, elle s'était tournée vers Jean, pour ajouter : « Je t'engage officiellement pour préparer tous les repas de famille à l'avenir. » C'était principalement parce que Sophie était une piètre cuisinière et qu'elle s'y prenait toujours à la dernière minute pour commander ce qu'il fallait, donc c'était bien pratique d'avoir quelqu'un sous la main. « Camille aussi est douée, vous n'aurez qu'à faire équipe ! » Avait-elle ajouté en se tournant, cette fois-ci, vers Camille. « Madeleine, dis-moi que tu n'es pas douée, comme moi ? » Parce qu'elle se sentait un peu seule. Mais, dans le pire des cas, elle les enverrait tous les trois à la cuisine, lors des prochains dîners, pendant qu'elle en profiterait pour ne rien faire.

Camille ne pouvait qu’être heureuse d’être entourée de ses deux petites sœurs, de son fils, de sa nièce et de son cousin. Leur famille s’agrandissait peu à peu. Bien évidemment, il manquait encore beaucoup de monde, mais Camille avait retrouvé l’espoir d’être, un jour, tous réunis. Elle savait qu’ils finiraient par passer un Noël avec toute leur famille. Voir Jean s’amuser avec les enfants, entendre la voix de Madeleine, voir le sourire de Sophie, tout cela ne pouvait que lui donner le sourire. Tout cela la rendait véritablement heureuse.

Jean avait fini par les rejoindre, rendant Catherine à Madeleine. Constatant à quel point la petite avait bien grandi. Camille avait toujours regretté de ne pas être présente pour les premières années de vie de sa nièce, mais en la voyant, elle savait que ce n’était rien, qu’elles allaient pouvoir apprendre à se connaître et que Camille allait pouvoir la voir grandir encore.

Une fois la petite dans les bras de sa mère, Madeleine s’était confiée sur un point qui semblait l’inquiéter concernant sa petite fille. Instinctivement, la main de Camille s’était posée sur sa sœur, comme pour apporter son soutien. « Sophie et Jean ont raison. Tout va bien, Catherine grandit à son rythme. Et nous sommes tous là pour vous aider. » Camille ne faisait que confirmer ce qui avait déjà été dit, mais c’était la vérité. Entourée de sa famille, ça ne pouvait qu’aller mieux. Ils allaient passer beaucoup de temps ensemble et la petite Catherine allait rattraper son retard. Il n’y avait aucune inquiétude à avoir là-dessus.

Puisque tout le monde était là, que tout le monde avait fini de s’amuser, il était temps de passer à table. « C’est certain que nous ne serons pas trop de deux pour préparer les repas de famille. On commence à se faire nombreux et Sophie mange toujours plus que sa part. » Sophie avait pendant de nombreux mois profité de la cuisine de Camille. La brune aimait cuisiner, alors ça ne la dérangeait pas, mais ça lui avait permis de voir que sa jeune sœur n’avait pas changé. Depuis qu’elle était enfant, elle laissait son estomac prendre les décisions à sa place. Alors elle mangeait des quantités hallucinantes, ce qui avait toujours tendance à amuser son entourage.

Jean s’était ensuite exprimé sur la joie qu’il ressentait, sur l’espoir qu’il avait. Et Camille partageait les mêmes sentiments. Elle était heureuse de les avoir retrouvés et elle savait qu’elle pouvait espérer tous les revoir un jour. Le brun avait fini par se tourner vers Sophie pour lui demander de l’épouser une fois encore. Cette demande avait fait sourire Camille, heureuse de voir le bonheur en face d’elle. Heureuse de voir Sophie et Jean ainsi.

Madeleine avait partagé ses craintes et ses doutes quant à Catherine et ses difficultés d'adaptation dans ce monde. Sans étonnement, chaque membre de la famille promettait d'apporter son aide et rassurait Madeleine. Ils avaient toujours été comme ça : une famille unie, soudée, prête à tout les uns pour les autres et c'était un fait qui se confirmait aujourd'hui encore.

L'heure de commencer le repas avait sonné. Avant de se lever pour aller chercher l'apéritif, Jean s'amusait à taquiner Sophie de toutes les façons possibles et, bien sûr, Sophie ne se privait pas pour répondre, tant avec des mots qu'avec des grimaces, comme elle savait si bien les faire. A la réflexion de Jean, disant que si Sophie se levait, elle dévorerait le plat avant qu'il n'arrive sur la table, Sophie se contenta de lever les yeux au ciel et de lui tirer la langue, une fois encore. Sophie savait se tenir, tout de même. Oui, elle mangeait beaucoup - un peu beaucoup trop, sans le moindre doute - mais elle n'allait pas priver ses invités de leurs repas, tout de même.

Le plateau déposé devant eux, ils s'étaient tous jetés sur les différents aliments proposés. Même la petite Catherine semblait s'intéresser à ce qui se trouvait sur la table puisqu'elle se leva pour aller se servir elle-même. A la réflexion de Madeleine, Sophie ne put que sourire, attendrie de cette vision. « C'est qu'elle veut faire plaisir à Jean en honorant sa cuisine, sans doute. » ne put-elle s'empêcher de dire, le regard posé sur la petite fille qu'elle trouvait déjà bien changée depuis leurs retrouvailles.

Comme Sophie mangeait plutôt vite, Jean n'avait pas pu s'empêcher de faire une nouvelle réflexion. « Arrête donc de parler et mange, avant qu'il ne reste plus rien. » Rétorqua la jeune fille, en souriant. Sophie ne lui ferait pas le plaisir de s'étouffer pour lui donner raison. « Je voulais que tu puisses montrer à tes cousines comme tu es bon cuisinier, c'est tout. » justifia-t-elle lorsque Jean affirma que Sophie l'avait forcée à cuisiner. Sophie ne savait pas cuisiner et elle s'y était prise à la dernière minute, alors il avait bien fallu qu'elle trouve une solution - et Jean était sa solution. Et comme tout le monde semblait apprécier sa nourriture et sa cuisine, Sophie avait décidé de le nommer cuisinier officiel des repas de famille, avec Camille, qui cuisinait tout aussi bien. Bien sûr, à cette réflexion, Camille et Jean n'avaient pas pu retenir quelques mots sur le fait qu'ils ne seraient pas trop de deux puisque Sophie mangeait beaucoup. « Arrêtez tous les deux, je suis devenue raisonnable ! » Souffla-t-elle en croisant les bras, refusant de prendre un nouveau toast pour le moment, afin de leur donner tort. « Si vous continuez, je demanderai à Madeleine de cuisiner puisque je suis certaine qu'elle se débrouille très bien, malgré ce qu'elle prétend. » Comme ça ils arrêteraient de la taquiner sur tout ça. « Même si tu oses prétendre que je ne suis pas toujours très sage ! » Souffla-t-elle à l'adresse de Madeleine. Décidément, ils avaient tous décidé de s'en prendre à elle pour la taquiner.

Puis, sur un ton bien plus sérieux, Jean s'était relevé, son verre à la main. L'attention de tous les invités s'était dirigée vers lui et ils l'écoutèrent tous silencieusement - ou presque, puisque Sophie continuait d'attraper des petits-fours de temps à autre. Il racontait comme il était heureux de les avoir tous retrouvés et il assurait que d'autres suivraient. Le voir si heureux faisait naturellement sourire Sophie, heureuse de le voir ainsi. Cette journée devenait un symbole d'espoir pour eux tous, il avait raison. Elle était la preuve que tout était possible avec un peu de patience. Lorsque Jean se tourna vers elle, en précisant qu'il avait quelque chose à lui demander, Sophie se stoppa, ne comprenant pas ce qu'il était en train de faire. A sa demande, Sophie s'était mise à sourire, émue et heureuse. Si elle entendait les réactions de ses soeurs à côté d'elle, elle les oubliait un instant pour se concentrer sur Jean. Se levant à son tour, la jeune femme s'était approchée de Jean, pour lui attraper sa main libre. « Rien ne me rendrait plus heureuse. » Souffla-t-elle avant de venir lui déposer un baiser discret au coin des lèvres, n'ayant pas l'habitude d'avoir des gestes tendres pour lui devant le reste de sa famille. « Je t'aime. » avoua-t-elle dans un nouveau souffle, si bas qu'il n'était destiné à n'être entendu que de lui, même si ses soeurs, bien proches, avaient peut-être entendu. « Tu n'imagines pas à quel point. » Elle l'aimait davantage chaque jour et lorsqu'il se montrait comme il était aujourd'hui, elle avait l'impression de l'aimer comme jamais personne n'avait aimé quelqu'un.

« Passons à table. Toutes ces histoires m'ont donné faim. » avait-elle fini par dire, un sourire aux lèvres, en serrant fermement la main de Jean dans la sienne, ne pouvant pas, malheureusement, rester ainsi éternellement.

Il n’y avait rien de plus important que la famille pour Camille. Être là, en compagnie de ses sœurs, son fils, son cousin et sa nièce, c’était un véritable bonheur. Voir les progrès de la petite Catherine était un véritable bonheur, tout comme voir le sourire qu’avait Madeleine en voyant son enfant.

Bien évidemment, tout le monde autour dans cette pièce aimait bien taquiner Sophie et sa gourmandise. Depuis qu’elle était enfant, Sophie était guidée par son estomac. Bien évidemment, la rousse, voulait donner tort à Jean et Camille en cessant de manger, enfin pour un court instant du moins. « Alors je te souhaite bien du courage Madeleine, ce ne sera pas chose aisée que de satisfaire l’estomac de Sophie. » Camille ne faisait que taquiner sa demi-sœur, elle savait bien qu’elle n’assumait pas d’être si attirée par la nourriture.

Les rires avaient rapidement cessé. Jean semblait soudainement plus sérieux. Il avait levé son verre, attirant ainsi les regards et l’attention de tous. Il parlait de son bonheur, de sa joie de les avoir tous retrouvés… Puis finalement, il s’était tourné vers Sophie. Il avait quelque chose à lui demander. Jean venait de demander la main de Sophie une seconde fois. Les voir si heureux, si émus avait fait couler quelques larmes à Camille qui ne pouvaient s’empêcher de sourire face à tant de bonheur.

Pour ne pas changer, Sophie était rapidement retournée à son sujet favori. Mais cette fois-ci, Camille était d’accord avec elle, elle commençait, elle aussi à avoir faim. La petite famille s’était alors rapidement levée pour aller s’installer sur la grande table où se trouvait un large choix de nourriture. « Bon appétit. » Il était temps pour eux de faire honneur au repas de Jean, il avait passé tellement de temps en cuisine.

Qu'il était bon de pouvoir profiter de sa famille pendant les fêtes. Qu'il était agréable de voir son neveu et sa nièce, heureux, en pleins progrès. Qu'il était beau de voir ses soeurs et son mari réunis, un soir de Noël. Sophie était heureuse, comme elle l'avait rarement été depuis son arrivée dans cette ville. Et, lorsque Jean avait pris la parole, elle n'avait pu l'être que davantage. Ils s'étaient retrouvés il y a peu et les choses étaient compliquées. Sophie savait qu'elle l'aimait, elle l'attendait depuis les premiers instants où elle avait ouvert les yeux ici, néanmoins, elle n'avait gardé aucun souvenir de sa vie de femme mariée à lui, alors il lui fallait du temps. Pour se faire à l'idée, pour se réhabituer, pour réapprendre à le connaître. Heureusement, les choses se faisaient plutôt facilement et naturellement, mais il lui fallait tout de même du temps. Jean le comprenait et elle ne voyait en sa demande aucune façon de la forcer à aller plus vite. Non, elle n'y voyait que de l'amour et le besoin de lui prouver. Il n'aurait pu lui faire plus beau cadeau.

Evidemment, elle avait accepté. Elle lui avait soufflé à quel point elle l'aimait et à quel point elle était heureuse. Elle se plaignait tant quand les choses n'allaient pas comme elle voulait, elle pouvait bien dire lorsque les choses la rendaient heureuse. « Oui. » Souffla-t-elle contre lui alors qu'il lui demandait si elle disait vrai. Evidemment, qu'elle disait vrai. « Je le devine. » Ajouta-t-elle en souriant, malicieuse, alors qu'il lui assurait qu'elle n'imaginait pas à quel point il était heureux. Ce n'était pas très compliqué à deviner s'ils ressentaient la même chose tous les deux. Et elle l'espérait bien, qu'il était heureux, parce que rien ne lui importait plus que cela - même si elle avait tendance à ne pas le montrer suffisamment.

Toutes ces émotions lui donnaient faim - elle avait toujours faim, il fallait dire - et afin de rompre avec ce moment très personnel - qui avait tendance à la gêner - Sophie déclara qu'il était l'heure de passer à table. Toute la petite famille s'était donc installée autour de la grande table, bien garnie pour l'occasion. La prière prononcée, Sophie s'était jetée sur le repas, sans plus attendre. L'apéritif lui avait ouvert l'appétit, maintenant il fallait lui donner ce qu'il voulait. « Tu aurais pu faire un peu moins de légumes et un peu plus de choses agréables à manger. » Par définition, Sophie trouvait les légumes moins bons que le reste - alors qu'elle les aimait et que ce n'était pas toujours mauvais, mais qui serait Sophie si elle n’était pas celle qui râlait toujours pour un oui ou pour un non ? « Bon appétit. » avait-elle soufflé à la suite de sa famille, alors qu'elle était déjà en train de manger. « Les enfants ont l'air d'aimer. » Souffla-t-elle en les observant se régaler avec le repas préparé par Jean, un sourire tendre aux lèvres. Il fallait dire qu'il ne lui avait pas menti : il était plutôt doué en cuisine. « Alors quels sont vos projets pour cette nouvelle année qui arrive ? » Demanda-t-elle afin de faire un peu la conversation, mais aussi de découvrir un peu mieux sa famille et ses rêves, maintenant qu'ils étaient dans ce nouveau monde, si différent du leur.

Après leurs retrouvailles et la nouvelle demande en mariage de Jean à Sophie, il était temps de passer à table. Toute la famille commençait à avoir terriblement faim et les bonnes odeurs de nourriture n’aidaient certainement pas. Camille, comme Georges s’étaient installés rapidement autour de la table. Même si la brune était affamée, elle prit une seconde pour observer ses sœurs, son cousin, son garçon et sa nièce. Il y avait bien longtemps qu’ils n’avaient pas été réunis. Dans ce monde, c’était même la première fois. Camille espérait que bientôt, elle pourrait passer Noël avec le reste de sa famille, avec son mari, sa mère et les autres.

Après la prière habituelle, tout le monde pouvait commencer à manger. Georges ne savait pas quoi choisir, il semblait aussi indécis que Camille face à tant de bonnes choses. Sa mère lui conseilla alors de prendre un peu de tout afin de pouvoir goûter à chaque plat. Et Camille comptait suivre son propre conseil. Pour une fois, elle allait se montrer aussi déraisonnable que sa sœur. Sophie se plaignait parce qu’il y avait beaucoup trop de légumes à son goût.

« Pour ma part, je n’y ai pas encore réfléchi. » Ses projets pour la nouvelle année ? Honnêtement, elle n’en avait aucune idée. « Et toi Sophie ? Tu as des projets ? Des résolutions pour l’année qui arrive ? Si tu n’as pas d’idées, j’aurai bien quelques idées à te souffler. » Dit-elle un large sourire aux lèvres, histoire d’embêter sa petite sœur. Sophie avait, en effet, quelques défauts, la gourmandise, le mensonge, la maladresse… Mais c’est ce qui faisait de Sophie, Sophie et en règle général, ce comportement avait tendance à amuser son entourage. Mais, plus sérieusement, Camille était curieuse d’entendre ses sœurs et son cousin parler de leurs véritables projets dans ce nouveau monde pour l’année qui allait arriver.

Si Sophie s'était jetée sur la nourriture, elle regrettait que le repas soit majoritairement composé de légumes. Elle s'était habituée à une nourriture d'un tout autre genre depuis qu'elle était dans cette ville et elle avait oublié les bonnes choses à manger. Avant de se plaindre, Sophie observait sa famille, enfin réunie. Ils n'étaient pas tous là, mais Sophie savait qu'un jour, ils seraient tous réunis et qu'il fallait simplement se montrer patiente. En attendant, elle pouvait profiter de ses soeurs, de son mari, de son neveu et de sa nièce et c'était déjà une chance énorme. Elle aimait tellement les voir tous autour de la table. Elle aimait voir le sourire qui illuminait le visage de ses soeurs. Elle aimait voir Jean qui prenait tant de plaisir à discuter avec les enfants, à les faire rire. Elle s'attendrissait de ce spectacle et ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement.

Puis, après avoir profité du spectacle, Sophie s'était, comme bien souvent, plainte de ce qui se trouvait dans son assiette. Jean, comme toujours, avait de bons arguments à lui opposer. Sophie ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel et de soupirer, malgré tout. « Profites-en alors, parce que je déciderai du menu de tous nos autres repas. » Sophie aimait bien trop la mauvaise nourriture pour laisser Jean lui imposer de bien manger - même si elle ne pouvait pas nier qu'il était bon cuisinier et que son repas était délicieux. « Tu cuisineras ce que je veux. » Assura-t-elle alors qu'il lui assurait qu'elle n'avait qu'à y réfléchir à deux fois avant de le désigner chef pour la soirée. Mais elle avait mieux, le désigner chef et le contraindre à préparer ce qu'elle voulait. Ainsi, Sophie était gagnante à tous les niveaux. « Vivement que le dessert arrive, dans ce cas. Mais en attendant, je te rassure, c'est tout de même bon. » Parce qu'il méritait bien un compliment, malgré tout, après tous les efforts qu'il avait faits.

Maintenant que Sophie avait fait part de ses réflexions désagréables quant au contenu du repas, elle s'intéressait à sa famille et à leurs projets pour la nouvelle année. Sophie aimait s'imaginer leur vie, leur futur et elle avait hâte de les entendre raconter ce qu'ils espéraient. Camille n'en savait rien, mais avait des idées quant aux résolutions que devrait prendre Sophie. « Je n'ai pas encore d'idées, mais je serai ravie d'entendre ce que tu as à me conseiller. » Dit-elle alors qu'elle avait très bien compris ce que sa soeur sous-entendait par cette réflexion. En réalité, Sophie n'avait encore réfléchi à rien parce qu'elle savait qu'elle ne tiendrait aucune promesse, elle se connaissait bien trop pour ça - et Camille aussi.

Vint alors le tour de Madeleine, qui souhaitait surtout garder son équilibre et à qui toutes les résolutions se tournaient vers sa fille, sans grand étonnement. « Elle y arrivera, j'en suis certaine. » Si le moment était arrivé pour elle d'aller à l'école, alors elle y arriverait, Sophie y croyait. Et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour ça - donc autant dire qu'elle ne pouvait pas faire grand-chose en dehors d'offrir son soutien. « Et toi, Jean ? » Finissait-elle par demander à son mari, bien silencieux.