[Terminé] Une magnifique surprise - Jean

FT.   @Camille de Fleurville   

Jean avait revu Sophie. Il l'avait revue. Le jeune homme ne parvenait pas à quitter l'état extatique qui l'habitait dès lors. D'ailleurs, il avait reçu un message ce matin de sa part. Elle était passée en coup de vent en début de matinée pour lui dire de la retrouver chez Pop's à dix-huit heures ce soir-là... Il était resté perplexe, avait tenté de l'interroger mais il n'avait pas réussi à comprendre un mot de ses explications. C'était certain, elle ne lui disait pas tout. Pourquoi lui donner rendez-vous si Pop's et être si secrète à ce propos ? Il l'avait toujours connue bavarde, mais là ça avait été pire. Toute sa vie il avait été habitué à la nature impulsive et imprévisible de Sophie mais il devait avouer que là, il était perdu. Avait-elle quelque chose à lui dire d'important ? Mais si c'était si important, pourquoi ne pas le lui dire tout de suite ? Elle devrait savoir qu'il ne réussirait pas à se concentrer de toute la journée après sa visite si courte fut-elle. Ce fut d'ailleurs le cas. Il lui fut incapable de se concentrer le reste de la journée et il ne cessait de jeter des coups d'oeils à la pendule du bureau, s'étonnant de la lenteur avec laquelle les aiguilles avançaient. Il avait même parfois l'impression qu'elles reculaient.

Mais non se disait-il. C'était ton esprit qui imagine ça Jean... Rien de plus. Mais pourquoi ces aiguilles avançaient-elles si lentement ?

Enfin, il était 17h45 et incapable de pouvoir attendre davantage, il se leva et alla enfiler son manteau, jetant un coup d'oeil par la fenêtre pour vérifier le temps dehors. Celui-ci changeait tellement et si rapidement qu'il fallait se méfier. Il posa son chapeau sur sa tête et ferma son bureau avant de descendre l'escalier. Vraiment, il avait l'impression de n'avoir rien fait de bon de la journée, complètement perturbé par la brève venue de Sophie ce matin. C'est d'un pas un peu hâtif qu'il marcha dans la rue à la recherche du nom de l'enseigne qu'elle lui avait donné. Où devait-il s'asseoir déjà ? Ah oui, la table du fond, celle collée à la fenêtre. Au fond de lui, il se sentait quelque peu surexcité car il savait qu'il allait revoir Sophie... et cet état d'euphorie dura jusqu'à ce qu'il pousse la porte du petit café et qu'il entre dedans en jetant des coups d'oeils alentours. Ses yeux cherchèrent la table du fond... Son regard chercha Sophie mais sans la trouver. Table du fond, collée à la fenêtre... Les sourcils froncés, il se rendit compte qu'il y avait déjà quelqu'un qui se trouvait assise là. Hésitant un instant, il se demanda s'il avait bien compris les instructions. Avait-elle bien dit la table du fond ? Mais alors où était-elle ? Car ce n'était pas Sophie qui était assise à cette table là-bas... Clairement ce n'était pas elle... C'était une autre jeune femme. Il ne comprenait pas. Son regard parcourut la salle remplie de gens, s'attendant à voir débarquer Sophie de derrière l'un d'eux, mais rien. Il se décida à avancer pourtant et d'aller à la rencontre de la jeune femme brune qu'il voyait au loin. Peut-être qu'elle aurait des infos que lui n'avait pas. Peut-être que Sophie s'était absentée aux toilettes et qu'elle allait revenir d'ici 5 minutes. Il s'arrêta devant la table.

« Bonjour mademoiselle. On m'a donné rendez-vous ici... Mais je crois que j'ai dû mal comprendre les instructions... C'était peut-être une autre table... » Après tout, c'était fort possible bien que dans sa tête les mots de Sophie résonnait dans sa tête et il était intimement persuadé d'avoir bien compris qu'il s'agissait de la table du fond côté fenêtre.  « N'avez-vous pas vu une jeune femme rousse dans le coin ? » Peut-être qu'elle avait eu une urgence et qu'elle avait dû partir ? Maintenant qu'il était arrêté près de la table et qu'il l'observait, cette jeune femme avait pourtant quelque chose de très familier... Mais quoi ? Ce regard pourtant, il aurait pu jurer l'avoir déjà vu...

FT.   @Camille de Fleurville   

Cette femme. C'était curieux. Jean avait déjà eu cette impression  lorsqu'il avait rencontré Sophie. Alors qu'il ne savait même pas encore qui elle était, il avait senti cette sorte de connexion, de lien invisible qu'on avait avec certaines personnes. En entrant dans Pop's, il s'était dirigé vers la table où Sophie lui avait donné rendez-vous mais alors qu'il se rapprochait,  il était évident que ce n'était pas Sophie qui se trouvait assise à la table. Pourquoi y avait-il quelqu'un d'autre à cette table alors que Sophie lui avait bien donné rendez-vous à cette table-ci ? Etait-ce possible qu'il ait mal compris ses paroles ?  Etait-ce une autre table ? Pourtant, un coup d'oeil alentours à la salle lui apprit que Sophie ne se trouvait à aucune autre table...Elle n'était pas encore arrivée en tous cas. Il s'était arrêté près de la table à laquelle se trouvait la jeune femme aux cheveux noirs et alors qu'il disait qu'on lui avait donné rendez-vous ici, ou du moins le pensait-il jusque là, il ne pouvait s'empêcher d'observer la jeune femme avec curiosité et le sentiment invisible qu'il la connaissait mais où l'avait-il déjà vu... Essayer de ce qu'on croyait avoir oublié, ce n'était pas facile... C'était comme se réveiller d'un rêve... Elle lui confirma qu'une jeune femme rousse également lui avait donné rendez-vous ici aussi et elle lui demanda même si celle qui lui avait dit de venir ici aussi s'appelait Sophie comme la sienne ? Jean ne croyait pas aux coincidences surtout quand elles étaient aussi énormes que celle-ci.  Il se pourrait toujours qu'il y ait plusieurs Sophie ici... Plusieurs Sophie rousse par contre, il n'en était pas sûr...

« Sophie, oui. Je ne pense pas me tromper en demandant si la vôtre avait l'air très vague et mystérieuse aussi quand elle vous a fixé ce rendez-vous ? »

Etait-ce possible que Sophie leur avait tous deux donné rendez-vous ici mais qu'elle n'allait pas venir elle-même ? Mais pourquoi ? Sans leur dire en plus quoique ce soit, ou de très vague informations sur la nature de ce rendez-vous. Sophie n'aurait pas fait cela au hasard. Il devait y avoir une raison. Jean tourna la tête vers l'entrée du café quelques secondes, perplexe. Allait-elle d'ailleurs vraiment venir ? Il avait plutôt l'impression qu'elle ne viendrait pas.  Ou peut-être même qu'elle était en train de les observer de l'extérieur à moitié dissimulée dans la ruelle d'en face ? Cela ne l'étonnerait même pas d'elle. Si elle avait organisé ce rendez-vous mais qu'elle ne comptait pas y venir, elle ne résisterait pas à venir espionner pour voir comment tout se passait. Elle avait toujours été curieuse Sophie. Il l'imaginait très bien en train de les observer de loin en ce moment présent et même de s'en amuser... Ce qui le ramena immédiatement à l'instant présent et à l'autre jeune femme qui attendait une réponse. Elle venait de lui dire qu'ils n'avaient plus qu'à attendre l'arrivée de Sophie car elle était la seule à pouvoir leur expliquer ce qui se passait.

« J'ai l'impression que Sophie ne viendra pas... » fit-il alors, songeur, alors qu'il portait le regard vers l'entrée du café où toujours aucune Sophie n'apparaissait. « J'ai même l'impression que ça a dû beaucoup l'amuser de nous donner ce rendez-vous... »  Reste à savoir pourquoi... Baissant de nouveau son regard vers l'inconnue, il la vit boire son café en silence. Elle semblait l'observer discrètement. Elle lui demanda alors si par hasard ils ne se seraient pas croisés quelque part car son visage lui était familier... Tiens, elle aussi ? Elle mentionna qu'elle travaillait dans un orphelinat alors qu'elle lui demandait si ce n'était pas là-bas qu'elle l'avait croisé. Un orphelinat ? Non, impossible, il n'avait jamais mis les pieds dans un orphelinat encore depuis qu'il était ici.  Pourtant, il la connaissait lui aussi de quelque part et puis ce regard, il lui était familier aussi. Il se prit à l'observer plus attentivement, cherchant à placer un nom, un souvenir peut-être sur ce visage qui lui semblait si familier mais qui lui semblait sortir d'un rêve très lointain, ou d'une vie lointaine qu'il avait cru oublier. Pourtant, les liens de la famille étaient forts, en général du moins. On n'oubliait pas sa famille même en étant séparés pendant des années. Non, ce n'était pas possible. Pourtant, si, c'était tout à fait possible. Sophie était là elle aussi et bien qu'il n'ait réussi à retrouver personne pendant deux longues années et qu'il avait même perdu tout espoir au bout du compte de les revoir, Sophie ne lui avait-elle pas dit elle-même qu'elle avait revu Camille et Madeleine, ici ? Ce n'était donc pas impossible et en se souvenant de sa courte entrevue avec Sophie ce matin-là, elle cachait définitivement quelque chose de pas très clair !

« Camille, c'est toi ? »  lui demanda t-il alors tout simplement après un temps de réflexion un peu long mais bien révélateur du cheminement de sa réflexion. Il sourit à la jeune femme face à lui. Il pouvait se tromper... Mais il était sûr que non. Sophie savait ce qu'elle faisait. Elle avait toujours eu une drôle de façon de faire les choses, y compris ses petites « surprises ». Il avait d'ailleurs toujours pensé qu'elle avait un certain don pour ça.

FT.   @Camille de Fleurville   

« Camille, c'est toi... ? » Alors qu'il avait posé sa question et qu'il observait la jeune femme face à lui, il devint de plus en plus évident qu'il s'agissait bien de Camille. Qui d'autres cela pouvait-il être en rependant à l'attitude mine de rien si révélatrice de Sophie, son air mystérieux... Et puis, ne lui avait-elle pas promis qu'il ne serait pas long avant qu'elle lui fasse rencontrer ? D'abord, Sophie, ensuite Camille, enfin Madeleine... Peut-être même qu'un jour il réussirait à retrouver son frère Léon, et puis qui d'autres encore ? Sa rencontre avec Sophie lui avait fait renaître l'espoir qu'ils finiraient un jour par être tous réunis. Pendant deux ans presque trois, Jean s'était cru tout seul loin des siens. Loin des siens, il l'était en quelques sortes, et pourtant... Pourtant ils étaient dans la même ville mais sans jamais se rencontrer à moins que la ville ait décidé de les faire se retrouver. C'était quand même bien frustrant de devoir se rabaisser à la seule volonté de la ville. Mais depuis qu'il avait retrouvé Sophie, il était bien déterminé à ce qu'on ne les sépare plus à nouveau. Deux ans étaient bien suffisants...

Camille sembla passer par différents stades d'émotions alors qu'elle se rendait compte elle aussi qui il était. Il semblait pouvoir presque lire sur son visage le cheminement de ses pensées qui la firent arriver à la conclusion qu'il était bien son cousin perdu... Lorsqu'elle dit son pr »nom, celui-ci esquissa simplement un sourire pour toute réponse. Il n'y avait rien d'autre à dire de toutes façons et ni une ni deux, sa cousine s'était levée pour venir le prendre dans ses bras. Il lui rendit son étreinte un moment. Retrouver des personne si chères était si précieux. Peu à peu, il se mit à  se souvenir de ce temps si lointain où ils étaient à Fleurville... C'était il y avait si longtemps. Presque comme un rêve dont les images étaient restées derrière une porte close pendant bien trop longtemps. Il l'entendit dire combien elle était heureuse de le revoir et qu'elle avait bien cru qu'il n'était pas ici. Il hocha la tête en silence. Lui aussi en était arrivé à cette conclusion et s'était même fait à l'idée de ne plus jamais revoir personne. C'était ce que la ville avait voulu qu'ils croient tous. Qu'ils étaient seuls. Après un moment, ils se reculèrent l'un de l'autre et il lui répondit alors :

« Ma bonne Camille, ça fait plaisir de te revoir aussi. Et où est cette chère et douce Madeleine ? Sophie m'a dit qu'elle était là elle aussi avec vous... Vous êtes en contact je suppose ? Que devient-elle ? Et toi, n'as-tu pas dit que tu tenais un orphelinat ? » Car il avait retenu cette information dans les premières paroles qu'elle lui avait dit.

Malheureusement, alors qu'elle lui demandait avec un sourire plein d'espoir si les autres étaient avec lui, son regard s'assombrit aussitôt. Il ne pouvait guère la rassurer sur ce point car il avait bel et bien été seul pendant plus de deux ans, à essayer de poursuivre sa vie dans cette ville parfois si hostile, et se sentant comme un étranger dans un monde qui lui était si différent du sien. Il n'avait revu personne d'autres. Il aurait voulu lui apporter de meilleurs nouvelles mais il ne pouvait pas mentir sur un sujet si grave. Il était quasiment sûr de toutes façons que son regard en ce moment l'avait déjà trahi.

« Hélas, je suis seul. Je n'ai vu personne pendant deux ans... Je suis navré de ne pas pouvoir te donner des nouvelles plus positives.  Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas là cependant. La ville m'a tenu écarté de vous pendant deux ans, elle peut le faire avec les autres aussi. Il semble que ce soit elle qui contrôle tout aujourd'hui. » Dans un geste réconfortant, il lui prit alors les mains et esquissa un sourire. « Il faut garder espoir.  Depuis Sophie, j'ai de nouveau espoir de rencontrer un jour Léon et aussi les autres... J'espère qu'ils sont là quelque part. C'est juste qu'on en a pas conscience pour le moment. »

FT.   @Camille de Fleurville   

Après Sophie, Jean venait de retrouver Camille. Il était venu un rendez-vous soit-disant pour y retrouver Sophie, la belle blague... Au lieu de voir Sophie assise à la table qu'elle lui avait bien mentionnée, il avait vu la brunette. Aussitôt, il avait senti quelque chose de familier chez elle mais quand elle lui avait dit son nom,  il n'y avait plus aucun doute. Quoique d'apparence un peu différente, il n'avait aucun doute que c'était bien sa cousine. Sophie leur avait programmé un rendez-vous pour que les deux cousins se retrouvent et sans même leur dire. C'était du Sophie tout craché. Et Jean était persuadé que s'ils sortaient dehors et qu'ils regardaient aux alentours, il y avait de fortes chances pour qu'ils trouvent la jeune rousse en train de les espionner de sa cachette pour vérifier qu'ils s'étaient bien trouvés. Jean ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire amusé.

C'était un peu agaçant qu'ils ne soient pas en mesure de contrôler tous leurs faits et gestes ici et que la ville pouvait leur mettre des bâtons dans les roues afin qu'ils ne rencontrent pas leurs proches ou leurs amis. Deux ans que Jean n'avait pas revu sa famille alors qu'en fait, ils étaient tous probablement dans le coin ou à l'autre bout de la ville. Il ne savait pas quoi en penser. C'était tellement déroutant de penser qu'il pourrait bien se passer dix ans sans qu'il ne revoit le reste de sa famille et hop d'un jour au lendemain, il tomberait nez-à-nez avec son frère ou encore sa mère ou son père et qu'il aurait manqué tant de choses de sa vie. Alors une fois les présentations faîtes, Jean lui demanda ce qu'elle faisait dans sa nouvelle vie et si elle avait revu sa sœur Madeleine pour qui il le savait elle avait toujours eu un tendre amour. Il lui avoua alors qu'il n'avait revu personne en deux ans, que Sophie était la première qu'il avait retrouvé mais qu'il gardait espoir de retrouver les autres un jour.

Il apprit alors que malheureusement elle n'a pas eu l'occasion de revoir Madeleine encore et Jean partage sa peine. Elle lui avait dit qu'il y avait eu des rendez-vous de pris mais à chaque fois, toujours un empêchement qui les faisaient s'empêcher de se rencontrer. Quelle était donc l'objectif de cette ville si étrange d'empêcher des sœurs de pouvoir se retrouver ? Ou des frères ? Parce qu'en cela, Jean compatissait énormément. Malgré leur différence de caractère, Léon lui manquait beaucoup. « Je suis désolé pour toi, et pour Madeleine aussi. Mais tu as raison, il ne faut pas perdre espoir. Un jour vous allez vous retrouver et il faut espérer que ce soit bientôt. » Cette ville ne pouvait pas quand même les empêcher continuellement de se revoir...  

Camille lui confirma alors qu'elle tenait un orphelinat et il aurait sûrement aimé en apprendre encore plus sur sa vie d'ici et ce qu'elle avait fait les deux ans passés. Mais elle continua par dire qu'il avait sûrement raison et que tous ceux de leur famille encore aux abonnés absents allaient finir par réapparaître dans leur ville un jour ou  l'autre, qu'il fallait se montrer patients. Il ne put s'empêcher de rire lorsqu'elle ajouta que dans l'impatience qu'elle ressentait, elle avait l'impression d'être Sophie en disant ça. « Je comprends tout à fait ce sentiment ne t'en fais pas ! Si tu savais, le jour où j'ai retrouvé Sophie, il y a eu une tempête énorme au-dehors et j'ai dû me réfugier dans une maison dans laquelle se trouvait déjà une jeune femme rousse cherchant elle aussi un abri... et qui était Sophie. Nous y avons passé la nuit, et dans le noir complet avec pour seul lumière les occasionnels éclairs zébrant le ciel de temps à autre et quelques allumettes dénichées à l'étage de la maison. Je me suis également montré quelque peu impatient que le jour arrive enfin et que la tempête se termine ! D'ailleurs, Sophie m'a elle-même fait remarqué que je me montrais bien impatient ! Qu'y pouvais-je ? Je n'avais revu personne en deux ans et je devais me contenter de lui parler dans l'obscurité en attendant la fin de la tempête ! » Jean s'esclaffa à nouveau alors qu'il évoquait le souvenir de cette nuit qui l'avait remis en contact avec Sophie. Jean était d'ordinaire patient et réfléchi, mais tout le monde pouvait faire preuve d'impatience dans des cas extrêmes !

Elle lui demanda alors de plus amples informations sur ce qu'il avait fait pendant ces deux ans et dans quoi il travaillait. Un léger sourire amusé aux lèvres, il lui répondit alors : « Je crains te décevoir un peu si tu penses si tu penses que j'ai une vie totalement extraordinaire. Je suis à mon compte en tant qu'avocat, je travaille dans un cabinet dans Racoon Square avec un collègue et ça tourne plutôt bien. Tu vois, rien de bien passionnant ! D'ailleurs, si tu as besoin de mes services un jour, n'hésites pas à frapper à notre porte. Et toi, comment se porte ton orphelinat ? »

FT.   @Camille de Fleurville   

Jean avait beaucoup de choses à rattraper avec Camille. Elle devait avoir beaucoup de choses à raconter, et puis son fils devait avoir tant grandi ! Car s'il se souvenait bien qu'elle avait un bébé à l'époque, il ne se souvenait plus de son prénom malheureusement et il fallait qu'elle lui rafraîchisse la mémoire. Lui aussi commença à lui raconter alors les circonstances très étranges qui avaient été réunies pour le faire retrouver Sophie ici. Plan sournoisement concocté par l'entité qui régissait cette ville bizarre il en était sûr, mais tant que cela l'avait fait retrouver sa chère Sophie il s'en fichait bien. Alors que Camille lui demandait ensuite ce qu'il faisait dans la vie depuis qu'il était ici et où est-ce qu'il travaillait, il la prévint avant de lui répondre que ça n'avait rien d'exceptionnel mais au moins c'était un emploi stable et qui marchait bien. Quand Camille lui répondit qu'elle n'était guère étonnée du choix de carrière qu'il avait fait ici car il avait toujours essayé de défendre les autres même quand ils étaient plus jeunes et encore à Fleurville, Jean ne put s'empêcher de sourire devant cette vérité étalée. C'était vrai en fait et mine de rien cela lui ramena quelques souvenirs qu'il avait de Fleurville. Il y songeait avec amertume et bonheur aussi. Il ne fallait plus penser au passé, mais penser au futur dans lequel ils seraient à nouveau tous ensemble. Même s'il manquait quelques personnes, il gardait à présent l'espoir de les revoir un jour. Pourquoi pas même ses parents ? Qui sait. En attendant, il espérait que ses parents soient heureux là où ils étaient et même que Léon soit avec eux. La pensée qu'au moins un de leur fils soient à leurs côtés li créait un grand bonheur. Pour le reste, il fallait espérer qu'ils se retrouvent.

Il écouta ensuite Camille lui dire que son orphelinat se portait à merveille et il en était heureux aussi. Heureux que tant de petites âmes innocentes jetées elles-mêmes dans ce monde bizarre avait au moins un repère stable. Tous ces enfants avaient de la chance d'avoir quelqu'un comme Camille pour prendre soin d'eux en l'absence de leurs parents. Sa cousine avait toujours bon cœur, et pour être honnête, ils partageaient un peu cette notion de justice et d'injustice. Alors que Camille lui disait qu'elle adorait sa place là-bas, qu'elle adorait être utile et rendre le quotidien de ces enfants plus agréables, Jean se sentit ravi pour sa cousine. « Je vois que nous avons au moins trouvé tous deux la voie qui nous corresponds le mieux. » répondit-il avec un sourire. « Ces enfants ont de la chance de t'avoir trouvée, en l'absence de leurs parents. D'ailleurs, est-il arrivé que certains parents se soient trouvés à te rendre visite en espérant retrouver leurs enfants ? »  Jean se rendit compte qu'il avait un peu soif lui aussi, et il se dit qu'il allait sûrement commander quelque chose pour lui aussi. « Je prendrai bien un petit quelque chose à boire. Tant qu'on y est, autant se rasseoir et continuer à parler autour d'un café. »

« Et comment se porte ton fils... Comment s'appelle t-il déjà ? J'ai quelques blancs de ma vie passée malheureusement... » Bien qu'ils ne soient pas aussi nombreux que ceux de Sophie et c'était d'ailleurs une chose qu'elle lui avoué le soir où ils s'étaient revus, pensant qu'il allait lui en vouloir. Mais il savait que ce n'était pas de sa faute, que c'était la ville qui lui avait effacé ces souvenirs d'eux. Il ne la croyait pas responsable et c'est ce qu'il avait essayé de lui faire comprendre en lui promettant qu'ils allaient travailler ensemble pour remédier à tous ces blancs présents dans sa vie.

FT.   @Camille de Fleurville   

Jean n'avait pas vu sa cousine depuis trois ans. Il avait dû tellement raté de sa vie qu'il voulait tout savoir. Et puis, s'il se souvenait  vaguement qu'elle avait un enfant, il ne l'avait malheureusement pas vu grandir. Son petit neveu. Il avait l'impression d'avoir raté une partie de sa vie, lui qui aimait tant les enfants. Il aimait jouer avec eux. Il ne savait pas s'il aurait un jour des enfants mais en tous cas il adorait tant avoir des neveux et des nièces. Camille avait elle aussi un enfant et trois ans avait passé sans qu'il ne la voit grandir... Il n'avait pas pu être comme un oncle qui aimait gâter ses neveux et ses nièces.

Camille lui avait appris qu'elle tenait un orphelinat ici et Jean se réjouit totalement de la chance qu'avait tous ses enfants d'avoir trouvé une telle place car il était persuadé qu'elle était une excellente directrice et que chaque enfant avait tous les besoins respectés au sein de son établissement. Il connaissait sa cousine, elle avait toujours un bon cœur. Il était ravi de voir qu'elle avait su trouver sa place dans cette ville, et un si beau métier car qu'y avait-il de plus beau que de s'occuper des enfants ? S'occuper des animaux peut-être... En tous cas, il lui avait demandé s'il lui était arrivé de recevoir la visite de certains parents qui étaient à la recherche de leurs enfants depuis qu'ils étaient ici. Elle lui répondit qu'en effet elle en avait eu et cela donna le sourire à Jean qui était ravi d'apprendre que certains parents avaient pu être réunis de nouveau avec leurs enfants. Malheureusement, elle lui dit aussi qu'elle n'avait pas eu cette chance à chaque fois et que d'autres étaient rentrés chez eux déçus de ne pas retrouver leur enfant. Le regard de Jean s'assombrit alors qu'il ne trouvait rien à dire à cela car c'était quelque chose de bien triste.

Sur sa proposition de se rasseoir, Jean et Camille se rassirent à la table où s'était trouvée Camille avant que Jean n'arrive. Assise l'un en face de l'autre, ils continuèrent donc à discuter. Jean avait demandé à sa cousine des nouvelles de son fils, George, et il l'avait écouté répondre très attentivement. Il fut heureux d'apprendre qu'il se portait à merveille et qu'il grandissait trop vite à son goût. Jean imaginait bien qu'en tant que parent, on ne voulait pas voir nos enfants grandir trop vite et en même temps c'était merveilleux de les voir grandir. Elle lui dit alors qu'il serait sûrement de le rencontrer car elle lui avait énormément parlé de lui, de Léon, de Sophie, bref de toute sa famille. Jean en ressentit une grande émotion alors qu'il lui répondait simplement.

« J'ai vraiment hâte de rencontrer George moi aussi. Ça fait tellement longtemps que je ne l'ai vu... Il était tout bébé...  Je pourrai peut-être t'accompagner jusqu'à l'orphelinat après ? » lui demanda t-il avec espoir histoire de peut-être prolonger un petit peu plus leurs retrouvailles.

FT.   @Camille de Fleurville   

Jean écoutait sa cousine lui raconter combien son fils avait grandi depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus – qui était dans leur monde. Trois ans. Trois ans déjà. Il avait sûrement bien changé en trois ans, c'était sûr. Ressemblait-il beaucoup à sa mère ? Il tardait à Jean de voir, ou revoir, son neveu.

Du monde où il était né, un monde qui lui semblait à présent si lointain, il ne conservait que des souvenirs un peu éparses surtout des derniers mois qui avaient précédés son arrivée ici. Pourtant, il se souvenait bien que ses deux cousines avaient toutes deux un petit bébé seulement âgé de quelques mois à l'époque. Lui-même était partit en voyage de noce avec Sophie et il savait qu'ils étaient allés en Suisse car ils avaient alors ramener de voyage une magnifique Edelweiss. Il pouvait encore se souvenir du dessin des pétales de cette fleur délicates qui poussait dans les montagnes.

Que le temps avait passé oh oui... Il se souvenait encore d'eux, enfants, à Fleurville comme chaque été en train de jouer, de courir ou se promener dehors. Sophie avait toujours les idées les plus abracadabrantes pour s'amuser mais sans elle, qu'est-ce qu'ils s'ennuierait ! Sauf la fois où elle était tombée dans un arbre bien sûr et où, fort heureusement, il avait su l'entendre à travers le tronc. Les conséquences auraient pu être graves sinon. Mais en règle générale, ils avaient eu tellement du beau temps quand ils étaient enfants. Il gardait un souvenir très tendre de ces cabanes qu'ils avaient construits dans le bois de Fleurville. Qu'ils s'étaient bien amusés quand même ! Et aujourd'hui, regardez-les... Ils se trouvaient si loin de leur chez eux, si loin de leur époque, de leur famille... Jean avait bien cru qu'il ne reverrait plus jamais personne, mais aujourd'hui, il avait retrouvé l'espoir. Tout d'abord Sophie, puis ses cousines, qui serait le suivant... Si ça se trouve ce serait Paul. Ah ce cher Paul, le cousin à Sophie ! Jean l'appréciait déjà énormément à l'époque. Elle l'aimait déjà tellement elle aussi d'ailleurs. Il ne faisait aucun doute qu'elle le considérait comme un frère alors pour lui aussi, il était tout comme.

« Trois ans, mon dieu, ce qu'il a dû grandir. Il me tarde vraiment de le revoir. » Jean adorait les enfants, et intérieurement il espérait pouvoir lui aussi avoir un fils, ou une fille cela lui importait peu même s'il espérait quand même un fils car il n'était pas sûr que Sophie aimerait avoir plusieurs enfants...  Quoiqu'il en soit, Jean n'était même pas certain qu'elle aimerait avoir le même enfant. Elle lui proposerait sûrement d'adopter... Mais ce n'était pas la même chose. En plus que Camille tenait un orphelinat, alors ce serait chose aisée. Camille avait d'ailleurs accepté qu'il l'accompagne aujourd'hui jusque l'orphelinat, ce qui enchanta son cousin et il lui offrit un sourire radieux. Il était ravi de pouvoir continuer à discuter un peu plus longtemps avec elle. Heureusement qu'il n'avait aucun rendez-vous urgent cette après-midi là, il aurait été déçu de devoir la quitter si tôt. Et puis, il se réjouissait de pouvoir voir l'endroit qu'elle avait créé ici, là où elle travaillait. Elle en semblait si fière en en parlant.

« Oui, finissons et allons-y. » dit-il simplement en réponse avant de porter sa tasse à ses lèvres pour terminer ce qui restait en quelques gorgées. Il était enfin prêt. « Ouvre les yeux quand on sortira... Si ça se trouve on pourrait bien apercevoir la chevelure reconnaissable de Sophie qui nous espionne tout en pensant qu'elle est extrêmement bien cachée. » ajouta t-elle en rigolant à moitié.

FT.   @Camille de Fleurville   

Jean était impatient de revoir le fils de Camille.  Cela avait dû être tellement difficile pour le petit garçon de grandir sans voir aucune famille du tout. Cela l'avait été pour Jean et il avait du mal à le supporter alors pour un enfant, ça allait lui faire encore plus bizarre de voir apparaître devant lui un de ses oncles dont il n'avait aucun souvenir. Jean avait hâte de revoir son neveu. Il ne l'avait pas vu grandir jusque là mais il espérait pouvoir rattraper un peu le temps qu'il avait perdu en étant loin de sa famille. Jean adorait les enfants et c'était son plus rêve le plus grand d'en avoir à lui plus tard...  Il ne savait pas si ce serait le cas car il n'était pas certain que l'idée enchantait beaucoup Sophie.  Il ne lui avait pas demandé mais il sentait que ce ne serait pas simple de la convaincre d'avoir des enfants... C'était problématique parce que Jean, lui, adorerait une grande famille. Enfin, au moins un enfant c'était déjà quelque chose. Fille ou garçon peu lui importait...

Il était donc très enthousiaste et il était surtout impatient de rentrer avec sa cousine afin de rencontrer son neveu pour la première fois depuis trois ans. La dernière fois qu'il l'avait porté dans les bras, il n'était qu'un bébé et il ne s'en souvenait même pas. Les derniers souvenirs qu'il avait de sa vie d'antan lui était vraiment  flous. Il ne se souvenait même plus, à son plus grand regret, de son voyage de noces qu'il avait fait avec Sophie et de cette fleur qu'il avait ramassé dans les montagnes. Aussi fut-il celui qui proposa lui-même de terminer au plus vite leur café afin de sortir d'ici au plus tôt. L'impatience qu'il démontrait soudain ressemblait presque à celle dont faisait preuve Sophie d'habitude et il s'en amusa.

Jean s'était amusé du fait que Sophie était probablement cachée dans un coin pour observer comment les retrouvailles qu'elle avait sûrement arrangée se déroulaient. C'était bien le genre à Sophie de faire ça, il en était persuadé. Camille était bien de son avis et alors qu'ils sortaient du café pour s'engager sur le trottoir, elle lui désigna quelqu'un une silhouette qui ressemblait énormément à Sophie. Discrètement, il jeta un coup d'oeil  et il lui part lui aussi bien reconnaître un air de Sophie, mais il approuva aussi les paroles de Camille et tout en continuant de marcher sans plus se préoccuper de la silhouette cachée qui les observait, il répondit à Camille avec un petit sourire.

« Oh oui, laissons-lui le plaisir de croire qu'on ignore qu'elle est là tu as raison. Je ne voudrai pas non plus lui gâcher ce plaisir. »