Le traîneau du Père Noël ▿ Sophie

Pour une fois, le réveil était agréable. Belle ne se souvenait toujours pas s’être endormie, ni s’être déplacée, la ville y étant, très certainement, encore pour quelque chose. Mais cette fois-ci, elle s’était éveillée dans un petit chalet en bois, simplement, mais magnifiquement décoré. Elle était allongée sur une couverture face à la cheminée allumée qui dégageait une agréable chaleur. Belle aurait pu rester là, allongée à ne rien faire pendant des heures, mais elle ne pouvait pas. Elle n’était pas venue ici de son plein gré, alors forcément, ça avait quelque chose d’inquiétant. Surtout que la ville avait plutôt tendance à faire de mauvaises surprises, elle préférait les cadeaux empoisonnés aux véritables cadeaux.

Alors après avoir profité une petite minute quand même, Belle s’était assise. Elle avait l’impression d’avoir dormi durant des heures. Et surtout, elle avait l’impression d’avoir vraiment bien dormi. Une fois assise, elle avait remarqué qu’elle n’était pas seule - comme à chaque fois, une autre personne avait été envoyé avec elle dans cette nouvelle aventure - puisque Sophie se trouvait juste en face d’elle. Elle aussi semblait avoir bien dormi et comme elle, elle avait dormi sur une couverture face à la cheminée. La ville avait enfin décidé de prendre soin de ses habitants ? Elle avait enfin compris que ce n’était pas comme ça qu’on traitait les gens, surtout lorsqu’on les avait invités - pour ne pas dire forcés - à venir vivre ici.

La libraire laissait son amie se réveiller doucement, en attendant, elle avait jeté un coup d'œil à la fenêtre menant à l’extérieur. Dehors, la neige tombait à gros flocons. Après s’être étirée un peu, la jeune femme s’était levée s’approchant de la fenêtre en question. Elle voulait voir l’extérieur, elle voulait savoir où elles venaient d'atterrir. Seulement, la vision de l’extérieur ne l’aidait pas beaucoup. Dehors, tout était parfaitement dégagé. Elle devait voir à des kilomètres, seulement, il n’y avait absolument rien. Aucun bâtiment, aucun arbre, aucun animal, aucun être humain. Non, il n’y avait rien en dehors de la neige qui recouvrait tout et qui avait l’air bien haute, puisqu’elle arrivait presque à la limite de la fenêtre du chalet. Voilà qui lui donnait encore plus envie de rester ici, bien au chaud. Mais elle savait que ce n’était pas ce que la ville attendait d’elle. Comme à chaque fois, elles allaient devoir trouver le moyen de sortir d’ici, le moyen de rentrer chez elles. Pour une fois que l’endroit semblait agréable.

Spoiler:

Sophie dormait profondément. Elle n'avait plus l'impression d'être dans son lit, mais elle n'était pas mal à l'aise pour autant. La surface n'était pas dure, mais agréable et douce. Et il faisait bon. Sophie entendait, dans son sommeil, le bruit agréable de la cheminée et sentait la chaleur qu'elle dégageait. Elle avait passé de pires nuits, c'était certain. Doucement, sans crainte, elle avait fini par ouvrir les yeux. Elle n'était pas venue ici volontairement, mais tout semblait si agréable qu'il paraissait difficile d'avoir peur. Pourtant, il fallait se méfier des apparences et ne jamais s'y fier. Derrière ce décor rassurant et réconfortant, il pouvait se cacher les pires de toutes les créatures de cet univers et de tous les autres. Tout ça n'était peut-être fait que pour endormir leur méfiance.

Les yeux ouverts, Sophie avait pu observer la cheminée et la couverture sur laquelle elle était installée. C'était digne d'un rêve. Et, mieux encore, elle n'était pas seule. Belle était avec elle. Si quelque chose de terrible l'attendait, au moins, elle aurait du soutien. Cette ville, étrangement, ne les laissait jamais seuls, de toute façon. Et Belle était d'une compagnie charmante. Elles étaient amies depuis longtemps, désormais, et elles s'entendaient merveilleusement bien. Il pourrait donc y avoir bien pire.

Alors que Belle s'était redressée pour regarder par la fenêtre, Sophie s'était simplement assise, refusant d'affronter la réalité qui les attendait peut-être une fois debout. Il était tellement plus agréable de rester dans l'ignorance, qu'elle voulait encore en profiter quelques secondes. Juste quelques secondes. « C'est agréable, pour une fois. » avait-elle soufflé en se levant finalement pour rejoindre Belle près de la fenêtre. Dehors, il neigeait. Il neigeait tellement qu'il y avait, au moins, un bon mètre de neige sur le sol. Tout était dégagé et ce chalet semblait être le seul à des kilomètres, mais il paraissait compliqué de s'aventurer à l'extérieur. Ce n'était peut-être pas rassurant, mais Sophie ne réussissait pas à s'inquiéter dans cette ambiance - ce qui pouvait s'avérer particulièrement dangereux. « J'aimerais que rien d'horrible ne se passe pour une fois. » Avait-elle ajouté, un sourire au coin des lèvres, consciente que ça n'arriverait jamais. Ce monde ne faisait jamais de tels cadeaux. Les aventures étaient toujours des épreuves difficiles et éprouvantes, jamais des cadeaux dignes de plus beaux contes de fées.

Pour une fois, tout semblait agréable ici. Les deux femmes dormaient sur des couvertures épaisses et douces, les protégeant de la dureté du sol. Elles étaient également couvertes d’une couverture semblable à celle qui se trouvait à terre et pour ne pas qu’elles attrapent froid, la cheminée avait été allumée. Sans oublier l’ambiance, les douces couleurs du chalet et tout le reste. Tout cela faisait de cet endroit l’endroit idéal pour passer un moment agréable. Belle n’avait jamais eu autant de chance avec cette ville. Habituellement, elle était plus méchante avec les habitants. Elle était habituée à la dure réalité, aux énigmes, aux combats, au danger… Mais là, tout était différent, vraiment. Bien évidemment, il fallait rester prudent, mais Belle avait du mal à se sentir en danger cette fois-ci.

Alors qu’elle était à la fenêtre, Sophie s’était éveillée, doucement, puis elle était venue la rejoindre, admirant la neige qui tombait sur cet endroit. « Oui, tu as raison. » Confirma-t-elle d’une douce et fine voix, ne voulant pas briser le calme de cet endroit. « Je partage la même envie que toi, mais je vais peut-être te sembler naïve, mais j’ai l’impression que rien de mauvais ne peut nous arriver quand nous nous trouvons dans un tel endroit. » Dit-elle en s’éloignant de la fenêtre pour retourner profiter de la chaleur de la cheminée. « Qu’est-ce qu’on est censé faire d’après toi ? Profiter et attendre qu’on nous renvoie chez nous ? » N’y avait-il pas toujours quelque chose à faire ? Cette fois-ci allait-elle faire exception ? Du coin de l'œil, elle avait aperçu deux capes chaudes, deux bonnets, deux paires de gants et deux écharpes. « Regarde ! Je sais qu’il neige beaucoup dehors et que nous sommes bien au chaud ici, mais j’ai envie d’aller faire un tour dehors. » Marcher dans la neige - même s’il y en avait vraiment beaucoup -, respirer l’air frais, sentir les flocons tomber sur son visage… Tout cela était vraiment agréable et Belle voulait profiter un peu de l’endroit pour aller faire un tour à l’extérieur. Et puis ces vêtements chauds avaient sans doute été déposés là pour une raison.

Sophie aurait peut-être dû se montrer plus prudente, mais elle ne se sentait pas en danger. Ce chalet avait des airs de cocon agréable où il faisait bon vivre. Pourtant, elle savait que quelque chose finirait par lui tomber dessus, tôt ou tard, parce que c'était toujours le cas, mais... Elle aimerait pouvoir profiter de cet endroit, juste un instant. De son calme, de l'ambiance qui s'en dégageait... Oui, elle avait envie d'en profiter. D'oublier les horreurs que cette ville envoyait parfois pour se concentrer sur ce qu'elle offrait là, à cet instant.

Sophie avait envie de croire aux mots de Belle. Elle aurait aimé pouvoir croire que cette ville ne leur enverrait rien cette fois-ci. Elle avait envie d'être aussi naïve que son amie. Et une partie d'elle l'était, mais une autre partie se méfiait beaucoup trop. « J'ai envie d'être aussi naïve que toi, tu sais, mais... Cette ville ne nous offre presque jamais aucun cadeau... » Sauf lorsqu'elle leur rendait leur famille, après des mois ou des années à attendre désespéramment. Ces cadeaux-là étaient merveilleux, mais ils ressemblaient plus à une récompense qu'à un cadeau sans contrepartie.

Tandis que Belle était partie se réchauffer près de la cheminée, Sophie était restée là, à observer par la fenêtre. Il y avait quelque chose de merveilleux et de terrifiant dans cette neige qui tombait non-stop, recouvrant un sol déjà recouvert d'un mètre de neige. « Ce serait étrange, tu ne trouves pas ? » Juste profiter et attendre. Pourquoi auraient-elles le droit à un tel cadeau ? Mais... Pourquoi pas après tout ? Pourquoi ne pas croire en une bonne chose, pour une fois ?

« Tu veux sérieusement sortir ? » Demanda-t-elle, en souriant. Sophie devait avouer que sortir par ce temps ne l'effrayait pas particulièrement. La neige l'attirait terriblement et elle avait envie de s'y amuser, de s'y promener et d'en profiter, mais était-ce prudent ? Elles n'arriveraient même pas à marcher comme il fallait à l'extérieur... Pourtant, c'était tellement tentant. « Bon, très bien, allons-y. » Souffla-t-elle, amusée. Elles se préparaient pour avoir bien chaud - tout avait été mis à leur disposition - et elles avaient ouvert la porte. Un chemin semblait tout tracé pour elles. La neige avait recouvert le sol, mais il était possible d'y marcher sans trop de problèmes, contrairement à ce qu'elles voyaient par la fenêtre. « On devait vouloir que l'on sorte. » Sophie avait regardé Belle en haussant les épaules. Elle sentait l'air frais de l'extérieur et les flocons poussés par le vent et ça ne lui donnait que plus envie d'y aller, malgré le potentiel qui se cachait.

Cet endroit ne dégageait rien de mauvais, rien d’angoissant. Pour une fois, Belle avait l’impression de pouvoir s’y sentir en sécurité. La ville leur avait peut-être fait un cadeau ? Était-ce possible ? Avaient-elles mérité cette récompense ? En avaient-elles terminé avec toutes les difficiles épreuves de cette ville ? Belle n’y croyait pas, mais elle voulait croire que ce moment était un cadeau. Après tout, en dehors de la neige, rien ne pourrait représenter de réels dangers pour les deux amies. « Je sais que c’est difficile à croire et je me trompe peut-être, mais j’ai envie d’y croire cette fois. » Son instinct lui avait toujours dit de se méfier lorsqu’elle se retrouvait dans un endroit inconnu, lorsqu’elle avait été envoyée par la ville dans cet endroit. Seulement, elle avait l’impression que son instinct ne lui criait pas de se méfier, comme si, pour une fois, elle ne devait rien craindre de cet endroit.

Mais que devaient-elles faire dans ce cas ? Si cet endroit n’était pas dangereux, peut-être avaient-elles, tout de même, quelque chose à faire ? Ou alors, devaient-elles rester là, assise près de la cheminée, à profiter de l’endroit et du cadeau de la ville ? « Peut-être bien. La ville n’est sans doute pas aussi gentille et attentionnée. » Si Belle croyait en un cadeau, elle ne s’imaginait pas que tout allait être si simple, malgré tout. Cet endroit n’était pas vraiment du genre à faire de tels cadeaux. Il fallait toujours faire quelque chose. Même une chose infime, amusante, effrayante… Sans oublier ces manteaux, ces gants, ces écharpes… Enfin, tout ce qu’il fallait pour que les deux femmes se protègent du froid. Ce n’était pas un hasard. Tout cela leur disait très certainement qu’elles devaient sortir de là, malgré la neige et le froid.

Belle voulait découvrir l’extérieur, elle voulait marcher dans la neige et profiter de ce temps, malgré le froid. D’un signe de tête, accompagné d’un sourire en coin, la jeune femme secoua la tête de haut en bas, pour répondre à son amie ; oui, elle voulait sérieusement sortir. Sophie n’avait pas eu besoin d’être véritablement convaincue, puisque, presque aussitôt, elle avait accepté de sortir. Les deux femmes avaient alors enfilé les vêtements qui avaient sans doute été déposés là pour elles. « Deux ensembles parfaitement bien taillés et un chemin tout tracé. Oui, je pense qu’on voulait qu’on sorte. » Les ensembles semblaient avoir été faits sur mesure, ils avaient été posés là pour elles, il n’y avait aucun doute. Et ce chemin avait été tracé il y a peu de temps. Sans doute avant leur réveil, puisque la neige l’avait déjà recouvert d’une fine couche. « C’est parti ! » Lâcha alors Belle, prête à affronter le froid et la neige pour découvrir l’extérieur. Sans trop réfléchir - et ne voulant pas s’aventurer dans le mètre de neige qui avait recouvert les lieux - Belle suivait le chemin qui se dessinait devant elle. Ce dernier semblait mener à l’arrière de la maison. « Tu as entendu ? » Demanda-t-elle en entendant un bruit, provenant certainement d’un animal. Curieuse, elle pressa le pas, jusqu’à l’arrière de la maison, où se trouvaient des rennes. Et pas n’importe quels rennes, puisqu’il s’agissait de ceux du Père Noël, chose que Belle ignorait encore. Derrière eux, se trouvait un traîneau, le traîneau du Père Noël. « Regarde, il y a des rennes et un traîneau. » Dit-elle en s’approchant des animaux pour les caresser, ne se doutant pas de ce qu’elle avait réellement sous les yeux. « Tu crois que ce traîneau appartient à quelqu’un ? Ou tu crois qu’il a été déposé là pour que l’on puisse s’en servir ? »

Belle croyait en un cadeau de cet endroit. Sophie voulait y croire, elle aussi, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être méfiante malgré l'ambiance reposante et chaleureuse qui régnait en ces lieux. Dans une tout autre situation, si elle avait été envoyée en bord de mer, avec une citronnade pour se rafraichir, une assiette avec une pastèque coupée en cube et une glace pour grignoter, un sceau de plage pour s'amuser à faire un château et de la crème solaire pour se protéger des rayons du soleil, le tout confortablement installé dans le sable chaud... Sophie aurait été tout aussi méfiante - et elle préférait la neige, les manteaux et la chalet de toute façon - que dans cet endroit où tout avait été mis à leur disposition pour qu'elles se sentent bien et protégées. Qu'importe les cadeaux de la ville, ses soi-disant bienfaits ou attentions, Sophie ne pouvait s'empêcher d'être méfiante, de craindre ses intentions profondes. Elle ne faisait jamais de cadeaux. Ou presque.

Puisque Belle voulait découvrir ce qui se cachait à l'extérieur, Sophie avait accepté d'y aller, après s'être étonnée de cette proposition - pourquoi sortir alors qu'elles étaient en sécurité et bien au chaud dans ce chalet ? Les deux jeunes femmes avaient donc enfilé manteau, écharpe et gants pour se protéger du froid glacial de l'extérieur. Tout était parfaitement adapté à leur taille. Quelle chance ! En ouvrant la porte, elles avaient découvert un chemin tout tracé pour elles. Un chemin qui n'attendait qu'elles. Décidément, il n'y avait plus aucun doute à avoir : elles étaient attendues et tout avait été préparé pour elles. « Ce sont de gentilles attentions, mais j'ignore si l'on doit se méfier ou se réjouir. » Se réjouir d'avoir eu le droit à des vêtements chauds et à un chemin pour ne pas s'enfoncer dans la neige et mourir de froid ou se méfier du pourquoi elles avaient le droit à tout ça... Difficile de choisir.

Prudemment, les deux jeunes femmes s'étaient aventurées à l'extérieur. Elles avançaient sur le chemin, lentement, en observant les alentours, jusqu'à se stopper un instant après que Belle avait entendu un bruit. Bruit que Sophie croyait avoir entendu également, sans aucune certitude, tant ça lui paraissait irréel dans ce calme. Sans perdre de temps alors, les deux femmes s'étaient dirigées vers l'endroit où le bruit avait été entendu pour y découvrir ce que c'était. Elles y découvrirent alors des rennes et un traîneau. Sophie était comme une enfant, émerveillée. Et elle se posait mille questions à propos de la présence de ces animaux et de ce traîneau en ces lieux. Etait-ce comme tout le reste, pour elles ?

« Je l'ignore... » Souffla-t-elle, encore à distance. Mais en se précipitant un peu trop pour caresser les animaux, Sophie avait glissé sur la neige et était tombée. Heureusement, grâce à l'épaisseur des vêtements qu'elle portait, elle n'avait rien de plus que des égratignures. Morte de rire, la jeune femme s'était redressée tout en retirant la neige de ses vêtements. « Je n'ai rien. Je suis juste maladroite et un peu trop pressée. » Expliqua-t-elle à son amie pour la rassurer tout en arrivant près des rennes pour les caresser à son tour. « Peut-être que l'on doit retrouver son propriétaire ? Ou utiliser ce traîneau pour rentrer chez nous ? » Sophie ne savait pas conduire un traîneau, mais... S'il n'y avait que ça à faire pour rentrer, elle essayerait, avec Belle, et elles réussiraient... Il n'y avait pas le choix, de toute façon.

L’endroit était agréable. Tout était fait pour que Belle et Sophie se sentent bien ici. Tout était fait pour qu’elles restent ici, au coin de la cheminée, à profiter d’un moment paisible, offert par la ville. Où devaient-elles sortir ? En tout cas, elles le pouvaient, puisque tout avait été prévu pour qu’elles puissent être au chaud à l’extérieur également. Belle aimait la neige et dehors, le paysage enneigé était merveilleux. C’est pour cela qu’elle avait envie d’aller s’y promener, au moins un peu. Elle avait envie de s’enfoncer dans la neige, elle avait envie de sentir les flocons tomber sur son visage, elle avait envie de sentir la neige sous ses pieds.

Après s’être habillée chaudement, les deux amies avaient ouvert la porte. Même dehors, tout était prévu pour qu’elles n’aient pas trop froid. Pour qu’elles n’aient pas trop de difficulté à se déplacer. Un chemin avait été creusé dans la neige. Bonne ou mauvaise chose ? Belle n’en savait trop rien, mais elle voulait croire qu’il n’y avait rien de mauvais ici. « Nous pouvons rester prudentes, mais j’ai vraiment envie de croire qu’il n’y a rien de mauvais ici. » Elles devaient rester prudentes. Elles devaient toujours l’être. Dans ce monde, il ne fallait jamais vraiment baisser sa garde, mais Belle avait envie d’être un peu plus confiante cette fois. Après tout, son instinct ne lui criait pas qu’un danger l’attendait, alors que c’était le cas à chaque fois qu’une mauvaise chose allait se passer.

Avec prudence, les deux femmes avaient marché le long du chemin et s’étaient arrêtées lorsqu’un bruit se fit entendre. Ne sachant pas si ce bruit était réel et ne sachant pas ce qui avait pu faire ce bruit, les deux amies avaient continué d'avancer, jusqu’à apercevoir un traîneau. Il était magnifique, tout comme les rennes qui le précédaient. Ce traîneau était là pour elles ? Ou avait-il été déposé là par son propriétaire ? Belle s’était dépêché d’aller caresser les rennes, tout comme Sophie. Seulement, la jeune femme, maladroite comme à son habitude, avait chuté, glissant sur la neige. Belle, inquiète, s'était précipité vers son amie, pour voir si elle ne s'était pas fait mal. Mais Sophie s’était relevée avant que Belle ne l’aide, riant et disant qu’elle n’avait rien, qu’elle était juste maladroite et trop pressée. Belle se mit alors à sourire, puisque Sophie n’avait rien, elle pouvait se le permettre. « Je ne sais pas. Et comment on va faire pour retrouver son propriétaire avec toute cette neige ? Et puis pourquoi laisser le traîneau là et partir, alors qu’il n’y a rien aux alentours ? » Beaucoup de questions, sans réponse. Mais elle avait raison. Pourquoi le propriétaire ce serait tant éloigné ? « Grimpe. » Dit-elle, amusée, en grimpant dans le traîneau. Elle attrapa les rênes pour s’amuser un instant. Ne s’imaginant pas que les rennes allaient finir par s’avancer.

Sophie avait envie d'y croire, elle aussi. Elle avait envie de croire que tout avait été prévu pour elles, pour qu'elles n'aient pas froid et pour qu'elles puissent passer un moment incroyable. Pour une fois, même si elle restait méfiante, elle n'avait pas envie de craindre les pièges de la ville ou les mauvais tours qui pouvaient les attendre. Elle voulait juste croire en un moment paisible et heureux.

Croire en un moment incroyable... Et il l'était, incroyable, ce moment. Elles venaient de tomber sur un traîneau tiré par des rennes. C'était absolument magnifique et incroyable. Plus que jamais, Sophie avait la sensation de rêver. Dans sa hâte de s'en approcher, la jeune femme avait fait une chute. Heureusement, elle ne s'était pas fait mal et elle s'était relevée en riant de sa bêtise. Sa maladresse et son impatience ne faisaient décidément pas bon ménage, mais comment faire autrement que se précipiter en voyant une telle merveille, digne des meilleurs contes de fées ?

Sophie se questionnait sur la situation : ce traîneau avait-il été abandonné là temporairement par son propriétaire ou était-il là pour qu'elles puissent rentrer chez elles ? Elle n'en savait rien. Pas plus que Belle, d'ailleurs. « Peut-être devait-il se rendre dans une zone inaccessible avec le traîneau ? Ou il y a quelque chose, simplement nous ne le voyons pas... C'est tellement difficile d'y voir à plus d'un mètre ou deux avec toute cette neige... » Sophie cherchait les bonnes réponses dans ses hypothèses, mais il lui était bien sûr impossible de savoir si elle disait vrai ou non. Rien ne leur indiquait pourquoi ce traîneau se trouvait là. Belle, en tout cas, ne semblait pas décidé à attendre plus longtemps - n'était-ce pas Sophie la fille impatiente et qui se moquait de tout, normalement ? La reine des bêtises ? Il fallait croire qu'à force de traîner avec elle, Belle avait pris certaines de ses habitudes.

Sophie, pourtant, grimpa à son tour dans le traîneau, sans vraiment en empêcher Belle, même si elle protestait quelque peu : « Belle, on ne peut pas faire ça ! Ce n'est pas à nous, imagine un peu que le propriétaire débarque et nous voit là... » Malgré tout, elle était installée et elle se plaisait à être là, sur un traîneau, comme une enfant. Faire la morale à Belle était surtout une façon de se dédouaner en cas de problème. « Que se passe-t-il ? » Souffla-t-elle soudainement, pleine d'inquiétude, alors que le traîneau commençait à avancer, après que Belle avait attrapé les rênes dans ses mains. Soit c'était la continuation d'une belle aventure, soit c'était le début des problèmes.