Il était une fois...
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Are you a stranger in your own life?
What are you hiding behind those eyes?
Is no one looking for you there? tw : violences physiques et psychologiques, pensées suicidaires.((1)) Non loin du village de Little Hangleton, se trouve un misérable cottage, apparemment abandonné au vu de l’extérieur. Vous le trouverez sur les flancs d’une colline plantée au milieu d’une clairière boisée. Les murs sont recouverts d’une épaisse couche de mousse, un serpent mort est cloué sur la porte d’entrée et des tuiles manquent à l’appel au niveau du toit. Elle n’est en réalité pas abandonnée, quelques personnes vivent dans ce petit hameau de poussière et de cafards. Ces personnes sont les membres d’une très ancienne famille de sorciers de sang-pur. La famille
Gaunt. Un infâme patronyme provoquant des frissons d’effroi à quiconque a déjà entendu parler de leurs ancêtres, Salazar Serpentard et Cadmus Peverell. Les
Gaunt vivent depuis des années dans cette maison vétuste, composée de petites fenêtres crasseuses et de minuscules pièces.
La famille Gaunt fut autrefois immensément riche, les mètres composant ses terres s’étendaient à perte de vue, jusqu’à ce qu’elle provoque sa propre déchéance. Les
Gaunt sont aujourd’hui des sorciers pauvres qui vivent dans la gloire passée de leur nom. Ils n’évoquent que honte et pitié aux yeux des autres membres de la communauté magique. La famille
Gaunt est forte d’un sang noble, comparable à la pureté de l’éclat du plus beau cristal. Ils affirment faire partie des derniers descendants des plus puissants sorciers de l’histoire de la magie. Les
Gaunt ont pu préserver pendant des générations la pureté de leur sang par le biais de mariages consanguins. Ce qui explique certaines tares et dégénérescences mentales. Parmi les survivants de l’illustre famille
Gaunt se trouve Elvis, le père, un homme tyrannique et obsédé par le passé de ses ancêtres. Morfin, un demeuré simplement bon à épingler un serpent sur le pas de sa porte. Et enfin, une femme de grande importance.
Merope Gaunt.La maison des
Gaunt est
le sanctuaire du mal, c’est en ce sacro-saint lieu qu’est née
la mère du plus grand mage noir de tous les temps. Elle a passé les pires années de sa vie dans cette maison poisseuse, dissimulée à l’abri des regards et à l’écart du village de Little Hangleton.
Merope a vécu presque toute sa vie près de Little Hangleton. Elle s’est toujours trouvée à quelques minutes de la liberté. Quelques minutes près des beaux cottages aux jardin fleuris et parfaitement bien entretenus, d’autres jeunes filles de son âge bien mieux loties qu’elle, mais aussi de l’amour.
Merope est une jeune femme aveuglée par un fantasme absurde mêlant liberté et péripéties romanesques. Son père, Elvis, lui reproche d’être bien trop faible, trop docile. Ce n’est qu’une pauvre poupée de chiffon, manipulable et bonne à repriser leurs vêtements. Elle souffre d’une grande fragilité émotionnelle. Elle oscille entre un père cruel et un frère aveugle et sourd à ses souffrances depuis le début de son adolescence. Aujourd’hui âgée de dix-sept ans, la jeune
Merope Gaunt rêve de s’échapper de ce qu’elle considère comme
son purgatoire.
« Misérable insecte, fille ingrate et ignoble ! » vocifère un homme d’âge mur, sa voix forte semble faire un écho dans la minuscule pièce servant de cuisine.
« Une Gaunt… Toi ? Petite chose insignifiante, indigne de ma chair et de mon sang ! Tu pollues mon air, petite chose, sers-toi donc de ta magie, que diable ! Cesse de te comporter comme une misérable créature impure ! Une… Une Moldue ! » ce dernier mot, Elvis
Gaunt le cracha avec dégoût. S’en suivit une quinte de toux.
Merope Gaunt se redressa presque immédiatement en voulant venir en aide à son père, mais fut accueillie par une gifle assommante. Elle se retrouve recroquevillée sous la table de la cuisine, tremblante comme une feuille morte. Elle murmure le prénom de son père pendant des minutes qui lui paraissent interminables.
Merope est prise d’une crise d’angoisse qui tétanise les muscles de son pauvre corps tout chétif. Elvis
Gaunt agrippe la cheville de sa fille unique, afin de la ramener d’un coup sec vers le centre de la pièce. Il cogne au passage l’arrière du crâne de la jeune femme contre l’un des pieds de la table. Elle étouffe péniblement un sanglot, sachant pertinemment bien que son père ne supporte pas le bruit de ses plaintes ou de ses pleurs.
« Lève-toi, fille ignoble ! » ordonne-t-il en la maintenant par sa longue chevelure brune. Il n’éprouve aucune once de pitié ou de remords pour ce qui lui sert de fille. Quelle honte, une fille de si noble et grande lignée qui refuse obstinément d’avoir recours à la magie pour des raisons obscures. Pendant des années, Elvis est convaincu que
Merope en est mystérieusement dépourvue. Cela n’est pourtant pas le cas, mais la jeune fille n’a eu de cesse de refouler ses capacités magiques, ce qui rend sa magie extrêmement instable et dangereuse.
« La magie, ma chose, c’est aussi facile que… ça ! » Les coups pleuvent ensuite. Une première gifle, puis une deuxième et enfin une troisième. Puisqu’elle semble hostile à toute effusion de magie, Elvis
Gaunt lui donne ce dont elle rêve tant, de la violence non-magique comme chez les Moldus. Elvis est sourd aux protestations et aux cris de sa pauvre enfant. Elle hurle, se tortille pourtant dans tous les sens en espérant échapper à son assaillant, mais c’est peine perdue. Son cauchemar habituel ne fait que prendre forme sous ses yeux embués de larmes brûlantes et souillées de son propre sang. Ce sang rouge et poisseux qui colle aux mèches sales de ses cheveux et à sa peau cireuse, c’est le sang versé par les coups d’Elvis
Gaunt sur son visage plein de cernes.
« As-tu seulement une vague idée de la magie de notre nom ? » Une lueur malveillante brille dans les prunelles sombres du patriarche
Gaunt. Ses yeux s'assombrissent dangereusement à mesure que les pulsations de son rythme cardiaque s'accélèrent à la simple idée de mettre un terme à l'existence pathétique de sa progéniture.
« Honte... Honte à toi. Tu ne mérites pas de porter le nom illustre des Gaunt. » Il attrape le menton délicat de sa fille entre ses longs doigts pâles et relève doucement son visage pour que leurs iris se toisent.
Merope est effrayée, elle est comme une petite biche en face d'un prédateur. Elvis est excité, terriblement assoiffé de sang et de hurlements. Il se délecte avec déraison des souffrances qu'il lui inflige, elle est
la honte de sa famille. Il a honte qu'elle porte son nom.
L’illustre nom des Gaunt. Sa vue lui provoque constamment des frissons désagréables, ses yeux noisette éveillent en lui un début de démence. Il supporte chaque jour depuis dix-huit ans, ce visage innocent et cette incapacité à développer des pouvoirs magiques. C'est extrêmement dur pour Elvis
Gaunt. La pauvre biche apeurée a beau se dissimuler sous une épaisse couche de cheveux foncés, rien ne peut lui permettre de s'évader de l'emprise malsaine que son père exerce sur elle.
Merope est incapable de riposter ou de répondre. Elle n'est qu'une pauvre marionnette. Sa soif d'amour est démesurée, au point d'accepter toute forme de sévices, du moment que cela lui donne le sentiment
d'exister.
« Je vais te montrer à quoi ressemble la magie ! Endoloris ! » Un éclair rouge s'échappe de la baguette du patriarche
Gaunt pour venir percuter le corps de la sorcière. Elle se convulse, déchirée par la sensation que ses organes explosent intérieurement, que ses muscles se déchirent sous ses supplices. Les pires douleurs qui puissent exister au monde sont désormais siennes. Elles le sont toujours, semaine après semaine, mois après mois, année après année.
Gaunt n'en a jamais assez de lui faire payer le simple fait
d'être en vie. Au bout d'interminables minutes de souffrances et de pleurnicheries,
Gaunt semble finalement avoir pitié de son pauvre corps. Il relève sa baguette magie, avant de la ranger dans la poche intérieure de son veston. Elvis jette un dernier regard à cette chose, étendue le long du parquet, qui ne donne plus signe de vie. Elle pense feindre la mort, mais sait-elle seulement qu'il ne désire que la lui causer pour de vrai ? Et lui, sait-il que c'est ce
qu'elle désire le plus au monde à cet instant précis ?
Mourir, oui,
mourir des mains de son propre père. Un homme cruel qui la révulse, mais pour qui son amour filial reste encore profondément ancré. Elle l'aime autant qu'elle le haït. Elle est prise dans une dualité malsaine, un quitte ou double qui ne lui laisse aucune chance.
Merope est faible.
Merope est fragile.
Merope est incapable de dire non Elle se laisse faire, parce qu'elle n'est
encore rien en ce bas monde. Sera-t-elle seulement
quelqu'un un beau jour ?
« Petite cracmole dégoûtante. » insulte-t-il en la repoussant contre un coin de la cuisine.
Merope est familière aux insultes d’Elvis
Gaunt et à l’indifférence de Morfin
Gaunt. Elle ne réagit pas aux provocations habituelles de son père autoritaire. Ce qu’ils ignorent tous les deux, c’est qu’Elvie se trompe
lourdement que la magie de sa fille. Ses capacités magiques ont grandement été affectées par les violences subies au cours de sa jeunesse. La magie est une chose curieuse, elle est influencée par l’état d’esprit et les puissantes émotions qui s’échappent d’un être magique. Le fait est que
Merope Gaunt a été parasitée par de puissantes émotions négatives qu’elle a enduré de manière chronique depuis ses premières années de vie. Ce n’est pas que
Merope est incapable de produire de magie. Quelque chose interfère dans sa pratique magique, ce qui épuise ses capacités en un claquement de doigt. Les paroles blessantes et humiliantes, les coups et les blessures ont appauvris la magie de
Merope.
Triste constat. Elle n’a donc jamais pu démontrer de réelles compétences en la matière durant son adolescence. Au grand malheur d’Elvis
Gaunt, persuadé que sa fille n’est qu’une petite cracmole sans intérêt.
Merope est une femme. Une souillonne. Une moins que rien. Une créature inutile, bonne à nettoyer ce qui doit être nettoyé et prendre soin de son père et de son frère. Elvis est en réalité excédé que sa chair et son sang ne daigne pas libérer ses pouvoirs magiques.
Merope est loin d’être une cracmole. Elle est douée d’une magie très puissante, mais elle est conditionnée psychologiquement pour être incapable d’exploiter ses talents.
« Prépare-nous quelque chose et vite avant que je ne m’impatiente de nouveau ! » Un ordre, implacable et autoritaire.
Merope s’exécute, non sans camoufler ses larmes salées à l’aide du revers du chemisier de sa robe.
Merope est confrontée aux abus depuis ses onze ans. Ce n’est encore rien, par rapport à ce qu’il a déjà été capable de lui faire, en pleine crise existentielle.
Merope est consciente d’être dans un cercle vicieux, une situation inextricable dont elle meure d’envie de se défaire en fuyant à Little Hangleton. Dans ses rêves les plus fous,
Merope imagine s’éloigner de sa famille dysfonctionnelle et abusive pour embrasser une vie heureuse et faite d’amour auprès de
l’homme de sa vie. Cet homme-là existe bel et bien, il porte le doux nom de
Tom Jedusor Sr. Un Moldu. Un pathétique et encombrant Moldu aux yeux d’Elvis
Gaunt. Ce Moldu est toutefois
sa porte de sortie. Son
unique chance de s'échapper d'une vie misérable, faite d'abus et de haine. Elle n'attend que cela, un geste de sa part, une œillade ou un sourire depuis son fidèle destrier. Quelque chose susceptible de lui donner...
l'espoir d'un avenir meilleur.
You're looking for a miracle
The kind that science can't explain
The man you carry in your heart
Is only comfortable when he's in pain tw : mention de comportement obsessionnel et compulsif.((2)) Entre l’amour et l’obsession, il n’y a qu’un pas. Et lorsqu’on y arrive, il est impossible de s’en débarrasser sans aide extérieure. Elle est comme la lumière du phare dans l’obscurité d’un port. Elle est comme la brise d’air qui emporte les feuilles au loin. Elle se construit à travers nos incertitudes et nos sombres désirs. Ceux-là mêmes qui se meurent à l’instant où on les exprime. Elle s’installe d’abord progressivement avec des petites voix qui murmurent à nos oreilles des mots mielleux sur la réciprocité de nos sentiments. Puis, ces petites voix finissent par éclipser toute pensée rationnelle, et le mal prend finalement racine dans un coin de notre tête. Elle est insatiable, elle dévore nos ténèbres jusqu’à la satiété. Une obsession n’est jamais pleine, elle est constamment affamée et ne s’arrête qu’une fois que nous franchissons un point de non-retour.
Merope Gaunt souffre de l’un des maux de la psychologie humaine. Son obsession s’est mise à croître d’année en année, à force de contempler dans l’ombre les traits parfaits de cet angevin aux cheveux noirs comme la nuit, à la peau aussi blanche que le marbre et aux yeux aussi profonds que le bleu de l’océan.
Tom Jedusor, premier du nom. Il est touché par elle, tout comme elle est touchée par lui. C’est désormais une certitude dans un esprit aussi fragile que celui de
Merope Gaunt. Il est amoureux, ou en tout cas, il y a quelque chose. C’est forcé. Je l’ai vu me regarder. Il sait ce que nous éprouvons mutuellement l’un pour l’autre. Ce clin d’œil, il m’est destiné. Il m’aime, mais n’ose pas encore me le dire. Nous sommes bien trop différents pour que ce soit aussi évident. Il attend forcément un geste de ma part, et moi, je n’attends que lui. Nous nous aimons, malgré nos différences. Il est impossible qu’il ne ressente pas la force de notre amour autant que moi.
Merope Gaunt se laisse emportée dans sa propre folie en fantasmant une fin heureuse à ses côtés. Elle essaie de se convaincre que c’est la suite logique de sa rencontre avec Tom.
Merope se persuade tous les jours qu’ils sont faits l’un pour l’autre, alors qu’il n’en est rien. Tom Jedusor n’a que faire des petites attentions de la pauvre paysanne de Little Hangleton. Elle est d’une classe inférieure à la sienne, elle n’est pas aussi jolie que les jeunes femmes de son milieu.
Merope s’enflamme comme un feu de forêt devant son dédain apparent et ses moqueries. Comme à chacune de leurs rencontres, Tom manifeste son dégoût de sa personne.
« Pauvre de vous. Pauvre Merope Gaunt. » se moque-t-il, comme à chaque fois, installé sur son cheval. Ses lèvres se courbent en un sourire narquois, ce qu’elle interprète comme la promesse d’un petit quelque chose.
« Vos yeux reflètent votre folie. » Il la trouve régulièrement aux mêmes endroits, sur le chemin sinueux conduisant au manoir ou devant les écuries du village. Elle est obsédée par le fait de le rencontrer et d’échanger quelques banalités avec lui. Tom se montre toujours aussi acerbe, se moquant ouvertement des espérances de la jeune
Gaunt. Elle se contente d’interpréter ce mépris pour une marque cachée d’intérêt. Selon elle, ce n’est pas parce qu’il la méprise, qu’il est incapable de l’aimer. Ce mépris n’est rien d’autre qu’une façade, parce qu’ils ne sont pas du même monde.
Merope ne désespère pas, un beau jour, Tom Jedusor tombera dans ses filets. Il a beau jauger son allure et son manque d’élégance à chacune de leurs entrevues,
Merope ne se lasse jamais d’admirer la beauté parfaite des pores de sa peau. Tom Jedusor sera à elle.
Merope en est intimement persuadée, c’est la petite voix dans sa tête qui le lui a murmuré, il y a de cela des années.
Dans un premier temps, le beau et snob Tom Jedusor s’amuse des soupirs et des yeux de biche de cette paysanne. Au bout de quelques années, cela devient clairement moins amusant. Il ne comprend pas quelle femme dangereuse est en réalité
Merope Gaunt. Une femme dévorée par l’intensité de ses premiers émois, par ce qu’elle considère comme étant son premier amour. C’est une femme prête à toutes les malveillances au nom de l’amour véritable, ses sentiments ne connaissent aucunes limites décentes. Tom Jedusor est son coup de foudre. Elle se contente de cet état de fait pour justifier ses pensées sordides, ses rêveries infantiles et ses fantasmes obscènes. Le coup de foudre, le vrai et l’unique est forcément réciproque. C’est à force de la rencontrer dans des endroits de plus en plus insolites, qu’il s’est mit à ignorer délibérément son existence.
Merope Gaunt n’est rien d’autre à ses yeux qu’une trace de boue sous ses semelles. Lorsqu’elle eut dix-huit ans,
Merope se retrouva une fois encore à épier les moindres faits et gestes. Il s’en moqua, comme à son habitude, en ignorant sa présence à l’orée du petit bois, alors qu’il rentre d’une promenade à cheval.
« Tu n’en as pas assez de m’ignorer ? » supplie-t-elle.
« Tu seras mien, un jour, Tom Jedusor. » Non, il n’en a pas assez. Quant à elle, n’en a-t-elle pas assez de le pourchasser dans tout Little Hangleton depuis ces trois dernières années ?
« Que tu le veuilles ou non. Tu ouvriras enfin les yeux sur la véritable nature de tes sentiments. » murmure-t-elle à la manière d’une malédiction. Elle se l’attachera quoi qu’il lui en coûte. Ses ténèbres l’ont dévorée et elle n’attend que celles-ci se mettent à son tour à le dévorer tout cru. Tom Jedusor ne lui apporte aucun réconfort, cela le contrarie même plus que cela ne l’amuse.
Merope Gaunt est d’un pathétique. Pendant qu’il s’éloigne en direction de son prestigieux manoir en pierres grises,
Merope se jette aux pieds d’un arbre, afin de se remettre de ses émotions. Elle porte ses doigts à ses lèvres, en imaginant l’objet de ses fantasmes baiser délicatement la commissure de ces dernières.
Merope imagine le goût sucré de sa bouche contre la sienne, de ses caresses et de ses mots d’amour. Elle imagine qu’il est le prince charmant, celui qui l’emmènera loin de l’enfer de sa misérable existence. Loin de son frère Morfin, loin de l’emprise tyrannique de son père, Elvis. Un beau jour, tout se déroulera enfin comme elle le désire tant. Chaque nuit,
Merope Gaunt prie. Elle prie qu’on vienne la délivrer. Elle prie que le beau Tom Jedusor vienne enfin la capturer pour l’emmener dans son manoir, ou pourquoi pas, dans la belle ville de Londres.
Merope Gaunt n’est pas attristée par le manque cruel d’attentions de Tom Jedusor. Elle est plongée dans ses propres ténèbres.
Elle veut l’avoir et elle l’aura, quel qu’en soit le prix. Même si pour cela, elle doit brûler dans les flammes ardentes de l’Enfer. Now I'm done believing you
You don't know what I'm feeling
I'm more than what you made of me
I followed the voice you gave to me tw : amour forcé.((3)) Vers le milieu du printemps, le calvaire de la jeune
Merope Gaunt prend fin avec l’incarcération de Morfin et d’Elvis
Gaunt. Il est arrêté pour avoir lancé un maléfice à Tom Jedusor. Sa jalousie et sa possessivité envers
Merope ont précipité sa chute. Quant à Elvis, il se fait arrêter en voulant simplement protéger son enfant, le digne héritier de la noble lignée des
Gaunt. Loin d’être accablée par l’arrestation des deux hommes de sa vie,
Merope est libérée d’un poids incommensurable. Elle soupire de bonheur en réalisant que ses rêves les plus fous se réalisent enfin. Sa vie est en passe de changer avec l’incarcération de Morfin et d’Elvis
Gaunt. Elle ne semble pas attachée à la chute de la noble famille
Gaunt. Elle n’aspire en réalité qu’à rejoindre celle du beau Tom depuis son seizième anniversaire. Cet amour déraisonnable s’est insinué en elle jusqu’à la déraison, insufflant les forces nécessaires à l’apparition d’une puissante forme de magie. Toutes ces années d’abus physiques et psychologiques ont finalement eu raison de la personnalité sensible de la jeune
Merope. Elles ont permis l’apparition d’une personnalité tourmentée, motivée par de noirs desseins et un égoïsme sans pareil. Elle désire tant l’amour de Tom Jedusor qu’elle est prête à tout pour se l’attacher. Ses ténèbres l’enveloppent d’un manteau de remords, tandis que la culpabilité ronge progressivement ce qui lui reste de scrupules.
Tom Jedusor est son amour, son poison et son obsession. Il hante chaque parcelle de son âme jusqu’à consumer cette dernière dans une danse endiablée.
Merope Gaunt est capable de le poursuivre jusqu’aux confins des mondes et de plonger tête la première dans les eaux verdâtres du Styx pour un simple sourire de sa part. Pour un seul et unique baiser
d’amour véritable. C’est à cause de cette obsession que toutes les personnes qui l’entourent se sont retrouvées enfermées à Azkaban.
Merope en a assez de penser constamment à lui. Elle passe finalement à l’acte au bout de quelques mois. Bien qu’elle ne soit pas allée à l’école de sorcellerie de Poudlard, tout comme son frère aîné Morfin, les deux héritiers
Gaunt ont un potentiel magique insoupçonné.
Merope apprend la magie auprès des siens, entre les murs délabrés du cottage des
Gaunt. Sous les coups et les insultes d’un père tyrannique,
Merope s’est retrouvée contrainte de réprimer toute l’ampleur de sa magie. Une personnalité aussi faible et sensible ne peut connaître l’épanouissement en présence d’un homme aussi despotique. C’est pourquoi seule l’absence des hommes de sa vie rend la jeune
Merope plus forte, et facilite l’éclosion d’une magie significative et dévastatrice. Elle encourage la sorcière désespérée à asservir le beau Tom Jedusor au moindre de ses désirs grâce au charme d’un puissant philtre d’amour. Emportée par ses folies,
Merope Gaunt ne réalise pas que forcer la réciprocité des sentiments amoureux implique toujours un prix. Un prix lourd à payer, celui du trou béant dans son cœur. Un trou que Tom Jedusor est incapable de combler, même sous l’emprise du plus puissant des philtres d’amour. Elle ne se rend pas compte dans l’immédiat qu’un amour artificiel ne peut remplacer un amour véritable.
Les semaines défilent comme les aiguilles d’une montre, et font de
Merope Gaunt une nouvelle femme. Habillée avec une robe couleur lavande et accompagné d’un chapeau très féminin,
Merope Gaunt s’est métamorphosée depuis qu’elle est la bienheureuse femme de Tom Jedusor. Elle fête à sa manière l’intensité de leurs retrouvailles de la veille en parcourant les cottages fleuris de Little Hangleton. Elle montre aux yeux du monde entier, bague au doigt, qu’elle est l’élue du plus beau parti à des kilomètres à la ronde.
Merope n’a encore jamais connu un bonheur aussi intense de toute sa vie. En embrassant le beau Tom, c’est son être tout entier qui s’est consumé dans les flammes de l’Enfer. Elle a bien conscience que tout est faussé depuis le point de départ, l’amour dévorant de Tom Jedusor envers elle n’est qu’une abominable mascarade. Une supercherie.
« C’est… la femme de Jedusor. » chuchote une voix aigrie.
« Pourquoi l’as-t-il épousé, celle-là ? » s’en étonne une.
« Merope Gaunt… Une petite souillon, les cheveux gras et ternes, les vêtements toujours pleins de suie. Elle ne mérite que la crasse dans laquelle elle s’enlise depuis sa naissance. » s’en étrangle une autre, ce à quoi, toutes les commères acquiescent d’un hochement de tête dédaigneux.
« Qu’est-ce qu’il a bien pu lui trouver ! Lui qui s’est toujours moqué de cette famille de tordus au fin fond de la forêt ! » Toutes les femmes de Little Hangleton sont désabusées par le choix improbable du séduisant et riche Tom Jedusor. Lorsqu’il a décidé de prendre la fille d’Elvis
Gaunt comme femme légitime, elles se sont toutes transformées en de véritables harpies aigries et amères. Chacune d’elles a caressé le doux fantasme d’être choisie à la place de
Merope Gaunt. Elles se sont moquées, en dissimulant leur jalousie par de grands sourires éclatants d’une hypocrisie sans nom.
Merope Gaunt est le sujet préféré de leurs commérages. Elles l’envient au point que leurs visages se déforment sous la colère. Elles propagent des rumeurs acerbes, cachées sous une ombrelle en dentelle blanche ou d’un éventail parsemé de motifs exotiques.
Little Hangleton n’est qu’un point de passage pour le couple Jedusor qui s’en va pour la belle et dynamique ville de Londres, capitale de la Grande-Bretagne. Ils s’installent dans une maison résidentielle dans le quartier de Notting Hill qui s’avère être l’un des plus aisés et boisés. Les mois passés en compagnie de Tom Jedusor comblent notre sorcière comme jamais. Elle ressent vraiment un sentiment d’appartenance, mais ce n’est que de courte durée.
Merope réalise progressivement que toutes ses tentatives sont vaines. Tom Jedusor est amoureux, compréhensif et doux. Ses baisers sont emplis d’une rare tendresse, ses caresses sont aussi légères qu’une brise d’air, ses mots coulent comme du miel dans sa bouche. Tout est parfait mais
Merope Gaunt n’est pas satisfaite. Tout cela n’est rien d’autre que le fruit d’une magie artificielle. Sa magie provoque en lui
une illusion d’amour qui ne comble pas en totalité les espérances de
Merope Gaunt.
Elle veut plus, beaucoup plus de lui. Elle veut son amour plein et entier, sans conditions et sans artifices. Cet amour créé de toutes pièces par sa magie ne suffit pas à la rendre heureuse. Cette illusion comble les élans du cœur de
Merope pendant les six premiers mois, avant de se transformer en un véritable fardeau. Une pensée insidieuse se répète chaque jour dans sa tête. Elle lui intime de le libérer de son maléfice. Des pensées irrationnelles occupent son esprit torturé et abusé,
Merope parvient même à se convaincre que l’objet de ses fantasmes est enfin tombé amoureux d’elle.
Quelle erreur tragique. C’est cette terrible obsession qui va causer la disgrâce de
Merope Gaunt, ainsi que sa mort.
I am alone at a crossroads
I'm not at home in my own home
And I've tried and tried to say what's on mind
You should have known tw : dépression, suicide.((4)) Le 31 décembre 1926,
Merope Gaunt a condamné le monde sorcier à la destruction. Lord Voldemort est né à l’instant même où les yeux de
Merope Gaunt se sont définitivement fermés. Elle a commis l’un des pires choix de toute son existence en se laissant dépérir, abandonnée par l’homme de sa vie,
Tom Jedusor Senior. Elle a préféré sombrer dans les bras glacés de la grande faucheuse plutôt que de se battre pour vivre. Pourquoi vivre, pourquoi continuer alors que tout est
terminé ? Ses espoirs sont vains, ils ont fondus comme neige au soleil. Aucune raison ne la pousse à inspirer une nouvelle bouffée d’air frais. Aucun être au monde ne lui donne la force de se battre pour sa vie. Pas même…
lui. Pas même l’enfant qu’elle vient de mettre au monde, sous les cris et les larmes. Elle a refusé
de se battre pour son nouveau-né. Rien n’est aussi important que sa passion dévorante pour Tom. Tout ce qui obnubile
Merope Gaunt-Jedusor c’est la manière cruelle dont son mari l’a quitté, en la laissant démunie dans leur maison en plein cœur de Londres. Elle fut contrainte de vendre tout ce qu’ils possédaient, jusqu’à se débarrasser de son précieux médaillon pour subvenir à ses besoins alimentaires.
Le médaillon de Salazar Serpentard. Un héritage familial ancestral. Si son père
savait… Vendre un héritage familial inestimable pour une bouchée de pain, et tout cela, à cause d’un stupide Moldu. Pire encore, comment l’héritière de son sang accepte de se laisser mourir pour les beaux yeux d’un imbécile de Moldu.
Pourquoi choisir la mort au lieu de la vie ?Tom est
parti après avoir été délivré de l’emprise exercée par le philtre d’amour.
Merope a amèrement regretté cette décision prise sous le coup de l’impulsivité. Tom ne l’a jamais véritablement aimée, et elle s’en est aperçu en ayant voulu déjouer le maléfice.
Pourquoi ? Par faiblesse, sans doute.
Merope est pourtant une personne manipulatrice. Elle ne l’est visiblement pas assez pour continuer cette odieuse mascarade. L’héritière de la noble maison des
Gaunt a toujours été dans un besoin permanent d’affectif. Elle s’est convaincue de la réciprocité de ses sentiments amoureux. Elle s’en est convaincue au point que toute capacité de réflexion s’est dissipée sous la force de sa folie. Ses névroses ont finalement eu raison de son sourire timide et de ses yeux tristes. Tom ne l’a jamais aimée.
Jamais. Ce n’est que sous l’emprise du philtre d’amour de
Merope Gaunt, que le beau Tom Jedusor Senior s’est laissé séduire pendant quelques mois. Voilà que le rideau se lève sur eux. Tom s’en est retourné vivre à Little Hangleton.
Merope, quant à elle, dévoua ses dernières heures de vie à son amour perdu et à la nostalgie des moments partagés. Une fin terrible, digne d’une grande tragédie grecque. Jusqu’à son dernier souffle,
Merope Gaunt a gardé une pensée romantique pour Tom Jedusor Senior. Au point d’avoir appelé leur fils unique
« Tom », comme son mari, et
« Elvis » comme son propre père.
Merope accouche en plein mois d’hiver, un jour de célébration, dans l’orphelinat des bas quartiers de la capitale anglaise. Elle est trouvée, errant dans les rues, du sang entre les jambes, par la directrice de l’orphelinat.
Madame Cole. L’accouchement ne tarde pas, puisqu’un adorable bébé pousse son premier cri entre les quatre murs de la vieille bâtisse sinistre.
Merope ne daigne pas même jeter un regard à l’enfant, tant l’épuisement et le chagrin dévorent chaque parcelle de son âme. Elle n’a goût en rien, pas même en la vie qu’elle vient de donner à un tout jeune fils. Elle se moque de sa progéniture, de sa santé mentale ou bien encore physique. Ses muscles sont endoloris, son cœur est déchiré en lambeaux, sa tête est de plus en plus lourde.
Merope Gaunt se trouve sur le déclin et personne ne lui vient en aide en cette triste nuit de fête. Elle parvient néanmoins à murmurer ces derniers mots, comme une malédiction ou une promesse pleine d’avenir.
« Faites qu’il ressemble à son père. » Un soupir las s’échappa de ses lèvres pulpeuses, anormalement pâles.
Merope se laisse à l’agonie, étendue sur le grand lit de l’une des chambres de ce miteux orphelinat. Madame Cole, la directrice, s’en est allée avec son enfant. Elle laisse la jeune femme de dix-neuf ans seule dans sa chambre en pensant très certainement la retrouver à son retour.
Cette petite a besoin de se reposer après avoir fourni autant d’efforts, a-t-elle pensé, sans se douter que le chagrin emplissant le cœur brisé de
Merope Gaunt est l’arme qui mettra fin à sa vie, une heure à peine après la venue au monde du prochain mage noir.
Merope refuse d’avoir recours à la magie pour se maintenir en vie, elle préfère mettre un terme à une existence entière ponctuée de mauvais choix, d’humiliations, de souffrances et de désillusions affectives. Elle préfère choisir la mort à la place de la vie. Elle abandonne son fils à une vie sans amour maternel, sans attentions, sans explications.
Merope laisse des non-dits et une peine incommensurable sous son passage, mais
l’égoïste qu’elle est n’en a cure. Il n’y a toujours eu que Tom Jedusor Senior. Sans lui, la vie ne vaut en aucune manière la peine d’être vécue. Sans lui, sans ses bras réconfortants et son odeur musquée,
Merope Gaunt se prépare au grand voyage. Elle s’éteint quelques minutes après avoir murmuré amoureusement le prénom de son mari cruel, sans une once de regrets dans le son de sa voix. Comme si…
tout est finalement à sa place.
Ce que
Merope Gaunt ignore, c’est que les mains du destin sont joueuses avec les pauvres âmes infortunées comme la sienne. Cette nuit du 31 décembre 1926, c’est une pleine lune rouge sang qui brille sous le ciel étoilé de Londres. Un évènement extrêmement rare qui emporte
Merope sous son sillon vers l’inconnu. On lui offre une seconde chance. Une chance de vivre la vie dont elle a toujours rêvé, débarrassée du poids de ses erreurs et de ses souffrances. Une vie où
Merope Gaunt peut enfin espérer
être la meilleure version d’elle-même. Son amour obsessionnel définitivement disparu, ses pouvoirs inexistants, mais sa force de caractère retrouvée. Elle est enfin libre.
Libre de vivre sa vie. Libre d’être elle-même
sans concessions.