Besoin d'aide ? ▿ Robin.

La journée était enfin terminée. Jodie l'avait trouvée interminable et épuisante. Il y avait eu un nombre important de clients et le bruit l'avait plus agacé encore que d'habitude. Elle aurait aimé passer une soirée au calme, pour une fois, elle devait l'avouer. Mais elle devait bien travailler et n'avait donc pas eu le choix que de faire son travail avec le sourire et dans la bonne humeur, comme toujours, même lorsqu'elle n'en avait pas envie.

Après avoir fait partir les derniers clients et débarrassé les dernières tables - pourquoi les gens mettaient-ils donc autant de bazar en buvant un verre ? - Jodie s'était autorisée à s'asseoir quelques minutes. Elle avait tellement mal dans les jambes que ça ne lui ferait pas le moindre mal, bien au contraire. Puis, il n'y avait plus personne à part elle et une autre serveuse, alors autant dire que personne ne risquait de leur taper sur les doigts. « Robin, » dit-elle pour interpeller l'autre serveuse qui continuait à s'affairer sur ses différentes tâches pendant qu'elle, elle se reposait. « Assieds-toi une minute, on l'a bien mérité. » Parce qu'elle se voyait mal, malgré tout, faire une pause seule, sans sa collègue. Cette dernière était arrivée il y avait peu de temps. Jodie ne saurait dire quand exactement, mais elle n'était là que depuis quelques semaines ou quelques mois. Elles ne parlaient encore que peu souvent. Jodie n'était pas une femme très bavarde, elle était discrète et renfermée, plutôt solitaire, mais elle appréciait échanger de temps à autre. Avec Robin, elle n'avait encore jamais vraiment pris le temps de le faire. C'était l'occasion idéale, non ? Sans attendre son avis, elle lui servit un soda, en prit un pour elle-même, et ajouta : « Le travail est presque fini, on peut s'accorder deux minutes. » Il ne resterait ensuite qu'un peu de ménage avant de pouvoir rentrer, ce n'était pas grand-chose.

Il y avait des journées plus difficiles que d'autres. Des journées que l'on supportait moins que d'autres. Aujourd'hui, Jodie était épuisée. Fatiguée de ce travail épuisant où il fallait toujours courir partout, où l'on était appelé toutes les deux secondes. Il y avait encore un peu de rangement à faire, mais la jeune femme considérait qu'elle avait le droit de faire une petite pause. Juste quelques minutes. Pour se reposer, pour souffler, pour reprendre des forces. Et si elle prenait une pause, elle proposait tout naturellement à sa collègue de faire la même chose. « On mériterait le double de ce qu'on gagne, rien que pour ça. » Souffla Jodie, en souriant, pour confirmer les propos de sa collègue. Les clients étaient la pire chose qui existait pour les serveurs. Pas tous, évidemment, mais une bonne partie avait oublié la notion de respect. Si les serveuses étaient là pour ramasser ou nettoyer, pourquoi faire particulièrement attention à ne pas trop salir ? Les accidents arrivaient, évidemment, et il était presque impossible de tout garder impeccablement propre, mais Jodie n'en demandait pas tant, de toutes façons... Juste un minimum. Un minimum qu'on ne semblait pas vouloir lui accorder.

Après avoir servi deux sodas, bien mérités, sa collègue lui avait fait une confidence à propos de l'adaptation ici. Jodie la comprenait. Autant qu'il était possible de comprendre quelqu'un dont on ne savait rien, en tout cas. Alors, par curiosité, et pour l'inciter à se confier si elle en ressentait le besoin, elle avait poursuivi : « Tu viens d'un endroit très différent de celui-ci ? » En fonction de la réponse, l'adaptation était plus ou moins difficile, en effet. Jodie venait d'un monde moderne, l'adaptation avait donc été plutôt rapide - à l'exception de l'absence des entités et de la perte des gens qu'elle aimait - mais pour ceux venant d'un passé, d'un futur ou d'un monde très différent, les choses pouvaient prendre bien plus de quelques mois, malheureusement.

Jodie ignorait tout de sa collègue. Elles n'avaient jamais vraiment eu l'occasion de discuter et elle ignorait, par conséquent, à quel point sa vie avait été différente avant d'arriver dans ce monde. Elle évoquait donc la façon dont elles étaient payées et ce qu'elles auraient réellement mérité pour le travail qu'elles devaient effectuer chaque jour. La réflexion de Robin l'étonna et la poussa à se questionner. Jodie n'était pas du genre à beaucoup discuter, mais elle avait, comme tout le monde, une certaine forme de curiosité en elle. Une curiosité qu'elle avait tout naturellement envie d'assouvir. Surtout dans des cas comme celui-ci. « Alors, tu vas devoir me croire sur parole. » Souriait Jodie, ne sachant quoi répondre à sa réflexion.

Curieuse, elle se lançait donc et interrogeait sa collègue à propos de son ancienne vie, en lui demandant si son monde était très différent de celui-ci. Le silence régna un certain temps. Jodie hésitait même à ajouter qu'elle n'était pas obligée d'en parler si elle n'en avait pas envie, histoire de ne pas la mettre mal à l'aise ou qu'elle ne se sente pas obligée de se dévoiler si elle n'en avait pas envie, mais Robin avait fini par reprendre la parole. « Je n'y ai jamais réfléchi. » Répondit-elle simplement dans un premier temps après sa question. Jodie n'avait jamais vraiment réfléchi à la question : alors croyait-elle aux contes de fées ? Aucune idée. En revanche, après tout ce qu'elle avait vécu et vu, elle supposait avoir plutôt l'esprit très ouvert. « Mais je pense avoir suffisamment l'esprit ouvert pour croire en ce que tu me diras. » Elle l'espérait tout de moins, et elle ferait l'effort, ça elle pouvait lui assurer. D'autant que désormais, elle avait éveillé plus encore la curiosité de la jeune femme.

Elle avait raison, il fallait voir le côté positif des choses. Elles n'avaient pas le travail le plus amusant qui soit, ni même le plus facile ou le mieux payé, mais elles avaient de quoi se nourrir au moins. Alors, elles ne pouvaient pas se plaindre - enfin si, elles le pouvaient, mais elles n'allaient pas le faire parce que Jodie avait d'autres idées de conversation en tête.

A ce sujet, Jodie n'ajoutait plus rien. Elle préférait parler d'autre chose, de quelque chose de plus intéressant, à savoir le monde d'où venait Robin. Face à la question de la jeune femme, Jodie était obligée de répondre la vérité. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi à l'existence ou non des contes de fées, mais après tout ce qu'elle avait pu vivre ou voir dans la vie, elle avait l'esprit ouvert et était prête à croire en tout. Après tout, ne vivait-elle pas avec une entité attachée à elle ? Une entité capable de grandes choses ? Après cela, elle pouvait bien croire en tout, n'est-ce pas ? Les sorcières, les ogres ou elle ne savait quoi d'autres... Ce n'était pas bien différent des esprits.

Suite aux paroles de Jodie, la jeune femme avait commencé à raconter son monde, dans les grandes lignes. Elle expliquait donc qu'elle venait d'un monde un peu spécial puisqu'une partie de sa famille était issue de la forêt enchantée et qu'elle, elle était née dans une ville nommée Storybrooke. Cette ville avait une particularité, celle de ne pas être visible pour les humains. Comme c'était étrange. « La forêt enchantée ? Comme celle que l'on trouve dans de nombreux contes ? » Puisqu'elle lui avait parlé de contes, c'était le plus logique. « Et cette ville, elle était habitée par les personnages des contes, c'est ça ? » Ou n'avait-elle rien compris ? Dans tous les cas, elle s'intéressait sincèrement à ce que cette jeune femme pouvait lui raconter à propos de son monde et elle était curieuse d'en apprendre davantage.

Jodie était intriguée par l'histoire que lui racontait Robin, sa collègue qu'elle n'avait jamais vraiment pris le temps de connaître. Elle la croyait, suffisamment bien placée pour savoir toutes les choses incroyables qui pouvaient exister, mais elle se posait énormément de question. Question qu'elle ne se gênait pas de lui poser. Elle essayait d'abord de comprendre si, comme elle le sous-entendait, la forêt était celle des contes. Cette forêt enchantée et magique qui existait dans toutes les histoires. Cette forêt qui renfermait des créatures et des êtres merveilleux. La réponse de Robin la fascinait plus encore. Elle aurait aimé pouvoir lui poser mille questions, mais elle ne voulait pas paraître trop curieuse. « Tu es de la famille de Blanche-Neige ? De la méchante reine ? » Sa tante, c'était tout de même de la famille proche... C'était incroyable. Et le ton de sa voix devait lui montrer comme elle trouvait ça incroyable. « Quel genre de différences ? » Lorsque l'on écrivait les histoires, il n'était pas rare qu'il y ait certains changements, certaines adaptations, mais Jodie était curieuse de connaître lesquelles. « Si tu veux m'en parler, bien sûr. » Parce que cette fois-ci, elle se montrait vraiment curieuse.

« C'est à moi de fermer, alors... Personne ne le saura. » Puis il lui arrivait de rester un peu, au calme, de temps en temps après le travail. Quelques minutes, mais... elles n'allaient pas discuter des heures de toute façon. Et qui irait les dénoncer ? Les rats qui traînaient à la cave ? Certainement pas. Elles ne risquaient rien. Rien du tout. « Si tu te sens prête à tout raconter, je suis prête à t'écouter. J'ai même très envie de comprendre tout ce que tu m'as dit. » Mais c'était à elle de décider. Elle comprenait si la jeune femme préférait ne pas trop traîner ici de crainte d'avoir des problèmes et elle ne lui en voudrait pas si elle voulait écourter cette conversation.