Abelforth naquit second de sa famille, les Dumbledore. Il n’est jamais facile d’être l’enfant du milieu. Pour le petit garçon, cadet d’un sorcier brillant, plein de promesses et de talent, aîné d’une sœur qui eut tôt besoin de tous les soins et toutes les attentions, il était toujours là, cherchant sa place et faisant de son mieux pour se tailler une petite place dans sa propre vie. Quand sa petite sœur eut six ans fut le moment où tout bascula pour Abelforth et où il sentit que les choses seraient différentes pour lui. Si jusque là, il vivait sa vie avec un brin d’insouciance, c’était fini.

En effet, quand Ariana eut six ans, elle commit l’erreur de pratiquer la magie devant des moldus qui s’en prirent à elle, affirmant qu’elle était un monstre. Si Abelforth l’accueillit dans ses bras pour la réconforter après l’agression, cela changea définitivement la fillette, ainsi que la famille. Leur père Percival défendit farouchement sa fille et se retrouva à Azkaban. Quant à Ariana, elle se mit à haïr la magie en elle, développant un Oscurial, qui grandissait, préoccupant toute la famille qui déménagea cependant à Godric’s Hollows, où on ne les connaissait pas encore. Mais désormais, Kendra, leur mère, s’occuperait essentiellement d’Ariana, au détriment de ses fils.

Abelforth se sentait responsable d’Ariana, dont il était le préféré, mais il dut bien aller à Poudlard. C’était une véritable épreuve. Mauvais élève, batailleur, préférant le duel et la confrontation à l’étude et au travail, il fut souvent comparé à son frère qu’il ne pouvait même approcher. Pourtant, il était en colère contre ce frère que tous encensaient et qui étudiait au détriment de sa propre famille. Abelforth ne vivait que pour ses vacances qu’il passait à s’occuper de ses chèvres et d’Ariana. Quand la jeune fille l’aidait, elle était plus calme.

Malheureusement, alors qu’il était à Poudlard, en sixième année, il y eut un accident chez lui. Ariana tua involontairement leur mère Kendra, propulsant Albus au rang de chef de famille. Abelforth voulut arrêter ses études et prendre soin de sa chère sœur, mais Albus le lui interdit et prit lui-même l’initiative de veiller sur sa sœur. Pourtant, à l’aube de sa septième année, Abelforth constata que Albus n’était pas aussi assidu à sa tâche qu’il aurait dû l’être. Ses plans ambitieux partagés avec Gellert Grindelwald étaient totalement fantasques et ne prenaient aucunement en considération sa sœur, comme il le lui rappela à l’aube de retourner à Poudlard.

Malheureusement, si Gellert avait l’érudition et la soif de pouvoir d’Albus, il avait la vivacité et l’agressivité d’Abelforth. Albus n’était peut-être pas le meilleur des frères, mais il protégeait son frère et sa sœur. Le combat à trois qui suivit fut horriblement destructeur pour le cœur et la raison d’Abelforth. Il ne sut jamais lequel d’eux avait touché Ariana, mais il fut celui qui pleura le plus la jeune fille. Quand son frère osa lui en parler, le jour des funérailles, il lui cassa le nez dans sa fureur.

Après cela, Abelforth fut brisé. Il finit sa dernière année scolaire sans vraiment se soucier du résultat et se réfugia au milieu des chèvres, cherchant la solitude et, peut-être même la mort. Il n’avait plus l’impression d’avoir quelque chose dans ce monde. On commença à lui prêter d’étranges affections pour les chèvres, mais il était simplement plus à l’aise avec les bêtes qu’avec les hommes. Il n’y avait rien de plus. Il finit par se laisser toucher par une femme du village avec laquelle il entretint une liaison, mais lorsqu’elle tomba enceinte et dut se séparer du bébé, et qu'elle se sépara de lui sans plus d'explications, il en prit une leçon de plus lui démontrant qu’il devait rester seul pour le bien de tous.

Ce ne fut que des années plus tard, alors qu’il était devenu un jeune homme, que son fils, désormais portant le nom de Croyance Bellebosse, le retrouva. Abelforth pensa longtemps qu’il ne devait pas laisser son fils s’approcher de lui, qu’il était dangereux. Mais quand le jeune homme se retrouva opposé à Gellert Grindelwald qui avait voulu le tromper, Albus et lui ne purent que le protéger. Abelforth retrouvait son fils et un espoir d’un bonheur qui lui avait toujours échappé. Cet espoir ne dura pas longtemps.  Croyance mourut peu de temps après et Abelforth renonça définitivement à l’espoir d’une famille.

Les années passèrent et se suivirent, identiques les unes aux autres. Les loubards se suivaient dans son bar, dont certains qu’il finit par congédier définitivement parce qu’ils s’étaient mal comportés à son regard. Son bar était son univers. Malgré l’animosité qu’il avait envers son frère, il accepta de le tenir informé de certaines choses qui se tramaient dans son bar, par exemple la naissance de l’Armée de Dumbledore. Il épaula les rebelles contre la montée du mouvement de Voldemort au gouvernement, mais le fit discrètement.

Lorsque son frère fut tué par Severus Rogue, Abelforth perdit le dernier membre de sa famille et son cœur se brisa, malgré tout son ressentiment, pour une fois de trop. Il fut définitivement sûr qu’il n’avait plus qu’à finir sa vie seul sans laisser la moindre lumière entrer dans son cœur. Une lumière qui allait pourtant s’allumer le soir des funérailles. Alors qu’il venait de dire adieu à son frère, une étrange lune rouge se leva dans le ciel. Abelforth la contempla avant de se retrouver dans une étrange ville au milieu de personnes qui ne semblaient pas comprendre davantage que lui.

Il fut un peu surpris mais songea qu’il n’y avait pas de regret à avoir. Plus rien ne l’attendait à Pré-au-Lard. Il espérait que les nouveaux propriétaires qui s’accapareraient sa taverne ne mangeraient pas ses chèvres et s’en occuperaient bien. Cela établi, il décida d’ouvrir son pub dans la ville. Toute ville avait besoin d’un pub où l’on pouvait s’échanger des choses compromettantes sous le manteau sans risque de se voir dénoncer. Il adopta une petite chevrette, qui grandit. Cette année, il était parvenue à la faire se reproduire et Abelforth possédait donc désormais une ravissante maman et une chevrette de quelques mois à-peine sevrée, ainsi qu’un réseau de clients. Sa vie ne promettait pas d’être plus intéressante qu’à Pré-au-Lard, mais il n’était pas si mal.