When the two greatest sorcerers meet

feat. Merlin

Petit à petit, les étudiants désertent l’amphithéâtre. Tandis qu’Albus les regarde s’éloigner, les pensées d’Albus vaquent déjà ailleurs. Il faut dire que ces dernier temps, il n’accorde à ces dernières qu’un répit relatif, quand bien même elles le mériteraient plus que jamais. Ses préoccupations trop nombreuses occultent la possibilité de se satisfaire de ces considérations simples qui ne l’ont jamais accaparé qu’en apparence quoi qu’il en soit. Entre ce qu’Albus révèle et montre de lui-même et les pensées que son esprit renferme, il y a bien souvent un monde, et grand mal prend généralement à ceux qui caressent le désir de s’y attarder. Tout en rangeant ses affaires, il laisse donc son imaginaire vagabonder en des lieux spécifiques et pour beaucoup préoccupant, jusqu’au moment d’être interpellé par une voix masculine qui ne lui est pas familière.

Albus lève le regard vers ce jeune homme que, semble-t-il, il n’a jamais vu (il se targue d’avoir la meilleure des mémoires) et qui ne compte pas, par ailleurs, parmi ses élèves. Il a voulu le rencontrer spécifiquement, ce qui n’étonne pas particulièrement le professeur, habitué à être reconnu et interpellé par certains sorciers dont il aurait bouleversé le cours de l’existence sans pour autant l’avoir jamais connu. Cela étant, dans le cas spécifique de son interlocuteur, Albus comprend rapidement qu’il n’est pas question de cela. Non, ce jeune homme le connaît, mais pour d’autres raisons, qu’il ne tarde d’ailleurs pas à lui expliciter.

La curiosité déjà grande d’Albus ne va que s’intensifiant à l’instant de découvrir le nom de son interlocuteur. Ce pourrait, bien sûr, être un heureux hasard – encore que l’on ne peut confier un nom tel que Merlin à sa progéniture sans attendre de ce dernier une certaine forme d’excellence et un destin hors du commun. Mais Albus sait d’office que ce n’est pas le cas. Il peut le sentir dans leur poignée de mains, dans la lueur dans son regard et – il triche un peu, mais qui le lui reprochera – dans les quelques pensées qu’il lui soutire avec aisance.

« Certains chantent mes louanges à tort et à travers. Dans mon cas, je suppose que ce n’est qu’à moitié mérité », fait-il avec une étincelle de malice dans le regard. « La curiosité n’est que rarement déplacée. C’est, bien au contraire, une qualité qu’il faut savoir cultiver avec soin, mais ce n’est pas une chose qu’il me semble devoir vous apprendre. Je ne suis d’ailleurs pas convaincu d’avoir à vous apprendre quoi que ce soit. »

Il l’observe un instant. Ce n’est pas ainsi qu’il s’imaginait le Merlin des légendes, pour peu qu’il ait envisagé de le rencontrer un jour, mais tout comme sa propre image échappe à l’imaginaire de nombre de ceux qui le retrouvent dans ce monde, il veut bien croire que Merlin ait bénéficié de sa propre cure de rajeunissement au moment d’arriver en ces terres.

« Le plaisir est plus que partagé », fait-il avec sincérité. « J’ai moi aussi beaucoup entendu parler de vous, mais vous vous en doutez certainement », fait-il tout en achevant de ranger ses affaires avant de poser son sac à son épaule et de lever le regard vers son interlocuteur. « Vous aimez le thé ? »

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Les histoires peuvent servir, bien souvent, à embellir les choses, mais pas seulement, elles peuvent aussi les rendre plus terrifiantes ou, en faisant usage de l’une ou de l’autre de ces stratégies, délivrer une morale, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Quoi qu’il en soit, ces histoires, petites ou grandes, perturbent nos perceptions, et nul n’est jamais épargné par cet a priori. L’opinion de Merlin sera nécessairement biaisée par ce qu’il pense savoir d’Albus, par l’intermédiaire de ceux qui l’auront renseigné. Et l’opinion d’Albus ne peut naturellement qu’être orientée par les nombreux récits, pour la plupart héroïque, qui lui ont été contés au sujet de son illustre interlocuteur. Qu’il ait appartenu à sa dimension ou à une autre, qu’importe, le nom qu’il porte se charge de lui-même d’une impérissable aura qu’il doit porter sur lui aussi sûrement que le moindre de ses attributs physiques. L’un et l’autre, quoi qu’il en soit, ont sans doute en effet beaucoup de choses à apprendre, et peut-être apprendront-ils, effectivement, beaucoup l’un de l’autre à cette occasion.

Merlin lui apprend ne pas avoir voulu lui payer une visite de courtoisie qui aurait été motivée par la seule curiosité. Il n’avait guère besoin de le spécifier, c’est une chose qu’Albus a d’ores et déjà devinée, et qui ne manque pas d’attiser plus encore sa curiosité. Il devine qu’on lui a parlé plus longuement, autant de lui que de ses projets, et qu’il a l’espoir d’en être. Ce qui bien sûr ne peut que le pousser à s’interroger davantage. Merlin souhaite apporter son aide à la cause qu’il défend, et c’est évidemment une aide qu’Albus ne se verrait en aucun cas lui refuser, d’autant que Merlin commence à recouvrer sa magie.

« Comment se manifeste-t-elle, votre magie ? » demande le professeur avec curiosité avant toute autre question (mais il en a bien d’autres en réserve, ceci dit, qu’il ne tardera certainement pas à poser.

C’est après avoir rempli deux tasses d’un thé parfumé (au citron, bien entendu, quoi d’autre ?) et parfaitement infusé qu’Albus reprend la parole pour rentrer plus sérieusement dans le vif du sujet.

« Votre inquiétude est plus que légitime, j’en ai peur. La menace est bien réelle, et elle est d’importance », fait-il alors non pas pour alarmer son interlocuteur, mais parce qu’il est important qu’il sache tous les tenants et aboutissants de l’histoire. « L’urgence que vous ressentez est légitime, et elle sera un moteur essentiel du combat que nous menons. Toute aide, et en particulier la vôtre, sera plus que bienvenue, c’est une certitude », reprend-il avant de boire une gorgée de sa propre tasse. « Que vous a-t-on raconté exactement au sujet de ce mage noir ? »

En somme, que sait-il déjà ? Albus n’a pas son pareil pour tourner autour du pot, mais dans les situations d’extrême urgence, il sait aussi rentrer rapidement dans le vif du sujet si cela doit être nécessaire. En l’occurrence, il sait pertinemment le cas, et pour la peine, il ne compte pas perdre une seule minute.

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Merlin lui confirme que la magie a toujours fait partie de lui, ce qu’Albus entend directement comme un point commun à se reconnaître l’un à l’autre. Albus sait appréhender le fait que leurs magies s’expriment de façon différente, mais ce qu’il lui semble plus intéressant encore d’observer, ce sont autant les ressemblances que les divergences à ce sujet. La magie, pour lui comme pour les sorciers de son monde, est donc une chose innée, avec laquelle l’on naît ou non, mais qui exige elle aussi d’être exercée. Il laisse à Merlin le temps d’expliquer dans le détail autant la nature que le fonctionnement de ses pouvoirs, pour ce qu’il en comprend… Mais Merlin n’est pas seulement un sorcier, il est également un dragonnier à la magie puissante, le dernier de sa lignée… De tels individus n'existent pas dans son monde, mais Albus devine aisément que les dragons que Merlin a côtoyés ont été bien différent de ceux qu’il a pu être donné au sorcier de contempler.

« Et ici, vos talents de dragonnier vous servent-ils ? » demande-t-il avec curiosité, s’interrogeant tout naturellement sur les compétences de son interlocuteur et sur leur utilité dans ce monde, quoi qu’il ne serait guère surpris que des dragons errent sur cette île. Tous les phénomène mystiques possibles et imaginables semblent se côtoyer en ces lieux, alors pourquoi pas celui-ci ? Et auquel cas, que faudra-t-il en déduire ? C’est encore une autre affaire.

Après quoi, Albus interroge Merlin au sujet de ce qu’il a pu apprendre plus précisément au sujet de ce mage noir qu’il faudra combattre. Il connaît l’existence de l’Ordre du phénix et de Voldemort. Bien sûr, il lui aura aussi parlé de Gellert… c’était inévitable. Une fine esquisse de sourire se dépose sur les lèvres d’Albus quand Merlin lui assure que Regulus l’a couvert d’éloges. Il n’est pas le seul et Albus n’est pas toujours convaincu qu’elles soient méritées (quoique tout dépend), elles reviennent surtout bien souvent à un homme qu’il n’a au final jamais été, quoique tous ces sorciers réunis autour de lui puissent en penser.

« J’ai en effet croisé leur route à l’un comme à l’autre sur cette île, leur présence ne fait aucun doute. Ils ont tous les deux été très dangereux en leur temps, mais pas le même… de temps, j’entends. Et je pense que votre magie pourrait nous être fort utile. Qui sait si elle ne serait pas susceptible de venir à bout de ce qui pour le moment nous pose le plus problème. » Il marque une pause. « Nous savons où l’ennemi se trouve, et à peu près quels sont ses objectifs, mais attaquer pour l’heure serait une perte de temps, il nous faut d’abord cerner pleinement leurs objectifs, connaître le nom et le nombre de leurs fidèles. L’histoire nous a appris qu’un mage noir en chasse bien souvent un autre… il nous faudrait éviter de sombrer dans cet écueil. » Il marque une pause. « Parlez-moi de ces sorciers que vous avez rencontrés ? »

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« En effet, toute aide est la bienvenue », confirme Albus d’un ton bienveillant.

Il ne s’inquiète pas tant que cela d’apprendre que les pouvoirs de son interlocuteur ne lui sont pas revenu dans leur intégralité. Il en va de même pour lui, en vérité, mais il sait aussi, d’expérience, que ceux-ci vous reviennent petit à petit et toujours plus efficacement, ce n’est par conséquent qu’une question de temps avant qu’ils retrouvent l’un comme l’autre leurs capacités. En attendant, dans un cas comme dans l’autre, l’essentiel reste quoi qu’il en soit qu’ils soient le plus nombreux possibles à se soucier de la menace actuelle… Ce n’est qu’ainsi qu’ils parviendront peut-être, en rassemblant leur courage et leur conviction au-delà de leur talent, à faire face à l’ennemi et, qui plus est, à le vaincre. Oui, toute aide est à l’évidence la bienvenue, et ils en ont plus que largement besoin. La volonté d’aider de Merlin ne fait aucun doute, il est sincèrement soucieux de faire ce qui est le mieux, et ce sont des paroles qu’Albus ne peut bien évidemment pas ignorer.

Merlin énumère donc le nom des sorciers venant de son monde, et qu’il a rencontré. Regulus, à l’évidence, puisqu’il est ici grâce à lui, Ronald Weasley, dont Albus a beaucoup entendu parler sans avoir encore eu l’occasion de le rencontrer en personne, et qui dispose certainement de clés de compréhension parmi les plus précises de la situation dans son entier. Il ne connaît pas Ted Tonks mais devine sa filiation avec Nymphadora. Et il y a cette jeune femme. Pas besoin de faire preuve de son don de legilimens pour rapidement comprendre que cette femme en question a un rôle tout particulier dans le cœur et dans l’esprit de son interlocuteur : et pour cause, quelque chose change immédiatement dans son comportement au moment de l’évoquer, et ça sans l’ombre d’un doute. Et Queenie Goldstein, Albus sait de qui il s’agit, peut-être mieux encore que Merlin ne le sait lui-même.

« Toute information que vous serez susceptible de glaner de votre côté nous sera précieuse. En ce qui concerne la charmante Miss Goldstein, que vous avez donc eu l’occasion de rencontrer, je ne peux que vous encourager à une certaine prudence vis-à-vis d’elle. Elle possède un statut privilégié auprès de Grindelwald, l’un des mages noirs dont je vous parlais précédemment. Ne la défendez pas », fait-il avant même que Merlin ne s’emploie à le faire. « Je sais qu’elle est une femme charmante, mais elle est également très fragile. Pour l’heure, elle considère certainement que sa décision était la seule envisageable », lui explique-t-il sans détour.

Parce qu’il est important qu’il en soit informé, peu importe la nature de sa relation avec cette femme, mais aussi, bien sûr, pour qu’il ne se permette pas de lui dévoiler des informations primordiales concernant l’ordre du Phénix sans penser à mal – quoique, Queenie Goldstein étant une brillante legilimens, ce sera sans doute une tâche impossible.

Merlin lui parle ensuite d’une ennemie potentielle qu’il faudra redouté. Elle s’appelle Morgane, comme celle de la légende, très certainement, et Merlin redoute qu’elle cherche à se venger de lui et du sort qu’il lui a fait connaître.

« Mordred, Morgause et Morgane, il faut admettre qu’il y a une certaine cohérence », remarque Albus avec malice. « Savez-vous si l’un d’eux se trouve ici ? »

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« Oh, je n’ai jamais dit qu’elle était une mauvaise personne », répond aimablement Albus à son interlocuteur quand ce dernier prend bel et bien la défense de la jeune femme comme elle s’y était attendue. « Nombre de bonnes personnes font les mauvais choix au nom de cause qu’ils estiment justes. » Et s’il avait une opinion autre de lui-même, il pourrait certainement se placer lui-même dans cette catégorie. Ce n’est cependant pas le cas. Et pour cause, Albus ne se considère pas comme une bonne personne, en dépit de ce qu’auront répété sur lui tous ceux qui ne cessent d’affirmer qu’il est ou qu’il fut un grand homme. Il ne se laisse pas vraiment distraire par les comparaisons de son interlocuteur, bien conscient que ce dernier ne saurait comprendre ses réserves, du moins pour le moment. « La comparaison n’est guère flatteuse, mais je vais la prendre pour telle. Peut-être devriez vous m’interroger sur son histoire plutôt que de vous contenter de son seul témoignage ? » Il marque une pause. « A aucun moment je n’ai parlé d’abandonner Queenie Goldstein à son sort, et vous avez raison, elle est perdue… Mais vous ne pourrez pas la forcer à quitter le sillage de Grindelwald. Ce serait dangereux pour elle. Et ce serait dangereux pour vous. Il va vous falloir faire preuve de plus de prudence et de moins d’impétuosité, quitte à passer pour un vieux grincheux », ajoue-t-il avec un fin sourire.

Albus n’est pas dupe. Il comprend immédiatement les raisons pour lesquelles Queenie Goldstein rend son interlocuteur à ce point virulent, et ça ne lui échappe pas le moins du monde. Il laisse néanmoins couler, posant seulement sur son interlocuteur un regard approbateur quand il lui dit n’abandonner personne. Merlin est de ces hommes qui agissent au nom de ce qu’ils estiment juste, sans se poser davantage de questions. Et des personnalités telles que la sienne sont des personnalités qu’Albus a toujours infiniment admiré. Il ne tente pas de le dissuader, de lui donner tort ou raison, Albus sait que Merlin fera ce qu’il faudra pour aider la jeune Goldstein, comme il sait que d’autres y mettront également tout autant de ferveur, et il ne peut que se ranger à leur opinion. Merlin parle avec son cœur et cela ne fait que prouver à Albus qu’en effet, il fallait qu’ils se rencontrent.

Il s’intéresse ensuite aux propres ennemis de Merlin. Ce dernier lui apprend notamment que Morgane se trouve en ces lieux, qu’il l’a croisée mais qu’elle souffre d’amnésie.

« Peut-être également que cette situation vous offre une occasion propice de l’aider à devenir une meilleure personne ? » suggère-t-il au sujet de Morgane quand il lui parle de leur rencontre. « Je pense sincèrement que vous devriez lui parler. L’histoire n’est pas vouée à se répéter. » Mais bien souvent elle se répète malgré tout. Tristement, cruellement. Mais pas inévitablement pour autant, et il est bel et bien possible d’en réchapper, d’une manière ou d’une autre.

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« Je sais que vous tenez à l’aider. C’est… à vrai dire plutôt flagrant. » De même que les sentiments qu’il nourrit manifestement à son adresse, et qui peuvent se lire en filigrane dans chaque parole qu’il prononce. « Je veux seulement vous encourager à l’aider de la meilleure manière possible », reprend-il tout en sachant que son interlocuteur, impétueux, ne voudra pas l’entendre.

Bien sûr qu’il estime que Queenie Goldstein n’est pas à sa place auprès de Grindelwald, bien sûr qu’il lui souhaite de retrouver les siens, mais il faut savoir faire montre de prudence à l’égard de ce que l’on désire, sans quoi, les retombées peuvent se révéler particulièrement brutales. Que Merlin soit probablement un sorcier suffisamment puissant pour faire face à Gellert, Albus est tenté de le croire, et il estime même que c’est une excellente chose (même si en fin de compte, il veut être le seul à affronter Gellert, tout en redoutant terriblement que ce moment advienne.

« Je ne peux pas vous empêcher d’agir selon votre cœur, ce serait même très mal avisé de ma part, je vous exhorte seulement à la prudence. Les enjeux sont d’importance, ils ne concernent pas seulement mademoiselle Goldstein. » Il marque une pause. En effet, il est sans doute temps que Merlin ait connaissance de l’histoire de cette jeune femme qui semble le mettre dans tous ses états. Il fait fi de son insolence et du ton adopté et décide de lui donner le plus d’informations possibles. Il agira alors en son âme en conscience. « Queenie vous a peut-être informé du fait que les règles concernant le secret magiques étaient particulièrement strictes, où elle vit. Quand elle est tombé amoureuse d’un Moldu – un homme ne possédant pas de pouvoirs magiques –, elle a fait fi de tous les risques pour être avec lui, mais le secret et qu’il devait lui imposer de silences et de restrictions, l’idée de ne pouvoir se marier ou fonder une famille, l’ont immensément affectée. Gellert Grindelwald lui a précisément adressé toutes les promesses qu’elle brûlait d’entendre, à commencer par celle de pouvoir enfin vivre son histoire d’amour au grand jour. Elle a fait le sacrifice de tout ce qu’elle possédait sciemment pour suivre un homme qui a dès lors décidé d’exploiter ses talents de legilimens – je suppose que vous n’êtes pas sans savoir qu’elle lit dans les pensées ? » Il marque une pause. « C’est le cœur qui a toujours guidé la moindre des décisions de votre amie. C’est certainement lui également qui lui permettra de se sauver le moment venu. »

Ils en reviennent ensuite à Morgana, qu’il estime perdue après n’avoir que trop essayé de la sauver. Il le comprend sans mal en effet. Albus peut comprendre ce qu’il éprouve, ce que l’on ressent lorsqu’on ne parvient pas à sauver quelqu’un dont les crimes finissent par peser sur notre propre conscience. Il sait ce que l’on ressent quand on a le sentiment d’avoir créé, au moins partiellement, un monstre.

« Je ne suis pas certain de ce que vous avancez concernant Morgana, néanmoins je comprends votre point de vue. » Il marque une pause. « Je me renseignerai par moi-même à son sujet. Je ne tiens pas à vous mettre dans une position indélicate. »

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Albus a bien conscience, tandis qu’il regarde Merlin s’agiter et s’évertuer à vouloir sauver la jeune Queenie Goldstein à tout prix, qu’il sera bien incapable de trouver les arguments adéquats pour le dissuader de faire ce qui importe tant pour lui. Il est bien placé pour le savoir : quand l’amour entre en ligne de réflexion, tout espoir de raisonnement devient aussitôt vain. Est-ce pour autant que cette motivation, cette impulsion, doit être moquée ou négligée ? Certainement pas. Agir selon son cœur, c’est prendre le risque de commettre des erreurs, mais c’est aussi être à l’écoute de ce qui est le plus important. L’amour est certainement la forme de magie la plus pure et la plus puissante qui existe en ce bas monde, s’il est bien quelqu’un, dans les circonstances actuelles, qui puisse être capable de libérer la jeune femme de l’emprise de Gellert Grindelwald, c’est définitivement ce jeune homme prêt à tout pour la protéger et la soustraire à son sort.

Albus ne le retiendra pas. Il n’est pas dans son intérêt de le retenir. Il préférerait, bien sûr, qu’il ne commette pas de ces imprudences qui pourraient leur coûter cher à tous. Mais il sait qu’il en commettra peut-être encore davantage s’il doit se sentir brimé dans ses choix et dans ses intentions. Alors oui, il est évident qu’il est sans doute le plus à même d’aider Queenie, et il n’est certainement pas dans les intérêts d’Albus de la voir rester auprès de Gellert. Les enjeux sont nombreux et important, mais sur ce point…

« Si telle est votre conviction, je suis convaincu que l’avenir finira par vous donner raison », se contente de répondre tranquillement Albus quand Merlin poursuit sur le même ton véhément en affirmant que même si Queenie se pense prise au piège, il lui prouvera le contraire et lui ferait changer d’avis.

Il hoche la tête quand Merlin suggère qu’il se renseigne au sujet de cette Morgana et fasse preuve de prudence. Il ne pense pas que qui que ce soit puisse encore être à même de le manipuler, et il en a vu assez de la perfidie humaine pour savoir la reconnaître, mais il prend tout de même les conseils de Merlin en compte et n’envisage pas de les négliger. Il pense en effet important d’approcher cette femme, afin de s’en faire une idée, mais en l’occurrence, il ne pense pas avoir besoin des conseils de son interlocuteur sur ce point. Il y a quelque chose dans son impulsivité qui amuse Albus et lui plaît assez, mais son énergie devra tout de même être canalisée, tôt ou tard, pour ne pas poser de soucis.

« Je prends bonne note de vos conseils », répond poliment Albus. « Aussi vous demanderais-je de ne pas négliger les miens : le sort de Queenie Goldstein n’est pas le seul en jeu. »

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Albus est à même de comprendre les pensées qui traversent l’esprit de son impétueux interlocuteur (en partie parce qu’il est allé piocher directement dans son esprit les informations qui l’intéressaient le plus), et pour cette raison, il ne saurait lui tenir complètement rigueur de son comportement. Non, il est véritablement à même de le comprendre. Merlin est un homme amoureux, et un homme, par la même occasion, indigné, les deux ne font pas forcément bon ménage.

Aussi, Albus ne se sent pas tant offensé que cela, il pourrait même affirmer, et sans mentir, qu’il en a entendu d’autres ; et des bien pires, mais il préfère simplement adresser un sourire là pour signaler à son interlocuteur qu’il n’a guère l’intention de lui reprocher quoi que ce soit, bien au contraire. Et qu’il comprend parfaitement la situation dans laquelle ce dernier se trouve, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il a l’intention de cautionner son attitude ou de lui donner raison en toute occasion. C’est loin d’être le cas, même… Il tient à faire valoir son point de vue tout comme Merlin ne manque pas d’exprimer le sien, et il serait absurde de blâmer l’un ou l’autre pour ces raisons.

« Je n’ai jamais prétendu que vous ne serez pas en mesure d’aider autrui, ou de changer les choses, mais détruire un monument brique par brique peut se révéler plus efficace que d’y lancer des pierres en espérant que l’une d’entre elles ébranle l’édifice », remarque-t-il posément. « Parlez à mademoiselle Goldstein si vous le désirez, je n’ai ni le pouvoir, ni d’intérêt à vous en empêcher, efforcez-vous seulement de garder notre conversation à l’esprit. »

Albus n’a rien, absolument rien contre Queenie Goldstein, s’il s’exprime comme il le fait à son sujet, ce n’est pas parce qu’il ne souhaite pas voir cette jeune femme pour qui il aurait plutôt, à vrai dire, une certaine affection indirecte au regard de toutes les personnes qui l’apprécient et qui la portent aux nues, mais parce qu’il pense qu’il est important que le jeune sorcier ne perde pas de vue leurs priorités. Cela pourrait lui être fatal, autant à lui qu’à celle qu’il cherche si désespérément à aider, et c’est une chose que le jeune Merlin ne pourrait ni ne saurait ignorer, en aucun cas.

« Lord Voldemort ne pourra pas être appréhendé tant que les morceaux d’âme qu’il s’est appliqué à disperser autour de lui n’auront pas été détruits. Nous mettons progressivement la main sur la plupart d’entre eux, et je suis en bonne voie de trouver également un moyen efficace de les détruire. » Aux questions directes de Merlin, Albus répond directement, conscient de ce qu’il devine être l’inaction que lui présume son interlocuteur. « Quant à Gellert Grindelwald… Je l’ai vaincu par le passé, je m’y emploierai à nouveau », fait-il d’un ton plus distant.

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« Ancienne, périlleuse… », confirme Albus quand Merlin l’interroge sur la nature de la magie utilisée par Lord Voldemort pour accéder à ce qui ne fait que ressembler à l’immortalité, mais ne l’est pas véritablement, en réalité. « De la magie très sombre, surtout. » Une magie qui vous pervertit, qui ne vous autorise que peu d’espoir d’en sortir, de quelque manière que cde soit. Une magie qui suggère que quiconque l’utilisera a déjà perdu une grande part de son humanité. « Quiconque décide de séparer son âme doit faire un sacrifice de soi-même mais aussi d’autrui. » Pour chaque horcruxe crée, il faut un crime, un meurtre, c’est ainsi que cela fonctionne. Oui, Merlin le résume à la perfection. Créer un horcruxe, c’est jouer avec la mort et peut-être s’y perdre en même temps. « Votre aide nous sera plus que précieuse pour retrouver les objets que nous n’avois pas encore su localiser, mais je pense surtout que vous pourriez peut-être nous aider à les détruire. Détruire un horcruxe est terriblement difficile, mais une magie différente saura peut-être réussir où la nôtre se retrouve impuissante », suggère-t-il dans un hochement de tête approbateur.

Quand vient le moment d’évoquer le cas de Gellert Grindelwald, Albus se retrouve bien sûr placé face à ses propres contradictions. Il n’en prend pas ombrage pour autant. Sans doute parce qu’il est habitué de longue date à faire face à l’incompréhension la plus totale quand venait le moment d’évoquer celui qui devrait être son plus ancien ennemi. Bien sûr, après toutes les paroles qu’il a pu adresser à Merlin au sujet de Queenie, il se doit de se montrer ne serait-ce qu’un peu transparent, mais il ne saurait l’être seul.

« Oh je n’ai pas parlé d’agir seul », répond Albus d’un ton évasif. Car oui, dans la lutte contre Grindelwald, il sera important qu’il soit entouré. Mais au moment de l’ultime face-à-face, il ne pourra s’agir que d’eux, pour des raisons aussi symboliques qu’évidentes. « Mais avant même que d’envisager d’agir, il faut malheureusement que la chose soit physiquement possible, et pour cela…. Oui, en effet, c’est une affaire personnelle. Et même si votre avis sera probablement des plus éclairés, ce n’est pas une chose que je me permettrais de partager avec vous. » Il ne l’a fait avec aucun de ses proches. Personne n’est au courant de l’histoire. Ceux qui pensent la connaître n’en savent qu’un fragment. Albus commet sans doute un grand tort en agissant de la sorte, mais il ne changera pas d’avis. « Cependant, je ne saurais vous interdire de vous employer à le vaincre. Il s’avère seulement qu’à leur actuelle, je ne peux le faire moi-même. »

Et surtout, il ne le veut pas.

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« Les ouvrages dont nous disposons en la matière, ceux sur lesquels j’ai pu mettre la main en tout cas, demeurent relativement incomplets, mais ils pourront constituer une approche appréciable pour un novice dans la forme de magie qu’est la nôtre. Ce genre d’ouvrages sont cependant toujours à manier avec la plus grande précaution – mais je ne vous apprends rien à ce sujet, n’est-ce pas ? » fait Albus en adressant à son interlocuteur un regard de connivence. Oui, il est totalement convaincu que Merlin, même s’il n’a jamais été familiarisé avec cette forme de magie en particulier, en a malgré tout parfaitement conscience. « Je vous ferais parvenir ces grimoires afin que vous puissiez le constater de vous-même », ajoute-t-il alors.

Faut-il espérer que la magie de Merlin soit en mesure de détruire les horcruxes qui leur donnent tant de fil à retordre ? Cela n’a rien de certain, mais ce n’en est pas moins une possibilité, et une possibilité qu’il est préférable de ne pas occulter. La magie des dragons qu’évoque Merlin, notamment, ne manque pas d’être intrigante aux yeux du professeur, qui serait plutôt curieux, il est vrai, d’en apprendre davantage à ce sujet. Allez savoir s’il obtiendra d’office la réponse à ses questions, il verra bien, mais leur association ne sera probablement pas vaine, d’autant plus que la motivation de son jeune interlocuteur est de l’ordre de la certitude la plus pure.

« Je serais très curieux de voir cette magie des dragons à l’œuvre », reconnaît Albus d’un ton des plus sincères, car c’est, en effet, bel et bien le cas.

Pour ce qui est de Grindelwald, l’affaire est épineuse, l’avantage, c’est que Merlin est en mesure de le comprendre, puisque ce sont aussi des motifs très personnels qui l’ont poussé à vouloir s’engager dans le combat qu’il endosse à présent comme le sien. Oui, en effet, il est en droit de lui retourner le compliment, et Albus n’envisage pas de le lui reprocher. C’est de bonne guerre, même si cela ne change rien.

« Si vous imaginez que j’espère sauver Gellert Grindelwald, vous vous trompez. Je sais qu’il est trop tard pour cela », affirme-t-il simplement, d’un ton très posé, quand son interlocuteur lui rappelle que certains sacrifices sont nécessaires. Il le sait, et tout comme une autre version de lui a su rassembler la force et le courage nécessaires afin de mettre fin au règne de terreur de son ancien amant, Albus sait qu’il recommencera. « La question est indélicate mais je ne saurais vous reprocher votre indiscrétion. » Il marque une pause. Songeur… s’il ne veut pas s’engager sur ce terrain avec Merlin, c’est qu’une part de lui redoute qu’il possède la réponse à ses questions, malgré tout, il l’interroge. « Les pactes de sang magiques étaient-ils d’usage dans votre monde ? »

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Albus peut tout à fait comprendre le point de vue de Merlin sur les notions de bonnes et de mauvaises magies. Mais il n’y souscrit pas pour autant. Il n’y a pas de bonne manière d’utiliser la magie noire, elle est par essence profondément dangereuse, et pervertit tout naturellement chaque personne qui en ferait l’usage. La magie noire exige par ailleurs toujours une certaine forme de sacrifice de soi… de son âme, le plus souvent, qu’on la rogne concrètement ou non… Mais ce n’est pas un débat qu’il estime nécessaire d’avoir pour le moment. Il préfère se focaliser sur les actions très concrètes qu’ils pourront et sauront mener ensemble si leur collaboration venait bel et bien à porter ses fruits.

C’est d’une oreille très intéressée qu’Albus écoute Merlin lui parler du don télépathique qu’il entretient avec les dragons, et qui lui permet de se faire obéir par eux. Nul doute à ses yeux que de telles capacités auraient de quoi fasciner certains, à commencer par Scamander, qui ne tarirait probablement pas de questions au sujet de ce fameux don télépathique si l’occasion était donnée au dragonnier et au jeune magizoologiste de se rencontrer. Un jour, qui sait, Albus aura bel et bien l’occasion de voir cette magie des dragons à l’œuvre, et c’est une perspective dont, très honnêtement, il ne manque pas de se réjouir. Il devine que ce doit être un spectacle des plus curieux en même temps que des plus fascinants, une forme de magie qui se distingue de celle q’il connaît et qui, par la même occasion, la transcende.

L’expression du visage du professeur se fait plus sombre au moment d’évoquer Gellert…. Ce n’est jamais simple, que ce soit en présent d’un presque-inconnu ou de n’importe qui, en réalité. Il ne ment pas quand il affirme savoir pertinemment que son plus vieil ami, son éternel amour, appartenait à la catégorie de ceux qui ne pourraient être sauvés. Ils en ont convenu l’un et l’autre d’une sinistre mais aussi définitive manière : ils sont destinés à s’affronter, c’est ainsi. Oui, pour Albus, ce constat est un aveu d’échec, tout comme Gellert doit estimer avoir échoué en ne sachant pas le rallier à nouveau à sa cause en dépit de tous ses efforts. Ils se sont trop éloignés, ils sont l’un et l’autre parfaitement inconciliables. Oui, c’est une déception, oui, c’est un poids sur son cœur, dont il ne sera jamais capable de se délester. Et c’est une bonne chose… Albus l’accueille comme tel. En souvenir d’Ariana, il ne pourrait jamais trouver le réconfort d’une paix intérieure.

« Je pense que vous avez cependant parfaitement deviné en quoi cette forme de magie consiste », répond tranquillement Albus au sujet du pacte de sang. « Comme vous devez vous en douter, ce pacte est plus difficile à briser encore que les horcruxes dont je vous ai parlé plus tôt. Il a été conçu, dans son essence même, pour ne pouvoir jamais être brisé. »

When the two greatest sorcerers meet  

feat. Merlin

Quand son interlocuteur affirme être en mesure de le comprendre, Albus sait pertinemment que ce ne sont pas des paroles prononcées en l’air, de même qu’il devine sans mal qu’il est bel et bien déterminé à ne pas réitérer certaines de ses erreurs en venant en aide à Queenie. Sur ce point, il n’a aucun doute, et il est au fond ravi de savoir que la jeune femme retrouvera probablement sa voix, car elle sera entourée comme il est nécessaire qu’elle le soit afin de dépasser les tourments qui l’empêchent à l’heure actuelle de croire en la possibilité d’autre chose.

Il hoche doucement la tête quand Merlin résume la chose telle qu’elle est. Il a effectivement passé un pacte avec Grindelwald. Un pacte de sang. Et il n’est pas en mesure de se battre contre lui… de même que Gellert ne peut pas non plus s’en prendre à lui.

« La seule intention de l’attaquer directement pourrait m’être fatale », précise-t-il pour bien faire comprendre à son interlocuteur la nature de ce sort et combien puissant il peut être, même si à ce stade, il ne pense pas que son interlocuteur ait le moindre doute à ce sujet. « De même qu’elle pourrait être fatale pour lui », précise-t-il, car il estime nécessaire de voir dans ce manifeste inconvénient une certaine forme d’avantage.

« Ne pensez pas que je vous ai attendu pour espérer me trouver des alliés. C’est précisément ce que je n’ai de cesse de faire depuis mon arrivée ici. Et je n’irai pas prétendre non plus que je n’espérais pas voir cette rencontre aboutir à votre soutien vis-à-vis de notre cause. »

Peut-être donne-t-il à Merlin l’impression d’être un homme désoeuvré et sans volonté, mais il ne l’est pas. Peut-être que certaines de ses opinions tranchées l’auraient laissé imaginer autre chose, mais il n’en est absolument rien.

« Je ne me fie pas aux légendes, elles sont trop souvent mensongères, mais je me fie en revanche à notre conversation, et je n’ai jamais douté du fait que nous étions dans le même camp, de même que j’ai toujours espéré pouvoir compter sur votre soutien », ajoute-t-il posément. « Rien n’est utopique. L’espoir est un moteur essentiel de toute décision, sans lui nous sommes aveugles. Je veux autant que vous la paix que vous espérer apporter, et j’y crois tout autant que vous. Même si le combat ne sera pas facile et exigera de notre par à tous de nombreux efforts… » Il marque une légère pause. « Et de nombreux sacrifices. »