L'amphithéâtre était bien rempli. Ariana avait décidé d'une place de choix et s'était par conséquent exilée au fond de la salle. Par ailleurs, elle n'avait pas envisagé un seul instant de prêter attention à la conférence du jour. La Dumbledore fouilla dans sa besace et en sortit un ouvrage ; un des nombreux avantages que son travail lui octroyait, elle pouvait emprunter des livres à n'importe quel moment. Il ne semblait pas bien captivant et il ne concordait même pas avec son cursus scolaire mais cela l'occuperait durant la durée de l'intervention.
Ariana aimait son petit job. La bibliothèque était sans conteste l'endroit le plus paisible du quartier et la jeune fille avait constaté que ranger les livres ou compléter des tâches administratives lui occupaient l'esprit. Celui-ci était trop souvent préoccupé par des choses plus obscures. En quatre ans, Ariana avait certes muri et fait son chemin mais elle n'avait cependant pas oublié son passé tumultueux. Elle refusait de se laisser aller à la mélancolie. En outre, elle était impatiente de pouvoir refermer ce chapitre de son existence.
Les étudiants s'installaient tous dans un brouhaha désagréable et Ariana fut enchantée lorsque le calme revint. Elle feuilleta les pages de son livre, absorbée par les mots. Elle dut toutefois se résoudre à arrêter sa lecture lorsque le conférencier fit acte de présence.
Albus
Le cœur d'Ariana battait à tout rompre et elle se tapit machinalement derrière son livre. Son frère avait pris de l'âge mais elle l'aurait malgré tout reconnu. Qui plus est, son hypothèse s'avéra lorsqu'il se présenta. L'excitation et la rancœur se confondaient dans son esprit. Elle ignorait s'il s'agissait d'un cauchemar, d'un rêve éveillé ou d'un nouveau mirage. Lui qui lui avait montré si peu d'intérêt autrefois et qui était peut-être même responsable de son trépas soudain.
Ariana profita du mouvement de foule à la fin de l'assemblée pour se dérober ; une chance pour elle que la salle fut bondée. Arrivée néanmoins à mi-chemin alors que la sortie salvatrice n'était qu'à quelques mètres, ses affaires se déversèrent sur le sol en un vacarme soudain. Dans la précipitation, elle ne s'était pas assurée que son sac était correctement fermé. Elle se hâta de tout ranger, craignant d'attirer l'attention, ses pupilles fixant le sol et une panique vive la saisissant. Tous les souvenirs revinrent en un éclair, de son agression jusqu'à sa mort subite.
Elle n'était pas prête à affronter Albus ; elle n'était pas prête à croiser de nouveau le regard de son frère.
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Albus Dumbledore
▿ Ton univers : Fantastic Beasts
▿ Date de naissance : 30/08/1975
▿ Age : 49
▿ Métier : Professeur d'histoire à l'université
▿ Quartier : Hogwarts Place
▿ Côté cœur : The trouble is, humans do have a knack of choosing precisely those things which are worst for them...
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Baguette magique
▿ Pacte de Sang
▿ Legilimancie
▿ Transplanage
▿ Fumseck
▿ Magie non verbale
▿ Occlumancie
▿ Pensine
Dans la foule compacte des élèves amassées dans l’amphithéâtre, occupés à regarder le plafond, feindre de s’intéresser réellement à son cours oui bel et bien intéressés par son discours, il aurait pu ne pas la distinguer. Dans un premier temps, d’ailleurs, il n’avait pas prêté attention à cette silhouette frêle et familière, aux cheveux blonds comme les blés. Il ne l’attendait pas. Il ne la cherchait pas. Quand il était admis que, dans ce monde, certains morts pouvaient revenir à la vie, il se refusait de croire qu’il puisse en être de même pour Ariana. La perspective, trop douloureuse pour ce qu’elle suggérait de désillusion, était à éviter.
Ariana vivait dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans les remords constants qu’il éprouvait vis-à-vis d’elle. Chacun de ses choix, chacune de ses décisions, tout ce qu’il avait pu faire, l’avait été en son nom. Des années de rédemption ne suffiront jamais à racheter sa plus grande erreur, qui lui colle à la peau comme lui collent au cœur ses sentiments pour Gellert, il le sait pertinemment, mais porter et honorer le souvenir d’Ariana, sans être ce qu’il a su faire de mieux, a été du moins ce qu’il pense avoir fait de plus juste.
… Jusqu’à aujourd’hui. Albus n’a aucun doute au moment de croiser brièvement son regard, parmi la foule des étudiants plus ou moins attentifs qui lui font face : il reconnaîtrait son visage, doux et effacé, entre mille. Poursuivre son cours après la réalisation de cet état de fait a été pour lui une véritable épreuve. Ses mots coulaient de ses lèvres, sans doute suffisamment cohérents pour faire illusion, mais son esprit, lui, était tout orienté vers Ariana. Et s’il se gardait de lui adresser des regards à la dérobée dans l’espoir de ne pas la faire fuir plus qu’elle ne pourrait déjà en avoir l’envie, il doit se faire violence pour ce faire. Cachée du mieux qu’elle le peut derrière l’ouvrage qu’elle tient en main, elle n’échappe pas à son attention et quand, à la fin du cours, la masse des élèves se disperse afin de quitter les lieux.
Voir Ariana s’efforcer de le fuir serre le cœur d’Albus, quand bien même il en comprend entièrement la raison. Peut-être devrait-il laisser le temps au temps, et espérer qu’elle finisse par revenir d’elle-même, quand elle se sentira prête, mais comment être certain qu’elle reviendra bel et bien ? Cette occasion est peut-être la seule qui lui sera donnée de lui faire face, alors…
« Ariana… »
C’est avec douceur qu’il se rapproche d’elle, alors qu’il la voit bataillée avec son sac mal fermé, lui offrant une occasion de lui arracher quelques mots.
« J’aimerais te parler… si tu m’y autorises. »
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Ariana s'arrangea en époussetant les poussières invisibles sur ses vêtements et passa la lanière de sa besace autour de son épaule. Son regard était morne et ses yeux ne faisaient que divaguer de droite à gauche, dévisageant les bancs de l'amphithéâtre ou examinant ses pieds. Elle essaya malgré tout d'évaluer l'âge de son frère ainé et mille questions traversèrent son esprit, entre autres. Était-il toujours le même homme distant et assidu ? Paradoxalement, c'est cette dernière qualité qu'Ariana avait toujours détesté chez son frère. Car il avait toujours accordé plus de temps et de sérieux à ses livres qu'à la benjamine de la famille. Et lorsqu'enfin il aurait pu se montrer plus disposé à s'occuper d'elle, Gellert avait surgi dans sa vie. Ariana réalisa alors tristement qu'elle n'avait jamais vraiment connu son frère.
« Je ne vois pas ce qu'il y a à dire... » ajouta-t-elle à mi-voix.
Même si Ariana était d'humeur inamicale, elle s'en voulait d'avoir été aussi rude. En réalité, il y avait moultes choses à dire. Si Ariana s'écoutait, elle serait déjà en train de beugler sur l'ainé des Dumbledore : de lui dire qu'elle n'aurait jamais dû disparaitre à un si jeune âge, qu'il n'avait jamais su remplir son devoir de chef de famille et qu'il avait toujours été d'une indifférence offensante à son égard. Pourtant, elle ne pouvait pas faire taire cette petite voix ; le visage familier de son frère lui avait manqué. Ariana n'aurait jamais été jusqu'à dire que la fatalité les avait réuni mais est-ce qu'elle était réellement prête à laisser filer cette occasion ?
« Oui, je t'y autorises. »
Elle croisa les yeux bleus d'Albus, signature de la famille Dumbledore. C'était déroutant de voir son frère beaucoup plus âgé. Ariana semblait avoir été figée dans le temps, comme un fantôme.
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Il n’est pas une surprise pour Albus de considérer la sévérité avec laquelle Ariana le traite. Elle est légitime et il le sait. Si après toutes ces années, il n’est toujours pas capable de se pardonner le sort qu’elle a subi par sa faute, pourquoi sa sœur, pour sa part, se montrerait-elle plus clémente ? Il est naturel bien que douloureux qu’elle le considère avec au mieux de la défiance et de la rancœur, au pire un désamour certain… Il ne peut pas espérer revenir dans sa vie et espérer qu’elle lui pardonne sous le prétexte qu’il lui dise et répète qu’il était désolé, quand bien même c’est le cas… Mais il veut lui dire néanmoins ce qu’il a sur le cœur… Car jamais, ô grand jamais, il ne s’était imaginé que l’occasion lui en serait donné.
Il lui était arrivé, parfois, de contempler dans un silence d’outre-tombe le tableau qu’Aberforth avait pris le soin d’installer à la tête de Sanglier, choix qu’Albus avait souvent déploré mais qu’il était malgré tout capable de comprendre quand lui-même cherchait à découvrir dans la lueur douce de ce regard peinturé l’ombre d’une rédemption qu’il méritait bien moins que son frère. Elle est ici, maintenant, et son regard n’est pas doux, égaré ou innocent… Il laisse affleurer à la surface une multitude d’émotions dont il aurait voulu pouvoir la protéger… dont il aurait pu la protéger s’il n’avait pas autrefois fait preuve d’un innommable égoïsme, privilégiant ses grands projets avec Gellert plutôt que sa famille… Agacé, même, de ce devoir familial qui selon lui rognait sur ses ambitions et l’empêchait de s’accomplir pleinement.
Albus a beaucoup de choses à dire… Et il le sait, Ariana en a conscience quoi qu’il en soit… Même si tout ce qu’il pourra dire à présent ne sera probablement pas en mesure d’effacer ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils ont été. Quand beaucoup avaient fini par le considérer comme une sorte de héros de guerre – titre dont il ne s’est jamais estimé digne au demeurant –, Ariana, elle, le voit tel qu’il est réellement… et être observé avec ce regard-là, intense et qui ne lui laissera rien passer sous le prétexte de ses propres remords, l’oblige à une humilité à laquelle rares sont ceux qui l’invitent d’ordinaire.
Les derniers élèves ayant quitté l’amphithéâtre, il ne reste plus qu’eux dans la pièce. D’un geste de sa baguette, Albus referme la porte, non pour contraindre Ariana à sa compagnie, mais pour s’assurer qu’ils ne seront pas dérangés. Alors seulement, légèrement adossé au bureau derrière lui, il lui adresse ces excuses qui arrivent naturellement trop tard… Bien trop tard.
« Je sais qu’il est bien trop tard à présent… et je ne serais peut-être jamais en mesure de me racheter pour les erreurs que j’ai commises te concernant, mais je tenais à ce que tu saches combien… » Un voile d’humidité se dépose sur ses yeux. « … combien je suis désolé. » C’est le cas, et il le sera pour le restant de ses jours. C’est sa punition, plus que méritée. « Je n’ai pas su être le frère que j’aurais dû être pour toi, et il m’a fallu te perdre pour comprendre l’ampleur de mon erreur. » Il lève les yeux vers un point invisible, derrière Ariana. « J’étais… rongé par la certitude absurde de valoir davantage, je regardais au-delà de ce qui était juste sous mes yeux. » Il marque une pause. « Je ne pourrais probablement jamais réparer le mal que je t’ai fait, j’en ai conscience… mais j’aimerais… que tu me laisses essayer. »
Il a été un étranger pour sa sœur par le passé… il ne veut surtout pas commettre à nouveau cette erreur.
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La salle se vida Ariana se retrouva seule avec Albus qui ferma la porte d'un simple mouvement de baguette. Ariana n'avait pas revu de baguette magique depuis son enfance. Ce simple bâton en bois la torturait toujours autant toutefois. Elle était à la fois admirative et désireuse de le tenir entre ses mains, et d'un autre côté complètement paralysée au simple fait d'y songer. Parfois, la benjamine des Dumbledore essayait d'imaginer sa vie si cette dernière n'avait pas pris un tournant aussi sinistre. Elle aurait été dans la célèbre école de sorcellerie britannique, suivant les traces de son père et de ses frères. Elle aurait raconté nombre d'anecdotes à sa mère - dépourvue de pouvoir magique - et à son père, qui aurait salué ses prouesses et ses progrès. Mais Ariana était persuadée d'avoir détruit sa propre famille.
L'étudiante aurait dû se réjouir des excuses de son frère. Elle aurait pu tout oublier et le pardonner pour ses erreurs passées. Cependant, c'était un ressentiment désagréable qui l'occupait. Une profonde rancœur qui ne se dissiperait pas avec de belles paroles. Ariana avait néanmoins dû apprendre à maitriser sa colère pour éviter les incidents.
« Je sais bien que j'ai été un réel fardeau à tes yeux. Ne me parle pas comme si tu avais tenu à moi. » ajouta-t-elle avec aigreur.
Non, il avait de loin préféré révolutionner le monde avec Gellert que s'occuper de sa jeune soeur souffrante. S'il avait été là, les choses auraient été différentes. Peut-être même qu'ils auraient réussi à la sauver malgré la faible probabilité qu'elle se débarrasse de ce parasite destructeur. En somme, sa simple présence aurait suffi à ce qu'elle se sente mieux.
« Nous sommes bien d'accord sur un point : tu ne peux rien réparer. » rétorqua-t-elle sèchement.
Se retrouver face à Albus l'émouvait plus qu'elle ne l'aurait pensé. Elle avait eu tant de difficultés à passer à autres choses et à accepter le fait qu'elle était destinée à la solitude. Mais Ariana restait stupéfaite de la sincérité de son frère ainé ; elle ne l'avait jamais vu s'exprimer aussi franchement.
« Mon sort était scellé et inévitable quoiqu'il en soit.» Ariana soupira. Sa disparition lui avait presque évité une mort plus atroce. Peut-être que cela avait été mieux ainsi. La jeune fille avait toujours eu conscience du caractère instable et impétueux de son Obscurus ; son décès avait au moins servi à protéger la vie d'innocents.
Elle ignorait comment un Obscurial mourrait, elle n'avait jamais voulu le savoir. Elle se doutait bien que l'entité devait peu à peu la ronger entièrement jusqu'à ce qu'elle ne soit même plus capable de la commander.
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Albus ne peut pas en vouloir à Ariana de penser que son frère n’a en aucun cas tenu à elle. Est-ce que ça a été le cas, d’ailleurs. Il a probablement davantage tenu à son souvenir, après son triste départ, qu’à sa personne quand elle était encore en vie. C’est triste, c’est injuste, mais c’est la vérité. Il se le reproche chaque jour de sa vie depuis, mais ce qu’il ressent aujourd’hui ne l’exempte pas de ce qu’il a oublié de ressentir autrefois. Oui, la rancœur d’Ariana est des plus tangibles, mais surtout des plus légitimes. Il n’avait pas su être là pour elle quand il l’aurait pu, et à présent qu’elle n’en a probablement plus besoin, il voudrait faire son grand retour dans sa vie… Il sait qu’il n’a pas le droit de le lui imposer… Et en même temps, Albus ne peut s’empêcher d’y penser… parce que l’idée de la perdre pour de bon au moment où il pourrait enfin la retrouver lui est tout à fait insoutenable.
« Je tiens à toi maintenant », répond-t-il plutôt que de se répandre en excuse sur ses mauvais agissements passés ou de s’en justifier. Non, il n’a pas d’excuse, et il n’a pas l’intention de s’en inventer. La réalité est ce qu’elle est, il ne compte pas faire à Ariana l’affront de prétendre avoir été un bon frère qui aurait mal agi… ou un bon frère tout court. Il a été le pire frère qu’Ariana pouvait bien avoir.
Alors il se contente de la vérité, il tient à elle maintenant, et c’est ici et maintenant qu’il veut enfin être le frère qu’il n’a jamais été pour elle… Seulement, de toutes les manières existantes, Ariana lui fait comprendre qu’il est trop tard, lui laisse entendre qu’il ne peut espérer une réconciliation, ou du moins une occasion de se racheter, de s’améliorer. Tu ne peux rien réparer. Ces mots qu’elle lui assène sont difficiles à entendre, mais ils n’en sont pas moins vrais. Oui, il ne peut en effet rien réparer, il ne pourra jamais rien réparer… Avec du temps, peut-être, et une insistance dangereuse car non désirée, qui sait ce qu’il pourrait obtenir… Mais Albus ne se verrait faire aucun pas vers elle – du moins au-delà de celui qu’il vient de faire, si cette dernière ne l’y invitait pas, d’une façon ou d’une autre.
« Est-ce que c’est encore le cas ici ?... » demande-t-il avec prudence, après qu’Ariana ait affirmé que son sort était inévitable dans tous les cas.
Se pourrait-il que la pauvre Ariana doive souffrir de la présence de son Obscurus dans ce monde également ? Albus espère de tout cœur que non… Mais il sait également que ce monde, comme le précédent, oublie bien souvent d’être clément avec ceux qui le mériteraient le plus.
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"Je tiens à toi maintenant". Ariana ne sut dire si son frère était parfaitement sincère ; le fait d'être dans le doute la blessa davantage. Elle et Albus n'avaient jamais été particulièrement proches et, si tel avait été le cas, la jeune Dumbledore n'en avait aucun souvenir. Les souvenirs heureux s'étaient presque envolés, cédant leur place aux moments les plus tragiques de son existence.
Ariana avait voulu faire un trait sur son passée et, à présent, elle ne faisait que le ressasser. Elle feignait l'indifférence devant son frère ainé mais elle était pourtant désireuse de connaitre la vérité ; savoir quelle baguette magique lui avait infligé le sort fatal ou ce que Albus et Gellert avaient préparé dans la confidence pendant quelques années. Ariana haussa les épaules face à la question de son frère. Elle avait remarqué sa vigilance. Ce sujet était certes délicat mais il était difficile de ne pas l'aborder...
« Je ne sais pas... » avoua-t-elle.
Et c'était la vérité. Elle ignorait ce qu'il adviendrait d'elle dans ce monde. En revanche, elle était certaine que cette entité hostile était toujours bien présente. Ce nouvel univers était plein de surprises - bonnes comme mauvaises -, Ariana s'était maintes fois demandé s'il serait capable de la débarrasser de cette créature ténébreuse. Cela l'inquiétait, la benjamine des Dumbledore savait de quoi ce fléau était capable ; sa mère en avait supporté le coût.
« Est-ce que ça te fait peur ? » demanda-t-elle.
Son regard oscilla. Sa propre question lui sembla si naïve après coup. L'obscurial était fait pour être craint. C'était une arme dévastatrice et si quelqu'un prétendait ne pas craindre cet être, il ou elle était parfaitement ignorant sur le danger qu'il représentait.
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Dernière édition par Ariana Dumbledore le Dim 18 Juin - 10:30, édité 1 fois
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De la part d’Ariana, Albus aurait préféré une réponse plus certaine. Ariana, à l’évidence, redoute le retour de l’obscurus, et probablement à juste titre. Peut-être qu’ici, dans ce nouveau monde, sa magie prendra une forme plus apaisée… Mais il serait, évidemment présomptueux et dangereux de partir de ce principe et de ne pas admettre qu’il puisse en être autrement. Un « peut-être », ce n’est pas vraiment la réponse qu’Albus espérait entendre, mais ce « peut-être » signifie aussi que, pour le moment, sa sœur est sauve, et qui sait, cette fois, il parviendra peut-être à faire ce à quoi il n’était pas parvenu par le passé : il réussira à la protéger, à l’aider…
Bien sûr, cela serait plus simple si elle acceptait cette main tendue, mais il entend bien, quoi qu’il advienne, réparer ses si nombreuses erreurs. D’autant que si sa magie devait à nouveau se manifester de la même manière que par le passé, l’effet que cette dernière aurait sur elle ne serait pas sa seule préoccupation – il s’inquiéterait tout autant de ce que d’autres pourraient vouloir faire de cette même magie. Gellert avait traqué Credence à travers le globe dans l’espoir de faire de l’obscurial son soldat destructeur… Pourquoi ne pas s’attendre à ce qu’une idée équivalente ne lui vienne pas en ce qui concerne Ariana ?
La réponse d’Ariana avait été honnête… Albus comprend devoir se montrer honnête envers elle en retour. Bien sûr qu’il se doit de l’être. Il ne peut certainement pas se permettre de taire ses craintes, surtout, il ne veut plus prétendre en sa présence. Il ne laissera pas l’ignorance, l’amertume, le mépris et encore moins le mensonge ou l’indifférence scléroser une relation déjà plus qu’érodée par les circonstances – et par le nombre conséquent d’erreurs qu’Albus avait commises par le passé.
« Oui. J’ai peur pour toi », confirme Albus avec une sincérité totale.
Non, il n’avait pas peur d’elle. Il n’avait jamais redouté son instabilité magique et sa puissance, en dépit des conséquences que celles-ci avaient eu sur sa famille. Il l’aurait probablement dû, d’ailleurs, mais ce n’était pas le cas autrefois, ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui, au demeurant. Non, Albus ne redoute pas ce qu’Ariana serait capable de faire, il redoute en revanche les effets dévastateurs qu’un retour à cet état pourrait engendrer sur elle. Oui, elle pourra probablement remettre en question sa sincérité à ce sujet, suggérer également qu’il est probablement bien trop tard pour s’inquiéter pour elle. Le moment venu, il voudra tout naturellement lui venir en aide, mais à la vérité, il ne pourra probablement rien pour elle, quoi qu’il puisse bien décider.
« Si cela devait arriver… je voudrais que tu viennes m’en parler. Tu n’as pas à affronter cela seule. »
Ce qu’elle avait fait par le passé, pourtant… ou presque. Aberforth avait été là pour elle. Albus…non.
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Ariana releva la tête brusquement comme si les mots de son frère l'avaient frappé de plein fouet. Elle ne l'avait jamais vu aussi... sentimental. Son inquiétude l'avait touché, elle en avait presque oublié - l'espace de quelques instants - son attitude passée. Sa mort semblait avoir impacté l'ainé des Dumbledore plus que la jeune fille ne l'aurait imaginé. Elle le regarda éberluée ; d'où lui venait cette sagesse ? Ariana se rappelait d'un garçon téméraire, prêt à changer le monde mais aujourd'hui, elle voyait un tout nouvel homme. En outre, elle appréciait ce changement.
Ariana ne voulait pas que son entité décide de se libérer mais elle n'avait malheureusement que très peu de contrôle sur son obscurus. Elle avait été pleine de vie autrefois, audacieuse et loquace mais à présent, elle craignait qu'un surplus d'émotion engendre des dégâts qu'elle devrait assumer. Elle avait déjà causé trop de méfaits. Elle appréciait le soutien d'Albus néanmoins. Ariana devait admettre que voir un visage familier lui apportait un peu de réconfort.
« Très bien. » elle acquiesça.
Parfois, Ariana se demandait s'il existait un remède à son mal et si elle réussirait un jour à retrouver une vie normale. Est-ce que Albus saurait l'y aider ? Jusqu'ici, elle n'avait pas causé de gros incidents et elle espérait que cela reste ainsi.
La jeune étudiante regarda l'amphithéâtre puis ses doigts tapotèrent une des tables en bois. Elle n'aurait jamais repenser revoir son frère un jour et encore moins de le revoir plus âgé.
« J'ai l'impression que je ne te connais plus. Est-ce que... tu pourrais me raconter ce que tu es devenu ? » demanda-t-elle. Elle était hésitante. Ariana reconnaissait son frère mais avait le sentiment de parler à un inconnu en même temps.
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Petit à petit, il a le sentiment de voir Ariana s’adoucir. Sa défiance est encore palpable, certes, en même temps qu’elle est des plus légitimes. Mais elle semble du moins… disposée à l’entendre, ou à accepter l’idée que l’homme qu’il est aujourd’hui n’a plus grand rapport avec l’homme qu’il a été. Ou presque. L’on ne change jamais tout à fait. Il reste en lui des bribes de celui qu’il fut autrefois… Mais son tempérament, il l’a mis au profit d’une cause plus noble, plus juste. Les circonstances cruelles de la mort d’Ariana ont tout changé, tout bouleversé, en lui.
On ne peut vivre avec un tel poids sur la conscience sans que cela nous marque et nous change profondément. Est-ce que cette version de lui sera meilleure pour Ariana que ne l’a été la précédente ? Il ne peut en rien le promettre. En revanche… Il sait qu’une différence notoire différencie la situation où ils se trouvent de toutes celles où ils s’étaient trouvés jusqu’alors. Aujourd’hui, Albus veut venir en aide à sa sœur. Ce n’était pas le cas, autrefois…
« Je suis toujours le même, sans doute. Mais j’ai cessé de vouloir l’être. Je suppose que ça fait une grande différence. » Il esquisse un fin sourire.
Oui, elle ne le connaît plus, de même que, pour sa part, il ne l’a probablement jamais connue. Frère et sœur, ils sont pourtant restés des inconnus l’un pour l’autre… C’est une chose qu’il doit impérativement corriger, aujourd’hui. Autant que possible. Elle lui offre une chance, une chance inestimable, en lui laissant l’opportunité de lui raconter ce qu’il est devenu. Cette question, il l’accueille avec un sourire attendri. Il est heureux qu’elle accepte de l’écouter.
« Eh bien… Après ce qui t’est arrivé… J’ai renoncé à tous mes projets. » Il a renoncé à tout ce qu’il pensait devoir vivre. Il a renoncé à Gellert sans savoir pour autant renoncer à ses sentiments pour lui. « Aberforth ne m’a jamais pardonné – je ne lui en veux pas, comment aurait-il pu ? » Albus ne s'est jamais pardonné lui-même. Il esquisse un léger sourire amer. « J’ai fait de mon mieux pour me racheter. Pour toi, c’était trop tard, bien sûr, mais… J’ai fait… mon possible pour devenir la meilleure version de moi-même que je puisse être. J’ai postulé au poste de professeur de métamorphose à Poudlard, et… »
Et l’histoire peut-être encore bien longue s’il se fie à ces bribes d’histoire qu’on lui a racontées à son sujet, mais dont lui-même n’a pas été le témoin direct, en revanche.
« Que dirais-tu de discuter de tout ceci autour d’une bonne tasse de thé ? »
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Albus Dumbledore
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Ariana savait à quel point Albus et Gellert étaient liés. Elle était par conséquent surprise de l'entendre dire qu'il avait renoncé à ses desseins avec lui. Ariana fut triste de constater qu'il avait fallut qu'elle disparaisse pour qu'on lui accorde enfin de l'attention ; trop tard malheureusement.
Poudlard... un lieu qui lui était inconnu. Ariana n'avait jamais su ce que cela faisait d'arpenter ses couloirs, de se rendre dans ses salles de classe ou de partager des moments inoubliables avec des amis. D'un certain côté, la jeune fille avait toujours envié ses frères ainés. Cela n'avait jamais été agréable pour Ariana d'utiliser sa magie et eux la contrôlaient parfaitement ; ils étaient devenus des sorciers accomplis. Abelforth avait toujours été présent pour Ariana et lui et Albus s'étaient maintes fois disputés à ce sujet. La benjamine des Dumbledore se demandait si Abelforth était ici également ; la fratrie Dumbledore pourrait être réunie...
L'étudiante n'était pas très étonnée d'apprendre que son frère avait aspiré à devenir professeur. C'était un excellent sorcier, peut être meilleur que Gellert. L'histoire semblait plutôt longue alors il lui proposa de lui raconter son parcours autour d'une tasse de thé. L'idée de refuser ne lui traversa pas l'esprit. Peut-être parce qu'elle constatait que son frère avait changé et qu'il essayait de se regagner l'affection de sa jeune sœur.
« Oui, je veux bien. J'ai l'impression que cette histoire est longue. »
Un timide sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Elle n'avait pas monté l'esquisse d'un sourire depuis longtemps. Elle ne pardonnait pas son frère mais elle essayait de découvrir le nouvel homme qu'il était.
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Ariana reste silencieuse tout au long de ses quelques explications qui ne sont qu’un bref résumé de ce qu’il a vécu après sa mort, insuffisant à véritablement exprimer ce qu’il a véritablement enduré, ressenti et décidé… Il cherche dans son attitude, dans son regard, un signe si ce n’est de pardon, du moins de compréhension. Tout comme il a renoncé de longue date à ce qu’Aberforth lui pardonne un jour ses actes, il n’attend rien de tel de la part d’Ariana, il veut juste qu’elle le comprenne… du moins un peu, et qu’elle accepte bel et bien l’idée qu’il ait changé… qu’il ait changé par elle…
Cela ne retire rien à sa culpabilité, bien évidemment, et il se reprochera éternellement le sort qui a été le sien par sa faute, mais il entrevoit, ici et maintenant, la possibilité de se racheter… et il le fera autant que possible. Albus, bien que la tentation soit grande, ne cède pas à la tentation de découvrir ce que dissimule l’esprit de sa sœur, à la place, il se décide pour un tête-à-tête, autour d’une tasse de thé, qui leur épargnera peut-être d’être interrompus par un élève ou un professeur. Même s’il se perdra peut-être en circonvolutions qui n’intéresseront pas tout à fait Ariana, il veut leur laisser le temps de se retrouver, de se retrouver véritablement.
« Tu n’as pas idée », confirme Albus avec un fin sourire qu’il s’autorise complice quand Ariana accepte son invitation, suggérant que cette histoire semble bien longue.
Elle l’est, en effet, autant qu’elle est éprouvante… et encore, Albus a bien réalisé n’en avoir vécu qu’une infime partie. En rencontrant, dans ce monde, des acteurs de sa vie qu’il ne pensait jamais croiser, il a également constaté combien sa vie devait être encore longue, et ce qu’il incarnerait, presque malgré lui, au regard de certains. Un rôle qu’il ne se sent pas vraiment légitime à tenir, même si son lui futur semble bien s’en être satisfait. L’histoire est à réécrire quoi qu’il en soit, Ariana en est la preuve curieusement vivante… De toutes les erreurs qu’Albus veut à tout prix réparer, celle qu’Ariana incarne par sa seule présence est de toute évidence la plus grande. L’occasion tant espérée de se racheter enfin à portée de mains, il ne doit pas manquer sa chance.
Albus prend le parti de conduire Ariana jusqu’à son bureau afin qu’ils puissent y être tous deux parfaitement tranquilles. Il s’affaire, à l’aide de sa baguette, à leur préparer du thé (au citron, évidemment), précisément infusé.
« Peut-être que tu as déjà des questions, au sujet de ce que je t’ai appris ? » suggère-t-il, ne sachant pas tout à fait par quel bout prendre une situation à ce point complexe.
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Albus Dumbledore
Happiness can be found, even in the darkest of times, if one only remembers to turn on the light.
Les propos de son frère attisèrent sa curiosité. Elle le suivit jusqu'à son bureau où il prépara - sans grande surprise - du thé au citron. Le voir utiliser sa baguette magique éveilla en elle un sentiment qu'elle eut du mal à comprendre ; elle était partagée entre la jalousie et la méfiance. Constatant qu'elle regardait le morceau de bois avec un peu trop d'insistance, son regard oscilla et la Dumbledore chercha un nouvel élément à toiser.
L'odeur du citron emplit ses narines tandis que son frère lui demandait si elle avait des questions à lui poser. N'ayant pas été à Poudlard, Ariana ne comprenait pas forcément tout, elle se sentait parfois étrangère à son propre monde. Elle avait certes quelques bases sur le monde de la magie qui lui avaient été transmises par son père et ses frères mais cela remontait à trop loin pour qu'elle se souvienne avec précision de certains détails.
« Etais-tu toujours professeur avant d'arriver ici ? »
Ariana se torturait souvent l'esprit en se demandant quelle sorcière elle aurait pu devenir. Mais pourtant cette simple perspective lui donnait des frissons. Peut-être que son frère ainé aurait pu aspirer à tout autre chose s'il était resté auprès de Gellert. Sa mort avait au moins servi à empêcher Albus de poursuivre ses projets avec Grindelwald.
@christmastown
Albus Dumbledore
▿ Ton univers : Fantastic Beasts
▿ Date de naissance : 30/08/1975
▿ Age : 49
▿ Métier : Professeur d'histoire à l'université
▿ Quartier : Hogwarts Place
▿ Côté cœur : The trouble is, humans do have a knack of choosing precisely those things which are worst for them...
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Baguette magique
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Le regard d’Ariana, posé sur sa baguette, retenant son attention un peu trop longtemps, n’échappe pas à Albus qui se reproche mentalement d’avoir cédé à ses vieilles habitudes et réflexes, quand il ne peut qu’imaginer ce que peut susciter en elle ce seul geste, anodin pour lui mais… capable d’engranger des réflexions et des émotions autrement plus complexes chez elle. Il pourrait décider d’interroger ces réflexions et ces émotions, il pourrait faire le choix de lui en demander plus, afin de mieux comprendre les sentiments qui l’animent, mais il ne le fera pas, de même qu’il se retient – même si c’est avec grande difficulté – de lire dans les pensées de sa sœur, si éclairante pourraient-elles être sur son état d’esprit et son appréhension d’une situation qui n’est bien sûr simple ni pour elle, ni pour lui.
Il préfère ne rien brusquer, même si ce n’est pas chose évidente, tant ils ont en réalité à se dire et à rattraper. Trouver un juste milieu revient à une sorte de numéro d’équilibriste qui n’est pas des plus aisés, ni des plus confortables, il faut également le dire. Pour cette raison, il préfère la laisser guider la conversation, poser les questions qui lui sembleront pertinentes, celles qui l’intriguent le plus, celles qui lui tiennent le plus à cœur, ou bien celles qui la réconfortent… peu importe.
La question qu’elle choisit de lui poser n’est pas la plus difficile à répondre, même si elle induit d’autres réflexions, d’autres interrogations, qu’ils se seront probablement faites mentalement autant l’un que l’autre. Est-ce qu’il se serait un jour tourné vers l’enseignement si Ariana avait survécu à leur conflit ? Est-ce que sans cet événement tragique, il aurait su se détacher de lui-même de l’influence que Gellert avait alors sur lui (et dont il conserve encore à ce jour une partie ?). Impossible de l’affirmer… Même s’il en a sa petite idée. Si Ariana avait survécu, Poudlard ne l’aurait probablement jamais connu comme professeur… et beaucoup de ceux qui l’estiment à ce jour au nom d’exploits dans lesquels il ne s’est pas illustré ne le considéreraient pas comme le héros qu’il n’est pas vraiment convaincu d’avoir été un jour, même si la pensée n’en est pas déplaisante.
« Oui, j’étais encore professeur », affirme-t-il avec un hochement de tête, « même si je n’étais pas exactement apprécié du ministère », ajoute-t-il avec un léger sourire.
Mais ce dernier le préférait encore entre les murs de Poudlard qu’à manigancer potentiellement contre eux – ce qui n’a jamais été le cas à proprement parler.
« J’aimais enseigner. C’est pour ça que je n’ai pas su m’arrêter ici non plus. »
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Ariana apprécia le fait qu'Albus ne se hâte pas, qu'il prenne le temps nécessaire pour laisser sa sœur cadette digérer ces retrouvailles. La jeune femme se sentait de plus en plus détendue et prête à écouter malgré les dizaines d'images douloureuses qui se manifestaient. C'était toutefois étrange de discuter en omettant de parler du décès de leurs parents, du sien ou de leur enfance marquée par trop d'incidents. La conversation ressemblait à celle de deux inconnus qui se rencontraient pour la toute première fois ; mais n'était-ce pas tout précisément ce qu'ils avaient toujours été ? Ariana constata que ses épaules étaient légèrement recroquevillées et qu'elle était aussi immobile qu'une statue. Elle prit une grande inspiration et elle sentit ses muscles se détendre peu à peu.
« Pourquoi tu n'étais pas apprécié du ministère ? » demanda-t-elle après un court silence.
Ariana avait sa petite idée mais peut-être qu'elle se méprenait. Comment un professeur pouvait-il se retrouver dans le collimateur du ministère de la magie si ce n'est s'il avait commis un délit ? Il avait sourit. Ariana en déduisit que cela ne le contrariait pas. Elle trouvait que le métier de professeur sied parfaitement à son frère ainé néanmoins. Elle n'avait pas réellement prêté attention à la conférence - l'esprit trop préoccupé par les retrouvailles avec Albus - mais elle avait tout de même remarqué son aisance à l'oral et avec ses élèves.
« Je me souviens que tu étais un excellent sorcier, ça ne m'étonne pas. Tu étais très souvent plongé dans tes livres. » ajouta-t-elle. Elle était sincère. Le sérieux de son frère était une grande qualité bien que cela l'ait parfois empêché de se concentrer sur ce qui était vraiment important.
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Il y a autant de douceur que d’inconfort dans leurs échanges. Ils ont l’un comme l’autre tout à réapprendre l’un de l’autre. Un nouveau chapitre de leur histoire s’écrit au cours de cette conversation, et c’est une page blanche. Ni l’un ni l’autre ne savent où tout ceci les mènera. Peut-être feront-ils chou blanc, peut-être reconnaîtront-ils qu’ils n’ont toujours rien en commun, et que trop de mal a été fait pour être à présent occulté… Ou peut-être parviendront-ils à construire un semblant de relation, petit à petit, au gré d’autres conversations. Pour l’heure, ils s’apprivoisent, et ni l’un ni l’autre ne sauraient gager de ce qui les attendra plus exactement. Pour parvenir à quoi que ce soit, dans tous les cas, il semble primordial de faire preuve d’un semblant de sincérité, d’honnêteté réciproque l’un vis-à-vis de l’autre… c’est même indispensable. Alors, il faut aussi accepter d’engager quelques sujets qui ne sont pas agréables ni spécialement confortables… mais qu’il est important d’évoquer malgré tout.
« Le ministre est étrangement convaincu que je pourrais ambitionner de prendre sa place. Et je suppose que mon… amitié passée avec Grindelwald n’a pas aidé. » Le nom qui fâche, mais ils ne peuvent pas poursuivre cette conversation bien longtemps sans évoquer au moins l’un de ces sujets, qu’il s’agisse de Gellert, de leurs parents, ou encore d’Aberforth. « Aucun de ces soupçons n’étaient fondés, bien sûr, mais je peux difficilement leur reprocher une telle défiance », complète-t-il avec une légère malice qui lui est coutumière mais qui dissimule l’envie sincère qu’il a de convaincre sa sœur du fait qu’il n’est plus celui qu’elle a connu – ou du moins plus tout à fait. Il a changé. Elle l’a changé. Et pour de bon. Pour longtemps.
« J’étais trop souvent plongé dans mes livres, tu peux le dire. »
Il n’y a pas de reproche, en l’occurrence, dans le ton de la voix d’Ariana, mais le reproche pourrait bel et bien être, et avoir une bonne raison d’être. C’est vrai, Albus s’est souvent targué d’être un excellent sorcier, et tout son entourage semblait également de cet avis. Mais être un excellent sorcier ne fait pas de vous un homme bon… c’est même bien souvent tout l’inverse. Il était souvent plongé dans ses livres, c’est un fait, passionné, désireux de toujours en savoir et en comprendre plus. Au risque de se perdre dans une ambition trop grande, doublée d’un insoutenable ego.
« Je t’ai négligée. Comme j’ai négligé tout ce que j’estimais susceptible de m’entraver, à l’époque… » Il pousse un léger soupir. « Je pensais tout savoir et j’en comprenais pourtant si peu. »
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Albus Dumbledore
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"Amitié", cela n'avait jamais été réellement le cas. En réalité, ils avaient été bien davantage que de simples amis. Raison pour laquelle Ariana restait dubitative. Elle ne prétendait pas s'y connaitre en amour mais elle se doutait que le premier ne s'oubliait pas aussi facilement. Les doutes du ministère étaient peut être infondés mais ils étaient parfaitement compréhensibles. Quant à Ariana, elle était davantage peinée pour son frère que méfiante en réalité.
« Je me doutais qu'il s'agissait de lui. » admit-elle.
Elle n'osa pas prononcer son nom. Elle l'avait connu lorsqu'il n'était qu'un jeune homme avide de pouvoir et il était apparemment devenu une réelle menace pour le monde des sorciers. Cette histoire allait forcément mal se terminer, Ariana n'en avait jamais douté. La jeune fille ignorait tout du passé de Grindelwald, elle n'avait jamais cherché à se renseigner sur l'homme qui avait su gagner l'attention d'Albus. La benjamine des Dumbledore l'avait toujours envié d'un certain côté. Son frère ainé avait accordé plus d'attention à Grindelwald qu'à elle. Gellert lui avait empêché de se soucier de ce qui était réellement important.
« Oui, c'est vrai malheureusement. Au moins, tu es devenu un brillant professeur. » rétorqua-t-elle en haussant les épaules.
"A l'époque", elle avait presque oublié que son frère avait... une quarantaine d'année peut-être ? Cela était si déconcertant...
« Tu sais, pour moi, tout ça ne date pas de si longtemps. » quatre ans en réalité. Elle s'était fait tuer quatre années auparavant et pour Albus, tout cela venait d'une époque bien plus lointaine. Elle essayait de se mettre à la place de son frère, plus âgé, plus mature. Elle ne pouvait pas oublier mais elle pouvait essayer de lui pardonner. La situation était plus que particulière et elle essayait de le comprendre.
« Albus, qu'est-il arrivé à Grindelwald ? » demanda-t-elle soucieuse.
C'était une question qu'elle mourrait d'envie de lui poser depuis quelques minutes. Était-il hors d'état de nuire ? Est-ce qu'Albus était toujours en contact avec ce dernier ?
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Albus Dumbledore
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Albus se fend d’un très fin sourire quand Ariana observe que tout ceci aura au moins permis à Albus de devenir un brillant professeur… c’est une façon de voir les choses, en effet… Et c’est ce qui devait advenir, ce qu’il y a de mieux. Il ne veut avoir aucun regret en ce qui concerne ses choix. Même s’il s’interroge souvent sur ce qu’aurait été sa vie si Ariana avait survécu, si sa mort n’avait pas tout changé, il sait pertinemment que la voie qui est dorénavant la sienne est celle qu’il aurait toujours dû emprunter… et emprunter bien plus tôt, même, pour le bien d’Ariana.
Ariana a raison de le signaler, ce qui pour lui semble remonter à plus de deux décennies est une information bien plus récente pour Ariana, qui doit encore se reconstruire au regard de cette nouvelle chance qui lui a été offerte. Ils ne sont pas, sur ce point, sur un pied d’égalité, mais le professeur décide de contempler la chose avec philosophie. C’est préférable d’ailleurs… agir différemment aurait largement de quoi le rendre complètement fou. Le peu de sens qu’il est capable de donner à cette situation se doit de tendre vers quelque chose de positif, le plus positif possible, même. C’est le mieux. Pour eux tous.
« Cela nous laisse moins de temps à rattraper que prévu, alors », tente-t-il d’exprimer avec douceur.
Encore faut-il qu’Ariana veuille réellement rattraper ce temps perdu, ce qui n’a rien de certain. Même si elle semble s’être significativement adoucie depuis le début de leur conversation, ce n’est pas pour autant qu’Albus doit aller trop vite en besogne et considérer que tout est oublié. Que tout est pardonné.
Le fin sourire sibyllin d’Albus se ferme ostensiblement quand Ariana ose prononcer le nom de Grindelwald pour lui poser cette question qui lui brûlait probablement les lèvres à juste titre : qu’est-il arrivé à Grindelwald. Il prend une grande inspiration, alors qu’il réfléchit à la meilleure manière d’apprendre à sa sœur des années de conflits douloureux.
« Gellert s’est enfui juste après ta mort. Il a poursuivi ses projets, s’est donné les moyens de ses ambitions. Il est parvenu à fédérer un nombre toujours plus grand de fidèles et à étendre son entreprise de domination. » Il marque une pause. « Avec quelques sorciers d’envergure, nous avons organisé une offensive… je n’ai pas eu l’occasion de savoir comment tout ceci se serait terminé. » Mais d’autres lui en ont donné l’amère idée. « Certains ici viennent d’un futur que je n’ai pas connu, si je me fie à leur récit, j’ai fini par le battre en duel, et Gellert a fini ses jours en prison. »
Une perspective qui ne l’enchante pas… une perspective lâche, au fond, car Albus a tout à fait conscience de tout ce qu’elle induit.
« Ici, j’ai bien peur que toute l’histoire soit à réécrire. »
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Ariana hocha la tête timidement. Elle n'était pas complètement fermée à l'idée de rattraper le temps perdu avec Albus. Elle était simplement terrifiée à la simple pensée de faire souffrir ses proches. Ariana se considérait comme une bombe à retardement, prête à imploser subitement et ce à n'importe quel moment. Cela s'était déjà produit par le passé, avec sa propre mère et elle redoutait d'être responsable de la mort de quelqu'un une nouvelle fois. Malheureusement, il était inconcevable pour elle d'aspirer à une vie normale.
Toutes ces histoires de temporalités différentes commençaient à embrouiller l'esprit de la jeune Dumbledore. Ariana réalisa qu'elle aurait pu revoir une version de son frère complètement différente. Si Albus avait vaincu un dangereux mage noir, il avait certainement dû être considéré comme un héros. Elle avait toujours supposé qu'il réaliserait de grandes choses, elle ne s'était pas trompé sur ce point. De surcroît, la jeune Dumbledore était rassurée de savoir que Gellert avait été mis hors d'état de nuire.
« Cela a dû être difficile pour toi de te battre contre lui. » commenta-t-elle. Après tout, ils avaient été particulièrement proches fut un temps.
Ariana comprit à travers ses paroles que Gellert était aussi ici. Un léger frisson la parcourut. Ce n'était pas un frisson de peur mais quelque chose qui ressemblait à de la colère. Elle ne fut heureusement que passagère car Ariana réussit à l'apaiser.
« Tu réussiras. Tu l'as battu une fois et tu peux recommencer. » ajouta-t-elle. Elle ignorait si elle essayait d'encourager son frère ou de se rassurer. Son affirmation était peut-être naïve. Ils n'était pas dans leur monde ici et beaucoup de paramètres avaient changé.
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Albus n’a guère l’intention de se faire passer pour la malheureuse victime d’une situation qui n’aurait en aucun cas eu lieu s’il avait su faire les bons choix, prendre les bonnes décisions au bon moment. Il a conscience d’être entièrement responsable de son sort, il n’entend pas rejeter la faute sur qui que ce soit… Et encore moins si cela doit avoir pour effet de le dédouaner d’actes qu’il ne se pardonnera jamais. Albus porte sa Croix. Ariana est sa Croix… même si elle est vivante ici, dans ce monde, cela ne change rien, cela n’ôte rien au fait qu’il doit se racheter auprès d’elle pour des dizaines de raisons… aussi, quand bien même en effet, combattre Gellert Grindelwald est une ambition complexe et douloureuse, il ne veut l’exprimer en ces termes. Ce que son cœur réprouve avec douleur, le reste de sa personne sait qu’il doit l’endurer, la tête haute.
« Rien n’aura été plus difficile que le fait de te perdre », il se contente alors de répondre, afin de lui faire comprendre que quand bien même tout est à refaire, et alors qu’il doit plus que jamais faire face à ses anciens démons, il la privilégiera, elle restera celle au nom de qui il se battre. Oui, peut-être passera-t-il pour hypocrite, lui qui avait fait si peu de cas de sa jeune sœur du vivant de cette dernière, mais ses intentions sont aussi nobles qu’honnêtes, et il les exprime avec toute la transparence dont il est, en cet instant, capable.
Il hoche seulement, simplement la tête quand Ariana affirme qu’il réussira, puisqu’il l’a déjà battu une première fois. Rien ne lui semble, en réalité, si simple, il est en revanche vrai qu’il fera tout son possible pour donner au discours d’Ariana la teneur du réel. Pacte de sang ou pas, tout ceci ne peut avoir qu’une seule et unique issue. Les propos d’Ariana pourraient bien passer pour candides, ils ne le sont pas aux yeux d’Albus… sa sœur ne fait jamais que lui exprimer sa vérité, et cette vérité mérite diablement d’être entendue… elle lui communique la force d’aller au bout de ce qu’il ne se sent pas tout à fait capable de réussir, car ce que son cœur retient d’affection pour son ancien amant ne semble savoir disparaître dans les limbes du temps. Il voudrait la remercier de croire en lui, d’y croire tout de même, mais il ne dit rien, il reste sur une douce réserve, ne tenant pas à dissiper cette soudaine et plaisante harmonie qui s’est tissée entre eux, d’une douceur presque irréelle.
« Est-ce que je peux faire quoi que ce soit, n’importe quoi, pour toi ? Je pourrais… t’aider financièrement ? »
Tout ce qu’il sera en mesure de faire pour elle, il le fera.
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Ariana resta silencieuse face à la réponse de son frère mais son cœur se serra dans sa poitrine. Quelques larmes brouillèrent sa vision mais elle réussit à contrôler ses émotions et ravala ses sanglots. Jusqu'ici, elle avait réussi à garder la tête froide. Cependant, la réponse de son frère l'avait surprise. Auparavant, elle n'aurait pas été surprise s'il avait choisit Gellert au profit de sa jeune sœur. Aujourd'hui, elle voyait le nouvel homme qu'il était, celui qui avait appris de ses erreurs passées et qui essayait de réparer les pots cassés.
Albus garda le silence face à l'affirmation de sa sœur. Elle comprit que vaincre Grindelwald était une tâche plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Est-ce que son frère lui disait toute la vérité à ce sujet ? Avait-il toujours des réticences à l'idée de combattre son ancien amant ? Son absence de réponse amena de nouvelles questions dans son esprit. Néanmoins, elle n'insista pas. Ils auraient tout le temps de rediscuter de cette affaire.
La benjamine des Dumbledore ne sut quoi répondre à la proposition de son frère. Jusqu'ici, elle s'était débrouillée seule même si elle avait reçu l'aide du centre d'hébergement qui l'avait accueillie lorsqu'elle était arrivée ici. Cependant, son travail à la bibliothèque ne suffisait pas à lui payer un loyer décent. Elle logeait donc dans une chambre étudiante confortable non loin de l'université grâce à sa bourse d'études notamment. Cela lui convenait bien ; elle était seule et c'était mieux ainsi.
« Ne t'inquiète pas pour ça, Albus. J'ai une chambre étudiante agréable et je travaille tous les soirs à la bibliothèque pour me faire un peu d'argent. » avoua-t-elle.
Elle était touchée qu'il soit aussi concerné par sa situation mais elle ne voulait pas que son frère ainé s'inquiète inutilement.
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Albus fait mine de rien, il prétend ne pas voir ce voile d’émotion qui a sensiblement recouvert ses prunelles, pas parce qu’il y serait insensible, mais parce qu’il ne saurait contraindre Ariana à extérioriser davantage des émotions qu’elle tient peut-être à conserver précieusement pour elle-même. Lui-même, d’ailleurs, déploie en cet instant des trésors de self-control, plus qu’on ne le soupçonnerait sans doute, le connaissant, pour dissimuler à Ariana l’ampleur de sa propre émotion. Cette situation, inattendue, les pousse tous deux, naturellement, dans leurs retranchements.
Albus arrive trop tard. Personnage non pas oublié mais éludé d’une histoire à laquelle il ne devrait probablement plus prendre part. Ariana a eu une part magistrale dans son existence et dans ses choix de vie… lui aussi, à sa manière, a probablement eu une immense influence sur Ariana… mais à cet instant bien précis, où tous deux se retrouvent après la tempête, parvenir à se retrouver de nouveau s’avère d’une complexité sans borne. Il voudrait prétendre à une harmonie immédiate, qui n’est pas possible. Dans la vie d’Ariana, il ne peut tenir un rôle principal sans lui porter préjudice. Il ne sait tenir un rôle secondaire sans se trahir.
Il s’inquiétera pour elle à l’excès, comme c’est déjà le cas, il sera tout bonnement incapable de s’en empêcher. Il apprécie de savoir que sa chambre étudiante lui plaît, que son travail alimentaire l’aide à joindre les deux bouts, mais cette manière indirecte et polie de lui faire comprendre qu’elle n’a pas besoin de lui a de quoi, tout naturellement, le crisper… ce n’est pas ainsi qu’il voulait que les choses se passent… C’est ainsi qu’elles ne pouvaient qu’inévitablement se passer. Il est trop tard pour tenir quelque rôle significatif que ce soit dans la vie de sa sœur… Elle n’a plus vraiment besoin de lui, et les meilleures raisons du monde, par ailleurs, de vouloir s’épargner son aide. Il est heureux, néanmoins, d’entendre qu’elle a une vie très complète, et qui semble des plus épanouies.
« En ce cas… » Il baisse les bras, résignés. « Sache seulement te souvenir que tu pourrais réclamer mon aide si cette dernière devait te sembler nécessaire. Ou bien ma présence si celle-ci peut t’être agréable. » Il ne peut grand-chose de plus. Il ne peut forcer les pas en avant qu’Ariana daignera faire dans sa direction ou non. Ces pas doivent venir d’elle, et d’elle seulement. C’est important, c’est même primordial, en réalité. « Tu as su t’entourer, ici ? Tu as des proches ? des amis ? »
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Ariana hocha la tête. Elle était ravie que son frère n'insiste pas mais elle savait que si la situation était critique, elle pourrait venir solliciter son aide. Cela la rassurait d'avoir quelqu'un à qui faire confiance dans cette ville calamiteuse. Elle avait longtemps été livrée à elle même, incapable d'être protégée ou d'être comprise. Elle s'était habituée à cette solitude en songeant que c'était la meilleure solution pour elle et pour autrui mais peut-être qu'elle ne faisait que se renfermer indéfiniment dans une bulle qui finirait par exploser.
« Merci, Albus. » un timide sourire se dessina sur ses lèvres. Après cette longue discussion avec Albus, elle souhaitait tout naturellement garder contact avec lui.
Elle n'osa pas dire à Albus qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis (presque pas en réalité). Ariana n'était pas particulièrement loquace et elle n'arrivait pas à concevoir le fait qu'on puisse l'apprécier ; pas avec cette entité dévastatrice en elle. Elle était trop dangereuse, trop instable. La jeune étudiante était incapable de faire confiance et tenait à ce que son secret reste comme tel. En somme, elle n'avait pas une armada d'amis et cela lui convenait parfaitement.
« Oui, quelques-uns. » affirma-t-elle en passant une main dans ses cheveux. Elle espérait que cette réponse suffirait à rassurer son frère. « Et toi ? Tu as trouvé des personnes de notre monde ? Ou peut-être que tu as fait de nouvelles rencontres ? » demanda-t-elle aussitôt.
Ariana pensa, en toute logique, à son second frère, Abelforth, et à la fratrie Dumbledore réunie. Elle ignorait ce qu'il était devenu, lui qui avait toujours pris soin d'elle avec leur mère. Abelforth et Albus ne s'étaient jamais particulièrement bien entendus et la mort d'Ariana avait dû accroitre les tensions déjà existantes...
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▿ Pensine
Albus se fend d’un simple et fin sourire, quand sa sœur le remercie, avec cette timidité touchante qui la caractérise. Ce n’est rien, ce n’est absolument rien… ce n’est pas assez, en réalité. L’aider à présent, lui offrir une main secourable et espérer qu’elle l’accepte, ce n’est rien ou du moins si peu de choses en comparaison de tout ce qu’il aurait pu et dû faire pour elle… Ce n’est vraiment rien, ou presque, mais c’est ainsi qu’il espère regagner, petit à petit, étape par étape, l’affection et la confiance de sa sœur. Ce ne sera pas assez, ce n’est pas ce qui, soudainement, fera oublier à Albus ce qui les a divisés. Ce n’est pas une complicité qu’il doit regagner, c’est une complicité qu’il lui faut complètement conquérir, car cette complicité, en vérité, tout terrible ce constat soit-il, n’a jamais existé en premier lieu.
Ariana se montre particulièrement évasive au moment d’affirmer qu’elle s’est fait, dans ce monde, quelques proches et amis. Elle n’entre pas dans les détails, elle en dit le moins possible… Albus brûle d’envie de lui poser davantage de questions, mais il ne le fait pas, il sait pertinemment que cela reviendrait à la braquer. Comme pour tout le reste, il ne peut forcer ni ses confidences, ni son affection. Il doit apprécier, déjà, le fait qu’elle daigne lui parler, que la communication ne soit pas totalement rompue. Ce n’est pas nécessairement assez… mais c’est déjà mieux que toute autre chose.
« J’ai trouvé un grand nombre de personnes de notre monde, en effet », dit-il avec un fin sourire. « La plupart d’entre eux me connaissent, ou pensent me connaître. Ils connaissent quelqu’un que je ne deviendrais jamais. »
Est-ce pour le mieux ? Est-ce pour le pire ? Encore maintenant, Albus serait bien incapable de le dire. Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il ne peut pas regretter cette situation, il ne peut pas vouloir devenir celui qu’il a été aux yeux de certains, même si la plupart d’entre eux dressent de lui un portrait flatteur. Il ne veut pas envisager un chemin de vie dans lequel ces retrouvailles n’auraient pas lieu. Leurs retrouvailles sont fondatrices et essentielles pour lui… Il le sait à présent. Tout ce qu’il aura fait, dit ou vécu dans ce nouveau monde n’aura eu pour vocation que de la mener à ce moment bien précis. Le moment qu’il vit et partage avec elle aujourd’hui.
« J’ai fait un grand nombre de rencontres que je qualifierais d’intéressantes, également… »
Intéressantes est le terme, mais aucune d’elles n’aura abouti à une véritable amitié… Ce sont des liens dont Albus se préserve, très entouré certes, mais au fond particulièrement solitaire.
« Si tu te poses la question, je n’ai pas revu Aberforth. »
Code by Laxy
Albus Dumbledore
Happiness can be found, even in the darkest of times, if one only remembers to turn on the light.
Son frère était un homme bien mystérieux aux yeux de tous et Ariana ne pouvait malheureusement par les aider à le cerner davantage ; il était aussi un mystère à ses yeux. D'aussi loin qu'elle se souvienne, il avait toujours été plus ou moins énigmatique. Etait-ce simplement une façade ou le vrai Albus Dumbledore ? Elle n'obtiendrait probablement jamais la réponse à cette question. Elle avait du mal à voir son frère entouré d'amis. À l'époque, il n'y avait que Grindelwald.
Lorsqu'il mentionna leur frère, Ariana haussa les épaules. Elle s'attendait à cette réponse en réalité.
« Je m'en doutais... » elle feignit de ne pas être déçue par la nouvelle.
Abelforth avait été très présent pour elle de même que leur mère. Elle savait que lui et Albus avaient eu quelques différends à son sujet. Ils n'avaient jamais raté une occasion de se disputer. En somme, Ariana aurait été ravie que sa fratrie soit réunie afin qu'ils repartent tous sur de bonnes bases.
La jeune fille se sentait de plus en plus à l'aise en présence de son frère ainé, il avait réussi à trouver les mots justes pour la rassurer. La Dumbledore soupira, elle avait un poids lourd sur la conscience et il était difficile d'en parler avec son frère sans faire couler des larmes.
« J'aurais aimé que nous soyons réunis. En fait, j'aurais aimé que tout cela n'arrive jamais. Je m'en veux terriblement, je sais que c'est en grande partie de ma faute. » avoua-t-elle les yeux brillants. Ses deux parents seraient en vie et cela ferait déjà toute la différence pour elle. Comment ne pas se sentir responsable de tous ces évènements tragiques ?
Ariana balaya une petite larme, elle ne voulait pas sangloter comme une enfant même s'il n'y avait pas de honte à cela. Mais la jeune fille se sentait abattue, constamment malheureusement et son obscurus en était surement pour beaucoup. Ariana essayait de le contrôler, de ne pas le laisser prendre le dessus mais elle savait qu'elle n'y parviendrait pas éternellement. Rien ne pouvait l'y aider, il n'y avait ni remède ni moyen de protéger ceux qu'elle aimait.
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