Il faut bien commencer une histoire quelque part, si je devais parler de mon histoire, ce serait de cette manière, sans aucune prétention, il va de soit.


« Je n’ai jamais beaucoup réfléchi à la manière dont je mourrais. […] C’était sûrement une bonne façon d’en terminer. A la place d’un autre, d’un que j’aimais. Noble, pourrait-on dire. Ça devrait compter en ma faveur. »

Immobile, le calme entourant doucement mon corps, je restais silencieuse quand à l'endroit où je me trouvais. Je tentais à mon tour de faire le vide sur une existence bien remplie, même si je regrettais amèrement l'époque où en toute tranquillité, je pouvais entendre les ronflements de mon père de l'autre côté du mur de ma chambre. Mon père qui me manquait affreusement. Je tentais de remettre des noms sur des visages, des impressions sur mes sentiments, de cette vie que j'aurai pu couché sur le papier par des mots...

Je vis le jour un 13 septembre 1987 dans une petite ville de l’état de Washington, Forks. Ma naissance faisait alors le bonheur de mes deux parents, Renée et Charlie Swan durant la première année de mon existence. Mais, ne supportant plus le climat nuageux de la ville et la tristesse des lieux ma mère m’emportait avec elle et nous quittions Charlie un beau jour. Partant pour une nouvelle destination, nous trouvions le soleil, la chaleur, la vie tout simplement. Les années passèrent et j’ai suivi le cours de mon existence sans vraiment me plaindre, j’ai vécu avec ma mère la vie d’une jeune fille s’essayant à toute sorte d’activité afin de trouver ma voie, une erreur. La danse en faisait partie, mais déjà à cette époque ma maladresse fit des siennes m’empêchant de m’épanouir dans ce domaine. J’aimais mon existence, le soleil, la chaleur de l’Arizona, des choses toutes simples de la vie. Je passais la moitié de mes vacances chez mon père, jusqu’au jour où j'étais en âge de décider. Je suivais cette ligne déjà toute tracée, ou les années ne faisaient que glisser doucement jusqu’au jour où ma mère fit la rencontre de Phil, joueur de Base Ball en seconde division. C'était entre eux comme un coup-de-foudre de ses séries américaines. Ils se mariaient assez rapidement, j’ai donc compris que je devais disparaître pour les laisser seul, vivre leurs amours. Il était temps pour moi de m’effacer dans leurs vies et partir vivre avec Charlie. Ce n'était pas facile comme décision, mais ne voulant pas freiner le bonheur tout simple de ma mère, je jouais la carte de la stabilité pour mes études. En effet, Phil devait pour le Base Ball voyager énormément et je n’aurais été qu’un frein dans leur relation et dans mes études au lycée. Non, le choix se fit alors de lui-même, je quittais l’Arizona chaud et ensoleillé pour trouver végétations vertes, humidité et pluie à l’horizon.

J’entendais encore le vent frapper à la fenêtre de ma chambre, un plein mois de novembre. La chaleur n’était en rien étouffante comme j’avais pu le connaître à Phœnix. Je ne me doutais pas qu’en quittant ma mère, j’allais faire une rencontre qui bouleverserait ma vie, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, j’étais persuadée de tout contrôler, j’avais tort. Mais je n’étais plus seule dans l’histoire, je ne bouleversais pas seulement ma vie, mais la leur…


« Si je n'étais pas partie pour Forks, je ne me serais pas retrouvée dans cette situation, j'en avais conscience. Pourtant, aussi terrifiée que je fusse, je n'arrivais pas à regretter ma décision. Quand la vie vous a fais don d'un rêve qui a dépassé toutes vos espérances, il serait déraisonnable de pleurer sur la fin. »

Le début d’une nouvelle vie, où pour la première fois je décidais de vivre avec mon père, apprenant à le connaître dans une ville où tout le monde se connaissait, où la pluie devenait ton meilleur ami ainsi que cet immonde coupe vent. Arriver en milieu d’année scolaire était une erreur, mais me répétant sans cesse que c’était le meilleur choix, j’entrais au lycée, chamboulant la vie de pas mal de gens. Répétant tout au long de la journée qu’il valait mieux m’appeler Bella au lieu d'Isabella, je ne passais pas inaperçu, malheureusement. Je ne m’attendais pas à un tel accueil, tout le monde savait que j’arrivais tout le monde voulant être mon ami, voir plus, tout le monde sauf eux. Alors que je mangeais au réfectoire en compagnie de quelques élèves mon regard se posait sur cette famille à l’allure différente, aux physiques époustouflants, à la grâce extraordinaire. Je les détaillais tous alors qu’on m’indiquait qu’ils ne parlaient jamais avec les autres. On me renseignait vaguement sur leurs histoires, celle que tous les habitants devaient connaître, mais je n’écoutais plus. Mon attention tout entière était sur celui qui se tenait en retrait par rapport aux deux autres couples, celui dont la beauté me coupait le souffle. A ce moment précis, je ne savais pas encore que mon destin serait étroitement lié au sien, cependant je ne pouvais retirer mon regard du sien.

Ma première rencontre avec cet inconnu au physique d’Apollon ? Chaotique, mais comment ne pouvait-elle pas en être autrement ? Vous connaissez beaucoup de vampires qui vous accueillent à bras grand ouvert quand votre sang l'obsède et réveille en lui un désir inconnu ? Pour la première fois, une forte frustration parcouru l’intégralité de mon corps quand je m’installais à ses côtés dans cette salle de labo. De cette première rencontre, je remarquais le comportement plus qu’étrange d’Edward, la froideur de son regard, la distance qu’il mettait grand soin d’établir entre nous. Même si, ses comportements des plus étranges me repoussaient, j’étais d’autant plus fasciné par lui. Il m’obsédait complètement allant même jusqu’à rêver de lui la nuit qui suivait notre rencontre. Il me sauvait la vie d’un geste simple arrêtant un van à main nue. Vous trouvez cela normal, vous ? Je savais dès lors qu’il n’était pas comme les autres… Et très vite, rassemblant toutes les informations le concernant, je ne pouvais fuir la réalité. Je tombais amoureuse de lui, tout m’attirait en lui… Sa beauté tout d'abord, sa voix, son parfum, sa personne. Puis, l'homme qu'il était et c'est ainsi... Me souciant guère du danger qu'il représentait, j’apprenais sa véritable nature, il était un... VAMPIRE ! Mais le danger était toujours présent et je m'en rendais vite compte qu’il n'y avait pas que des vampires « végétariens » et rapidement, mon sang attirait des vampires dont James, vampire nomade à ses heures. Souvenir douloureux dont je garde la trace sur mon poignet, cicatrice du venin qui avait failli ce jour-là m'emporter pour toujours.

Edward me manquait toujours, un sentiment que j'avais pourtant déjà ressenti par le passé. Le souvenir de sa perte raisonnait dans mon cœur, laissant apparaître les restes de cette plaie géante qui risquait à tout moment de s’ouvrir et de me dévaster de nouveau.


« Ces plaisirs violents ont des fins violentes ;
Dans leurs excès ils meurent telle la poudre et le feu,
Que leur baiser consume. »

Il y a des souffrances qui n’ont pas de nom, il y a des personnes qui ne peuvent disparaître sinon votre vie toute entière s’arrête d’un coup et vous ne trouvez plus aucun sens à votre vie. Ses mots résonnaient dans mon esprit tant de temps que cette période de ma vie, je souhaitais l’oublier. Le jour où ne supportant plus le danger que j’encourais en fréquentant des vampires, Edward décidait de me quitter. Un anéantissement, je perdais pied, le goût de la vie et je ne savais plus comment faire pour sortir la tête de l’eau. C’était le jour de mon anniversaire que le drame se produisit, ce maudit anniversaire, où me coupant bêtement le doigt, je provoquais la furie de Jasper qui ne pouvait plus lutter contre mon sang si désirable. Ce n’était rien pour moi puisque j’étais toujours vivante, mais il en avait décidé autrement et les deux brins du même fils se séparèrent… Il me fallut beaucoup de temps et de patience afin de réussir à avancer dans la vie. Grâce à mon meilleur ami, j’ai choisi de vivre même si ma vie n’avait pas la même saveur. Mon seul petit plaisir ?! Mettre ma vie en danger, de cette manière l’image d’Edward m’apparaissait clairement, je le revoyais, il hantait mon esprit et la douleur dans ma poitrine se faisait moins oppressante. Jusqu’au jour où ma seule bouffée d’air frais ne donnait plus de nouvelles. Jacob mon meilleur ami se transformant en loup-garou ne pouvait m’avouer sa véritable nature. Ne supportant plus cette situation je décidais de l'affronter, de comprendre pourquoi lui aussi décidait de me fuir, croyant au plus profond de mon être que les personnes qui m'étaient chères, disparaissaient. Heureusement, voulant en finir avec cela, il tenta du mieux qu'il pouvait de me faire deviner sa véritable nature.

A ce moment précis, je me rendais compte que je ne pouvais vivre une vie des plus banales sans la présence de créature surnaturelle auprès de moi. J’étais réellement un aiment à danger. La relation que j’entretenais avec Jacob était ambiguë. J’avais besoin d’être avec lui, mais mettre ma vie en danger était comme un défi, un moment d’apaisement me contentant d’entendre la voix d’Edward, quelque part dans mon esprit des plus déranger. C’est de cette manière que je me retrouvais en haut de cette falaise voulant repousser mes limites au plus loin. J’entendais sa voix, je le savais près de moi et la douleur dans ma poitrine, ce vide dans mon cœur se réduisait légèrement, je pouvais reprendre mon souffle. Je sautais du haut de la falaise sans prendre conscience du danger que j’encourais, mais ce n’est qu’une fois dans l’eau que la vérité me frappait en pleine figure, avec la force du courant, que ma vie risquait de se terminer ainsi, je disais adieux à l’être aimé. Mais, c’est sans compter l’aide de Jacob, que je revenais à la surface, reprenant doucement vie. Tout s’enchaînait si vite par la suite... Très rapidement, trop... Le retour d’Alice, le mécontentement de Jacob, la prise de conscience qu’entre nous tout serait compliqué. Et puis, le quiproquo qui jeta Edward directement dans la gueule du loup, enfin du vampire dans ce cas, à Volterra. Me croyant morte, il ne pouvait continuer sa vie et il décidait d’en finir, l'imbécile ! C’est alors qu’accompagnée d’Alice, je décidais de partir pour éviter de perdre celui pour qui je ne pouvais vivre… J’y arrivais de justesse, mais c’est sans compter sur l’intérêt des Volturi que je rencontrais alors cette famille royale. De ce souvenir, je n’en garde que des points forts, la peur que je ressentais quand je m'imagine Edward se tordre de douleur devant le pouvoir diabolique de Jane, l’impression de flottement quand Edward était près de moi, l’envie de le sentir avec moi encore un instant, la crainte qu’il disparaisse de nouveaux. En promettant de me transformer, on réussissait l’impensable, partir de cette ville, où régnait cette atmosphère particulière, indescriptible. Une fois à Forks, j’osais mettre ma transformation à vote et malgré la rage de mon amoureux, ils étaient d’accord, je serais transformée. En contre partie, Edward me demanda en mariage, me déstabilisant par la même occasion… Me marier, à seulement 18 ans, impossible !


« Votre liaison est étrange. Il est si ... protecteur envers toi. Comme s'il était prêt à se jeter devant une balle de pistolet pour te sauver. Et ce n'est pas que lui. Tu verrais ton comportement en sa présence. Tu te déplaces comme si tu t'orientais systématiquement en fonction de lui. Lorsqu'il bouge, même un tout petit peu, tu ajustes ta position à la sienne. On dirait des aimants ... une sorte de réaction gravitationnelle. A croire que tu es un satellite. C'est très bizarre. »

La fin du lycée approchait à grand pas et la date de ma transformation par la même occasion. Edward était désormais près de moi et j’en étais des plus heureuses, néanmoins mon meilleur ami me manquait terriblement, j’avais un besoin non explicable de le savoir en bonne santé, de le savoir près de moi. Le traité signé par les Quileutes et Carlisle par le passé empêchait Edward d'entrer dans son territoire et tant mieux. Ses deux là ne s’entendaient guère et pourtant, ça ne m’empêchait pas de le voir afin de passer un moment avec lui. Nous deux, c’était comme chien et chat, toujours à s’engueuler, à se chercher mais finalement il fallait se lier à l’évidence, on s’appréciait et on s’aimait. Parallèlement, mes sentiments pour Edward se renforçaient toujours un peu plus, essayant de reculer un peu plus la limite qu’on s’était fixé entre nous. Je désirais avant de devenir un vampire qu’il accepte de coucher avec moi. C’était insensée, mais je le désirais tellement que je n’arrivais plus à effacer cette idée de mon esprit. Je voulais, avant d'être obsédée uniquement par le sang, ressentir ce sentiment ardent, cette passion de deux êtres. Edward + Jacob, mes sentiments étaient alors chamboulés. Je ne supportais pas qu’il puisse arriver quelque chose à Jacob et quand nous prîmes conscience qu'une armée de nouveau né, dirigé par Victoria s'approchait de Forks afin de se débarrasser de la petite humaine que j'étais les choses se compliquèrent. Je suppliais Jacob le voulais près de moi, n'affrontant pas le danger, je voulais qu’Edward reste près de moi également craignant qu’il ne soit blessé. Finalement, je me montrais égoïste et je l’assumais amplement, tant que les personnes que j’aimais restaient près de moi, je pouvais survivre à cette idée. La peur m’envahissant, j’embrassais Jacob pour qu'un drame soit évité, mais il n’écoutait rien et il fut blessé là-bas, où les Cullen et la meute de Sam affrontaient des vampires. Sous mes yeux Edward tuait la menaçante Victoria et je finissais par faire un choix. Toute une nuit, dans les bras d'Edward je pleurais mon meilleur ami à qui je venais de détruire, parce que je ne le choisissais pas, parce que je décidais de devenir Isabella Cullen.

Par ma faute, Jacob était parti se battre, se jeter là où il y avait du danger, par ma faute. Je ne pouvais plus supporter cela, mon mariage aurait donc lieu, même si Edward voyait en moi un sacrifice quelconque. S'en était pas un, toute ma vie je m'étais senti différente, pas à ma place... Sauf quand il y avait Edward, alors que tout le contraire aurait du se produire, j'avais fais mon choix... J’espérais seulement qu’une trêve entre les Cullen et les Quileutes puissent avoir lieu, un jour…

Mais avant cela, je devais devenir Madame Cullen et cette épreuve me donnait du fils à retordre. Parce que j'étais ridiculement assortie avec Edward, qu'il éblouirait l'assistance, alors que je serais qu'une pale copie à ses côtés. J'imaginais le pire, Alice montrant le pire de son caractère, voulant tout organiser à la seconde près, tel un chef d'orchestre. Avec du recul, dieu qu'elle avait eu raison de faire cela... La cérémonie était parfaite, Edward éblouissant, mon père à mon bras m'emmenant fièrement à l'autel alors que des gens que je ne connaissais pas étaient présents. Je comprenais enfin ce que signifiais tout cela, et je ne pouvais fermer les yeux sur ce que je voyais. J'étais tellement émue, Edward était mien, par un sacrement, la belle affaire ! Un évènement venait à gâcher la magnificence de la journée. Alors que je me regardais dans le reflet de la baie vitrée, ne me reconnaissant pas sous les traits de cette jeune mariée, Edward me rappelant combien j'étais jolie, m'éblouissais comme toujours. Jacob était là, un petit coucou, comme pour rendre cette journée parfaite. Il n'appréciait pas l'idée de ma nuit de noce, une dispute éclatait mais j'avais décidée en cette journée particulière de ne pas me miner pour cela, parce que le reste avait plus d'importance que tout le reste, parce qu'Edward avait de l'importance... Je partais donc pour une destination inconnue...


Cependant, je n'arrivais jamais à destination... Seule... J'arrivais dans un monde que je ne connaissais pas loin des miens. Je soupirais seule dans mon lit, cela faisait déjà quatre ans que j'étais là, assez pour fêter mon vingt-deuxième anniversaire et constater une chose. Je n'étais toujours pas un vampire, mariée et loin d'Edward et sa famille. Je les recherchais activement, essayant de vivre une vie "normale", bien difficile au vu des circonstances. Je n'avais pas le choix de toute manière... Je devais avancer, coute que coute...