D’anciennes connaissances - mary

Mary n’avait pas pour réputation d’être très agréable, ni même gentille. Elle donnait l’impression de se détacher des gens et avec elle, on avait souvent l’impression de ne pas être aimé. Finalement, ce n’était qu’un masque. Mary renvoyait cette image volontairement, se perdant elle-même parfois sur qui elle était vraiment. Certes, elle n’était pas aussi bonne que Sybil, elle n’avait pas un aussi bon cœur et n’était pas aussi altruiste qu’elle. Cependant, elle aimait les gens, elle aimait les aider et n’aimait pas voir le malheur autour d’elle. Souvent, elle s’attachait aux autres, sans réellement le montrer. Anna était l’une des seules personnes de son monde ayant réussi à percer la véritable personnalité de Mary. Elle était l’une des seules personnes pour qui Mary se battait, l’une des seules personnes à qui elle tenait sans s’en cacher. Dans ce monde, elle faisait partie des personnes qu’elle souhaitait revoir. À ses yeux, Anna était bien plus importante qu’Edith par exemple. La retrouver ici était donc, un véritable bonheur. Un bonheur qu’elle ne chercha pas à cacher. Un bonheur qui la poussa à prendre Anna dans ses bras.

Anna était donc là, juste devant elle. Elle travaillait certainement ici, sa tenue la trahissant légèrement. Après avoir confirmé qu’elle était bien Anna, “sa” Anna, cette dernière repris, de nouveau, Mary dans les bras, qui lui rendit cette étreinte en la serrant également contre elle à nouveau. Après s’être détachée, Anna lui avait demandé comment elle allait, si elle était seule ou si elle avait retrouvé sa famille. « George est arrivé en même temps que moi dans ce monde. Et il y a peu, j’ai retrouvé… » Elle s’arrêta soudainement, se rendant compte de ce qu’elle s’apprêtait à dire. « Je pense que vous devriez vous asseoir. » Dit-elle en lui désignant, de la main, le tabouret qui se trouvait à côté d’elle, se fichant bien de savoir si les employeurs d’Anna l’autoriseraient à s’asseoir un instant pour discuter avec elle. « Sybil est ici elle aussi. Je ne sais pas comment cela est possible, mais elle est vivante. » La joie se lisait dans le regard de Mary. Sa petite sœur bien-aimée était de nouveau en vie, il y avait de quoi se réjouir. Mary lui laissait le temps d'assimiler la nouvelle avant de lui retourner la question.

Retrouver Anna était un immense bonheur. Autrefois, il ne se passait pas un jour sans que Anna soit à ses côtés. Même si elles n’étaient pas du même milieu, même si elle était son employeur, Mary avait toujours vu une amie en Anna. Elle avait toujours été sa plus fidèle confidente, sa plus fidèle conseillère. Anna avait une place importante dans sa vie et à ses yeux, elle avait toujours été plus qu’une domestique. Sans elle, Mary se serait perdu bien des fois. Sans elle, elle se serait souvent laissé consumer par le chagrin. Alors la retrouver était un véritable bonheur.

Bien évidemment, Anna se questionnait sur le reste de la famille. Elle se demandait si les parents de Mary étaient présents, tout comme elle s'interrogeait sur la présence d’Edith et des enfants. Malheureusement, Mary n’avait retrouvé aucun d'entre eux, en dehors de son fils, qui était arrivé en même temps qu’elle, pour son plus grand bonheur. Vivre loin de lui aurait été une douleur bien trop difficile à surmonter. Si Mary avait informé Anna de la présence du petit garçon, elle lui demanda de s’asseoir avant de lui dire quelle autre personne elle avait retrouvé. Sybil. Sybil était en vie dans ce monde. Elle ignorait comment elle avait pu revenir à la vie, mais ce miracle s’était produit et s’était tout ce qui importait à ses yeux. Dans un premier temps, Anna était restée silencieuse, mais le bonheur, la joie, mêlée à une pointe d’incompréhension se lisait dans son regard. Puis elle avait fini par prendre la parole, exprimant sans retenue sa joie et son empathie, puisque ses mains vinrent attraper celles de Mary. « Oui ! Oui, je l’ai revu. » Répondit-elle simplement avec cet émerveillement dans les yeux. Un émerveillement qu’elle ne montrait que rarement devant les autres, mais devant Anna, elle se le permettait. « Elle se porte à merveille. » C’est ce qu’elle prétendait en tout cas. L’absence de Tom et le fait de ne jamais avoir pu connaître sa fille devaient être douloureux pour elle, mais Sybil se montrait toujours si forte, il était parfois difficile de voir quand quelque chose n’allait pas, même si Mary le devinait facilement.

Le sourire de Mary s’était éteint lorsque Anna avait prononcé quelques douloureux mots. Depuis son arrivée, Mary pensait à Matthew, elle avait bêtement espéré le retrouver. Mais ce besoin avait pris de l’ampleur, il était devenu possible dès l’instant où elle avait vu les traits de sa sœur se dessiner quelques semaines plus tôt. Si Sybil était en vie, Matthew pouvait l’être lui aussi. Seulement, l’absence était encore plus douloureuse maintenant qu’elle savait qu’il était peut-être là et qu’un jour peut-être, elle allait pouvoir le retrouver. « Non… » Lâcha-t-elle doucement, son regard triste se tournant pour éviter le regard d’Anna. « Non, je ne l’ai pas revu. » Reprit-elle en s'efforçant de sourire, essayant de faire croire que cette absence ne la peinait pas. « Et vous ? Avez-vous retrouvé Bates ? » Mary espérait que ce soit le cas, elle espérait sincèrement que monsieur et madame Bates s’étaient retrouvés dans ce monde. Ils avaient vécu assez de malheur par le passé pour être séparés dans ce monde.