I need a bartender to talk with [Husk]

Le matin fut très dur à encaisser. Encore à demi en train de planer, mais par contre te mangeant de plein fouet une terrible gueule de bois. Pas encore tout à fait remis des évènements de la veille tu titubes difficilement jusqu'à l'évier. Ton reflet blafard t'effrayerait presque. Tu te laisses glisser jusque sur le sol en poussant un très long soupir. Resserrant tes jambes nues contre ton torse. T'aurais aimé que Barty ne soit pas déjà parti vendre sa merde à l'hôtel, il t'aurait collé une bonne baigne, te remettant les idées en place. Les gens ne comprenaient pas ce que cette relation basée surtout sur le sexe et la violence pouvait t'apporter, et pourtant elle t'apportait beaucoup. Un expiatoire, te sortir de ta zone amorphe de dépression, et surtout répondait à tes besoins liés aux addictions. Sans le savoir, et juste en étant lui-même Barty t'apportait en fait beaucoup. Mais quelque chose avait créé une plaie béante dans ton coeur, depuis les quatre ans que tu te te trouvais ici, tu n'avais revu aucune de ces personnes à qui tu t'étais attaché, et pouvait appeler amis. Et cette plaie grandissait à mesure que le temps passait. Tu te servis un verre de vodka fraise en soupirant, avant de tomber le slip et de plonger dans un bain bien chaud, verre à la main.

Tu ne sortis de la flotte que lorsqu'elle fut complètement froide et ton verre si désespérément vide. En sortant, tu dut te retenir à l'évier pour ne pas glisser en criant toute une bordée d'insultes. T'avais encore foutu le bordel, mais t'étais pas en état de le nettoyer pour l'instant. Ton téléphone sonne, ravivant ta migraine. "- Brokenwings photo's, je vous écoute. Yep, lui même. Quoi c'est déjà cette aprem ?! Ok, j'y serrai." tu raccroches d'un geste rageux, en soupirant. Tu n'avais qu'une envie celle de te recoucher. Et de te défoncer, jusqu'à en perdre connaissance. Mais il fallait bien que tu payes la chambre. Le réceptionniste s'était montré suffisamment clair lundi, ton numéro de charme n'y aura rien changé. Tu n'étais plus aujourd'hui celui que tu avais été. La pilule était plus que dure à avaler. Tu t'étais mordu l'intérieur de la joue. Ayant shooting, tu ne pouvais pas blesser ton corps, c'était pourtant pas l'envie qui te manquait.  

Tu pris de longues inspirations tout en comptant et en t'entraînant à sourire devant le miroir. Pour te calmer. Après cela tu vas t'appliquer sur ton maquillage, recouvrant notamment le bleu sous ton oeil gauche. Enfilas à la hâte un jeans bleu clair délavé, et plein de trous laissant voir ta peau claire, un pull rose clair, recouvrant une chemise blanche ouverte. Tu agrémenta ton look de quelques bijoux et chaînettes. Sans oublier ce merveilleux chapeau trilby blanc-crème portant un ruban rose et blanc. Manifestement content du résultat tu commenças à te tortiller dans une danse sexy devant le miroir. Pour le shooting, ils te firent mettre des vêtements hétéro-normatifs. Beurk, ça te donnais la gerbe. Et tu dus poser de façon attirante avec une femelle. Tu détestais cela. Mais c'était ton travail, tu devais te plier à leurs exigences. Cependant tu étais sûr de pouvoir être bien plus sassy que la random bonnasse avec toi.

Encore une excellente journée .. Ha non en fait ! L'odeur de son parfum te colle à la peau, ça te répugne. A peine passé la porte de l'hôtel, sobre comme rarement, tu te rues au bar, demandant un verre. Irrité, presque te sentant mal de ne rien avoir comme produit stupéfiant dans les veines. Lorsque le serveur t'apporta ton verre ainsi que le ticket qui allait avec, tu l'attiras à toi et murmura à son oreille. "- Moyen de payer en nature mon joli ?" ses mains tremblèrent, il te repoussa violemment, avant de jeter le plateau devant toi et de partir en courant. Jouant avec le glaçon dans ton verre de vodka, tu sentis un regard te poignarder. "-Quoi, tu veux ma photo tête d'endive ?" t'adressant à l'homme au bouc qui te dévisageais.

D'un regard premièrement dubitatif tu regardes l'inconnu prendre place sur le tabouret à côté du tiens, avant de rapidement détourner le regard. De quel droit ? Tu ne l' y avais pas invité. Tu croisas les bras, comme un gamin capricieux à qui l'on refusait une glace. Mais alors que tu t'apprêtais à protester, la bouche déjà ouverte, l'homme te parla en premier, alors tu refermas ton petit clapet arrogant. Tu lui lanças un nouveau regard, et vis rapidement la pile de cvs. "-Aussi pourrie que la tienne apparemment" tu lui balances sur le ton de la moquerie, te croyant soudain très malin. Tu le regarda s'éloigner pour probablement déposer un cv. C'est qu'il avait un beau petit cul en fait. Te délectant de la vue, même pas discrètement, tu dus relever les yeux lorsqu'il s'arrêta à ta hauteur et tira un tabouret pour s'y asseoir. Tu posa tes prunelles foncées dans les siennes. Tu remarquas alors que jusque là tu l'avais regardé mais sans vraiment le voir. La chaleur monta en toi, il était tout à fait ton genre en fait. Mais ce constat t'effrayait, plus qu'il ne te réjouissait. La dernière fois, ça ne t'avait apporté que des emmerdes, et en prime des addictions bien ancrées, addictions dont tu étais encore dépendant à ce jour, alors même que tu étais revenu à la vie.

« Ok, maintenant comme tu veux. Si t’as besoin de parler, t’as jusqu’à ce que la bouteille soit vide. » te dit-il en se saisissant de la bouteille et en commençant à boire à grande gorgée. Tu bus rapidement une gorgée de ton verre, nerveux. Te retenant très fort de ne pas te jeter à son cou. Il était si beau. Ho, ho, Monsieur semblait grognon. L'alcool était un des plus mauvais amis qui soit. Enfin c'est vrai que t'y connaissais pas grand chose en amitié, tes seuls amis tu les avais abandonné en Enfer. Rien que pour ça il est bien probable qu'encore une fois tu retourne en Enfer lorsque tu mourra une seconde fois. Le beaugosse t'avait proposé une oreille attentive, tu étais mitigé entre l'envoyer bouler, ou lui sauter dessus et l'embrasser fougueusement.. Cependant c'est le moment que choisit un doux souvenir pour te revenir en mémoire. Autrefois, ça t'avait aidé de parler. C'était un inconnu de toute façon on s'en foutait, il irait raconter ça à personne. Après un temps qui te parut une éternité tu soupiras finalement et lui dis "-J'ai juste eu une longue journée pourrie au boulot. Et ce soir ça recommence." Tu secoua ton verre, le glaçon dedans cliqueta "-Et mon joli, perds pas la main, je suis à sec"  tu dis en lançant un regard amusé au serveur de tout à l'heure. Cependant tu reposes bien vite ton regard sur l'objet de ton désir. Tu sentais le feu puissant te brûler de l'intérieur. Tu pris de grandes inspirations. Essayant de te calmer. Mais là il te faudrait surement une bonne douche froide. Il faudrait aussi que tu te gardes du temps pour te changer avant de rempiler au LUX pour ce soir. Cette capacité à t'autocontrôler te venait du fait que pour une fois tu te trouvais être presque sobre, à tous les niveaux.

Le serveur vint amener ton verre de vodka framboise en tremblotant comme une feuille morte. Ca t'amusait beaucoup trop. Une fois qu'il eut posé ton verre, tu lui collas une claque sur la fesse droite. Et lui donnas un pourboire plus que généreux. "-Je t'offre autre-chose ? Quel est ton poison favori ?" tu lui dis d'une voix amusée.

Lorsque l'homme au bouc te demanda pourquoi tu ne changeais pas de job si il t'ennuyais autant, tu pris une vrai seconde pour y réfléchir. Avant d'éclater d'un rire assez faux. Même si tout au fond de toi tu te dis qu'il a raison. Cela dit ton job n'était en réalité pas si mal, quand on le met en perspective à celui que tu faisais avant. Et surtout c'était facile. C'était ce que tu avais toujours fait, monnayer ton corps. C'est juste que tu aimais beaucoup te plaindre et t'écouter parler toi-même, encore plus alors que tu avais un public attentif acheté. Cependant, tu ne sais pas pourquoi, quelque chose cloche. Il ne semble pas entrer dans le jeu. Sentant ton masque peu à peu se fissurer, tu te sentais soudain plus que mal à l'aise, fragile. Ce qui te troublais encore plus était qu'il semblait te voir derrière. Qui était-il ? Tu lui lanças un regard inquisiteur, mais cela ne dura que quelques secondes. Tu pris une autre gorgée de vodka pour noyer ton inconfort. « Vas pour un autre Whisky, un verre suffira probablement cette fois. » Te dit-il. C'est qu'il avait une bonne descente. Chouette de trouver quelqu'un qui consommait probablement autant que toi, si plus. Il pourrait peut-être devenir ton copain. Ton copain de boisson.

D'un bond agile tu t'étais levé, pour aller chercher son verre whisky. Tu espérais un peu qu'il te regarde marcher. Même si honnêtement tu avais peu d'espoirs. Il était aussi froid que la banquise. Ce qui contrastait  grandement avec le désir qui bouillonnait en toi. En repartant vers ton interlocuteur tu fis un clin d'oeil amusé et provocateur au serveur, en en faisant des tonnes. Comme à ton habitude. Tu vivais chaque instant pleinement. Car chacun d'entre eux pouvait être le dernier. Ta nouvelle non-immortalité était un sujet encore très tabou pour toi. Lorsque tu eus repris ta place initiale, un grand sourire sur le visage tu vis que monsieur ronchon souriait lui aussi, cynique. Wow ! Incroyable, il a des dents. Pour quelqu'un qui avait besoin de parler, tu ne parlais pas beaucoup en fait. Le bel inconnu  l'avait remarqué lui aussi, et t'encouragea à cracher le morceau. Maiiiis.. Tu ne te sentais pas encore suffisamment en confiance. Tu ne le connaissais pas encore. Alors tu te contentas de dire d'une voix neutre. "-C'est bien mieux que le job que j'occupais avant. Et ça paye vraiment bien." A cette simple pensée le souvenir de Valentino se glissa insidieusement dans ton esprit. Tu secouas la tête, pour le faire disparaître et affonna ton verre. Progressivement l'alcool commençait à faire de toi sa chose. Tu le sentais. Tes sens devenaient progressivement moins affûtés.

Tu te dis que tu aurais mieux fait d'acheter la bouteille directement. Ton verre était encore vide. Tu soupires et ton regard s'égare brièvement, sur les courbes des épaules de ton interlocuteur, avant que tu ne pose ton regard sur son visage à nouveau. Il était rare que quelqu'un t'attires vraiment. Avec ce que tu avais vécu, tu savais aujourd'hui parfaitement dissocier réaction physique et alchimie. Tu n'avais plus ressenti ça depuis, euh... Depuis celui dont tu ne veux plus prononcer le nom, car ça t'es devenu physiquement douloureux. En plus avec les effets de l'alcool, tu n'arrivais plus à très bien masquer l'intérêt que tu lui portes. Alors que le silence s'était installé entre vous, tu décidas de le rompre. "- Au fait, je peux connaître ton prénom ? Si je veux pouvoir boire une autre fois en ta compagnie."

Tu lui déposa son verre sur le comptoir. Verre dont il but la moitié d’une traite. Boh, l’argent ce n’était définitivement pas ce qui te manquais, s’il fallait en offrir d’autres, ça ne t’embêtais pas du tout. Et puis c’était l’occasion de prolonger artificiellement votre tête à tête. Profitant d’avoir son regard posé sur toi, ainsi que son attention, dont tu te délectes, tu penses tout de même à essayer de te focus sur son dialogue. Ce qu’il te dit te surpris. Au point qu’un instant ton masque tomba, arborant alors une expression  étonnée. C’est vrai que vous vous connaissiez peu, alors c’était normal. Il ne savait pas ce qui s’était passé dans ta vie, ou du moins c’est ce que tu ressentais. Il ne pouvait pas savoir pour l’enfer, pour ton contrat. Même si Valentino n’était pas ici,  du moins tu l’espérais très fortement, théoriquement tu étais toujours lié à lui par ce foutu contrat sur lequel tu avais écrit ton vrai prénom, idiot fini que tu étais. Alors ouais aucun des foutus jobs que tu pouvais occuper en tant qu’humain banal ne représentaient une quelconque contrainte pour toi. Cela dit avoir ce job facile, te procurait ce dont tu avais besoin pour être autonome, pour la première fois de ta longue et misérable vie.

L’homme qui n’avait toujours pas de nom avait toujours un très beau sourire cynique sur le visage. « Hum… Oui, au cas où tu n’aurais pas remarquer, j’ai un bon débit. » ajouta-t-il. Perdu dans les prunelles marron du bel inconnu, tu éclatas de rire. Si seulement il savait à quel point tu étais une putain d’épave, au fond de l’océan, coulée si profond que même la lumière du soleil ne l’éclaire plus. Accro à tellement de choses. Sauf aux phéromones de Val’, tu avais été sevré de force on va dire. Mais il n’y avait pas de petite victoire. Soudain, alors que tu demandais son prénom, et proposais de rester en contact sur le ton de la conversation simplement, l’attitude de l’étranger changea brusquement. Il te toisa un instant. Ouais, pas super doué pour te faire de nouveaux amis apparemment, enfin c’est pas comme si c’était nouveau de toute façon. Il posa son verre avant de tenter de t’expliquer qu’il n’est pas une bonne personne, que tu ne devrais pas boire avec lui. Encore une fois c’est à cause de cette stupide barrière de l’inconnu. Tu allais lui sortir une réplique cinglante, quelque peu blessé et décontenancé. C’est alors que tu vis ce si mince sourire de résignation éclairer son visage renfrogné et las. Il dit d’une voix neutre « Clarence ». Tu lui dis d’une voix enjôleuse. "-Ha, c’est bien mieux d’avoir un prénom à mettre sur ce joli visage. " Oups … Bah t’avais juste exprimé ce que tu ressentais depuis la minute où tu l’avais aperçu, même si c’était pas vraiment voulu "-Moi c’est An..thony " merde tu disais n’importe quoi ce soir…. A boire ! Tu avais besoin de boire. D’un pas empressé tu te dirigeas une nouvelle fois vers le bar. Tu y commandas une bouteille de vodka framboise cette fois. Payer au verre c’était compliqué, et surtout bien trop vite vide.

Le petit serveur n’était plus là. Il avait sûrement fini son service. Dommage, il t’avait bien divertis. Un peu déçu, tu te dirigeas vers Clarence, enfin lorsque tu l’eus rejoint tu arborais un sourire solaire. Tu bus deux verres de ta toute nouvelle bouteille. C’est que tu avais soif. Tu le regardais boire sa bouteille depuis tantôt, le gosier desséché. C’est alors que tu relevas la tête, tu reconnaissais cette musique. En solitaire tu commenças à danser avec ta bouteille comme partenaire. La musique et l’alcool t’enivraient. Tu tournais dans une valse avec toi même qui te parut être sans fin. Lorsque la musique changea, tu revins près de ton nouvel ami. Et tu engloutis un autre verre, tu avais chaud. C’était sa faute. Il avait pas qu’à être si beau, et juste assez grumpy et sombre. Parfaitement ton genre. Tu retiras ton t-shirt. C’était trop dur. Tu n’y arrivais plus. Il y avait ce je ne sais quoi chez lui, qui t’attirais comme un aimant. Tu ne comprenais plus rien. Tu le ressentis alors une nouvelle fois, le feu ardent du désir, te consumer complètement, te submerger même. Tu passas une main  tremblante dans tes cheveux blonds en bataille. Inconfortable. Tu te mordis la lèvre. Ton corps était désormais seul maître à bord. Tu vins t’asseoir sur le comptoir d’un bond agile, en face de ce regard sombre qui te faisait tourner la tête, avant de glisser sur ses genoux avec douceur. Si les choses n’étaient pas claires jusque maintenant, désormais elles l’étaient. Tu avais le rouge aux joues, ta température corporelle était brûlante, les yeux brillants.  

Comme d'habitude tu avais été bien incapable de museler tes pulsions. La puissante attirance physique que tu ressentais pour lui avait beau te rendre fou, la plupart des personnes équilibrées arrivaient à se maîtriser, ce n'était en revanche pas du tout ton cas. Le pire étant que tu ne t'en rendais même plus compte parfois. Ton ancien job t'avait complètement détraqué à ce niveau là. Tu appréciais beaucoup trop ça, tu ne pouvais plus t'en passer une seule journée. Et vraiment tu avais très très envie de mettre Clarence dans ton lit. La danse n'était en fait qu'une diversion, pour attirer son regard sur toi, et le forcer à baisser sa garde.  Lorsque tu vis un éclair traverser ses prunelles foncées à demi fermées, et le mouvement de recul léger qu'il esquissa pour créer de la distance entre vous alors que tu grimpais sur le comptoir, ça ne freina pas le moins du monde tes ardeurs. Seulement quelques minutes plus tard, tu avais presque sauté sur ses genoux. Ce qui te permis pendant quelques secondes, de sentir son parfum, et la chaleur de sa peau sous son pantalon. Cependant tu n'eus pas vraiment le temps d'en profiter, puisqu'il t'eu jeté à terre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Clarence s'était reculé si brusquement que sa chaise était tombée. Il semblait hors de lui, et te dit que tu ne devais pas faire ça. Au sol tu avais serré tes jambes contre ton torse, moyen d'aussi cacher ton excitation. C'est ce qui arrivait quand on arrivait pas à se tenir. Le monde n'était hélas pas un film porno. Tu avais mal au coccyx, sans doute à cause de la chute brutale que tu venais de faire. Tu avais soupiré. 

T'avais encore bien réussi à tout niquer. Ca se passait pas trop mal en plus pour une fois...Ton regard passe d'un Clarence bien énervé à ta bouteille de vodka restée sur le comptoir. Bien que tu sois plutôt grand, là tout de suite tu avais envie d'avoir la taille d'une araignée dans la vraie vie. Pour pouvoir disparaître. En plus tu commençais vraiment à avoir mal en bas. Tu coulas un autre regard désespéré vers ta bouteille d'alcool, elle te paraissait si désespérément loin. Ton interlocuteur commença à te faire la morale. Il vibrait de colère. Super ! Et un nouvel ennemi de plus, un ! En cet instant tu étais fâché contre toi-même. Surtout qu'il était plutôt rare de trouver quelqu'un qui semblait avoir un passif lourd comme le tiens, vous auriez pu devenir amis. Et bah non.. il avait encore fallu que tu penses avec ton concombre ! tes pensées, bien qu'embrumées circulent toujours.

Une fois son pétage-de-plombs et sa leçon de morale finis, le brun sembla reprendre un peu contenance, il reprit cette expression lasse et but abondamment. Il semblait perdu dans une réflexion intense. Il s'était éloigné,  ne te regardait plus, et semblait chercher quoi faire. Tu t'étais relevé avec lenteur, avait brossé ton jeans slim couvert de poussière, t'étais frotté le bas du dos. C'était toujours douloureux. Tu avais gagné quelques égratignures. Tu t'étais servi un autre verre. Finalement Clarence te dit « Tu ferais mieux d’arrêter de t’égarer sur ce genre de voie avant de finir par t’y perdre définitivement. » sans pour autant être capable de te lancer un regard. De quelle voie il parlait ?  Celle de sauter sur tout ce qui bouge sans regrets ? Celle de devoir planer constamment pour te sentir à peu près bien ? Beaucoup de choses t'empoisonnaient l'existence c'était un fait. Tu avais les bras croisés sur ton torse, les poings et dents serrés. Tu n'étais pas assez saoul encore, pour que tout cela ne disparaisse. Tu te saisit de ta bouteille, et y but deux nouvelles rasades. Tu avais sérieusement besoin d'aide. Tu ne voulais pas qu'il parte. Alors tu dis simplement. "-Je suis désolé.." ça n'avait littéralement aucun rapport avec ce qu'il venait de dire, et c'était sorti comme par réflexe. Mais ces trois simples mots te brûlèrent la bouche. Tu avais les yeux luisants de larmes. Ce qu'il restait de ton masque et de ton égo se trouvait en miettes à tes pieds. 

Etrangement, cette excuse assez pathétique, qui tu en avais l'impression avait réduit ton espérance de vie, eut au moins le mérite de le pousser à rebrousser chemin. Borné, tu détestais vraiment par-dessus tout devoir t'excuser. C'était à la fois une question d'orgueil mal placé, mais aussi un mécanisme de protection bien ancré. S'excuser c'était un peu reconnaître que tu avais tort, et si tu avais tort, tu n'étais plus rien qu'une petite pute accro ? Tu t'attendais presque à ce qu'il te frappe, trop matrixé par ton ex. Tu fermas un oeil, comme anticipant. Cependant, passé la surprise tu pus lire dans son regard qu'il était de mauvaise humeur mais pas agressif. Le chaton ronchon était de retour, miaaaw ~ Finalement le brun vint se rasseoir non loin de toi, montrant enfin certains signes très faibles d'apaisement. Enfin du moins tu le pensais ? C'était assez dur à dire en fait, car il était assez peu expressif. Bah qui s'en fiche de toute façon ?! Tant qu'il arrêtait de t'engueuler et de te prendre la tête ça te convenait parfaitement. Tu bus une autre gorgée de vodka, et allas chercher en boitant ton t-shirt que tu avais abandonné un peu plus loin et le remis. Il semblait que le beau plan que tu t'imaginais, gros délu que tu étais, était tombé à l'eau alors....

Une fois que tu l'eus rejoint il dit d'une voix neutre « Tu ne devrais pas te mettre dans cet état là. Je t’avais dit qu’il valait mieux que tu ne cherche pas à te lier à moi…Tu t’es pas fait mal au moins ? » Oui, maman.... Il était un peu chiant quand il s'y mettait. Il était marrant de te demander si tu t'étais pas fait mal, alors que ta chute c'est bien à lui que tu la devais, il était hilarant même.... Et bien sûr que tu avais mal, mais comme toujours tu ne lui en dirais rien. Ni à lui, ni à personne. Enfin sauf peut-être à Barty qui exigerait surement de savoir si le fait de boiter tu ne le tenais pas d'avoir trop coucher ailleurs toute la nuit. Tu bus encore. Juste encore un peu, tu le sentais et tu atteindrais le seuil où la réalité se mélange avec le rêve. Il était temps, car avec l'abus d'alcool a jeun, tu sentais une terrible migraine cuire entre tes tempes. Et tu dis d'une voix un tout petit peu plus aigue en soupirant, signe caractéristique de quand tu mentais effrontément. "-Pffff ça ? Hahaha. Ce corps est incroyablement performant." dis-tu en insistant sur le mot performant en passant une de tes mains sur ta hanche, et en essayant de prendre une pose attirante. C'était peu dire que tu ne perdais jamais le nord.

Encore une fois, Clarence vint briser tes belles illusions. Fuck ! Ca ne marchait plus! Tu étais tout cassé apparemment. Ca t'énervais. Venait-il de te dire que tu devais respecter les limites des autres ?  Putain il était sérieux là ?! Tu l'avais bien entendu ? Où tu l'avais rêvé ? C'est que tu ne savais plus trop...Tu lui lances un regard sombre. Et tu te manges un flot de souvenirs incontrôlables, souvenirs de tes seuls amis, qui ne sont plus là. Mais aussi de Valentino. C'était comme te planter un poignard dans le coeur et l'y remuer. Soudain tu te sentis vraiment pas bien. Tu étais parcouru de frissons et étais pris de haut-le-cœur. Tu disparu rapidement, sans t'excuser, pour aller vider le contenu de ton estomac dans un endroit approprié. Attribuant bien sûr ce trouble passager à ta surconsommation d'alcool. Tu pris le temps de te rincer la bouche et le visage. Tu regardas ton téléphone, l'écran s'était un peu fissuré dans ta chute. Quoi il était déjà 22h ? Tu avais 7 appels en absence. Même si c'était plus que tentant, tu ne pouvais pas t'enfuir de la sorte. Tu revint finalement voir ton compagnon de beuverie. "-J'ai vraiment trop bu et .. j'ai réussi à casser mon tel" dis-tu pour essayer de noyer le poisson de ta disparition si soudaine. Te montrer vulnérable ? Plutôt crever une deuxième fois.

Alors que tu l'avais rejoint en boitillant toujours, tu vis bien dans son regard qu'il s'inquiétait. Si ton réflexe premier était de te demander de quoi il se mêlait, une réminiscence te prit soudain au coeur, alors qu'une nouvelle salve de souvenirs se déversait dans ton esprit. Esprit bien trop noyé d'alcool, pour que ça ne provoque une réelle réaction de ta part. Une seule larme roula sur ta joue, sans même que tu ne t'en rendes compte. L'alcool te rendait toujours trop sensible...C'était tellement plus facile de sortir ce fake bullshit dont tu aimais t'habiller quotidiennement. Pour une raison que tu ignorais, ça ne semblait plus marcher sur lui. Si tu avais été sobre tu te serrais vraiment demandé qui il était, mais tu étais à des lieues d'être en état de te poser ce genre de question. La douleur que tu ressentais toujours commençait à s'étendre, alors tu t'assis rapidement. Faudrait que t'ailles voir un médecin, fuck. Ce n'était pas pour l'argent que ça te couterait que ça t'énervait. Il te mettrait surement en arrêt, avec des antalgiques qui n'agiraient pas de toute façon. Et surtout tu devrais en parler à ton colloc. C'était la partie de l'histoire que tu redoutais le plus en fait. Parce que bon tu devrais lui expliquer comment était survenue cette chute. Il ne serrait probablement pas très content. Peut-être qu'un petit mensonge passerait, ou pas ? Comme toujours, tu survivras. Tu avais bien traversé l'enfer et survécu.

Alors qu'il sortait son téléphone en te disant que tu pouvais l'utiliser si besoin, tu remarquas qu'il évitait soigneusement de te regarder. C'était gentil et mignon de sa part. Et soit dit en passant la moindre des choses puis que c'était sa faute si ton téléphone était cassé. Mais bon tu savais qu'en seulement une soirée de travail, tu aurais amassé de quoi t'en payer un nouveau. Cependant monsieur Morningstar commençait à manifestement s'énerver, et énerver les gens de la haute n'était jamais une bonne une idée. Tu dis d'une voix aguicheuse. "-Je te l'emprunte alors chaton, je reviens, j'espère pas trop te manquer" dis-tu en lui faisant un clin d'oeil joueur. Tu pris son téléphone d'une main habile et t'éloignas de quelques mètres. "-Ouais, salut Mazikeen, le boss est dans le coin ? Ouais je sais.. Passes le moi stp....Maze... Bonsoir monsieur Morningstar. Je m'excuse de mon absence ce soir. Je suis tombé dans la cage d'escaliers. J'ai vraiment mal, je ne pourrai pas danser ce soir. J'irai voir mon médecin demain matin. Je vous recontacte. Encore désolé." Tu raccrochas et en profitas pour mettre ton numéro dans les contacts hmm relativement vides de ce cher Clarence. Il aurait au moins ami sur l'île avec qui boire, ce qui au vu de sa descente devait être un must have. Pas sûr par contre que tu pourrais te retenir de lui sauter dessus. Tu ne te rendis même pas compte que tu avais écrit Angel à la place d'Anthony dans le nom du contact.  

Tu le rejoint pour constater qu'il s'était apparemment approprié ta bouteille de vodka. Le petit coquinou. Bah c'est pas comme s'il devait en rester beaucoup de toute façon. Tu regardas avec un sourire amusé son regard passer de ta bouteille à toi. « Tu as probablement assez bu si tu dois continuer à bosser… à moins que tu ne souhaite te faire porter pâle et boire pour oublier. » Qu'il eut le culot de te sortir. Les mains sur les hanches, tu lui jetas un regard enamouré et amusé, encore une fois. Ca lui allait bien de s'inquiéter. Tu te mordis la lèvre. Te répétant de ne rien faire. Votre amitié naissante n'y survivrait pas tu le savais. Finalement tu hausses les épaules, allumes le joint trouvé dans la poche arrière de ton jeans. Et dis d'une voix neutre "-C'est ce que j'ai fait." tu lui fis un sourire charmeur, en posant un doigt sur son torse et en remettant son téléphone dans sa poche de veste "-Mais toi, chaton, tu me dois une tournée pour compenser ce trou dans mon portefeuille" son ton s'était fait plus enjôleur, et même un peu pervers.

Il était tard.. Tu n'en pouvais plus. La douleur, l'alcool, la drogue. Ton attitude exécrable. Comme d'habitude tu étais allé beaucoup trop dans les excès. Ce nouveau corps était vraiment à chier... Ou c'est plutôt qu'en enfer, étant déjà mort une fois tu ne risquais plus vraiment grand chose, à part une torture infinie. Aujourd'hui que tu étais humain à nouveau, tu étais plus mortel que jamais. Tu décidas que c'en était assez. Même Clarence ne semblait plus spécialement bien. Il était peut-être temps de prendre congé. "-Bon, je pense que je vais aller dormir. Merci pour le verre. Tu penseras à m'appeler hein ?" enfin si tu veux .. le reste ne voulut pas sortir, alors tu le pensas très fort. Tu n'étais pas du tout sûr qu'avec le show que tu lui avais fait, il en aurait envie. En même temps c'était compréhensible. Il fallait vraiment que tu disparaisses, la haine de toi-même commençait à monter, et ça finissait toujours mal quand tu la laissait te submerger. Tu lui fis signe, souriant, avant de tourner les talons et de te diriger vers l'ascenseur direction ta chambre. Ou tu allais prendre une douche froide pour te calmer.