Il était une fois...
Du plus loin qu'il se souvienne, l'enfance de Din Djarin est marquée par l'assaut de son village par les droïdes de combat de la confédération des système indépendants. Ses parents exécutés après avoir eu à peine le temps de le cacher dans un abri de fortune, l'enfant fut sauvé in extremis par un Mandalorien. Elevé parmi les combattants, et ce dans le respect de la Voie de Mandalore, l'existence de Din Djarin s'efface pour laisser place à Mando.
C'est sous cet alias que l'homme se fit un nom, une réputation de chasseur de prime impitoyable, efficace et dont les services extrêmement couteux étaient à la hauteur de la crainte qu'inspirait son armure de Mandalorien. Il officiait depuis la planète Nevarro où des Mandalorien refugiés se terraient dans les égouts d'une part, tandis que de l'autre il avait rejoint la Guilde des chasseurs de prime dirigée par Greef Karga. Toutefois, derrière cet apparent bloque de glace uniquement obnubilé par l'argent des contrats qu'il honore se cachait toujours l'ombre de Din Djarin. Et c'est avec la reconnaissance de cet enfant sauvé par les siens, qu'il leur remettait l'argent de ses primes dans l'espoir à son tour de venir en aide aux orphelins.
Puis il accepta un contrat. Un contrat bien étrange d'un commanditaire anonyme qui le mena tout droit vers des ex-impériaux. Peu enclin à l'idée de traiter avec eux, Mando honora tout de même sa tâche. Il traqua et récupéra la cible désigné : un enfant. Rien ne stipulait qu'il était sur les traces d'un enfant, l'âge de sa proie estimé à 50 ans... Hélas le Mandalorien découvrit bien vite que toutes les espèces ne vieillissaient pas à la même vitesse...
Il refusa de l'exécuter et détruisit le droïde IG-11 avec lequel il avait été contraint de faire équipe pour l'empêcher de tuer l'enfant. Alors qu'il faisait tant bien que mal route avec lui afin de le ramener et d'encaisser sa prime, Mando découvrit que ce petit être possédait le pouvoir de manipuler les objets, ainsi que les êtres, par la pensée... et pas de n'importe quelle manière. Lors d'un combat acharné contre un mudhorn, l'enfant le sauva d'une charge fatale de l'énorme bête en la faisant léviter dans les airs juste – comme ça, en levant ses petites mains. A ce moment là, Mando n'avait aucune conscience de la Force, aussi pensa t-il que ce pouvoir était lié à sa race.
Il fut incapable de le laisser aux mains des impériaux. Contre tous les codes de la guilde des chasseurs de primes, Mando se retourna contre son commanditaire, il détruisit la planque des impériaux et sauva l'enfant qu'il venait de leur remettre. Le sauver oui. Mais de quel sort funeste ? Il ne le savait pas exactement et n'eut pas le temps de se poser davantage de questions. Une fois la guilde trahie, le chasseur de primes devint la proie de tous les autres chasseurs. Il ne quitta Nevarro qui grâce à l'intervention des siens. Alors qu'il fuyait, les Mandaloriens de Nevarro retinrent les chasseurs pour lui laisser le champ libre.
Pourtant, Mando fut obligé de se rendre à l'évidence : peu importe où il mettait le cap, un chasseur de prime les trouvait l'enfant et lui. Ils n'étaient pas seulement des proies en fuite. Ils étaient activement recherchés jusqu'aux confins de la galaxie, et il ne seraient en paix qu'une fois le commanditaire de leur capture mort. A l'aide de Greef Karga et d'autres alliés plus inattendus, Mando confronta non pas son ancien client, mais le supérieur de celui-ci : Moff Gideon, un impérial qui connaissait son passé ainsi que son véritable nom. Un homme bien plus dangereux que tout ce qu'il avait pu imaginer.
Au cours de l'affrontement, Mando apprit par la dernière mandalorienne en vie de sa tribu que les pouvoirs de l'enfant n'étaient pas liés à sa race mais à son affiliation aux Jedi et que c'est à ces derniers que le chasseur devait le délivrer afin qu'il soit en sécurité auprès des siens. Humblement, et avec l'honneur des guerriers de mandalore, Din Djarin reçu le blason de son clan. De
leur clan de deux à lui et à l'enfant.
Remettre l'enfant aux siens...
Plus qu'un voyage, ce fut une nouvelle quête qui commença pour le clan nouvellement formé. Mando se mit alors à la recherche d'autres mandaloriens afin qu'ils le guident vers les Jedi. Il fit la connaissance de Bo-Katan, une mandalorienne forte et ambitieuse, décidée à reformer Mandalore. Cela dit, Mando ne put la rejoindre dans sa quête et quand bien même elle le déplora, elle lui indiqua où trouver la Jedi Ahsoka Tano : dans la ville de Calodan sur Corvus.
La retrouver ne fut pas difficile pour le chasseur. Grâce à elle, il apprit le nom de l'enfant : Grogu. Par une forme de télépathie à laquelle il ne comprenait pas grand chose, Ahsoka parvenait à converser avec l'enfant alors que lui ne l'avait jamais compris qu'à travers ses attitudes. Inutile de dire qu'il ne fut qu'à moitié surpris que cette petite tête de mule tienne tête à la Jedi et refuse de lui obéir. Ce qui l'étonna davantage, c'est qu'il l'écoutait. Lui. Uniquement lui.
Grogu déploya ses dons... en vain. Ahsoka refusa de le prendre pour élève, l'attachement qu'il vouait à Mando manifestement proscrit par le code Jedi. Soit. Une fois n'est pas coutume, le père par procuration et l'orphelin, firent route vers un ancien temple Jedi d'où l'enfant pourrait – à travers la Force – appeler à lui un nouveau maître. Mais alors que Grogu entrait en transe, le croiseur Impérial de Moff Gideon apparut, porteur d'une menace que ni Djarin, ni ses alliés ne pouvait affronter.
Malgré l'aide de Bobba Fett et de la tireuse d'élite Fennec Shand, le vaisseau de Mando fut réduit en miettes par un tir orbital du croiseur impérial et l'enfant capturé par des dark troopers – des droïdes de combat aussi impitoyables que leur armures sont impénétrables.
DE NOS JOURS...Honnêtement si c'est un sale tour de la Force, Mando aimerait bien savoir où elle en veut en venir exactement. Ce n'est pas comme s'il était sensible à ce phénomène ou quoi que ce soit. Pourtant... il est là, à cavaler dans la forêt à la suite de cette silhouette encapuchonnée. La même que celle qui l'a sauvé, non... qui les a tous sauvé des dark troopers à bord croiseur de Moff Gideon, il y a bien longtemps maintenant.
Luke Skywalker.
Le mandalorien cligne des yeux plus fort à travers son casque, comme pour faire disparaître l'hallucination des fois que c'en soit une. Parce que tout ça n'a aucun sens. Il n'a jamais revu Luke depuis que le maître Jedi s'est exilé sans donner de nouvelles à personne. Que ce soit de lui, ou de Grogu qu'il avait pris comme élève. Rien. Aucun putain de contact ! Et ça... ça le chasseur de prime l'a en travers de la gorge. Luke n'avait – il n'avait même pas pris la peine de lui dire si l'enfant avait survécu ou non à la destruction du Temple Jedi.
Connard.Il lui en veut autant qu'il est avide de le revoir. Au delà du maître Jedi uniquement venu pour récupérer l'enfant qu'il avait connu il y a bien longtemps, Luke s'était par la suite montré sous un jour bienveillant, curieux – sans doute trop mais de cette curiosité qui faisait sourire Mando quand bien même le Jedi ne pouvait pas le voir sous son casque. Peu à peu, année après année, tous deux avaient tissé un lien. Un lien que le chasseur ne voulait pas nommer et qu'il n'avait d'ailleurs jamais assumé. Peut-être est-ce à cause de ça aussi qu'il lui en veut tant pour sa disparition.
Et accessoirement qu'il lui court après là tout de suite.
Le Mandalorien tourne immédiatement la tête vers le son qu'il vient d'entendre. Comme des pas furtifs à quelques mètres seulement. Elle est là la silhouette encapuchonnée, elle tient l'enfant dans ses bras. Le cœur de Mando rate un battement une longue et précieuse seconde qu'il n'a pourtant pas le temps de gaspiller. Il s'élance dans un sprint à perdre haleine à la poursuite de la silhouette qui vient de disparaître comme une ombre au détour d'un arbre.
Il court avec tant de force qu'il ne peut ralentir l'allure devant une pente raide. Bien trop raide. Le chasseur se sent partir en avant, dévale la pente, tombe, roule, se cognant partout. La chute semble durer une éternité. Sonné mais protégé par son armure en beskar, Mando sent quelque chose de glacial l'envelopper et tout à coup, il ne parvient plus à respirer. Il se débat alors qu'un froid terrible l'engourdit. L'air commence vraiment à manquer lorsqu'il se sent enfin remonter et que l'oxygène regagne ses poumons.
Il tente d'ouvrir les yeux et il lui faut quelques secondes pour comprendre qu'il dévale un torrent, emporté par le courant. Aussitôt son instinct aiguisé comme une lame de rasoir prend le dessus sur tout le reste. Mando dégaine sa lance en beskar – seule arme fonctionnelle de son arsenal de Mandalorien depuis le passage de le Lune Rouge – et la plante de toute ses forces dans un rocher. L'acier perfore la roche sans effort, le maintenant stable malgré le courant. Mando se hisse à bout de souffle sur la rive. Il roule sur le dos, épuisé, glacé, retire son casque le temps de reprendre son souffle et soudain, tout devient noir.
Lorsqu'il reprend douloureusement conscience de son environnement, une petite paume explore sa barbe de trois jours. Des doigts dessinent les contours de sa mâchoire avec une infinie maladresse puis s'aventurent plus haut sur sa joue. Mando ne peut contenir le tressaillement au contact dont il n'a pas l'habitude. Brusquement, il ouvre les yeux et découvre le visage d'un bébé penché sur lui, en grande concentration alors qu'il explore son visage, ses grands yeux noirs posés sur lui exactement comme ceux de –
« Grogu... » Une couinement adorable lui répond. Mando ne bouge pas d'un pouce. A aucun moment il ne laisse entrevoir à quel point il a besoin de ce contact. Il ne laisse rien paraître alors que son cœur s'emballe, rien qu'à la vue de ce petit être assis sur ses fesses tout à côté de son visage. Il respire, lentement, calmement, mais ses muscles sont tendus alors qu'il se dresse tant bien que mal à genoux dans la terre humide. Ses mains glissent autour de l'enfant, bien humain, emmitouflé dans son éternelle robe marron. La pudeur de Mando l'empêche de serrer aussi fort qu'il devrait celui qu'il a aimé et protégé comme son propre enfant. Alors il reste juste comme ça, l'enfant au creux de ses bras et vraiment... il ne peut rien contre le sourire de joie pure qui s'est glissé sur ses lèvres.
[...]
Mando n'a aucune idée de ce qui s'est passé ce jour là. Peut-être que la ville a décidé après tout ce temps de lui rendre Grogu ? Il n'en sait rien. Tout ce qu'il sait, c'est que la silhouette l'a guidé jusqu'à l'enfant. Alors oui, l'enfant a prit une forme humaine pour une raison qui lui échappe mais bien des choses semblent échapper à la logique dans cette ville où il a atterrit, semble t-il comme tout le monde, après avoir entrevue la Lune Rouge.
Il travaille depuis son arrivée comme chasseur de prime. Pas très causant ni sociable, Mando ne s'est pas très bien adapté à cette nouvelle vie loin de la galaxie qu'il a toujours parcouru librement. Pourtant, jamais il n'a abandonné son Credo ni dévoilé son visage à qui que ce soit – à part Grogu mais ce n'est pas comme s'il avait fait exprès, ou que l'enfant ne l'avait pas déjà vu par le passé – et ce quand bien même l'arsenal intégré à son armure ne fonctionne plus.
Pour une curieuse raison, le sabre noir est arrivé avec lui. Sabre laser du premier Mandalorien qui rejoignit l'Ordre Jedi. Il ne fonctionne pas plus que son armure mais Mando ne peut s'empêcher de se demander pourquoi. Pourquoi tant d'éléments semblent le ramener à cette période de sa vie où il fut en cavale avec l'enfant sous le bras. Comme si cette foutue ville essayait de lui faire passer un message qu'il aurait toujours refusé d'entendre...