SECRET SANTA ▿ Anna d'Arendelle & Nicholas Saint-North

Anna venait de faire toute une famille de bonhomme de neige. Les parents et les deux enfants. Elle leur avait donné des noms, puis s'était amusée à leur imaginer une vie. Peut-être que c'était complètement stupide, aux yeux de beaucoup, mais pas pour Anna. Pour Anna, cette période était magique et il n'y avait aucun mal à profiter de chaque bon côté qu'elle offrait. Après avoir abandonné sa famille de bonhomme de neige dans son jardin, la jeune femme s'était préparée pour affronter le froid et la neige. A quelques jours de Noël, il lui restait encore certaines choses à faire sur sa liste, avant le grand jour qu'elle voulait parfait - Noël n'était pas sa fête préférée pour rien.

La jeune femme s'était donc armée de deux clémentines qu'elle avait dévorées en un instant afin de se donner des forces et de l'énergie, puis elle avait enfilé manteau, gants, bonnet et écharpe. La totale. Elle était prête à rejoindre le Père Noël et ses rennes au Pôle Nord pour devenir l'un de ses petits lutins. Ainsi, elle fabriquerait les cadeaux pour les enfants qui avaient été sages et qui avaient pensé à faire leurs liste de cadeaux. Cette idée l'amusait drôlement, mais il fallait se rendre à l'évidence, ça n'arriverait jamais.

Alors, à la place d'un traîneau pour affronter la neige, Anna se contentait de ses pieds pour marcher - et essayer de ne pas tomber, au passage. Dans sa poche, il y avait la liste des choses qu'elle devait acheter aujourd'hui : le papier cadeau et quelques petites choses à manger. Elle gardait l'achat de la dinde et de la bûche pour le jour J, mais pour le reste, elle tentait de s'y prendre à l'avance.

Et si Anna avait hâte d'être au jour de l'ouverture des cadeaux, au moment de déballer chaque paquet pour découvrir les surprises, elle aimait tout autant se promener au milieu des différents chalets pour préparer ce fameux jour. Un petit biscuit dans une main en attente d'être dévoré, un gnome dans l'autre - qu'elle venait d'acheter parce qu'elle n'avait pas su résister - elle s'apprêtait à acheter une boule à neige, comme énième cadeau pour Elsa.

Dans un chalet, la jeune femme regardait donc pour trouver ce qu'elle recherchait, sans même faire attention à la présence d'autres clients. Ne trouvant pas ce qu'elle était en train de chercher, Anna s'apprêtait à sortir pour en visiter un autre. Pourtant, l'homme juste devant elle, qui essayait aussi de partir, n'arrivait pas à ouvrir la porte. Ils étaient coincés par la neige. « Enfermés ici ? Mais ce n'est pas possible ! J'ai tellement de choses à faire aujourd'hui... » Paniquait-elle dans un premier temps, pas parce qu'elle était coincée ici, mais simplement parce qu'elle ne pourrait pas honorer tout ce qu'elle avait prévu - comme si ce tout petit retard allait gâcher sa fête préférée.

Bien vite, pourtant, elle retrouvait son calme. Après tout, c'était très ambiance de Noël de se retrouver coincé, dans un chalet en bois, par la neige. Il fallait voir le bon côté des choses, toujours. « Enfin, ce n'est rien. Ça pourrait être pire ! Tout pourrait toujours être pire, n'est-ce pas ? » Ajouta-t-elle en riant, bavarde, comme toujours. « Enchantée Nicholas. Je suis Anna. Anna d'Arendelle. » Se présentait-elle à son tour, en lui tendant une main afin de la lui serrer.  « Et vous pouvez m'appeler Anna, bien sûr. » Ajoutait-elle en observant le petit chalet qui ne leur laissait pas beaucoup de place pour se déplacer. « Ce n'est pas très grand, mais au moins, nous sommes à l'abri de la neige. J'ai l'impression d'être dans un de ces contes de Noël, vous savez ? » Souriait-elle, de bonne humeur tout en regardant par la fenêtre, oubliant que ce pauvre homme n'avait peut-être pas envie de l'entendre parler encore et encore.  

Anna avait tant à faire qu'elle se sentait désespérée - l'espace d'un très court instant - à l'idée d'être enfermée ici. Rapidement, comme à son habitude, elle avait vu le bon côté des choses et elle avait retrouvé le sourire. Ce n'était pas si terrible finalement. Il fallait simplement prendre son mal en patience. Les choses seraient retardées, mais elle rattraperait son retard bien vite. « Vous aussi, vous aimez préparer de grandes fêtes ? Sans oublier les invitations, le repas, les cadeaux, la décoration... Autant dire que les heures perdues sont difficiles à rattraper. » parce qu'Anna aimait faire les choses en grand, mais elle n'imaginait pas à quel point c'était encore plus difficile pour cet homme en cette période.

Quitte à rester enfermés ici, autant se présenter. C'était tout de même plus convivial, plus agréable, que de rester chacun de son côté, dans le plus grand des silences - de toute façon, Anna ne savait pas rester dans son coin dans le plus grand des silences.

« Je suis venue seule, malheureusement. J'aurais pu demander à ma soeur de m'accompagner, mais elle a tendance à râler parce que je la traîne partout, tout le temps, alors j'essaie de la laisser un peu tranquille. Et vous ? » Pourquoi racontait-elle sa vie dans le détail ? Elle l'ignorait, mais ça ne la dérangeait pas le moins du monde. C'était une habitude chez elle. « On peut peut-être attendre quelques minutes et si personne ne vient nous aider, on trouvera bien un moyen de sortir d'ici. Ou il faudra attendre. Mais, comme vous le dîtes, nous sommes deux, donc ce n'est pas bien grave de devoir attendre un peu. » Avant de s'épuiser pour rien, peut-être devaient-ils attendre ? Quelqu'un viendrait peut-être à leur secours. Si ce n'était pas le cas, ils chercheraient un moyen de sortir. Et s'ils n'y arrivaient pas, ils attendraient. Ce n'était finalement pas bien grave, du moment où ils ne restaient pas coincés trois jours.

A sa question, Anna avait passé un certain temps à réfléchir, avant de se rendre à l'évidence... Elle ne savait pas. « Je n'en sais rien... C'est une question difficile. » Ses contes préférés changeaient d'une période à l'autre, en fonction de ses envies et de son état. « Ce n'est pas vraiment un conte, et ça n'a aucun lien avec Noël, mais je crois que mon histoire préférée est celle que mes parents me racontaient lorsque j'étais enfant. Sur une forêt enchantée et une rivière qui porte le nom d'Ahtohallan. » Les histoires, la berceuse... Anna y pensait souvent. Ses histoires d'enfant étaient devenues réelles, après tout, et faisaient partie de sa vie, de son histoire, de son passé. Alors, elle répondait à sa question, même si elle s'éloignait sans doute de la question d'origine. « Mais Noël est ma fête préférée également. Je l'attends impatiemment toute l'année. Il paraît même que j'en fais trop, mais je suis certaine que je n'en fais pas encore assez, pour ma part. » Et sa soeur pouvait le confirmer. « Et vous, quel conte préférez-vous ? » C'était l'occasion d'apprendre à se connaître, autant en profiter.

Les deux inconnus partageaient un point commun : ils aimaient faire de Noël la plus belle des fêtes. Et, rien que pour ça, Anna décidait que ce type était quelqu'un de bien et quelqu'un qu'elle appréciait - oui, elle se faisait très vite une idée sur les gens. Trop, certainement, parfois. D'autant plus qu'elle interprétait sa réflexion comme celle d'un donateur généreux qui offrait des cadeaux aux diverses associations ou orphelinats de la ville pour que chaque enfant puisse avoir un cadeau à ouvrir sous le sapin... Alors forcément, ça ne pouvait qu'être quelqu'un de bien ! « Je suis certaine que vous rattraperez votre retard en un rien de temps ! » Ajouta-t-elle en conservant toute sa joie pour lui transmettre son courage et ses bonnes ondes. Avec de la volonté, il réussirait, elle en était certaine, ça se voyait.

« Quel dommage de devoir travailler la nuit de Noël ! Mais parfois, ce n'est pas une question de choix et l'important est de pouvoir retrouver ceux que l'on aime, même si ce n'est que le lendemain. » Certains métiers nécessitaient une présence la nuit du 24 au 25, il fallait faire avec. L'important était de trouver un moment pour pouvoir tous se réunir, qu'importe la date finalement. « Vous êtes bien plus avancés que moi dans vos préparatifs, je n'ai pas encore terminé les cadeaux. » Et ils n'étaient même pas emballés - et elle avait encore en tête d'en acheter trois tonnes, comme à chaque Noël, ce qui allait la mettre considérablement en retard, comme à chaque Noël.

« Oh, je comprends mieux ! J'espère que vous trouverez tous un peu de temps pour vous reposer dans ce cas. » Ils semblaient tous être dans une période de travail compliquée et intense. Anna leur souhaitait sincèrement de trouver un peu de temps pour se reposer - et elle appréciait d'autant plus ce patron qui prenait ses responsabilités et ne déléguait pas tout à ses pauvres employés épuisés. « C'est tout à votre honneur en tout cas, de faire attention à ne pas les surcharger davantage. » Anna ne travaillait pas, mais elle avait suffisamment entendu d'histoire à propos de patrons qui se moquaient de leurs employés qu'elle ne pouvait que l'en féliciter.

Face à ses questions, la jeune femme répondait avec franchise. A quoi bon cacher quoi que ce soit ? Arendelle ou la forêt enchantée n'étaient pas un secret. Elle parlait donc de son histoire préférée, avec la rivière d'Ahtohallan que ses parents aimaient tant lui raconter lorsqu'elle était enfant. « Si vous trouvez quoi que ce soit à ce sujet, je serai curieuse de voir. » Parce que, pour sa part, elle ne trouvait rien, malheureusement, et ça l'attristait beaucoup cette absence de preuves de son passé. « Devenir adulte, ce n'est pas perdre son âme d'enfant... Pas selon moi en tout cas. Je sais être responsable lorsqu'il le faut, mais jamais je ne perdrai mon âme d'enfant et mon amour pour Noël. » Ajouta-t-elle en souriant, sûre d'elle, en faisant presque de ses mots, une promesse. « Et je suis heureuse de rencontrer quelqu'un qui aime cette fête, moi aussi. » Qui l'aimait comme elle l'aimait, en tout cas.

Puis, curieuse, à son tour, Anna lui avait demandé quel était son conte préféré, à lui. Il lui racontait alors, en ne se retenant pas de rire. Anna partageait son rire avant de comprendre quelque chose. Quelque chose d'assez perturbant à propos de ce renne, Rudolf, et du lien qu'il semblait partager avec lui. « C'est amusant, on dirait presque que vous connaissez ce renne. » C'était bien ce qu'il avait dit, non ? Et, mieux encore, n'avait-il pas parler de le guider, lui ? Etait-ce possible... Que ? Non ? Vraiment ? « Attendez, vous me faites marcher ? Vous êtes... » Elle laissait sa phrase en suspens, à deux doigts d'exploser de joie... Mais peut-être qu'elle partait trop loin, comme souvent, et que non, ce n'était pas le Père Noël ?