Anna était... Anna. Incroyablement bavarde et tactile. Incroyablement collante et expressive. Incroyablement... Elle-même. Alors, évidemment, lorsque l'occasion de rencontrer Henry, le prince charmant d'Alexander, un étudiant qu'elle avait rencontré par hasard, s'était présentée, elle n'avait pas hésité une seule seconde. Sans même vraiment attendre l'accord de cet homme en question, elle s'était déjà tout imaginée de leur rencontre. Elle avait simplement longuement hésité quant au lieu de la rencontre - parce qu'elle ne voulait pas paraître trop... surexcitée, elle préférait choisir un lieu qui saurait, normalement, captiver un minimum son attention et qui ne la laisserait pas assise trop longtemps - avant de, finalement, se décider sur le jardin botanique. Ce n'était pas un endroit qu'elle visitait régulièrement, mais c'était un endroit qu'elle trouvait agréable, malgré tout. Et, surtout, elle aurait de quoi captiver son attention si jamais elle devenait trop agaçante - enfin, elle essayerait, tout du moins.

Presque pile à l'heure, la jeune femme était arrivée sur le lieu du rendez-vous - elle était prête depuis beaucoup trop longtemps et elle n'attendait que le bon moment pour partir. Sans trop de difficultés, elle avait repéré celui qu'elle était venue voir et, sans perdre de temps, elle s'était littéralement jetée sur lui pour le saluer avec toute sa joie naturelle, restant ainsi pendue à son cou quelques instants, comme s'ils se connaissaient depuis toujours et qu'ils étaient les meilleurs amis du monde - le pauvre. « Je suis bien Anna, oui. » Rétorqua-t-elle, joyeuse, un énorme sourire aux lèvres. Après tout, ça ne pouvait être qu'elle. « Et toi, tu es Henry. » C'était une évidence. « Le prince charmant d'Alexander. » Ajoutait-elle aussitôt, un sourire amusé aux lèvres. « Je suis ravie de te rencontrer. Vraiment. J'étais tellement impatiente. » Et ça, c'était peu dire. « J'espère que tu apprécies le lieu. » Parce que même si ça importait peu, la rencontre étant la principale raison de ce rendez-vous, c'était mieux, tout de même, s'il appréciait le lieu.

Anna ne perdait pas de temps. Elle s'était jetée sur Henry comme s'il s'agissait de son ami de toujours alors que, le pauvre, ne la connaissait même pas. Il devait déjà certainement regretter d'avoir accepté un rendez-vous avec la jeune femme.

Sans perdre de temps, elle avait commencé à parler. A beaucoup parler. Comme toujours. « Ne dis pas de bêtises ! » S'exclama-t-elle, tout sourire. « Bien sûr que tu es un prince charmant ! Je m'y connais en prince charmant et il me suffit de te regarder pour le savoir. » Enfin, elle s'y connaissait... Elle ferait mieux de ne pas oublier Hans et sa mauvaise interprétation de ce qu'il était... Non, finalement, elle ne s'y connaissait peut-être pas, mais elle était sûre qu'Henry était un prince charmant malgré tout. Mais plutôt que de s'enfoncer en essayant de donner des explications - celles qui défilaient dans son esprit - elle préférait lui faire part de sa joie de le rencontrer. Et ce n'était ni pour être gentille, ni pour être agréable. Elle était sincère. « Il ne t'a pas raconté notre rencontre ? C'était pourtant digne d'un conte de fées ! » Ajouta la jeune femme en souriant, avant de poursuivre : « Nous étions à la fac et je lui ai littéralement foncé dessus. Ou, il m'a foncé dessus, selon comment on voit les choses. J'ai tendance à être un peu maladroite, donc ce genre de choses m'arrive régulièrement, je me suis confondue en excuses, mais il était juste amusé par la situation... Bref, il m'a aidé à ramasser tous mes cours qui s'étaient étalés partout sur le sol et voilà... » Ils s'étaient directement bien entendus alors ils s'étaient rapidement rapprochés. « Et vous alors ? Je veux tout savoir de votre rencontre, dans les moindres détails. » Parce qu'elle était affreusement curieuse et qu'elle voulait avoir sa version des faits.

« J'adore cet endroit ! » Affirma Anna après lui avoir demandé si elle avait choisi le bon lieu pour ce rendez-vous. « Si tu n'es pas trop fatigué, nous aurons le temps de presque tout voir je pense. » Parce qu'elle, elle était inépuisable et qu'elle ne prenait pas vraiment le temps de s'arrêter pour profiter, donc ils auraient le temps - sauf s'il prenait la fuite avant la fin.

« Je le sais, c'est tout. » Rétorqua-t-elle, sans avoir de quoi se justifier plus sérieusement. Il allait devoir la croire sur parole parce qu'il n'y avait rien qui justifiait son impression de faire face à un prince charmant. Rien, en dehors de l'impression qu'il lui faisait et des discours d'Alexander - et aussi parce qu'elle l'avait décidé, tout simplement.

« Il sait que je parle beaucoup trop, je suis certaine qu'il a fait ça pour que tu ne puisses plus me supporter. » Parce que s'il lui donnait matière à parler beaucoup, elle n'allait pas s'en priver. En temps normal, elle n'avait déjà pas besoin de sujets pour parler encore et encore, mais si, en plus, elle avait de vraies choses à raconter... Non, elle plaignait sincèrement ce pauvre Henry.

Et, à sa demande donc, Anna avait raconté sa rencontre avec Alexander. Elle essayait d'être brève, mais elle ne pouvait pas le raconter en deux phrases. Il fallait au moins un peu de détails pour rendre le tout intéressant. « Exactement ! Un véritable conte de fées ! » Une rencontre digne des plus beaux contes. Une rencontre amicale, mais tout de même, digne des contes qu'Anna affectionnait tant. « Il est très patient et amusant, aussi. » Heureusement qu'Alexander n'était pas là. A entendre tant de mots gentils et de compliments, il aurait fini par prendre la grosse tête.

A son tour, Anna voulait tout connaître de la rencontre des deux amoureux. Dans les moindres détails puisque sa curiosité n'avait aucune limite. Cependant, il jugeait que ce serait trop long de tout expliquer et il ne lui expliquait que la rencontre en quelques mots - où il l'avait rencontré et comme il l'avait aimé au premier regard. « Je ne suis pas pressée, tu sais. J'ai tout mon temps. » Souffla-t-elle, amusée, pour le pousser à donner davantage de détails. « Et lui ne t'a pas aimé tout de suite, c'est ça ? » C'était bien ce qu'il avait sous-entendu, non ? Mais ne se montrait-elle pas trop curieuse ? Après tout, puisqu'ils venaient de convenir qu'ils auraient le temps de tout visiter, ou presque, ils avaient bien le temps de discuter des détails de cette rencontre qui la rendait particulièrement curieuse.

« Peut-être qu'il cache très bien son jeu ! » Souffla-t-elle l'air volontaire conspirateur avant de se mettre à rire. Non, elle n'imaginait pas réellement qu'Alexander ait pu faire ça, mais il était amusant de l'imaginer pour plaisanter, en revanche.

Chacun leur tour, il complimentait Alexander sur son comportement, en vantant certaines de ses qualités. « C'est vrai, mais ne lui dis rien ! Après il va croire que l'on a fait que parler de lui pour le complimenter... » Souriait-elle. Ils parleraient de lui, c'était évident, mais Anna aimait l'idée qu'il ne sache pas précisément ce qui avait pu se dire. Un peu comme s'il s'agissait d'un secret.

Curieuse, Anna cherchait à découvrir comment les deux hommes s'étaient rencontrés. Dans un premier temps, Henry restait plutôt vague, mais Anna savait se montrer insistante. Après tout, ils avaient toute la journée devant eux alors même si l'histoire était longue, il n'avait aucune raison valable pour ne pas la raconter - la vie privée, tout ça, était un concept complétement abstrait pour Anna, à ce moment précis. Et elle avait eu raison d'insister un peu puisqu'elle avait obtenu une réponse beaucoup plus détaillée et développée. Enfin.

Henry lui expliquait donc que leur première rencontre ne s'était pas bien passée parce qu'il avait demandé à son garde du corps de le sortir de quelque part, d'une mauvaise situation. Alexander avait alors cru qu'il s'agissait de lui, qu'il en était responsable et qu'il était celui qu'Henry cherchait à fuir - si elle avait bien compris. En effet, il y avait meilleure première rencontre, mais... Ce n'était qu'un frein temporaire à leur histoire, donc peu importe. Henry continuait alors expliquant qu'Alexander ne l'avait pas aimé jusqu'à une catastrophe les forçant à s'unir pour résoudre une catastrophe internationale. Rien que ça ? « Tu veux dire que vous êtes un peu comme deux super-héros et que vous avez sauvé le monde à votre façon ? Ensemble ? Tous les deux ? » S'amusa-t-elle, tout en avançant, sans regarder devant elle. « C'était quoi ce fameux problème ? » Sa curiosité ne semblait avoir aucune limite, mais il n'était pas obligé de répondre. Elle insisterait peut-être un peu, mais elle finirait par comprendre.

Anna rayonnait, souriait, riait. Elle s'amusait bien avec Henry. Le courant passait plutôt bien - elle en avait l'impression tout du moins. Peut-être la trouvait-il insupportable sans oser lui dire, en réalité ? Non, il le lui dirait... Enfin, elle l'espérait. « Je l'entends déjà d'ici ! Non, vraiment, nous ne devons pas lui en parler ! » Elle l'imaginait déjà se pavaner en apprenant tous les compliments et toutes les choses positives qui avaient été dites à son sujet. Elle se l'imaginait, l'air un peu fier, en faire des tonnes pour plaisanter, et elle en riait.

Face aux maigres informations qu'Henry acceptait de donner à Anna à propos de son histoire avec Alexander, la jeune femme insistait un peu - beaucoup. Et elle avait raison de le faire puisqu'elle obtenait davantage de détails, ce qui la ravissait au plus haut point. Elle les imaginait désormais comme deux superhéros ayant sauvé le monde ensemble - c'était mignon ça, non ? Romantique à souhait, même. « Il faut toujours un truc pour rapprocher deux âmes soeurs... Ça rend la relation plus puissante, plus... Plus... Je ne sais pas, mais ça change tout. » Elle ne trouvait pas les mots, mais elle avait l'idée. Elle était persuadée qu'une belle histoire, puissante et capable de résister à tout, commençait forcément par quelque chose d'extraordinaire ou de particulier.

Toujours insatisfaite, Anna cherchait à connaître encore plus de détails sur leur rencontre et le problème qu'ils avaient rencontré. Sans qu'elle n'ait trop à insister, il lui donna des détails. Il évoquait donc ce qui s'était passé au mariage, d'Alexander qui avait trop bu, de leur dispute, de la chute qui avait embarqué le gâteau et Henry. Anna ne put se retenir de rire en imaginant la scène, avant de s'excuser : « Je suis désolée, ce n'est pas vraiment drôle... Enfin, ce n'est pas pour me moquer de vous, mais j'imagine la scène et... Si, je suis désolée, je trouve la scène amusante... Enfin, pas qu'Alexander ait trop bu ou votre dispute, bien sûr, ça, ce n'est pas drôle, mais juste la chute... J'espère au moins que le gâteau était bon ? » Et elle espérait surtout qu'il ne lui en veuille pas de rire et qu'il ne la trouve pas mal élevée ? Ce n'était pas du tout dans ses intentions, en tout cas.

Lorsqu'il évoquait ce qui s'était passé lors de leur première rencontre, Anna se comportait différemment. Elle était beaucoup plus sérieuse, parce qu'elle comprenait la douleur de perdre ses parents et elle compatissait beaucoup. « Je suis désolée pour ton père. » Même si ça remontait, ce genre de blessure ne se refermait jamais complétement. « J'ai perdu mes parents, moi aussi, et je comprends cette douleur. » D'autant qu'elle avait perdu ses deux parents pour se retrouver seule avec une soeur qui ne lui parlait jamais dans un château fermé sur lui-même. Elle n'avait alors eu que la solitude pour se consoler. C'était donc une douleur qu'elle comprenait parfaitement et elle comprenait son comportement à cette époque-là.

Après avoir un peu insisté, Anna avait pu obtenir des informations à propos du couple formé par Alexander et Henry. Elle était curieuse par nature, mais plus encore lorsque les choses qu'elle cherchait à savoir concernaient ses proches - en plus d'être curieuse, elle devenait particulièrement bornée, têtue et déterminée. Et elle n'était pas déçue du voyage. Elle aimait écouter cette histoire, elle aimait l'entendre raconter leur rencontre et les péripéties qu'ils avaient dû affronter avant d'assumer leurs sentiments et de se mettre ensemble. Comme dans toutes les histoires, les choses n'avaient pas été simples. Pas toujours, en tout cas. Si les choses avaient mal commencé entre eux, elles avaient bien terminé. C'était une histoire digne des contes de fées. Une histoire digne d'un film romantique. Une histoire comme Anna les aimait particulièrement. Après tout, rien ne pouvait, à ses yeux, surpasser les fins heureuses, comme celle-ci.

Quant à certains détails donnés par Henry, ils étaient plus amusants qu'autre chose. Sur le coup, les choses n'avaient pas dû l'être pour eux, mais maintenant qu'Anna l'entendait... elle ne pouvait s'empêcher d'exploser de rire, tout en s'excusant de le faire. Après tout, ils se connaissaient à peine et il pouvait très bien mal le prendre, ce qu'elle ne voulait surtout pas, mais ce qu'elle ne pourrait que comprendre. Une inconnue qui explosait de rire face à vos aventures et vos problèmes... il y avait de quoi perdre patience, non ? Heureusement pour elle, il ne lui en voulait pas. Loin de là, même, il comprenait et admettait que l'histoire avait réussi à le faire rire... un certain temps après l'avoir vécu, bien sûr. « J'imagine que la scène est amusante après coup, mais sur le moment... » Elle comprenait bien que sur le moment, il n'avait pas du tout eu envie de rire. C'était même plutôt normal et logique, à vrai dire. Le contraire aurait profondément étonné la jeune femme. Il avait maintenant le recul nécessaire pour en rire et Anna en profitait. « En revanche, je considère cela comme un crime de ne pas avoir pu goûter au gâteau. » Reprit-elle en essayant d'être sérieuse, en vain.

Le sérieux revint de lui-même, à force de discussion. En effet, les choses se tournaient vers un sujet beaucoup plus sérieux. Ils évoquaient leurs parents et la mort du père d'Henry. Anna affirmait comprendre sa peine puisqu'elle avait perdu ses parents également. Elle savait que c'était une peine dont on ne guérissait jamais réellement. C'était une blessure douloureuse à laquelle on essayait de s'habituer pour moins souffrir, voilà tout. On ne pouvait pas faire mieux qu'un travail d'acceptation pour continuer à vivre tout en limitant ses peines et ses souffrances. « C'était il y a onze ans. J'avais quinze ans. » Souffla-t-elle pour répondre à sa question. « Heureusement, j'ai une soeur, je ne suis pas seule. Les choses ont presque toujours été compliquées entre nous et elles le sont restées après la mort de nos parents... mais les choses ont fini par s'arranger, avec du temps et des efforts. » Expliqua-t-elle alors qu'il ne lui avait rien demandé, ressentant le besoin de le faire, tout simplement. « Tu as des frères et soeurs ? » L'interrogea-t-elle à nouveau, histoire de repartir sur un sujet moins triste, tout en continuant son interrogatoire.

Il était plutôt facile de s'entendre avec Anna - à condition de supporter les gens bavards et maladroits, évidemment - parce qu'elle était toujours souriante, de bonne humeur et parce qu'elle savait écouter ses amis lorsqu'ils en avaient besoin. Sans le connaître, elle se permettait de rire de ses histoires parce qu'elle ne pouvait se retenir, tout en espérant qu'il ne le prendrait pas mal - et heureusement, ce n'était pas le cas, il semblait comprendre. « Quand tu dis à l'origine de tout ? C'est à l'origine de votre relation ? » Demanda-t-elle avec toujours plus de curiosité. « Donc, encore une fois, heureusement que c'est arrivé. » Souriait-elle. Ce n'était peut-être pas dans les meilleures circonstances, mais ces enchaînements avaient permis à ces deux hommes de se trouver et de s'aimer. Qu'importe le chemin qu'ils avaient dû emprunter finalement, non ? La seule chose regrettable aux yeux de la jeune femme était le sort de ce pauvre gâteau qui n'avait pas pu remplir son devoir. « Je comprends, je pense que je l'aurais été également à sa place. » Enfin, fâché... Elle aurait été en colère l'espace de deux ou trois minutes avant de se remettre à rire et sourire très certainement. Mais elle comprenait que ça avait pu, quelque part, gâcher un peu la fête.

Après avoir évoqué la rencontre et l'histoire des deux jeunes hommes, ils en étaient arrivés à parler de leurs parents. Il avait évoqué la mort de son père et, elle, celle de ses parents. Il était agréable de pouvoir partager ce genre de sentiments. Ce n'était pas quelque chose de simple, quelque chose de laquelle on pouvait guérir. Il fallait apprendre à vivre avec, voilà tout. La blessure existait toujours et elle se rouvrait parfois, dans des moments difficiles. Anna expliquait donc son histoire, depuis quand elle était séparée de ses parents et la situation compliquée avec sa seule parente restante, sa soeur. Evidemment, il lui demandait des détails et après avoir été aussi curieuse à propos de son histoire avec Alexander, elle se voyait mal refuser de répondre. « Elle avait un secret. Elle devait cacher une partie d'elle-même, elle avait peur de certaines choses et... Je n'ai pas été mise dans la confidence. Pour me protéger, m'ont-ils dit... Je crois qu'ils ne comprenaient pas que les mensonges et les secrets me faisaient plus de mal qu'autre chose. Je n'étais qu'une enfant qui ne comprenait pas pourquoi sa grande soeur refusait de s'amuser avec elle ou de lui parler... » Se confia-t-elle sans pour autant dévoiler le secret de sa soeur, parce qu'elle ne voulait pas qu'Anna en parle à tout le monde.

Curieuse, Anna interrogeait Henry à propos de ses frères et soeurs. Il en avait un, c'était certain, puisqu'il lui en avait parlé, mais peut-être en avait-il d'autres ? Il évoquait donc son frère aîné et sa jeune soeur. « Tu es le petit du milieu. » Souffla-t-elle en souriant. Il n'avait pas les désavantages de l'aîné, avec ses responsabilités, ni les avantages de la plus jeune, généralement plus écouté que tous les autres. « Elsa. » Répondit-elle simplement lorsqu'il l'interrogeait à propos du prénom de sa soeur. « Tu t'entends bien avec eux ? » Elle lui avait expliqué ses relations avec Elsa, il pouvait bien en faire autant avec sa soeur et son frère.

Anna adorait toutes les histoires qu'Henry était en train de lui raconter. Elle adorait l'entendre lui parler des problèmes qu'il avait pu rencontrer avant que tout se finisse pour le mieux pour lui et Alexander. C'était une belle histoire, comme dans les contes, comme Anna les aimait. « On peut constater que finalement les rumeurs avaient tort, vous ne vous détestiez pas du tout, » riait-elle, amusée par ce que leur rapprochement pour faire taire des rumeurs avait fini par donner. C'était vraiment une belle histoire. « Comme quoi, la politique peut avoir du bon. » Plaisantait la jeune femme en tentant d'imaginer toutes les scènes qu'il venait de lui décrire.

Si Anna était passionnée par l'histoire racontée par Henry à propos de son couple, elle l'était tout autant par l'histoire du gâteau. Ce pauvre gâteau qui avait fini détruit et qui semblait pourtant délicieux. « Je suis une princesse, une reine, je sais me comporter... » Ajoutait-elle, faussement offusquée, avant d'exploser de rire, alors qu'il lui disait qu'elle se serait certainement jetée sur le gâteau. « Après... Une nouvelle petite loi qui oblige à manger tout gâteau tombé à terre et je me dois de montrer l'exemple, non ? » Elle s'amusait drôlement. Elle se sentait libre de plaisanter et de raconter toutes les bêtises qui lui passaient par la tête sans craindre de le déranger ou l'ennuyer. Et c'était plutôt très agréable.

S'ils étaient capables de plaisanter, ils étaient capables de discuter sérieusement également, ce qui n'était pas désagréable. Ils avaient évoqué la perte respective d'un père et de deux parents, de la douleur et des cicatrices qui ne se refermaient jamais totalement. Puis, ils avaient évoqué leur fratrie. Anna avait expliqué en quelques mots les problèmes qu'elle avait pu rencontrer avec Elsa par le passé, le sentiment de solitude, les mensonges... Elle se confiait sans entrer trop dans les détails, mais elle se confiait tout de même, même si elle ne le connaissait pas encore vraiment. « Je ne leur en veux plus. J'ai compris pourquoi ils avaient fait ça, même si je reste persuadée que les choses auraient été plus simples pour tout le monde si l'on m'avait appris la vérité en grandissant. » Petite, elle était capable d'envisager qu'il avait pu s'agir d'une bonne solution, mais pas en vieillissant, lorsqu'elle était en âge de comprendre et de se comporter de la bonne façon pour soutenir sa soeur et éviter les accidents. Là, ils auraient dû lui révéler la vérité. « Comme tu le dis, ils pensaient faire ce qui était le mieux pour moi. » Et c'était pour cette raison qu'elle leur avait tout pardonné très vite, parce qu'elle avait compris leurs motivations et parce qu'elle savait qu'ils avaient agi pour son bien.

Anna s'intéressait par la suite à la fratrie d'Henry. En plus de son frère, il avait donc une soeur avec laquelle il s'entendait bien mieux. Il était l'enfant du milieu, celui sur qui les responsabilités finissaient toujours par retomber. « Je comprends. Nous ne sommes que deux, il n'y a pas d'enfants du milieu, mais j'imagine ce que ça peut être. » Alors elle ne comprenait pas véritablement, mais elle pouvait essayer de l'imaginer. « C'est parfois difficile avec ses frères et soeurs. » Elle en savait quelque chose. « Et c'est plus difficile encore lorsque l'on n'est pas capable de dire pourquoi puisqu'on ne peut rien faire pour régler le problème. » Lorsque la cause était identifiée, il suffisait de faire en sorte de régler le problème, mais lorsque ce n'était pas le cas, il était parfois difficile d'y faire quoi que ce soit. « Les choses s'arrangeront peut-être un jour, si tu as la chance de le retrouver. » En toute circonstance, Anna voulait rester optimiste et donner de l'espoir. Elle était ainsi et elle aimait l'être.