Histoire avant La Lune Rouge

Ophélie est née sur Anima, une arche (C'est ainsi qu'on appelle ces morceaux de rochers volants qui constituent les derniers ilots d'humanité subsistant depuis le grand cataclysme autrefois causé par la grande guerre) sur laquelle règne Artémis, l'esprit de famille qui est l'ancêtre de tous ceux qui vivent sur cette arche. Elle fait partie d'une fratrie nombreuse et turbulente, dirigée d'une main de fer par une mère énergique et autoritaire et par un père aimant mais possédant un caractère très effacé. Elle était déjà à l'époque, une enfant calme et discrète, sans doutes la plus tranquille et moins querelleuse de toute sa fratrie.

En tant que Enfant de Artémis et comme toute sa famille, Ophélie a hérité d'un lien particulier avec les objets : l'Animisme. Il s'agit d'une affinité magique avec les objets qui se manifeste de façon très différente selon les personnes.  Ophélie a ainsi hérité de plusieurs de ces pouvoirs :

La manipulation des objets

L'immense majorité des animistes possède ce pouvoir qui peut se manifester avec des moments et des intensités très variées. Il permet généralement aux animistes de réparer ou de manipuler des objets qui semblent s'animer d'une vie propre et être influencés par les humeurs ou les émotions des animistes qui vivent à leurs contacts.

Ainsi du temps où elle vivait sur Anima, les lunettes de Ophélie changeaient de couleurs avec ses humeurs ou ses émotions. Elle a également réussi à insuffler un semblant de vie à une grande écharpe en laine qu'elle a tricoté au cours de sa jeunesse et qu'elle a gardé avec elle depuis ce jour. Le vêtement s'est avéré être un compagnon susceptible et caractériel! L'épouvantable bout de tissu manifestait souvent sa contrariété en étranglant sa propriétaire ou en agitant ses pans comme la queue d'un chat furieux. Hélas, lunettes comme écharpe semblent aujourd'hui inertes. Ophélie conserve sa vieille écharpe comme un trésor. Il lui arrive parfois de sentir les fibres de son écharpe vibrer lors des moments d'intenses émotions. Mais sans-doutes hallucine t'elle ...

La lecture

Ophélie était autrefois une liseuse. C'est à dire qu'elle avait la capacité à percevoir par contact avec un objet son passé ou les émotions qui ont animé ceux et celles qui l'ont touché au cours de son histoire. Ce pouvoir peut être utilisé involontairement et nécessite ainsi le port de gants spéciaux en quasi permanence pour empêcher que Ophélie soit assaillie en permanence par des images et des ressentis involontaires à chaque fois qu'elle effleure un objet. Ce don s'est révélé à elle au cours de son enfance et elle l'a cultivé avec l'aide de son grand oncle et parrain, une des personnes qui l'aura le plus influencé au cours de son enfance. Son grand oncle était l'archiviste des archives familiales d'Anima. C'est lui qui a transmis à Ophélie son goût pour l'Histoire et son amour pour les vieux objets et les collections.  

Le passage de miroirs

Ophélie était autrefois une passe-miroir : Un talent très rare qu'elle a hérité de son père. Le pouvoir consiste à être capable d'utiliser deux miroirs sur lesquels elle s'est déjà reflétée comme des portails, pour peu que les deux miroirs ne soient pas trop éloignés. C'est en utilisant ce miroir qu'un incident fâcheux lui arriva alors qu'elle avait 13 ans, très peu de temps avant qu'elle ne soit happée par la Lune Rouge (ces deux évènements ont ils eu un lien  quelconque ?). Elle s'est sentie une nuit "observée et appelée" par le miroir de sa chambre, comme si quelque chose ou quelqu'un coincé à l'intérieur réclamait son aide. Elle tenta de traverser le miroir mais resta coincée au milieu, à moitié dans sa chambre et à moitié perdue dans un non-lieu incompréhensible et inquiétant. Elle put être sortie de là par les efforts combinés de sa famille pour la tirer hors du miroir mais l'accident causa de grands changements en elle. Ses cheveux roux de naissance devinrent sombres, elle devint myope comme une taupe et elle hérita surtout
d'une maladresse surnaturelle et pathologique qui nécessita de longues séances de rééducation pour être à peu près surmontée.  

En dehors de ces évènements notables, il y a peu de choses à dire. Ophélie a grandi dans une famille aimante, sur une arche paisible où la misère et la guerre n'existaient pas et où les plus grands émois étaient principalement causés par des querelles de voisinage sans conséquences. Quelle tragédie que tout ait changé avec l'arrivée de la Lune Rouge ...


La Lune Rouge et l'arrivée d'une orpheline dans la ville

Comme pour beaucoup, l'arrivée de la Lune Rouge a été un traumatisme pour Ophélie. Arrachée avec brutalité à une famille nombreuse et aimante, elle s'est retrouvée plongée du jour au lendemain dans un monde inconnu et sans attaches.  Elle a vécu une période très difficile et ne doit sa santé mentale qu'aux soins d'adultes bienveillants qui ont su mettre de côté leurs propres traumas pour prendre soin des plus jeunes égarés.

Quatre ans ont passé et les blessures causées par ce choc sont aujourd'hui refermées. Les cicatrices demeurent douloureuses mais Ophélie est loin d'être la seule à porter ces souvenirs douloureux avec elle.

Ophélie a donc été placée dans un orphelinat, comme tant d'autres arrivés en même temps qu'elle. Elle a eu la chance de pouvoir suivre un cursus scolaire "classique" au cours duquel elle s'est montrée être une élève discrète, effacée, terriblement maladroite (forcément ...) mais surtout extrêmement assidue dans les études. Elle a au cours de ses études confirmé son intérêt pour l'Histoire ... quoi que ce mot puisse bien vouloir dire dans un endroit aussi étrange que la cité de la Lune Rouge.

Elle y a étudié pendant quatre années avant de recevoir ce qui tient lieu de diplôme général dans la cité et être considérée comme adulte.  Il était temps pour elle de laisser sa place dans le foyer et de se mettre à chercher emploi et logement. C'est au hasard de ses errances, curriculum vitae (quasi vide) en main et valise (pas beaucoup plus remplie) qu'elle est tombée sur Le Musée. Un grand bâtiment poussiéreux possédant des collections de vieilleries et d'antiquités qui semblent provenir d'une grande variété d'univers. Ophélie savait qu'un musée d'histoire naturelle existe dans la ville mais ce bâtiment là était tout autre. Poussiéreux, peu engageant comme savent l'être les lieux de savoir les plus barbants. Ses collections semblaient totalement se désintéresser des sciences du vivant. Un simple panneau aide demandée était placardée et annonçait l'intention manifeste émanant de la direction des lieux de vouloir embaucher quelqu'un.  

Ophélie entra donc et fit le tour des lieux sans trouver âme qui vive. Elle resta sur place plusieurs heures, imaginant que la personne responsable du musée était en pause. Ou provisoirement parti. Le soir vint. Puis la nuit. Ophélie s'obstina et se décida à dormir sur un banc réservé aux visiteurs pour encore attendre après la personne responsable des embauches (au pire, cela témoignerait de sa motivation, vous voyez ?).

Le lendemain matin, il n'y eut pas davantage d'employés du Musée que la veille. En revanche, le panneau aide demandée avait disparu, et sur le comptoir d'entrée était présent un badge portant les mots : "Ophélie, Apprentie Archiviste"  . Sans être bien sûre de comprendre, Ophélie épingla le badge au revers de son vieux chandail et se mit au travail. Elle classa et tria les objets présents, essaya de mettre un semblant d'ordre dans les collections et les inventaires. Ses efforts furent récompensés à la fin de la journée par une enveloppe déposée dans la boîte aux lettres du Musée. Une enveloppe contenant un salaire ...

Depuis ce jour, Ophélie occupe le Musée. Entretient ses collections et ouvre les portes pour les rares visiteurs que la curiosité poussent à franchir ses portes. Elle reçoit chaque fin de semaine une enveloppe qui contient une paye, peu importe le nombre de visiteurs que son Musée a pu recevoir. La paye est parfois tronquée quand sa maladresse légendaire la fait casser plus d'objets qu'à l'accoutumée ...

Malgré tous les mystères qui entourent cette embauche, elle s'attèle depuis à la tâche qui semble lui incomber : Essayer de tracer la mémoire de ce monde chaotique, en accumulant pour le Musée objets, livres et témoignages. Elle a l'espoir que l'accumulation de savoirs et d'éléments matériels lui permettra d'avancer dans la compréhension du passé et donnera des clefs pour comprendre la nature de la ville et ce qui pourra expliquer pourquoi tant de gens comme elle ont un jour été arrachés à leurs foyers ...  

Son installation dans le Musée date de Juillet. Voilà trois mois que Ophélie dort sur le banc des visiteurs et squatte un endroit pas vraiment destiné à loger une jeune femme. Peut-être est il temps qu'elle envisage de trouver une collocation ?


Apparence Physique

Ophélie est une jeune fille frêle et de très petite taille. Elle a la peau blanche et un visage ovale à l'allure enfantine. Elle porte des lunettes rectangulaires qui lui sont indispensables pour distinguer le monde qui l'entoure. Ses cheveux sont bruns, long, bouclé et absolument rétifs à toute forme de domestication, quels que soient les efforts qu'Ophélie essaye de déployer. Ophélie est d'une propreté scrupuleuse mais elle est loin d'être coquette. Elle porte généralement des robes passées de mode aux motifs et aux coupes anciennes qui ne mettent absolument pas en valeur son corps qui est globalement dénué d'intérêt. Elle n'a ni l'habitude de porter des bijoux, ni des accessoires de mode autres que sa vieille paire de gants de liseuse (Une habitude qu'elle a conservé alors que leur port n'a plus rien d'indispensable). Son apparence quelconque et ses vêtements ternes la rendent parfaitement insignifiante aux yeux de la plupart des gens qui n'ont tendance à la remarquer que lorsqu'ils la bousculent ou qu'elle commet une de ses bien fameuse maladresse.


Caractère

Le caractère d'Ophélie est au diapason de son apparence et contribue à la rendre peu remarquable dans une assemblée. C'est une personne  effacée et solitaire qui se complait davantage dans la contemplation d'objets ou d'architectures anciennes que dans la cohabitation avec ses contemporains.  Elle est calme, posée et parle avec une voix fluette au point que les gens lui demandent souvent de répéter ses phrases. Pourtant, sous cette passivité apparente se cachent une soif de connaissance et un désir d'indépendance farouche. Ophélie est décidée à mener sa vie comme elle l'entends sans se soucier des avis des autres ou des critiques. Être arrachée à sa vie sur Anima et à sa famille a été un grand choc et si elle a fait depuis longtemps le deuil de sa famille et de sa vie passée, elle entends réussir à comprendre les secrets qui se cachent derrière la Lune Rouge et l'arrivée simultanée de tous ces gens. C'est cette soif de compréhension qui la fait se lever le matin et entreprendre ses recherches en parallèle de la petite vie rangée qu'elle mène au sein de son musée.

Elle est frustrée par la perte de ses pouvoirs et tout particulièrement par la perte de son talent de liseuse. Elle est persuadée que ses mains auraient pu être une clef pour comprendre les origines et le fonctionnement de la cité !
Elle s'entraine parfois de longues heures, essaye d'invoquer les sensations autrefois familières. Mais les résultats qu'elle obtient sont décevant, à peine des picotements au bout des doigts ou de vagues sensations qui ne peuvent pas s'apparenter à une vraie lecture.

Possessions

Au sortir de son orphelinat et au début de sa vie active, Ophélie ne possède que peu de choses. Une valise remplie de vêtements démodés qui conviendraient davantage à une quinquagénaire qu'à une jeune fille de son âge. Sa grande écharpe colorée aujourd'hui inerte, sa paire de grosses lunettes et sa paire de gants de liseuse qu'elle continue de porter par vieille habitude, particulièrement quand il est question de toucher des objets anciens de la collection de son Musée.